Sujet: Le grand départ vers l'Ouest [Tour VI - Terminé] Dim 14 Oct - 21:55
Le temps des départs était vraissemblablement arrivé et les préparatifs de mon ambassade pour les terres de l'Ouest s'activaient en ce moment mème dans la cité de Pierremoutiers. Quelques jours plus tot, ce fut Lord Lothson l'un de mes conseillers politiques les plus expérimentés l'un des pilliers de l'administration de feu Harren qui quitta la capitale accompagné d'une escorte bien armée pour une destination secrète au sein de laquelle le rapprochement entre les deux voisins que nous étions serait acté par un geste de soutien précieux. Oh, la dégradation des relations entre les deux alliés que nous avions été restaient pérennes dans les esprits de mes fidèles cependant j'avais pris la décision de passer outre les rancoeurs et les ressentiments du passé pour aller de l'avant et avais été extrèmement surpris et ravi de constater que la maitresse du Roc, la lionne de Castral Roc partageait mon état d'esprit sur bien des questions ou du moins que je partageais les siennes sur bien des points.
Ainsi mon politicien le plus chevronné se trouvait déjà sur la route vers la frontière Ouestrienne et l'envoyé de la reine de l'Ouest. Et aujourd'hui en ce jour morne et aussi glacial que tous les précédents ainsi que probablement nombre de suivants c'était au tour de ma belle soeur et conseillère réhabilitée mais toujours dépréciée par ma cour de se mettre en chemin pour la capitale du royaume le plus puissant des non alignés. Elle y rencontrerait la reine Jordanne Lannister en mon nom, assisterait à la naissance de l'héritier du prince héritier ou à sa première enfant s'il s'agissait d'une fille. Et de là bas, oeuvrer pour notre cause en tentant de convaincre la famille royale de la précarité de la neutralité face aux ambitions d'un empire dominant le nord de Westeros sans opposition. Myria ne serait pas seule puisque ma soeur ainée et reine du Bief se trouverait également à la cour royale des lions.
Cela ne constituerait peut ètre pas une bonne nouvelle pour elle tant Eren l'avait toujours détestée et devait certainement le faire encore plus depuis la mort de notre père et la proclamation de traitresse qu'il avait offert à la veuve de Joren. La présence de la reine du Bief coalisé ne pouvait que signifier que le Hightower souhaitait lui aussi tenter de rallier les banquiers du continent à la cause de la résistance contre un empire tout puissant cependant ralliement par mon beau frère ne constituerait pas nécessairement une bonne chose pour moi. Un roi dans une situation aussi critique que la mienne devait se méfier de tout le monde par simple précaution d'usage, du bon sens en somme. Or, les rouages de mon cerveau ne pouvait qu'imaginer à quel point un allié plus faible que l'autre représentait une tentation pour des conquérants. Quoi qu'il en soit, si j'aurais certainement du envoyer également Helena car la présence d'une seconde reine de l'alliance ne pourrait qu'avoir plus d'impact politique et diplomatique. J'avais entièrement confiance en la Hoare pour faire ce qu'elle avait à faire d'une part et d'autre part Helena ne souhaitait mème pas se montrer raisonnable en restant à la capitale pour y tenir la ville en ma future absence alors l'envoyer dans un royaume voisin pour négocier…
M'épargnant des maux de tètes assurés, j'avais choisi Myria pour représenter le Conflans et les Iles de Fer. Après tout au vu de son histoire personnelle et cela en dépit de ce que l'on pouvait lui repprocher, le choix semblait tout à fait pertinent. L'ambassadrice du royaume des Fleuves et du Crépuscule devait certainement ètre en train de dire au revoir à son fils en cet instant précis. Pour ma part, je quittais mes appartements privés et me rendis dans le grand hall afin de rassembler le cour pour assister au départ. Honneur officiel pour une position officielle. Cela valait ce que cela valait mais j'espérais que Myria saurait y voir le gage de la confiance que je lui portais. Une fois une petite foule de nobles, des officiers, une fraction de la garde royale rassemblée et la reine à mon bras je quittais la forteresse d'un pas tranquille pour me rendre dans la cour de celle-ci ou l'agitation régnait en maitre. Des palefreniers dont Banot s'agitaient en tous sens et s'occupaient des derniers détails, bichonnaient les montures avant le départ de la petite troupe.
Constatant que Myria était en train de s'entretenir avec Beron, je décidais d'aller dire quelques mots au capitaine de la garde de la princesse. Gedeon Frey, vieux chevalier dans la fine fleur de l'age et oncle de Myria serait le protecteur de sa nièce au cours de ce voyage diplomatique. Je ne connaissais pas très bien l'homme mais l'estimais énormément et espérais qu'il ne me tenait pas rigueur des traitements qu'il avait recu sur ordre du Noir suite à l'escapade en terre impériale de sa nièce. Je savais pertinnement que je ne pourrais pas me montrer très familier avec mon amante au vu des circonstances car le regard de ma reine comme de son oncle avec lequel j'entretenais une amitié sincère et qui était l'un de mes officiers sans compter ceux des membres de la cour constituaient bien trop de contraintes de bienséance mème pour un roi Hoare. Aussi, je placais une main sur l'épaule du vieux chevalier lige de la maison Frey et lui lancais. Je vous souhaite un bon voyage ser Gedeon. Que vos dieux vous accompagnent. Et promettez moi de bien veiller sur l'ambassadrice.
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Sujet: Re: Le grand départ vers l'Ouest [Tour VI - Terminé] Mar 16 Oct - 13:56
Le grand départ vers l'Ouest
ft. Yoren Hoare
Ils la regardaient encore tous de travers, mais la brune aux yeux céruléens trouvait que dans l’ensemble, sa situation s’était nettement améliorée malgré quelques soucis et nouvelles inimitiés dues au fait qu’il était désormais de notoriété publique qu’elle avait couché avec le Roi. Mais tout ceci s’étant passé avant le mariage de celui-ci avec Héléna et cette dernière ayant survécu jusqu’ici, ils pouvaient considérer que c’était, de la part du Roi en tout cas, une simple aventure sans lendemain. Quand à elle, hé bien de toute façon elle était une salope vénale et cupide, aussi, cela ne changeait rien et en quelque sorte, être la maîtresse officielle du Roi la mettait à l’abri des représailles ainsi que des humiliations publiques. En effet, alors qu’à son arrivée, elle avait manqué finir violée par des soldats, maintenant, ceux qui la haïssaient le plus n’osaient même pas l’approcher de peur de se faire couper les couilles par Yoren. Ceux qui, quelques jours avant l’avaient insultée et lui avaient craché dessus se gardaient du moindre commentaire en sa présence, même si elle savait très bien que tout ceci n’était que façade et qu’ils ne devaient lui épargner aucun nom d’oiseau ni aucune menace sordide dès qu’elle avait le dos tourné. Sauf que ça en devenait presque drôle et jouissif de se pavaner dans Pierremoutier et de les voir baisser les yeux ou la regarder avec rage sans oser rien dire ni faire.
Heureusement, tout le monde n’était pas aussi impulsif qu’Euron, mais surtout, tout le monde n’était pas le meilleur ami du Roi en personne, mais comme avec lui, elle évitait toute provocation. Son but était l’unité, pas une bagarre générale en son honneur. Ainsi si Yoren ne pouvait pas offrir à sa maîtresse l’oreille du Berserker, peut-être pourrait-elle se faire des colliers avec les testicules de quiconque oserait la toucher, mais elle gardait ce doux réconfort pour elle même et se contentait d’éviter les conflits. De toute façon, elle avait autre chose à faire que de se pavaner, justement. Dormir en premier lieu, car après son malaise, le Mestre avait été très clair et du coup, elle s’était fait sermonner par ses proches. Mais aussi, écrire toujours plus de missives, réfléchir à ses options dans l’Ouest, aviser le Roi de ses conseils, l’aider du mieux qu’elle pouvait et lui mettre des coups de pieds au cul quand ce n’était pas lui qui le faisait. En tout bien tout honneur, mais avec beaucoup de respect et d’affection.
Quelques jours plus tôt, Myria avait tenu conseil politique avec le Roi Yoren, Lord Lothson et les principaux généraux et conseillers du royaume. Il avait été décidé qu’elle irait dans l’Ouest et quelle serait sa mission ainsi que tout un tas d’autres choses. Ils avaient discuté des options et des informations dont ils disposaient sur les différents protagonistes. La présence d’Eren n’était pas pour rassurer Myria, mais c’était aussi une opportunité qu’elle avait promis de saisir si sa belle sœur ne lui tranchait pas la gorge tout de suite. Mais le plus inquiétant était la situation actuelle dans l’Ouest avec une Jordane prête à les aider et à défendre son indépendance quitte à sortir de la neutralité seule contre Loren et Lyman qui eux, était non seulement alliés de l’Empire, mais même amis ayant combattus ensemble contre les Sauvageons. Or, cette dernière n’avait de Lannister que le nom et l’aura, bien peu au côté du sang des deux lions mâles de la lignée, dont l’un était marié à une Stark et dont les deux possédaient un pénis, ce qui, en ce bas monde était une avantage indéniable pour faire entendre sa voix, la brune ne le savait que trop bien. Ainsi, durant le conseil, le Roi l’avait mise en garde contre un revirement de situation dans l’Ouest qui pourrait la voir passer d’invitée à otage, ce à quoi elle avait répondu avec force et gravité :
__ VOUS ne céderez pas. Quoi qu’il advienne de moi, quoi qu’ils me fassent, quel que soit le prix à payer, vous ne céderez pas une once de terrain en faveur de ma vie. S’ils ne me tuent pas, je survivrais et je reviendrais, plus forte, tout comme je suis revenue de Vivesaigues. Contrairement à votre père, vous ferez de moi une martyr pour l’union des Fer-Nés et des Riverains dans la vengeance sanglante des Fleuves et du Crépuscule, dans la reconquête de votre Royaume. Je vous le demande solennellement Sire, je ne supporterais pas un tel affront à ma dévotion pour le Royaume et à mon courage. Je suis Princesse du Sel et du Roc, je ne serais pas sa faiblesse alors que je dois être sa force, je préfère mourir debout que de vous voir vivre à genoux. »
Myria voyageait aussi léger que possible. Il fallait aller vite. Avec tous les derniers événements, elle n’aurait pu partir plus tôt et désormais le temps pressait pour arriver dans l’Ouest avant la naissance de l’héritier du Roc. De plus avec une garde réduite, la vitesse serait leur meilleure allié pour arriver en un seul morceau et ce malgré le temps exécrable qui rendait tout voyage aussi déplaisant que dangereux et ralentissait hommes et chevaux. Myria avait dit au Roi qu’elle ne voulait pas l’amputer de ses forces malgré l‘importance de cette visite diplomatique autant qu’amicale et les risques de tomber sur une armée hostile ou simplement sur des bandits de grand chemin dont les déserteurs de l’armée ou pire des mercenaires sans contrat qui pouvaient se cacher dans les montagnes à la frontière avec l’Ouest. Elle et ses gens étaient d’excellent cavaliers et elle avait donc demandé huit cavaliers lourds expérimentés qui puissent soutenir le rythme. Brandon Frey, Sire des Jumeaux âgé de 8 ans serait aussi du voyage et avec ses deux épées lige, Greydon et Creighton, huit sergents d’arme protégeraient le succinct convoi. Tout ce beau monde s’agitait donc en tout sens pour achever les préparatifs. Ici les chevaux piaffaient d’impatience une fois sellés et chargés des bagages de leur cavalier, là, un homme courait chercher son manteau qu’il avait oublié, ailleurs, Brandon contait fleurette à Sia qui le regardait d’un air froid.
C’est avec grand soin que la Princesse avait choisi les deux tenues qu’elle emporterait pour représenter le Royaume des Fleuves et du Crépuscule à Castral Roc en plus de sa tenue de voyage. Elle hésita longuement devant ses robes et passa des heures à ordonner à Freya de mettre telle tenue dans les sacoches pour ensuite la ressortir et en mettre une autre. Tout avait son importance, les matières, les couleurs bien sûr, le sex-appeal, mais aussi la facilité de nettoyage et la rapidité de séchage étant donné qu’elle était très limitée. Cependant, elle finit par arriver à trancher alors que même la douce et patiente Freya habituée aux excentricités de sa maîtresse commençait à être fatiguée de ses changements d’idée. Heureusement Myria se connaissait assez bien pour ne pas s’y prendre au dernier moment et c’était fait violence pour ne pas tout recommencer la veille au soir car elle doutait encore une fois de son choix. Désormais, les sacoches étaient en train d’être solidement attachées à la selle de sa monture préférée, Irongold, dont elle espérait qu’il ne meurt pas durant le voyage malgré l’allure soutenue qu’elle comptait faire prendre à la petite troupe.
La brune aux yeux céruléens supervisa aussi la préparation des deux filles de Lyle Salfalaise qui l’accompagneraient. Elles étaient fin prêtes et elle avait vérifié qu’elles tiendraient l’allure, profitant des derniers jours avant le départ pour les entraîner et leurs donner quelques conseils avec l’aide précieuse de Beron et de Banot. Les deux enfants n’étaient que haine et mépris, mais Myria ne comprenait que trop bien et elle leur imposait le moins possible de contraintes et de sorties, se contenant de veiller sur elles. Elle espérait que s’éloigner de celui qui avait donné l’ordre qui les avaient mené à subir les atrocités qu’elles avaient vécues leur ferait du bien. Il aurait été très difficile pour elle de devoir faire le choix de les laisser à Pierremoutier, ne pouvant pas assurer leur sécurité tant physique qu’affective. Mais heureusement, ce ne fut pas le cas. Elle pensait ainsi les protéger et leur donner le temps de souffler et d’oublier un peu leurs malheurs ou en tout cas essayer d’aller de l’avant malgré leur souffrance.
Le matin du départ, elle rendit une dernière visite à son héritier. Mais avant, elle prit soin de se regarder dans un miroir, de sécher ses larmes et de se mettre des claques sur les joues pour que ses yeux rougis passent le plus inaperçus possible. Elle savait qu’elle risquait de ne jamais revoir son fils et ceux pour plusieurs raisons. D’une part, elle prenait un risque en allant dans l’Ouest avec une troupe réduite dans un contexte aussi tourmenté. D’autre part elle y retrouverait la Reine Eren Hightower qui ne la portait déjà pas dans son cœur avant qu’elle soit déclarée traîtresse et qui devait à présent avoir des envies de meurtre qu’elle pourrait fort bien mettre en œuvre. Mais surtout, Beron restait auprès du Roi et il combattrait à la prochaine bataille, risquant sa vie même sans s’illustrer, que se soit son but ou non d’ailleurs. Elle ne pouvait pas l’emmener, la prudence l’aurait voulu, mais l’esprit des Fer-Nés ne le permettait pas, il fallait qu’il se tienne aux côtés de Yoren et aille sur le champ de bataille, sans quoi, s’il venait à hériter du Royaume, il ne serait jamais pris au sérieux par ses pairs. Elle était sa mère pour toujours, mais elle ne devait plus le protéger car il était désormais un homme fait, presque, un Hoare, totalement, et l’héritier présomptif d’un Royaume qui ne tolérait pas la faiblesse, pas même celle d’une mère pour son fils. Lorsqu’elle entra, elle ne dit rien. Pendant un long moment elle se contenta de lui sourire, pour dissimuler son regard triste. La gorge serrée elle ne pouvait pas parler sans se remettre à pleurer et elle ne voulait en aucun cas lui transmettre sa peur. alors elle se tut. Puis, lorsque sa gorge se dénoua suffisamment et que son cœur reprit un rythme normal, sentant que malgré la crainte et la chagrin elle était prête, elle lâcha simplement :
__ Fais attention à toi fils. »
La mère des Princes de sang prit tendrement le visage de son aîné entre ses mains avant de l’embrasser sur le front avec un sourire.
__ Il y a une lettre pour toi et tes frères dans mon coffre à bijoux, si je ne reviens pas, je compte sur toi pour la leur remettre en main propre. Je t'aime Beron, je vous aime tous. »
Puis après l’avoir regardé dans les yeux encore quelques instants pour graver son visage à jamais dans sa mémoire, comme si cela était nécessaire, elle se retourna pour aller dans la cour. Mais soudain, elle s’arrêta et hésita un instant. Elle se retourna une dernière fois avant de quitter son fils et dit :
__ Ton frère et ta sœur ont été cachés dans une ferme près d’ici par Hilda, notre nourrice. »
Il fallait qu’il sache…
Greydon Frey, les cheveux aussi noirs que ceux de sa nièce, grisonnants à peine sur les tempes et la barbe fournie se tenait droit comme un piquet observant tout ce remue ménage avec le calme serein de ceux qui en ont vu d’autre et des pires. Il portait une armure de plate en acier, son épée à la ceinture, sa main gantelée posée sur sa garde et sa main gauche tenait une lance de laquelle flottait l’étendard noir et or noir du Roi des fleuves et du crépuscule. En revanche sa cape était frappée d’un écu écartelé en croix au premier et troisième d’argent aux tours jumelles reliées d’un pont azurs et au deuxièmes et quatrième aux sautoirs de la maison Hoare. Lorsque son Roi posa la main sur son épaule pour lui dire de veiller sur sa nièce, il regarda la main du roi un instant avant de reporter son regard, tout aussi bleu que celui de Myria, sur son Roi.
__ Merci Sire. Je veille toujours sur la Princesse Myria, que vous le vouliez ou non. Cependant, je suis ravie que vous le vouliez. Cela rend ma tâche moins difficile. »
Un fin observateur aurait pu le voir esquisser un sourire, mais le Frey ne souriait jamais et la plupart des gens étaient bien incapable de déceler s’il était aux anges ou s’il allait vous mettre un pain dans la gueule. Là, le coin des lèvres légèrement relevé, il était à son maximum, au delà il risquait la crampe de zygomatique, mal bien connu des vieux chevaliers. Il ignorait ce qu’elle avait bien pu lui faire, mais il était véritablement heureux de ne pas devoir défendre sa protégée sans espoir de survivre ni de la sauver, c’était toujours un peu frustrant de mourir pour rien. Évidemment s’il avait eut la moindre occasion, il serait mort en la défendant face à l’ire d’Harren ou de Yoren, mais c’était une excellente nouvelle que ce ne fut pas le cas. En fait, non, il savait pertinemment ce qu’elle lui avait fait. Non seulement il savait tout d’elle, sauf le goût de son con et la douceur de ses seins évidemment, cela il le laissait à l’homme qui lui faisait face et qu’il regardait à présent dans les yeux sans bouger un cil, jaugeant l’amant de sa nièce de guerrier à guerrier. Mais il n’était ni sourd ni aveugle et il avait vu leur manège avant le mariage, entendu le boucan qu’ils faisaient tous les deux ainsi que les rumeurs qui, à ce stade, n’en étaient plus. Il avait aussi vu les larges sourires de la veuve et son regard pétillant de nouveau briller de mille feux quand elle revenait de ses entrevues avec le Roi. Ce regard, il ne l’avait plus vu depuis la mort de Joren. Il se souvenait très bien de la dernière fois où l’azur de ses prunelles avaient pétillé ainsi. C’était lors de leur arrivée à Noblecoeur, juste avant qu’elle ne descende de cheval et ne revoit son époux après des mois de séparation forcée par la guerre. Juste avant qu’il lui claque la porte au nez, pour toujours...
Le chevalier du pont n’avait fait aucun commentaire, c’était son choix à elle et il était certes son oncle mais avant tout son épée lige depuis bien trop longtemps pour ignorer quelle femme elle était. Toute remarque paternaliste lui aurait valu les foudres de la brune et une discussion à n’en plus finir sur sa liberté d’écarter les cuisses pour qui elle voulait. Cette discussion, ils l’avaient déjà eu au sujet d’Harren le Noir au tout début de leur relation et il ne voulait surtout pas l’avoir à nouveau. Pourtant, il savait pertinemment que c’était très différent. A l’époque, elle avait Joren et elle l’aimait de tout son cœur, son admiration pour son beau père et son talent pour la séduction l’avaient en quelque sorte piégée dans une relation extrêmement complexe et dangereuse dont elle avait préféré tirer parti plutôt que d’essayer de s’en extraire risquant non seulement de perdre le peu d’influence qu’elle avait pu gagner sur le Roi des Roi, mais aussi son statut, son titre et son Prince chéri. Il avait pu le constater plus d’une fois, il ne savait plus si elle le lui avait dit avec des mots ou simplement avec ses yeux, il avait même vu la lettre qu’elle destinait à Joren sans pouvoir la lire car elle l’avait brûlée sur le champ. Et, tout comme aujourd’hui, il s’était tenu droit, la main sur la garde de son épée sans broncher et en silence. Elle lui avait sourit alors, avec cet air mélancolique qu’elle ne montrait jamais en publique en hochant la tête et elle savait qu’il la soutenait par sa simple présence et sa loyauté sans pareil. Les mots entre eux étaient le plus souvent inutiles.
Greydon plissa un instant les yeux en se promettant à lui même de l’ouvrir en deux s’il trahissait Myria. Il jeta un œil qu’il aurait voulut moins sévère à Héléna et reprit.
__ Je vous souhaite le meilleur pendant son absence, que le Dieu Noyé soit avec vous et avec le Royaume des Fleuves et du Crépuscule. »
Vêtue d’une robe de laine rouge au col montant, la veuve portait par dessus une longue tunique de cuir souple fendue à l’entrejambe devant et derrière pour pouvoir monter et recouverte de maille légère - autant que faire se peut - attachée à un gorgerin ouvragé de cuir rigide clouté qui protégeait ses épaules et son cou. Elle avait fait mettre son manteau derrière sa selle sachant très bien que malgré le froid mordant qui régnait sur Pierremoutier, elle aurait très vite chaud à cheval en plein galop malgré le vent glacial qui lui fouetterait bientôt le visage. Un aide de camp tenait son arc et ses flèches pour les lui passer lorsqu’elle serait à cheval et sa dague était attachée à son mollet droit. Elle arriva dans la cour et fut surprise de voir tant de monde pour accueillir son départ. Son regard se porta immédiatement sur Yoren qui étaient probablement à l’origine de cette attention honorifique. Elle lui sourit et hocha la tête en signe de reconnaissance, puis embrassant ses compagnons de route du regard, elle fit signe à Greydon de sonner le rassemblement. Il lâcha la garde de son épée pour donner du cor et tout le monde commença à se rassembler autour des chevaux. Les palefreniers faisaient les dernières vérifications, les sergents arrivaient au pas de course, Brandon sortit de son admiration pour Sia, les gamines effrayées s’approchèrent du Frey sitôt rejoint par son fils qui portait une cape similaire à celle de son père et lui prit la lance le temps qu’il monte à cheval.
__ Sire, Ma Reine. »
Tandis que tout le monde se mettait en selle et en ordre de marche pour la folle cavalcade à venir, la jeune femme s’était approchée de ses souverains et inclina légèrement la tête.
__ Merci d’être venus. »
La brune aux yeux azurs lui avait déjà fait le serment qu’elle ferait tout pour que ce voyage ne soit pas vain et qu’il leur apporte plus que des promesses. Ils avaient tous deux convenus que la tâche ne serait pas aisée, mais qu’elle était la mieux placée pour y parvenir. Cependant, elle lui avait aussi dit combien il était dur pour elle de partir en cette heure fatidique ou le destin du royaume mais aussi leur vie à tous, celle de son fils, de son Roi d’Héléna et de tant de Fer-Nés et de Riverains allait se jouer. Elle lui avait avoué que si son absence n’avait pas été plus bénéfique au Royaume que sa présence bien inutile, elle aurait mille fois préféré mourir à ses côtés que de vivre si loin de ses tourments. Elle n’avait accepté la mission que parce qu’elle savait combien son succès serait important et précieux pour Yoren et ses sujets, mais maintenant que l’heure de le quitter vraiment était arrivée, elle devait se faire violence. Ils n’avaient pas de corbeaux, toujours dans un souci de vélocité, ils seraient sans nouvelles durant tout le voyage, et une fois à Castral Roc, elle ignorait combien de temps elle devrait y rester ni même si elle survivrait.
__ Puissions nous nous revoir sous de meilleures auspices. Puisse ce voyage apporter un nouvel espoir au Royaume des Fleuves et du Crépuscule. »
Combien de fois, ses dernières nuits la brune s’était réveillée en sursaut après un cauchemar où elle recevait une missive lui annonçant la mort de Yoren, celle de Beron et la chute définitive et implacable du Royaume des fleuves et du Crépuscule. Combien de fois avait-elle prié les Sept pour que ce mauvais rêve ne se réalise pas et qu’ils lui laissent le temps de revenir, quelle que soit l’issue des négociations. Quand à la née Bracken désormais Hoare, sa mort serait une bonne chose stratégiquement pour son intérêt personnel, mais elle rendrait Yoren malheureux et elle ne pouvait pas souhaiter cela, d’autant que c’était un risque énorme qu’ils prenaient. Elle avait essayé de les en dissuader, de la faire venir avec elle, mais c’était peine perdue, la Reine était têtue et son époux ne l’avait pas forcée à quitter les lieux. Elle prit les mains d’Héléna dans les siennes et lui sourit avant de la prendre dans ses bras sans aucune forme de bienséance pour lui murmurer à l’oreille.
Sujet: Re: Le grand départ vers l'Ouest [Tour VI - Terminé] Lun 22 Oct - 21:23
Le vieux chevalier et premier protecteur de la princesse Myria sa nièce avait le regard serein des combattants vétérans ne s'émouvant que du raffut lorsque ce dernier revetait un caractère périlleux sous la forme d'un assaillant furieux déterminé à vous ouvrir en deux ou d'une salve de traits potentiellement mortels. L'expérience tempérait la peur non pas que cette dernière disparaisse seulement l'habitude parvenait mème à faire accepter l'horreur des champs de mort. Et de l'expérience le chevalier du pont en avait une palanquée. Aussi, je ne m'étonnais guère de la tranquillité que laissait transparaitre ses traits rugueux marqués tant par la vieillesse que les batailles. Sanglé dans une armure de plates d'acier étincelante, une main sur la garde de sa lame tandis que l'autre soutenait une lance ornementée de mon étendard royal personnel soit celui d'ébène liseré d'or le noble sire avait fière allure. Un instant, je me perdis dans la contemplation de cet étendard flottant au gré du vent mordant de cet hiver implaccable. Un nouvel étendard pour la maison du Sautoir comme une preuve supplémentaire de la volonté de rupture avec un passé tragique. Les lions de l'Ouest seraient ils sensibles à ce genre de détails à l'aube d'une nouvelle campagne s'annoncant tout aussi sanglante que la précédente ou se montreraient ils simplement polis envers leur invitée princière tout en espérant qu'elle se montre discrète et docile. La lionne du Roc constituait au moins une alliée de poids pour ma cause cependant comme je l'avais indiqué à Myria quelques jours plus tot au cours d'un conseil nous ne pouvions ètre surs de rien et la prudence s'imposerait d'elle même.
Reportant mon attention sur ser Greydon je posais une main amicale sur son épaule d'acier et lui adressais dans un sourire bienveillant des voeux de bonne route. Ce dernier contempla un instant ma main avant de plonger ses yeux aussi céruléens que ceux de sa nièce dans les miens. Sa réponse me fit sourire plus largement et un rire amusé ne tarda pas à franchir mes lèvres dans la foulée. Et vous me voyez ravi que vous le fassiez ser Greydon. Oh, mais je suis heureux de vous faciliter cette tache. Myria mérite un protecteur tel que vous. Empechez là de tenter de rallier Castral Roc le plus rapidement possible si jamais les circonstances l'exigent. Nous savons tous deux que sa détermination lui importe plus que sa santé. L'ébauche extrèmement relative d'un sourire sembla se dessiner sur les lèvres du vétéran et capitaine de la garde princière. Une fois ce vague mouvement de lippes achevé, le regard froid du Frey se darda sur moi et pour avoir vécu cette situation dès mon plus jeune age face à celui infiniment plus acéré d'Harren je compris que l'oncle de l'ambassadrice me jaugeait comme un père le ferait d'un prétendant de sa fille. Une certaine dureté se décelait dans ces yeux azurs celle d'un soldat jugeant un autre soldat, un guerrier jugeant un guerrier. Nous étions tous deux des hommes de guerre et nonbonstant l'ironie cocasse de la situation je soutenais le regard du protecteur de mon amante sans me forcer. Ironie car le père de la reine ne m'avait pas offert un tel regard ni son grand père d'ailleurs puisque les deux se trouvaient pour notre plus grand dam dans les geoles impériales.
Le silence s'installa entre nous et je ne fis rien pour le rompre laissant le Frey se forger une opinion sur son souverain et l'homme ayant su ranimer une certaine passion chez la veuve déchue qu'était devenue sa nièce. Impossible de deviner ce qu'il lisait ou s'imaginait lire en moi et encore moins d'hypothéquer sur ses pensées à mon encontre dans ce duel de fauves. Puis, ce dernier plissa les yeux et un sourire en coin ne put s'empecher d'apparaitre au coin de mes lèvres de manière purement mécanique. Car de la mème manière que l'expérience du vieux chevalier lui permettait de rester aussi paisible qu'un roc au milieu d'une mer déchainée, je n'avais que trop vécu ce genre de situation avec ma légitimation pour ne pas réagir de la mème manière à chaque fois. Le capitaine de l'escorte avait eu une pensée menacante à mon encontre et le capitaine renommé et sauvage que j'avais été l'ayant toujours pris avec nonchalance le devenu roi faisait de mème. Suivant le chemin de son regard, je notais celui peu amène qu'il adressa à mon épouse qui se trouvait non loin devant la foule de nobles rassemblés là en guise d'hommage officiel. Commandants, capitaines, épouses, nobles dames, suivantes de la reine, intendants et autre cadets au sang bleu. Mon sourire disparut rapidement. Une certaine sévérité transparut dans mes yeux alors que mon ton restait chaleureux. Je vous en remercie ser Greydon. Il accompagnera nos pas je n'en doute pas un instant. Retournant auprès d'Helena alors que le chevalier enfourchait sa monture puissante et nerveuse je laissais mon regard chercher la princesse dans les environs. Celle-ci se dirigeait vers Helena. Nos regards se croisèrent et celle ci m'adressa un léger signe de tète ainsi qu'un sourire.
Interprétant cela comme un remerciement silencieux je me contentais d'un bref sourire amical. La tenue de l'ambassadrice était impressionnante mélant élégance, confort et protection militaire par la présence de mailles. L'écarlate lui allait à ravir comme toujours mais je me garderais bien de le lui dire ici. Un instant, je me fis la réflexion que Myria semblait celle qui partait en guerre alors que je me trouvais ici en tenue d'apparat mais nous savions tous les deux qu'arriverait bien assez tot le moment ou je revetirais l'armure de mème que Beron et ou nous partirions vaincre ou périr afin de re-former ce royaume divisé et occupé. Néanmoins quelque part, l'expédition de mon amante s'apparentait également à une autre forme de guerre. Car en dépit de l'amitié que me témoignait Jordanne Lannister l'Ouest restait enfoncé dans ses positions et nul doute que la tache que j'avais confié à Myria serait aussi compliquée que celle qui était la mienne. L'ambassadrice avait l'air d'une déesse de la chasse en cet instant précis et les points communs entre Helena et Myria me frappèrent clairement comme si ce moment me révélait clairement le statut de mentor et d'apprentie qu'avait entretenu les deux femmes à la cour du Noir. Un signe de la main de la née Frey et toute l'escorte s'ébranla. Les hommes coururent aux montures et les enfourchèrent. Le fils de Greydon adressa un clin d'oeil à une jolie demoiselle et alors que je rejoignais finalement mon épouse. Myria se présenta devant nous. Ambassadrice Myria. Ce moment était quelque peu étrange mème pour un homme comme moi.
Seulement, cette considération bienpensante était balayée par l'émotion bien réelle que me causait ce départ. Une émotion que je n'avouerais pour rien au monde. Votre départ de mème que votre rang mérite cette attention altesse. A coté de moi Helena restait silencieuse mais je sentais que l'évènement ne la laissait pas de marbre. De là à deviner si les raisons étaient d'une nature ou d'une autre je ne maitrisais guère suffisamment la psychée de ma reine pour l'affirmer. Du moins pour le moment. Mon amour pour Helena était sincère et exubérant pourtant en cet instant précis, je dus me faire violence pour ne pas attirer la née Frey dans mes bras et déposer un baiser passioné sur ses lèvres. Cependant, ce mois de règne m'avait rodé aux obligations de mème qu'à l'étiquette pesante d'une cour royale. Alors que nos regards se croisèrent de nouveau, je me remémorais ses mots concernant son départ. Les aveux de Myria quant au fait de quitter le royaume à ce moment de son histoire, de me quitter et de se trouver loin de moi et de Beron alors que nous pouvions tomber dès la prochaine bataille me revinrent au mémoire. Je savais que je ne pourrais avoir de ses nouvelles durant son voyage car la vélocité ayant été préférée au faste pour des raisons évidentes, des corbeaux n'auraient pu se trouver dans cette équipage.
Puisse les dieux accompagner vos pas et vous soutenir dans votre noble tache. Puissions nous nous revoir sous de meilleures auspices en effet. Le protocole ne pourrait ètre mieux respecté en cet instant précis. Mes yeux se portèrent sur le convoi de cavaliers sur le départ. Les conditions de voyage seraient rudes. Cela constituerait un point positif car le brigandage serait je l'espérais moins important par un temps pareil car les cavaliers lourds au nombre de douze ne pourraient tenir tète à une troupe trop importante en dépit de la qualité intrinsèque des hommes la composant. Reportant mon attention sur Myria, je constatais avec étonnement que celle-ci avait pris le bras et la main de mon épouse avec familiarité et lui murmurait quelque chose à l'oreille.
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La jeune reine des Fleuves et du Crépuscule bien que de sentiments partagées vis à vis de ce départ nécessaire de la princesse Myria en tant qu'ambassadrice dans le royaume voisin de l'Ouest qu'elle ne parvenait pas à considérer comme un allié potentiel de confiance en raison du résultat stérile de l'alliance précédente jouait à la perfection son role de souveraine détachée et altière, régalienne et digne. A la voir ainsi aussi droite et sereine on ne pouvait guère s'imaginer que c'était l'amante de son époux qui s'appretait à quitter la capitale provisoire de leur royaume en décomposition mais bien une simple ambassadrice. Helena Hoare masquait remarquablement bien ses émotions et si celle-ci ressentait un quelconque plaisir à voir la maitresse du roi s'éloigner de ce dernier elle n'en montrait absolument rien. Elle était bien consciente que le role de la née Frey, sa rivale serait primordial pour l'avenir de ce royaume qu'elle chérissait tant et pour lequel elle souhaitait un avenir radieux. Désir qu'elle partageait tant avec son époux que celle qui avait été sa professeur à la cour du roi Harren en un autre temps.
Un sourire intérieur effleura la surface lorsqu'elle se félicita de s'ètre opposée frontalement à Yoren qui avait voulu l'envoyer également à Castral Roc ou elle aurait été éloignée des affres de la guerre. Sa place était au coté du roi qu'il se trouve au milieu du royaume en campagne ou en ce lieu. Elle savait que le souverain tenterait de la retenir à Pierremoutier mais se jurait qu'il n'y parviendrait pas. Elle se contenta de sourire poliment mais avec une once de chaleur bien réelle à la princesse tandis que son époux lui répondait de manière tout à fait formelle. Jusqu'au moment ou la veuve lui prit les mains dans les siennes avant de la prendre dans les bras et lui murmurer à l'oreille. Faisant fi de la bienséance à son tour, celle-ci glissa dans celle de la princesse. Je le ferais Myria ne t'inquiètes pas pour cela. L'émotion se mélait à la surprise alors qu'elle se demandait si la née Frey était sincère. Décidant d'estimer que c'était le cas, elle reprit. Fais attention également là bas dans l'Ouest. Nous n'y avons pas que des amis.
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Sujet: Re: Le grand départ vers l'Ouest [Tour VI - Terminé] Mar 6 Nov - 15:42
Le grand départ vers l'Ouest
ft. Yoren Hoare
Ser Greydon prolongea la bataille des regards avec le Roi un petit moment, sans trop savoir qu’en penser. Aucune peur n’avait transparu et il appréciait cela. Mais il apprécia plus encore le fait qu'aucune colère ne vienne faire vaciller la royale prestance de Yoren malgré des propos d'une franchise presque déplacée. Il n'avait jamais beaucoup aimé Harren à cause de sa propension à punir la franchise par une colère mortelle, ne sachant pas apprécier la valeur d'un conseiller qui ne soit pas totalement écrasé par la peur. Joren non plus n'aimait pas la contradiction et Myria en avait fait les frais. Pour le vieux chevalier du pont, un Roi n'avait nul besoin de punir la franchise, puisqu'il tenait les rênes du Royaume, mais il devait écouter ceux qui osaient en user pour ne pas devenir un tyran et même la récompenser. Il n'était peut être pas toujours objectif concernant sa nièce qu'il aimait et respectait énormément entre autre pour son caractère bien trempé. Et il n'était pas Roi, aussi son avis importait peu. Il eut un petit rire, enfin c’était un bref soupire en réalité, mais pour lui, c’était un rire.
__ Je n’ai pas ce pouvoir Sire. Ni celui d’empêcher la Princesse Myria d’agir avec détermination, ni celui de la raisonner. Et très franchement, je ne m’y risquerais même pas. Mais si je ne m’abuse, vous la connaissez suffisamment bien à présent pour savoir de quelle étoffe elle est faite. »
Il ne parlait pas de sexe, malgré l’allusion évidente dont il était à peine conscient car cet aspect là de sa nièce, bien que partie intégrante de sa personnalité, ne l'intéressait pas. Il ne savait que trop bien qu’elle aimait le sexe pour le plaisir, mais que ce qu’elle ressentait à présent pour Yoren allait bien au delà de leur parties de jambe en l’air. Il ne suffisait pas de la faire jouir pour la faire obéir et le Fer-Né avait réussi cet exploit, voir les deux, probablement. Le regard toujours impassible, il ajouta :
__ Vous seul avez l’insigne honneur d’être celui qu’elle a choisi d’écouter… Mon Roi. »
En homme loyal à sa Princesse, et après avoir vérifié en face à face qu’elle n’était pas en train de se fourvoyer à cause des talents orgasmiques de son amant, il reconnut ainsi la souveraineté de Yoren premier. Comprendrait-il ? Peu importait pour le chevalier, il saurait lui, et c'était tout ce qui comptait.
Ce n’était pas un mince honneur qu’elle lui faisait en le choisissant pour son Roi et il espérait que ce dernier en était pleinement conscient. Car un tel honneur avait un prix. Après des années d'un amour passionné, elle n'avait pas pardonné la trahison de son époux ni celle d'Harren. Elle ne pardonnerai donc pas une trahison de la part de Yoren et sa vengeance était terrible et cruelle. De plus, à force d'être trahie par les Hoare, elle avait acquis une certaine méfiance et si le Roi se moquait d'elle ou de son peuple, il y avait fort à parier qu'il subirait l'ire de la brune pour les deux autres hommes de sa vie.
Ser Greydon Frey ne souhaitait pas le malheur d’Héléna, mais il savait combien c’était difficile pour Myria de voir Yoren l’aimer et de devoir céder sa place à une autre. C’était là, la raison de ce regard froid. La souffrance de sa protégée était la sienne, même s’il se garderait bien de lui dire quoi que ce soit à ce sujet et au sujet de l’indéniable folie qui la poussait dans de tels bras sans espoir d’obtenir ce qui reviendrait de fait à la Bracken. Il fallait vraiment qu'elle le trouve extraordinaire et probablement qu'elle n'ait pas de meilleure option pour accepter cette situation. Cependant, elle avait juré de le servir et de ne pas faire de mal à Héléna, et pour elle un serment était un serment, surtout lorsqu'il était scellé dans le sang.
La brune aux yeux céruléens avait vécu d’autres situations bien plus cocasses que celle-ci. Elle était déjà presque habituée finalement, à cette existence de faux semblant où la bienséance des usages de cours voilaient à peine les secrets et les liaisons les plus infâmes mais permettaient néanmoins que le travail soit fait. Par exemple, assister à un conseil de guerre entre son époux et son amant de Roi, qui n’était autre que son beau père était un exercice auquel elle était rompue. Mais à l’époque, elle n’aimait réellement qu’un des deux hommes avec qui elle couchait et il ignorait son infidélité. Là, elle n’aimait qu’un seul homme et son épouse n’ignorait probablement plus rien de ce qui s’était passé entre lui et sa belle-sœur. Yoren devait être mal à l’aise, moins habitué qu’elle à ce genre de jeu. Quand à Héléna, elle était courageuse d’être venue malgré les circonstances. Mais Myria n’était pas dupe, c’était aussi une manière pour la Reine de lui montrer qui avait le pouvoir et qui tenait les rênes du royaume et le cœur du Roi.
__ Peut-être, mais ma vie est moins précieuse que la sienne, votre majesté. »
Face au Roi, la veuve eut un léger sourire. Bien sûr qu’elle le méritait amplement. Elle manqua de faire un trait d’humour en ce sens, confirmant son impétueuse insolence et son orgueil surdimensionné à toute l’assemblée. Mais elle se retint, une fois n'était pas coutume. Pas que le moment soit mal choisi ou que ses propos puissent être mal interprétés. Elle s'en fichait éperdument, c'était même devenu un jeu pour elle, mais elle le payait cher à présent, il était vrai. Disons que cela lui permettait d'exprimer ses aspirations sur un mode plus acceptable que l'idéologie qui était la sienne et inacceptable du temps d'Harren. En fait, elle était touchée, très touchée même. Ni Harren, ni Joren ne lui avait fait tant d'honneurs et pourtant, l'un comme l'autre lui devaient infiniment plus. De plus alors que Yoren avait de bonnes raisons de se méfier d'elle, voir même de la tuer, il s'avérait plus respectueux et moins méfiant. Pour un œil averti, son indicible reconnaissance pouvait se voir dans son sourire et dans le regard céruléen dont elle fixa un moment Yoren.
Mais alors qu’elle riait intérieurement de la plaisanterie qu’elle aurait pu faire, en croisant le regard de Yoren, en entendant sa voix lui souhaiter bon voyage, la Princesse réalisa que c'était peut être la dernière fois. Elle eut le souffle coupé et resta un instant la bouche entrouverte sans bouger en le fixant toujours, inquiète bien que son visage semblait toujours de marbre. L'évidence la frappait tel un coup de poignard en pleine poitrine, elle ne voulait pas partir, elle ne voulait pas le laisser seul. S'étant perdue un instant dans celui de son amant, elle finit par baisser les yeux et la tête pour retenir ses larmes, mais surtout pour ne pas l'embrasser. C'eût été véritablement déplacé devant l'assemblée et devant son épouse à qui elle venait de demander de faire attention. En réalité, Myria se fichait éperdument du sort de la Reine, enfin personnellement, elle aurait même tendance à souhaiter sa mort. Politiquement, son avis était partagé, sa mort au combat pouvait créer une scission définitive entre les Fer nés et les Riverains. Mais cela pouvait tout aussi bien souder les deux peuples dans la bataille à venir. Mais plus intimement, elle savait que Yoren risquerait sa vie pour la Bracken et elle craignait plus que tout qu'il meurt en tentant de la sauver. Enfin, s'il y survivrait, il serait triste, et elle ne voulait pas ça.
La veuve jeta un coup d’œil à la Reine dont elle venait de quitter l'étreinte. Il n'était pas seul et c'était mieux ainsi, pour le Royaume et pour Héléna qu'elle parte. D'une part, sa mission complexe et périlleuse était capitale pour le pays. D'autre part, elle ne pouvait plus rester entre eux à présent, elle devait aller dans l'Ouest et il serait salutaire pour le couple royale et tout ce qu'il représentait qu'elle s'absente un moment. Mais c'était si dur, plus qu'elle ne l'aurait cru. Sa main trembla et ses jambes lui semblèrent soudain manquer de force si bien qu’elle dut changer d’appuis pour reprendre un semblant de contenance. Elle sentit son cœur hésiter, son esprit s’embrumer entre la mission qu’il lui avait confié et son désire de rester à ses côtés, quoi qu’il arrive. Elle ne pouvait pas reculer, plus maintenant, pas dans la situation dans laquelle ils étaient, pas avec ce mariage à concrétiser, pas devant tout ce monde assemblé. Cela lui déchirait le cœur et elle plissa un instant les yeux en se mordant la lèvre pour y étouffer les larmes qui la prenaient à la gorge. Puis, prenant soudain une grande inspiration et expirant bruyamment, elle tourna le dos à son Roi et amant pour se diriger d’un pas entre assurance et précipitation vers sa monture. Elle devait partir avant de craquer. Vite ! Vite ! Que le vent de l’hiver nous emporte tous si je perds courage maintenant. J’aurais dû bénir ton épée d’un baiser quand j’en avais l’occasion, j’espère qu’elle le fera, j’espère que l’amour vaincra.
Un palefrenier lui tendit la bride et, avec toute l’assurance d’une cavalière expérimentée, l’ambassadrice du Royaume des Fleuves et du Crépuscule mit son pied à l'étrier et monta en selle d’un seul mouvement qui aurait pu être gracieux si le cuir et la maille n’alourdissait pas considérablement son corps. Elle prit garde de poser ses fesses sur la selle avec douceur, Ironborn étant un poil sensible du dos et elle ramena le pan de son armure - légère pour une homme, lourde pour elle - sur sa jambe droite. L’aide de camp lui tendit ses armes et elle passa son carquois puis son arc autour de ses épaules avant d’oser à nouveau lever les yeux vers le Roi.
Sujet: Re: Le grand départ vers l'Ouest [Tour VI - Terminé] Sam 10 Nov - 21:57
Le grand départYoren & Beron Le duel de regard avec le chevalier grisonnant se prolongea durant de longs instants. Instants au cours desquels il apparut clairement que ni le roi que j'étais ni le vétéran bourru qu'il était n'étions décidé à rompre ce contact oculaire plein de fierté et de muette confrontation. Les yeux sombres du chevalier du Pont restèrent plongés dans mes prunelles azuréenne teintées d'acier tandis que l'agitation de la cour se faisait de plus en plus nette. Durant une poignée de secondes, je laissais l'interrogation dominer mon esprit et me demandais ce que Ser Greydon pouvait penser de moi en ce moment précis. Pour ma part et contrairement à une bonne part des membres de mon peuple je n'avais que du respect pour ces puissants cuirassés formant l'élite du Conflans. Ces cavaliers rugueux et moroses à l'image du climat régnant sur les terres fertiles de leur naissance étaient de solides guerriers. Et, je savais que cette estime pour le combattant me faisant face transparaissait dans mes yeux dénués d'animosité en dépit des mots âpres qu'il m'avait adressé quelques instants plus tôt. Je n'étais pas Harren prompt à amputer des membres pour une parole plus haute que l'autre ou un crime de lèse majesté. Je n'étais pas Joren renommé pour ses coups de sang et ses crises de colère parfois passés sur le matériel de campagne et parfois sur les prisonniers. En cela, j'étais bien plus proche d'Eren une fois de plus. Paisible lorsqu'il le fallait, dangereux lorsque les circonstances l'exigeaient. Ce qui n'avait rien d'étonnant puisque c'était ma sœur ainée qui m'avait servi de modèle depuis notre première rencontre. De plus, mes idéaux politiques et le projet dont je rêvais pour les Fleuves et le Crépuscule impliquaient que je me libère des excès de mon sang. Sans compter le fait que de par ma bâtardise j'avais très tôt été habitué à soutenir le regard des gens. Celui du protecteur de la princesse aussi rude pouvait il ètre n'était qu'une caresse à coté de ceux que le Noir avait posé sur moi et tout le Conflans avec lui.
Ce combat de volonté s'acheva lorsqu'un drôle de rire émergea des lèvres du Frey. Un son à mi chemin entre un soupir et un éclat de rire flotta dans les airs entre nous avant que ce dernier ne me réponde par rapport à mes recommandations vis à vis de Myria. Eclatant de rire à mon tour devant cette réponse parfaitement justifié au vu du caractère de mon amante, je poussais finalement un profond soupir. En effet ser Greydon, j'ai bien peur que personne n'ait ce fameux pouvoir. Il est peut ètre plus prudent que vous ne tentiez pas le diable. Lorsque Myria a une idée en tète, elle n'en démord pas jusqu'à l'avoir mise en œuvre. C'est une grande qualité mais également un défaut selon les circonstances. Décidant de ne pas relever la dernière partie car ne sachant pas vraiment comment l'interpréter bien que je doutais franchement que l'oncle évoque le sujet de l'intimité de sa nièce avec moi, je me contentais de déporter mon regard pour l'orienter vers l'ambassadrice qui se tenait près de Beron auquel elle adressait des mots probablement affectueux. Reportant ensuite mon attention sur le capitaine de l'escorte princière, je recevais en silence la remarque concise mais lourde de sens du vieux Frey. Croisant son regard une nouvelle fois, je répondais d'une voix paisible. Cet honneur est mesurée à sa juste valeur et la princesse en est pertinemment consciente. Qu'elle n'en doute jamais ni elle ni personne d'autre Ser.
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Je pouvais distinctement sentir l'effluve musquée et parfumée de la princesse eu égard à l'étreinte peu conventionnelle dans laquelle nous nous trouvions. Une bouffée de jalousie ne manqua pas de s'insinuer en moi alors que je me fis la réflexion que Yoren avait certainement adoré humer ce parfum à de nombreuses reprises ces dernières semaines. Cependant, je n'étais pas n'importe quelle épouse bafouée. J'étais Helena de la maison Hoare et en acceptant d'épouser le roi je savais pertinemment que ce dernier était renommé pour son statut de coureur de jupon invétéré. J'étais Helena l ère du nom, petite de Brayan Bracken et fille d'Adriel Bracken. Ma maison avait régnée sur ce royaume autrefois et désormais le faisait de nouveau. L'intérêt et la sauvegarde du royaume des Fleuves et du Crépuscule passait bien avant les blessures de mon cœur et le ferait toujours. Parce que c'était cela ètre une reine. Et puis quelque part il était bien difficile d'en vouloir à un époux qui ayant découvert que sa femme avait découvert la trahison s'étant montré complètement sincère et avait par la suite fait tout ce qu'il fallait pour se faire pardonner. Yoren Hoare était diabolique et il le savait le bougre. Un homme conscient de ses défauts qui aimerait s'en amender mais étant conscient qu'il n'y arriverait pas préférait laisser les choses ainsi. Je ne parvenais pas à le haïr pour cela probablement parce que je savais que ses sentiments pour moi étaient aussi réels et passionnés qu'il me l'affirmait. Comment se sentir en rivalité avec une autre dans de telles circonstances ?Pourtant j'avais le sentiment qu'il ressentait également la même chose pour sa belle sœur. J'aurais pu me montrer jalouse ou blessée mais j'avais été à bonne école. Le fait que ma rivale soit justement celle-là même qui m'avait tout appris à la cour d'Harren le Noir était un brin insultant bien que profondément cocasse.
Aussi, je chassais rapidement la rancune de mon esprit tandis que Myria Hoare, l'ambassadrice des Fleuves et du Crépuscule me serrait amicalement dans ses bras comme si nous étions les deux meilleures amies du monde. La mission que le roi avait confié à la née Frey était d'une importance capitale pour la survie et l'avenir potentiel du Conflans et des Iles de Fer. Cet avenir radieux que je souhaitais bâtir avec Yoren pour ces terres qui m'avaient vu naitre et qui n'avaient que trop soufferts depuis que les loups, les dragons, les cerfs et les traitres festoyaient sur le sang de nos morts en toute impunité. Je savais que la veuve partageait ce rêve pour l'avenir du royaume et pour cette unique raison je lui accordais en partie la confiance que mon époux avait placé en elle. Ce rêve se bâtirait sur des fondations solides. L'union royale de deux peuples, des réformes solides dans tous les domaines et surtout la victoire sur des envahisseurs et des parjures. Bien que cela ne me plaise pas beaucoup, des fleuves de sang devraient encore imbiber la terre de mes ancêtres avant que le soleil radieux ne se lève et dissipe les ténèbres de la guerre et du malheur. Je me tiendrais au coté de Yoren du début à la fin sous la pluie glacée, les pieds dans le sang, les larmes aux yeux devant le carnage, droite et fière sur ma monture ou réchauffée par les couvertures sous une tente de campagne.
Il n'avait pas son mot à dire et le savait à sa plus grande exaspération. J'étais le souffle de l'indépendance là ou Myria était l'espoir que nous guetterions à l'ouest. Nous avions chacune une place primordiale à tenir pour le royaume de la même manière que nous occupions chacune une place jumelle dans le cœur du roi. Un large sourire étira mes lèvres lorsque la remarque de la princesse atteignit mes oreilles. Infiniment moins précieuse que la sienne en effet Myria. Infiniment néanmoins tu as de l'importance pour lui alors ne t'avise pas de disparaitre. Malgré ma rancune envers les Lannister pour leur manque de parole passé, nous avons besoin d'eux. Aussi, je te souhaite bon courage pour ta mission. M'écartant de l'ambassadrice je ne pus empêcher mon sourire de s'élargir de lui même. Après tout, ce départ en plus de revêtir une importance capitale pour le royaume m'offrirait un monopole sur le roi. Mesquinerie ? Absolument pas. Ou peut ètre que si.
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Difficile de mettre des mots sur les sentiments qui me saisirent au moment ou mes yeux se posèrent sur mon épouse et mon amante entrelacées presque fraternellement dans une étreinte incongrue. De la culpabilité peut ètre car faire souffrir l'une revenait à rendre heureuse l'autre et inversement. Or, je ne souhaitais absolument pas que la princesse ou la reine ne souffre de l'amour que je leur portais. Cette étreinte résumait à la perfection un dilemme ridicule à l'échelle de la situation du royaume mais important pour les personnes concernées. Le fait était que je ne pouvais pas faire de choix, ne le voulais pas et n'en ferais probablement pas. Helena ou Myria ? Si, le destin ne m'avait pas propulsé à la place de souverain, place qui aurait du revenir à mon demi-frère ainé ou son fils je n'aurais jamais épousé la Bracken et ne me serais jamais découvert une telle osmose avec ma belle-sœur. Et aurais donc été épargné de ce genre de complications et pourtant j'étais bien heureux en cet instant précis de me trouver dans cet imbroglio. Parce que les deux femmes m'étaient aussi précieuses l'une que l'autre et que de part ma réputation méritée me permettait d'ètre parfaitement sincère tant face à l'une que l'autre. La cour avait jasée et s'était gaussée de ma relation avec la déchue Myria Hoare. Les jugements avaient volés de toute part mais jamais devant moi et personne n'avait vraiment osé évoquer ce trio de vive voix. On murmurait que j'étais un Hoare et que les Hoare étaient ainsi fait voilà tout. Que le feu de leur devise était une réalité bien concrète à bien des niveaux.
Yoren était le roi et les rois agissaient comme ils l'entendaient en toutes circonstances. Je m'en moquais comme d'une guigne. Que les médisants parlent dans le vide, que les volailles caquettent puisqu'elles n'avaient que cela à faire. J'avais parfaitement respecté le protocole et l'étiquette lors de cette cérémonie d'adieu et au vu de la neutralité de mon expression l'on aurait même pu douter que ce départ me coutait. A dire vrai, je me serais bien passé sans ménagement de la bienséance et aurais largement préféré prouver à mon amante à quel point le fait de la voir s'éloigner de moi m'attristait de manière bien moins guindée et officielle. L'espace d'un instant je me vis avancer jusqu'à elle, la saisir puis l'attirer à moi et plaquer mes lèvres sur les siennes chaudes, douces et désirables. Passer mes mains dans ses cheveux de jais et les entortiller du bout des doigts. Avant de laisser ces dernières se balader sur son corps, un corps superbe qui me manquerait longtemps et que je n'aurais peut ètre plus jamais le luxe ni de contempler ni de gouter. Caresser les traits de son visage comme pour que mon toucher complète l'œuvre de ma mémoire et lui mordre la lèvre inférieure avec un sourire canaille sur les lippes. Lui dire que je me languirais d'elle et de nos discussions animées et passionnantes, de nos débats complices et de nos luttes intimes. Ce n'était pas la foule de nobles et de bourgeois rassemblée, ni la présence de commandants et officiers qui me gênait mais bien celle d'Helena. Car, je ne permettrais jamais de lui infliger la vue de mon infidélité. Découvrant que les rois aussi pouvaient ètre privés de liberté, je n'en menais pas large mais assumais mon rôle avec un stoïcisme imperturbable. Le regard de l'ambassadrice croisa le mien une fois de plus et je pus lire dans ce dernier tellement de chose qu'il me fut presque impossible de continuer de tenir le masque.
Sujet: Re: Le grand départ vers l'Ouest [Tour VI - Terminé] Jeu 22 Nov - 13:57
Le grand départ vers l'Ouest
ft. Yoren Hoare
Suite à sa remarque sur le caractère bien trempé de sa nièce et son impuissance à lui faire changer d’avis quels que soient les conseils avisés dont il pourrait l’abreuver, Ser Greydon rit de bon cœur avec le Roi. Bon, il n'était toujours pas devenu l'homme le plus expressif du monde ni un parangon de jovialité, il gardait son attitude martiale et son rire était aussi rigide que la hampe de sa bannière. Mais il riait néanmoins, comme il aurait rit avec un frère d’arme autour du feu de camp à la veille d’une bataille, sans faux semblant, sans barrière, avec seulement une pointe de résignation scellant leurs destins à venir. Car au fond, malgré leur différence de rang et de sang, n’était-ce pas ce qu’ils étaient ? Des frères d’arme ? Unis dans le sang et la boue par un combat qui n’appelait que la victoire ou la mort ? Comme tous les Fer-Nés, comme tous les Riverains l’étaient eux aussi.
__ N’ayez crainte, elle est têtue, mais elle sait aussi s’adapter aux circonstances, c’est même sa plus grande force. Cependant, si vous m’y autorisez, je peux prendre la décision de la ramener de force si la situation dans l’Ouest ne tournait pas en notre faveur et mettait sa vie en péril. »
Le vieux chevalier se fit soudain beaucoup plus sérieux. Il n’aimait pas l’idée de désobéir à la Princesse, il s’y était toujours refusé. Elle était la seule personne de qui il prenait ses ordres depuis qu’elle avait quitté les Jumeaux pour Harrenhall. Qu’importe Joren, Harren ou n’importe quel homme plus haut placé que lui ou qu’elle susceptible de décider, il n’avait jamais suivi que ses directives. Même quand elle avait délaissé la colonne en route vers Pierremoutier pour se rendre à Vivesaigues et ce malgré les risques encourus pour lui, son fils et son petit neveu ainsi que pour la jeune femme. Mais la dernière fois, il avait bien cru la perdre et perdre et ne cessait de se demander ce qu’il serait advenu s’il avait réussi à lui faire changer d’avis. Néanmoins, comment l’aurait-il sauvée malgré elle. Devait-il, la prochaine fois qu’il se retrouverait face à ce genre de dilemme, prendre ses responsabilité de garde du corps quitte à l’assommer pour l’extraire d’un danger ou lui obéir. Il n’avait toujours pas de réponse, mais peut-être que celle de Yoren l’aiderait à prendre une décision aussi drastique le moment venu tout en sachant qu’il partagerait avec le Hoare la colère de la brune aux yeux azurs.
__ C’est tout ce que je voulais savoir, Sire. »
Les mots n’étaient que des mots et les actes étaient ce qui prévalait aux yeux du Frey, cependant, ses mots comme ses actes tendaient à prouver qu’il disait vrai. La foule rassemblée pour le départ de la Princesse salie par la trahison et le regard que Yoren posa sur elle alors qu’elle faisait ses adieu à Beron allaient en ce sens. Il restait sceptique quant à la suite des événements, tant pour la Hoare que pour son Roi et pour la Reine, mais la confiance grandissait et avec elle, la loyauté. Quant à l’affection, c’était plus compliqué. Il appréciait le guerrier en Yoren, son projet aussi, ses réformes. Il appréciait nettement moins son infidélité, mais cette même infidélité avait permis à Myria de retrouver, dans la chaleur de ses bras, tout sa force et sa grandeur. Un amour inattendu mais pas moins précieux pour autant qui avait rallumé l’étincelle de sa fougue dans ses yeux. Mais elle devrait désormais le partager au plus grand damne du chevalier qui aurait aimé pour elle le mariage Royal auquel elle avait été promise. Pourrait-elle être heureuse ainsi ? C’était la seule question qu’il se posait, pourtant, l’avenir incertain vers lequel ils faisaient tous route semblait rendre cette question inopinée. Et c’est en se faisant cette réflexion qu’il eut un sourire en coin. Tant de “si” restaient encore en suspens pour que la passion complice entre les deux amants puisse continuer d’exister assez longtemps pour lui faire du bien ou du mal selon le cas. Si le Royaume retrouvait sa grandeur, si le Roi survivait, si Héléna survivait, si Myria survivait, si cette liaison perdurait après ce longue et périlleuse séparation.
La situation était étrange et cocasse, mais aussi sincèrement déchirante. Myria ne voulait pas laisser le Roi, elle ne voulait pas le quitter, mais y étaient contrainte, tant par sa position que par celle du Royaume. Oui, ils avaient besoin de l’Ouest et qu’importe le manque de parole dont les Lannister avaient fait preuve jusqu’ici, elle devait absolument parvenir à les faire entrer en guerre contre l’Empire, ce qui semblaient presque impossible malgré le soutien de Jordane. Oui, il fallait, pour l’obtenir, qu’elle quitte Yoren et le laisse entre les mains d’Héléna. Ainsi donc, la brune aux yeux céruléens allait devoir faire confiance à sa rivale et ancienne élève pour guider son peuple dans la bataille et pour soutenir son Roi jusqu’à son retour. Telle était la mission de la Bracken, aussi difficile et infiniment plus dangereuse que celle de la Frey, et absolument indispensable pour l’avenir du Royaume. Telle était aussi la façon dont cette dernière gagnerait le cœur du Roi et celui du peuple, si elle y parvenait, rognant petit à petit sur le pouvoir encore fragile que la Princesse avait regagné ces dernières semaines. Cette dernière était consciente que, l’échec ou la réussite d’Héléna, ainsi que son échec ou sa réussite conditionneraient la partie qu’elles joueraient par la suite. Ses chances d’asseoir son influence en tant que conseillère politique dans la lumière et ses chances de jouir de la présence devenue indispensable de Yoren dans l’ombre. Ses chances de redorer son blason aux yeux de ses pairs et du peuple et ainsi de pouvoir profiter pleinement de sa relation avec le Roi sans passer pour une vil manipulatrice assoiffée de pouvoir.
La veuve vacillait entre l’envie de voir leur projet aboutir et celle d’évincer Héléna pour s’assurer une place de choix dans le Royaume sans avoir à craindre sa vindicte ou celle de l’opinion publique, ni les quolibets réservés aux femmes adultère et encore moins la mort de Yoren qui la laisserait probablement déchue de tout pouvoir et de toute position politique. Mais comme elle ne voulait pas, se faisant, mettre en péril le Roi ou le Royaume, elle devait laisser son destin et les cartes qu’elle pourrait jouer par la suite entre les mains des Dieux. Elle était contrainte de faire confiance à la Bracken pour remplir son office tout en sachant que cela lui porterait préjudice si elle y parvenait et que si elle échouait, le Royaume pourrait bien disparaître définitivement. Pour sûr, elle aurait préféré se dédoubler quitte à se tuer à la tâche et remplir les deux rôles elle même plutôt que de laisser reposer une mission d’une telle importance sur les épaules de quelqu’un d’autre. Cela la rendait folle d’inquiétude. Elle n’avait pas confiance en Héléna, pas totalement. La jeune femme s’était pourtant montrée digne de son nouveau titre jusqu’ici, mais elle manquait d'expérience et malgré tout ce qu’elle lui avait appris, elle n’était pas certaine qu’elle soit prête. Mais pouvait on être prêt un jour à affronter ce qu’elle allait affronter ? Oui, elle pouvait marcher dans la boue et sous la pluie, oui elle pouvait faire face aux éléments et à la peur, mais Myria était bien placé pour savoir que prendre la bonne décision sur un champ de bataille était une autre pair de manche et que toutes l'intelligence du monde ne suffisait pas toujours à faire ce qu’il fallait au moment opportun.
Dans cette embrassade fort peu protocolaire, il y avait toutes les contradictions du monde, les sentiments de l'ambassadrice qui s'entremêlaient et lui faisait perdre la raison. Mais une seule chose sensée ressortait : elle partageait avec Héléna bien des choses. La fougue riveraine, le feu Hoare, l’intelligence et l’insoumission, mais surtout, par dessus tout, leur amour pour Yoren. Alors l’avenir dirait si l’élève serait à la hauteur de la tâche qui lui incombait désormais et si son mentor parviendrait à faire basculer la guerre. Mais quelle que soit l‘issue de leurs combats respectifs, elles se battaient pour la même chose. Les rivalités et les divergences, la souffrance engendrée par cette situation peu conventionnelle, était-ce vraiment important eu égard à ce qui les réunissaient ? Elle se fendit d’un petit rire en pensant à l’union encore incertaine entre Fer-Nés et Riverains et ce dit que peut-être, les deux femmes, bien que toutes deux Riveraines, pouvaient montrer l’exemple de deux adversaire pouvant, pour une cause commune, s’allier et se rendre compte qu’elles avaient plus de raisons de s’entendre que de lutter l’une contre l’autre.
__ Je te remercie Héléna, je te souhaite bon courage pour la tienne également. Que les Sept t’accompagnent. »
Le sourire de Myria s’élargit lui aussi, les paroles de la Reine la touchaient au plus haut point. Elle espérait que cette lune de miel d’un romantisme douteux à la Hoare porterait ses fruits, pour le Royaume au moins. Quant à l’avenir de sa relation avec Yoren, bien qu’elle tremblait à l’idée qu’il n’y en ait pas, elle devait se rendre à l’évidence, elle ne pouvait rien faire de plus que ce qu’elle avait déjà fait. Elle ne pouvait qu’être elle même jusqu’à ce que leurs chemins se croisent à nouveau, et advienne que pourra.
Les murmures et les jugements, on se gardait bien de les laisser fuser en présence du Roi, mais la Princesse déchue en avait fait les frais. Cependant, elle avait été contrainte de faire profil bas et de laisser de côté son égo blessé car déclencher un bain de sang pour un mot mal placé ne servirait pas ses intérêts. D’ailleurs, en réalité, même si elle avait un mal fou, par principe, à laisser certaines insultes impunies, elle n’en avait cure. Elle ne savait que trop bien que sa liberté était à ce prix là, qu’il pesait sur sa relation avec un énième Hoare le poids de la suspicion. Celui, aussi, des traditions qui interdisait aux femmes de jouir de leur corps comme bon leur semblait et d’assouvir leurs besoin au même titre que ceux des hommes. C’était d’autant plus ridicule qu’en tant que veuve, elle n’avait de compte à rendre à personne, surtout pas à son fils, et qu’elle était à la fois libérée de la fidélité indispensable à toute lignée patriarcale ainsi que de l’obligation de virginité. Si tant est qu’un jour, quelqu’un se révélerait assez bien pour prendre la place de Joren en dépit de son lien avec Yoren, il devrait faire avec. Ainsi tout mâle à la masculinité trop fragile pour supporter la concurrence d’autres amants dans le passé de son épouse ne se présenterait même pas, et cela lui éviterait bien des rencontres inutiles et inintéressantes. Alors, puisque tel était son destin, son autre combat, puisqu’elle se devait d’ouvrir la voie pour toutes les femmes, elle se contentait de sourire dignement en réponse aux jugements, qu’ils soient formulés à voix haute ou basse. Elle n’était pas prête de s’affubler à nouveau des entraves de la vie de couple dont elle s’était libérée malgré le fait que son amour pour Yoren complexifiait une situation qui aurait pu être nettement plus simple. Celui qui parviendrait à l’enchainer à nouveau avait tout intérêt à avoir de sérieux arguments, sauf si elle faisait, ce qui était finalement le plus probable, un mariage d'intérêt en faveur du Royaume.
Mais tout ceci n’avait aucune importance car à présent, ses yeux étaient plongés dans ceux de son Roi et le monde autour d’eux disparaissait dans la brume et ce ne fut que lorsque la brume se mua en ténèbres et en doutes que Myria prit son courage à deux mains pour lui tourner le dos. La colonne était prête au départ, n’attendant plus qu’elle pour prendre la route, la fière allure de Ser Greydon et de son fils portant tous deux ses couleurs, et celle de Yoren Ier lui redonna de la force. Lorsqu’elle posa à nouveau son regard sur le Roi, elle comprit qu’il ne l’avait pas quittée des yeux, mais ainsi en selle, elle ne risquait pas de faire une folie et ne pouvait plus faire demi tour. Mais alors qu’elle allait donner l’ordre de départ, elle le vit embrasser la main d’Héléna par deux fois et s’approcher. Elle tressaillit. Irongold piaffa. Elle baissa les yeux qu’elle sentait se remplir de larmes sur Yoren, mais resta droite comme un i, comme sur la défensive. La Reine ne semblait pas choquée de cette nouvelle entrave au protocole, elle avait même appuyé la décision de son époux devant la cour. Myria en était touchée, car elle sut en le regardant qu’il n’avait aucune nouvelle instruction à lui donner et elle doutait que la née Bracken soit dupe. Mais l’envie de l’embrasser qu’elle avait refoulée un instant plus tôt en se dirigeant vers son cheval revint au grand galop. L’envie tout court s’empara de son échine alors qu’il caressait l’encolure du palefroi à la robe dorée lui remémorant la douce sensation de ses caresses.
Putain de merde Yoren, qu’est ce que tu fous ?
La brune aux yeux céruléens hésita un instant avant de se pencher vers le Fer-Né et d’écouter ses quelques phrases où transparaissait toute l’intensité de ce qu’ils avaient partagés et toute la difficulté qu’ils avaient à se séparer. Elle fut rassurée de savoir qu’elle lui manquerait aussi, mais, si le départ imminent ne faisait plus aucun doute, elle était perdue. Que dire à présent. Elle sourit, les yeux pleins de larmes et posa timidement sa main sur l’encolure d’Irongold juste à côté de celle de son amant et murmura :
__ Ensemble nous pouvons tout... mon amour. »
La Princesse avait brûlé la lettre, mais elle s’en souvenait partiellement, elle n’avait ni le temps ni assez de souffle pour lui déclamer, mais elle décida de en lui déclarer quelques mots. Elle ne pouvait lui promettre d’être prudent, ni lui demander une nouvelle fois de l’être lui même. Elle ne pouvait lui demander de l’aimer en retour et encore moins de l’aimer toujours à son retour. Elle ne pouvait l’accabler pour sa solitude à venir ni le tirailler entre ses sentiments pour Héléna et elle. Elle ne pouvait lui faire part de ses doutes sur sa mission à venir ni de son inquiétude à l’idée de ne plus jamais le revoir.
__ Je chevaucherais avec ta flamme dans le cœur, les yeux fixés vers l’Ouest, l’esprit dénué de peur. Quoi qu’il arrive, quel que soit le chemin, je te retrouverais. »
Après cette déclaration, elle posa son front sur celui de Yoren et ferma les yeux.
Sujet: Re: Le grand départ vers l'Ouest [Tour VI - Terminé] Sam 1 Déc - 16:45
L'éclat rougeoyant du crépuscule semble embraser l'horizon de son éclat sanglant. Que voir dans cette fastueuse représentation d'un phénomène ordinaire ? Un signe ou simplement la manifestation d'une fin accompagnant l'amorce d'un nouveau départ ? Seuls les fous croient aux signes avait pour coutume de clamer Harren dans son antre formidable. Il suffit d'une volonté suffisamment forte pour créer des signes opportuns. En cet instant alors que le soleil se couche sur mon héritage morcelé, dépecé par la multitude, offert à la trahison je ne pense ni à la beauté simple et éphémère d'une contemplation hédoniste d'une puissance nous dépassant o mortels impavides ni au moindre signe vaguement fumeux qui pourrait apparaitre dans la voute céleste afin de soulager une carcasse meurtrie des affres de l'incertitude d'un avenir écarlate. Non, en ce moment précis au cours duquel mon regard gris acier observe l'immensité mes pensées ne sont tournées que vers une seule chose, un seul ètre envoyé au loin pour accomplir un dessein aussi nécessaire qu'ardu. Perdu dans des souvenirs aussi brulants que solaires, l'abstraction est totale et ni la présence de la douzaine de bersekers insulaires en armures rutilantes la grande hache sur l'épaule ni celle de l'agitation déclinant progressivement dans la ville basse ne parviendraient à me détourner du cheminement intérieur. Alors que je me trouve sur les remparts de la cité à balayer le lointain d'un oeil morne, une reine se trouve dans la salle du trone altière et féroce. Ma reine et ce simple constat me pique l'échine de cette culpabilité jusque lors inconnue du rejeton du noir excessif en tout point que je fus et je suis.
Pourtant, je ne parviens nullement à me défaire de cette amertume teintée de mélancolie qui m'enserre le coeur en cet instant précis. Le sourire moqueur qui se permet de venir étirer mes lippes engourdies par le froid mordant n'a pour objet que ma propre personne. Depuis quand Yoren Hoare était il coutumier de ce genre d'état digne des contes les plus ridicules des continentaux ? Persuadé que ma grande soeur ne se priverait pas de se foutre de ma nouvelle tendance à me morfondre pour le départ d'une femme, je laisse mon sourire s'élargir avant de disparaitre. Comment Myria avait elle pu briser toutes les barrières ayant entravées notre relation avant la débacle d'Eysines ? Comment était-elle parvenue à se tailler une telle place ? Je le savais parfaitement inutile de se voiler la face. Resserant la fourrure sur mes épaules je porte finalement mon regard vers l'Ouest et ses collines prolifiques. Allait t'elle bien ? Le voyage n'était il pas trop éprouvant si peu de temps après Vivesaigues ? Ser Graydon parvenait t'il à réfrener ses élans de dévotion à notre cause pour la forcer à ne pas se mettre en danger ? Tant de questions sans réponses. Pour l'heure, le soutien des lions de l'Ouest ne me préoccupait pas autant qu'il le devrait. Crois en toi voilà ce que ma ténébreuse amante m'avait conseillé quelques nuits avant son départ. Il était temps de suivre son conseil. Tournant les talons, je quitte les remparts d'un pas tranquille.
Une cascade de cheveux de jais repose sur mon épaule doublement marquée tant de la cicatrice que de ces ornements si prisés des fers nés et je savoure la nature soyeuse de cette chevelure abondante de mème que la caresse aérienne sur ma peau. Un poing calé sur le menton et un sourire canaille aux lèvres je contemple la nudité parfaite de la femme allongée à mes cotés dans ce pavillon martial au dessus duquel bat le pavillon noir à liserés dorés de ma cause. L'expression espiègle sur les traits de mon amante me pousse à tenter de graver celle-ci dans ma mémoire afin de ne jamais oublier cette image mutine constituant un tableau des plus réjouissants. J'aimerais autant voir celle-ci défiler devant mes yeux si je venais à tomber au champ de mort pour la libération de mes terres, de nos terres, de ces terres qui devaient voir une nouvelle aube se lever. Une aube puissante et neuve sans le joug de l'étranger et de la traitrise. Ces terres qui devaient comprendre leur valeur et celle de l'indépendance qu'elles méritaient de posséder comme chacun de ses enfants. Tant de sang avait déjà coulé dans ce royaume, des riverains et des insulaires étaient morts par milliers pour de mauvaises raisons. D'autres milliers allaient devoir le faire pour de bonnes et il était bien possible que je fasse partie de ces sacrifiés. Si, la nécessité s'en faisait sentir je n'hésiterais nullement et Myria aussi rayonnante qu'elle pouvait l'ètre en cet instant précis ne s'y trompait pas. Oui, si je devais rejoindre le Noyé et ses glorieuse demeures liquides ce serait cette image d'elle que j'emporterais avec moi avant d'aller festoyer en compagnie de mon demi-frère, de notre père et de nos aieux et camarades tombés au combat.
Ma mine du se faire soucieuse car les sourcils de la chasseresse ne tardent pas à se froncer. Il faut convenir que gacher ce moment par de telles idées noires est un péché. Des lèvres chaudes, pulpeuses et désirables s'écrasent sur les miennes coupant définitivement court à toute vélléité d'apesantissement sur les tragédies à venir. Le baiser lancinant et passionel étouffe le rire naissant dans ma gorge. Voilà bien, le meilleur moyen pour chasser l'inquiétude des lendemains sanglants. L'étreinte se rompt finalement à contrecoeur mais je ne m'en plains pas car la princesse roule sur elle mème pour aller saisir une coupe de vin rouge de la Treille -certainement l'une des rares bouteilles à ne pas avoir été pillée au cours des dernières semaines par des officiers assoiffés. Certain que mon gosier asséché allait pouvoir se rafraichir je regarde mon amante avaler une rasade du rouge sucré des vignobles Redwyne d'un air impassible. Mais, celle-ci m'adresse un sourire en coin avant de renverser le contenu de la coupe dorée sur mon torse. Quel gachis de gaspiller ainsi un si bon vin. Enfin non, dans ce cas précis c'est tout à fait pardonnable. Laissant Myria mettre son projet en application, je savoure les sensations délicieuses que sa langue distille. Je me réveille brusquement d'un sommeil agité dont j'étais coutumier. Les blessures guérissaient à leur détestable rythme ou devrais je dire à celui que je leur imposais en refusant de me plier pleinement aux recomandations médicinales du vieux bouc. Aussi, il arrivait fréquemment que mes nuits soient entrecoupées de ce genre de scènes. Helena s'y était habituée mais depuis que Myria était partie vers l'Ouest et que son regard compatissant et bienveillant se posait sur moi dans ces moments je ne pouvais m'empecher de me dire que je n'en étais pas digne.
(...)
Votre nièce est en effet une force de la nature rompue à l'adaptation. Myria est une véritable tacticienne lorsqu'elle le veut. Je vous y autorise ser Graydon. Nous savons tous les deux qu'elle préfererait mourir en tentant d'atteindre ses objectifs que de revenir sain et sauve mais en ayant échouée. N'hésitez pas si la nécessité s'en fait sentir et précisez lui alors bien qu'il s'agit de mon ordre. Qu'elle sache qui elle doit hair pour sa sauvegarde. Le visage du vieux chevalier trahissait amplement la défiance qu'il éprouvait envers cette idée lui qui était attaché au service de la princesse depuis son plus jeune age. Pourtant, les traits marqués par une existence de batailles et de combats sur lesquels la vieillesse s'enracinait lentement mais surement indiquaient également à quel point cette possibilité le soulageait. Nul besoin de grands gestes pour témoigner de ce que je ressentais pour mon ambassadrice. Je souhaitais qu'elle vive voire me survive si la situation tournait en notre défaveur dans les semaines à venir. L'Ouest était un allié potentiel qu'il nous fallait absolument dans notre camp si nous souhaitions abattre l'empire de manière ferme et définitive pour mettre fin à cette guerre. Mon armée n'était que le reliquat de ce qu'avaient été celles du Noir à l'apogée de sa puissance et le Bief jouait probablement sa propre partition sans compter qu'il se battait également sur un autre front au sud. Oh moins, la reddition de Dorne permettrait une réorganisation des forces en les placant face à l'empire qui devenait donc l'unique priorité. Bien sur le Tigre de Volantis ne comptait absolument pas abandonner ses rèves d'hégémonie et pendant que les royaumes Westerosi continueraient de s'étriper sans faire semblant il pourrait redresser la principauté.
Les troupes des Lannister m'étaient indispensables or je ne pouvais faire abstraction du non respect du traité d'alliance précedent qui avait d'ailleurs plongé Joren dans une rage folle. La duplicité des maitres du Roc était une évidence à l'échelle continentale. Comment faire pleinement confiance à de tels voisins qui avaient laissés mourir des riverains et des fers nés par milliers les laissant se salir les mains pour fairre barrage à l'empire ? La reine Jordanne était différente du moins il me le semblait au vu de notre rapprochement épistolaire et de nos promesses mutuelles tant économiques que diplomatiques. La lionne comprenait parfaitement la gravité du péril impérial ce qui ne devait pas ètre le cas de son époux et du reste des Lannister. Il fallait donc absolument que la reine continue de tenir les rènes du pouvoir dans son royaume. Donc, je ne me faisais pas particulièrement d'illusion sur les chances de Myria de convaincre les financiers de Westeros de prendre notre parti. Mais, si quelqu'un pouvait y arriver c'était bien elle. Entre charme et agressivité, subtilité et franchise déconcertante, passion et pragmatisme l'ambassadrice connaissait parfaitement le poids sur ses épaules. Eh bien, vous pourrez voyager le coeur léger en ce cas mon brave.
(...)
Je pouvais presque sentir les regards acérés des membres de la cour sur mon dos. Mais, je me foutais en cet instant précis du protocole comme d'une guigne. Un autre n'aurait certainement pas agi ainsi mais j'étais un batard devenu roi aussi égratiner une fois de temps en temps les lourdeurs cérémonieuses du rang ne me posait pas la moindre gène. Des murmures devaient certainement baigner l'auguste assemblée dans une atmosphère de cancanage pathétique mais une fois de plus je m'en moquais férocement. Myria s'en allait sur mon ordre dans l'Ouest pour tenter d'assurer la victoire finale nécessaire à la renaissance réelle et éclairée de mon héritage. Les Fleuves et le Crépuscule ne devaient pas tomber avant d'avoir pu exister, pas avant d'avoir pu prouvé que l'alternative à la tyrannie n'était pas l'apanage des assassins de mon peuple ni des ambitieux partageant celle de feu mon géniteur. Mais, que celle-ci pouvait bel et bien émerger des cendres encore fumantes d'Harrenhall. Les dizaines de milliers de soldats à l'étendard du lion d'or représentait cet espoir irréfragable qu'aurait sous sa responsabilité mon amante. Oui, Myria s'en allait parce que cela était nécessaire pour la cause. Or, je ne savais pas si je la reverrais un jour au vu du contexte plus que détestable auquel je faisais face.
Si l'hiver durait longtemps la campagne pourrait bien ne pas commencer avant son retour victorieux ou non mais si je partais en guerre dans les semaines à venir les choses seraient bien plus complexes. Le rassemblement des mercenaires, l'attente des renforts Bieffois, l'entrainement des hommes tant de paramètres entraient en jeu mais le seul qui importait était justement celui sur lequel les hommes n'avaient aucune prise. Toute cette incertitude rendait cet instant si déchirant et si délectable à la fois. Caressant machinalement l'encolure de son superbe coursier princier, je laissais un sourire attristé étirer mes lippes lorsqu'une brise ramena son effluve parfumée dans mon visage. Et, l'au revoir ressemblant par trop à un adieu se transforma en torture. Car, si je pouvais mépriser le protocole briser ce dernier comme je le souhaitais serait néfaste pour mon image. Torture que de sentir le parfum de mon amante sans pouvoir dépasser cette maigre proximité de facade. Une poignée de secondes défilèrent au cours desquelles je me fis la réflexion que Myria ne souhaitait pas ma présence en cet instant. Que cela ne ferait que lui compliquer le départ et le voyage au vu de son hésitation manifeste à se pencher vers mon regard dévorant. Elle entendit mes quelques mots maladroits mais sincères et posa finalement sa main à coté de la mienne sur l'encolure de sa monture. Ses yeux embués de larmes me serrèrent le coeur et je dus lutter contre l'envie de saisir cette main pour la porter à mes lèvres et lui assurer que je survivrais à la tempète sanglante à venir. Pieux mensonge que celui-ci. Penchée en avant, je pus sentir son souffle brulant dans ma nuque alors qu'elle murmurait à mon oreille. Un sourire canaille remplaca le triste en entendant ses mots tandis que la mélancolie se lovait dans mes yeux.
Ce contraste venait du fait que c'était précisement ce que j'avais besoin d'entendre pour raviver la flamme de la détermination inébranlable à affronter tout ce qui viendrait se dresser sur la route du royaume du Conflans et des Iles de Fer et de celui que le choc de ce surnom affectueux provoqua en moi. Cruel tiraillement que celui de la félicité et de la tristesse. Un bien plus apre et amer que celui que m'infligeait quotidiennement mes blessures de guerre et cicatrices. Placant ma main sur la sienne en savourant le contact chaud de sa paume, je murmurais à mon tour. Tout, tu as raison. Nous vaincrons l'impossible mon aimée. Ecoutant les mots de mon amante avec attention, je me félicitais de sentir la détermination irradier dans sa voix. De la mème manière qu'elle avait su rétablir la mienne et la faire flamber je souhaitais qu'elle ne s'attriste pas lorsqu'elle penserait à moi dans les semaines à venir mais qu'elle puise de la force dans nos souvenirs, nos débats acharnés, nos ébats, nos plans et nos échanges. Je n'en ai jamais douté ma chasseresse. Mène leur la vie dure. Quant à moi, je partirais au combat avec ton souffle dans les veines et ton sourire en tète. Si le Noyé le veut. Nous nous retrouverons. Fais attention à toi sur la route.
Myria posa finalement son front sur le mien et ferma les yeux comme pour graver ce dernier contact à jamais. Bien décidé à ne pas la laisser partir sans gouter une dernière fois ses lèvres chaudes, je déposais rapidement un baiser presque chaste sur celles ci. Avant de maintenir mon front contre le sien puis de rompre notre drole d'étreinte, bien conscient que si nous ne faisions pas preuve de volonté nous pourrions bien rester ainsi durant très longtemps. Mon sourire s'effaca alors que je m'appretais à mettre fin à ce moment d'intimité sommaire. Après rétablissement d'une distance réglementaire, j'adressais un signe au chambellan qui pronconcait d'une voix forte. Sa majesté , sa reine et la cour du royaume vous souhaite bon voyage Myria ambassadrice des Fleuves et du Crépuscule. Puissiez vous accomplir votre mission et représenter brillement le royaume.
Invité
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Sujet: Re: Le grand départ vers l'Ouest [Tour VI - Terminé] Jeu 10 Jan - 15:54
Le grand départ vers l'Ouest
ft. Yoren Hoare
Ser Greydon plongea son regard dans celui du Roi et acquiesça d’un signe de tête, à la fois peiné de devoir faire cela à la Princesse et soulagé d’en avoir reçu l’autorisation par quelqu’un qu’elle appréciait suffisamment, peut-être, pour obéir. Il détourna le regard et embrassa l’assemblée en silence sans plus de cérémonie avant de se mettre en selle à son tour. Ainsi soit-il. Elle le haïrait certainement et le ferait savoir, vociférant sa colère pour mieux taire son cuisant échec. Mais tel qu’il les connaissait, si peu pourtant, lui semblait-il, tout en sachant ce qu’elle voyait en lui et ce que cela représentait pour elle. ils réussiraient bien à se réconcilier. Ils avaient bien réussi à s’entendre contre toute attente, malgré la condamnation d’Harren et des années de mépris, malgré tout ce qui les opposait en apparence, malgré la mort qui les entourait de toute part, ou peut-être grâce à elle. Elle n’avait pas pu sauver Joren, ni de Torrhen, ni d’Harren ni de lui même, et cette seconde chance pourtant bien fragile, était comme un nouveau souffle de vie. C’est ce qu’il avait compris en l’observant, car après toutes ces années, il n’avait même plus besoin qu’elle lui parle pour comprendre la plupart des choses qui se jouaient dans cet esprit qu’il avait vu grandir avec elle. Myria était une femme qui, sous une armure de femme ambitieuse et vénale était d’un grand courage et d’une foi inébranlable en l’amour. Mais elle en avait aussi éperdument besoin, sans amour elle dépérissait et sans Joren, elle avait finit par s’éteindre, par se complaire, peut-être un peu trop dans son rôle de belle-fille et amante en quête du pouvoir suprême à la cour du Noir. Ce dernier n’avait que trop bien manœuvrer pour la faire douter de son époux et d’elle même, pour écarteler sa propre famille à son seul profit, pour que la haine les sépare tous. Le Frey était heureux que finalement, peut-être l’amour parvienne à les réunir, c’était un beau pied de nez à Harren et plus encore, un espoir pour tous, car l’union faisait toujours la force, mais la situation l’exigeait plus que jamais.
La mission était dangereuse. Jordanne tenait les rênes du pouvoir, mais l'équilibre était fragile et il suffirait de peu pour que tout bascule et que les Lions se rangent définitivement aux côtés de l’Empire, si tel n’était pas déjà le cas. Le Frey en était parfaitement conscient, tout comme sa nièce. Mais Myria tenait à être utile, quitte à prendre des risques, et effectivement, si quelqu’un était susceptible de faire pencher la balance en faveurs du Royaume des Fleuves et du Crépuscule malgré une alliance consommée et des liens indéfectibles avec le Nord, c’était probablement elle. Comment, elle l’ignorait encore hélas, plus son départ approchait plus les nouvelles de l’Ouest devenaient inquiétantes et elle se souvenait parfaitement de la réaction sans appel de Joren à la trahison des Lannister. A l’époque, elle lui avait dit de mettre de l’eau dans son vin, un nouveau front à l’Ouest aurait été catastrophique, mais pourtant, il avait raison, au delà de son orgueil blessé, c’était bien une trahison. Or, ils pouvaient les trahir à nouveau, d’ailleurs cette invitation pourrait bien être une embuscade. Qu’importe, elle avait été claire avec Yoren, elle ne voulait pas être sauvée au détriment du Royaume.
La jeune femme sourit, les yeux toujours plein de larmes à la réplique tendre et guerrière à la fois de son amant et Roi. Elle tressaillit quand il posa sa main sur la sienne et n’osa pas bouger les doigts de peur que l’assemblée remarque leur manège. Peut-être avaient-ils déjà remarqué, ou peut-être pas. N’étaient ils pas tous au courant ? Pourtant, savoir les yeux d’Héléna posés sur eux ne lui plaisait pas. Elle pouvait aimer son époux et coucher avec, il n’était pas l’homme d’une seule femme et elle n’était plus la femme de personne. Mais là, c’était indigne d’eux et de la Reine des Fleuves et du Crépuscule, ainsi que de ce qu’elles avaient échangées un instant plus tôt. Elle leva subrepticement un regard triste vers Héléna avant de replonger ses yeux dans ceux de Yoren. Elle craignait que la Reine ne prenne toutes ses paroles pour des mensonges hypocrites, mais comment résister à l’attraction qu’il exerçait sur elle, et pire comment ne pas en profiter jusqu’au dernier instant alors qu’ils se quittaient pour si longtemps, peut-être même pour toujours. Elle n’avait pas le courage de retirer sa main ni de mettre fin à ce tête à tête qui réveillait en elle les frisson d’un désir niché aux creux de ses reins depuis ce fameux soir, un désir flamboyant qui n’était pas prêt de s'éteindre. Une douce torture que de sentir la chaleur de sa main et de son souffle, de plonger dans ses yeux une dernière fois, de humer son odeur et d’imprimer son visage dans son esprit.
Yoren déposa un baiser furtif qui la fit frémir un fois de plus et la veuve soupira en gardant la bouche ouverte quelques instants. Ok… C’est n’importe quoi... Non seulement le protocole venait de voler en éclat, et ce même si peu de personnes étaient susceptibles de voir ce qui venait de se passer, mais surtout, maintenant, elle avait chaud et elle avait envie de lui sauter dessus. Elle ouvrit les yeux, fronçant les sourcils elle pinça la bouche en soupirant. C’est malin, juste avant de partir. Je vais faire quoi maintenant avec mon désir ? Toi tu t’en fous, tu pourras baiser Héléna autant que tu le souhaites ce soir et les jours suivants, mais moi, je me la mets sur l’oreille ? Fâchée et excitée à la fois, elle préféra taire ses turpitudes et se contenter d'apprécier jusqu’à la dernière seconde ce contacte et ce moment sans rien ajouter. En fait, cela l’amusait grandement de partir avec cet avidité entre les cuisses, la passion avait toujours été un puissant moteur pour elle et cette passion là était indomptable, brûlante. Aussi, si parfois, le manque lui faisait commettre des erreurs, il pouvait aussi mettre en exergue ses atouts, elle saurait en tirer profit intelligemment. De toute façon, elle n’avait pas le choix.
Quand il s’éloigna, la Princesse lui sourit du haut de son palefroi. Complicité espiègle et flamme de l’assurance se peignaient sur son visage. Son cœur et son âme se déchiraient toujours de ne plus le revoir, mais il venait de lui donner une force qu’elle pensait ne plus jamais ressentir après Buron, une force et un courage qu’elle avait crus morts là bas, dans la plaine qui avait vue tant de ses hommes mourir. Elle avait fait une erreur là-bas, écouter ses généraux plutôt que son instinct, elle ne ferait pas la même erreur une seconde fois. Car elle avait compris, une chose après avoir parcouru le champ de mort dans le brouhaha assourdissant des corbeaux planant au dessus des cadavres et des mourants. Son instinct était son plus précieux allié, il l’avait certes conduite sur des chemins dangereux, il lui avait certes fait, lui aussi, commettre des erreurs, mais de ces erreurs, elle ne tirait aucun regrets car elles lui appartenaient, à elle et elle seule. Elle trotta jusqu’à la colonne, mais au lieu d’y prendre sa place, elle se contenta de donner à Ser Greydon qui était en tête avec son fils l’ordre de départ. Alors, elle fit faire demi tour à sa monture et la plaça, piaffante d’impatience devant l’assemblée avant de dire d’une voix forte, jouant sans préméditation avec la musique des mots et dispensant son regard fier à son peuple dans les silences :
__ N’oubliez pas qui vous êtes, je ne l’oublierais pas ! Je n’oublierais jamais votre courage et votre loyauté, la force des vagues et la beauté des collines embrumées. Construisez votre histoire sur les terres enneigées, suivez Yoren premier dans le sang et la gloire, je pars avec l’espoir de tous les rallier, je garde la mémoire et je reviendrais. Entendez les cris sourds du Royaume qu’on enchaîne,entendez le vol noir des corbeaux sur nos plaines, entendez tous les soir les loups qui se déchaînent, l’ennemi connaîtra le fer-prix de la haine. Les flammes nous élèvent et le sang nous révèle, mais seule l’eau indomptable des mers et des rivières coule dans nos veines comme sur notre terre ! Qu’ils nous brûlent, ils ne nous consumeront pas ! Le Royaume du Sel et du Roc des Fleuves et du Crépuscule s'élèvera à nouveau, plus dur à la peine et plus vigoureux ! »
La brune aux yeux céruléens éperonna Irongold et le maintint sur place dans un demi tour sur les jarret que seule une cavalière de sa trempe ou de celle de la Bracken pouvait maîtriser, presque une pirouette entre grâce et puissance retenue puis desserra les doigts sur les rênes et laissa le palefroi se diriger vers la colonne au grand galop. Était-ce la vitesse ou le vent glaciale qui lui arracha les larmes des yeux ou simplement le fait de quitter Yoren ? Qu’importe, elle seule savait et elle ne se retourna pas. Elle sourit en lui murmurant un merci qui se perdit dans le vent. il lui fallut plusieurs minutes malgré un galop presque hors de contrôle pour rejoindre l’escorte qui avançait elle aussi à grande allure, Ser Greydon ayant toute confiance envers sa nièce pour les rattraper à temps. Dans les terrains dégagés en contrebas de Pierremoutier, ils galopaient vers le Sud lorsqu’elle ralentit en se redressant pour reprendre sa place et commencer ce voyage.
Ses larmes coulaient à flot à présent et la Princesse des Fleuves et du Crépuscule eut toutes les peines du monde à ne pas se retourner. A quoi bon, elle n’avait pas le droit de faire demi-tour et si tant est qu’elle aurait pu l'apercevoir malgré la distance, celui lui briserait le cœur. Non. Elle préférait garder sur ses lèvres le goût de sa bouche, sur sa main la sensation de sa paume calleuse d’avoir trop usé des armes, son odeur et ce regard qui la faisait à chaque fois flancher. Elle préférait garder en tête la force qu’il lui avait donné avec cet adieu que le moindre doute, le moindre pincement au cœur. Et entre ses cuisses, l’exquise sensation de sa présence fantomatique qui étira ses lèvres en un sourire canaille avant qu’elle ne les morde pour essayer de se concentrer un peu sur la route. Je regarderais quand je serais certaine de ne plus pouvoir faire demi tour. Je n’ai qu’à fermer les yeux pour te voir.
Le soir même, lorsqu’il fut temps pour cavaliers et montures de prendre un court repos, c’est ce que fit l’ambassadrice. Dès que la tente fut montée, elle s’y réfugia pour s’allonger sur sa paillasse et fermer les yeux. Elle l’imagina en haut des remparts, regardant le lointain en pensant à elle et se prit à sourire à cette idée, doutant que ce fut le cas, mais rêvant telle une jouvencelle qu’elle n’était pourtant plus depuis bien longtemps. Elle se demanda ce qu’il pouvait bien ressentir ou penser en cet instant. Il lui avait dit qu’il l’aimait, et n’avait rien eut à ajouter à leur déclaration mutuelle, tout était dit, ils se quittaient ainsi, avec dans le cœur toute la force de l’autre et ils se retrouveraient, dans ce monde ou dans l’autre. Elle n’avait aucun doute, il était son âme sœur. Elle se souvint de leurs nuits de passion ainsi que de leurs longues conversations sur ce qu’il convenait de faire. Elle se souvint aussi de qui il était et de ce que cela impliquait sur ses chances de survie en cas de bataille. Mais elle refusa que la peur de le perdre la gagne. Elle dessina dans son esprit chaque cicatrice qui marquait son corps, les traits de son visage et la forme de sa bouche. Elle puisa son courage dans la force de son regard, elle se remémora sans peine le goût de sa peau et l’odeur de ses cheveux.
Ce soir là, ainsi que tous les autres jusqu’au Roc, Myria s’endormit avec le visage de Yoren devant les yeux et se réveilla réchauffée par la sensation de sa peau contre la sienne et de ses baisers langoureux. Elle mit ses doigts sur sa bouche entrouverte en un soupire sensuel sentant sur ses lèvres le désir passionné de son amant et laissant s'immiscer en elle l’envie qu’il suscitait malgré les miles qui les séparaient. Emmitouflée dans les fourrures, elle ferma les yeux et aurait pu croire qu’il était là si elle n’avait pas su pertinemment que c’était impossible. Elle savait que ce n’était qu’un rêve entretenu par ses propres pensées et les souvenirs ardents de ce qu’ils avaient partagés, mais c’était bien trop bon pour ne pas se laisser aller. Elle n’en oubliait pas pour autant la réalité, mais tant que le jour n’était pas levé, ils ne pouvaient pas reprendre la route. Alors elle profitait de cet instant de répit, comme elle avait profité de tous ceux passés avec lui pour braver l’interdit, pour défier le temps et l’espace, pour le retrouver dans son esprit jusqu’au jour où elle pourrait l’embrasser à nouveau. Comme elle le faisait lorsque Joren était absent, elle jouait avec ses souvenirs et son imagination et ce même si cela lui faisait autant de mal que de bien. La seule différence c’est qu’elle se retenait de prononcer son nom et de faire le moindre bruit de crainte que ses hommes entendent.
Sujet: Re: Le grand départ vers l'Ouest [Tour VI - Terminé] Ven 11 Jan - 17:14
Le sourire que m'offrit Myria du haut de son palefroi n'avait rien d'un sourire triste ou tragique bien au contraire car cet étirement de ses lippes si désirables était empreint d'assurance comme d'espièglerie ce qui me réchauffa intérieurement. Seul, un soudain rappel de l'importance du protocole m'empechait de lui rendre un tout aussi solaire. Je ne venais que de trop bafoué les règles de bienséance de toute cour royale se respectant et pourtant je n'en avais pas particulièrement cure fidèle à ma nature de Hoare ou à mon statut de batard. Le seul remord qui m'étreignait vis à vis de mon geste se trouvait incarné en la personne d'Helena altière et digne comme se devait de l'ètre une souveraine. L'indifférence qu'elle affichait dénotait d'un courage sans pareille et ne me faisais que l'apprécier encore davantage. Cependant, je ne pouvais oblitérer le fait que le départ de mon ambassadrice me tordait les trippes d'une manière bien désagréable que je n'avais éprouvé qu'à bien peu de reprises. Ce sourire éclatant que la princesse des Fleuves et du Crépuscule affichait avec fierté était celui d'une guerrière partant au front pour une bataille extrèmement difficile. C'était celui d'une conquérante prète à réaliser l'impossible ou à tout perdre en essayant. C'était Myria dans toute sa ténébreuse et vaillante splendeur résumée en un seul geste. J'aurais voulu la remercier de la mème manière que je l'avais fait par écrit sur ce vélin pour avoir ravivé le feu dévorant des Hoare dans mes veines alors que je me considérais comme un mort marchant parmi les vivants à mi chemin entre les demeures liquides du Noyé et cette neige sous nos bottes.
Mais, tout comme j'avais brulé ce parchemin, cette lettre sentimentale dans un geste censé je ne pouvais guère lui transmettre par des mots tout ce que je lui devais et ce que son départ m'inspirait. L'espace d'un instant, je me félicitais d'avoir ordonné à son premier protecteur et oncle de la tirer du premier danger dans lequel elle pourrait s'engouffrer pour la cause du royaume. Myria était ce genre de femme qui ne se souciait que peu de propre vie face à une cause aussi importante que celle de son peuple. Ses détracteurs riraient à de tels propos mais depuis que j'avais appris à la connaitre j'en étais intimement persuadé. Peut ètre n'avait-elle pas toujours été ainsi mais j'étais bien placé pour savoir qu'un Buron ou un Eysines pouvait profondément marquer. Ce dernier moment de complicité défila trop rapidement mais eut le mérite de galvaniser ma résolution à préserver les Fleuves et le Crépuscule de la ruine. Alors que je m'attendais à la voir prendre sa place dans la colonne et s'élancer avec cette dernière Myria donna l'ordre à son oncle de lancer la chevauchée sans elle. Interloqué, je l'interrogeais du regard alors qu'elle maitrisa sa monture rendue impatiente par le tonerre provoqué par le départ précipité de ses congénères. Mais, la mère de Beron ne me regardait plus. Non, celle-ci prenait la foule de nobles assemblés à parti et prononca un discours enflammé de patriotisme d'une voix forte et fière.
Durant de longs merveilleux instants, le temps sembla se figer devant ce discours digne des plus grands orateurs appellant à l'union envers et contre tout pour la survie du royaume en dépit des différences entre fer nés et riverains. La stupéfaction traversa la foule comme une chappe de plomb avant que la modeste foule ne réagisse. Mais les murmures et paroles furent balayés par le cabrage de la monture princière qui obnubila la cour. Un sourire en coin étira lentement mes lèvres. Seule Myria ou Helena étaient suffisamment bonne cavalière pour ce genre de performance théatrale et je pris celle-ci comme une bouffée de théatralité parfaitement exécutée ainsi qu'un pied de nez à cette cour qui la honnissait. La femme condamnée par le Noir s'en allait tenter de rallier un ancien allié s'étant parjuré avec la prestance d'une reine qui n'en deviendrait peut-ètre jamais une. Qu'en était-il du reste de ces nobles capitaines, commandants, chevaliers, bersekers, guerriers, officiers ou puinés ? Qu'en était-il de ces nobles dames, de compagnie, fiancée, épouse, soeur ou mère ? Suivraient-ils leur souverain jusque dans les sept enfers ou le territoire du dieu des Tornades pour sauver leur contrée de l'envahisseur exterminateur et des chiens galeux de traitres s'il le leur ordonnait.
Puis, aussi rapidement que le vent n'emporte les brindilles ou la poussière l'ambassadrice n'était plus là. De la neige retournée, l'écho d'un galop frénétique, le souvenir d'un visage, l'emballement d'un discours et le gout de douces lèvres. Le royaume du Sel et du Roc, des Fleuves et du Crépuscule s'élevera à nouveau plus dur à la peine et plus vigoureux ! Murmurais-je entre mes lèvres sérrées partagé entre fierté et mélancolie. La cour resta longtemps sur cette petite place derrière son roi le regard rivé sur le lointain comme s'il cherchait à ne serait-ce qu'appercevoir un point mobile sur l'horizon avant que la température et les affres ne pousse ses membres à s'agiter. Le discours de l'ex proscrite avait fait sensation mais pourquoi donc s'éterniser sous la neige et dans le froid alors que des flambeaux flambaient à quelques pas. D'un échange de regard avec Helena, je lui fis comprendre qu'elle pouvait retourner dans la forteresse et ainsi permettre à la foule de faire de mème. Ma reine me pressa le bras chaleureusement avant de se détourner et de retourner dans la salle du trone encadrée de ser Royle et d'une partie de la garde. Celle-ci entraina dans son sillage la noblesse des Fleuves et du Crépuscule me laissant seul dans la cour avec une partie de la garde ainsi que mon neveu un peu plus loin. M'arrachant de force à l'immobilité, je rejoignis Beron et posai une main sur son épaule. Elle reviendra neveu. Ne t'en fais pas pour elle. Ta mère est bien plus forte que nous ne le serons jamais. Puis, entrainant mon héritier présomptif à ma suite, je rentrais finalement dans le castel d'un pas pesant.
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Sujet: Re: Le grand départ vers l'Ouest [Tour VI - Terminé]