Les Fer-Nés sont de grands marins. Des commerçants renommés, qui vont jusque dans les terres les plus lointaines pour écouler le fruit de leurs raids et de leur artisanat. Explorateurs reconnus, ils sont d'excellents marins. Particulièrement rusés. Particulièrement informés.
Nul n'aurait cru que les raids menés quelques temps auparavant par la flotille de Yoren Pyke, bâtard du Roi Harren, auraient apporté ce résultat. Les côtes de Dorne, cartographiées et désormais connues de la Flotte de Fer, étaient moins invulnérables que leur légende le laissait supposer. Jamais la mestrise n'avait entendu parler de raids aussi bien organisés. Depuis plusieurs semaines au sixième mois de l'Ere des Luttes, la Flotte de Fer croisait sur plusieurs centaines de milles au sud des côtes de la Principauté, arraisonnant navires dorniens, peyredragoniens, orageois, valois et nordiens. Le commerce, si fortement développé depuis les nombreux accords issus du Conclave de Goeville en début d'année, était maintenant réduit à peau de chagrin. Le plan du Sautoir semblait être simple mais efficace ; interdire le commerce maritime entre la Principauté et les autres puissances coalisées de Westeros. Mais il s'est avéré que les commandants de la flotte avaient vu beaucoup plus loin.
Ils s'étaient tapis à proximité des falaises dorniennes du sud-ouest, prenant le grand large au petit matin pour éviter les patrouilles et éviter de tomber sur d'éventuelles galères marchandes. L'amiral de la Flotte était un marin de renom, et arriva avec ses navires, tous feux éteints, alors que la nuit était déjà tombée. Avant que le gros des navires ne soit en vue, plusieurs boutres, revenus plus près des côtes en fin de journée, abattirent quelques patrouilleurs alentours et longèrent la côte jusqu'à la nuit, où ils passèrent à l'action. Là, les équipes triées sur le volet s'infiltrèrent dans la rade et prirent d'assaut les tours gardant l'accès au port. Le combat fut bref mais intense, les deux tours vite prises des mains de gardes à demi endormis qui ne s'attendaient pas à un tel raid.
Aussitôt, un message lumineux fut envoyé des deux tours à la Flotte, qui s'avança dans la pénombre... Avec tous les dangers que cela implique.
Entretemps, l'attaque fut découverte par une patrouille de routine. Des cris d'alerte se répondirent et déjà, les groupes d'infiltration des fer-nés durent se battre contre un ennemi nombreux et déterminé, venant de toutes parts. C'était sans compter la flotte de fer, qui parvint rapidement à s'engouffrer dans le port, jouissant des quais vidés par plusieurs semaines d'honnête piraterie dans les environs. Des centaines et des centaines de pillards, équipés de pied en cap, se ruèrent sur les quais, le marché attenant et tous les bouges mal famés de ce genre de cité.
Malgré tout, le noir préleva son tribut. Un boutre buta contre un écueil du port de Dorne et sa coque éventrée lui donna du gîte, lui faisant percuter un second navire. Tous deux furent envoyés par le fond et leurs équipages furent pour partie récupérés par les navires alentours, mais le noir et le poids des protections des pillards en entraînèrent de nombreux par le fond.
Sur les quais, la situation tourna rapidement à l'avantage des envahisseurs, qui passèrent au fil de l'épée quantité de civils, des marins au repos, des prostituées et des soldats. Comme de véritables loups, les équipages répandirent partout le sang, et le viol ne tarda pas à pimenter l'ambiance de boucherie des hurlements des femmes prises de force.
Partout, les trompes d'alarme sonnèrent, attirant guet et patrouilles de l'armée, tandis que les sonneries sont reprises en écho au palais et sur les murs de la ville.
Ce que ne savaient pas les pirates, c'était qu'une armée dornienne campait en ville et au pied des murs de la cité. En hâte, des milliers de combattants furent tirés du lit ou de leurs autres activités nocturnes, empoignant fébrilement leurs armes.
Au palais, la Princesse Deria Martell ne sut pas de suite ce qu'il se passait réellement, seulement qu'il y avait des incendies en ville. Son premier réflexe fut de fermer le palais et de renforcer sa protection. Quand elle fut mise au courant de l'attaque, elle escompta prendre en embuscade dans sa cité les fer-nés trop impudents pour s'y enfoncer. L'ennemi toutefois, resta dans les alentours immédiats du port, détruisant les navires ennemis et enflammant tout ce qui pouvait constituer des ressources ; vivres, bâtiments, matériels militaires ou de construction. Les incendies continuaient de se répandre. La princesse envoya son fiancé Peyredragonien combattre l'invasion et rallier ses frères, en virée dans la cité. Elle envoya également ses espions et assassins, pullulant dans la Principauté, pour tenter de désorganiser l'ennemi.
Les fer-nés sont peu disciplinés. Alors que les meilleurs groupes forçaient les portes de l'arsenal pour aller incendier les navires qui s'y trouvaient en chantier, la masse des marins continuait de violenter la cité et d'y répandre le chaos. Seule la poigne de quelques capitaines de renom, dont Ragnar Pyke, permit de tenir la majorité des effectifs à proximité des quais pour s'y retrancher, le temps que les pires déprédations soient commises.
A l'extérieur, Baratheon et Martell rallient alors les troupes de l'armée dornienne, mais envoient la cavalerie remonter les rues de la cité. Cette décision est lourde de conséquences ; elle permet de circonscrire les combats au port en se ruant rapidement vers l'ennemi. Mais jamais un cavalier ne pourra se battre efficacement, monté, dans les rues d'une cité médiévale, venelles étroites et étals, marchandises, déchets et autres bâtiments dont des avancées forment un bas plafond désagréable pour un cavalier.
Réduites à l'impuissance, Deria Martell et sa sœur Arianne n'ont plus d'autre choix que de tenir le palais avec sa modeste garnison, en espérant que leurs frères et promis dégagent la cité de l'attaque.
Celle-ci est contrebattue de manière simultanée sur plusieurs fronts. Orys Baratheon et Anders Martell mènent chacun un groupe de cavalerie dans l'espoir de percer les lignes ennemies et les rejeter dans le port. Les fer-nés tiennent bon. Si leurs groupes les plus avancés sont prestement massacrés par les cavaliers de dorniens ou les unités d'infanterie qui partout les assaillent, en plusieurs endroits les rangs sont rapidement formés derrière des barricades de fortune qui handicapent plus encore une cavalerie déjà à son complet désavantage. Les dorniens impactent férocement l'ennemi, mais celui-ci bloque les charges et s'infiltre entre chaque cavalier, coupant les jarrets des chevaux et poignardant les montés. Sergents, chevaliers et éclaireurs sont équitablement jetés bas leurs montures et assassinés par ces féroces combattants, accomplis dans les duels en environnement exigu.
Pendant que la mêlée tourne à l'abomination, l'arsenal succombe enfin à l'assaut en règle de ses factionnaires par de terribles combattants. Usant de tout ce qu'ils trouvent à portée, les fer-nés incendient les navires en cours de réparation et de construction, dont plusieurs hautes caraques dorniennes. Ces soldats viennent de remporter la victoire pour leurs chefs, mais ne savent pas encore qu'ils sont condamnés tant les renforts se pressent dans leur direction.
Dans les rues et près du port, la mêlée est toujours à l'avantage des fer-nés, plus à l'aise dans ce genre de combat. Ni les cavaliers, ni les troupiers de Dorne ne parviennent à prendre l'avantage sur leurs adversaires et des groupes de cavaliers sont littéralement exterminés par ces sauvages. Une fois le choc passé, la cavalerie ne peut plus manoeuvrer ni esquiver dans les rues et ses soldats sont submergés et massacrés par les pillards. Orys Baratheon est en danger, mais est sauvé de justesse par un tir précis d'un archer dornien positionné sur les toits. Sa cavalerie se fait malgré tout étriper et il n'y a que le repli fer-né qui permet à ces braves cavaliers de survivre. Robert Dayne, le fameux porteur d'Aube, ne peut exprimer son talent est se retrouve violemment piétiné par l'ennemi alors que ses hommes sont massacrés autour de lui. Toutefois, partout les colonnes dorniennes étranglent la défense fer-née, tandis que les tireurs sur les toits affaiblissent les lignes ennemies et que les assassins dorniens prélèvent eux aussi leur tribu. Lohan Sand abat plusieurs soldats ennemis tandis que Perle Sand assassine Lord Botley, provoquant l'effondrement de son secteur, où les marins fuient en nombre vers leurs navires. Anders Martell parvient à reprendre le contrôle d'une des tours prises par l'ennemi, mais le mécanisme de la chaîne du port a été saboté ! Des archers dorniens se placent malgré tout sur la fortification et envoient volée sur volée sur les navires ennemis en pleins préparatifs ; plusieurs équipages finiront percés de flèches ou incendiés.
Plus rien ne peut retarder la curée. Le terrible capitaine Ragnar Pyke est blessé par plusieurs projectiles ennemis et ses troupes, submergées, refluent dans le désordre et tentent tant bien que mal d'appareiller. Partout, les combats dégénèrent et l'infanterie de Dorne finit par percer et reprendre les quais, alors que l'ennemi perd ou saborde plusieurs de ses propres navires qui allaient tomber aux mains de l'ennemi.
Pendant ce temps, la Princesse Deria organise les secours aux blessés et tente de prévenir les sinistres incendies qui ravagent la zone des combats. Les secours arriveront assez vite pour les blessés, mais pas pour le quartier du port, terrible brasier.
Le raid s'achève sur les derniers boutres fer-nés, qui évacuent le port sous les tirs ennemis. Les pertes sont alors très lourdes. Mais le raid a porté ses fruits, et Dorne est blessé en plein cœur, ses héros rabaissés par les pillards, ses navires présents détruits, son arsenal réduit en cendres... Le jeu en valait-il la chandelle pour Harren le Noir ? Sans doute, car maintenant, l'ennemi ne se sentira plus en sécurité nulle part.
Cette victoire stratégique risque de donner plus de confiance encore à son nouvel allié Bieffois, mais elle risque également de souder ses ennemis, qui risquent de ne plus avoir d'autre choix que s'unir dans l'adversité.
Les pertes ont été très lourdes de chaque côté. Elles rappelles celles subies par les sauvageons et le Nord à Motte-La-Forêt, dernier bataille dans une ville en Westeros. Les fer-nés perdent totalement 14 boutres et 1500 marins environ, beaucoup ont été tués lors des premières charges et par la suite, au moment de s'enfuir, talonnés par l'ennemi et surtout, canardés depuis toute la rade. En sus, les pillards déplorent la perte de Lord Botley et d'un de ses fils, de l'héritier Salfalaise et d'une dizaine de capitaines, ce qui va handicaper la flotte à la manœuvre et à la cohésion.
Les dorniens endurent de lourdes pertes également, plus légères que celles de leurs ennemis mais d'une toute autre qualité ; 50 chevaliers ont été tués, 200 cavaliers lourds, qui, infiniment peu adaptés au combat des rues, furent les premières troupes sur les lieux du fait de leur rapidité. Les dorniens perdent également 150 piquiers, 500 lanciers et environ 100 archers dans les combats de rue, et les terrifiants corps-à-corps autour de l'arsenal et de ses chantiers navals. Ils perdent également 13 navires de guerre, 3 à quai et 10 en cours de construction lorsque l'arsenal fut pris d'assaut, pour un détail de 12 caraques et 1 cogue, ce qui porte un coup terrible à la marine dornienne. La flotte marchande présente sur place déplore elle aussi de lourdes pertes. Le ratio de pertes est de près de un pour trois en qualité dans la marine, en faveur des fer-nés. Ceux-ci ont subi plus de pertes terrestres, mais en qualité nette ils sont à près de un pour deux. Leur coup de main a été aussi brutal qu'efficace, bien que coûteux malgré tout. La question demeure ; que ce serait-il passé si une armée dornienne n'aurait été présente, ou si ses commandants avaient été un poil plus lents ?
C'est la destruction de la flotte qui récompense tant de pertes et de sang chez les fer-nés. Autrement, des centaines de citoyens ont été tués. Quantité de dames et donzelles ont été violées. Des corps de nouveaux-nés ont été retrouvés, égorgés. L'horreur est telle qu'à l'aube, la cité ne gronde plus que d'une sourde fureur et un intense besoin de revanche. Dorne a été blessé mais Lancehélion a tenu bon, la Flotte de Fer a cédé l'initiative et a subi de lourdes pertes également.
Après le Nord, les Fer-Nés viennent de se faire les dents sur Dorne. Qui sera le prochain ?
Points de Dorne+5 pts victoire mineure
+5 pts objectif
- 5 pts perte des infrastructures, troupes de qualité, héros battus, pertes de tous les vaisseaux lourds et de l'arsenal
A noter que les infrastructures portuaires de Lancehélion ont subi de graves dommages qui handicaperont toutes les opérations navales.
Points du Conflans-5 pts défaite mineure
+5 pts objectif rempli (détruire la flotte dornienne)
+5pts de bonus pour le coup d'éclat ; un royaume a été touché en plein cœur !
A noter que les fer-nés n'ont aucun port d'attache à proximité ; ils auront donc un malus d'attrition important ; quantité de blessés restent sans soins possibles et les navires endommagés n'ont aucun espoir à court terme de réparation. Les pertes peuvent donc augmenter d'ici à ce qu'ils rallient un port.
PS; je mettrais à jour points de puissance et cartes ce w-e, c'est trop la merde au taf cette semaine. Bravo aux deux royaumes qui marquent des points.