Aerymor grandit à Elyria, lieu où il fut entraîné par les plus grands combattants du continent. Il passa des semaines, sans grandes interruptions, à reproduire différentes techniques de combat et à étudier le maniement des armes. Était-ce le meilleur moyen d’élever son enfant ? Il eut souvent l’impression qu’il était le fruit d’une expérience, une expérience où l’on cherchait à créer un être dénué de douceur et de calme. Il pensait d’ailleurs qu’il était sur la bonne voie : il enviait son frère, qu’il jugeait arrogant et ridicule, il jalousait ses deux sœurs, qu’il décrivait comme prétentieuses et gâtées. Il ne se connaissait qu’à travers les muscles, le fer et le sol sableux qui le rattrapait à chaque fois qu’il tombait d’épuisement.


Un jour où le feu embrasait le paysage, Aerymor se prit de rage contre des pirates pilleurs de grains. Les stocks étaient placés dans l’une des cabanes propres aux Légions valyriennes. « Ces fripouilles vont nous le payer ! Au prix de leur honneur » prononça-t-il encore bien jeune à quelques soldats qui partirent avec lui dans une embarcation. C’est à coups d’épée qu’il tailla ses ennemis, avec une finesse mais une brutalité conséquente. Cette première expédition, il l’emporta avec agilité et violence. Les soldats l’entourant se dirent tous qu’il avait concentré autant de férocité qu’un guerrier expert. Au retour, il fut fier. Il sut qu’il recommencerait.


Aerymor recommença maintes fois ses combats. Il aimait ça. Il aimait aussi faire preuve d’autorité. Il savait qui il était et d’où il venait. Ainsi, quand il fut envoyé par son père réclamer le versement du tribut des différentes cités d’Essos, il sut qu’il n’hésiterait pas à faire pression en cas de manquement au paiement. Il fut l’envoyé de son père, il s’occupa de ces tâches, qu’on pourrait qualifier de « tâches sanglantes » car plus d’une fois, Aerymor fit face à des barons réticents à leurs obligations. Il trancha l’opposition. Littéralement. Il lui arrivait plusieurs fois de penser à la responsabilité de son frère, Maegor, lui qui était constamment à la tête d’opérations stratégiques et militaires de grande envergure. Était-il trop féroce et pas assez stratège pour faire de même ? Il nourrissait, pour chacune de ses pensées, une jalousie écrasante et décadente pour son frère. Peu importe. Il avait encore tant de choses à faire.


Le message d’Ugor Bernalas, prêtre rouge, qui vit en l’un des Valtigar, l’élu, le sauveur de la Lumière contre les Ténèbres, le motiva à continuer, jour après jour. Serait-ce lui ? Il l’espérait. Depuis sa naissance, il avait été conditionné à cette vie de combat et de guerre. L’élu devait forcément être lui : il entreprit, à chaque fois qu’il devait faire violence, de penser que chaque combat mené était fait pour le bien. Il partit alors en expédition pour affirmer le pouvoir des Valtigar, il mena plusieurs affronts, notamment contre des barons d’Essos qui se montraient hostiles au pouvoir familial. Était-ce fait en vain ? Aerymor pensait qu’il serait, un jour, remercié et admiré pour ses prouesses. Il n’attendait pas qu’on le complimente sur ses capacités physiques, ça, il l’entendait trop souvent, lui, il voulait qu’on l’admire pour la personne qu’il était, il voulait être considéré comme à la hauteur de son frère.


Il vit cette créature, sombre, frôlant l’ébène dans sa coquille, fragile mais déjà robuste. Valryon était né, c’était son dragon. Il ressentit une connexion avec lui, au moment même où il sortit de sa coquille et qu’il l’observa dans les yeux. Il se voyait déjà survoler les contrées de ce monde sur son dos pour partir à la rencontre de différents nobles avec qui il devrait parler affaires. Aerymor était en quête de responsabilité, il voulait se sentir important et nécessaire.


Un jour, Aerymor monta Valryon pendant quelques minutes. Ce fut un moment magique pour lui, comme si toute la dureté de sa vie s’envola le temps d’un instant. Ce sentiment de légèreté était plaisant. Il sut pourtant que cela ne durerait pas bien longtemps. Plus tard, Valryon fit partir Deria Martell en fumée sur son ordre. Une grande partie du chemin avait été réalisé : le Nouvel Empire Valyrien avançait et Aerymor et son frère marquaient le pas sur Westeros. Accompagné de son dragon et des légions valyriennes, il était prêt à aller jusqu’au bout.


Une femme élancée, brune, bronzée et mordante, il la vit de suite, Nymeria. Il lui fit rapidement comprendre qu’il attendait beaucoup de sa destinée, qu’il souhaitait se hisser dans les sommets. Il comprit aussi qu’elle était calculatrice et téméraire. À deux, ils iraient loin. Se comprenaient-ils si bien ? Ils passèrent une nuit passionnée et riches en émotions et une matinée les rapprochant par les liens du mariage. Ils voulurent tous deux le pouvoir, ils voulurent Dorne, ils voulurent même bien plus.