Maylie Sand

Maylie Sand est l'enfant illégitime de Lord Maxence Jordayne et d'une bourgeoise dornienne. Reconnue par son père, elle bénéficie d'une excellente éducation et peut même espérer un bon mariage. Pourtant, elle opte pour une tout autre destinée, celle de saltimbanque. Elle abandonne le domaine de son père, et part à la conquête des différentes cours du Westeros. Très vite, la renommée de la demoiselle grandit. Dorénavant, en temps de guerre comme en temps de paix, elle est invitée dans les grandes maisons pour divertir par ses chants et ses mélodies.  

Comme tous les rituels, ceux de Maylie sont simples. La pratique et l'expérience ont drillé ses gestes, leur ordre, jusqu'à leur cadence. Tout a été optimisé pour être économe. Préparation du matériel adéquat, disposition du matériel adéquat, application du matériel adéquat. Enfilage de la robe, application de khôl noir sur ses yeux, peinture rouge sur ses lèvres, placement des pampilles dans ses cheveux. Un métronome aurait pu démontrer la régularité, le tempo des gestes de la musicienne, qui bat d'un rythme intérieur que rien ni personne ne peut éteindre. La femme est dans sa bulle. Pas besoin de camériste, elle a l'habitude de composer avec ses boucles sauvages toute seule. « Maylie ? Hâtez-vous ! Nous allons être en retard ! » De derrière la porte des appartements qui lui ont été alloués par son mécène actuel, la voix de ce dernier fait éclater la bulle de la chanteuse, juste à temps. D'un geste vif, la porte est ouverte sur une jeune femme souriante, l’œil pétillant, prête à régaler l'assistance de ses chants. Si son mécène sursaute à l'ouverture de la porte, l'expression de la surprise, de la bonne surprise, s'empare vite de son visage à la vue de son invitée flambant neuv... prête, pour leur départ. Le galant, fort bien éduqué, offre son bras à celle qui a tout l'air d'une dame, qui en est même une... Presque. Celle-ci le prend délicatement, et tous deux prennent la direction des réjouissances.

A leur arrivée, les libations vont déjà bon train. Cette ambiance, toute particulière qui suit la bataille, ce moment où les vivants festoient pour se rappeler pourquoi demain ils devront se battre à nouveau, a toujours su séduire Maylie, plus sensible à la vie de nuit, qu'à celle du jour. La belle s'amuse donc, affichant un sourire sans embarras, sans pudibonderie, face au spectacle, parfois singulier, qui a lieu quand les nerfs ont besoin de se relâcher. Dans le sillage de son mécène, elle fend la foule dans la direction du souverain. La dornienne avait été informée la veille qu'elle chanterait pour lui, ce soir. C'est bien plus de temps qu'il n'en faut pour la chanteuse de renom, et comédienne sous cape, qu'elle est pour se préparer à cette entrevue, qu'elle soit longue ou coutre, malaisante ou non. Oh, elle ne pense pas avoir tapé juste avec une présomption en particulier... Disons qu'elle est persuadée d'avoir assez présumé pour être parée à toute éventualité. Peut-être est-ce un pêcher d'orgueil ? Elle le saurait bientôt.

Sourire étincelant, elle exécute donc une impeccable révérence. « C'est un honneur de vous servir, votre Majesté. » Elle répond, docile, en allant prendre sa place parmi les musiciens. Eux-mêmes savent ce qu'il convient de faire, à ce moment de la soirée, c'est-à-dire d'accompagner la chanteuse à la voix cristalline, la voix de miel de Maylie la dornienne, tantôt aussi douce qu'une rose du désert, tantôt aussi puissante que l'une de ses tempêtes. La voix de la jeune femme est claire, pour ne pas dire limpide, et celle-ci la maîtrise indéniablement avec beaucoup de talent, sur chacun des chants de piété et de célébration guerrière de sa connaissance. On ne peut qu'imaginer les centaines d'heures à perfectionner son récital, à s'arracher la voix en tentant d'atteindre les notes les plus difficiles... Maylie est une artiste, dans son cœur, dans son âme, âme qui ne s'exprime réellement, presque visiblement, que lorsqu'elle chante. Le plaisir qu'elle prend à se produire déteint sur sa façon d'exploiter l'espace dont elle dispose entre les musiciens, accompagnant son chant d'un léger jeu scénique, visant à en augmenter l'intensité. Et, finalement, le récital touche à sa fin. La dernière note, douce comme une caresse, perdure un moment, avant de s'éteindre comme une bougie se meurt.

Satisfaite de sa prestation, la dornienne salue modestement, avant de s'en retourner vers la table royale car, après tout, sa Majesté lui a donné des directives très claires quant à ses désirs, et les désirs des rois et reines sont des ordres. « Sachez, Votre Majesté, qu'on ne me dégote pas. » Elle entre donc dans le vif du sujet, après avoir effectué une révérence à Manfred, avec un aplomb insolent, mais de cet aplomb emprunt d'autodérision. « Je ne suis pas une breloque cabossée dans le chariot d'une vieille femme. » Elle persiste et signe dans son élan, sourire mutin aux lèvres. « J'ai été sollicitée pour vous divertir ce soir, et j'ai accepté. » Elle s'incline à nouveau, respectueusement. « Je suis bien consciente que mes origines sont source d'embarras ici, par les temps qui courent, mais je n'ai strictement rien à cacher. » Non, rien à cacher, mais le regard qu'elle échange avec Manfred laisse paraître plus que de la simple naïveté, preuve qu'il y a un autre intérêt là-dedans... En tête de liste, notamment, le confort matériel et la liberté de voyager ! Rien que ça ! « De ce fait, votre Majesté, je me permets de vous demander... Dois-je maintenant me retirer ? » Vous reprendrez bien un soupçon de provocation ?

Maylie Sand

Maylie Sand est l'enfant illégitime de Lord Maxence Jordayne et d'une bourgeoise dornienne. Reconnue par son père, elle bénéficie d'une excellente éducation et peut même espérer un bon mariage. Pourtant, elle opte pour une tout autre destinée, celle de saltimbanque. Elle abandonne le domaine de son père, et part à la conquête des différentes cours du Westeros. Très vite, la renommée de la demoiselle grandit. Dorénavant, en temps de guerre comme en temps de paix, elle est invitée dans les grandes maisons pour divertir par ses chants et ses mélodies.

Impossible de dire ce que le souverain du Bief cherche à gagner de faire peur à sa vis-à-vis. Faire peur, oui. Avec ses histoires d’orageois violeurs… Il est vrai qu’il existe des hommes, comme des femmes, bien peu recommandables, mais jusqu’à présent, ils ont été assez aimables pour se tenir loin de la vie de Maylie, et c’est bien ainsi. Malgré elle, la chanteuse cède face à un frisson d’appréhension, qui prend naissance dans ses reins et galope, impossible à freiner, le long de son dos jusqu’à sa nuque. Il la flatte aussi, ce faisant, la parant d’un « joli minois ». Peut-être est-ce cela le perturbant de la remarque du souverain. Quelque chose d’effrayant fourré avec quelque chose de suave, ou le contraire. Dans tous les cas, c’est infâme, et Maylie ne sait absolument pas quoi en faire. Affichant un léger sourire d’embarras, elle préfère se taire, plutôt que de dire une ânerie.

Du reste, elle a bien à faire avec la question qu’il lui pose ensuite, et la dornienne se demande si la mise en abîme de sa situation précaire avant d’évoquer celle de Dorne était intentionnelle… Sachant que l’homme est roi, la jeune chanteuse part du principe que oui, et conclut que sa Majesté aime tenter de la déstabiliser. Par esprit de contrariété, la fougueuse dornienne refuse de se laisser intimider, et parvient à sourire avec naturel en guise de préambule à sa réponse. « Je ne crois pas avoir fait une seule représentation sans qu’on ne me pose la question… » Elle glisse, gardant un sourire indéchiffrable. Amusement ? Mélancolie ? Lassitude ? Un savant mélange de tout ceci ou bien tout autre chose, qui sait ? Après une brève pause, elle répond finalement à la question. « La politique est le jeu d’échecs des nantis. En tant qu’à moitié nantie, je ne pouvais aspirer qu’au rôle de spectatrice, tenant la main d’un Lord… Mais j’avais des ambitions différentes. Nous ne sommes que poussière en ce monde, votre Majesté. Je suis résolue à faire en sorte d’être une poussière heureuse. » Elle conclut, tout simplement, avec, cette fois, un sourire franchement amusé.

Peut-être le roi la trouvera-t-il impertinente, inconséquente, idiote… Maylie s’en moque. Ceux qui ont la fibre pour le combat et la révolte sont déjà sur le front. Elle, elle n’a de compétence ni en intrigue, ni en combat. Tout ce qu’elle maîtrise, ce sont les notes. Si elle apporte un peu de bonheur autour d’elle par ses chants (et que ça lui permette de vivre la belle vie), alors tant mieux. Rencontrer une tête couronnée est cependant toujours très singulier. Des spectateurs mélomanes aux plus hermétiques à son art, le spectre des réactions possibles est large, et la conversation est encore beaucoup trop jeune pour savoir à quelle sauce Manfred Hightower va la manger…

« Mais, et vous, vous vous pensez responsable de la ruine de Dorne ? » Elle lui demande, tout de go, sans fard, avec juste de la curiosité. Le Roi avait dit « que l’on rend volontiers responsable », ce qui est vrai, mais, lui, comment se voyait-il lui-même au milieu de tout cela ? Maylie pense qu’effectivement, Manfred Hightower construit la gloire du Bief sur le déclin de Dorne, mais, objectivement, il ne pouvait être blâmé d’avoir tiré parti des errances politiques de Deria Martell et des remous de la Principauté… N’importe quelle nation rivale en aurait fait de même, n’importe quel leader intelligent en aurait fait de même. On ne pouvait décemment reprocher au Bieffois de ne pas avoir négligé les intérêts de son pays, ce serait stupide… Raison pour laquelle Maylie est sincèrement curieuse de connaître le point de vue de l’intéressé… D’autant qu’elle n’aura sans doute plus jamais l’occasion de lui demander ! Autant saisir sa chance au vol !

Maylie Sand

Maylie Sand est l'enfant illégitime de Lord Maxence Jordayne et d'une bourgeoise dornienne. Reconnue par son père, elle bénéficie d'une excellente éducation et peut même espérer un bon mariage. Pourtant, elle opte pour une tout autre destinée, celle de saltimbanque. Elle abandonne le domaine de son père, et part à la conquête des différentes cours du Westeros. Très vite, la renommée de la demoiselle grandit. Dorénavant, en temps de guerre comme en temps de paix, elle est invitée dans les grandes maisons pour divertir par ses chants et ses mélodies.

Allons bon. Un roi qui ignore ce qui le définit le mieux ! N’est-ce pourtant pas l’évidence même ? Maylie hausse un sourcil incrédule face à l’aveux du monarque, tant il lui semble presque… Grossier, obscène. Ce ne sont ni une nature de nanti, ni une épée qui le définissent avant toute chose, mais la couronne qui ceint son front ! Un roi peut naître sans être nanti, et peut régner sans porter l’épée, mais jamais un roi ne se départit de sa couronne. Un roi est un roi avant d’être un homme, avant d’être un époux, un frère ou un père. Il n’y a guère que les dieux pour défier son autorité, et si le royaume souhaite être prospère, il vaut mieux qu’ils soient cléments avec le monarque. Maylie est rendue muette par l’incrédulité. N’est-ce évident que pour les gens du commun ? N’est-ce évident que pour qui sort de temps en temps la tête des nids de vipères ampoulés que sont les cours royales ? Les grands de ce monde sont-ils à ce point aveugles quant à leur propre condition ?

Au moins a-t-il raison sur le caractère versatile de la forme pouvoir. Chantage, hiérarchie, sexe, cupidité… Les leviers sont si nombreux. Avec une intuition foudroyante couplant le malaise qu’elle a pu ressentir précédemment au contact du souverain au choix de mots qu’il a employé, la dornienne comprend qu’elle a à faire à un homme qui devine très rapidement, si pas d’instincts, quels leviers pousser pour asseoir son pouvoir sur n’importe qui, ce qui le rend à la fois extrêmement menaçant, et en même temps donne à la jeune femme un bien étrange sentiment de lucidité, une lucidité si palpitante, presque palpable, qui agit presque comme un filtre d’immunité, à ses yeux. Très rapidement, la jeune femme débute la liste des leviers qu’il pourrait employer contre elle. L’argent et le statut, naturellement, en tête de liste. La réputation, s’il décide d’être clément, les cordes vocales s’il décide de la détruire…

Il en a le pouvoir. C’est un roi. Un ordre, un mot, un seul, et la voilà réduite au silence, son organe le plus précieux, détruit. Maylie baisse les yeux en signe de reddition. Que peut-elle faire d’autre ? Fanfaronner ne lui semble plus du tout adapté. Docile, elle hoche la tête en signe d’assentiment et sourit à la demande du monarque de garder le secret quant à la monnaie du bonheur. La rendrait-il misérable uniquement pour le plaisir de la rendre misérable ? Est-ce ce genre d’homme ?

Toute ouïe cependant, curieuse à crever, elle écoute les confessions du monarque quant à la guerre en cours avec Dorne. Des informations de première main, qu’elle doute qu’aucun dornien autre qu’elle n’aurait pu recueillir, à garder précieusement dans la toile qu’elle tisse des relations entre grands de ce monde. Elle entend le ton décidé et presque chirurgical de logique du souverain. Vu sous cet angle, il lui est impossible de ne pas comprendre. N’importe quel esprit patriote et en ayant les moyens aurait répliqué de la même façon. Cela étant, l’emphase sur les dieux vient fort à propos, et Maylie en vient à se demander s’il y a la moindre once de sincérité dans la dévotion religieuse du roi, ou s’il ne fait que la feindre par commodité politique… Mais avant de pouvoir creuser le sujet (et c’est heureux car elle aurait pu s’y brûler les ailes), la cantatrice se voit réexpédiée à l’exécution de son art par le roi du Bief.

Docile saltimbanque, Maylie s’exécute, un sourire éclatant revenant illuminer son visage et faisant pétiller ses yeux. Revenue près des musiciens, la dornienne s’empare de ses accessoires et, en mesure, le spectacle reprend. Le rythme imposé par les musiciens, tambours et viole, varie. Tantôt lent, tantôt plus rapide, Maylie les accompagne de sa voix suave aux trémolos d’une impressionnante précision. Son alto doux invite l’auditeur au voyage, sa voix serait la barque, et la musique la rivière, tandis que, pour le plaisir des yeux, l’agile dornienne joue de larges éventails prolongés d’étoles chamarrées, proposant au spectateur un sublime kaléidoscope de couleurs ondulantes, une fresque louant tantôt la douceur de la Mère, la fureur du Guerrier, la droiture du Père, et ainsi de suite… Ce n’est pas assez obscène pour déchaîner les hommes, on ne voit guère de peau dans cette danse, non. La seule sensualité est celle exprimée par les jeux de couleurs qui s’entrechoc au gré des mouvements chorégraphiés de l’interprète. C’est juste assez hypnotique pour tenir l’attention de ceux qui sont fatigués par les combats, et en manque de distractions. Maylie est légère, délicate comme une fleur. C’est une artiste qui a accepté de mettre sa sensibilité aux pieds de son public, de lui soumettre ce qu’elle a vu en rêve, et de le laisser juger de la beauté de ses rêves.

Quand la prestation s’achève sur son souffle qui meurt dans sa dernière donne, Maylie est à bout de souffle et une fine transpiration perle sur tout son corps. Modeste, elle salue l’assistance et dépose ses accessoires, avant de regagner sa place. Après que le monarque l’ait congédiée de façon très abrupte, elle ignore si elle est protocolairement autorisée à engager de nouveau la conversation avec lui. Une part d’elle-même meurt d’envie de lui demander s’il a apprécié le spectacle, mais ce serait sans doute malvenu. A défaut, elle prend son verre et le lève timidement dans la direction du souverain. « Me permettrez-vous de lever mon verre à votre générosité de laisser une dornienne se produire ce soir, devant vous, Votre Majesté ? Vous prouvez ainsi que, pour vous, la guerre n’est pas une frontière à l’art, et les saltimbanques de mon acabit vous expriment leur gratitude… » Une façon aussi de, peut-être, tâter le terrain… ? La laissera-t-il repartir sans lui attirer d’ennuis, ou non ?

[Hj : Hey. Je sais que tu as du mal à reprendre les sujets ayant stagné pendant longtemps, donc si tu préfères archiver, je comprendrai.
BàT,]

Maylie Sand

Maylie Sand est l'enfant illégitime de Lord Maxence Jordayne et d'une bourgeoise dornienne. Reconnue par son père, elle bénéficie d'une excellente éducation et peut même espérer un bon mariage. Pourtant, elle opte pour une tout autre destinée, celle de saltimbanque. Elle abandonne le domaine de son père, et part à la conquête des différentes cours du Westeros. Très vite, la renommée de la demoiselle grandit. Dorénavant, en temps de guerre comme en temps de paix, elle est invitée dans les grandes maisons pour divertir par ses chants et ses mélodies.

Reconnaissante, la dornienne s’incline légèrement à la faveur du souverain. « Merci, votre Majesté. » Elle sera payée, c’est l’issue la plus convenable de cette situation qui, malgré son apparente aisance, fait naître chez Maylie un sentiment sourd de danger. C’est quelque chose d’assez inhabituel pour elle, puisqu’elle a plus souvent foi dans son statut de saltimbanque. Dans l’Ouest, par exemple, pas une seule fois ce coup de poignard aux tripes ne s’était manifesté. Ici, elle a l’impression que le poignard taillade lentement… Alors, obtenir une promesse de rémunération pour sa prestation a de quoi la soulager, un peu. Qui paierait quelqu’un qu’il voudrait emprisonner, n’est-ce pas ? De ce fait, la reconnaissance de la dornienne est double, et exprime autant le soulagement pécuniaire, que « merci de ne pas me tuer ». Imitant le mouvement du roi ainsi que sa soif, pour cette fois, Maylie repose docilement sa coupe, avant de tourner des yeux interrogateurs vers le roi.

Un instant, le temps s’étire. La dornienne, peut-être beaucoup trop impudente, cherche dans les yeux du roi à quel point elle peut être sincère dans la réponse qui lui semble évidente. Comprenant rapidement que tenter d’appréhender l’esprit d’un homme comme un roi, pieux, d’un pays voisin, serait un exercice bien trop complexe pour elle, Maylie ne tente pas plus loin l’aventure et… Décide d’être elle-même. Advienne que pourra. Elle reprend un peu de vin, l’ébriété commençant à lui faire pétiller l’esprit autant que les yeux. « C’est le climat… » Elle lui souffle, avec sourire, sur le ton de la confidence. Estimant cette réponse quelque peu nébuleuse, la jeune femme cherche l’approbation du souverain pour développer sa réponse. Lui semblant recevoir cette approbation, elle se permet de continuer. « Dorne jouit d’un climat exceptionnel, unique à Westeros. Nous ne connaissons pas l’hiver. A la Principauté, le soleil règne, presque toujours, sans partage… » L’interprète se permet d’être lyrique. Le roi n’avait-il pas réclamé un conte ? « A Dorne, il nous est impossible de nous parer d’autant de tissus qu’au Nord des Montagnes Rouges. La chaleur nous tuerait. L’effort sous la chaleur est quelque chose de très particulier, de très intense… » Elle se souvient de toutes ses fois où elle a pu danser aux portes du désert, de la sécheresse, du vent… « Le soleil, la mer et le désert nous façonnent depuis des générations… La seule résultante, c’est que… » Elle lui sourit, pleine d’amusement. « … Je vous déconseille de vous habiller aussi chaudement si vous mettez le pied en Dorne. » Elle se permet de rire un peu, et de boire, encore.

« Je comprends le message des Septons, voyez-vous. Le fait est que, là où eux voient de la dépravation, les dorniens voient de la beauté. Adapter la légèreté nécessaire de nos tenues à notre environnement a bouleversé notre rapport au corps, et à la nudité. En Dorne, très peu de femmes sont agressées. Quand la perception d’un corps, plus ou moins dénudé, devient quelque chose de relativement banal, il n’y a que des yeux particulièrement sensibles qui peuvent encore en relever la beauté. Libérer la parole permet à ces yeux de se mettre en relation, et, de fil en aiguille, avec le temps, se créé une véritable émulation. La vie est douce dans la Principauté, les jours de très grosses chaleurs, les heures qui suivent le déjeuner sont souvent passées dans l’oisiveté, à cause des températures. C’est un temps pour lire, pour ceux qui le savent, pour jouer de la musique, ou dormir, réfléchir, broder, n’importe… Ce sont toujours deux heures que vous pouvez consacrer à ce que vous souhaitez. Le temps et l’émulation peuvent rendre une pratique populaire. D’un coup, tout le monde a le temps de composer des sonnets. C’est un moment important, la première marche vers l’excellence. On ne doit plus juste être bon pour l’être, il faut être meilleur. Petit à petit, l’art se créé. » De nouveau, la jeune femme marque une pause, pour reprendre sur un ton beaucoup plus doux. Maylie vient d’ouvrir les portes d’un hall de réflexions qu’elle n’avait encore jamais ouvert. « Je crois que, à la Principauté, plus de gens se sont sentis libres d’explorer le corps sous toutes ses formes, que la compréhension intrinsèque de son fonctionnement, autant physique qu’émotionnel, en a poussé plus d’un à vouloir en repousser les limites… Je pense qu’il y a eu, et aura toujours, des génies pour pousser ces limites toujours plus loin, et continuer de faire s’élever le niveau… Je pense que, ce qui vous donne cette idée, c’est qu’en terme de masse d’individus, en moyenne, les dorniens ont déverrouillé certaines serrures, encore verrouillées aux autres royaumes westerossis… Et tout ça… Grâce au climat. » Elle clôt son plaidoyer, non sans reprendre un petit peu de vin. On l’abreuve, ce soir. Sans dire que c’est pour cela qu’elle chante, ça fait partie des petites contreparties qu’elle apprécie. Beaucoup.

Maylie Sand

Maylie Sand est l'enfant illégitime de Lord Maxence Jordayne et d'une bourgeoise dornienne. Reconnue par son père, elle bénéficie d'une excellente éducation et peut même espérer un bon mariage. Pourtant, elle opte pour une tout autre destinée, celle de saltimbanque. Elle abandonne le domaine de son père, et part à la conquête des différentes cours du Westeros. Très vite, la renommée de la demoiselle grandit. Dorénavant, en temps de guerre comme en temps de paix, elle est invitée dans les grandes maisons pour divertir par ses chants et ses mélodies.

Le vin coule, et Maylie parvient à se détendre, à mettre, au moins un peu, de côté la menace de voir sa tête séparée de son corps. En femme du monde, elle sait apprécier les conversations soutenues, et est bien souvent assez cultivée pour damer le pion à ses interlocuteurs, mais pour ce qui est de la question de la guerre, qu’elle soit sous le soleil de Dorne ou non, la belle n’y entend goutte et n’essaie même pas de prétendre le contraire. Ce serait totalement idiot, elle serait bien trop vite prise en défaut, si elle ne sort pas une énormité dans les dix premiers mots. Bien sûr, une petite point d’orgueil, discrète, invisible, naît dans son cœur quand le bieffois lui confie la difficulté pour ses hommes et lui d’endurer leur climat. Ça, elle ne le sait que trop bien, car Dorne est réputée pour la rudesse de son environnement, et pour la façon dont les dorniens l’utilisent contre leurs envahisseurs depuis des siècles. Nombreux sont ceux à s’y être cassé les dents, et elle espère qu’il en ira encore longtemps ainsi, bien que jamais on ne la prendra à dire de pareilles choses tout haut. Après tout, sa liberté d’aller et venir en Westeros n’est assurée que par sa cristalline neutralité. La moindre tâche sur ce verre transparent, et c’est la corde. Or, sa propre personne a toujours bien plus compté à ses yeux que n’importe quel royaume. Aucun royaume ne se battra jamais pour elle, alors pourquoi diantre devrait-elle se battre pour un royaume ?

« Je crois que tous les royaumes voient d’un mauvais œil les armées des royaumes étrangers. J’imagine que les dorniens utilisent le désert comme les fer-nés peuvent utiliser leurs navires, ou les Braenaryon leurs dragons. » Elle hausse les épaules, indifférente. « Vous vous y connaissez bien mieux que moi en guerre, mais ne serait-il pas idiot de ne pas tenter de tirer profit des faiblesses de l’autre ? » Simple question de curiosité, son ton n’annonçant aucune idée malingre, Maylie se disant simplement que, si elle devait faire la guerre, elle userait de tous les moyens possibles pour prendre l’ascendant. N’est-ce pas la raison même de faire la guerre ? Cependant, elle s’égare dans les explications du monarque, visiblement. « Excusez-moi Monseigneur, mais, qu’est-ce qu’une bacille ? Et une miasme ? » Des termes qu’elle ne croit pas avoir jamais entendus, et qu’elle n’est même pas certaine d’avoir prononcés correctement. Si les termes musicaux n’ont aucun secrets pour elle et qu’elle a même pu engranger des connaissances diverses sur quantités de sujets, miasmes et bacilles ne sont jamais apparus dans aucune conversation, et d’après les explications données par le roi du Bief, la dornienne ne parvient pas à imaginer concrètement ce qu’il a pu observer. De la pourriture ? Etrange, parce qu’à sa connaissance, le soleil assèche, blanchit, parchemine et craquèle…

Elle se tend, forcément, une fois qu’il invoque l’hérésie, et blêmit visiblement sous son teint hâlé. « Monseigneur, je n’ai jamais voulu induire que… » Elle bafouille, rapidement, inquiète à l’idée d’être accusée d’hérésie, alors qu’elle n’a même pas pu aborder le rapport avec la foi des dorniens, car, oui, les dorniens sont spirituels et beaucoup sont dévots aux Sept. En son for intérieur, elle se demande comment un pieu peut envoyer sur les chemins femmes et enfants après les avoir expulsés de leurs domiciles, mais il n’est clairement pas le moment d’évoquer ses questionnements de foi… « Je cherche toujours les profondeurs… » Elle murmure ensuite, baissant la mine sur ses genoux, plus pour elle-même que pour le roi, ignorant s’il l’entendrait ou non, mais jugeant la chose peu importante, au final. Il devait allègrement se moquer de ses justifications. Enfin, la mise en garde imprime sur ses traits une mine inquiète. Le Bief n’est-il pas soumis à la Foi ? Les chevaliers ne doivent-ils pas se montrer… Chevaleresques ? Apparemment non. Apparemment, c’est acceptable et accepté dans leurs rangs, et Maylie frémit. Un sourire un peu crispé trouve le chemin du coin de ses lippes charnues, et elle se lève à son tour pour faire honneur à la sortie du roi. « Bien sûr, Votre Majesté. Vous m’avez honorée de votre attention et de votre temps. » Elle s’incline, respectueuse, prête à remplir son office, à distraire les hommes de sa Majesté, et à regagner sa propre tente pour la nuit, sans doute couteau à la main après ce qu’elle venait d’entendre…