L'étrangère d'au delà du détroit ou l'empire de l'aube confronté à l'empire de la nuit
Silencieuse comme une ombre.
Légère comme une plume.
Preste comme un serpent
Calme comme l'eau qui dort
Souple comme la soie d'été
Rapide comme un daim
Souple comme une anguille
Forte comme un ours
Intrépide comme une louve
Inerte comme un rocher..
Bien loin des tumultes de la Capitale. Un monde caché oeuvre en silence. Il se tient séparé du reste des sept Couronnes au delà du détroit et de la Mer d'été qui marque sa frontière avec le reste de ses voisins Yi Tien par la Mer d'Eté. Une région fertiles, close, ou le culte du lion de la nuit est légion. Cet écrin que chacun s'imagine pareil aux légendes d'autrefois, c'est l'île de Leng. Il s'y tient une forme de mystère intacte. Un secret que tous les rêveurs aimeraient pouvoir percer en accostant sur ses rivages. Explorer les vestiges des grands rivaux de Yin, angoisser par l'idée du couperet du rejet.
Mais du temps de Kiara la Grande, les témoins ont été emportés. Dissous à travers le temps.. Leng Ma en reste le vestige. Capitale tenue en respect par l'Impératrice-Déesse de l'île, éternelle rivale de l'Empereur doré de Yi Ti.
Marei grandie sur ces terres. Deuxième fille et seconde héritière de la famille de cette Déesse humaine. Là, elle profita d'une éducation à l'opposée de toutes celle de ses comparses féminines. Car là ou dans une autre société, usé de douceur et de silence est de rigueur, on appris à Marei à être flamboyante, sûr de ses positions et digne héritière d'une nation. La lignée mâle étant écarté, on adule la petite fille en Déesse dès sa naissance et l'engage à toute forme d'apprentissages à l'image d'un garçon de Yin. Instruite aux plaisirs très tôt, elle n'éprouve aucune gêne à l'évocation de la sexualité ni même dans le fait de séduire.. On lui apprend à combattre, monter à cheval, résoudre des médiations politiques. On lui apprend aussi à tenir une place forte et négocier une paix avec un ennemi. Une éducation singulière, au antipode du reste des voisins de Leng.. Mais la petite Princesse souffre du manque de sincérité de ses serviteurs (tous effrayés par l'idée de contredire un membre de la famille Impériale et s'en attirer les foudres). Alors Marei nourrit le défaut de croire ses désirs communs à tous. Un défaut qui, malgré elle, l'enjoins à subir les mièvreries et les compliments sans sincérité. Elle chercha parfois à sortir de ce schéma en usant de stratégie pour connaître les pensées profondes de ses serviteurs. Hélas, sans obtenir autre chose que leur approbation éternelle et soumise..
Très jeune, on la confia à une étrange femme chargée de lui inculquer l'art de fabriquer des poisons et des antidotes. Un apprentissage qui, sans doute, fut le plus captivant pour elle, tant il fut celui ou elle excellait le plus. Ainsi, jour après jour, Marei s'exerçait irrésistiblement dans son ouvrage. Trouvant la meilleure association de venins de serpent et de fleurs pour distribuer la mort en flacon.. Une douce euphorie l’habitait. Mélangeant heures à après heures venins, larmes de Lys, et autres faiseurs de morts afin d'en créer l'antidote ou de les tester sur de petites proies vivantes.. Une fois. Plusieurs fois. Ce n’est pourtant que lorsqu'elle atteint l'âge de quatorze ans qu'elle fut capable de maitriser parfaitement son "art". La récolte de ses travaux acharnés s’avéraient prometteurs si bien que sa mère en personne fit le déplacement pour admirer son ouvrage. Marei était émue, fière et heureuse de cela.. Douée pour raconter des histoires, cette même préceptrice qui lui enseignait la mort savait lui faire frémir l'épiderme d'une simple caresse de mots et d'une seule intonation soigneusement choisie. Sensible et réceptive à ces frémissements qui, pour Marei, relevaient du mythe, la Princesse s'endormais la tête pleine de personnages fabuleux.. Tel que l'histoire du règne de la première Impératrice Déesse qui demeure encore une source d'inspiration pour elle.
La vie s'écoula ainsi. Rythmée par les leçons, l'effervescence du matin et la monotonie du soir. Marei s'émerveillait de sa chance et de son malheur. Déchargée du poids de l'héritage tout en profitant des avantages de son rang, mais maudissant sa solitude et le manque de vérité quand seul comptait celle qui lui suffisait de décider pour les autres.. L'île de Leng devint à nouveau concernée par les actes de provocation de sa grande rivale de Yin. Une rivalité légendaire, quoique mêlé par une histoire commune qui engagea sa mère à ne pas ignorer ses menaces cachées. Sa soeur aînée elle, restait au côté de leur mère et n'offrait que peu de visite à sa soeur. Marei la voyait comme une statue de marbre obligée à suivre comme un chien son maître.. Elle était plus âgée, plus fragile, quoique plus prisonnière aussi. S'il était interdit à Marei de le dire, elle pensait que sa mère l'avait toujours préférée à son aînée. Mais elle gardait cette pensée pour elle, comme un secret à ne jamais dévoiler..
Ainsi, les menaces de l'Empereur Dieu de l'an -9 firent craindre le retour de la guerre et de la dépendance à l'Empire de Yin.. La teneur de cette rivalité changea toutefois lorsque l'Impératrice Cixi décida d'étudier sérieusement l'idée de se rapprocher du continent de Westeros. Des paroles que ses conseillers jugèrent comme une option nécessaire, tant les menaces indirect de Yin devenaient croissantes près des rivages Lengii. Des choses étranges advinrent en coulisses de cette même années.. La vie de Marei changea.. On décida de l'instruire aux langues communes de Westeros, à la géographies et à la religion des sept. Des jours, des mois, qui devinrent des années.. Des hommes étaient partis, charger d'une mission étrange.. Ils revinrent des années plus tard comme une lueur d'espoir dans l'angoisse de voir déborder cette tension. L'Impératrice révéla à sa deuxième née le secret caché derrière son changement de quotidien depuis tout ce temps. Un secret qui fut presque aussi douloureux à accepter que la souffrance de se retrouver subitement arrachée aux siens.. C'était aussi un bonheur, un sentiment d'accomplissement devant la confiance et la démonstration d'intérêt que sa mère lui portait.
Marei avait à coeur de découvrir ce monde. Devenir un instrument de projets plus grands que son statut de "remplaçante". Plus précieux, plus noble peut être. Elle partirais pour son île, sa précieuse île.. Le désespoir de l'arrachement se mêlait à la joie tandis que l'ambassadeur de Leng parvint à négocier l'arriver d'une délégation sur les terres de l'Empire Braenaryon. Un Empire qui offrait le meilleur parti à envisager pour une alliance, aussi bien pour sa géopolitique que pour les échanges qu'il pourrait apporter aux deux nations.. Mais Marei ne pouvais rien faire d’autre qu’attendre. Voir le temps passer sans l’appréhender réellement lors de son ultime voyage. Elle voyait en son départ un premier pas, une approche que personne n'avait osée. Une promesse qu'elle se faisait en quittant les siens de mieux le servir et d'une plus grande façon encore. Car elle avait à coeur, de devenir le bouclier de cette indépendance. Découvrir et servir ce nouvel Empire pour eux ..
Prenant finalement le large jusqu'aux terres de Westeros pour servir son dessein.