Ils se sont rencontrés au petit matin, non loin de Le Tor. Mince délégation, hommes de confiance du Prince, et survol en altitude d’une ombre monstrueuse. Ils se sont retrouvés, les promis d’autrefois. L’Impératrice et le Prince de Dorne, tous deux collatéraux meurtris de familles décimées et déracinées. Jadis, ils étaient fiancés. Devaient allier Dorne et Peyredragon dans un monde neuf, fait de tolérance et de progrès technique et social. Cette union n’eut jamais lieu ; le Dragon devint Loup, et devint formidable prédateur de monarchies de Westeros, tandis que le Soleil épousait une Biche et se faisait répudier, rejeté par un amour préexistant et des nécessités stratégiques qui séparaient toujours plus Dorne des puissances du nord.

Ils se sont ouverts l’un à l’autre, devant la menace commune de dragons meurtriers, assassins d’une Princesse et de son demi-frère, coup d’éclat renversant un Etat au bénéfice d’un autre. Mince moment de paix entre deux factions en guerre, en lutte. Tout à sa vengeance, le Prince met de côté sa rancœur envers l’Empire qui soutint la rébellion contre sa maison, et l’Impératrice fit de même avec les griefs et accusations de félonie visant les représentants de la Pique et du Soleil. Dorne souffrait de ses dissensions, et cela ne faisait plus le jeu de personne. L’Impératrice voulait réconcilier Dorne, pour la paix et la prospérité entre natifs de la Principauté. Le Prince avait besoin de sécuriser ses arrières, pour venger sa sœur et son frère, pour reprendre sa cité. A sa proposition de trêve, l’Impératrice répliqua et proposa bien plus.

Les négociations furent rapides, car les deux bélligérants étaient au pied du mur.

La rencontre fut tenue secrète près de dix jours, car les deux chefs de guerre étaient déjà repartis mener leurs opérations et la publicité de la rencontre fut masquée aussi longtemps.

Le Prince Roward, marchant vers son destin, fit finalement une annonce à ses troupes. Il leur rappela son engagement depuis toujours auprès de ses hommes, pour la gloire de Dorne. Il reconnaissait les erreurs politiques de sa famille, et les déboires militaires subis face à une trop grande multitude. Il rappela ses victoires, qui avaient contribué à sécuriser l’allié orageois, à rétablir un front contre l’ennemi, ainsi que son implication personnelle dans la campagne contre La Grâcedieu. Le Prince confiait son dégoût de servir les intérêts du Bief depuis la paix honteuse de Boycitre, signée par sa sœur. Mais si le Bief était derrière l’abattement de Dorne, ses actes n’étaient rien comparés à la prise de contrôle violente et sans concession des Valtigar, qui comptaient bien annexer Dorne, et de là, tout ou partie du continent. Mahée Allyrion restait une ennemie qu’il avait combattue, mais dans les deux cas avec honneur. Des excès avaient été commis, mais il n’y avait eu ni massacres ni actes de cruauté gratuite. Il était temps, pour la Principauté, de s’unir à nouveau pour panser ses plaies. Dorne devait dépasser ses querelles intestines. Dorne devait surmonter ce cycle sans fin de dissensions et d’affrontements internes, pour se concentrer sur ses véritables ennemis ; l’assujettissement au Bief, et la conquête Brutale des Valyriens.

Une rumeur sourde s’éleva des hommes, décontenancés, mais surtout fatigués par les batailles et la guerre civile.

Roward présenta ce qu’il avait obtenu d’un entretien avec l’Impératrice en personne.

Le Prince renonçait à son titre et à ses prétentions sur le trône, ralliant l’Empire comme il l’avait jadis souhaité auprès de sa sœur, ceci afin de garantir l’avenir de la Principauté dans la fédération impériale. Lui-même serait nommé au conseil princier et s’il le souhaitait, au Collège Impérial pour représenter Dorne. L’homme acceptait de renoncer au pouvoir, pour sauver son fief, son nom et son peuple… En contrepartie, il sauvait Lancehélion et tous les territoires loyalistes ou conquis de tout acte de violence. La cité resterait demeure Martell dès sa reconquête, même si la capitale de la Principauté deviendrait le choix de la Princesse Mahée Allyrion. L’homme s’engageait à se battre sous bannière impériale pour l’unité de la Principauté. En retour, la Princesse Mahée, et au-delà tout l’Empire, déclairerait la guerre au Nouvel Empire Valyrien, se ralliant à la vendetta Martell. Ce point tenait particulièrement à cœur de Roward, qui était plus attaché à son nom, sa famille et sa ville qu’au pouvoir-même. Rhaenys eut beau jeu de lui rappeler qu’elle aurait pu venir de nuit brûler Lancehélion et sa famille depuis bien longtemps, mais qu’à la différence des Valtigar, elle n’en avait rien fait, et n’avait jamais rien caché de ses opinions et de son opposition à la politique de la Princesse Deria…

Ce ralliement du Prince Roward à la cause impériale aurait pu n’être qu’un ralliement de conviction comme il y en avait bien eu par le passé ; l’homme lui-même n’avait jamais caché sa déception d’un autre mariage qu’avec Rhaenys Targaryen, et sa propre accointance avec l’idéal d’unification qu’elle portait. Mais c’est essentiellement la nécessité qui faisait loi, désormais. Car la réalité derrière ce ralliement, c’est que le Prince Roward n’avait pas ou plus d’espoir. Haïssant les bieffois, l’homme n’aurait pu souffrir un ralliement à la cause Hightower, qui aurait sans doute profité à ses yeux de la situation pour annexer toute la Principauté. Il ne pouvait pas non plus rallier les Valtigar, assassins de sa famille et conquérants de sa si belle cité. Abandonné par tous ses alliés, ne restait que le moins vil de ses ennemis ; rebelle certes, mais qui prétendait défendre Dorne et qui pour le moment, ralliait bien des maisons. L’armée de Roward n’était que mal ravitaillée, sans solde, sans avenir. En ralliant l’Empire, l’homme renonçait à sa fierté, mais non à son honneur. Il sauvait son nom, sa ville, sa réputation et gagnait l’occasion de sa vengeance tout autant que de combattre ces ennemis qu’il détestait, bieffois et croisés corrompus.

Restait un sujet épineux à ce ralliement. Convaincu sans preuves matérielles mais par témoignages de la culpabilité de la Reine-Mère Rowenna Durrandon dans la mort de sa grand-mère, la Princesse Meria, et de Nymor son propre père, Roward avait réclamé justice impériale pour sa ressortissante si bien née… Et l’Impératrice, ne pouvant présager d’une culpabilité ni rendre justice elle-même, proposa de régler le différend par duel judiciaire. En se plaçant sous étendard impérial, en embrassant son blason, Rhaenys n’avait pas d’autre choix que de promettre justice à un ressortissant de son Empir Il faudra donc en passer par un duel judiciaire, ce qui ne serait peut-être pas sans poser quelques difficultés à la partie orageoise…

Bien tardivement par rapport à l’entrevue, une fois sa résolution connue, la Princesse Mahée enfin mise au courant en cette fin de quatrième mois de l’année, profita de l’instant d’abord pour savourer la nouvelle, encaisser ses conséquences multiples, politiques et militaires notamment. Venant elle-même de prendre Les Météores, bien après la tenue de la réunion entre Rhaenys et Roward, elle écrit au Collège Impérial de Fort-Darion, prenant la plume pour assurer de sa fidélité à l’Empire et de sa demande officielle de fédération de la Principauté de Dorne à l’Empire Braenaryon. La signature protocolaire de la constitution de l’Empereur devant être soumise à l’approbation du Collège des représentants des Royaumes Fédérés, la guerre devra sans doute reprendre ses droits avant qu’une visite officielle de la capitale impériale ne soit possible pour la Princesse qui n’était dès lors plus rebelle, mais légitime.

Points de Dorne Allyrion
+10pts Ralliement des Martell
+10pts Ralliement d’une armée entière
+20pts Ralliement d’une ville majeure, Ferboys