Au sein de cette cabane sur piloti typique du Neck, une femme hurlait. D’autres pleuraient. Un homme jurait contre tous les dieux imaginables.
Une apparition suffit à tous les réduires au silence. La nouvelle venue ne paraissait pourtant pas dangereuse. Il s’agissait d’une femme sans âge, décharnés, aux cheveux en bataille, et portant des vêtements usés jusqu’à la corde.
Après quelques instants de silence, l’homme se décida enfin à prendre la parole.
« Gwendoline. Les anciens dieux soient loués. Vous voilà enfin. »« Ce n’est plus Ginny la folle ou la sorcière ? » Répliqua la nouvelle venue avec ironie.
Soudain les râles de la femme enceinte reprirent. Le pauvre homme était au pied du mur.
« Moi seigneur de la maison Bonvert si vous sauvez ma femme et mon premier enfant, je m’engage à vous donner la récompense de votre choix. »« De mon choix, vraiment ? »Le seigneur Bonvert était loin d’être un lâche. Toutefois il savait admettre quand une situation lui était défavorable.
Par conséquent il baissa les yeux, et hocha la tête.
« Je ne cracherai pas sur un bon serpent bien grillé. »Etait-elle sérieuse ?
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La pauvre enfant craignait s’être perdue, lorsqu’elle vit ? Une habitation ? Un terrier ? Un amas de ronce ? Un monticule ?
Quoique ce soit, il contenait une ouverture. La gamine était allée trop loin pour renoncer. Elle pénétra donc à l’intérieur.
Et dire qu’elle trouvait l’extérieur indéfinissable. Des plantes poussaient partout, des visages similaires ceux des barrals trônaient sur les parois, et toutes sortes d’objets étranges trainaient partout.
Au milieu de ce chaos émergea une femme à l’apparence sale et ténébreuse. Elle adressa d’abord un regard compatissant à la pauvre enfant.
« Tu t’es perdue petite ? »
« Oui, enfin non. Ça dépend. »« Ça dépend de quoi ? »« De qui vous êtes ? »« Là aussi ça dépend. Je peux être Gwendoline la sage ou Ginny la folle. »« Et moi je suis Bethel Bonvert. » Coupa la gamine enthousiasmée d’être parvenue à son but.
« Tu as bien grandis depuis la dernière fois. »« Vous m’avez sauvé moi et ma mère. Je voulais vous voir et vous remer.... »
« Et bien tu m’as vu. »
« Attendez, il n’y a rien que je puisse faire pour vous ? »« Non je me débrouille très bien toute seule. Quoique toi aussi tu t’es bien débrouillée pour parvenir jusqu’ici. Dis-moi petite ça te dirait d’apprendre ? »« Apprendre quoi ? »
« Rien de moins que tous les secrets du Neck. »***************************************
« Qui va là ? Qui s'avance devant les dieux ? »« Bethel de la maison Bonvert, vient ici se marier. Une femme accomplie et fleurie, de naissance légitime et noble, elle vient implorer la bénédiction des dieux. Qui vient la revendiquer ? » « Moi, Liron, de la maison Reed, seigneur de Fort-Griseaux. Je la revendique. Qui l'accorde ?»« Moi, Jehan Bonvert, Père de cette femme. Bethel acceptes-tu de prendre cet homme pour époux ? »« Oui je le veux. » Suivi alors le baiser d'usage. Il fut formel et dénué de passion. Pourtant Bethel se permit un léger sourire.
Elle n'aimait pas Liron en tous cas dans le sens romantique du terme. Mais elle croyait en lui en tant que futur meneur du peuple paludier. Cet homme possédait un grand sens du devoir et était un guerrier né. Et ça valait bien tous ces poèmes vantant l'amour.
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Encore un peu de vase échoua sur le sol. Le vomitif avait accompli sa tâche et par extension Bethel. Juste après elle se releva, et effectua un regard circulaire dans cette vaste salle de Fort-Griseaux. Aucun réfugié n’y était négligé. Tout le monde s’attelait à sa tâche... ou presque.
De cette absence découla une grimace sur le visage de la paludière.
« Où est-elle ? »Cette question tourna en boucle dans la tête de Bethel alors qu’elle arpentait le foyer de la maison Reed.
L’endroit offrait de multiples cachettes. Sauf que Bethel connaissait sa proie comme si elle l’avait faite. Car c’était littéralement le cas.
Comme prévu Bethel finit par mettre la main sur sa fille dissimulée sous un escalier. Willoma présentait des yeux rougis comme si elle venait de pleurer. Mais Bethel n’en avait cure.
« Comment oses-tu te cacher ! Tu devrais être entrain d'aider. C'est ton devoir. Tu es une Reed. Ne l'oublie pas. »« Je ne pouvais pas les regarder. »Face à cette supplication Bethel s’attendrit un peu. Elle s’abaissa afin d’être à la hauteur de l’enfant, puis échangea les réprimandes au profit d’explications.
« Je sais que c’est dur. Mais tu dois prendre sur toi. Tu comprends ? »Des larmes coulèrent de nouveau sur le visage de Willoma.
« C’est toi qui ne comprend pas maman. Tout est de ma faute. »Bethel en resta sans voix. Cette montée des eaux ayant frappé des habitations paludières constituait juste un phénomène naturel.
Se sentant sa mère attentive Willoma tenta de s’expliquer.
« C’est comme avec Rodrik. »
« Rodrik ? » Répéta dans un premier temps Bethel en songeant à l’ancien camarade de jeu de sa fille.
« Tu n’étais même pas présente lorsque ce serpent l’a mordu. Tu n'as pas à t'en vouloir. »
« Je l’ai provoqué avec... un rêve. »« Un rêve ? »« Oui je l’ai vu pendant mon sommeil avant que cela n’arrive. Et c’est pareil avec cette inondation. »Elle se remit à pleurer avant de poursuivre.
« Je suis maudite. »Beaucoup de gens auraient raisonné de même. Il en allait différemment chez Bethel du fait des leçons de Ginny.
Elle posa alors une main sur l’épaule de sa fille et avec l’autre lui releva le visage.
« Ce n’est pas une malédiction, bien au contraire. » Dit-elle avec douceur.
« Maintenant tu vas me parler de tes rêves. »***********************************************
Bethel aurait déjà dû rejoindre la cachette. Son repérage était achevé. De plus par discrétion elle était seule et donc vulnérable.
Malgré ces différentes raisons la paludière restait sur place. Car au-delà des installations fer-nés, se trouvait Moat Cailin.
Derrière ces énormes blocs de basalte noir Liron luttait contre les assauts ennemis, la faim, l’isolement....
Comme elle aurait aimé être à ses cotés.
Soudain un bruit la sortit de ses pensées, hélas trop tard. Lorsqu’elle se retourna, Bethel constata que l’intrus l’avait déjà repéré, et surtout se trouvait bien trop près.
Il s’agissait d’un fer-né musculeux à l’air mauvais. Une hache de combat était accrochée à sa ceinture.
Quelle raison l’avait poussé à s’éloigner ainsi de son bivouac? Bethel n’était pas un état d’y réfléchir.
Elle était une chasseresse et non une guerrière. L'observation de ses envahisseurs l’avait un peu aguerrie, mais pas suffisamment.
Face à cette femme apeurée le fer-né ne songea même pas à rameuter ses camarades. Il comptait d’abord en profiter tout seul.
Alors qu’il se rapprochait, Bethel finit enfin par réagir. Elle disposait d’un arc et d’un couteau. Au vue de la distance réduite elle se reporta instinctivement sur sa lame.
La frappe se révéla vive et précise en direction de la gorge. Seulement son adversaire disposait de bien plus d’expérience. Bien que surpris il parvint à esquiver l’assaut au prix d’une simple coupure.
Une fois dégagé le fer-né brandit sa hache.
« Sale garce. » Dit-il d’un timbre haineux.
Il s’en voulait terriblement de s’être laissé surprendre.
De son coté Bethel avait retrouvé son calme. Le couteau bien en main elle se mit à tourner autour de son ennemi tout en conservant une certaine distance.
« Tu cherches un meilleur angle d’attaque. » S’esclaffa le fer-né.
« Vu la portée de ton arme t’as aucune chance. »Ce guerrier expérimenté savait de quoi il parlait. Il attendait tranquillement la charge de cette idiote afin de pouvoir l’embrocher.
Elle se faisait désirer. Grand bien lui fasse. Le fer-né n’émettait aucun doute sur l’issue du combat.
Soudain le visage de la paludière devint trouble, et la hache lourde. Les jambes du fer-nés fléchirent.
Bethel ne révéla même pas le nom du poison dont sa lame était induite. Ce barbare des mers ne méritait pas cet honneur.
C’est ainsi que se conclut son premier combat.
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Cette longue marche touchait à sa fin. Willona le pressentait et pas du fait de son don.
Car parmi la végétation se dissimulait un barral, dont elle ignorait tout jusqu’à présent. Et elle ne devait pas être la seule. Cet endroit n’était clairement pas fréquenté et par conséquent particulier.
Or il était évident que ce déplacement l’était également.
« Qu’est-ce qu’on est venu faire ici ? » Demanda-t-elle d’un air sérieux ne coïncidant pas avec celui d’une adolescente de quinze ans.
Bethel avait toujours admiré sa maturité. Justement cet aspect rendait les choses plus faciles.
« Aiguiser la meilleure de tes armes. »Suite à cette réponse elle s’approcha du barral en faisant signe à sa fille de la suivre.
D’habitude d’une nature volontaire Willona afficha un air gêné.
« Tu parles de ma... particularité. »« De ton don. » Reprit brutalement Bethel.
« Je t’ai déjà dis que tu ne devais pas en avoir honte. »En guise de réponse Willona releva la tête. Elle était prête.
Bethel sortit alors de sa bourse une pâte rectangulaire, et la tendit à sa fille. Celle-ci la prit et l’ingéra sans discuter. Ensuite Bethel prit sa main, et la posa sur le barral.
D’une certaine manière elle enviait Willona. Elle allait se fondre dans cet arbre et apprendre tant de choses.
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Crevisse, Saline, Tourbe, Palus, Bonvert...
Tous étaient présent dans la grande salle de Fort-Griseaux. Bethel songeait aussi aux absents dont son mari et ses deux enfants.
Arriverait-elle à supporter une nouvelle perte au sein de sa famille ?
La question ne se posait pas. Car cette situation n’arriverait pas. La douairière y veillerait
Jorah s’avança jusqu’au fauteuil de bois. Comme elle était fière du choix de son fils.
Qu’aurait-il fait à Motte-la-Forêt ? Il était là où il devait l’être.
Jorah s’assit tandis que Bethel se plaçait à sa droite.
Elle jeta de nouveau un regard sur l’assemblée tout en prenant une longue inspiration.
« Longue vie au nouveau seigneur de Fort-Griseaux. » S’exclama-t-elle enfin.
Tous répétèrent ses mots d’une seule voix.
Le Neck se relevait.
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Les empreintes de pas étaient encore bien dessinées. Aucune feuille ou autre élément naturel ne les recouvraient.
Leurs propriétaires se trouvaient donc à proximité. Ni Bethel, ni Johan ne révélèrent cette évidence aux traqueurs expérimentés à leurs cotés.
Sans même se concerter tous se firent silencieux. La marche reprit quelques minutes jusqu’à ce qu’ils arrivent enfin à l’objet de leur quête.
L’objet en question n’était pas un trésor, ni une belle princesse. Il s’agissait juste d’un campement peu prestigieux.
Pourtant le groupe de paludiers paraissait satisfait. Une exception demeurait en la personne de Johan. Ces brigands qu’ils traquaient avec tant d’acharnement, présentaient certaines spécificités. Certains portaient des protections, et d’autres des armes imposantes comme des masses ou des épées longues.
Suite à cette découverte Johan se tourna vers sa sœur.
« Il vaut mieux que tu restes en retrait. »« Non. » Répliqua sèchement Bethel.
« Tu ne te rends pas compte. Ces hommes ne sont pas de simples pillards. Il doit s’agir de déserteurs ou d’épées louées désœuvrées. »
« Jamais. Je représente la maison Reed en ce lieu. C’est mon devoir de chasser ces intrus. »« Ce n’est pas une partie de chasse. » Balança Johan agacé.
« Je connais la guerre. J’ai déjà tué un homme. Aurais-tu oublié ? Et le fait que je sois ta suzeraine. Ça aussi tu ne t’en souviens plus ? »Ce fut plus la lueur dans le regard de Bethel que ses argument, qui poussa Johan à renoncer.
Les paludiers s’approchèrent autant que la végétation le permettait, et brandirent leurs arcs.
Curieusement Bethel se souvint parfaitement de son premier combat avec un fer-né. En revanche cet affrontement lui reste floue au sein de sa mémoire.
Elle se rappela des premières flèches, et de la charge ennemie.
Ensuite Bethel se retrouva face à un des brigands le ventre perforé par son trident. Ses gens l’acclamaient pour cette victoire.
En ce jour une seigneur de guerre venait de naître.
Attention par contre à bien mettre en exergue les paroles, si vous en écrivez, si possible en utilisant les span couleur des groupes du forum :
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