Greatness from small beginnings (An 1, Mois 12, Semaine 4) [Terminé - Tour IX]

Le temps avait été généreux pendant son voyage jusqu'à Villevieille. Ghabrielle n'avait rien d'une femme religieuse, elle a toujours été tout le contraire puisqu'il y a très peu de pêchers qu'elle n'a pas tenté. Il pourrait même être dit que ses habitudes et ses rapports avec les autres sont définis par sa désobéissance aux règles. Une femme épéiste, championne de l'un des plus grands tournois récent du Bief, une mercenaire, non seulement amoureuse d'une femme, mais celle-ci est marié et mère. Si elle n'était pas déjà suffisamment loin de son devoir de femme, elle avait tué l'homme qui lui était promise dans le but d'éviter le viol et ainsi demeurer célibataire. Malgré toutes ses transgressions, elle devenait une meilleure personne, surtout dans l'amour secret qu'elle éprouvait tout au fond de son armure. Il était donc fort intéressant de voyager afin de rencontrer un individu tel que Martyn Tarbeck.

Ghabrielle n'avait jamais rencontré Martyn, mais sa réputation le précédait. Un homme calculé, capable et investis dans sa profession. Étrangement, Ghabrielle avait davantage en commun avec Martyn qu'avec les attentes de son père. Martyn était un homme qui apportait des résultats, peu importe le prix. Une attitude comme celle-là était également ce qui se cachait derrière la Bannière de Fortune, la compagnie de Ghabrielle qui était sur le point de multiplier sa taille par dix. Une nouvelle qui n'avait pas eu le temps de circuler, la centaine d'hommes attendus par Martyn Tarbeck était en fait plus cinq cents.

Son casque enveloppant sa tête et son cou, une apparence forgé avec le plus grand soin. Le devant avait presque la forme du crâne humain, il était en effet renforcé et épaissie dans le but de survivre des coups puissants. Ghabrielle disparaissait sous ce casque, elle était maintenant le Spectre en approchant Villevieille. La dernière fois qu'elle s'y trouvait, elle revenait d'Essos après des années d'absence. La bieffoise associait les longs voyages par navire au sentiment de départ permanent. Elle était cependant sur le point de voyager non pas en tant que Spectre, mais en tant que Lady. Une requête spéciale de la reine du Bief, Eren Hightower. Pour Ghabrielle, il était question d'arriver là où elle cherche toujours à aller. Peu importe la distance, son âme et ses pensées résides qu'en ses lieux. Peut-être était-ce là ce qui la portait à faire dormir sa haine pour son père, peut-être était-elle nourrit par autres choses que de la violence. La violence, la chose qui l'avait défini. Plus elle pensait au Roc, plus elle se perdait dans son parcours, avant de revenir sur ses pas afin d'arriver à sa destination. Elle fit signe à Ford Rowan, son cousin, de demeurer derrière avant d'entrer les lieux. Elle fut escortée immédiatement par les hommes de Martyn jusqu'à sa table en privé.

Il était temps de n'avoir ni nom, ni visage, d'être le Spectre. Elle lui dit en posant ses yeux sur lui "Mes salutations, c'est un honneur de vous rencontrer en ce jour. J'ose espérer que Villevieille et sa météo imprévisible vous traite bien." avec l'écho à basse note du métal de son masque, elle avait la voix qui ressemblait à son nom. Celle d'un Spectre. Martyn était à la fois aucunement comme elle l'avait imaginé et également exactement comme elle l'avait imaginé. Sa posture et son comportement, son expression, parfois ce qui dit au sujet d'un homme peut s'avérer vrai. Elle continua en approchant sa table "J'aimerais avant tout vous annoncer une bonne nouvelle très récente. Les troupes disponibles ont augmentés d'une centaine, à près de cinq cents hommes, gracieuseté de Lady Ghabrielle, la propriétaire de la compagnie." Ghabrielle était certainement prête à investir l'énergie qu'elle pouvait dans la cause de Martyn Tarbeck. Il peut être dit bien des choses au sujet de la foi, mais une chose est universellement reconnue: Ils payent.

La patience sera une arme bienvenue. C’est ainsi qu’il conçoit sa propre entreprise personnelle dirons-nous. Un bon meneur, ou plutôt un homme capable de survivre à bien des embûches, se doit d’avoir un plan solide et calculé. Celui-ci prend forme progressivement. L’entrevue avec Sa Majesté le Roi Hightower a été intéressante. Maintenant, il ne faut rien négliger. Les possibles appuis, la saison, l’état de forme des adversaires et bien d’autres éléments. C’est d’autant plus clair dans l’esprit de Martyn qu’il ne dispose pas des moyens conséquents des Royaumes comme le Bief, l’Ouest et bien d’autres.

Alors, il ne doit rien négliger et certainement pas les connaissances avec lesquelles il peut faire un bout de chemin. Les mercenaires incitent toutefois à la méfiance mais, normalement, tant que les pièces de monnaie tombent entre leurs mains, ceux-ci devraient être stables et loyaux. C’est dans ce cadre qu’il reçoit un personnage, un individu cachant bien son identité, le Spectre. Ce dernier débarque sous les yeux de Tarbeck avec le visage dissimulé sous un casque ressemblant presque à un crâne humain. Il est particulier de ne pas pouvoir confronter son regard, surtout avec une personne qui nous est inconnue. Martyn n’en est pas moins expérimenté et ne compte pas être troublé par cet artifice. Il ne faut pas oublier que la personne derrière ne reste qu’un être de chair et de sang.

« Salutations également,…Spectre. Nous ne contrôlons malheureusement pas le temps et même si il se montre parfois moins clément, ce n’est pas une raison pour perdre courage. »

Une introduction somme toute à la mesure de la détermination de Tarbeck. Celui-ci apprécie ensuite la nouvelle énoncée par son visiteur mystérieux. Une centaine d’hommes en plus. A l’échelle d’un royaume, ce n’est certes pas grand chose. Mais, ces hommes peuvent tout de même être déterminants.

« C’est une bonne nouvelle. Merci d’introduire notre échange de cette manière. Je vous en prie, asseyez-vous. Souhaitez-vous quelque chose à boire ? »

La question vaut la peine d’être posée. Un petit verre de vin peut sceller une alliance intéressante mais il est fort probablement que cet invité mystérieux ne souhaite ne aucune mesure enlever son casque. Le vin coule dans la coupe du Guerrier de la Foi avant qu’il ne s’installe contre le dossier de sa chaise. Il prend une grande inspiration avant de faire part de ses idées.

« Les Royaumes se déchirent, c’est un fait. Et ils vont continuer de se déchirer pendant un certain temps. Dans le même temps, ils faiblissent et…des opportunités peuvent apparaître pour des âmes ambitieuses et aventureuses. Dorne représente un terrain de jeu intéressant pour conquérir à moindre coup tout en bénéficiant de la bienveillance de Sa Sainteté et de Sa Majesté le Roi. »

Tarbeck pose ses lèvres sur la coupe de vin afin de boire quelques gorgées. La pause est courte et il continue d’argumenter et de développer ses intentions.

« Nous pourrions bénéficier de l’appui de quelques navires pour réaliser le trajet. Pour ma part, je me placerai en attente à Solfoyer. De ce que je sais, certaines contrées dorniennes connaissent actuellement des escarmouches entre fidèles des Martell et troupes au service de l’Empire. Ce n’est peut-être pas une bonne idée de se glisser entre ces deux groupes….Nous devrions trouver un terrain plus…favorable, n’est-ce pas ? »

Ghabrielle redressa la paume de la main afin de faire signe qu'elle préférait ne rien boire. C'est certainement une chose qui contribuait probablement à la perception du Spectre. Personne ne le voit boire, personne ne le voit dormir, personne ne le croise hors de son armure. Pour les superstitieux, c'est de quoi croire que le Spectre n'est pas humain. L'incertitude et le doute de la part des gens lui étaient plaisants. Elle avait l'habitude d'être perçus comme faible, fragile, voir infantiliser en tant que femme. Sous l'armure du Spectre, les gens se méfiaient, ils avaient des raisons de croire que celle-ci était une menace, un danger ou simplement un poignard qui leur cherche le dos. En un sens, l'armure permettait aux gens de la voir de l'intérieur, l'épéiste spectaculaire qui avait traversé le pire. Un Spectre.

Il demeurait quand même un fait que Ghabrielle avait parcouru une grande distance en ce jour et qu'elle pouvait apprécier de s'asseoir sur une vraie chaise. Assise bien droite comme un soldat avec les avant-bras contre le bord de la table, elle observa le Seigneur qui l'avait invité en ces lieux. Elle écouta avec attention Martyn, il était clairement un homme de vision et d'ambition. Voilà les deux choses qui avaient permis à Ghabrielle de survivre si longtemps. Il était peut-être l'antithèse d'un individu tel que Martyn, mais elle pouvait au moins le comprendre. Rien ne se perd. Si les conflits font rage, un homme comme lui et une femme comme elle pouvait certainement y gagner beaucoup. Il restait à voir les termes et les buts du Seigneur.

Ce qu'il disait à propos de Dorne était absolument vrai. Ghabrielle ne pouvait pourtant pas percevoir le concept d'allégeance telle que lui, pour la Bannière de Fortune plusieurs factions se trouvent à être plusieurs employeurs. Une fois ce contrat terminé, il serait certainement facile de trouver quelqu'un ayant besoin de ses services dans le chaos et la violence. En temps de guerre, il y a toujours quelqu'un en quête d'individus capables de se salir les mains pour eux.

C'est avec sa voix métallique et presque monstrueuse qu'elle répondit calmement "En mon expérience, autant à Westeros qu'à Essos, il est malheureusement la nature de tout royaume d'avoir un ennemi. La bonne chose est que tout royaume devenant trop gros finit toujours par se briser de l'intérieur." Elle ne pouvait qu'espérer que l'avarice arriverait à s'emparer d'un ou de plusieurs Seigneurs dans l'Empire, cela faciliterait grandement cette guerre.

Elle avança ses mains en armure et croisa les doigts avant de continuer "Je suis tout à fait d'accord avec vous mon Seigneur. La Foi a toujours été célébrée et supportée par le peuple pour ce qu'elle apporte. Si Dorne est attaquer par l'Empire, les zones de conflits sont remplis de gens qui ne demandent qu'une chose dans laquelle croire et les protégés de l'invasion. Je n'ai jamais cru en qui ou quoi que ce soit qui s'imposa par la force." Ghabrielle se racla la gorge, regrettant ne pas pouvoir boire et termina "Si les conditions sont bonnes et que les stratégies sont appropriées, la Foi des Septs pourrait bel et bien être vu comme des messies avant la fin de cette campagne."

Cette…personne est vraiment unique en son genre. Martyn l’observe avec une curiosité bien contenue. L’apparence inhumaine est une chose, mais cette attitude et cette posture attirent son attention. Il n’est pas intimidé car il sait que cette personne est faîte de chair et de sang…comme lui. Tout ceci est un attirail, sa voix est un subterfuge. Si il lui consent un respect tout à fait évident du fait de leur projet commun, Tarbeck n’est en rien impressionné. Le Spectre refuse le verre et Martyn se met quant à lui plus à son aise avec sa coupe en main.

Ses premiers mots renvoient à la récurrence de la guerre du fait que chaque royaume dispose toujours d’un ennemi et à la difficulté de maintenir un pouvoir sur un territoire trop vaste.

« Ce monde est donc pour les audacieux car il ne manque pas d’opportunités. Heureusement pour moi, je suis bien loin de guerroyer pour un continent entier. Alors, nous sommes dans la position idéale. »

Et puis, les mots du Spectre provoquent une moue sur le visage de Martyn. Un mercenaire qui ne croit pas que des choses peuvent s’imposer par la force ? Est-ce concevable ou est-ce Martyn qui se méprend à ce sujet ? Son pouce frotte ses autres doigts alors qu’il se plonge en pleine réflexion.

« Je ne pense pas que les dorniens peuvent voir en nous de quelconques protecteurs ou libérateurs. Et non, vous vous méprenez. La force finit toujours par avoir le dernier mot. Vous aurez toujours des fortes têtes à dompter si vous voulez…tenir les masses. »

Tarbeck ne se fait aucune illusion. La Foi des Sept ne prendra pas racine aisément dans le sud de Westeros. Il faudra certainement s’impliquer un peu, créer les bonnes conditions pour que son essor finisse par se faire. Tarbeck sait qu’il faudra probablement deux choses : la fermeté nécessaire pour montrer aux récalcitrants qu’il n’existe aucune autre issue, le temps pour que ce culte se développe dans les esprits de génération en génération si bien que l’on en oublie au final la contrainte qui a été exercée au départ. Martyn ne pense pas voir les résultats de son vivant mais il peut déjà provoquer l’impulsion décisive, se montrer comme un des précurseurs à l’échelle de l’Histoire dans le développement des Sept en Dorne. Bon, si cela peut s’accompagner d’un mode de vie plutôt favorable, le projet n’en sera que plus agréable.

« J’ai déjà combattu en Dorne et croyez-moi…au vu de ce que j’ai vu…je ne me fais guère d’illusion. Il faudra s’imposer. Heureusement pour nous, la Principauté voit les difficultés se multiplier, si bien que je n’aurai aucun remord à leur faire payer leur arrogance. »

Elle comprenait à présent davantage la position de Martyn Tarbeck sur le sujet. Il n'était pas un homme en quête de transformation, mais dans la reconstruction depuis les cendres. Une chose familière auprès de Ghabrielle, c'était la nature de la majorité de ses clients d'Essos pendant des années. La bieffoise avait tellement passé de temps à s'éloigner de la Foi qu'elle devait admettre avoir sous-estimé leur quête de violence. Peut-être avaient-ils davantage en commun qu'elle ne l'imaginait avant d'entrer dans cette pièce. C'était la nature des croisades et apparemment la nature de cette mission. Le Spectre répondit humblement "La croisade contre Dorne a permis une poussée féroce contre ceux-ci, effectivement mon Seigneur. Je me rappelle bien, la Bannière a perdu de grands guerriers pendant cette période. Mais chaque perte des nôtres ont été échangés pour de nombreuses des leurs. Les hommes prêts à contribuer à votre cause ont de l'expérience et de bonnes bases sur l'ennemi visé, je les ai tous sélectionnés moi-même."

La main du Spectre se posa sur son avant-bras, une posture que Ghabrielle avait l'habitude de prendre lorsqu'elle était assise. Le Spectre repris, réalisant que ces paroles s'éloignaient du sujet "Cependant, sur le point que vous avez mentionné, vous avez raison, identifier les zones à risque et ajuster les mouvements en accordance serait pour le mieux. Une stratégie centré sur l'investigation d'une multitude de directions avant l'approche pourrait peut-être permettre à vos hommes de trouver les chemins les moins risquer pour entrer dans ce territoire pour le moins... volatile, qu'en pensez-vous ?"

Est-ce qu'il y avait pire que d'être coincé entre plusieurs ennemis ? Probablement, connaissant la nature de la guerre. Il était vital de s'assurer que les forces, autant de la Foi que les mercenaires, ne se jetteront pas dans la gueule de la bête. Son père Lucian avait certainement essayé de se servir de ses mercenaires comme sacrifice pour distraction stratégique, mais le Spectre est toujours revenu à Boisdoré. Seigneur Tarbeck voulait des hommes additionnels à sa force de frappe, il n'avait pas la nature de son père. Elle ne pouvait qu'espérer qu'il ne la détesterait pas autant que son père, même si ceci est peu probable. Il n'y a personne qui existe qui soit plus engouffrer dans la haine envers le Spectre et ce qu'il représente. Même un rapport froid avec Martyn serait une petite victoire si on le regarde du bon œil.

Alors que le Spectre écoutait avec attention Martyn, une pensée lui avait traversée l'esprit. Arianne. Cette pensée lui avait traversée l'esprit lors des croisades également, mais tout était différent aujourd'hui. Elle n'était plus enchaînée à Boisdoré, elle était en présence d'un Seigneur et menait sa propre compagnie de Westeros. Elle avait à présent des moyens qui lui donnaient des choix, ces choix qu'elle aimerait ne pas avoir à faire. La règle ne change pourtant pas, le client paye, le client obtient. Si c'est un massacre de dorniens que désire Martyn Tarbeck, il l'aura. Et s'il désire un siège d'un endroit de son choix, il l'aura aussi. L'or était, finalement, le seul compas moral que Ghabrielle Rowan pouvait suivre.

Le contexte est favorable à une expédition punitive. Le Grand Septon et le Roi Hightower s’en satisferont. En ce qui concerne l’intérêt personnel de Martyn, l’idée commence à prendre forme dans son esprit. La situation présente quelques caractéristiques intéressantes. Oui, les forces en présence sont diverses et se disputent avec acharnement le sable de Dorne. Un tel désordre, une telle occasion se représentera t’elle ? Peut-être bien. Ou non. Ce chaos peut durer plusieurs mois, plusieurs années ou même encore davantage.

« Vous avez raison sur le fait que le sable de Dorne baigne dans le sang. Mais, nous nous y sommes rendus il y a si peu de temps. Je ne sais pas si le traité de Boycitre a été suffisant. Oui, effectivement, vos hommes sont les bienvenus. »

Le Roi du Bief n’a pas souhaité aller plus loin en terre dornienne. D’autres batailles l’attendent certainement ailleurs. Pendant ce temps, la Principauté de Dorne s’est permise un autre affront à l’encontre du Grand Septon. Le prétexte à un retour en terre dornienne est donc tout trouvé. Mais, Martyn ne se contentera pas de batailles comme la dernière fois. Le meneur des Fils du Guerrier a une idée bien précise en tête.

« Je connais déjà les routes à emprunter et je sais déjà ce que nous allons endurer : le sable, la roche, ce soleil de plomb, une résistance farouche…nous pouvons essayer d’avoir une vision la plus précise possible des différentes troupes sur place mais je pense que tout ceci est compliqué…Tout ceci est très volatile comme vous le dîtes. »

Cette idée n’est réalisable qu’au vu de ce contexte et de cet enchaînement d’évènements. Aussi, les mots de Tarbeck semblent prononcés d’une voix déterminée. Il ne renoncera pas à ce projet et le Spectre ne peut qu’en venir à cette conclusion en l’observant. Tarbeck est dans une position où il n’a rien à perdre, où il compte provoquer la chance. Sa chance.

« Je ne révèlerai que peu de choses à propos de l’entreprise dans laquelle nous allons nous lancer. Pas même son itinéraire. Mais, la prise de risque récompensera ceux qui auront l’occasion de s’en sortir vivant. »

Il y aura du grabuge à n’en pas douter. Son interlocuteur doit le savoir et si ses hommes sont bien des mercenaires aventureux, ceux-ci ne devraient pas se défiler. Ils vont aller se livrer à un combat acharné et la fermeté du chef des Fils du Guerrier sera totale. Dans la bataille comme après celle-ci. Si le ciel et les Sept lui sont favorables une fois de plus.

« Nous ne ferons aucun compromis et nous prendrons tout. Absolument tout. N’est-ce pas ce que vous souhaitiez entendre depuis le début de cette discussion ? »

Le traité de Boycitre, comme la majorité des traités affectant le futur de cette région, était effectivement mis en doute. L'Empire et la principauté de Dorne sont des bêtes particulières. L'expérience de Martyn tournait à son avantage, Spectre le reconnaissait bien. Religieux ou non, rien ne peut contredire l'importance de leaders expérimentés dans une situation pareille.

Ghabrielle souriait sous son casque face aux paroles de Tarbeck, il y avait de très belles façons de le dire, mais la vérité était qu'un bain de sang effroyable attendait ses hommes. Le Spectre avait connu son succès sur les champs de batailles de Dorne et anticipait la chance d'en présenter davantage. Comme une invention ou un traitement médical, un massacre auquel contribue la Bannière de Fortune est une preuve d'efficacité. À chaque fois qu'un client à ce qu'il souhaite, Ghabrielle est heureuse.

Que le plan soit précis ou non, si Martyn Tarbeck était prêt à payer, les dorniens tout comme les impériaux allaient voir la Bannière de Fortune marcher à ses côtés. En temps et lieu, le Spectre pourra peut-être même les rejoindre si son devoir le permet. Le prix d'une certaine indépendance était la perte d'un horaire fixe, mais cela sera toujours meilleur au rôle de femme au foyer. Ghabrielle buvait trop, voyageait trop, tuait trop, se battait trop et baisait trop pour être la dame parfaite. Et elle n'échangerait jamais cette vie contre quoi que ce soit.

Le Spectre se prononça d'un ton ravi face à la détermination évidente de Tarbeck "Vous semblez donc avoir un plan et un voyage bien organisé. Votre expérience tout comme votre réputation dit tout, mes hommes vous suivront jusqu'au bout. Bien que la variété de contrats au travers du Bief limite l'effectif disponible, Lady Rowan compte faire appel aux effectifs ailleurs dans la région : Tous les hommes qui termineront des contrats dans les mois futures seront à votre disposition en échange de paiement." Le Spectre sortit le sac de cuir attaché à sa ceinture. Le dessus le couvrant était marqué au fer avec l'emblème de Boisdoré. Il en retira deux rouleaux et regarda le rebord de chacun, avant de remettre un dans le sac.

Il offrit le petit rouleau d'une d'environ 15 centimètres. Celui-ci était attaché d'une ficelle de tissu rouge vin avec un sceau vert foncé incrusté de l'arbre de Boisdoré. Le pommier facilement identifier. Il ajouta avec respect "Ceci est l'offre faites par Lady Rowan. Elle m'a indiquée de vous faire cette offre en échange des 500 hommes si ceux-ci sont nécessaires pour une période prolongée flexible à votre désir, Ser."

Alors que Tarbeck lisait ce qu'il s'y trouvait, le Spectre inspectait la pièce qui l'entourait du regard. Si les milliers hommes additionnels sont disponibles à temps, ceci pourrait s'avérer être une campagne dont il faut faire partie. Entre la mobilisation dans l'Ouest et le front Orageois qui en aura surement besoin prochainement, il était difficile de tout prédire. Il ne restait qu'à savoir si le meneur des Fils du Guerrier sera intéressé le temps venu.

L’opportunité est belle et Martyn ne peut l’ignorer. Bien trop occupés à se battre ici ou là, les différentes factions présentent en Dorne n’ont pas forcément le temps de se régénérer, de se renforcer. L’arrivée des troupes du chef des Fils du Guerrier, accompagnées de mercenaires gracieusement mis à disposition par Lady Rowan, imposera sûrement une adaptation chez les rebelles et les forces dorniennes loyales à Deria Martell.

« Ecoutez, avec le temps j’ai appris une chose. Les épées louées ne se satisfont que d’une chose. Leur récompense. Comme vous le dîtes, tout est une question de contrat. »

Les compliments n’ont que peu d’impact sur Martyn. Ce dernier garde la tête froide et organise son expédition avec la fermeté qui est la sienne. Songeur, il observe son interlocuteur masqué venir se saisir de deux rouleaux dans un sac de cuir. L’un d’eux est transmis à Martyn qui observe naturellement comment celui-ci lui est présenté. L’emblème de Boisdoré est plutôt facile à identifier. Puis, ses mains rustiques, et marquées par le temps et un mode de vie assez rude, déroulent la lettre pour en lire le contenu. Prenant ensuite quelques instants de réflexion, ses yeux se reposent ensuite sur ce visage masqué.

« Je trouve que cette contre-offre est plus adaptée au regard du nombre d’hommes fournis et de ce que je connais de leur expérience. Aussi, cela indiquera à tout le monde qu’ils ne devront pas se contenter de faire acte de présence.»

Le Seigneur Tarbeck avait raison sur ce point. Les mercenaires ne sont de la partie que pour ce qu'ils y gagnent, que ce soit en or, pouvoir ou conquête. Les objectifs n'importaient pas à ces hommes et encore moins à Ghabrielle. Si le profit s'y trouvait, c'était la seule condition ayant la moindre importance.

Le Spectre écouta avec patience ce que Martyn avait à dire sur la lettre en question. Elle remarqua l'absence de question, celui-ci ne se demandait pas pourquoi le prix était si élevé, ou peut-être n'avait-il aucun intérêt pour la réponse. Le peu d'expression sur le visage de cet homme indiquait probablement la seconde possibilité.

Il était certainement pour le mieux que Ghabrielle portait un masque, puisque la réaction de celle-ci fut évidente face aux paroles de Tarbeck. Une expression vide, mais suffisante pour exsuder sa nature intransigeante, voilà ce qui se trouva sous son masque. Tarbeck, pourtant, n'en saura rien. Les affaires sont les affaires et si le seigneur manque de transparence face à son utilisation des troupes, le Spectre présentera certains faits d'une voix calme et composé "Votre contre-offre est compréhensible, Ser. Je vais m'assurer personnellement que Lady Rowan comprenne votre situation et accepte cette offre, si c'est bel et bien ce que vous voulez. Sachez que la priorité apportée à un contrat est mesurée par le profit que l'entreprise peut en tirer. Près de deux mille mercenaires seront disponibles dans un futur éventuel. Où ces hommes vont aller sera dictés par le prix, plus l'offre est élevée, plus vous pouvez vous attendre à voir des troupes supplémentaires arriver. C'est la seule façon d'utiliser avec le plus d'efficacité les ressources disponibles." Se tenant debout, le Spectre fit quelques pas. Si le souhait de Tarbeck était d'acquérir autant d'hommes que possible, il devait rivaliser avec les offres sur la table de Ghabrielle.

"C'est une réaliste, mais elle comprendra, peu importe l'offre. Je lui ramènerai donc ce document avec votre ajout." Le Spectre lui offrit une poignée de main et termina "L'heure du départ de notre navire approche, c'est un plaisir de faire affaire avec vous, mon Seigneur. Nous nous croiserons donc au front." Il se prépara à partir, refermant sa poche contenant à nouveaux les deux rouleaux. Le guerrier devait se transformer en dame au plus vite avant que la Reine n'arrive. Cette course entre ses deux identités ne sera jamais simple et en quittant cette pièce, elle ne pouvait qu'espérer retirer le masque un jour.

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