La capitulation est actée, la Constitution est signée et les Festivités sont passées. Entre temps, le Grand Septon m’a excommunié et proclamé Jonos comme seul et unique Souverain légitime du Val et de la Montagne, mes alliés d’hier m’ont fait part – en partie – de leur déception et mes alliés d’aujourd’hui m’ont offert un accueil tout aussi mitigé. Si je ne suis nullement surpris, l’audace – ou la stupidité – politique du Prince Régent ou le silence des Lions m’ont étonné.

Enfin, ma Maison a droit à ses propres chamboulements. Je prends le risque d’éloigner Jonos des terres valoises. Si j’ai été motivé par un désir de l’isoler – ou de le restreindre à un environnement militaire strict, maitrisé et surveillé –, l’envie d’en faire un meilleur homme que je ne le suis m’a également poussé à cette rude décision. Il ne pourra pas devenir un bon Roi – si je manque d’héritier ou de descendance – ou un valeureux Arryn au service de la Couronne s’il reste confiné entre quatre murs, offert en appât à des comploteurs.

Et puis, il y a Ysilia. Et l’enfant qu’elle porte. L’événement m’emplit autant de joie que de crainte. J’ai déjà gouté aux espoirs d’une paternité avec Nymeria, mais on me l’a arraché. Aujourd’hui, l’opportunité se représente mais nullement sous de bons augures. Aux dangers propres à chaque grossesse se rajoutent les risques considérables d’une guerre civile. Il y aura de lourdes décisions à prendre, de longues nuits blanches en prévision, et sans parler des folies propres à de telles situations.

Je vais me remettre en chemin pour retrouver une armée déjà en marche vers le Conflans. Je quitte enfin les frontières de mon Royaume, après quasiment dix-huit ans – plus ou moins –, mais nullement de la façon dont j’ai toujours rêvé. J’ai la tête pleine de soucis, le cœur brulant d’une rage inexpliquée et intangible et le sang bouillant. Comme si le temps m’est compté.

- Dans quelques heures, je m’en vais. Je veux en profiter pour échanger à vive voix sur des sujets sensibles et importants, commençais-je.

Nous étions réunis dans les appartements assignés au sein du palais impérial. J’invite Ysilia et Asher à s’asseoir. Hormis nous trois, il n’y a personne.

Lord Elesham et Lord Belmore seront les suppléants au collège impérial. Le premier a failli payer de ses terres par ma faute. Le second reste un vassal important de la Maison Arryn et doit être récompensé d’une façon ou d’une autre.

Cette décision est assez simple, et peu couteuse.

- Mon oncle reprend son rôle en tant que Capitaine de la Garde du Faucon. Il faudra un nouveau Maitre Espion. Vous serez en charge de le nommer, et sans plus tarder. Je vous fais pleinement confiance. Le contre-espionnage doit primer sur tout le reste. Si j’ai besoin d’espionnage sur les terres du Conflans ou de l’Ouest, pour défaire les Lions, je ferais appel à l’aide de nos nouveaux alliés.

Cette décision est simple en apparence, mais elle me coute. Qui va être mes plus fidèles yeux et oreilles au sein de mon Royaume ?

- Tout Trésor qui nous reste sera investi dans un port plus facilement défendable. Le domaine des Lynderly me semble un bon compromis. Le Lord a battu vaillamment et est mort avec honneur, et ses terres ne sont pas loin des Eyriés : il sera aisé de déployer des garnisons et des armées rapidement si danger. L’accès à nos plaines aideront à maintenir un siège bien plus longtemps. A défaut de créer des hommes, nous allons continuer à construire des navires. J’ai cette ambition folle de rivaliser avec les autres flottes, dans les mois ou années à venir. S’il est aisé de défendre le Val par la terre, je manque de bras pour couvrir toutes les côtes.

Je me tais, conscient de tout ce que j’exige.
L’irréalisable.
Ou la folie.
Le choix leur appartient.

- Entre les réactions à ma capitulation, ces festivités et la réaction respective de nos nouveaux alliés, les agitations à Rougefort et à Goeville et ce que je viens de vous dire, quels sont vos sentiments pour l’avenir ?

Ysilia essayait de ne pas y penser, comme si cela allait permettre de retarder l'échéance du départ de Ronnel pour la guerre. Elle était belle et bien consciente qu'elle n'avait aucun pouvoir pour faire en sorte qu'il reste auprès d'elle ou qu'il vienne à regagner le Val. Et pourtant, il aurait été plus que nécessaire qu'il soit avec elle, avec eux, quand la délégation valoise allait retourner aux Eyrié. La capitulation avait produit un véritable séisme, pas seulement pour l'Empire, mais directement au cœur même du royaume. La jeune femme avait beau avoir grandi sur ces terres, elle avait beau avoir toujours connu ce peuple, avoir côtoyé des personnes qui n'avaient clairement pas le même point de vue, elle aurait eu envie de dire que le peuple du Val et de la Montagne était un éternel insatisfait. Les mêmes personnes qui critiquaient l'entrée du royaume dans la guerre aux côtés des Puissances Centrales, étaient ceux qui aujourd'hui louaient les Dieux de ce revirement de situation et qui remerciaient le Roi d'avoir cessé la folie de faire la guerre à la puissance la plus forte à leurs portes. Ceux qui s'étaient félicités de la guerre, étaient prêts sans doute à mettre la terre à feu et à sang pour la trahison d'un Roi qui avait changé de direction et d'alliance. Quant aux fervents partisans de la neutralité, dans un cas comme dans l'autre, ils n'étaient pas contents puisqu'ils subissaient la domination d'une puissance extérieure ou d'une autre. Sans parler de l'intervention du Grand Septon, qui venait à rajouter un peu plus d'huile sur le feu qui commençait à couver ou plutôt, qui couvait depuis trop longtemps dans le Val.

La jeune souveraine ne pouvait en aucun cas dire qu'elle ressentait un réel sentiment de sécurité, que ce soit ici à Fort-Darion où ils étaient vus par certains comme des traîtres, qu'une simple constitution signée ne pouvait effacer les crimes, mais elle s'inquiétait également qu'il puisse lui arriver quelque chose en regagnant les Eyrié. Assumer son rôle de souveraine ne serait pas un problème, elle était prête à faire tout ce qu'elle pouvait pour son époux, pour le titre qui lui avait été accordé, et pour la confiance conférée par Ronnel. Cependant, elle était à présent enceinte, et elle ne voulait pas vivre le même cauchemar que Nymeria, elle ne voulait pas mourir à cause d'une trop grande anxiété ou de la main d'un de ses sujets. Néanmoins, elle portait en elle l'avenir de la maison Arryn et pour son enfant, elle désirait le meilleur. Il était bien hors de question qu'elle vienne à accoucher dans un royaume qui serait en proie à une guerre civile. Et pour l'aider dans sa tâche, elle avait la chance d'avoir son père à ses côtés sur qui elle pourrait réellement se reposer. Ysilia gagna alors l'un des fauteuils présents dans la pièce et elle écouta attentivement les paroles de son époux. Pour Lord Elesham et Lord Belmore, elle n'avait rien à dire sur le choix des suppléants au Collège Impérial. Peut-être allait-elle rester quelques jours de plus à la capitale, mais maintenant qu'il n'y avait plus d'Arryn sur place, elle ne devait pas non plus tarder à rentrer et il fallait des personnes de confiance ici pour représenter le Val. Elle hocha la tête pour toute réponse.

« Il va falloir au plus vite choisir une personne pouvant remplacer Smaug, néanmoins, ne nous précipitons pas trop non plus. Avec ce changement d'alliance, il ne faudrait pas que le nouveau maître espion vienne à travailler contre nous, plutôt qu'avec nous. » Il ne fallait pas se retrouver avec un couteau planté dans le dos par celui même qui devait venir à déjouer les complots qui pourraient se créer contre la famille royale. Pour autant, elle n'était pas aussi certaine de l'investissement maritime. « Je suis totalement pour l'idée de créer un nouveau port, ou dans développer un autre, nous avons plus de côtes que de frontières terrestres, mais s'engager plus encore dans la construction de navires était-il essentiel pour le moment ? Nous partageons la flotte avec l'Empire maintenant … De plus, tu pars en guerre, il va donc falloir assurer le ravitaillement de tes troupes, ne serait-il pas mieux de garder une partie de l'argent à investir pour les navires, et de l'utiliser pour t'aider dans ton voyage puis ton combat à travers le Conflans ? » Elle se voulait raisonnable, alors que les côtes du Val ne pouvaient plus être directement menacés à moins qu'une flotte ennemi ne fasse le tour du continent pour venir les attaquer. « Soyons honnêtes, les prochaines semaines, les prochains mois ne seront pas faciles. Mais nous sommes toujours debout et nous nous battons pour continuer à l'être. L'avenir est flou, il n'est pas encore perdu pour autant ! » Dit-elle dans un sourire qui se voulait rassurant.

Les avis fusent vis-à-vis de mes directives. Patiemment, j’écoute chacun jusqu’au bout. Je n’interromps pas, et je n’offre ni grimace, ni sourire pour les décourager ou pour les encourager.

- Mes parents m’ont légué un royaume riche, mais affaibli militairement. Or, la force militaire est nécessaire pour qu’un royaume soit véritablement entendu et, surtout, craint. Tant que nous ne l’avons pas, nous ne serons jamais véritablement saufs et surtout avec des dragons en voisin. Aujourd’hui, l’Impératrice est juste et honorable. Demain, qu’en sera-t-il de ses enfants, le futur Empereur et la future Reine de Peyredragon ? Ce ne sont que des exemples de bien d’autres scénarios affreux. Considérez-moi fou, s’il faut, mais je suis certain que cette décision est nécessaire, lui dis-je. Westeros doit apprendre à craindre le Val. A défaut de pouvoir créer dix à vingt mille hommes en quelques mois, je peux ordonner la construction de navires ou de l’agrandissement de ports. Et c’est ce que vous allez faire, pendant que je tente d’écrire l’Histoire du Val avec l’épée.

Ce point est non négociable. Mon ton, mon regard, ma posture … tout l’indique. Ai-je tort ? Ai-je raison ? Qu’importe ! Dans tous les cas, il est hors de question que j’économise nos énergies. Je m’assurerai simplement de maintenir assez de trésorerie pour payer l’armée, les marins et la milice pour éviter une mutinerie d’hommes affamés ou sans-le-sou.

- Bientôt, il faudra lancer de nouvelles commandes de navires. J’ai une grande préférence pour les caravelles, mais je sais que leur construction peut être couteuse et que, comme l’a souligné la Reine, nous pouvons manquer de moyen. Je ferais quelques calculs et je vous enverrai mes ordres dans les prochains jours, indiquant le nombre exact de navires dont nous lancerons la construction, indiquais-je, soupirant : une nouvelle nuit d’insomnie en perspective à l’horizon.

L’équilibre budgétaire est tendu, mais nullement impossible. J’ai encore quelques cartes sous ma manche dont je vais faire bon usage.

- Quant à moi, je serais soutenu par les forces du Roi Jon et du Roi Lyham au Conflans, et j’emporte déjà assez d’approvisionnement pour nourrir deux armées, assurais-je, repensant aux monstrueuses commandes faites en amont. Si les fronts du Conflans sont, enfin, assurés, et si toute rébellion est étouffée au sein du Val, alors nous pourrons espérer victoire et paix.

Je sous-entends par-là que la guerre sera sur d’autres fronts, sur d’autres territoires, mais que l’approvisionnement ne sera pas la plus grande difficulté. Si nos lignes ne sont pas coupées – et il sera difficile avec la configuration actuelle –, hormis la guerre et ses aléas, je n’aurais pas de grandes difficultés.

- Cet ordre est le vôtre, Lord Asher. Si vous êtes prêts à faire ce changement de noms, je vous en remercie grandement. Le geste sera symbolique, voire fort. La dissension n’aura pas sa place au cœur du royaume, ni jamais, ni dans le futur et surtout durant mon règne, dis-je avec ce même ton calme. Je suis étonnamment serein. Lord Asher, je vous prierai de maitriser toute possible rébellion au plus vite et m’envoyer toute garnison libérée de ses obligations pour me soutenir au front. En l’état actuel, et au vu de la taille de mon armée, je ne refuse pas l’envoie d’hommes, même s’ils ne sont qu’une poignée.

Si j’ai pu sauver mon armée principale, elle n’en reste pas moins petite et encore inexpérimentée.

- Ma Reine, je vous prierai fortement de ne pas vous rendre à Rougefort ou à Goëville sans une solide garnison, dis-je, le ton un brin plus dur et tranchant. Je vous laisse un lynx, qui vous accompagnera de jour et de nuit dans chacun de vos déplacements. Si les hommes font défauts, cette bête sera le dernier rempart à la bêtise humaine.

Si les chances que la Reine soit attaquée, elles n’en restent pas moins assez importantes au sein d’un royaume qui est constamment pris entre deux feux depuis le début de l’ère des luttes.

- Le Conflans commet la bêtise d’accorder plus de crédits à l’Ouest, qu’au Val. Nous avons rendu les armes, car nous nous sommes retrouvés pieds et poings liés. Nous nous plions à l’Empire, car nous avons été floués par cet allié de longue date. A l’inverse, les Lions ont encore assez de griffes et de crocs pour déchiqueter ses adversaires. Au mieux, le Roi Lyham ne perdra qu’un bras. Au pire, tous ses efforts et ses sacrifices pour être le Roi d’un Conflans uni seront réduits à néant. Il apprendra, comme j’ai appris.

A mes yeux, la Princesse Mahée et le Roi Lyham ne sont guère plus honorables que moi. Ils ont trahi leurs souverains respectifs pour se saisir d’une Couronne offerte par l’Empire. Certes, il y a des idéaux, des injustices et bien d’autres éléments, mais les faits sont là, indélébiles. Je n’exprimerai rien à haute voix, naturellement, ayant perdu ce droit à l’instant où j’ai capitulé, déposé les armes et promis de me retourner pleinement et totalement contre mes alliés d’hier.

- Nul Ouestrien ne mettra pied au Val tant que la Maison Lannister n’a pas été détruite, ou brisée, annonçais-je. Je préfère encore verser le sang valois sur le Conflans, et donner toutes ces terres aux Loups, aux Dragons et à la Biche, plutôt que de voir un seul étendard de Lions ! Si la Truite est incapable de protéger ses terres, nous nous en chargerons.

Je n’autoriserai plus des lions rayonnants au sein de mes terres, et encore moins auprès des membres de ma Maison. Je n’accepterai que de petits chats dépourvus de griffes, de crocs, aussi suppliant que je l’ai été il y a peu. Je n’ai qu’un seul regret, portant le nom de Megara Lannister. J’ai apprécié cette belle-sœur autant que mon beau-père et je la juge plus courageuse que ses pairs. Malgré l’amertume et la violence de mes dernières lettres, elle a osé répondre. A l’inverse, ni Lyman, ni Jordane n’ont répondu : les pleutres, les vautours, les charognards !

- Vous faites bien, ma Reine, me contentais-je de répondre laconiquement. Plus vite vous serez à l’abri des Eyrié, et plus vite je serais rassuré.

Je ne dis rien de plus vis-à-vis des Trois-Sœurs. Mon visage s’assombrit, malgré moi. Je tente de me reprendre. J’espère qu’Ysilia comprend là que je ne dénigre pas son effort. Je suis simplement encore trop touché par cette perte, tant par sa symbolique que pour son coût !

- Nous ferons au mieux pour revenir aux Eyrié au plus vite et imposer notre sérieux et notre rigueur à votre quotidien, je vous le promets, me moquais-je, cherchant maladroitement – et avec courtoisie – a rehaussé un peu le ton de la conversation, ou mes précédents propos. J’en profite pour glisser un regard complice, et désolé à la fois.

A quelques occasions, surtout dans cette intimité familiale, je peux oublier – quelques secondes – que je suis Roi. Je me permets, un peu, d’être encore un simple gosse.

Je retrouve bien vite mon sérieux.

- Je souhaite également que nous honorons tous nos engagements pris lors de la capitulation avant que je n’entame mes premiers combats au Conflans. Plus nous lambinerons, et plus nos nouveaux alliés pourraient se méfier davantage de nous. Je ne veux guère donner de raisons de plaintes au Conflans et à Peyredragon, qui semblent avoir grande peine à nous supporter. Allez comprendre ! La Truite n’a jamais eu à se plaindre de nous, et le Régent a largement eu son dû dans l’histoire, en mettant une Princesse de ses terres sur le Trône du Val, dis-je avec un certain agacement. Les décisions du récent Collège Impériales sont en ligne avec mes décisions, nous n’avons pas à faire un effort supplémentaire. Les terres sont données, les ordres envoyés aux architectes pour ces abris. Je crois qu’il ne reste plus que les mariages. Que Peyredragon, Orage et Empire fassent leurs propositions. S’il y a plusieurs candidats, je trancherai. S’il n’y a qu’un seul choix, que le mariage se fasse rapidement et je vous laisse gérer les modalités.

Ysilia n'avait pas eu l'occasion d'être présente à la réunion du Collège Impérial. Bien que la place revenait normalement à la souveraine du tout jeune royaume fédéré du Val et de la Montagne, pour siéger au côté de son époux, elle était parfaitement consciente que pour le moment, la question de la stratégie militaire était sans doute bien plus importante que et prioritaire que d'autres décisions que ce conseil une fois réunie pourraient être prises pour l'avenir de l'Empire. Pour le moment, il était essentiel que Ronnel et son père viennent à travailler de concert avec l'ensemble des membres présents, souverains ou autres représentants, pour faire les bons choix et se défaire au mieux des forces ennemis, qui étaient maintenant les leurs également, et que les soldats fédérés devaient combattre sur plusieurs fronts. Ils avaient fini par capituler, et les ennemis d'hier étaient devenus les amis d'aujourd'hui et inversement. Pour autant, elle ne pouvait pas oublier malgré tout que même si son cœur était sans doute plus favorable à l'Empire qu'il ne l'était vis-à-vis des Puissances Centrales, elle avait noué quelques amitiés avec des gens qui se trouvaient dans le camp opposé, comme Jeyne Lannister par exemple, qu'elle avait rencontré lors de son voyage à Castral Roc, il lui semblait une éternité à présent et elle espérait qu'un jour elle pourrait retrouver son amie, sans que la souffrance ne vienne définitivement à les séparer. En attendant, Ronnel n'avait pas manqué de discuter de ce qu'il s'était passé et de ce qu'il s'était dit pendant la réunion et elle pouvait comprendre l'amertume et le reproche qui se ressentaient dans les paroles de son époux. Elle regarda à tour de rôle son époux et son père. « Et il apprendra Ronnel. De ce que j'ai compris de ce que vous m'avez rapporté de cette rencontre, d'autres se sont permis de leur rappeler leurs engagements. Alors, il finira par comprendre je l'espère. Dans tous les cas, même si je sais que cela est tentant, il faut mesurer son enthousiasme par rapport à cette situation et le fait que c'est au tour de Lyham Tully d'être dans une position délicate, suite à ses propositions. » Même si elle pouvait comprendre que cela était tellement ironique que ça pouvait prêter à sourire.

En tout cas, elle était profondément heureuse et fière de voir que Ronnel avait repris du poil de la bête. Lui qui était si fortement désabusé après la capitulation du Val, avait à présent repris des forces, et semblait prêt à manger un lion s'il le fallait. Elle ne manquerait pas de prier les Ancieux Dieux pour pouvoir avoir leur soutien dans la guerre que son époux allait mener dans les prochaines semaines, et qu'il lui reviendrait en vie. Elle n'avait pas envie de perdre le Val mais elle n'avait pas non plus envie de perdre son mari, leur relation était peut-être différente de celle qu'il avait connu avec Nymeria, mais son amitié était un véritable trésor pour elle. Elle s'exprima ensuite sur la question d'une rencontre avec la Reine du Nord, décision qu'elle trouvait essentiel, de pouvoir réussir à nouer des liens avec les autres souveraines, là où les hommes pouvaient parfois avoir du mal à discuter sans que leurs caractères ne viennent à pousser la conversation à s'enflammer au-delà des limites du raisonnables. Vu que certaines étaient inaccessibles pour le moment, autant qu'elle profite de se rendre jusqu'à Blancport pour créer de nouveaux liens avec Eleanor Stark. Elle inclina doucement la tête pour remercier son père quand il parla de décision judicieuse, par contre le manque de réaction de Ronnel la toucha, bien qu'elle n'en montra rien. Il semblait bien plus pressé à ce qu'elle rentre aux Eyrié, à ce qu'ils y rentrent tous plutôt que le reste. Quant à la question des mariages, elle ne manquerait pas de se renseigner sur les partis qui pouvaient être intéressants pour eux, et venir à les proposer si les royaumes concernés ne le faisaient pas directement. « Je ne doute pas que nous saurons tous les trois trouvés ensemble les meilleurs partis pour marier les différents prétendants à une union. »

- Le Val et la Montagne reste en danger tant que l’Ouest n’a pas capitulé et que le Bief n’est pas clairement menacé ou acculé. Tant qu’ils sont debout, et puissant, ils se donneront à cœur joie de créer les troubles au sein de mes terres, par leurs manœuvres ou grâce à la Foi. Même si l’envie de me jeter dans la gueule du lion me démange, je sais qu’il faut agir intelligemment et garantir autant que possible le succès de l’Empire et des Royaumes Fédérés. J’accomplirai le nécessaire pour prévenir les futurs valois d’une nouvelle guerre, ou pour leur assurer une puissance suffisante pour supporter une quelconque guerre, expliquais-je. Le Conflans est la terre natale du Roi Lyham Tully. J’apporterai mon aide. J’aviserai si jamais il refuse d’accomplir le nécessaire pour ses terres. Je sais que je pourrais compter sur les forces du roi Jon Stark, soit l’essentielle de la force militaire.

Je commettrai les pires actes, comme les plus braves prouesses, dans le seul et unique but de préserver ce qu’il reste d’un Val amputé de quelques territoires et, surtout, de son honneur. Le Royaume doit se reconstruire sur les cendres des perdants – et non être, encore, un nouveau perdant. Pour certains, je suis un Roi lâche, félon, rancunier et avide. Pour d’autres, je suis surtout un homme au désespoir, dont les chances de garder la tête sur ses épaules – et, surtout, assurer un avenir à sa propre descendance – décroissent à chaque seconde passée. Le Val ne va pas se reconstruire en restant sagement dans sa zone de confort. Surtout, je refuse d’avoir capitulé sans avoir fait repayer la monnaie de sa pièce à des Lions qui m’ont considéré comme le dindon de la farce.

- Donnel Royce est votre fils, et Roche-Aux-Runes est votre domaine. Si cet arrangement vous convient et est accepté par nos nouveaux alliés, elle me convient également. Malgré leur colère pour l’Orage, les seigneurs valois les plus rancuniers n’oseront rien faire ou dire envers de petits enfants innocents. C’est la solution la plus pérenne.

J’ai la grande impression que tous les sujets ont été traité convenablement.

- Si Peyredragon offre le choix de l’épouse pour mon frère, vous et lui auront droit de donner un avis et une préférence. Je serais celui qui trancherait, qu’importe s’il y a majorité ou non, dis-je, préférant taire là le caractère un tantinet ambivalent de Jonos. J’évite également, par-là, tout futur conflit plausible et imaginable.

Il est trop jeune, mais il n’en grandit pas moins. Dans une poignée d’années, il ne sera plus un enfant. Si je ne souhaite pas l’inclure dans les débats vis-à-vis du futur du Royaume, à son grand dam assurément, je veux lui donner davantage de latitude pour ces décisions le concernant directement. Il est encore trop immature pour pleinement saisir tous les tenants et aboutissants de la politique. Enfin, il y a encore cette menace constante de la Foi. Les intrigants, les comploteurs et les espions seront nombreux autour de lui. Par mégarde et naïveté, il pourrait se montrer bavard …

- Il semble que nous avons abordé les plus grands sujets. Nous aviserons des actions à accomplir le temps venu, et selon le développement de la situation. Ma Reine, gardez-moi informé de tout événement au sein des Trois Sœurs. Conseiller, faites-moi des rapports réguliers sur la situation du Val.

Je salue chacun. J’invite Ysilia à me suivre, prêt à offrir un peu de paix au beau-père.