La gorge nouée et l'esprit agité, il semblerait qu'elle ait oublié jusqu'à son nom lorsque vient l'heure de le donner aux Demalion. Tout était bien plus simple lorsqu'elle était ivre, que tout n'était pas silence et que l'empereur semblait presque être un homme comme les autres. Eira Mallister s'annonce avec difficulté, mais elle s'annonce. L'entrevue était attendue, réclamée par sa sœur qui souhaite des réponses de l'empire et que sa cadette prenne enfin les responsabilités de son nom au sérieux. Eira, elle, n'a toujours été qu'Eira. Particulièrement douée quand il s'agit de jouer, beaucoup moins lorsqu'il lui faut être une Mallister.

Si cela veut encore dire quelque chose.

Pour l'heure, cela semble être le cas. Le nom de sa maison résonne après son entrée, lui rappelant ce qu'elle fait ici. Machinalement, Eira s'incline. Elle fait de son mieux pour se rappeler de ce qui doit être dit, se rassure en se disant qu'elle n'a pas même eu à faire l'effort de réclamer audience. On lui a donné de l'aide avant même qu'elle n'ait eu l'occasion d'en demander.

- Votre Majesté.

Et malgré tous ces jours à y penser, la seule chose à laquelle elle pense, c'est qu'elle n'est pas à sa place. Qu'elle n'a rien à faire ici. Que tous ceux qui sont morts, disparus, noyés ou mutilés, auraient davantage leur place qu'elle. Qu'elle n'a rien à faire ici. Qu'elle ignore pourquoi le destin se joue d'elle ainsi.

- Je vous remercie pour vos missives, à nouveau, et de m'accorder cet entretien. Ma sœur et moi-même en sommes infiniment reconnaissantes.

La rousse déglutit, difficilement. Il n'est pas aisé de parler de maison Mallister lorsqu'une partie n'a jamais été fidèle à l'empire et que l'autre n'est plus composée que de deux femmes, dont l'une ne porte plus le bon nom. Et pourtant, elle aussi aurait été mieux placée qu'elle pour se tenir face à un empereur. Mais ce n'est pas uniquement le devoir qui la pousse à se présenter ici, plutôt qu'à choisir la fuite. C'est la haine, aussi. Celle qui a prit racine de nulle part, dans une terre qui n'était en rien fertile aux envies de vengeances. Ils ont pris, ils doivent rendre. Il s'agit d'un cycle naturel, et elle croit au moins en cela.

- Les fer-nés ont pris notre fief, ils ont tué notre père. Sous bannière bieffoise, certes, mais ce sont bien eux qui ont souillé nos côtes de notre sang. Et ce n'est guère la première fois, je ne vous apprends rien.

Ses mains se lient entre elles, pour leur éviter de trembler. Elle ignore de quoi. De colère ou d'anxiété.

- Nous aimerions obtenir justice, votre Grâce. Et nous requérons humblement votre aide.

Ce n'est pas elle, mais c'est ce que Coralie lui a demandé de dire. Et jusque-là, elle n'a pas encore échoué.

Could the words ever be unspoken? Could the truth ever untell those lies? Could a promise ever have been unbroken?  

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Des mots, elle ne sait quoi en penser. Elle ignore tout des raisons qui ont conduit ses frères à la mort, celles qui ont tué son père sont plus obscures encore. Parfois, elle en vient à penser que certaines choses sont inéluctables. Que si ses frères ne s'étaient pas fait porte parole de l'empire, ils seraient morts embrochés par d'autres lames. Et si son père n'avait pas rejoint cette cause tardivement, il serait mort de chagrin. Les fer-nés ont toujours été leurs ennemis et les malheurs les ont toujours frappé. Certains y verraient une punition divine pour s'être allié à cet empire païen, blasphémateur, mais elle a vu de près les croyants des Sept et n'est pas certaine de vouloir leur ressembler. Elle n'en veut pas à l'empire, n'est pas fidèle à la cause pour autant. Elle est simplement perdue, se trouve là à réclamer vengeance sans savoir ce que cela peut signifier. Parfois, elle se dit que la vengeance n'est pas une chose que l'on peut provoquer.

- Je vous remercie, Votre Grâce. Votre sollicitude est plus appréciée. Comme j'ai déjà eu l'occasion de vous le dire, mes proches ont fait le choix de soutenir votre cause en toute liberté. Vous ne nous devez rien.

Qu'elle dit, parce que les convenances le demandent. Peut-être qu'elle n'aurait pas dû, puisqu'un sentiment de dette ne peut que l'aider, elle qui vient réclamer. Mais derrière l'empereur se trouve un homme comme les autres et les mots semblent sincères, les épaules lourdes. Rien ne l'oblige à les alourdir davantage. Pourtant, le rappel qui lui est fait quant au triste sort accordé à ses ainés réveille quelque chose. Elle n'est plus une petite fille qui pleurait dans les bras de sa nourrice, jurant sur tous les dieux qu'elle pouvait voir les corps ensanglantés danser depuis sa fenêtre. Elle a toujours peur, pourtant. Eira relève les yeux.

- En effet. Décapités. Et mutilés.

Ça ne l'impressionnera pas, il en a vu davantage qu'elle. Eira ne sait même pas si l'on continue à être sensible à ce genre de détail, lorsque les champs de bataille se succèdent sans arrêt. Mais pour elle, ils sont importants. Sa famille a été exécutée dans le détail et de la pire des manières. Ne reste qu'elle, sa sœur et une branche traitre. On lui assure finalement que la libération de ses terres est déjà prévue, que des armées sont même en route. Une nouvelle qui la laisse relativement surprise, bien qu'elle ait vaguement conscience qu'il ne s'agit pas que d'un acte de bonne foi envers sa famille. Salvemer est la première étape, les suivantes seront de plus en plus dangereuses pour l'empire qui pourrait se voir reprendre ses conquêtes. Elle le sait, n'en reste pas moins surprise.

- Oh, je vois.

Eira reste idiote, ayant presque envie de se lever, de remercier à nouveau et de déguerpir. Elle était venue pour ça, pas vrai ? Elle était venue pour avoir de bonnes nouvelles à écrire à l'ainée Mallister, désormais Paege. Voilà qui est fait. Pourtant, elle ne bouge pas et se contente de remplir son deuxième objectif. Aider comme elle peut. Remercier quand il le faut.

- Je ne sais quoi dire, si ce n'est vous remercier à nouveau, Votre Grâce. Je sais vos combats nombreux, je ne pensais pas que Salvemer serait l'une de vos priorités.

Même si, encore une fois, elle est parfaitement consciente de la position aussi bien stratégique que dangereuse qu'occupe Salvemer. Quant à ce qu'elle sait...

- Vous apporter mon aide serait un honneur, mais j'ai bien peur que les connaissances dont je peux disposer relèvent d'un passé désormais enterré. Nos gens sont fidèles et détestent les fer-nés autant que nous, j'ignore s'ils ont été épargnés.

Probablement pas.

- Nos terres sont boueuses, assez pour que les chevaux soient ralentis parfois. Et les journées chaudes entrainent souvent de la brume les jours suivants. On ne voit pas grand chose, ces temps-là.

Elle hausse les épaules, incertaine que les platitudes qu'elle énonce puissent être utiles à qui que ce soit. Eira marque une pause et laisse son esprit divaguer un moment. Des armées marchent vers Salvemer, c'est une bonne nouvelle. Et si ça ne suffisait pas ?

- Avez-vous peur qu'ils parviennent jusqu'ici ?

La rousse cherche à comprendre, quand bien même ce n'est pas son rôle.

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Isla disait vrai, il croit en sa cause et en ce qu'elle représente. Ou s'il ment, il le fait bien. Eira l'entend dans chaque syllabe. Cette façon de prononcer des mots forts, honneur, loyauté, rétribution, empire, paix. La rousse soupire. Elle n'a jamais cru en l'honneur, ni en la loyauté. A été témoin trop de fois des revirements de ses proches, de leurs hésitations, de la lueur mesquine qui dansait dans leurs yeux lorsqu'il était question de pouvoir. D'en grappiller un peu, quelques miettes, même celles qui ont été laissées tomber par d'autres. Les hommes, certaines femmes aussi, en deviennent fous. Elle ignore encore pourquoi et ne représente pour cette raison aucun danger. Une chose que l'empereur ignore et dont il se méfie peut-être vaguement. Quand on est à sa place, on doit apprendre à regarder tout le monde avec méfiance. Elle le comprend ça aussi, vaguement. Mais le reste ? Aucune idée. Il semble sincère, elle fera avec ça.

- Et pourtant, le sang coule à flot, votre Grâce.

Et la sincérité appelle la sincérité. Il fallait bien que ça arrive. Qu'elle dérape et finisse par dire ce qui lui passe par la tête, quand bien même cela ne semble en rien une bonne idée. Mais l'empereur qu'elle a devant elle n'a pas l'air d'être de ceux à faire tomber des têtes pour de si faibles affronts. Et elle n'a de toute manière jamais su tenir sa langue.

- Vous semblez être un homme bon, tous ceux qui vous connaissent le jurent. Vous avez les meilleures intentions et si vous ressentez bien la souffrance que votre peuple endure, alors vous devez être exténué.

Et elle le voit, le lit parfaitement sur son visage. Toute la souffrance, les morts des champs batailles, les autres morts, dans ses yeux, dans ses cicatrices qui lui donneraient presque envie de détourner le regard. Elle sent quasiment la lame, dans la chair. Peut-être qu'il dit vrai, oui.

- Mais je ne crois pas en ce que vous dites. En la loyauté, l'honneur, la paix. J'ai vu les pires sentiments s'éveiller en ceux que je connaissais, et les consumer. Des querelles, politiques, religieuses, qui cachent pour la plupart toutes une envie de sang, ou de pouvoir. Le Noir et sa cruauté n'étaient que le reflet de tout ça.

Mais elle croit en la rétribution. Elle croit en la vengeance, oserait presque lui demander. Êtes vous cette lame, votre Grâce ? Celle de la juste rétribution ? Et jusqu'où irez vous, dans ce cas ? Puisqu'ils sont tous pêcheurs, n'en déplaisent aux septas qui vociféraient dans ses oreilles matins et soirs. Tous fautifs de quelque chose, tous responsables d'envies inavouables. Elle a vingt ans, et déjà perdu foi en l'humanité.

- À vous dire vrai, je crois votre cause perdue. Mais je vous sais sincère. Et je préfère sans aucun doute que Salvemer brûle toute entière de votre fait plutôt que de la savoir aux mains d'Eren Hoare.

C'est à cause de ce genre de choses qu'on la dit folle. Ou sorcière. Il n'a pas fini de se battre, et elle de souffrir. Elle l'accepte. Elle a longtemps lutté, s'est réfugiée dans ses songes, ses rêves d'aventure pour éviter de penser à ce qu'elle savait déjà. Elle n'a plus ce luxe désormais, est bien contrainte de vivre avec l'horreur, la guerre, le mal. Et choisir son camp.

- La brume est partout, les mauvais jours. Et les sentiers sont souvent boueux, mais ils existent.

Maintenant qu'il la fasse brûler, s'il le peut. Tout plutôt que la leur laisser à eux.

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L'honnêteté de l'empereur l'apaise, puisqu'elle répond à la sienne. Elle ne ressent aucune animosité qui pourrait en transparaitre, malgré tout ce qu'elle a pu dire d’inapproprié. Elle ne ressent à vrai dire que la glace, qui hache les syllabes de la langue commune et diffuse son froid dans la pièce. Le peu de rois, seigneurs et autres hommes de Foi qu'elle a pu entrapercevoir dans sa vie ne ressemblent pas à ça. Ils n'ont pas autant de sang sur les mains, pas autant de fantômes dans leurs yeux et n'ont pas les épaules de porter toutes leurs ambitions. Leurs ambitions et leurs conséquences. L'empereur, pourtant dépeint comme un homme bon, les a. Étrangement, avoir la certitude d'avoir un boucher se sachant boucher devant elle la rassure.

- En effet.  

Après avoir trop parlé, Eira expédie tout cela sans pouvoir faire autrement. Elle ne sait pas si ce en quoi il croit en vaut vraiment la peine. Elle aurait plutôt tendance à penser que non. Mais si autant d'hommes se jettent dans les bras de la Mort les yeux fermés pour lui... alors sans doute que cela a un peu de sens. Elle n'a de toute façon, aucune expérience qui pourrait l'infirmer. Son regard se perd un instant sur l'horizon alors qu'elle réfléchit. Après cela, il lui faudra penser à ce qu'elle fera. Sans père, sans frères pour lui dire quoi faire, avec la volonté d'épargner d'autres hommes de fiançailles potentiellement mortelles. C'est peut-être pour cette raison qu'elle fait autant trainer cette discussion, au lieu de répondre aux questions aussi vite qu'elle le peut. Après ça, il lui faudra bien trouver un autre but.

- Je ne sais pas tout de vos actes, Votre Grâce. Et je pense que personne ne peut s'offrir le luxe de n'être que bon, de nos jours. Mais je vous crois honnête. Cela me suffit.

Cela devra suffire. Peu lui importe qu'il soit dur, bon ou bien même fou à lier. Les idées sont belles, s'il ne fait tout ça que pour elles alors elle continuera de suivre cet empire peu importe où il la mène. Eira n'est ni assez instruite, ni assez confiante pour déduire quoi que ce soit des actes d'un empire qu'elle connait à peine. Elle se laisse principalement guidée par ses instincts, ses sens, et tout ce qui lui crie de faire ou non confiance à quelqu'un.

- Et vous n'êtes pas aussi terrifiant que ce que j'imaginais.

Elle se le permet, en faisant de son mieux pour ne pas en rire. Elle était terrifiée de tout avant d'entrer dans cette pièce. Son titre d'empereur. Devoir s'exprimer correctement. Son titre d'empereur. Répondre à des questions dont elle n'avait pas les réponses. Son titre d'empereur. Mais elle est encore plus terrifiée du courroux de sa sœur si elle avait refusé de s'entretenir avec le Braenaryon. Eira hausse les épaules, poursuit.

- Vous n'avez donc guère besoin de me convaincre. Je nous pense condamnés à la fange, mais je vous suivrai tant que vous avancez. Au moins pour cette honnêteté.

Et elle ira le dire à tous ceux qui le lui demanderont ou voudront l'attirer dans de maudites conspirations. Eira fait tourner nerveusement une bague autour de son doigt lorsque la vengeance est évoquée. La promesse qui est faite fait briller ses yeux d'une lueur qu'elle s'empresse d'éteindre. Elle déteste ça. Elle déteste ressentir autant de haine pour ces gens.

- Merci.

Une promesse est une promesse, elle n'en attendait pas tant. Quant au peuple...

- Eh bien, le peuple...

Malpolis, elle aimerait dire. C'est ce dont elle est le plus sûre, à entendre parler les cuisinières de Salvemer. Eira souffle.

- Je n'en sais trop rien, à vrai dire. La vocation de ma maison est de défendre nos terres des fer-nés. La décision de mon père de rejoindre Harren le Noir dans un premier temps est loin d'avoir fait l'unanimité. Mais vous divisiez aussi, surtout pour des questions religieuses.

Ça, elle le tient surtout de ses repas de famille. Pour le moins animés.

- Alors je dirais qu'ils ne vous aiment pas, mais détestent la Hoare.

Et de ça, elle en est presque sûre.

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Pourtant persuadée de pouvoir tutoyer la Mort tant elles se sont fréquentées, Eira n'est pourtant pas sûre d'avoir déjà entraperçu les monstres dont parle l'empereur. Les bêtes et les braves. Elle n'a vu que des gens indécis, parfois apeurés et parfois décidés à profiter d'une opportunité. Elle a pourtant la vive conviction qu'elle le sentirait, s'il était à ce point mauvais. Qu'elle le verrait dans ses yeux, comme elle a ressenti la violence des croisés à Salvemer. Et elle l'a détesté. De la violence, il y en a assurément. Dans ses yeux à lui, de plus en plus dans ses mots à elle. Elle déteste toujours ça. Les monstres, elle les imagine. Tout comme elle imagine sans trop le vouloir les cadavres de ses frères que personne n'a jamais voulu lui montrer. Ce à quoi ressemblait cette cicatrice, avant qu'elle n'en devienne une. Et quel genre de coup peut faire ça. Alors elle sait, au moins un peu. Elle sait à quoi les monstres ressemblent, et ce n'est pas à ça.  

- J'essaierai de garder ce secret pour moi, dans ce cas.

S'il s'agit seulement d'un secret. Quoi qu'il en soit, la légèreté qui émane de cette parenthèse la convainc qu'ils en ont terminé avec le reste, tout ce qui lui déplaisait, tout ce dont elle n'aurait jamais dû s'approcher. Mais il poursuit, pourtant, répondant à ce qu'elle a avancé sans être certaine de quoi que ce soit. La haine est là, mais ne sait peut-être plus vraiment qui viser. Les uns, les autres, le ciel et la terre sous leurs pieds.

- En effet.

Qu'elle confirme en installant au même coup un silence plus réflexif qu'autre chose. Elle ne sait pas grand chose des moyens d'attiser une haine populaire. Encore moins des moyens de la calmer. Et elle n'est pas certaine de vouloir apprendre. Tout ce qu'elle sait, c'est qu'elle se moque bien de la manière dont le fief Mallister sera repris, tant qu'il l'est. Sans doute qu'elle aurait eu la prétention de pouvoir donner des leçons de morale, avant, elle qui n'a théoriquement jamais causé aucun mal. Mais trop de gens ont souffert, trop de sang a coulé. Sans doute assez pour la rendre haineuse, elle aussi. L'empereur reprend la parole et lui propose à nouveau son aide. Eira secoue la tête.

- Je n'ai plus rien à vous demander, Majesté.

Ou seulement qu'on ramène son père car lui savait quoi faire. Il était dur, assez pour qu'elle n'ait jamais à réfléchir à son avenir, alors tracé par quelqu'un d'autre. Et pour ça, toute la bonne volonté de tous les empereurs de ce monde ne suffirait pas.

- Rien que vous ne puissiez exaucer, du moins.

Elle sourit, se lève et s'incline.

- Vous en avez déjà fait beaucoup en acceptant de me recevoir et de m'écouter, je vous en remercie.

Elle déroule les politesses comme on lui a appris, mais comme elle n'avait jamais su le faire avant. La nécessité est la meilleure des professeures, sûrement.

- Je quitterai Fort-Darion prochainement.

Qu'elle énonce, plus pour s'en convaincre elle-même que pour prévenir de quoi que ce soit. Eira hésite, se demande ce qu'il faut dire ou non, ou même s'il faut encore dire quelque chose. Elle finit par opter par la demande qu'elle trouve la plus adaptée et qu'elle adresserait bien à tout le monde, en ces temps-ci.

- Restez en vie. J'essaierai de faire de même.

Elle s'incline, à nouveau, et quitte la pièce.

Could the words ever be unspoken? Could the truth ever untell those lies? Could a promise ever have been unbroken?  

Pando