Sujet: Recette de grand mère [Tour XI - Terminé] Dim 6 Aoû - 21:40
An 2 Mois 5 Semaine 3
Durant ces deux ou trois dernières semaines, je n’ai rien fait d’autres que manger – et encore, sous l’insistance de mes compagnons qui me voient fondre au fil des jours –, me débarbouiller, répondre aux quelques questions de notre petite équipe ou des gens de la ferme et dormir – de jour, comme de nuit. Cette inertie inquiète considérablement Baldyr. Je devine bien qu’il ne sait pas comment réagir. Il doit être divisé entre cette envie furieuse de me secouer et de me sortir de mes gonds, et ce désir de respecter ma solitude et mon silence. Il retrouve un semblant de calme lorsque je brise mon mutisme à travers un chant ou grâce à ma petite flûte, après que nous avons tous diné et que nous sommes prêts à nous adonner à quelques rêveries. Ces instants sont mes favoris, car j’ai cette impression de paix domestique – un élément s’ajustant parfaitement aux autres. J’aimerai ne jamais quitter cet endroit, un lieu un tantinet hors du temps et de la réalité.
Aujourd’hui est différent. Mon corps et mon esprit sont affamés de soleil et de plein air, étant subitement trop à l’étroit entre ces quatre murs. Habillée à la mode des paysannes de l’Orage, je fais quelques pas dans cette ferme. Je ne me presse pas vers quiconque. Je prends mon temps d’admirer chaque petit détail de ce cadre assez pittoresque. J’admire toute cette vie qui brouillonne autour de moi. Les oies caquettent, les chats somnolent, le chien aboie, une vache en bonne santé mastique l’herbe, un bœuf bien maigre beugle … Un sourire mélancolique se dessine sur mes lèvres.
Tous ces beaux éléments m’hurlent qu’une seule et unique vérité : cette vie n’est pas faite pour moi. Je ne mérite aucune de ces petites joies simples de la vie. Je ne suis qu’un monstre sans une once de scrupules, condamné à errer dans les ténèbres. Mon existence n’est qu’une mascarade, créature accomplissant les desseins les plus noirs de ceux qui se clament justes, honorables et droits. Par le passé, beaucoup de mes semblables ont tenté de me faire entendre raison. J’ai toujours réfuté leur logique perverse, me croyant bien au-dessus de ces horreurs humaines. Je me suis bien fourvoyée. Manfred n’a été que l’écho de ses prédécesseurs, me rappelant largement à l’ordre. Il n’est pas question de mes récents péchés, mais le cumul d’un tout. Pourtant, l’ironie veut que je suis enfin en paix avec moi-même. Nous sommes bien plus légers lorsque nous n’avons plus rien à perdre et que nous assumons pleinement et totalement notre être – avec toutes ses faiblesses et qualités.
- Ser Robyn, quel plaisir de vous croiser. Avez-vous bien dormi ?
Je m’approche, lui offrant encore et toujours ce joli sourire. Je ne m’en départis rarement, même lorsque tout va mal. On m’a répété constamment qu’une dame doit être agréable avec son monde, même s’il est sans-dessus dessous. Peu écoute la pauvre et la désespérée. Beaucoup est tout ouïe à toutes les paroles et les malheurs et les désirs de la belle et de la lumineuse. C’est ce que l’on m’a appris.
- J’ai remarqué que Léliana a, souvent, le sommeil agité. Avez-vous pensé à consulter un mestre itinérant ? Si non … je connais quelques infusions, extrêmement efficaces, et inoffensifs.
Je sais que la petite est la priorité de cet homme et je vois tout autant son inquiétude lorsque cette dernière marmonne ou s’agite dans son sommeil. Si j’ai feint de ne rien voir ou entendre, la question m’a travaillé sur ces derniers jours.
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Arianne Martell
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Sujet: Re: Recette de grand mère [Tour XI - Terminé] Mar 15 Aoû - 15:22
Recette de grand-mère
Cela faisait maintenant quelques semaines que nous avions trouvé refuge dans cette petite ferme, qui semble épargné par les affres de la guerre. Et au fil des jours, nous y avons tous trouvé un certain équilibre, une certaine forme de plénitude et de confort. Léliana aidait à la ferme et même si cela lui rappelait sans doute une époque révolue, je la laissais faire, parce qu'au moins, je la savais occuper et qu'elle avait au moins le mérite d'aider et de faire sourire le couple de fermiers qui avait accepté de nous héberger, contre une grosse somme d'argent. Baldyr vaquait à ses occupations, gardant tout de même un oeil sur ma protégée quand je ne le faisais pas. Arianne passait la majeure partie de son temps à dormir et je sais que la révélation de sa réelle identité à jeter légèrement le trouble sur tout ce qui était en train de se construire petit à petit. Etant fils de nobles, cela ne m'étonne pas plus que ça, j'avais déjà repéré quelques signes, mais je ne m'attendais pas à une princesse bâtarde, mais les choses sont ce qu'elles sont désormais. Comme quoi, la vie est parfois surprenante.
Ce matin-là, J'avais entendu Léliana se lever aux aurores, mais j'avais refermé les yeux et dormi encore quelques heures. Autant qu'on en profite avant de reprendre la route, je ne sais pas quand ça sera, mais je sens que ça ne va plus tarder et que dès lors, les bonnes nuits de sommeil se feront rares. A mon réveil, je m'habille et sors de la grange pour me diriger vers la rivière un peu plus loin et l'eau froide acheva de me réveiller alors que je me débarbouille tranquillement. Le soleil était déjà haut dans le ciel et la chaleur commençait à se faire sentir. Mon regard se pose alors sur les environs et je songe que cet endroit est bien paisible en comparaison des zones de guerre que j'avais bien pu traverser depuis le début de ce conflit. On n'entend rien, hormis les animaux de la ferme. La guerre semble si loin. Mais je sais que ce n'est pas le seul danger. Les hommes de la Foi sont partout, profitant de ce chaos pour prêcher la bonne Foi, pour rappeler aux fidèles ce qu'il en est exactement. Comme j'avais bien pu le faire dans le passé et des fermes aussi isolées que celle-ci, j'en avais vu beaucoup et la plupart sont parties en fumée. Quoi que je fasse, le passé me rattrape toujours d'une façon ou d'une autre. J'eus un léger rictus et sors de la rivière pour retourner vers la ferme, tout en remettant mes vêtements usés. Tu parles d'un noble... Mais c'est la vie que je voulais.
Je m'arrête pourtant lorsque j'entends une voix qui s'adresse à moi et je me retourne pour trouver Arianne, habillée à la mode des fermiers des terres de l'Orage. Mon sourire se fait quelque peu amuser et je hoche la tête. " Dame Arianne. Quel plaisir de vous voir de bonne humeur aujourd'hui." Et réveiller surtout. Mais c'est un détail. " Mais oui, bien dormi et vous-même ?" Je n'attendais pas grand chose comme réponse, mais de nous tous, il semblerait qu'elle était celle qui avait le plus besoin de récupérer. J'avais eu l'occasion de bavarder avec Baldyr, quand j'avais vu qu'il était inquiet et même s'il ne m'avait presque rien confirmé, je savais que le voyage pour arrivé jusqu'ici n'avait pas été une partie de plaisir. Quoi de plus normal après tout. Le sujet qu'elle aborde me fait hausser un sourcil. Léliana avait bien le sommeil agité, mais c'était de plus en plus depuis qu'on était arrivé dans cette ferme, comme si être dans un environnement familier réveillait quelque chose en elle. " En effet, j'ai remarquer aussi." Je souris légèrement et reprends. " Vu le coin perdu où nous sommes, je doute d'en trouver un, mais si vous avez des astuces pour que son sommeil soit plus léger, je vous écoute." Je ferais n'importe quoi pour elle, pour apaiser ces cauchemars qui le tourmente la nuit. Elle ne m'en parle pas, mais je vois bien que ça la travaille quand même. Tout était bon à prendre pour l'apaiser.
Sujet: Re: Recette de grand mère [Tour XI - Terminé] Dim 20 Aoû - 17:47
Si je peux feindre le plaisir dans la souffrance et l’amour dans la haine, je peux tout autant donner l’illusion du bonheur malgré le désespoir. L’exercice est d’autant plus simple que la misère est grande. En effet, lorsque nous touchons le fond du puits – ou nous pensons l’avoir enfin touché après une longue, interminable et angoissante chute –, notre cœur et esprit se réfugient parmi les vieux souvenirs pleins d’insouciances, d’innocences et de simplicités. Nous les chérissons et protégeons avec soin.
Ainsi, lorsqu’il faut sourire alors que tout fait mal, l’illusionniste puise l’émotion brute directement parmi ces trésors cachés aux odieux de ce monde et immaculés par le malheur. Si cet effort me coutait, jusqu’à récemment, ma retraite dans la solitude et le sommeil m’a permise de reprendre contrôle sur mon corps, mes traits, mon ton, voire mes émotions. Il faut se jouer de tous et de toutes. L’inquiétude est comme la peur ou l’incertitude : elle mène à l’erreur.
Or, ni Baldyr, ni Robyn n’ont droit à l’erreur.
- Je me suis suffisamment reposée. Il est grand temps que je m’active un peu plus. Je compte découvrir les environs et m’imposer une promenade quotidienne. Je dois préparer convenablement mon corps au long voyage à venir.
Enfin, plus important, mes blessures physiques dues à ce long voyage, et à ma rencontre avec le Roi Manfred, ont pu cicatriser sur ces dernières semaines. Depuis quelques jours, je n’ai plus mal lorsque je bouge, mange, reste immobile ou dors – bref toute action nécessaire et naturelle, à la fois. Evidemment, je n’ai rien montré de cette faiblesse aux hommes, comme à Léliana. D’une part, je crains sincèrement leurs réactions. D’autre part, un accord me lie avec le Roi du Bief. La longue cape, ou cette tenue de paysanne aux manches longues m’ont permis de maintenir le tout secret, et simplement faire croire à tous que le deuil et la fatigue ont eu largement raison de moi.
- Est-ce que son sommeil a toujours été agité autant ? Est-ce que le calme des lieux a aidé son état, ou l’a empiré ? Au contraire, cette situation ne change absolument rien et son mal prend source ailleurs. Elle a vécu bien des horreurs. Malgré sa force de caractère et son énergie, elle est encore jeune et sensible. Elle n’a pas encore notre capacité à faire face aux coups durs du destin. Je vous importune à ce sujet-ci, car les Mestres m’ont appris que l’esprit est très tenace. Les remèdes ne sont pas toujours une réponse. Dans quelques cas, il suffit simplement de changer d’environnements.
Je l’interroge du regard.
- J’ai du lait de pavot mais c’est fortement déconseillé pour les jeunes personnes. Cependant, si nécessaire, nous pouvons couper avec de l’eau ou du miel.
Pour les douleurs physiques insupportables, je consomme presqu’aussitôt du lait de pavot. Pour les peines de l’âme, je préfère les fumées importées d’Essos, m’orientant vers le lait de pavot que si je manque du premier, ou que mon sommeil est perturbé par des cauchemars ou des réveils intempestifs. Certes, si je ne bataille pas comme les hommes, mais j’ai ma part de blessures. Les hommes ne sont pas toujours doux en amour et certains entretiens diplomatiques ont nécessité le don de mon corps.
- Je ne connais pas particulièrement les plantes qui poussent au sein de ces terres. Cependant, au vu de cette abondante verdure, nous devrions trouver notre bonheur. Je ne suis pas une érudite pour tout ce qui touche les plantes, mais je les ai assez vu, senti et gouté, pour les reconnaitre avec plus ou moins d’essence. Camomille, tilleul sont les premiers noms qui viennent à l’esprit. A la forme, et à l’odeur, ils sont extrêmement reconnaissables.
Il y a aussi la possibilité de s’enivrer jusqu’à tomber de fatigue. Une bien mauvaise idée – mais qui m’a tout autant aidé que le lait de pavot ou les fumées d’Essos …
- Si je ne vous importune, pensez-vous que vous pourrez m’accompagner pour cette première balade ? Je ne connais pas les environs, et je suis encore un peu faible. Je ne suis pas à l’aise de me promener seule. Si non, je peux demander à Baldyr, évidemment.
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Arianne Martell
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Sujet: Re: Recette de grand mère [Tour XI - Terminé] Mar 5 Sep - 20:21
Recette de grand-mère
Je ne pouvais pas nier que ce repos plus ou moins forcé, était plus que bienvenue. Désormais, les choses étant ce qu'elles sont, je sais que le plus dur n'est pas derrière nous, mais bien devant nous. Et il allait falloir que je protège Léliana tout en gardant un oeil sur cette femme. Si sur papier c'était assez simple, les choses ne sont pas toujours aussi faciles qu'il n'y paraît. Léliana a assez mal vécu cette révélation, parce que je savais bien qu'elle s'était prise d'affection pour Perle, la désillusion est rude, mais elle saura s'en remettre. Il ne tenait qu'à Arianne de regagner sa confiance après tout, mais pas sûr que la femme n'avait que ça à faire de son temps. Tout au plus, la jeune orageoise n'était qu'un problème de plus dans cette équation complexe. Alors quand je vois la dornienne réveillée et qui plus est de bonne humeur, je suis quelque peu surpris. Ce repos semble lui avoir fait du bien et j'en suis étonnamment rassuré. Je ne sais pas encore de quel côté du monde on va se rendre, mais au vu de ce qu'elle m'a confié, Dorne semble être la destination désignée. L'autre bout du monde, même avec l'armée de la Foi, je ne suis jamais allé aussi loin. Je l'écoute et secoue légèrement la tête. " Cela serait une bonne chose, effectivement." Non pas que je la juge trop faible, mais le voyage risque d'être long et on aura certainement pas la chance de pouvoir passé plusieurs semaines au même endroit sans être inquiéter par quoi que ce soit.
J'avais remarqué également qu'elle portait des vêtements amples, vu la chaleur je me disais que c'était plus ou moins normal. Il y avait aussi des blessures qu'elle ne voulait pas que l'on voie, son périple n'avait pas été de tout repos, comme sa vie jusqu'à maintenant. Mais je ne pose pas de question, cela serait déplacé. Mais ce détail me fait légèrement sourire. Mais elle choisit un sujet de conversation qui m'intrigue et m'interpelle quelque peu. Léliana dormait mal ces derniers temps, je l'entendais et je n'étais pas le seul. Et le sentiment d'impuissance était grandissant. Je me demandais si c'était à cause de cet environnement familier, espérant que cela ne cache rien d'autre de plus grave. Son comportement m'avait intrigué également lors de notre dernière réunion et je n'avais pas encore eu l'occasion de lui en parler. Les questions sont posées et je garde le silence plusieurs secondes, ne sachant pas réellement quoi répondre. " Elle a le sommeil agité, mais pas autant que ces derniers temps." Je regarde autour de nous et reprends. " Je pense que c'est à cause du fait que nous sommes dans une ferme. J'espère sincèrement que c'est cela, sinon ça veut dire qu'il a dû se passer quelque chose durant son incursion dans le camp royal et je n'aime pas cette idée." Je ne pourrais pas faire grand-chose pour l'apaiser si tel est le cas. Et l'impuissance est la pire des choses en ce qui me concerne, surtout quand ça la concerne.
Elle parle de remède et étudie chacune de mes réponses, m'observant attentivement et elle mentionne le lait de pavot et je repose les yeux sur elle. " Je préfère éviter de lui en donner. Déjà pour un adulte c'est dangereux, alors pour une gamine, surtout la mienne, je ne m'y risquerais pas." Nous avions assez de choses à gérer et les effets secondaires, sont, de ce que je me souviens, assez dur à gérer. Surtout vu notre situation. Elle parle alors du coin et du fait qu'il est possible de trouver des herbes. Je hausse légèrement les épaules parce que je ne m'y connais pas en plantes non plus. Mon truc, c'est la guerre, alors forcément, on ne joue pas dans les mêmes catégories. Cependant, je préfère lui faire boire de la camomille, même si ça risquait de ne pas marcher. " Nous pouvons toujours demander aux fermiers du coin, certains auront peut-être des réponses et des conseils à nous donner. Mais en ce qui me concerne le tilleuil ou la camomille me semblent être de bonnes options." Cela ne pourra pas lui faire de mal, ni même à nous. J'ai aussi le sommeil agité ces derniers temps. Encore plus que l'ordinaire d'ailleurs.
Elle me demande pour l'accompagner dans la campagne environnante et j'observe quelques secondes autour de moi. Pas de traces de Baldyr ou de Léliana, signe sans doute qu'elle a dû l'entraîner dans un coin pour apprendre à se servir d'une épée. " Je vous accompagne volontiers. J'ai aussi besoin de changer un peu d'air." Ce qui n'était pas tout à fait un mensonge. Et puis j'avais eu le temps au fil des jours de connaître l'environnement proche de la ferme dans laquelle nous avons trouvé refuge. Il n'y avait pas de danger immédiat et une petite forêt se trouvait pas loin. Idéal pour trouver des herbes et d'autres choses intéressantes je suppose. " Nous irons quand vous serez prête, ma dame." Et peut-être que nous pourrons également aborder certains sujets loin des oreilles indiscrètes.
Sujet: Re: Recette de grand mère [Tour XI - Terminé] Dim 10 Sep - 0:20
Recette de grand-mère
Arianne Martell & Robyn Ashford « PRÈS DE WENSINGTON An 2 Mois 5 Semaine 3 »
Les inquiétudes de Robyn sont légitimes. S’il a eu la chance de naître homme dans ce monde d’hommes, il n’a pas été épargné par quelques vérités. Il a dû être témoin des nombreux méfaits, faiblesses et monstruosités qui gangrènent les cœurs et les chairs de ses paires. Malgré tout, je ressens ce besoin viscéral de calmer les craintes de cet homme. Je suis quasiment persuadée qu’il y a eu plus de peur que de mal. Elle n’agit pas comme une demoiselle que l’on aurait malmené jusqu’à son intimité, elle ne montre aucun signe de blessures – nulle fièvre, nul boitement, nulle pâleur – et elle est même un brin plus mature et plus censé. Or, comment puis-je lui dire toutes ces choses sans me parjurer définitivement ? C’est une chose que de livrer un corps vicié et une âme corrompue à des monstre, c’est tout autre que de les dévoiler à des gens encore honorable et honnête.
- Laissez-lui le temps nécessaire. Elle saura se confier sur cette mésaventure, le temps venu. Cependant, ne vous tourmentez pas davantage. Soyez rassuré. Vous lui avez appris à brandir une épée et à tenir un bouclier. Elle a réussi à se glisser hors de cette ferme malgré la surveillance de Baldyr et à revenir alors que vous et moi savons à quel point un campement militaire, et royal de surcroît, est terriblement surveillé. Faites confiance en votre enseignement et aux capacités de votre élève.
Mon ton est calme et assuré.
- Et puis, vous et moi avons pu voir que la discipline règne en maître. Je doute sincèrement que ces soldats ont la permission d’agir comme des goujats avec une dame, et surtout si elle porte une épée. En ces temps troubles, c’est un grand gage. Ils ont dû prendre eux-mêmes quelques précautions, vis-à-vis de leurs supérieurs. Je suis persuadée qu’il y a eu plus de peur que de mal.
Malgré moi, je repense au démon qui dirige ces soldats de bois. Un frisson désagréable traverse mon échine. Les hommes honorables prennent grand soin de traiter une femme, et les maudits s’assurent de lisser et de polir leur image. Sur ces deux grands principes, je me persuade qu’une poignée d’hommes matures et respectueux ont su s’imposer sur une masse anonyme et illétrée. Dans cette hypothèse-ci, je ne peux qu’espérer que Léliana n’a pas subi d’affronts, de mal ou de blessures ….
- Si ces fermiers ont quelques bons vins dans leur réserve, j’en serais ravie. Voilà un remède fort agréable, pour vous et moi. Nous pourrons comparer le vin de l’Orage aux vins de Dorne et du Bief. Je ne doute pas que notre conversation sera fortement animée.
Mon ton se veut taquin, le regard complice. En raison d’une frontière commune, Bieffois et Dorniens se font autant la guerre que la paix. Qu’importe l’état de l’alliance, la question du vin a toujours été un grand sujet de dispute, chacun encensant son propre cru.
- Mettons-nous en route dès maintenant, Ser Robyn. Nous sommes bien loin du cérémonial des cours royales. Une tenue propre suffit pour faire honneur à cette belle nature, quoique capricieuse. Ce Royaume porte splendidement son nom : je n’ai jamais eu autant d’orage en un temps si court de toute mon existence.
D’un pas tranquille, je me dirige vers ce qui semble être un sentier.
- Rien qu’en raison de mon nom, vous savez déjà beaucoup sur moi. Cependant, je remarque que ni vous, ni Léliana, ne m’avait posé davantage de questions. Or, mon récit est dense. Presque improbable. Je suis étonnée.
Je veux les comprendre. Si Léliana a exprimé une profonde déception, j’ai bien du mal à saisir cet homme.
- Et, surtout, je ne sais rien sur vous. Est-ce indiscret si je vous demande de me parler de vous, de votre famille ou de la raison de ce choix de vie ?
D’ordinaire, je sais être plus douce, diplomate et censée. Il semble que ces longs mois d’une compagnie extrêmement restreinte a mis à mal certaines de mes compétences …
Codage par Magma.
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Arianne Martell
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Sujet: Re: Recette de grand mère [Tour XI - Terminé] Mer 27 Sep - 18:01
Recette de grand-mère
C'est donc ce genre de crainte qu'on a quand on est responsable d'une jeune fille ? je n'en sais rien, mais en tout cas, même si je suis furieux contre elle depuis notre retour, je suis quand même soulagé de voir que malgré ce changement de comportement, elle n'a pas été malmenée physiquement. Je sais comment sont les hommes, encore plus ceux qui n'ont pas vu de femme depuis un certain temps. Qu'elle soit la fille de quelqu'un ou pas, n'a pas d'importance face à des besoins qu'il faut assouvir. Je l'ai vu et même si j'avais puni ce genre de comportement, je ne pouvais pas l'en empêcher. Mais je crois - non j'en suis sûr - que celui qui touchera à Léliana de cette façon finira dans un fossé. Qu'importent les retombées, on ne touche pas à cette gamine. Arianne se veut rassurante, sans doute parce qu'elle a senti une peur que je tache pourtant de dissimuler au mieux. Mais elle avait raison sur un point : Léliana se défendrait bec et ongles pour que ça ne lui arrive pas. Elle n'est pas du genre à se laisser faire et encore moins depuis que je lui apprends à tenir une épée et s'en servir. Alors oui, peut-être que pour cette fois il y avait plus peur que de mal, mais qu'en serait-il de la fois suivante ? Je ne veux pas devoir la laisser derrière moi pour sa propre sécurité et me demander si elle écoutera bien." Pour avoir mener des hommes par le passé, je sais que ce n'est pas aussi simple. Mais je verrais bien ce qui se passera dans les jours et les semaines à suivre en ce qui la concerne. A trop vouloir la protéger, j'en oublie parfois que je ne serais pas toujours là pour elle." Il fallait donc qu'elle soit parfaitement capable de se défendre. Cet incident nous l'avait au moins fait comprendre.
Je suis néanmoins surpris par ses propos suivants et surtout du ton qu'elle venait d'employée. Je souris, légèrement amusé et hoche la tête légèrement. A dire vrai, pour avoir gouté les deux vins et bu pas mal de piquette encore plus infâme que du vinaigre, je ne saurais dire lequel est le meilleur, mais mon envie de là taquinée à mon tour prend le pas sur une vérité ou une autre." Oh je vous en prie ! Tout le monde sait que le vin bieffois est ce qu'on peut faire de mieux ! Le vôtre se boit bien aussi, mais le nôtre est bien meilleur." Je ris, pas vraiment sérieux. Je ne suis pas un connaisseur en vin après tout, j'avais toujours préféré la bière. " Cela dit, je ne dirais pas non à une bouteille ou deux, pourvu que ça ne soit pas du vinaigre à boire." En fait peu importe, tant que j'oublie un peu ce qui se passe et l'alcool est le meilleur remède pour cela. " Mais c'est une surprise de vous voir aussi taquine dame Arianne, l'air de la campagne vous fait le plus grand bien visiblement." Ce qui était loin d'être une mauvaise chose comparé à ce qui va nous attendre dans les semaines et les mois à venir. Bientôt, nous n'aurons peut-être même plus le temps de nous montrer quelque peu taquins et la légère insouciance qui semble être de mise pour cette journée, s'envolera comme neige au soleil face au danger.
Nous nous mettons donc en route quand elle déclare qu'elle était prête à y aller. Je souris légèrement et hoche la tête quand elle parle du climat capricieux de l'Orage qui vraiment porte bien son nom. " Je suis venu de nombreuses fois dans ce royaume par le passé, mais c'est bien la première fois aussi que je vois autant d'orages en si peu de jours. J'en connais beaucoup qui mettraient ça sur le compte des dieux mécontents." Je suis croyant, mais de ce point de vue, je suis sans doute trop terre à terre. Je reste silencieux de longues secondes, de nouveau perdu dans des souvenirs que je préfèrerais oubliés et qui pourtant sont gravés dans ma mémoire. Je la suis alors qu'elle s'aventure sur un sentier et sors de mes pensées quand elle reprend la parole. J'inspire légèrement pour me redonner consistance et je me focalise sur ses mots. Elle s'étonne qu'on ne lui pose pas plus de questions et c'est bien possible que ce soit le cas. " Peut-être que ce n'était pas le bon moment pour vous posez des questions. Vous n'étiez pas non plus en état d'y répondre." Vu ce qu'elle avait traversée, c'était plausible. Et Léliana ne lui demandait rien car elle devait encaisser ce qu'elle prenait pour de la trahison, elle qui était si encline a vouloir lui faire confiance, se rendait compte que celle ci n'avait pas été tout à fait franche. " Quand à Léliana elle recommencera à vous posez toutes sortes de questions quand elle acceptera le fait que vous nous avez menti, même si c'était pour de bonnes raisons." Après tout, c'était logique qu'elle n'est pas joué cartes sur table d'entrée de jeu.
Elle s'intéresse ensuite à moi et si son parcours pouvait sembler invraisemblable, le mien était aussi quelque peu atypique. Je suis un fils de noble et on s'attendrait à me voir dans l'armée du roi et non comme mercenaire sur les routes entre le Bief et l'Orage. Je soupire légèrement et reprends. " Je suis le dernier de ma fratrie. Mon frère a rejoint l'armée du roi et est actuellement prisonnier de l'Empire sans qu'on ne sache précisémment où. J'avais une soeur également, mais je l'ai perdu alors que j'avais sept ans." Premier grand drame de ma vie qui a sans doute conditionné tout le reste. " Ma belle-soeur gère le domaine familial ce qui me permet de faire autre chose." Je regarde les arbres autour de nous, ne sachant pas quoi dire de plus. " Que voulez-vous savoir d'autre ? Je n'ai pas grand-chose à cacher." J'étais prêt à lui répondre de la manière la plus sincère qui soit sur la plupart des sujets.
Sujet: Re: Recette de grand mère [Tour XI - Terminé] Lun 9 Oct - 15:31
Recette de grand-mère
Arianne Martell & Robyn Ashford « PRÈS DE WENSINGTON An 2 Mois 5 Semaine 3 »
- J’ai connu des filles qui ont été rudoyées par les hommes, Ser Robyn. Lors du raid des Fer-nés sur la capitale, j’ai eu à recueillir et à soutenir de pauvres infortunées, nobles, bourgeoises comme filles du peuple durant de longues semaines. Léliana n’a ni le regard, ni les gestes de ces infortunées filles. Elle a eu peur, mais elle n’a pas eu mal.
Je n’en dis pas davantage. Il est de notoriété publique que la Principauté de Dorne a largement souffert tant des actions bieffoises que fer-nés. Qu’importe les origines nobles des hommes, il y a toujours des chiens gâleux au sein de toute armée, de tout royaume et de toute caste. Dès que l’occasion se présente de fourrer leur virilité dans l’intimité d’une quelconque demoiselle avec l’absolue garantie qu’il n’y aura aucune conséquence – reconnaître un fâcheux bâtard, être humilié parmi les siens etc …- ils ne se réfrènent pas.
En prime, je suis née dans un bordel et j’y ai vécu durant sept longues années. J’ai encore visité ma mère et les filles qui ont pris soin de moi durant mon enfance durant ma jeunesse, et encore récemment. Si la majorité des hommes traitent convenablement les courtisanes, voire les courtisans, il existe encore des exceptions. Ils marquent tant l’esprit, et le corps, de ces âmes damnées qu’elles ne se relèvent pas de sitôt.
Enfin, je fais partie de ces infortunées. Je prétends être debout, mais je ne suis plus que l’ombre de celle que j’étais jadis. Décharnée, dépouillée de tout honneur et vertu, moquée et insultée, souillée et brisée, je traîne simplement ma carcasse au jour le jour, ne trouvant plus qu’un réconfort malsain dans les bras de monstres et de fous. Pourquoi ? Je sais que je ne serais pas insultée de leurs regards plein de jugement, étant tout autant coupable et minable que je ne le suis. C’est tordu, c’est terrible, mais c’est ainsi que je suis.
- Le vin est à l’image de son sol et de ses gens, Ser Robyn. Là où le nôtre est épicé et plein de caractère, le vôtre est plein de douceur et de suavité.
Je joue volontairement sur les mots. Je ne souhaits pas l’insulter gratuitement, ou le complimenter excessivement. Je le gratifie d’une petite taquinerie propre aux Bieffois et Dorniens, lorsqu’ils signent la paix pour une poignée de secondes, minutes, semaines ou mois. Année est exclue de l’équation tant le scénario est improbable.
- Je ne suis pas de votre avis. Je suis assez désespérée pour m’aventurer aux pires des vinaigres. Qu’est-ce que je ne donnerais pas pour m’enivrer et me débarrasser de cette morosité orageoise pour quelques petites heures … Essayons de convaincre les fermiers de négocier une bouteille, pour vous et pour moi. Je peux donner quelques sous.
J’exprime un sincère besoin, quoique malsain. Il n’est pas bon de chercher à fuir quelques problèmes, ou à améliorer son humeur par la boisson. Or, elle a toujours été l’une de mes réponses lorsque mon monde va mal, que mon esprit est chargé de mille pensées moribondes et que j’aspire à un court instant d’insouciance et de bêtises.
Quelle bêtise enfantine puis-je commettre dans un tel état ?
- Je vous remercie pour votre considération pour ma santé et mon bien-être. Il m’arrive d’oublier qu’il existe de bonnes âmes à travers le monde. J’espère avoir l’opportunité de vous révéler quelqu’unes de mes qualités.
Les derniers événements n’ont pas été tendres. Moi-même, j’ai manqué autant d’honneur et de bonnes manières.
- Léliana n’a pas un caractère rancunier. Sa curiosité, ses idéaux et ses bons sentiments auront raison d’elle. J’espère qu’elle saura les préserver face aux épreuves de la vie. Les bonnes personnes sont, souvent, considérées comme les fous de ce monde.
L’homme reprend la parole, dévoilant assez succinctement son histoire. Il prétend qu’il n’a rien à cacher. Or, il ment. Toute personne a un secret. Rien que sous cette pluie battante, j’ai entrevue cette culpabilité profonde, presque poisseuse, au fond de ses prunelles. Je ne vais pas le malmener malgré qu’il mente. Nous sommes liés par un contrat, avant tout. Je n’ai aucun droit sur lui, comme une amie, et vice-versa.
- Mon frère, le Prince … Lord Roward Martell a abandonné sa couronne aux pieds de la Princesse Rebelle Mahée Allyrion, soutenue par l’Empire et les Royaumes Fédérés. Êtes-vous à l’aise à l’idée de croiser des hommes et des femmes détenant votre frère otage ? A moins que vous ne désirez vous saisir de cette opportunité pour négocier sa libération.
Mes questions sont légitimes au vu de l’avenir qui se profile à l’horizon. Sa simple présence est déjà dangereuse pour ma propre probité aux yeux de nos nouveaux alliés. Est-ce une bonne idée de parier sur son métier d’épée-louée, soit un homme ayant déserté patrie et obligation pour l’amour de l’or ? J’espère bien que oui …
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Arianne Martell
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Sujet: Re: Recette de grand mère [Tour XI - Terminé] Jeu 12 Oct - 22:24
Recette de grand-mère
Je la regarde sans répondre. Il n'y avait rien de plus à dire sur ce sujet dans l'immédiat. Elle devait certainement être mieux placée que moi pour voir ce genre de traumatisme et je sais que je connais la demoiselle plus que bien et que si elle avait souffert d'une manière ou d'une autre, je l'aurais compris. Mais la peur viscérale qu'il lui soit arrivé quelque chose me paralyse en fin de compte. Elle était devenue à ce point importante que j'avais peur de la perdre et je savais que ça arriverait. Le jour où elle connaîtra enfin ce secret qui est le mien et qui la concerne, je la perdrais, quoi que je fasse. Pour l'heure, je me devais de la protéger et de lui apprendre à se défendre pour que le jour où cette annonce arrivera, elle puisse faire face à ce monde qui ne lui voudra pas que du bien. Mais a l'écouté parler ainsi, je comprends qu'elle a été témoin de bien des choses dramatiques. C'est le lot de la guerre et Dorne est particulièrement instable de ce que j'avais entendu çà et là et par ses rares confidences sur le sujet. Il ne fait vraiment pas bon d'être une femme visiblement. Je l'observe sans la juger, ce n'est pas mon rôle, quoi qu'elle puisse avoir fait, quoiqu'elle puisse être amenée à faire, si je juge la situation trop dangereuse, je partirais avec Léliana, elle le sait. Pour le reste, au vu de ce que j'avais dû faire et être témoin, je pense que ça devrait aller. Je n'ai jamais prétendu être un homme droit ni vertueux, j'ai essayé de faire au mieux avec ma conscience, mais ça n'a pas été une franche réussite, sinon je serais certainement encore sous les ordres du Grand Septon. Pourtant, je sens que chez elle, c'est différent, sans réellement savoir à quel point. La moralité varie d'un individu à un autre après tout. Et je ne suis pas un preux chevalier en quête d'une demoiselle à secourir. J'ai mes propres fardeaux et quêtes à porter et à mener. Assez pour toute une vie ou deux.
Pourtant, le ton devient plus léger lorsqu'il est question de vin. Elle est d'humeur taquine et ça me fait doucement sourire. Elle joue avec les mots et je ris légèrement en hochant la tête." Peut-être bien. Je dois reconnaître que le vin dornien a ce petit quelque chose que nous n'avons pas chez nous." Et quelque part, je parle d'elle également. Elle a ce petit quelque chose qu'on ne retrouve pas fréquemment chez les bieffoises, je ne m'avance pas plus sur ce terrain. Je ne voudrais pas qu'elle commence à croire que j'ai quelques idées tordues à son encontre, même si, elle était une bien jolie femme avec du caractère, je l'ai bien vu. Elle aussi avait ses fardeaux à porter et ils me semblaient bien lourds également. Et cela ne serait quelque peu contre productif pour ce contrat que nous avons passé. Après je ne sais pas de quoi sera fait demain et nous vivons un peu au jour le jour en ce moment. Cependant quand elle reprend la parole, je suis bien obligé d'admettre qu'elle n'avait pas réellement tort, même si je ne suis pas aussi désespéré qu'elle. Du moins pas ces jours-ci." J'ai bu suffisamment de vinaigre pour toute une vie, mais je me contenterais de ce qu'on pourra trouver. L'oubli pendant quelques heures est une chose plus que tentante en effet." Je souris légèrement quand elle fait mention de quelques pièces en échange de quelques bouteilles. Je ne suis pas certain que cela soit réellement nécessaire. On est utile en ce qui concerne la vie à la ferme, enfin Léliana plus que nous, mais elle était née à la campagne, alors que moi je suis né dans un château et que la demoiselle qui m'accompagne dans un bordel. Aucun de nous deux n'est vraiment apte à la vie au grand air et portant, cela avait un côté satisfaisant.
La boisson n'est pas une solution en soi, mais elle offre une bonne échappatoire, une maigre consolation, avant que ce que l'on cherche à fuir nous rattrape. Je ne pouvais pas nier que j'y aie largement cédé, entre ça et le réconfort de quelques demoiselles rencontrées au gré des voyages. Elle me remercie alors de me soucier un peu d'elle, et ce sans rien attendre en retour. Cela n'a rien à voir avec le contrat, ni même ce que j'avais vu cette fameuse nuit sous l'orage. Non, c'était juste une question de bon sens en fait. Si elle allait bien, alors le moral du groupe ne pourrait qu'être plus ou moins au beau fixe. Je sais que Baldyr s'inquiète pour elle, que Léliana bien que fâchée également et moi, je me dois de veiller sur tout ce petit monde. " Je n'en doute pas. Vous trouverez le bon moment pour cela j'en suis certain." Qu'importe en réalité, elle n'était pas désagréable à vivre dans l'ensemble, à moins qu'elle ne cache bien son jeu. Il est de nouveau question de ma pupille t je soupire légèrement, regardant droit devant moi. " Je ferais ce que je peux pour que ce soit le cas. Mais la vie n'est pas tendre et je ne serais pas toujours là au bon moment non plus." Je prends ce rôle que j'ai endossé très à coeur, à la fois pour une raison égoïste qu'est avoir une sorte de rédemption, mais aussi et surtout que j'ai de l'affection réelle et sincère pour elle. Elle est comme ma fille, ni plus, ni moins.
Viens ensuite un sujet plus personnel, ou je lui mens un peu sur le fait principalement que je n'avais rien à cacher. Je sais très bien qu'elle se doute que ce n'est pas la réalité. On a tous des secrets, des cadavres dans un placard. Elle, moi, le monde entier. Mais elle reprend la parole, m'expliquant la situation de Dorne et ce qui a conduit à cela. Son frère a abdiqué pour la princesse Allyrion. Mais sa question, est importante je le sens et je reste quelques secondes, silencieux, y réfléchissant moi-même sérieusement. " Je ne sais pas. Si je peux négocier quelque chose, je tenterais, mais je sens que cela sera vain." L'Empire ne fait pas de cadeau, du moins si ce que j'ai entendu est vrai, mais j'ai vu pas mal de choses étant du fait des armées de l'Empire qui ne sont pas belles non plus. Je la regarde ensuite. " Si vous avez peur que je vous plante une dague dans le dos contre de l'or, sachez que je ne suis pas ce genre d'homme. J'ai quitté l'armée de la Foi pour diverses raisons et je n'ai pas rejoins l'armée du roi malgré les appels de plusieurs de mes plus proches amis encore en vie." Je soupire et reprends. " Je fais cela parce que ça m'offre une liberté absolue que je n'ai pas eu pendant de longues années. Et si j'ai accepté de vous suivre, ce n'est pas pour vous trahir par la suite. A moins que vous nous trahissez en premier, auquel cas, ce sera une autre histoire." Au moins, c'est clair.
Sujet: Re: Recette de grand mère [Tour XI - Terminé] Mer 18 Oct - 4:22
Recette de grand-mère
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Mille et une fables circulent au sujet des Dorniennes et des Dorniens : barbares au sang chaud, femmes suaves aux mœurs très légères, hommes frivoles et coquets ou impies aux religions variées et déviantes. La Foi nous méprise, nos voisins nous critiquent et cette minorité déshonorante portant le sang de mes terres natales n’arrange nullement l’affaire. Les marchands étrangers qui mettent pied au sein de la Principauté pour la toute première sont soit surpris de constater que la réalité est autre, soit ils se montrent extrêmement irrespectueux en alpaguant la première donzelle avec vulgarité et insolence. Les heurts ne sont pas rares pas avec les nouveaux arrivants, la tête pleine des on-dit.
Qu’en est-il de Ser Robyn ? Qu’en est-il de moi ? Jadis, je rêvais d’un époux aimant, d’enfants en bonne santé, d’un domaine tranquille et de l’absence de jeux politiques. Aujourd’hui, je ne pense plus qu’au sang, à la violence, à la vengeance, sacrifiant les derniers lambeaux de naïveté et d’innocence que j’avais pu conserver au fil des ans et des épreuves. Ma langue est ma lame, mon corps est ma masse, ma diplomatie est ma fuite et ma beauté est mon bouclier. Tout pue l’élégance, mais tout est vicié, pourri, empoisonné. Je ne suis ni cette Dornienne infidèle des contes fantasmagoriques des bardes, ni cette femme honorable méritant les honneurs et le respect de ses pairs.
Je suis une bâtarde, à bien des égards.
- Vous et moi avons grand besoin de cette boisson, Ser. Je vais échanger avec l’épouse et obtenir notre précieuse liqueur. Nous profiterons que Léliana et Baldyr s’entraînent ou dorment pour s’enivrer tranquillement. Il est très déconseillé de se retrouver en tête-à-tête avec une bouteille, que nous soyons une femme ou un homme. Je me demande bien si l’alcool change vos humeurs, ou si vous êtes égal à vous-même …
Il est dangereux de boire jusqu’à s’oublier. Ce danger s’accroît lorsque nous sommes seuls ou mal accompagné. Dans le premier cas, personne n’est là pour nous retenir d’un probable incident, maladresse ou désastre. Dans le second cas, nous sommes poussés davantage dans notre bêtise et nous commettons l’irréparable. Ce ne sont pas les leçons de vie théoriques enseignées par quiconque, mais une expérience vécue et dont je garde d’amers souvenirs.
Par contre, il n’y a rien de répréhensible à boire avec un homme ou une femme dans quelques lieux isolés, tant que je garde quelques réflexes et conscience et que je me tiens loin des tavernes. Si mon sang mêlé me permet de me mêler à la bourgeoisie et à la noblesse, je n’en reste pas moins une fille et est donc assez mal vue dans des lieux très populaires comme des tavernes ou bordels. Mon refuge est donc dans la nature, dans les soirées discrètes ou dans les fêtes officielles.
La suite de la conversation ne me fait ni froid, ni chaud. Les paroles de l’homme ne me surprennent pas.
- Ser, je n’ai pas fait cette proposition si je ne vous connaissais pas un peu. Vous n’êtes pas motivés par le pouvoir, par l’or ou par les femmes. L’Empire pourrait vous offrir toutes ces choses-là, que vous les jetterez aux orties sans le moindre remord.
Les opportunités n’ont pas manqué pour le tenter. Suite à la déconfiture de son frère, il aurait pu se saisir des rênes du domaine et de ses gens pour être le nouveau Lord. Avec la montée du Bief et de la Foi, il aurait pu s’investir davantage pour monter les échelons. Il n’en a rien fait, ignorant toutes ces occasions, se donnant qu’à une seule et unique personne : Léliana.
- Votre seule préoccupation est Léliana. L’ironie veut que la petite est à votre image : une amoureuse de sa liberté, une vagabonde de ce monde. L’Empire, les Puissances Centrales ou moi-même pourrions vous proposer tous les palais dorés de ce monde, toutes les armées puissantes de ce continent, rien ne pourra retenir la petite demoiselle derrière ces murs ou ces rangs. La vérité est que personne ne peut vous offrir quoi que ce soit. Vous ne céderez que si nécessité fait loi pour la sécurité de Léliana.
Je plante mon regard dans le sien.
- Il est aisé d’en arriver à cette conclusion lorsque vous croise et qu’on vous parle, à vous et à Léliana. Il suffit de prendre l’un de vous en otage pour faire parler l’autre. Vous êtes très prévisibles. Soit vous devez vous renforcer en mettant en place une compagnie de mercenaire, soit vous devez accepter de jouer une comédie avec elle et brouiller les pistes d’ennemis et de dangers.
Mon ton n’est pas critique, ni condescendant. Je constate un fait.
- Je vous envie, d’avoir encore une personne à laquelle penser en dehors de vous. Et je vous plains, car la charge d’une vie est lourde, si lourde. Vous êtes bien braves, Ser. Est-ce que vous partagez mon avis, ou vous considérez-vous différemment ?
Je suis lasse de parler de moi. Je veux l’entendre, le comprendre, le découvrir et, surtout, communiquer et tisser un lien. La solitude me tue. Or, je dois vivre jusqu’à ce que je puisse aussi enterrer autant d’ennemis que possibles de la Maison Martell, ou ce qu’il en restera.
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Arianne Martell
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Sujet: Re: Recette de grand mère [Tour XI - Terminé] Ven 20 Oct - 10:43
Recette de grand-mère
Je sais que les rumeurs et les ont dits ont la vie dure. J'ai entendu pas mal d'histoires au fil des années, certaines plus originales que d'autres, plus respectueuses que d'autres également. Mais je n'y avais jamais vraiment prêté attention, d'une parce que Dorne ce n'était pas la porte à côté et de deux, je ne m'étais jamais imaginé aller jusque-là bas. Mais aujourd'hui, mes plans ont visiblement changés et c'est bien la route que je vais suivre. Je suis curieux de découvrir cet endroit, mais je n'ai pas d'attente particulière. Je sais que là-bas, rien ne va, un peu comme dans l'Orage, rien ne va. Alors ça sera une surprise, pour peu qu'on y arrive en vie. Je sais que le chemin sera long et difficile et qu'on forme un groupe assez étrange au premier abord, mais ça ira. On se rassure comme on peut près tout. Et tout ça pour ses beaux yeux. Enfin pas totalement, mais c'est bien payé et je sais qu'on peut réussir. Alors pourquoi pas ? De toutes façons cette mission ou une autre après tout, le danger sera toujours présent.
Je m'éloigne bien de mes terres et je ne sais même pas quand je pourrais y revenir. Le royaume du Bief n'est peut-être pas parfait, mais c'est chez moi et l'idée même de m'en éloigner trop longtemps me faisait grincer des dents. Mais cette fois, c'était différent, j'étais comme soulagé de partir loin pendant un moment, alors même que je chérissais mon royaume et les souvenirs que j'y avais. A quel moment cela a pu changé ? Ce qui est sûr, c'est que le vent du changement souffle sur ma vie et celle de Léliana, pour le meilleur je l'espère, sinon j'allais amèrement le regretter. Lorsqu'elle reprend la parole, je la regarde avec un léger sourire en coin avant de hocher légèrement la tête. Oui, peut-être que ça nous fera du bien de nous enivrer un peu, même si nous avions certainement des raisons différentes de vouloir vivre dans l'oubli l'espace de quelques heures." Attendons la nuit, je préfère m'enivrer quand je suis certain que Léliana dorme." Oh ! elle sait qu'il m'arrive de boire, mais sait-on jamais ce qui peut se passer en journée, même si nous sommes dans un coin assez calme. Et puis ne dit-on pas que la nuit favorise les confessions nocturnes ? " Je me posais la même question à votre sujet." Bonne ou mauvaise idée ? Je n'en sais encore rien, nous aviserons.
J'ai toujours préféré boire en étant accompagné, parce que je sais ce qui se passe quand je suis seul avec mes propres peurs et démons. Ce n'est pas beau à voir. L'alcool est à la fois une amie qui réconforte, mais qui nous met aussi parfois en face de nous erreurs d'une manière assez violente. Et nous pousse parfois à d'étranges choses ou à faire des actes, que l'ont ne peut réparer par la suite. Je n'ai jamais eu l'alcool méchant contrairement à d'autres, je suis juste un peu plus mélancolique sur certains sujets. Mais je suis de bonne compagnie, du moins, on ne m'a jamais rapporté le contraire. Mais la suite de la conversation change quelque peu de ton, même si je vois bien que ce que je lui dis ne la surprend pas le moins du monde. Je l'écoute et hausse un sourcil, surpris, mais au fond, elle avait raison. Je ne suis pas attiré par le pouvoir, je n'ai pas été élevé de cette manière, je suis le cadet, le dernier de la famille. Mais je n'ai jamais été ambitieux au point d'espérer quelque chose qui ne me revient pas réellement de droit. Le domaine familial est bien géré, malgré l'absence de mon frère depuis des mois maintenant. Ma belle-soeur sait ce qu'elle doit faire et le fait bien, je l'ai vu de mes propres yeux et je n'ai fait que l'épauler, lui montrer que j'avais confiance et que tout cela elle pouvait le garder. J'avais aussi refusé de servir mon roi, juste parce que je voulais continuer d'être libre et indépendant comme je le suis actuellement, malgré le contrat qui me lie à Arianne désormais. " Est-ce un mal au fond ?" Je n'agis pas dans mes intérêts mais plus par rapport aux siens, même si parfois ce n'était pas flagrant au premier coup d'oeil. " C'est plutôt une bonne chose pour vous, que je ne convoite ni le pouvoir, ni la richesse. Sinon je pourrais vous vendre au premier roi, ou camp en guerre contre votre famille." J'eus un léger sourire. " Je n'en ferais rien comme vous le savez. Et puis cela doit vous changez d'être entourée de personnes qui ne se soucie pas de votre rang ou de votre statut, mais seulement de vous." Et c'était le cas.
Je supporte son regard, ne détournant pas les yeux quand elle reprend la parole. Elle avait raison sur ce point et je hausse les épaules dans un premier temps, le temps de chercher une réponse adaptée. " Je sais bien, il faut que je règle cela. J'en ai pris conscience après son escapade chez le roi." Je ne sais pas encore comment mettre ça en place, mais je trouverais un stratagème. Je soupire légèrement à ses dires et garde encore le silence quelques secondes. " Je me dois de porter ce poids. Ce n'est pas une obligation, mais une néccéssité. Léliana n'est pas un fardeau, c'est... Je la vois comme un cadeau, mais par les temps qui courent et avec son caractère, ce n'est ps facile, j'en conviens." Et encore c'était résumé grossièrement. " On est tous responsable de la vie de quelqu'un, qu'on le veuille ou non. Et vous n'êtes pas seule, quand bien même vous le pensez sincèrement. Quelqu'un se soucis de vous et vous vous souciez de lui. Même si vous n'êtes que peu démonstrative." Pas besoin de chercher bien loin, même s'ils n'ont pas la même relation que Léliana et moi. La solitude l'aurait tuée depuis longtemps si ça avait été réellement le cas.
Sujet: Re: Recette de grand mère [Tour XI - Terminé] Lun 6 Nov - 16:30
Recette de grand-mère
Arianne Martell & Robyn Ashford « PRÈS DE WENSINGTON An 2 Mois 5 Semaine 3 »
- Ser, votre sollicitude me touche mais épargnez-vous cette peine. Vous avez déjà une vie à charge : n’encombrez pas votre conscience et esprit avec une seconde. Il vaut mieux pour vous, et surtout pour Léliana, que vous vous préoccupez davantage de ma richesse que de moi.
Je ne vais pas avoir une belle fin. Au mieux, je vais mourir en vengeant ou en tentant de venger les miens. Dans ce scénario-ci, personne ne saura rien de tous les sacrifices faits et endurés pour arriver à ce but ultime, et sanglant. Au pire, je vais subir le jugement d’entités puissantes pour mes complots, mes jeux et ma duplicité mises en lumière par mes échecs – ou par mes réussites. Ce monde régit par les puissants sangs bleus et grandes maisons nobles se fichent d’une batarde et de sa tragédie : la justice est leur outil, la justice est à leur service uniquement.
- Peu démonstrative …
Un rire amusé s’échappe d’entre mes lèvres.
- Il y a un an de cela à peine, Ser, vous auriez dit tout le contraire.
J’ai mis à rude épreuve la patience de mes frères et de ma sœur avec ma naïveté et mon excès d’amour et de compassion. Prompte à m’éprendre de beaux parleurs et de charmants chevaliers, j’ai cédé à leurs avances et à leurs caprices aisément et sans grande résistance. Constamment, j’ai été abandonnée – ou je les abandonnais -, brisant mon cœur à chaque séparation. Fille de peuple avant tout, il suffit d’une larme d’un orphelin ou du récit du drame de vie d’un mendiant pour que ma bourse s’allège considérablement, voire que je pousse mon père à piocher dans la trésorerie pour les hospices – et au détriment des refus, des plaintes et des grognements des nobles. Bien souvent, la noblesse s’est déchaînée, rajoutant de sacrées barrières à l’utilisation de leurs impôts.
- Quelque part, celle que j’étais me manque. Mais … elle n’a pas sa place dans ce monde-ci. Elle n’a pas les armes nécessaires pour y survivre.
La sollicitude, la bienveillance, l’amour, l’attention, l’empathie … toutes ces belles notions n’ont pas de droits de vie sur ce continent déchiré par la guerre. Seuls le vice et l’injustice l’emportent. Qu’ai-je obtenu en étant douce et compréhensive ? Rien. Qu’ai-je obtenu en sacrifiant un enfant à naître ou un futur plausible ? Un nom, un droit. Cette réalité est écoeurante. J’aimerais la changer, en offrant plus de voix à ceux qu’on qualifie de sensible ou faible. Or, je manque de force. Quant à ceux qui portent une couronne, ils ne savent rien, absolument rien, des conséquences de leurs décisions sur les autres. Ils prétendent deviner, ou savoir, mais il n’en est rien.
- Oui, cette liqueur est nécessaire.
Sans plus un mot, j’emboîte le pas. J’ai à m’arrêter à de nombreuses reprises pour reprendre mon souffle, rauque et grave. Il est étonnant de constater que nous perdons bien de nos réflexes et muscles après quelques semaines d’inactivité. Malgré moi, je m’inquiète pour la danse. Quand ai-je dansé la dernière fois ? Je ne saurais pas le dire. Quand ai-je joué d’un instrument ? Je préfère ne pas y réfléchir.
- L’alcool. Les bains. La danse. Ce sont les trois choses que j’aime plus que tout, ou du moins qui me permettent de me détendre et de me débarrasser de mes soucis quelques temps.
Je me sens d’humeur complice, à cet instant-ci.
- Et vous, qu’en est-il Ser ? Quelles sont vos passions ? Vous avez bien quelques plaisirs, autre que vous embourber dans des situations inextricables.
Nos pas nous mènent jusqu’à une clairière assez dégagée, au terrain plutôt plat. Je m’y arrête et je la fixe longuement. Tranquillement, je me débarrasse de mes chaussons, et m’égare sur ce sol humide et glissant. Je soupire. Je risque davantage de me blesser qu’autre chose, à m’entraîner dans les parages.
Car oui, reprendre la danse est nécessaire. Car je vis avec. Car j’ai besoin de retrouver ma grâce et ma beauté. Car elle sera mon outil, pour ma vengeance. Car elle sera mon pain et mon sel, pour la survie de mon âme.
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Sujet: Re: Recette de grand mère [Tour XI - Terminé] Lun 13 Nov - 10:52
Recette de grand-mère
Je souris à sa réponse, parce que je ne supposais pas que je parlais de moi, mais en réalité, c'était peut-être un peu vrai. Peut-être que les choses auraient été plus simples si je ne l'avais pas surprise sous l'orage il y a plusieurs semaines de cela. Ma perception avait changé, celle que j'avais d'elle avait changé, mais je ne savais pas à quel point encore. Et au fond, cela n'avait pas d'importance. Elle avait sans doute raison en ajoutant que je ne devrais me soucier que de son argent, mais le problème c'est que Léliana, malgré sa bouderie du moment s'était très certainement prise d'affection pour cette femme et que je ne pouvais pas faire comme si je ne voyais rien. Alors je hausse les épaules, restant silencieux l'espace de quelques secondes, tout en l'observant. " Peut-être que je devrais oui, mais ça limiterais nos discussions, ma dame." Et je crois que ça poserait un problème sur le long terme. " Et puis comment comptez vous arrivée jusqu'à Dorne si personne ne garde un oeil sur vous, hm ? Ce n'était pas réellement mon rôle, mais tant qu'à faire, autant qu'elle y arrive en un seul morceau, même si c'est pour mourir ensuite.
Elle eut un rire qui me fait hausser un sourcil, intrigué. Il est vrai, qu'elle n'était que peu démonstrative depuis que nos chemins se sont croisés, mais jusqu'à maintenant. Cela ne me regarde toujours pas d'ailleurs. Mais de ce qu'elle a laissé entendre, son histoire est loin d'être joyeuse. Je hausse les épaules et reprends." Il y a un an, nous étions tous différents. Vous, moi, Léliana, le reste du monde." Il y a un an, tout était bien différent. Mais aujourd'hui nous sommes là, perdus dans cette campagne de l'Orage, qui est en proie à une guerre qui semble ne pas avoir de fin, même si j'avais entendu nombre de rumeurs quand nous étions au camp royal. " Sans doute, de toute façon si vous étiez restée la même, vous ne seriez même pas là, dans ces vêtements et nous n'aurions pas cette discussion." Elle est drôle la situation d'ailleurs ! Un noble du Bief qui préférait une vie de mercenaire au confort d'un titre, de terres et une bâtarde royal en quête de vengeance. Cela n'avait pas le moindre sens. Mais il est clair que nous avons besoin de boire, ne serait(ce que pour oublié un temps soit peu tout ce qui se passe.
Elle reprend la parole et j'eus un léger sourire aux lèvres. Elle me demande alors si j'ai des passions et je reste silencieux quelques secondes, parce que j'étais en train d'y réfléchir sérieusement. La question ne s'était pas posée depuis longtemps. Parce que je n'avais plus réellement de temps pour moi, ça m'évitait de trop penser, de me souvenir, de ressasser. " Bonne question ma dame. A dire vrai, je n'en sais rien." Pour le coup j'étais sincère. J'aimais faire pas mal de choses, mais on ne pouvait sans doute pas parler de passion à proprement parler. Prendre soin de mon cheval, de mon épée, m'entraîner, parcourir les environs et voir ce qui s'y passe. Rien d'aussi original ou normal qu'elle. Toutes ces années passées au service de la Foi n'ont pas aidé. On arrive alors dans une clairière qui semble paisible. Elle reste silencieuse un long moment et je la laisse faire. Puis elle enlève ses chaussures et je regarde autour de nous, trouvant un arbre sous lequel je pourrais rester assis. Qu'elle fasse ce qu'elle veut dans cette clairière, qu'elle danse, chante, hurle ou pleure. Personne ne viendra la juger pour ça. Mais à peine assis, mon regard est attiré par elle, parce que dans ces mouvements, il y avait beaucoup de grâce. Elle était douée et la regarder était un réel plaisir. " Danser autant que vous le voulez, il n'y a que nous ici." Quelle en profite.
Sujet: Re: Recette de grand mère [Tour XI - Terminé] Mar 21 Nov - 16:11
Recette de grand-mère
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- Vous et Léliana êtes une rencontre particulière. Durable. Elle me marquera. Ou plutôt, elle nous marquera. Dans ces instants-là, j’aime croire au destin et à ses faux hasards, à la force de cet univers mystérieux qui met tout en œuvre pour ces rencontres.
Ma voix s’évanouit dans l’air, confuse et hésitante. Elle est à l’image de mes pensées. Virevoltantes comme des papillons et volatiles comme une vague, elles ne savent pas où se poser, où s’avancer, où reculer, où s’arrêter. Cette vision aussi naïve que charmante est aussitôt plombée par des émotions négatives et puantes. Pourquoi est-ce que l’univers offre et arrache par la même occasion ? Pourquoi est-il nécessaire de perdre, avant d’obtenir – ou inversement ? Il n’y a pas de logique, car il n’y a pas de justice pour les pauvres hères.
- Si l’adulte ne connaît pas ses passions, interroger l’enfant que vous étire jadis. Qu’aimiez-vous faire ? Qu’espériez-vous faire en tant qu’adulte ?
Dès ma tendre enfance, j’ai rêvé d’être aussi gracieuse et aussi talentueuse que cette courtisane du bordel où je suis née. D’une danse, elle subjuguait l’assistance. D’un chant, elle apaisait ou elle tourmentait les hommes et les femmes. Et d’un regard, elle capturait les cœurs. Cette femme était belle à se damner, pleine de charmes. Toute la Principauté courrait derrière elle. Jusqu’au Prince même. Cette femme n’était autre que ma propre mère.
- J’ai eu bien de la chance. J’ai vite su ce que j’aimais. Et j’ai pu embrasser cette passion dès que j’ai su parler, penser et marcher.
Il s’éloigne, se posant au pied d’un arbre. Pieds nus, j’arpente ce terrain vague longuement, jaugeant de sa sécheresse, de ses bosses naturelles, de sa douceur ou de sa rigidité. Je finis par délimiter un terrain acceptable pour quelques exercices simples. Dès les premiers pas, je sens le poids des muscles affaissés, la maigreur d’une chair malmenée et surtout la rigidité d’un corps forcé au repos sur ces dernières semaines. La robe grossière donnée par la fermière n’aide pas, m’encombrant plus que de raisons. Pour autant, je n’abandonne pas l’idée et m’adonne à quelques valses solitaires d’une danse de cour. Jusqu’à ce que les premiers signes de fatigue se manifestent, tirant sur mes jambes vite engourdies.
- Nous pouvons retourner à la ferme. Si vous acceptez, j’aimerai que vous m’accompagnez demain également. Votre compagnie est agréable. Et change de Baldyr.
Joues rouges par l’effort, ton malicieux, j’ai presque la sensation de retrouver celle que j’étais.
***
Il a fallu deux belles journées pour que la fermière puisse terminer ma commande. J’ai demandé un pantalon ample, quoiqu’un brin ajusté, et une chemise serrée autant que possible. La demande des plus particulières a nécessité de nombreuses discussions et ajustements – et encore des sous supplémentaires. Elle n’a pas été agacée, tant la paie a été plutôt bonne. En prime, elle a pu échapper, pour deux petites journées, aux travaux harassants de la ferme et papoter de choses et autres aussi futiles qu’agréables avec moi. Nos douleurs, nos peines, nos plaintes ….
Tenue prête, je m’enveloppe d’une cape avant de quitter la petite pièce. Pour la troisième journée consécutive, j’interromps Ser Robyn lors de son entraînement et marche à ses côtés jusqu’à cette petite clairière dénichée. Les derniers jours, il n’y a pas eu de pluies, et le soleil a même été généreux. Le sol est donc assez sec, rendant mes entraînements toujours plus faciles. Or, aujourd’hui, j’ai à mettre le Bieffois à l’épreuve. J’ai retourné la question dans tous les sens et il est le seul qui peut m’aider.
- Ser Robyn, je ne sais pas si vous êtes assez familiers avec les différents styles de danse. Si ce n’est pas le cas, permettez-moi de vous apporter quelques précisions. Si les danses de cour n’exigent pas une grande dépense du corps, il y’a d’autres styles qui nécessitent une discipline de corps très, très importante. Si vous vous êtes entraînés durant de longues années à l’épée et au bouclier, j’ai fait de même pour des pas et mouvements de danse.
La gêne me gagne petit à petit. Il pourrait refuser.
- Ces dernières semaines, j’ai été assez indolente. Je me suis rouillée considérablement. J’ai du mal à des mouvements basiques, je ne peux pas envisager des mouvements plus complexes. J’ai des exercices, que je peux accomplir seule. Mais j’ai également d’autres exercices pour lesquels j’ai besoin d’un peu de soutien. Est-ce que vous pourriez m’aider ?
Je plante un regard implorant dans le sien.
- Je vous le demande car il faut un peu de force, et vous l’avez. Léliana est trop jeune et trop frêle, et Baldyr est solide mais s’épuise très vite. Les gens de la ferme n’ont pas plus la carrure nécessaire. Et puis, j’ai besoin d’une personne de confiance. Et vous avez cette confiance.
Du moins, elle s’est imposée. Ma rencontre avec Manfred Hightower est bien un grand secret, qui me couterait la tête et qui lui vaudrait potentiellement un laissez-passer pour bien des caprices auprès de l’Empire, comme la libération de son frère. C’est extrême, mais tout est envisageable.
- Je ne vais rien vous demander de complexe. Vous n’aurez pas à danser, même. Vous allez être, littéralement, un support. Il vaut mieux un exemple que mille explications. Mettez vous à terre, sur vos genoux.
J’abandonne ma cape, révélant cette tenue garçonne, quoique outrancière. Je m’assois à même le sol, jambes pliées comme un papillon. Je me saisis délicatement de ses mains et les pose sur le creux de mes genoux.
- Jusqu’à ce que je vous dis arrêtez-vous, poussez délicatement mais fermement vers le bas.
Je l’invite à se plier à l’exercice, lui apportant ma propre force.
- J’ai besoin d’aide pour m’étirer, voilà tout ce que je vous demande. Mais si vous jugez la demande déplacée … Je peux comprendre et je ne vous importunerai pas avec une telle demande.
Je relâche les mains, lui laissant le choix de continuer ou d’abandonner. Dans ce dernier cas, je ne lui tiendrai pas rigueur. Après tout, la situation est inédite, que les mœurs critiqueront aisément. Or, j’aime croire que nous sommes seuls ici, loin des lois du monde, libre d’être nous et d’agir à notre guise.
Et il est temps que je renoue avec mon corps. Et accepte que d’autres s’en approchent à nouveau.
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Arianne Martell
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Sujet: Re: Recette de grand mère [Tour XI - Terminé] Sam 9 Déc - 15:11
Recette de grand-mère
Je ne peux être que d'accord avec elle. Cette rencontre aussi improbable soit elle va sans doute me rester en mémoire un bon moment, si ce n'est définitivement. Sans que je ne sache réellement pourquoi elle et pas quelqu'un d'autre. Tout comme la rencontre avec Léliana avait marqué un tournant dans ma vie. Pourquoi cette orpheline et pas une autre ? Je n'avais pas la réponse à cette question. Sans doute est-elle arrivée au bon moment. Et Arianne dans tout ça ? Aucune idée. Sa voix se perd et je reste silencieux, me laissant bercé par les bruits de la nature autour de nous. La vie est dure et cruelle, je l'ai compris très jeune. Il faut se battre pour ne pas perdre ce que l'on a, pour ne pas perdre les gens que l'on aime. C'est comme ça. Je l'avais compris assez jeune et il semblerait qu'il en est de même pour elle. Nous avions pas mal de points en commun finalement. J'eus un sourire amusé et lève les yeux vers le ciel quand elle me pose une autre question. L'enfant que j'étais jadis, était joyeux et naïf, petit dernier d'une fratrie, avec pour seule ambition que d'égaler son frère aîné une épée en main alors que ma mère ne le voyait pas comme ça. Je crois qu'elle voulait faire de moi un érudit ou quelque chose du genre. C'est assez flou et je me rends compte que mes souvenirs d'enfance sont tous pollués par la mort de ma soeur. Tout ce qui s'est passé avant, je n'arrive pas à m'en souvenir avec exactitude. " Je voulais être aussi fort que mon frère. C'est ridicule avec le recul, mais à l'époque, c'est tout ce à quoi j'aspirais." Je souris légèrement et reprends. " Je crois que j'aimais déjà l'art martial, les chevaux, je songeais à vivre de grandes aventures, comme tous les enfants à cet âge. Et puis la mort de ma soeur a marqué un tournant dans mon éducation qui est tout d'un coup devenu plus religieuse. J'ai adhéré et dès que j'ai été en âge de m'enrôlé, j'ai préféré les forces de la Foi à l'armée régulière ou mon frère s'illustrait déjà." Et j'ai aussi brillé de mon côté, allant même jusqu'à être responsable d'un groupe d'hommes. Aujourd'hui, je repensais à cette époque avec une certaine amertume en bouche.
Une fois dans cette clairière, je la laisse pour aller m'asseoir en dessous d'un arbre. Je pourrais m'endormir paisiblement, loin du bruit, au calme, si je n'étais pas happé par ce qu'elle faisait. J'avais eu de la chance de ne pas avoir a être souvent présent au domaine, à n'avoir assisté que peu à des soirées, des bals et autres. Si mère avait néanmoins tenu à ce que ses deux fils sachent danser un minimum, j'ai bien peu d'avoir tout oublié pour mon plus grand bonheur, je n'étais pas à l'aise dans cet exercice. Elle s'arrête néanmoins et m'indique que nous pouvions retourner à la ferme. Sa demande me surprend un peu mais j'eus un léger sourire aux lèvres. " D'accord, votre compagnie est aussi agréable." Et c'était même surprenant. Mais plus dans le sens où je me sentais plus à l'aise avec elle qu'avec la plupart des dames du même rang. Sauf celles que je connaissais. Et puis elle avait un petit quelque chose que je n'arrivais pas a comprendre. Qui me donnait envie d'apprendre à la connaître un peu plus. Cette nuit orageuse avait sans doute éveillée ma curiosité qui ne demandait qu'à être assouvie désormais.
Il n'avait pas plu depuis trois jours et j'en profitais pour m'entraîner dans un coin de la ferme, seul, comme je préférais le fare. J'étais plus exigeant avec moi-même que je ne savais l'être avec Léliana, c'est pour ça qu'il était préférable que ce soit Baldyr qui gère ses entraînements et j'apporterais mon aide en cas de besoin. Mais il savait y faire avec la jeune femme. Du coin de l'oeil, j'aperçois Arianne et je m'arrête. Après m'être rafraîchi, j'enfile ma chemise et la suis vers la clairière. Il faisait bon et le sol était sec. Lorsqu'elle prend la parole, j'avoue être un peu perplexe, mais je l'écoute. Je hoche la tête et elle continue. Mais je hausse un sourcil, surpris quant à sa demande. Que je l'aide à faire ses étirements ? Elle était bien sûre de son coup ? Léliana serait sans doute... Elle me coupe dans mes pensées en mentionnant la jeune fille et j'eus un léger sourire sur le coin des lèvres. J'ai sa confiance, mais est-ce qu'elle a la mienne ? Oui sans doute, sans que je ne sache depuis quand. Mais là n'est pas la question. " Tant mieux, je ne suis pas un bon partenaire de danse." Une évidence même. Après une seconde d'hésitation et avoir regarder autour de nous, j'obtempère et pose les genoux au sol. Elle enlève sa cape et sa tenue me laisse encore plus perplexe pour le coup, mais je ne dis rien. Je la laisse s'asseoir et poser mes mains sur ses genoux. " Heu... D'accord, mais dites le si je mets trop de force... C'est... J'ai pas l'habitude de... Faire ça." Est-ce que je suis gêné ? Non c'est pas ça. Intimidé ? Non plus alors quoi ? Je me sens légèrement fébrile et absolument pas sûr de moi pour le coup. Mais je me plie à l'exercice. " Si ça peut vous aidez, alors faisons le." De toute façon, que faire d'autre au milieu de nulle part ? Et puis je sais que nous sommes seuls dans cette clairière et les alentours. Léliana est bien que trop occupée avec Baldyr pour faire la commère.
Sujet: Re: Recette de grand mère [Tour XI - Terminé] Dim 10 Déc - 0:26
Recette de grand-mère
Arianne Martell & Robyn Ashford « PRÈS DE WENSINGTON An 2 Mois 5 Semaine 3 »
A ses traits perplexes, je devine que ma tenue garçonne le surprend. Je ne peux pas réprimer un sourire amusé. Je m’interroge subitement. Si nous avons été au sein de la Principauté, quelle serait sa réaction face à mes toilettes audacieuse tant dans le privé que dans le public ? Si nous arrivons jusqu’à mes terres natales sans trop de difficultés et si nous sommes en bon terme, je serais bien tentée d’avoir la réponse à cette question, soit en vérifiant moi-même, soit en ayant le concours d’une amie. Qu’il est agréable de penser à des futilités et des bêtises, à nouveau !
Il bredouille. Il tremble. Cette hésitation m’interpelle.
Au fil de nos discussions, j’ai compris que Robyn n’est pas un homme timide. S’il l’avait été, je ne me serais même pas aventurée à une telle demande ! Dès lors, j’exclus cette possibilité. Alors, qu’est-ce ? Est-il gêné ? Ses joues ne sont pas rouges et son regard n’est pas fuyant. A-t-il quelques désirs inavoués ? Je ne vois pas cette flamme lubrique et agressive dans le fond de ses prunelles et ses mains ne suintent pas de quelques appels pervers. Ma peau est encore à fleur de peau, sensible aux prédateurs qui osent approcher – ou même toucher. Elle ne frissonne pas de dégoût ou de peur au contact des paumes du mercenaire.
Je ne comprends pas. Par conséquent, je suis confuse.
- Depuis que j’ai quatre ou cinq ans, je m’adonne à ces exercices, Ser Robyn.
Mon ton est chaleureux, mes paroles sont rassurantes. À nouveau, je pose mes mains sur les siennes et l’accompagne. Les jambes s’écartent jusqu’à ce que les genoux touchent le sol. Je ne rencontre aucune résistance, appréciant même ce premier étirement. Un sourire heureux se dessine sur mes lèvres, s’élargissant davantage lorsque je quitte cette position et apprécie les premiers bien-faits. Un soupire d’aise quitte mes lèvres, caressant le visage de l’homme.
- Je m’excuse, Ser, de vous avoir soufflé au visage. C’est involontaire. Je suis heureuse d’avoir du temps pour ces exercices, à nouveau.
Je replis les jambes jusqu’à ma poitrine.
- Je vous prie de vous écarter d’un pas. Je vais allonger mes jambes et pencher mon buste. Votre rôle est de pousser au niveau de mes omoplates.
Tranquillement, j’étends mes jambes à plat le sol et les écarte. Prudemment, je fais de même avec le haut de mon corps, tentant de toucher ce même sol avec ma poitrine. La tâche est plus rude et je me surprends à grogner un peu plus. Malgré que mes muscles souffrent et que mes poumons sont oppressés, je n’arrête pas. Je pousse autant que je peux. J’accepte cette souffrance. C’est un mal nécessaire. Après de nombreuses minutes, je signale au brun qu’il peut arrêter. Je me relève alors, rouge et essoufflée et cheveux en pagaille, mais avec un grand sourire aux lèvres.
Je ris, de bon gré.
- Oui, vraiment, ces exercices m’ont manqué. Il n’y a rien de mieux que la dépense physique pour libérer son esprit, n’est-ce pas ?
Je continue, encore. Il est derrière moi, à tirer mes armes en arrière, alors que je pousse le buste à l’avant. Il est à mes côtés, prêt à me rattraper lorsque je m’aventure à la dangereuse position de la tête en bas, de jambes en l’air et d’un corps entier soutenu uniquement par les bras.
- Votre tâche est terminée, Ser, mais je dois continuer à m’étirer un peu. Nous pouvons parler, si vous ne voyez pas d’inconvénient.
Je me suis murée dans le silence trop longtemps. J’ai besoin de renouer avec le monde et les gens. Et je me sens à l’aise avec lui. Il ne pue pas le danger, il n’est pas pétri de condescendance et de manière, il est honnête et courtois et, surtout, il est particulier. Je ne saisis pas pleinement ses intentions. Loin d’être effrayée, je suis curieuse.
- Qu’en est-il de vous, Ser ? Avez-vous déjà pratiqué ce genre d’exercices ? Si non, êtes-vous curieux, par hasard ? Cette pratique est assez peu commune dans le continent, incluant au sein de la Principauté. Je ne la connais que parce que je me suis passionnée pour la danse et toute sorte de danse. Les danses de cour pour les convenances, les danses populaires pour la convivialité, les danses des nomades et caravaniers pour la curiosité et les danses de rue pour leur énergie et leur passion. J’ai appris tous ces mouvements qu’à force de parler avec des artistes de différents pays, de continents et de pédigrée.
Les rumeurs sont vastes sur les Dorniennes, et mes exercices peuvent alimenter les esprits les plus fertiles et les plus tordus. J’essaye, à mon échelle, de rétablir un brin de vérité. Nos dames ont autant d’honneurs qu’une Bieffoise, Orageoise et autres demoiselles du continent.
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Arianne Martell
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Sujet: Re: Recette de grand mère [Tour XI - Terminé] Dim 10 Déc - 11:55
Recette de grand-mère
Je ne suis pas intimidé par la situation, du moins pas réellement. J'appréhende juste de lui faire mal. Il y a des moments ou j'ai du mal à juger de la force qui peut être la mienne et je ne veux pas que ça tombe sur elle. Lui faire mal serait la dernière chose à faire. Elle me paye et semble encline à me faire confiance, il serait idiot de gâcher cette chance. Sans compter qu'ici, au milieu de nulle part, j'ai un peu plus de chance d'apprendre à la connaître, sans jugement, mais le lieu semble idéal pour discuter de choses et d'autres sans avoir peur des oreilles indiscrètes. J'eus un léger sourire et un hochement de tête quand elle avance que cela fait longtemps qu'elle pratique ces exercices. Le ton de sa voix se veut chaleureuses et ses paroles rassurantes. " Je me doute bien, j'ai juste peur de mettre trop de force. Si c'est le cas, dites le moi." Mais la demande reste néanmoins atypique. Mais je m'en accommode et ce premier exercice semble lui faire du bien, si j'en crois le sourire sur ses lèvres. Je secoue légèrement la tête à ses dires, ce n'était pas si grave et je savais que c'était involontaire de sa part. Cette promiscuité aurait pu éveiller bien des envies chez d'autres hommes, mais je savais me tenir. Elle était belle Arianne et désirable, même dans cette tenue, mais mélanger le plaisir et le travail était une mauvaise chose. Et je savais rester à ma place. Pour autant, je pouvais aisément deviner certaines courbes de son corps et elle en ferait pâlir de jalousie plus d'une.
Elle change de position et me demande de l'aide une fois de plus et je le fais, sans discuter. Je ne sais pas de quoi ça a l'air d'un point de vue extérieur, mais au pire, est-ce si grave de l'aider ? Elle semble en avoir besoin et si ça pouvait lui faire du bien, alors où était le mal ? Je l'entends râler sous le poids de l'effort et l'espace d'une seconde je suis tenté de relâcher la pression, mais elle semble endurer la chose et je reste toutefois attentif. Lorsqu'elle me souffle que c'est bon, je recule d'un pas. Essoufflée et les cheveux en bataille, ça lui donne un air franchement amusant. J'eus un sourire amusé cette fois. " Tout à fait, mais aller y doucement ou demain vous n'arriverez pas à vous lever." Les courbatures arrivent rapidement. J'en savais quelque chose. Pourtant on continue encore pendant un moment. Je suis presque admiratif de l'effort fourni et quand elle fait le poirier, elle tremble à peine, quand bien même je suis là pour éviter une chute. Elle est plus endurante que je ne l'aurais pensé et elle a bien des ressources également. Décidément, cette femme est bien surprenante.
Elle m'annonce qu'elle n'a plus besoin de mon aide, qu'elle peut continuer toute seule maintenant, mais que je peux rester si je le voulais. Il n'était pas question que je la laisse seule au milieu d'une clairière. Quand bien même je suis à peu près certain qu'elle ne risquerait rien. Mais nous sommes dans l'Orage et tout est possible sur un territoire en proie à la guerre. Je m'éloigne légèrement et m'assieds sur le sol, attrapant un brin d'herbe pour m'occuper les mains. " Non, jamais rien de tel en tout cas. Mais je me rends compte que ça demande de l'endurance et beaucoup de souplesse." Je regarde le brin d'herbe entre mes mains pendant qu'elle continue de parler. Elle semble maîtriser son art en tout cas et je hoche la tête légèrement. " Ma soeur adorait danser. Mon frère et moi-même fuyons les leçons aussi souvent que possible. Et il avait plus de chance que moi à ce petit jeu." Tout cela me semble si lointain désormais, comme si c'était une autre vie. Et dans un sens, c'était le cas. " Vous avez énormément voyager dans ce cas." Je serais curieux de savoir dans quel contrée elle s'était rendue. " Mise à part Dorne, y a t'il un endroit que vous appréciez particulièrement ?" Après tout, il existe bien des endroits incroyables dans ce monde si j'en crois tout ce que j'ai pu entendre au fil des ans.
Sujet: Re: Recette de grand mère [Tour XI - Terminé] Ven 19 Jan - 0:41
Recette de grand-mère
Arianne Martell & Robyn Ashford « PRÈS DE WENSINGTON An 2 Mois 5 Semaine 3 »
- Si je suis incapable de quitter mon paillasson au petit matin, alors je me suis mal exercée. Un bon entrainement fatigue et met à mal les muscles, mais il ne prive pas le corps de ses capacités quotidiennes.
Si l’échauffement prépare le corps à l’entrainement, la pratique affute les sens et les réflexes. Or, pour qu’il y a des résultats probants sur du court, moyen ou long terme, il est important de s’exercer quotidiennement. Dès lors, quel est l’intérêt de se faire du mal au point d’être incapable de bouger au lendemain, voire de se blesser et être inapte pendant quelques jours, voire quelques semaines ? Aucun ! Au contraire, c’est un véritable gâchis ! La mémoire corporelle est aussi courte que le temps d’éclosion d’une fleur. Ces muscles ont grand mal à se souvenir de mouvements, prompt à oublier vite les bonnes pratiques.
- J’ai été fort déçue que je n’ai pas visité le château des Eyrié lors du Conclave de Goëville. Je n’ai appris que tardivement que les deux villes sont très éloignées, que la Maison Arryn n’a pas jugé nécessaire d’organiser une procession jusqu’à son domaine royal. J’ai été encore plus déçue, lorsque j’ai entendu toutes ces valoises vanter ce château. Un véritable bijou d’architecture dit-on, une forteresse imprenable, assure-t-on. Imaginez donc un château d’un blanc immaculé, pavé de marbres blancs, roses et bleus.
Je réfléchis longuement aux nombreux lieux visiter, en dehors de mes terres natales.
- Braavos. Les marchands ont reporté toutes leurs découvertes à travers Essos ou Westeros à la cité. Les architectes se sont aussitôt mis à l’œuvre pour offrir ces magnifiques monuments à leurs dieux, à leurs amants, à leurs mécènes … Il y a une statue d’un guerrier gigantesque à l’entrée de la ville. Des structures en forme de triangles, des pyramides dit-on, extrêmement imposants dont les entrées sont très limitées, dont les couloirs sont ornés de milles gravures et éclairées par des torches ou des jeux de miroirs et lumières astucieux. Des bâtiments que vous et moi avons l’habitude sont décorés de mosaïques colorées ou peintes avec des couleurs très chaudes. Et puis, il y a des plats si variés.
Pour quelques secondes, les fantômes me quittent, les vivants ont quelques espaces pour s’y glisser. Mon regard pétille timidement, mes lèvres offrent un simulacre de sourire et mes joues prennent de nouvelles couleurs. Je le devine car elles s’échauffent et les pommettes qui ressortent sont un brin brillant.
- Cette ville est un carrefour entre Westeros et Essos sur bien des aspects … Un lieu agréable à vivre.
Je m’interromps. Quelque part, l’adolescent ayant vu cette cité majestueuse de ses yeux encore bien ignares et naïves s’éveillent. Son esprit papillonne et sonde mon âme. Il ne comprend pas qu’elle soit si tachée et si froissée. Les bontés de ce monde ne sont-elles pas suffisantes pour arrêter ces plaies sanguinolentes ? Les beautés de deux continents n’aident pas à gorger ce cœur de soleil et de bonheur ? Les questions innocentes butent aux réponses crues et cruelles. Alors, telle une fleur prise par une vague de froid, je me referme.
Et dans le silence, je continue mes exercices. A la fin, je m’allonge sur l’herbe, non loin de l’homme. Je fixe longuement le ciel. J’aime ce sentiment, illusoire, d’infini qu’il me procure. D’une petite tape au sol, j’invite le Bieffois à m’imiter.
- Est-ce que vous vous allongez sur l’herbe à la fin de chaque entrainement ?
Je tapote encore, tirant un peu sur sa manche. Qu’il se rapproche.
- Avez-vous déjà lâché prise, c’est-à-dire ouvrir les mains, comme si vous vous débarrassez d’une balle épineuse et lourde ?
Alors, je me saisis doucement de sa main et pousse ses doigts, un à un, vers le sol.
- A quand remonte la dernière fois que vous avez fixé un ciel ?
Pour quelques instants, je tourne ma tête vers lui. Puis, la tête retrouve sa position initiale.
- Et avez-vous déjà écouté le son du monde ?
Alors, je ferme les yeux. Et dans le silence de cette plaine, jouissant de la chaleur discrète du mercenaire, ayant l’assurance d’être à l’abri, je m’endors paisiblement.
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Sujet: Re: Recette de grand mère [Tour XI - Terminé] Ven 19 Jan - 19:30
Recette de grand-mère
J'en avais subi des entraînements au cours de ma vie, tous plus intensifs les uns que les autres et au final, je ne me souvenais même pas si un jour j'avais si mal que je ne pouvais pas m'entraîner. J'ai oublié, mais c'est peut-être arrivé, je ne sais plus. Il faut dire que depuis l'âge de quinze ans, tout n'est qu'une succession d'entraînement, de combat, de voyage et une sacrée collection de fantômes. Putain quand j'y pense je me dis que j'ai quand même tenu vraiment longtemps, persuadé que j'étais que je le faisais pour le bien commun. C'était sans doute vrai à une époque, alors où est-ce que ça avait commencé à mal tourné ? Je ne savais pas et je ne voulais pas avoir la réponse à cette question. Par contre pour avoir été blessé à l'épaule plus d'une fois, je sais que la reprise des entraînements est toujours un peu douloureuse quand on est obligé de se ménager des jours voir même des semaines dans certains cas. Mais rien qui ne soit vraiment comparable avec la danse. Du moins à priori, même si je conçois que c'est un effort constant pour garder une certaine grâce dans les mouvements. Au final, c'est comme toute chose, rien ne veut l'entraînement.
Je l'écoute me parler des lieux qu'elle avait visités et je me rends compte au fur et à mesure de ses mots, que je n'avais jamais pris le temps d'admirer ce qui se trouvait autour de moi. J'ai du passé par des endroits superbes, mais je ne m'en étais même pas rendu compte. Mener des hommes nécessitait toute mon attention, prévoir les problèmes, trouver une manière de les enrayer. Calmer les esprits les plus violents parmi ceux que j'avais sous mes ordres. Telles avaient été mes priorités, en plus d'accomplir les volontés du Grand Septon. Maintenant j'avais des problèmes d'une nature tout autre, mais ce n'était pas pour autant que j'appréciais les paysages qui s'offraient à nous. Et puis en zone de guerre, ce n'est pas le meilleur endroit pour ça. Ni le bon timing. Assis un peu plus loin, je sens dans le son de sa voix, dans l'intonation qu'elle donne que ces endroits l'ont marqué et je l'envie presque sur ce point. Jouant toujours avec mon brin d'herbe, je repose les yeux sur elle alors que le silence reprend, je l'observe du coin de l'oeil finir ses entrainements. Attentif à ce qui pourrait se passer autour de nous, mais il n'y avait rien d'autre que le chant des oiseaux et les bruits de la nature. C'était agréable, un moment de pure calme. Qui allait voler en éclat au moment même où Léliana entrera dans cette clairière d'ailleurs.
Elle finit par s'allonger dans l'herbe, signe qu'elle avait fini de faire ce que nous étions venus accomplir au calme. Elle tape sur le sol m'invitant à faire de même. J'eus un sourire sur les lèvres et l'imite, laissant mon regard vers le ciel. J'avais toujours cette impression de grandeur, d'un ciel infini et d'être tout petit en comparaison. Je sens qu'elle me tire la manche et je me rapproche, mais pas trop non plus. " De temps en temps oui." Généralement après m'être entraîné un peu trop intensément, pour pouvoir reprendre mon souffle et calmer mon rythme cardiaque. Si j'ai jamais lâché prise ? Je ne sais plus non plus et si c'est le cas, ça remonte à loin. Je sens alors ses doigts sur mon poignet, puis sur mes doigts et je la laisse faire. Ce contact me fait du bien, il est étrangement agréable. Je tourne légèrement la tête vers elle quand elle fait de même et l'observe plusieurs secondes en silence, alors que son regard se rive de nouveau sur le ciel. Puis elle ferme les yeux et s'endort rapidement. Je passe un bras sous ma tête. " Dormez dame Arianne, je veille sur vous." Je veille sur elle et reste allongé écoutant les bruits du monde comme elle les apellait.
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