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 Tour 10 – Trahison à La Griffonnière - Année 2 - Mois 5 - Semaine 3

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MessageSujet: Tour 10 – Trahison à La Griffonnière - Année 2 - Mois 5 - Semaine 3   Tour 10 – Trahison à La Griffonnière - Année 2 - Mois 5 - Semaine 3 EmptyVen 10 Fév - 14:13

Trahison à La Griffonnière
Orage Fédéré



La guerre est faite de sièges et de batailles, d’escarmouches en tous genres. On y retrouve ce qu’on voit de mieux chez l’Homme, mais surtout le pire. Le plus grand des courages côtoie la plus misérable lie de l’âme humaine. Il y en a qui se montrent valeureux et honorables, et d’autres qui n’ont que leur survie, et celle de leurs proches, à l’esprit.

Même au pays de la guerre en Westeros, les nerfs lâchent.

Le général bieffois Stackhouse a fait diversion, en attaquant La Griffonnière après sa victoire du Val Maurand. Il est aussitôt reparti, après avoir laissé une troupe d’importance mener quelques travaux de siège. Des tranchées furent creusées, quelques engins construits, et l’on bombarda la place à distance ; des rocs furent envoyés contre les puissantes murailles et un tourelleau secondaire fut incendié par un tir chanceux qui renversa un brasero. Dans les deux camps, les pertes étaient légères. La majeure partie du temps, il n’y avait que quelques échanges de tirs quotidiens, qui parfois dégénéraient en volées de projectiles en bonne et due forme, mais rien de trop dramatique.

Et puis, les bieffois firent défiler à chacune des sept prières un septon sous les murs de la ville, l’homme psalmodiant, remuant un bougeoir à encens. Il faisait ensuite un prêche pendant près d’une heure, à chaque fois, appelant qui l’entendait à se faire pardonner des dieux, de chercher la rédemption pour ses péchés. Les miliciens de l’Orage étaient perturbés. Ils avaient entendu les échos des batailles récentes, des armées détruites. Leur seigneur, mourant, absent. Son frère, tué au Val Maurand. La dixième nuit de siège, lors de la dernière prière, un homme tenta d’abattre le septon d’un tir d’arbalète. Une bagarre éclata sur les créneaux, quand les miliciens du guet en vinrent aux mains. Le religieux, lui, ne s’était pas laissé démonter par les éclats de voix tombant des créneaux, et brandissant le poing, vouait la place à la damnation éternelle si aucune des âmes en son sein ne s’élevait contre l’hérésie impériale et la violence contre les fidèles de la seule vraie Foi.

Les heurts s’achevèrent finalement, dans une atmosphère pesante.

Et la nuit venue, la relève de la garde aux portes trouva une demie-douzaine de soldats la gorge tranchée et le poitrail lardé de coups d’épée ou de lance, abandonnés dans la rue. Tous appartenaient à la même patrouille. Malgré les appels à l’aide de la relève, personne ne vint, et aucune cloche d’alarme ne sonna. Un grand grincement de bois et de gonds corrodés déchira la nuit… Et la patrouille arrivée aux portes tomba nez à nez avec un millier de bieffois en armes. Sur les murs, plusieurs défenseurs agitaient des torches en direction des assiégeants. Sept miliciens, comme un symbole… Mais ce n’était qu’un hasard, deux des mutins ayant été tués dans l’accrochage découvert dans les ruelles de la cité. Un hasard interprété comme un signe par les assaillants, toutefois, qui comprirent que la ville se livrait.

Il n’y eut pas de combats. Des insultes. Des prisonniers molestés. Mais les miliciens se savaient vaincus dès que les portes avaient été ouvertes, alors la résistance opposée ne fut finalement pas armée. Trahis, cernés, en pleine crise de confiance et de suspicion vis-à-vis des leurs, les miliciens n’étaient pas en mesure de se défendre efficacement. Les bieffois se comportèrent avec ordre et méthode, désarmèrent les milices, fouillèrent les maisons et les greniers de la ville. Il y eut quelques débordements, mais l’armée Stackhouse était bien tenue et bien commandée. Passer toute une ville à la torche quand son ralliement s’était fait sans trop de résistance aurait été si mal vu des dieux… Personne ne s’y risqua. Finalement, peu de sang avait coulé pour la prise de la ville, une forteresse centrale, mais l’événement était symptomatique de la situation de l’Orage.


Le pays, après deux ans de victoires et de défaites, était plus que jamais au bord du précipice. L’aide impériale lui a permis de tenir, mais son armée principale est encerclée et isolée à Wensington, un corps de renforts Braenaryon tient toujours Nids de Corbeaux, plus loin au sud… Et la capitale, garnie de troupes disparates, est désormais coupée du reste du pays par la perte de la forteresse des Connington.

Plus encore, les événements montrent bien la lassitude de guerre du peuple orageois. Envahis depuis deux ans, ils combattent sur leur sol les fer-nés, riverains, bieffois, croisés, dorniens à tour de rôle. Quatre de leurs plus grandes villes sont aux mains de l’ennemi. D’autres tomberont sans doute. Il y a eu des campagnes incroyablement violentes, et la population s’est parfois retournée contre elle-même en suivant les discours enflammés des religieux. La guérilla a été réprimée dans le sang, quand elle n’a pas incendié des régions entières pour ne fournir aucune ressource à l’occupant. Les greniers se vident, les villes côtières peinent à être ravitaillées par l’Empire du fait d’un blocus naval lancé depuis Rocvert conquise. Plus que jamais, les forces du Roi Manfred, épaulées par celles de la Foi, semblent mettre à terre le pays des tempêtes.


L’Orage est désormais un pays où l’espoir semble peine perdue.


Sa Reine, toutefois, est toujours en vie, et avec ses hommes. Il y aura d’autres héroïsmes, et d’autres drames, avant la conclusion de la campagne.



Le Cyvosse
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