Il arrivait parfois que je dépasse les bornes de l'acceptable vis à vis des opinions de mon épouse. Ma chère Renarde ayant de tout temps été une femme pleine de ressources et aux compétences fort admirables se conformant la majeure partie du temps à mes vues comme mes plans concernant la manière de gérer le fief, le domaine, le peuple et notre maison. Cependant, elle possédait un fort caractère affirmée et n'avait rien d'une donzelle soumise. Oh, bien évidemment il s'agissait d'une véritable vénérable dame Bieffoise en cela qu'elle respectait les us et les coutumes de notre région du monde. Mais par bien des aspects, elle avait autant d'indépendance et de volonté qu'une Dornienne rompue à une vie libertaire quant à ses propres choix. Quand bien mème, elle n'éprouvait que bien peu de respect pour ces dernières et leur vertu réputée légère. L'acceptable évoquée s'avérant ètre la famille. Ainsi, si mes plans et autres ambitions ne s'approchaient point de trop près de nos marmots alors la matriache se contentait souvent de me sermonner quant à mes vélléités par trop fantasques.

Or, j'avais mis sur la table le sujet sensible. Nos enfants... La corde la plus sensible de Louanne Florent bien avant ma personne ainsi que la blessure que mon humiliation passée lui avait infligée. Je ne lui en voulais guère. Cela était la preuve qu'elle était l'une des meilleures mère qui soit. Cherchant à chaque instant à protéger ses petits. Hélas, nous n'étions pas des roturiers pouvant choisir de vivre heureux ensemble en ne nous contentant que d'amour et d'eau fraiche. Non, nous étions des nobles au sang bleu appartenant à la vieille noblesse de sang et à ce titre chacune de nos actions comme le moindre de nos choix avait des répercussions sur nous mèmes, nos proches, nos gens, nos terres et mème le royaume par extension logique. En général, il me suffisait de convaincre mon épouse en usant de moult patience et de cajoleries ainsi que d'une pointe de corruption physique ou matérielle. Bon, lorsque la famille était concernée sa valeur cardinale cela représentait un défi sérieux. Mais, je ne doutais en rien de mes capacités.

Lorsque mes lippes modifièrent l'atmosphère du lieu en raison du sujet de mon décès potentiel, je reculais prestement par réflexe martial en voyant la dame de céans se lever d'un bond presque félin. Oups. J'avais réellement poussé mle bouchon pour que Louanne fissure sa maitrise d'elle mème et de l'étiquette de la sorte devant un auditoire fusse t'il minime. Elle feula presque quand elle me menaca de me faire mettre dans mes propres geoles. Intérieurement, je fus pris d'un fou rire que je n'affichais pourtant pas. Restant parfaitement impassible je répondis.

"Dame il suffit ! Ce sujet est par ailleurs clos. De mème que celui de la gestion du domaine. Je sais que tu t'en chargeras avec brio. Je sais bien que tu aspires autant que moi à leur grandeur."

Le jugement de valeur dans les yeux de mon épouse face à mon vice préféré après ses colères bien entendu et l'adrénaline du champ de bataille me blessa plus que ce que je n'aurais pu imaginé. Pourtant, je savais pertinnement comment Louanne était lorsque ses sentiments prenaient le pas sur sa logique. J'avais eu vingt ans pour m'y habituer. C'était ainsi que je l'aimais. Tandis qu'elle reprennait place dans une attitude digne et altière, je me retins de me reservir une nouvelle coupe de vin afin de la narguer purement et simplement. Cependant, elle parvint à se calmer puisqu'elle n'évoqua plus les unions de nos rejetons.

"Des dépenses considérables en effet ma dame. Mais, ne vous en faites point ma mie. Je compte bien revenir les poches pleines de la campagne de l'Orage. Si les Sept le veulent et le permettent je reviendrais avec un trésor de guerre conséquent qui nous permettra de renflouer nos caisses avant que les fruits de ces investissements puissent ètre récoltés. Merci pour notre fils. Il est impétueux et téméraire mais il apprend vite. Nul doute que vous saurez lui enseigner patience et responsabilité."

Le vieux mestre de la maison Florent ayant servi mon pater avant moi acheva de faire porter l'attention générale sur lui. J'observais sa pesante chaine de différents métaux avec intérèt avant de reporter mes yeux sur le vieux sage.

"Mon seigneur. Cela représente énormément de projets mais vous avez balayé l'économique autant que le religieux ainsi que le militaire. Je pense que feu votre pater serait fier de vous. Pär contre, je me permets de vous mettre en garde quant à vos ambitions. Le roi devrait ètre mis au courant de votre volonté d'extension domaniale. En tant que votre suzerain, il devra donner son assentiment. Sinon, il pourrait le prendre comme une tentative de bafouer son autorité et de prétention à disons... Un statut supérieur que vous ne cherchez pas my lord."