C'est un fameux trois mats fin comme un oiseau… [Tour X - Terminé]

Je me hissais sur les cordages du mat pour arriver tout en haut. D’ici deux jours nous partirions pour notre objectif. Le prince avait été clair… Mon regard améthyste se promena sur les flots alors que je tenais un cordage plus par habitude que pour autre chose. La mer était calme, nous étions encore à quais… J’entendais mon équipage préparer le départ en chantant joyeusement. J’avais ôté mon armure et mon épée était malgré tout pendu à ma ceinture avec mon poignard. Mais je portais une chemise dont les manches étaient relevées jusqu’aux coudes avec un gilet en cuir par-dessus. Le médaillon avec les cheveux de mes enfants pendait à mon cou. J’inspirais l’air frais, le vent de la mer qui se glissa dans mes mèches argentées pour les faire s’envoler légèrement, les quelques sauvages qui fuyaient ma tresse. Je fermais un peu les yeux en inspirant profondément.

J’étais heureuse. De reprendre la mer. De pouvoir enfin retrouver mon cocon. Est-ce que j’étais heureuse de pouvoir faire mon métier ? Je servais mes princes, j’étais sur mon navire… Est-ce que j’étais heureuse ? Peut-être un peu. J’avais prévenu mes hommes : pitié ne faisait toujours pas partie de mon vocabulaire et je ne tolérerais pas la moindre écartade. À part ordre directe de l’amiral… Nos ennemis seraient tous priés d’aller à la rencontre des dieux des océans et d’aller pourrir en enfers. J’inclinai un peu la tête sur le côté en respirant profondément… Cela faisait du bien d’être un peu à l’écart. Jusqu’à ce qu’il y ait un sifflement en bas.

Avaenor était en train d’aider ses hommes, il passait une main sur son crâne avant de soulever un baril d’eau pour le donner à un autre pour qu’il le descende à la cave. Il se retourna vers le quai en regardant l’attroupement. Ah ! La princesse. Il s’inclina en l’invitant, d’un signe de main, à monter si elle le voulait. Il se retourna après avoir écouté la princesse et glissa deux doigts entre ses lèvres avant de siffler en regardant sa capitaine.

Je me retournai en entendant Avaenor qui me fit signe en bas. Je lui fis signe, j’avais compris, j’étais là…et il y avait une brune.

« La princesse veut te voir ! »

Lança mon second en valyrien.

Qu’est-ce qu’elle voulait ? Je fis à nouveau un signe avant de descendre sans aucune difficulté sur le pont pour me planter devant la princesse en inclinant la tête.

« Altesse. »

Que voulait-elle ?

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@Jentys Cellarys

«It always is harder to be left behind than to be the one to go...»

L’heure était à la guerre et aux nouvelles manœuvres. Et en tant que digne souveraine de plusieurs peuplades, la Princesse avait fait le choix de partir sur les quais proches de la ville ombreuse afin d’encourager ces inconnus qui partaient se battre certainement avant toute chose pour leur Empire. Cependant, les lunes rendaient plus compréhensible son rôle, et si la puînée était encore bien loin d’être assagie, cela lui offrait le sentiment de mûrir un peu. Elle souhaitait de son tout son être retenir chaque visage afin d’imaginer leurs avenirs, néanmoins, c’était peine perdu et les griefs de la guerre n'offraient guère d’opportunités réjouissantes sur le terme. C’était néanmoins le moindre des respects à l’égard de ce peuple qui demeurait encore une énigme pour la dornienne. Étaient-ils venus en sauveur ou en tyran ? Le questionnement demeurait en suspens pour l’heure, celle qui s'évertuent à renforcer son pouvoir et à faire valoir les droits des siens avait peut-être perdu la bataille de la prérogative diplomatique néanmoins, il était encore bien trop tôt pour abandonner la bataille. Le conseil était désormais opérationnel et il devenait impératif de résoudre un certain nombre de casse-tête.

La guerre lui semblait sempiternellement être chose hideuse, peut-être l’une des pires création de ses coreligionnaires pourtant elle-même ne pouvait s’y soustraire, accabler par la menace de l’Empire, des Allyrion, de la Foi et peut-être même de certains des siens. Il était complexe pour la souveraine d’imaginer l’avenir du monde alors même que certaines inquiétudes à l’égard de certaines saignées se faisaient grandissantes. Malgré réticences et appréhensions, la souveraine vêtue d’une longue cape ocre et d’une tenue claire avançait vaillamment sur les quais. L’embrun marin était apporté par le zéphyr côtier. Celui-ci ne manquait pas de défaire la coiffe de la souveraine de Dorne Valtigar. Avançant à rythme régulier, entourée de sa garde, son attention se reporta sur un navire dont le nom lui sembla vaguement familier. Plongeant dans sa mémoire, elle se rappelle cette discussion avec une valyrienne : Jentys Cellarys.

Elle s’approche de la structure et interroga l’un des hommes présents qui lui confirma bien la primauté de la Cellarys sur le navire. Alors finalement, cette Valyrienne allait aussi partir une nouvelle fois pour des eaux troubles. Le gougnafier qui les avait interrompu au Vieux Palais auparavant avait certainement remarqué l’attroupement autour de la sigisbée souveraine et ne tarda pas à lui indiquer de monter. Nymeria n’échangea que le strict minimum de mots nécessaire et monta sur la navire, suivant le second de la capitaine.

Celle-ci finit par descendre de son perchoir alors que ce dernier l'appelait. « Bien le bonjour capitaine Cellarys. Je passais en revue les navires qui s'apprêtaient à partir rejoindre le front et j’ai reconnu le vôtre. J’espère que cette inopportune visite de courtoisie ne vous dérange pas. » Auquel cas la souveraine poursuivrait ses pérégrinations. « J’espère que tout va bien pour vous. » C’était un léger mais franc sourire que lui offrait Nymeria alors que le vent se renforçait et que les cheveux de chacunes battaient au rythme des alizées.

(c) DΛNDELION

Avaenor resta à un pas derrière moi alors que la princesse était là. Il préférait rester attentif, parce qu’il comprenait ce que disait la princesse, même s’il n’en parlait que très peu de mot ! Mais c’était autre chose. Je n’avais pas très envie d’expliquer cela. Je restais donc bien droite face à la frêle princesse, j’étais clairement plus massive qu’elle… mais ce n’était pas très grave, chacun avait ses rôles après tout. Moi j’étais un bras armé, elle… une tête pensante ? Je ne savais pas à quel point elle avait du poids dans la politique. Autre débat. Moi j’allais massacrer du Dornien. En même temps, ils auraient dû ployer le genou. Elle passait en revue les bateaux… Très bien.

« Nullement altesse, vous ne me dérangez pas. »

Et même si cela avait été le cas, je ne l’aurais pas dit. Est-ce que tout allait bien ? J’inclinai la tête sans oser trop sourire. Je n’étais pas sûre que cela était bien de dire que j’étais impatiente…

« L’équipage du Fendeur est toujours prêt à partir, alors je vais très bien, merci altesse. »

Je me tournai vers Avaenor pour lui donner quelques ordres. Il s’inclina et s’écarta pour aller les exécuter et nous laisser seules.

« Navrée, je ne suis guère présentable. »

Ah non ! C’était sûr ! Mais c’était autre chose. Je passais une main dans mes quelques mèches sauvages.

« Est-ce que je vous fais visiter mon humble demeure ? J’étais en train d’admirer la mer d’en haut, mais je serais ravie de vous montrer mon navire… et celui de feu mon époux. »

Je tapotais doucement le bois avec une certaine affection. Au moins, il m’accompagnait encore et toujours et veillait sur moi d’une manière ou d’une. Je n’étais pas sûre cependant qu’elle apprécie grandement les traces de sang sur le bois… contrairement à son époux. Mais c’était à nouveau pas réellement mon problème si elle n’aimait pas plus que cela la décoration ! Et je n’allais pas changer les planches de mon navire s’il n’y avait pas besoin après tout.

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@Jentys Cellarys

«It always is harder to be left behind than to be the one to go...»

Contrairement à ses sœurs, Nymeria n’avait oncques voyagé bien loin des terres dorniennes. Pour la Princesse, la mer n’était qu’une immensité qui s’étalait à perte, sans signification particulière autre que de rappeler la petitesse de l’être humain face à l’immensité des grondements des flots. La puînée nourrissait une forme d'admiration discrète à l’égard de la Cellarys qui avait bravé cet univers, jugée par la Gargalen, comme féérique dans un milieu prompt à la domination de la masculinité. Bien rare était les personnes capable de marquer l’esprit de la souveraine et Jentys y était arrivée par sa curieuse force de caractère qui différait de tout ce que la dornienne avait pu voir jusqu’ici. Bien que bougonne de se retrouvait sur un milieu aussi peu rassurant qu’un navire, elle était plus allègre de revoir ce visage pas si lointain et pourtant qui lui avait fait défaut, le temps et la fatigue bridant les quelques réminiscences que la mémoire de la native avait pu se faire sur la valyrienne. Peut-être qu’avec ce genre d’individu, la Dorne Valtigar, deux antonymes se repoussant, aurait une chance de survivre pour espérer un jour vivre et prospérer. Pour l’heure le danger était partout et rien n’était aussi imprévisible que l’avenir qui semblait à l’instar de l’eau glissait entre les paumes des mains des conquérants comme des locaux.

« J’aimerai pouvoir dire que les robes vous sied plus au teint, mais ce serait mentir capitaine. Vous n’avez pas à vous excuser pour votre tenue, après tout c’est moi qui suis arrivée à l’improviste sans crier gare. » Nul mensonge ne sortait des lèvres de la Gargalen, il est vrai que c’était autre chose de l’avoir dans une tenue plus rustique que d’ordinaire mais cela s’assemblait mieux avec la personnalité de Jentys. « Puis j’imagine que cette tenue est bien plus confortable que ce que j’ai pu vous faire essayer. » commenta d’un simpliste trait d’esprit Nymeria, se contentant de laisser échapper un petit éclat de rire éphémère.

La capitaine proposa à la dornienne une visite des lieux ce qui fit arquer un sourcil à l’intéressée. « Je vais vous paraître bien gourde, mais j’espère si vous n’avez pas peur de devoir me secourir lorsque je m'empêtrerais dans des cordages, je peux bien vous suivre dans cette visite guidée. » Même si l’humidité finirait par affecter la chevelure de la princesse, c’était une occasion de découvrir autre chose et la curiosité de la souveraine ne pouvait que la conduire à accepter pareille proposition.

« Quel âge a votre navire Jentys ? » Comme toute chose ayant existé, on pouvait aisément prêter une âme à ce à quoi l’on était attaché. Particulièrement pour des choses ayant connu les ravages de la guerre. Parfois Nymeria avait le sentiment que le Vieux Palais souffrait des entailles de la guerre… à moins que cela ne soit que le début d’une lente folie. « Je vous suis capitaine. »

(c) DΛNDELION

Je haussais un sourcil à sa remarque, amusée par tout cela. Les robes dornienes ne m’allaient pas au teint, clairement pas. Mais de toute manière, je n’en portais presque jamais, même chez moi. Je préférais les pantalons et compagnies. C’était beaucoup plus confortable pour bouger et se déplacer. J’inclinais légèrement la tête à sa remarque.

« Je ne saurais vous mentir, vous arrivez en pleins préparatifs. Nos galères vont bientôt partir. »

Je montrais mes matelots agités tout autour de moi, qui travaillaient vigoureusement, discutant, s’interpelant. Avaenor gérait largement bien, ce n’était pas comme-ci nous avions l’habitude de ce genre de chose. J’inclinais à nouveau légèrement la tête.

« C’est surtout beaucoup plus pratique quand on travaille sur une galère. »

Parce qu’en robe je ne pourrais pas faire grand-chose. Mais c’était autre chose après tout, je lui proposais de venir avec moi visiter le navire, je fronçais un peu les sourcils à sa remarque.

« Je ne vous ferais pas grimper sur les mâts. C’est trop dangereux. Puis s’il y a des cordages qui traînent, certains vont avoir de nouvelles corvées. Je déteste que mon navire soit en bazar. »

Sa question me surprit et je fronçai légèrement les sourcils avant de regarder ma galère avec une certaine affection. Quel âge… En réalité, je ne savais pas réellement.

« Une quinzaine d’année je crois bien. Ërinnon ne l’a pas eu sortant du chantier naval. Alors, je ne serais dire exactement. »

Je l’invitais à me suivre sur le bateau alors qu’Avaenor s’avançait en faisant signe pour que les marins descendent les vivres dans la cave. Je préférais commencer par ma cabine dont j’ouvris la porte. C’était très spartiate, un lit en paille, qui avait bien vécu, une table, un coffre, une vasque et deux tabourets. Mais surtout mon armure dans un coin.

« Ma cabine. Elle n’a pas changé depuis Ërinnon, je préfère un confort simple. Mais pour vous… j’imagine que c’est vraiment… Presque une geôle ? »

Je haussais les épaules avant de la laisser regarder, je finis par ressortir de la cabine toute simple en refermant la porte avant de me diriger vers la cave.

« Je vous préviens, malgré l’hygiène qui est très stricte, il y a une odeur. C’est les cales. »

J’échangeais quelques mots avec l’un de mes hommes avant de descendre dans la cale justement. Des hamacs, des affaires parfaitement rangées…

« Je suis assez… stricte sur la tenue de mon navire. On peut y rester des jours entiers sans rien faire, alors tout doit être impeccable, mes hommes se reposent ici, ils n’ot le droit que de faire ça, les jeux, la picole et tout ça, c’est sur le pont. »

Je tournais la tête vers la princesse.

« Vous vous attendiez à quoi ? »

Ce n’était pas méchant, une vraie question.

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@Jentys Cellarys

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Les zéphyrs de la guerre hurlaient et l’absence du triumvirat Valtigar inquiétait la souveraine. La torpeur était grande à Lancehélion et dans ses alentours et cela devait être identique dans la plupart des cités côtières de cette principauté qui semaines après semaines semblait lui échappait, faute à ses envies contradictoires et ses opinions souvent tranchées. La structure du pouvoir rendait le système politique peu savoureux, curieux. La constitution impériale Valtigar n’avait que peu à envier à celle des Braenaryon finalement et tout ceci rendait le climat incertain. Dangers et périls s’amoncelaient et la princesse s’inquiétait des soubresauts à venir. Surprise, la guerre cela tuait et c’était élément que la souveraine de nom de ces lieux n’étaient pas forcément prête à accepter. Même ces Valyriens pour qui elle nourrissait de nombreuses appréhensions méritaient mieux qu’une vulgaire mort dans un désert aride. Peut-être la Gargalen n’avait-elle pas les épaules suffisamment fortes pour régner trop éprises par des idées impossibles à manœuvrer dans une morne réalité. Elle avait longtemps rêvé de ce rôle et aujourd’hui elle l’abhorrait presque, comprenant mieux les difficiles choix qu’avaient eu à faire Deria Martell de son vivant.

« J’observe cela oui. J’imagine que cela est pareil sur les autres navires. La guerre appelle même sur la mer. » Puis la puînée poursuivit son propos en abordant le cas du port de robe et sans surprise, face à la coquetterie des propos de Nymeria, Jentys invoqua surtout l’aspect pratique de la chose faisant étalage une nouvelle fois de l’abysse qui séparait la vie ordinaire de la princesse avec la vie extraordinaire des matelots. Du moins de l'avis de la princesse qui était un corps étranger dans un organisme fort, une étourderie dans un calcul de dérivé qui faussait pourtant toute la chose. Cependant la dornienne n’en prit nullement ombrage se contentant d’un haussement d’épaules afin d’approuver les dires de son interlocutrice. La remarque de la capitaine Cellarys ne manqua pas d’arracher un franc sourire à la Gargalen alors que l’air marin projetettait ses cheveux noir de jais en arrière. « Cela serait pourtant amusant. Puis si vous êtes avec moi qu’aurais-je à craindre capitaine ? Même j’en ai encore parfois le comportement je ne suis plus une enfant. » A vrai dire, l'idée de se trouver en haut ne lui plaisait pas tant que cela, mais celle-ci s’était comme sentie défiée par la valyrienne. Après tout, il suffisait juste de faire attention. Cependant, Nymeria n’irait pas défier l’autorité de cette femme ici, sur son propre batiment de guerre.

L’âge du navire, et les épreuves traversaient, faisaient se demander à Nymeria si les flottes valyriennes étaient encore assez neuves pour le combat. Il était évident qu’avoir une flotte nécessitait des investissements colossaux néanmoins cela serait peut-être nécessaire sur le terme. Toutefois la dornienne n’en dirait rien, cependant cela resterait dans un coin de son esprit. « Disons que c’est très minimaliste. Il y aurait moins de chose dans une geôle tout de même. » Mais on était loin du luxe des appartements personnels que Nymeria avait toujours connu, c’était bien vrai. « Voulez-vous que je m’occupe d’embellir les lieux ? » C’était là ironique et il était évident que Jentys dirait non mais peut-être que cette perspective pourrait un peu amusé la valyrienne.

La visite se poursuivit par les cales et en effet Jentys vit bien de prévenir la Gargalen qui eut un haut le cœur. Cela piquait les douces narines de la souveraine qui se retrouvait avec un haut le coeur qu’elle tenta au mieux de contenir. « C’est pire que les écuries en effet. Et ce n’est pas étonnant que vous demandiez à ce que toute activité ludique se fasse sur le pont. » Sinon l’endroit se transformerait en véritable purgatoire à n’en point douter. La dernière question soulevée par Jentys étonna la puinée. « Je ne m’attendais pas à grand-chose. Pas même à monter sur un navire aujourd’hui, capitaine. » C’était la vérité, ce fut la curiosité qui avait poussé Nymeria à s’extraire de son palais pour les quais. Se déplaçant vers les escaliers pour retrouver un peu d’air plus respirable, la Gargalen poursuivit. « Vous auriez préféré que j’ai une idée particulière derrière la tête Jentys ? »

(c) DΛNDELION

J’inclinai doucement la tête à la remarque de la princesse. Oui effectivement, c’était pareil sur tous les navires. Peut-être plus sur les nôtres que sur d’autres. La rigueur valyrienne après tout. Vaincre ou mourir, putain de valyrien, voilà ce que mon père disait avant de boire une gorgée de bière pour tous les morts du jour. J’inclinai légèrement la tête.

« Oui. Et la guerre appelle la mort. »

Est-ce que j’allais vivre ? Rester en vie cette fois-ci ? Je ne savais pas. Je verrais. Advienne que pourra après tout. Qu’est-ce que je pouvais vire d’autre. Est-ce que cela était pareil sur les autres navires ? Je fis une moue.

« Cela dépend du tempérament du capitaine. Cependant, nous sommes tous éduqués à la rigueur Valyrienne. »

Et cela faisait mal quand on était ennemi, quant à la faire monter au mât… Euh… non. C’était absolument hors de question ! On ne savait pas ce qu’il pouvait se passer. Plus une enfant ? Je secouais la tête.

« Vous risqueriez surtout de marcher et de craquer votre robe. Ou celle-ci pourrait se soulever et tout le monde pourrait voir vos moelleuses brioches. »

Je l’invitai à me suivre pour lui montrer ma petite cabine toute simple. Embellir les lieux ? Je l’observais avec attention avant de m’autoriser une galéjade.

« Éviter de la soierie dans le lit alors, je déteste la soie, cela est trop doux. Et j’aime les lits bien dur. »

Je passais une main sur ma nuque.

« Et évitez le miroir de plain-pied. J’ai déjà une sale tête, pas la peine de me voir en entier. Et pas de rose. J’aime pas le rose. »

Je finis par l’amener dans la cale, et je vis sa nausée qui me tira un sourire bien amusé.

« Faut avoir l’estomac bien accroché quand on est marin. Et pas qu’à cause de la houle. En quelques années, je vous jure qu’on s’y fait à ce genre d’odeur. Respirez par la bouche, ça ira mieux. Le ludique, c’est bon pour le moral, autant que ça soit à l’air libre. Et il faut qu’ici, mes hommes se reposent. On dort bien dans les hamacs. »

Je la fis remonter en l’observant avec attention à sa remarque.

« Vous êtes livides. Vous avez pas l’habitude de sentir la transpiration des hommes je crois. »

Est-ce qu’elle devait toujours avoir une idée en tête ? Je haussais les épaules.

« Ça dépend. En attaque, oui, il faut toujours avoir une idée en tête. Tout comme en politique. Entre… Mmh… disons… Je ne saurais… Quoi ? »

Je laissais le marin m’exprimer son problème et je lui répondis. Non, j’étais prête à payer plus pour un peu plus de matériel médical. Je le regardais partir avant de revenir vers Nymeria.

« Quand on parle entre… amis ? Si on peut le dire ? Camarade ? Collègue ? Je ne sais pas ? Si on a des idées derrières la tête, c’est pas une relation positive. Mais intéressée. »

J’observais la princesse :

« Et je doute qu’une relation intéressée avec une simple capitaine soit très utile pour une princesse. »

Je lui offris un sourire qui pouvait sembler froid, mais qui était… en réalité assez chaleureux.

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@Jentys Cellarys

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« Je ne saurais vous contredire sur tels propos. C’est bien là le drame de celle-ci. » Les griefs de la guerre avait touché le pourpre de la vie de Nymeria jusqu’au palais de Salerivage. Certes, elle ne connaissait presque rien sur ce sujet-ci, néanmoins, cela lui avait laissé un goût amer, bien loin de la glamourisation des épopées des héros. Le monde était cruelle, et c’était une chose que la Gargalen n’acceptait pas vraiment, pourtant c’est la cruauté elle-même qui lui avait permis indirectement d’accéder à son office. La mort de Deria, sans jugement, sans justice. Le rêve éveillé de la princesse était brisé, évaporé. Alors, déjà des machinations prenaient place afin de mettre au pas la goguenarde noblesse et plus encore. Le monde semblait tout d’un coup moins appréciable.

« Vous dites cela, je présume, car les conditions de vie autour des territoires de l’Ancienne Valyria sont bien difficiles. Vous avez dû apprendre tôt à survivre à un monde hostile. » La baie des esclaves à l’est, Volantis à l’ouest. Des territoires scélérats qui pratiquaient l’esclavage… comme les valyriens. Une pratique terriblement barbare aux pupilles de la dornienne. Les Rhoynars étaient déjà de puissants partisans de la liberté, et par métissage, Dorne avait hérité de cet esprit qui offrait à la principauté une féodalité bien singulière par rapport au reste de Westeros. Du moins des représentations, très limitantes, que la puînée avaient du monde.

La discussion tourna sur un sujet plus léger et agréable. Plus prompt à une conversation d’insouciante jeunesse alors même que la princesse se trouvait sur un bâtiment de guerre. Preuve d’un trop plein de joliesse ou au contraire d'armes politiques servant à apaiser les torpeurs des conflits à venir ? Certainement les deux à la fois. « Il convient d’être fière de son corps. La nuditité n’est pas un tracas si vous vous inquiétez pour celà. » La candeur de Nymeria sur le sujet ne s’attardait nullement à des choses aussi basses que la nuditité physique. Cela ne la dérangeait pas, bien au contraire. La dornienne avait sa propre version de la pudeur et de la chasteté. C’est un sourire qui illuminait son visage à l’égard de Cellarys. « Même si je conçois que ce serait certainement déstabilisant pour vos hommes. Votre navire, vos ordres. »

La visite se poursuivit dans la cabine de la capitaine. « Nous n’avons que peu en commun décidément. » Aucune critique dans son propos un simple constat. « Nous ne pourrions pas dormir ensemble. Je préfère ce qui est doux et moelleux. » C’est un éclat de rire qui ponctue son propos amusé et un peu enjôleur même si elle n’avait pas vraiment imaginé pareille dimension lorsqu’elle narra sa phrase. « Dites moi quelle couleur vous conviendrait le plus et je pourrais arranger ça. » Le ton était mi-sérieux, mi-humoristique, ne sachant pas vraiment sur quel pied danser. La Gargalen entrevoyait tellement de possibilité pour ce navire, mais certainement ses réflexions remettraient en cause la nature même de ce bâtiment de guerre.

La situation dans les cales était bien moins confortable, les odeurs, les secousses des vagues, la sombre pénombre et la petitesse des lieux n’étaient pas pour rassurer la princesse qui avait relativement était habituée à des lieux bien moins clôt. « J’imagine que votre navire doit également offrir une vue imprenable sur les étoiles lorsque le ciel est dégagé. Même si c’est peut-être un plaisir moins admirable pour des marins. Vos loisirs me restent relativement inconnus. » Et passant du coq à l'âne, Nymeria l’interrogea sur un sujet un peu plus lourd. « Comment vous occupez-vous par temps de tempête lorsque celle-ci dure et que vous êtes en pleine mer ? »

Les deux femmes finirent par s’extraire du lieu nauséabond pour poursuivre leur aventure sur le navire. La souveraine de Dorne fut amusée des esquisses d’idées de Jentys sur les raisons que pouvaient bien dissimuler sa visite. Les propos de la valyrienne semblaient plus hésitants, ou peut-être était-ce là une mauvaise interprétation et que cette dernière ne cherchait que des mots. « Cette visite est autant intéressée qu’amicale. Il est toujours plaisant de voir des visages connus. Mon devoir en tant que princesse est d’assurer mon entier soutien aux personnes qui vont se battre loin, pour servir Lancehélion et l’Empire Valtigar. Mais passer du temps ici, avec vous, dans un endroit qui m’est aussi peu familier, est amusant et n’a pas vraiment de but précis. » Du moins pas à sa connaissance. « Vous êtes quelqu’un de droit et c’est appréciable. Une personne de confiance et j’espère qu’un jour les vôtres verront en moi la même chose. En me liant amicalement à vous, j’ai l’impression de me rapprocher d’un peuple dont il y a quelques lunes, je ne connaissais rien. » C’est un soupir que Nymeria lâcha. « Pensez-vous que je puisse être un jour la princesse des Valyriens ? »

(c) DΛNDELION

Je haussais les épaules, les guerres c’était jamais fait avec des fleurs ou des câlins. Non, c’était fait avec des épées dans la gueule et des coups dans les tripes. Un peu, beaucoup, sanglant. Mais ça… Une petite princesse de palais ne pouvait pas le savoir.

« J’espère que jamais vous n’aurez à goûter à cette réalité. »

Une princesse de palais. Je ne savais pas quoi lui dire quand elle me parlait des conditions de vie… Je soufflais légèrement entre mes dents, les sourcils froncés.

« J’ai… j’ai pour habitude de dire, quand on parle de la guerre… ou de la vie des valyriens. Vaincre ou mourir, putain de Valyrien. Parce que c’est la seule chose qu’on sait faire : survivre, sinon on meurt. C’est comme ça. On nous a appris à vivre ainsi. J’avais cinq ans quand mon père m’a mis une épée dans les mains. »

Et elle n’avait jamais quitté mes doigts depuis. Est-ce que j’en étais triste ? Non. C’était… C’était ainsi après tout. On ne changerait pas le passé après tout, quant à l’avenir ? J’allais le forger dans le sang et le fer. En servant les princes dragons. Je fronçais légèrement les sourcils lorsqu’elle me parlait de se mettre nue devant mes hommes pour grimper sur un mât.

« C’est pas une question de déstabiliser mes hommes, ils sont trop occupés pour vraiment faire attention à vous. Mais je ne suis pas sûre que le prince Aerymor soit satisfait de vous et de moi si vous vous retrouvez nue sur mon bateau. J’ignore pour vous, mais personnellement, même si elle est mauvaise, j’apprécie ma tête sur mes épaules. »

Je lui montrais ma cabine. Effectivement, nous avions peu en commun petite princesse. Je n’avais pas l’habitude du confort, vous n’aviez pas l’habitude du combat. Je l’observais avec attention, est-ce qu’elle sous-entendait que nous devions dormir ensemble ? Rappel, je tenais toujours à garder ma sale trogne sur mes épaules !

« La seule personne qui dort avec moi c’était mon époux. Il disait que même dans mon sommeil je me battais. Il avait des bleues sur les jambes quand on dormait ensemble. »

Quant à mes filles… Elles venaient d’elles-mêmes dormir avec moi, et je dormais toujours mieux en les ayant contre moi. C’était très important. Je touchais machinalement mon pendentif en pensant à ma famille. La couleur ?

« Oh… Et bien… Les rares robes que je possède sont bleues, argenté, doré ou verte. Donc je dirais ces couleurs. Mais j’aime bien le violet… c’est la couleur du blason des Cellaris. Celui des Agnaeros est en partie bleue et vert. Avec des oiseaux noirs. »

Je parlais rarement de mes familles. Mais je désignais le blason de ma famille, celle de mon époux, sur le montant de la porte. Je finis par lui montrer les cales. Qu’est-ce qu’elle était délicate ! Mais c’était autre chose. Les étoiles… Oui… J’observai le pont.

« Les étoiles sont magnifiques, c’est des moments que j’apprécie, observer les étoiles. »

Jouer pendant les tempêtes. Je claquais de la langue, légèrement agacée…

« On joue à rester en vie et ne pas sombrer au fond des eaux. Tout le monde est sur le pont et… on fait de notre mieux pour sortir le plus vite possible de la tempête. Une heure en pleine tempête, c’est comme une année. »

Elle croyait quoi ? Qu’on pouvait jouer aux cartes et attendre que ça passe ? Ne t’énerve pas Jentys. Ne t’énerve pas. Elle est juste ignorante. Et ce n’est pas qu’elle est idiote. Il faut juste beaucoup lui expliquer et lentement. Enfin, qu’est-ce que j’étais pour elle ? Je ne savais pas. Intéressante et amicale. Visage connu. Tous mes hommes étaient des visages connus, Avaenor en particulier. Et il faisait installer des cibles, il allait s’entraîner un peu avec d’autres. Je hochais la tête en l’écoutant. La princesse des Valy… Je clignais des yeux, surprise.

« Oh. »

Oh… Pourquoi c’était toujours à moi qu’on posait ce genre de question ? Je fronçais légèrement les sourcils avant de me masser la nuque.

« Difficile à dire comme ça. Les Valyriens sont, non, nous sommes des gens qui ont… beaucoup… souffert et qui ont tout perdu. Nous venons d’un grand empire, nous sommes fier, peut-être autant que les Dorniens. »

Ce qui n’était pas peu dire… Je remuais le nez.

« Je pense que vous allez devoir faire beaucoup d’effort pour ne pas être… Ah… euh… je n’ai pas le mot… Ne pas être que… juste… l’épouse d’un prince. Aujourd’hui, vous… vous ne rencontrez que des guerriers, des soldats. Vous ne connaissez pas des « citoyens » valyriens, pas d’autres nobles. Si on peut dire. Si je prends, par exemple ma famille, ma sœur cadette, Vhaena doit être proche de votre âge, elle a vingt-cinq ans et est mariée et nous sommes autant à l’opposée que possible. Tout comme ton jumeau Taelon. Ils sont bien plus les sujets… qu’on peut dire classique, que moi. »

Je haussais les épaules avant qu’Avaenor ne s’approche, s’incline devant la princesse et je traduisis tranquillement ce qu’il voulait dire :

« Avaenor vous propose d’assister à une session d’entraînement si vous le souhaitez. »

Pour montrer, en partie, ce que mon équipage pouvait valoir.

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@Jentys Cellarys

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« Indirectement c’est déjà le cas. La guerre n’épargne personne pas même les habitants des Palais même s’il est évident que nous ne subissons pas ou proue les conséquences directes des violences commises en nos noms. » C’était peut-être là la principale vulnérabilité de la Gargalen face à la Allyrion. Elle était une dame de cour tandis que la seconde était une combattante aguerrie. Une idole face à une poupée. Une guerre des symboles où tout triomphe était impossible. Alors c’était ainsi. « J’imagine que vous escomptez tenir votre épée jusqu’à ce que le conflit se termine. Retournerez-vous en Essos à la fin du conflit s’il était gagné ? » C’était la curiosité qui animait Nymeria à cet instant d’où la motivation de sa question. La princesse vivait bien plus dans l’onirisme du futur que le triste présent. C’est peut-être cela son plus gros tracas. Se tourner vers l’avenir était bien la seule chose qui rendait son existence agréable, rêver, rêver, encore rêver. Qu’importait si cela la rendait lunaire aux yeux d’autrui. Preuve en était que régner n’était peut-être pas son principal talent, ni sa vocation. Pourtant, la Gargalen tentait au mieux de s’adapter à ses lourdes responsabilités. Naïvement songea-t-elle que la vie de soldat était peut-être finalement plus simple. Non pas par mépris, mais parce que la menace permanente de l’accolade de l’étranger devait pousser à apprécier plus simplement les choses et à ne pas tout compliquer.

La discussion évolua sur des thèmes bien plus légers lorsqu’il s’agissait de parler de monter sur le mât. « Sous-entendez vous que je ne sois pas suffisamment ravissante pour empêcher vos matelots de poursuivre leur tâche ? » C’est un franc éclat de rire, pas des plus gracieux, que la puînée laissa s’échapper sur cette boutade bas de plafond. « Il n’oserait commettre pareille action. Je vous sauverai de son jugement hâtif. Mais j’observe que vous êtes encore peu accoutumé aux traditions dorniennes. Les dorniennes ne craignent guère de montrer leur peau, pour le meilleur et le pire. Et ce n’est certainement pas sur votre navire que je perdrais ma fidélité à l’égard du Prince Aerymor. Ni ailleurs, jamais. »narrait-elle en souriant, le regard pétillant. « Je ne savais pas que mon mari vous apparait aussi dur. » concluais la dornienne avant de poursuivre ses pérégrinations sur le navire en compagnie de ce qu’elle pourrait presque nommer une amie.

Arrivant dans la cabine de la capitaine, cette dernière s'ouvrit un peu plus sur le sujet de sa famille. « La fièvre de vous battre vous poursuit même dans vos rêves alors. C’est amusant à savoir. » Nymeria écoutait avec attention les propos de l’étrangère concernant l’emblème de sa famille et ses goûts de couleurs. « Des couleurs précieuses. Vous avez des goûts raffinés Jentys. J’espère que j’aurais l’occasion de vous voir porter une robe lorsque les temps seront redevenus plus calme lors d’une cérémonie ou d’une autre festivité. »

La visite des cales ne fut pas des plus agréables et Nymeria posa certainement une question totalement extravagante cependant, force était qu’il fallait reconnaître à la Cellarys un grand calme. Le monde était étrange. « Et quelle est la pire tempête que vous ayez affronter capitaine ? » La question aurait presque pu être à double sens pourtant ce n’était nullement le cas. S’amuser à rester en vie était certainement la meilleure chose à faire lors d’une tempête alors. Cependant le monde maritime était totalement inconnu à Nymeria. Elle était finalement sur ce bout de bois gigantesque comme les Essosiens arrivés à Dorne… déracinée, sans mauvais jeu de mots.

Une question plus politique fut posée afin d’imaginer un peu le futur. « Moi qui songeait bêtement que les Valyriens devaient vous ressembler, voilà que vous m’apprenez que vous êtes une originale. Me voilà fort aise de cette information. » s’exclama la dornienne enchantée d’apprendre une pareille information. « Nous verrons avec le temps si les valyriens me considèrent ou non comme telle. Merci de votre franchise. »

Le second alla voir la capitaine qui se tourna ensuite vers Nymeria pour lui demander si elle voulait assister à un entraînement. « Pourquoi pas. Mais il faudra me dire où me placer afin que je ne vous gêne pas. » Et si possible que cela soit un peu confortable même si la notion de confort était toute relative sur un navire. « Montrez moi donc ce que sont les instincts guerriers des marins. » concluait-elle sur un ton presque un peu trop enjoué, comme s’il s’agissait d’un spectacle de foire.

(c) DΛNDELION

Indirectement alors elle n’avait pas du beaucoup visiter des camps de soldat où ce genre de chose, mais je pouvais la comprendre, c’était vraiment pas un endroit où prendre quelques congés ! Mais c’était autre chose après tout. Je haussais les épaules malgré tout, même si c’était compliqué de faire comprendre l’ambiance d’un camp où ça sentait la mort à plein nez. Je préférais botter en touche :

« Disons qu’au moins vous pouvez prendre un bain quand vous voulez. »

Sa question me surprit, je n’avais jamais vraiment pensé à cela après tout, peut-être parce que je n’étais même pas sûre de penser à rester en vie après ce conflit ? Je me massais légèrement la nuque sans rien dire pendant un petit moment. Avant de répondre.

« Si je survis ? À part si les princes souhaitent que je reste… oui. Oui je retournerais à Essos. »

Qu’est-ce que je pouvais dire d’autre ? Parler de mes enfants ? Hors de question. Ma vie privée c’était ma vie privée, princesse ou non. Elle n’avait pas à connaître le nom de mes enfants ou même leur existence après tout. Et elle évoqua sa beauté, je l’observai sans gêne de haut en bas et de bas en haut, même si je comprenais bien sa plaisanterie :

« Au contraire : mais ils craignent plus ma colère s’ils n’ont pas fini leur tâche que leur envie de vous regarder ! »

À moitié vrai après tout. Tous mes marins savaient quoi faire après tout. Mais il y avait surtout encore le prince auquel il fallait penser. Et je tenais à ce que ma jolie tête reste sur mes épaules. Et non, personne ne couchait sur mon navire depuis que j’étais veuve ! Mais elle ne connaissait as le prince ? Je haussais les épaules :

« C’est un prince dragon. Et un guerrier. Il est dur. »

Je repensais à ce que nous avions discuté il y a quelques jours. Oui il était dur. Mais c’était autre chose. Je lui fis visiter le bateau tranquillement avant de finir par ma cabine. J’évoquai les couleurs et mon sommeil agité. J’eus un sourire grinçant à sa remarque. La fièvre du combat bien sûr… Ne pas lui parler du cauchemar, des cauchemars de mort et tout cela. Non, elle ne comprendrait pas. Pas qu’elle fut stupide, juste qu’elle ne connaissait pas la violence des combats. Elle parla de décorer et j’évoquai mes couleurs… mais pas mes préférées, pas les couleurs des yeux de mes enfants ou de leurs cheveux… Que je portais dans le médaillon autour de mon cou. Quant à porter une robe…

« Peut-être. »

Je détestais cela. Mais c’était autre chose après tout. La pire tempête ? Je haussais les épaules :

« Toutes les tempêtes sont les pires quand on est dedans. Je ne saurais dire. »

Une tempête c’était une tempête après tout ! Mais en tout cas, non tous les valyriens n’étaient pas pareil ! Comme tous les Dorniens n’étaient pas pareil… L’armée c’était l’armée après… Mais j’étais honnête, presque parfaitement, avec elle.

« C’est comme-ci je vous demandais si toutes les dorniennes étaient comme vous je pense. Tout le monde est bien différent. »

Et Avaenor proposa l’entraînement je hochais la tête, lui trouver un endroit ? Je lançai quelques ordres et on installa la princesse à l’ombre avec une coupe d’eau sur un tabouret on avait pas mieux de toute manière. Mes marins se rassemblèrent et je donnai quelques ordres pour faire les duos. Armes au clair… nous étions prêts. Autant dire que mes hommes, tout comme moi, l’entraînement était violent, ils allaient au contact pour tuer et frapper aussi fort que possible. Nous étions nés pour tuer, pour combattre, si bien que les entraînements c’était tout aussi violent qu’un vrai combat. Je passai également à mon tour sans aucune retenue, Avaenor n’était pas contre moi aujourd’hui. En tout cas ça faisait du bien de se dérouiller les muscles ! Je finis par sentir la sueur rouler sur ma peau comme d’autres des membres de mon équipage. Je me tournai vers la princesse après un moment.

« Que pensez-vous de mes marins princesse ? »

Marins qui s’approchaient presque plus de berserkeur qu’autre chose !

C'est un fameux trois mats fin comme un oiseau…

@Jentys Cellarys

«It always is harder to be left behind than to be the one to go...»

« Vous aurez eu la chance de découvrir un nouveau continent au moins. Je suppose que Dorne ne pourra jamais offrir une maison pour vous ? » Curieuse vie que celles des troupes qui étaient capables de s’élancer sur un autre continent pour finalement revenir sur leurs pas une fois le conflit conclut. Une vie impossible à imaginer pour la Princesse qui choyait sa Dorne Natale et qui n’avait jamais rien connu d'autre jusqu’alors. Une preuve supplémentaire de l'abîme qui séparait les deux protagonistes, et ceci à jamais. Cela se ressentait également lors du trait d’humour pour grimper au sommet du mât. Rien qui semblait bien compliqué pour la Gargalen à la peau douceâtre tandis que la capitaine Cellarys s’inquiétait de pareille action. Des visions divergentes qui s’entrecroisaient, parfois se confrontaient. « Votre colère seraient donc plus prépondérantes que ma beauté. Voilà chose amusante. » La puînée riait de bon coeur à cette phrase, sachant pertinemment que de nombreuses perles dorniennes la supplantaient en termes de beauté.

La visite du bateau se poursuivit bon gré, mal gré. Ce n’était pas un lieu pour une personnalité à l’instar de Nymeria qui était bien plus coquette que guerrière. Fille de palais résumerait bien le personnage tant cet univers lui semblait éloigné du sien et c’était pour le mieux songeait-elle. Son impertinence était grande face à l'hardie Jentys qui devait peut-être bien se demander dans quel monde vivait son interlocutrice aux questions si sottes et pourtant si tangibles dans son univers de richesses et de pouvoirs. C’était une forme d’altérité supplémentaire, de culture, mais aussi de statut dans la hiérarchie sociétale. La dornienne ne répondit rien à sa remarque sur les tempêtes pas tant par manque d'intérêt que parce que cette dernière n’avait rien de plus à ajouter.

« Vous avez raison. Mais l’on peut tout de même esquisser des traits généralistes. Les dorniens ont majoritairement les cheveux noirs ou sont principalement considérés comme ayant des mœurs plus légères sur la question marital. C’était cela que je voulais dire. Quant à savoir si je suis une originale, difficile de le dire. Je pense entre dans les normes dorniennes. » Mais c’était là un sujet plus complexe à aborder, que la barrière de la langue freinerait certainement.

La séance d'entraînement débuta et il n’était pas faux de dire que pour la princesse, cela relevait d’un spectacle comme un autre, même si la teneur martiale était tout autre. Impressionnée par certains, d’autres visages étaient instantanément oubliés de sa mémoire. La scène demeurait appréciable. Et finalement après plusieurs minutes, le silence tomba. La princesse s’hésita à applaudir avant de finalement se contenter de saluer les marins en se contentant de sommaires mais sincères remerciements pour leurs prestations, en leur offrant quelques compliments. « Ils sont très impressionnants capitaine. Nul doute qu’ils seront redoutés par nos adversaires. Je n’aimerai pas me retrouver face à eux. »

« J’aimerais passer plus de temps ici, mais je ne crains que je ne sois attendue ailleurs et vous aussi. Je vous ai déjà suffisamment fait perdre de temps comme ça.Toutefois il nous reste quelques précieuses minutes. » Elle déchira un bout de tissu de sa robe. « Prenez cela avec vous. C’est peu mais par chez nous, l’on dit qu’avoir un bout de soie porte chance en mer. Certainement est-ce ridicule, mais parfois la superstition permet de faire taire ses angoisses. » Puis après tout, Nymeria devait paraitre bien ridicule et précieuse au yeux de Jentys. « Je vous promets à vous et vos hommes des récompenses dignes de vos exploits. N'hésitez pas à me donner des nouvelles lorsque vous saurez loin, mon royal fessier restera à Lancehélion pour les lunes à venir. »

(c) DΛNDELION

Dorne ne pourra jamais être une maison ? J’observai la princesse muette pendant quelques secondes sans rien dire. Avant de formuler lentement ma pensée : je parlais toujours plus lentement quand je ne parlais pas en valyrien.

« Ma maison… n’est pas une terre. Ma maison est dans des personnes. Quand on naît dans un campement de cendre et de fumée… Qu’on le quitte… Mon foyer sont des personnes. Alors… ni Dorne, ni Valyria… ne pourraient m’offrir une maison. »

Je pensais à mes enfants, le sourire de Nykeëdar, la moue de Lopor quand se hissait sur la pointe des pieds pour déposer mon casque sur mon crâne et le nouer, Pelar et ses grimaces dans le dos de son précepteur jusqu’à ce que je l’attrape… C’était cela ma maison. C’était ces trois petits êtres qui venaient se nicher dans mes bras quand on passait du temps du temps ensemble. Mes jumelles dormaient avec moi quand j’étais là. Pelar lui venait toujours réclamer que je le porte sur mes épaules ou que je m’entraîne avec lui. Mais ce n’était pas la beauté de la jeune femme qui ferait détourner le regard à mes hommes. Ils craignaient bien trop ma colère. Je l’observais avec attention.

« Tout dépend. Mais oui, ma colère est supérieure à votre beauté. C’est amusant, mais uniquement quand vous ne la subissez pas. »

Les autres… Généralement, lorsque je rentrais en fureur, il ne fallait pas se trouver sur mon chemin après tout. Je finis par lui faire visiter le bateau pour lui faire découvrir un peu mon propre univers. J’écoutais sagement ce qu’elle disait. Des traits généralistes. Sans doute. Je ne savais pas quoi dire, alors je hochais juste la tête tranquillement. Mais il y avait l’entraînement à faire ! Il ne fallait pas rester trop longtemps inactif. J’avais besoin de me défouler un peu.

Visiblement cela impressionnait la princesse. J’eus un sourire tordu à sa remarque.

« Personne ne veut affronter le Fendeur des Mers et son équipage. »

J’écoutais silencieusement la jeune femme sans rien dire. Oui il fallait qu’elle retourne à ses tâches et moi aussi… Pourquoi elle déchirait sa robe ? Un morceau de soie porte chance ? Oh… Je le pris, ce morceau de soie pour l’attacher autour de mon poignet.

« Merci, je le garderais précieusement. »

Histoire de rester en vie… Mais je pensais surtout à mes enfants. Eux aussi me protégeraient ! Leurs prières, leur amour et tout cela… Des récompenses ? Mes hommes continuaient de s’entraîner.

« Nous faisons juste notre devoir, nous ne demandons rien d’autres. Je doute de pouvoir vous écrire.
- Vaincre ou mourir ! Putains de Valyrien ! »

Notre cri de guerre que venait de gueuler Avaenor dans un westerosis approximatif. Je frappais ma poitrine de mon poing comme mes hommes pour ensuite le brandir vers le ciel :

« Putain de Valyrien ! »

J’eus un bref éclat de rire avant d’expliquer :

« C’est… plus ou moins notre cri de guerre sur ce navire. »

La victoire ou la mort. Il n’y avait rien d’autre après tout. C’était ainsi depuis toujours.

« Je vais vous raccompagner à terre. Le sol va tanguer un peu après. »

Normal, mais rien de comparable après plusieurs semaines en mer.

C'est un fameux trois mats fin comme un oiseau…

@Jentys Cellarys

«It always is harder to be left behind than to be the one to go...»

Les propos de Jentys sur ce qu’était une famille ne manquèrent pas d’émouvoir la Gargalen ce qui était chose assez rare pour être notée. C’était peut-être la première fois que la capitaine se montrait aussi intime sur le plan émotionnel là où, auparavant, cela s’était uniquement traduit sur le plan physique avec des blessures qui ne semblaient nullement gêner la valyrienne. « C’est une belle définition que vous avez-là d’une maison Jentys. J’espère que vous retrouverez ce qui vous sont chers prochainement. » Toutefois, la Gargalen ferait taire sa curiosité, comprenant probablement que la Cellarys ne s’ouvrirait pas plus sur le sujet. Certains éléments devaient rester nimbés de mystère afin de continuer à exister. La piété familiale était quelque chose que la dornienne saluait et reconnaissait. Alors, peut-être, à ce bref instant se senta-t-elle réellement et éphémèrement proche de son interlocutrice, se montrant quelque peu plus mature, comprenant que le monde ne se bornait pas à ce que ses yeux pouvaient uniquement apercevoir.

La bécasse mûrissait lentement et découvrir les cales peu ragoutantes d’un navire lui faisait réfléchir sur la réalité des éléments. Tout n’était pas que théorie et calcul. Il lui manquait certainement cette part d’humanité liée à ce que vivait le commun. La Gargalen n’avait jusqu’alors connu que l’étiquette de cours. La plupart des clefs narratives pour comprendre ce qui se déroulait sous ses yeux ébahis la fâchaient, se questionnant sur l’avenir de Dorne. La prestation était finie et la princesse apprécia le geste des valyriens même si leur langage lui paraissait être plus commun par rapport à avant. Notamment car elle l’apprenait, mais aussi car cette dernière l’entendait plus régulièrement qu’autrefois.

« Je me doute bien qu’avec les conflits qui viendront, vous serez très occupée. Ne vous inquiétez pas cela. »

Et les étrangers hurlaient en valyrien, certainement une devise. La princesse se contenta de sourire d’un rire amusé, s’hésitant même à oser les imiter avant de finalement abandonner l’idée. Nymeria hocha la tête pour remercier Jentys de la ramener sur terre. Là où la souveraine était bien mieux.

« Je vous remercie de m’avoir offert cette visite guidée. Il me tarde de vous rencontrer à nouveau. Que vos dieux conduisent les zéphyrs de la victoire. A une prochaine fois capitaine Cellarys. »

(c) DΛNDELION

» Comme un oiseau en cage [Tour VII - Terminé]
» Sois fort comme un léopard, brillant comme un aigle, rapide comme un cerf et puissant comme un lion, pour faire la volonté de ton père qui est dans le ciel.[Tour III - Terminé]
» Et dans 8 mois, nous serons trois [Tour IV - Terminé]
» Comme ceci, en passant [Tour II - Terminé]
» Comme une flèche en plein coeur...[Tour V - terminé ]