Troisième Bataille de la campagne de Dorne, entre le Royaume du Bief soutenu par les Croisés des Sept, et la Principauté de Dorne Cela ne faisait que quelques jours que les bluff et contre-bluff de Noirmont avaient été éventés. Les dorniens n’avaient jamais voulu y arrêter l’envahisseur bieffois ; les leurrant, ils évacuaient la place avec les unités les plus mobiles pour rejoindre d’autres armées et poursuivre les manœuvres de flanc et les actions de guérilla. Les bieffois quant à eux, jouaient le même genre de trouble jeu. Contrairement à l’évidence, ils ne s’arrêtèrent pas pour faire le siège de la ville, pourtant l’une des plus renommées de Dorne. Ils poursuivirent leur route plus au sud, longeant la Torrentine qui leur fournissait l’eau suffisante pour des milliers de chevaux. La région disposaient également de nombre de cultures, de vergers, de coteaux pentus où poussaient d’excellentes vignes. L’armée avala tout ce qu’il y avait sur sa route, comme une gigantesque horde de nuisibles.
Toutefois, l’avancée de Lord Cuy en territoire dornien ne fut guère aisée. Il perdit quantité de gardes en faction. Des troupes en arrières-garde tombèrent dans des embuscades et se firent écraser et harasser de flèches et de billes de frondes. Les pertes restaient légères à l’échelle de l’armée, mais les pertes s’accumulaient malgré tout et Cuy, expérimenté de la petite guerre que subissait les deux royaumes depuis des mois, organisa une arrière-garde efficace, composée de détachements de tireurs qui décrochaient progressivement et à intervalles réguliers, soutenus par de grands groupes de cavalerie légère. Les attaques de Sarzir Santagar dit « La Panthère » étaient toujours efficaces, mais contraintes désormais par la menace que faisait peser un ennemi intelligent sur ses actions. L’armée de Cuy était peut être en train de préparer une embuscade à qui voudrait la poursuivre ; c’était ce que craignait le haut commandement de la Principauté. Il n’en fut rien. Et alors que leur armée se trouvait entre Haut-Ermitage et la troupe de « La Panthère », et que les détachements de renforts étaient loin d’être arrivés, les bieffois arrivèrent sous les remparts.
Conformément aux ordres de la Princesse, au premier danger la population avait commencé à prendre la route. Lorsque les bieffois arrivèrent, l’essentiel de la population était déjà parti, privant les créneaux de renforts de milice. Un millier d’hommes et de femmes fut recruté par vieux vétéran, Ser Molgred. Pour beaucoup il s’agissait de vieux, de femmes, de malades n’ayant su quitter la ville à temps, voire de très jeunes dorniens. Personne n’était là pour les défendre ; Molgred avait toutefois plus d’un tour dans son sac. Il allait falloir de la ruse pour se battre contre la colonne de plus de quinze mille bieffois.
Plan de Bataille du Bief Lord Cuy craint des attaques sur son flanc et sur ses arrières par Ser Santagar. Il œuvre donc vite et sans prendre de gants ; il attaquera frontalement en comptant sur sa supériorité numérique et le moral d’acier des croisés qui l’accompagnent. Pas de subterfuge, pas de stratagème. Cuy garde une unique carte dans sa main, renforçant en sus son arrière-garde d’unités de cavalerie pour empêcher Santagar d’agir pendant qu’il prendrait la ville d’assaut. Sachant qu’il s’agit d’une ville dornienne de toute évidence non défendue par des troupes régulières, Cuy a motivé ses troupes en leur promettant deux jours de pillages une fois les murs pris d’assaut. La troupe vocifère.
L’objectif est de prendre la cité et de la livrer au pillage.
Plan de Bataille de Dorne Ser Molgred n’a que peu d’espoir de l’emporter. Les forces qui lui sont opposées sont trop vastes. Certes, peu équipées pour un siège ou un assaut, mais de quoi dispose-t-il donc ? Des premiers travaux ordonnés par le commandement pour la défense, avec quelques artifices bien pratiques. Il a aussi une poignée d’hommes déterminés. Insuffisants en nombre pour tenir les murs, mais qui pourraient ralentir l’ennemi des heures durant lorsque viendra le temps des combats de rue. Molgred choisit en effet de ne pas se battre et mourir sur les murs ; il y aguichera l’ennemi, puis le laissera entrer. La nuit tombée, le dernier cortège de non-combattants quittera la cité par une poterne à l’est, pour tenter de rejoindre une armée alliée.
L’objectif est de sauver ce qui peuvent encore l’être, d’attirer l’ennemi pour favoriser la fuite de ce qu’il reste de la population.
Premier Tour ; Vengez le Bief ! Lord Cuy entame la bataille par le défilé de la masse qui passera à l’attaque très prochainement. Les hommes du sud-est du Bief sont prêts à se battre, mais fatigués par la marche. Ils ont soif de vengeance. Des mois durant, Dorne a saccagé leurs terres et pillé leurs fermes, mutilé ou violé leurs proches. C’est leur tour, maintenant. Ils feront s’abattre la colère des Sept sur cette cité maudite. Protégés par des pavois et des mantelets improvisés avec les paillasses des villages alentours, la première vague, massive, composée de milliers d’hommes, se jette en hurlant contre les murs ouest, nord et sud. Des volées de flèches sont tirées depuis les créneaux, en quantité. Beaucoup se fichent dans les protections des soldats qui chargent, mais beaucoup de corps sont frappés en pleine course et s’effondrent, brisés. Les mantelets installés, les milliers de tireurs bieffois criblent les créneaux de flèches et de carreaux d’arbalètes. Les miliciens de Dorne, peu protégés au mieux, paient un lourd tribut, mais continuent de lâcher volées sur volées. Surtout, la poix, l’huile et les repoussoirs à échelles font un carnage. Les bieffois, dans leur peur de renforts ennemis, n’ont que des échelles, des grappins, des béliers de fortune. Ils s’acharnent sur les portes, alors que des dizaines d’hommes sont blessés ou tués par la grêle de projectiles autour des portes d’entrée. Ils continuent d’attaquer, pourtant, malgré les hurlements des centaines de blessés. Beaucoup fuient l’assaut en se tenant ça et là épaule et avant-bras transpercés des traits dorniens. Beaucoup savent que les hommes des Martell enduisent leurs flèches de déjections, de poisons, de venin. Certains se tordent déjà au sol, l’écume aux lèvres, Molgred a ouvert à ses hommes la remise du Mestre local.
Mais les bieffois attaquent. Une échelle tient bon. Les hommes d’armes de Corcolline l’escaladent. Un duo se spadassins, d’anciens garçons d’écurie, parvint sur les créneaux et projette plusieurs défenseurs depuis les créneaux, entraînant des vivats parmi la troupe au pied des murailles, qui se jette derechef contre les murs. Ceux-ci sont pris en moins d’une heure, au prix encore de terribles échanges de tirs. Mais les dorniens abandonnent les murs… Des cris de victoire agitent l’ost bieffois.
Les bieffois perdent 1200 hommes, dont 200 archers, 500 fantassins moyens et 500 lanciers.
Les dorniens perdent 200 miliciens.
Second Tour ; Tenez la ligne ! TENEZ !Les soldats bieffois ayant pris les murs sont épuisés. Ils sont encore harcelés de flèches en descendant les murailles par les escaliers. Des projectiles sont tirés depuis les bâtiments intérieurs, depuis les toits. On fait monter quelques archers bieffois qui contrebattent les tireurs. On s’échange des flèches à quelque distance, mais les dorniens, cachés derrière les volets de bois ou les murets de pierre jouissent d’une bonne protection. Les bieffois de cette armée sont expérimentés, et transpirant sous leurs mailles, protègent leurs archers de leur bouclier, en posant un genoux à terre. Des hommes meurent de part et d’autres, alors qu’un petit groupe de bieffois par ouvrir les portes. La charge des Fils du Guerrier ne trouvent dans les environs de la porte que des piétons Mullendore, la gorge tranchée. Dubitatifs, les guerriers mettent pied à terre…
Et subissent une volée de flèches, de pierres et de billes de plombs. Des miliciens leur sautent dessus de toutes parts avec piques, coutelas, lances de chasse et javelines. Les fiers chevaliers de la foi, un temps surpris et dépassés, sont plusieurs à s’effondrer, lame plantée sous le gorgerin, l’aisselle ou le jarret. Mais les hommes en armure répliquent férocement, entonnant des hymnes à la gloire du Guerrier. Les dorniens refluent. On se bat maison par maison. Beaucoup sont barricadés. Des blessés par dizaines sont évacués des venelles tortueuses par les bieffois, qui subissent là encore des tirs venus des toits ou parfois, des culs de sac. Partout on trouve des hommes poignardés, lardés de coups de lance ou percés de flèches. A plusieurs endroits, des maisons en mauvais état ont été volontairement en partie effondrées par les défenseurs, qui se retranchent dans les ruines. Les bieffois, serrant les dents, passent à la torche toute zone qui leur résiste trop. Bien vite, les maisons de torchis s’embrasent et des hommes des deux camps sont piégés par les flammes. Déjà, le pillage commence et ralenti les attaquants, qui passent des centaines par heures les grandes portes ouest de la ville. L’armée engloutit les rues. Des barricades tiennent, et sont l’objet de combats héroïques et désespérés. Un jeune dornien abat plusieurs hommes d’armes du Bief à coups de flèches qu’il tire, juché sur une barricade qui domine une mêlée terrible. Les bieffois le clouent au sol à coups de carreaux d’arbalètes. Après trois charges infructueuses, une barricade dans la rue des bouchers est enlevée par un groupe de chevaliers à pied du Bief ; Ser Rowan s’y illustre en exécutant chaque adversaire à qui il est opposé, faisant preuve d’une rapidité et d’une brutalité qui ne laissent aucune chance à ses ennemis.
Tout l’après-midi, la ville est noyée dans des panaches de fumée des incendies, et l’on entend les cris des combattants, les appels à l’aide des mourrants… Les secours tombent souvent dans de petites embuscades. Ser Molgred passe dans les rangs, il court malgré son âge d’un coin à l’autre des défenses dorniennes, houspillant sans relâche pour chasser la faiblesse, encourageant la bravoure. Il veut tenir jusqu’à la nuit, pour permettre aux non-combattants de s’enfuir à l’est en toute discrétion, par une poterne dérobée. Lorsque la nuit tombe, les combats ne sont pas finis. Moins d’un dornien sur cinq est encore debout, mais ils se regroupent autour de la place du marché.
Les bieffois perdent 900 hommes, 100 archers, 100 arbalétriers, 300 lanciers et 300 fantassins moyens.
Les dorniens perdent 600 hommes.
Troisième Tour ; Mise à sacSantagar n’est pas intervenu ; on n’a pas vu la Panthère voler au secours des assiégés. Il est trop loin. Avec trop peu d’hommes. Il assaille toujours les arrières des bieffois qui répliquent. Dans Haut-Ermitage, les forces se rassemblent, Pauvres Compagnons et Fils du Guerrier en tête. On se tire dessus à bout portée à l’arc et à l’arbalète de part et d’autres des barricades. Entouré de sa suite, Lord Cuy avance. Sa troupe est toute d’acier vêtue. Quelques-uns tombent sous les tirs ennemis mais une fois au contact, les chevaliers piétinent aisément toute résistance ; les blessés sont empalés dans les épées des vainqueurs, égorgés et saignés à même le sol. Ailleurs, les dorniens repoussent un énième assaut, mais voyant qu’ils sont pris à revers, les derniers groupes de survivants se regroupent au centre de la place, sur la statue de Nymeria. Ils se battent et meurent autour. Pourtant, l’hallali tarde à arriver ; la soldatesque bieffoise se soûle du vin de Dorne pris à l’ennemi. La princesse avait décidé que chacune de ses cités devaient accumuler vivres en vue de sièges ; d’autres des hommes d’armes font bombance. Certains débusquent des femmes et des filles, cachées pendant la folie des assauts. Rien ne peut plus les préserver de l’ire des bieffois, qui les tiennent et les violentent sans vergogne, à la chaîne, vengeant des mois de vaches maigres dans le vin, le grain et le sexe, tous trois pris de force à l’ennemi. Des mois de stock n’ont pas été vidés à temps, faute de bras. La population a bien emmené ce qu’elle pouvait, on jetait également de l’huile dans certains greniers pour les incendier, mais les bieffois mirent tout de même la main sur une partie des préparatifs de Dorne en vue de sièges à venir. La ville de fait disposait de tout pour se défendre, sauf de défenseurs. Que peuvent quelques rares civils encore sur place contre une armée aguerrie ?
Les dernières défenses dorniennes s’écroulent. On ne trouve pas Ser Molgred parmi les corps. On le pourchasse, à la lueur des torches. On a peur que le vieux renard, aperçu et acclamé par ses hommes lors de cette terrible journée, ne se cache. On met longtemps à le trouver.
Les bieffois perdent 200 hommes, moitié fantassins moyens, moitié lanciers.
Les dorniens perdent 200 miliciens.
EpilogueLa ville tombe. Elle est en partie incendiée. Les restes de sa population ont été passés par l’épée ; on ne laisse aucun survivant. Les femmes et les jeunes filles, maintes fois violées, sont abattues. Les défenseurs sont tous massacrés ; aucun quartier n’est offert à ceux qui sont pris vivants. Certains s’enfuient. Ser Molgred pouvait se féliciter que la quasi-totalité de la population avait quitté la ville les jours précédant l’attaque, conformément aux ordres de la Princesse. Cela avait condamné la ville, mais sauvé, au moins provisoirement, de nombreuses vies. Ceux qui vivraient pourraient toujours se battre plus tard. Dommage pour les stocks pris par l’ennemi. On avait eu le temps d’en donner autant que les réfugiés pourraient porter, mais avec l’essentiel du bétail et des montures réquisitionnées par les armées, on n’avait pu embarquer des mois de vivres et les bieffois, malgré les sabotages, avaient récupéré de quoi combler les lacunes de leur pillage en règle de la région. Ser Molgred fut traîné aux pieds de Lord Cuy. Il y insulta vertement la soldatesque bieffoise, qui se livrait aux pires comportements sur la ville conquise. Cuy répliqua qu’il n’ignorait rien des plans des défenseurs. Que les poternes avaient été identifiées et surveillées pendant la durée de la bataille.
Des trompes de cavalerie confirmèrent à Molgred que le dernier détachement de civils s’étant enfui pendant les derniers combats, avait été chassé et chargé par la cavalerie bieffoise qui attendait au dehors. On mutilait les corps des hommes, on ramenait les femmes en ville et le cauchemar se reproduisait. Des larmes au yeux, Molgred rugit à Cuy que Haut-Ermitage serait le tombeau de son armée. On rit de lui, autour. Que pouvait-il arriver à cette armée ? Molgred s’esclaffa quand deux soudards ivres morts commencèrent à s’étouffer dans des borborygmes ineptes, une écume sanglante aux lèvres. Il riait toujours alors qu’autour de lui les officiers du Bief hurlaient des ordres. Et riait encore quand la lame lui ouvrit la gorge.
Cuy avait empêché la fuite de l’ennemi, et avait massacré des centaines de civils de plus dans une guerre qui comptait déjà beaucoup de carnages purement gratuits. Plus encore de butin leur fut pris ; quelques armes, mais surtout les richesses que ces gens emmenaient avec eux. Et leur propre vie. En retour, Molgred avait utilisé un poison issu de baies locales que l’on dispersait volontiers pour tuer la vermine de la cité. Il en avait fait emplir les bouteilles de Vin Rouge de la ville. Il n’y avait pas beaucoup de ces baies pilées. Il ne pu en répandre dans les silos à grains, dans les stocks de raison fermenté, ni dans les hangars à salaison. Mais il put en mettre dans un certain nombre de bouteilles et de galons, visant les officiers du Bief ; le vieux fourbe espérait que les nobles du Bief réquisitionnent les meilleures bouteilles pour eux. Le Fils Tarly fut l’un des premiers à mourir d’horribles maux de ventre, du sang lui coulant de tous les orifices. Des dizaines d’hommes le suivirent très vite, pour beaucoup de simples soldats, des archers notamment, dont la dispersion dès les débuts de l’assaut leur avait permis de mettre la main sur quantité de cet alcool empoisonné.
Le lendemain matin, le succès remporté la veille avait un goût amer dans la bouche de Lord Cuy. Il avait éradiqué un ennemi, pris sa ville, ses vivres, et sécurisé le nord du siège des Météores. Il avait un abri, et de quoi tenir le temps de constituer de nouveaux stocks sur le dos de la région. Mais il avait aussi perdu beaucoup d’hommes. Dont des fils de familles nobles, auprès desquelles il devra bien s’expliquer. Son armée était encore vaste, mais les victoires ne cessaient de la diminuer.
La guerre entre le Bief et Dorne prit une tournure plus encore dramatique. Chaque camp apprit très vite les exactions commis par l’autre durant cet assaut. Et la résolution des combattants des deux camps s’en trouva affermie. Le bain de sang n’était pas terminé.
Points de puissance des Bieffois Gain de 5 points, victoire mineure
Gain de 5 points, objectif de la bataille atteint.
Gain de 2 points, ville prise d’assaut.
Gain de 2 points, stocks supplémentaires pris à l’ennemi.
Points de puissance de Dorne Gain de 2 points, stratagèmes de Ser Molgred.
Perte de 2 points, perte d'une ville mineure.
Perte de 5 points, défaite mineure.
Perte de 5 points, objectif non rempli.