Adèlie Salfalaise
There is no king without a queen

Salut moi c'est Darkmomo. J'ai connais BC via PRD et Lyle.  Le grand plus de BC, c'est à mon avis les annexes ultra-complètes. Par contre je ne suis pas fan de la fiche de présentation parce que le codage, c'est pas mon char!. Si 7/7 signifie que je peux passer tous les jours, je pense que ma présence sera au minimum de 4/7. Si 7/7 signifie que je peux rp tous les jours, mon activité sera au minimum de 4/7. J'ai un mot à rajouter et c'est Que la dernière question est en double?. Enfin, j'ai bien lu le règlement parce le code est

La guerre commence à toucher la totalité des royaumes... Etes-vous partisan de l'unification de Westeros par l'Empire ou les Puissances Centrales, ou plutôt attaché à l'indépendance de votre Royaume? Pourquoi?

Avant Harren Le Noir, les îles de Fer n'avaient rien à faire du reste du continent, si ce n'était que de piller ses côtes et de faire valoir que son propre intérêt. Le sel s'est incrusté sur nos métaux, le rongeant et le rouillant de l'intérieur, l'exposant à des menaces encore plus grandes que lui-même. Si notre roi utilise nos forces, nos hommes, nos guerriers, ce n'est bien qu'en sont intérêt propre alors que rien ne semble revenir de ces conquêtes aux Fer-Nés. Sinon, ne payons-nous pas le prix d'un Roi trop ambitieux? Et que dire de l'empire? Si ce n'est qu'il n'est d'aucuns intérêt pour notre peuple à y accorder la moindre importance. Certes, rien n’est forgé dans le fer, si la miséricorde de nos gens peut être assouvie d'une façon ou d'une autre, nous autres, Fer-Nés, prendront les bonnes décisions pour eux. Ni l'empire, ni la puissance centrale ne mérite la confiance et la force de nos Iles. Nous nous allierons à celui qui d'un futur qui garantira la puissance, la légitimité et la sécurité du peuple auquel j'appartiens.

“I hate to hear you talk about all women as if they were fine ladies instead of rational creatures. None of us want to be in calm waters all our lives.”

Ma seule erreur n’a été que de naitre femme. Sur des terres arides où les fils valent plus qu’un minerai précieux et où les pères rêvent de lignées aux richesses grandissantes. Même si plus intelligente, plus courageuse et même si elle peut tuer n’importe quel homme de sa lame, rien n’égalera la valeur d’un fils. Notre père ne croyait qu’à son nom, qu’à ses ambitions se seigneur et à sa descendance. Dès que la nurse avait prononcé le mot « fille », il avait fait volt face pour retourner à ses grandes idées. Rien ne le comblerait plus que l’arrivée d’Issam, mon frère, dix mois plus tard.  

Le jour, autant les mauvais jours que les meilleurs, j’observais mon frère par la fenêtre. Issam avait eu une lame à la main le jour où il avait fait son premier pas. Après, jamais plus il n’avait eu droit à une après-midi de congé. En tant que seul héritier de la maison Petibois, au nom de notre père, il prouverait un jour à ces médisants la valeur de notre sang. Tandis que de mon côté, prise au piège dans cet univers patriarcal, j’apprenais, de ma mère et de mes tantes, à me comporter comme une lady.

Ne crache pas sur ton frère! Ne réponds pas à ton père! Ton frère à raison! Tu l’avais mérité! Jamais un homme ne voudra d’une tête de mule comme la tienne comme épouse! Alors, je leur répondais que : Jamais, je ne me marierais! Une réponse qui n’avait drôlement pas amusé mon père et qui me mérita un aller-retour chez le soigneur et quelques os fracturés. Ça prenait bien ça pour que j’apprenne à me taire, une fois pour toutes. Après quelques mois de convalescence, je retrouvai mes occupations principales. Autrement, Issam, ayant pris pitié, m’offrit de me laisser apprendre les rudiments du combat avec lui, à l’écart des nôtres, une fois le soir tombé.

Quand la nouvelle de la mort du Seigneur de Salfalaise et le désir de son fils de trouver femme fit son chemin jusqu’à mon père, il n’avait même pas pris la peine de m’informer de ses intentions. J’étais devenue femme depuis peu et mon physique, mince et délicat, n’avait rien de celui des dames. Le lendemain de l’entente, nos noces seraient célébrées, officiellement, religieusement et devant le peuple. De ses mains calleuses, il avait pris la mienne, encore celle de l’enfant que j’étais et y avait glissé le jonc. Terrorisée, tremblante, je l’avais imité en lui jurant l’allégeance qu’il me ferait aussitôt regrettée.  

Les femmes de chambre n’avaient jamais vu autant de sang sur les draps de jeunes mariés. L’eau de la baignoire soulevait l’hémoglobine de ma peau, la mousse érubescente laissait entrevoir les ecchymoses linéaires sous mon menton. Le matin suivant, d’autres contusions s’ajoutaient aux comptes et chaque nuit suivante, il me reprenait, comme la veille, jusqu’à ce que ses intérêts se teignent d’aventure à l’annonce d’un raid. Le jour même, où, pour la première fois, j’avais songé à m’enlever la vie.

Quatre jours après son retour, après neuf mois d’absence, j’enfantais notre première fille. Eira ouvrit son regard azuré sur son père un matin d’hiver aussi glacial que ses iris. Petite et menue, elle ne faisait la taille de l’avant-bras de celui qui la tenait. Les réjouissances seraient courtes, mais pour la première fois, Lyle se déguisa d’une douceur que personne ne lui connaissait. Certes, il aurait préféré un fils, mais il fallait être idiot pour ne pas voir qu’il aimerait sa première fille. Le surprenant plusieurs fois bercer l’enfant au beau milieu des nuits, à lui compter ses raids et exploits les soirs, à espérer entendre ses premiers mots au réveil et à l’aider à faire ses premiers pas, je venais à voir en Lyle, un autre homme, capable d’aimer.

Le temps passant, je me fis moins farouche à son égard. Étonnamment, ma curiosité politique au sujet des guerres, des raids et des combats sembla, lui aussi, l’apprivoiser. J’aimais le rejoindre dans ses quartiers, l’observer décortiquer les cartes géographiques et planifier minutieusement chaque décision qui le mènerait vers des rivages plus florissants.  Bientôt, il repartait pour saccager les rives du Bief après l’annonce de la venue prochaine d’un autre héritier. À son retour, seulement, sa déception fut grande de constater la naissance d’une autre fille. Sie, comme son ainée, ressemblait davantage aux Petibois qu’aux Salfalaises, à l’exception de ses cheveux rappelant la couleur des sables mouillés.

Les années qui suivirent brillèrent de l’absence de mon mari. Essentiellement, il mettait de côté ses devoirs de seigneur pour prendre les armes de guerre. Laissant le poids de son absence ronger notre inquiétude de ne jamais le revoir. J’apprenais de ses conseillers à mener ces terres qui étaient sous ma responsabilité. Si au départ, mon manque d’assurance fit murmurer les foules, mes décisions et mon entêtement vinrent à bout de convaincre les plus hargneux. Le peuple voyait en ma nouvelle gouvernance, une autre façon de régner, n’était-ce pas là, la différence qu’une femme pouvait apporter à notre société? Avec toute la droiture de la gent féminine, avec moins de violence, et plus de paroles, une façon plus intellectuelle de diriger que n’importe quel homme.

Lyle nous gratifia de quelques mois de présence. Pour la première fois, je lui annonçais de vive voix que je portais son enfant. Cette fois, il semblait convaincu qu’il s’agirait d’un fils, son premier, celui qu’il attendait avec impatience. Le pillard, aussi brutal qu’il puisse être en guerre, se laissait attendrir par un ventre bien rebondi, ne se lassant d’y laisser des traces de son amour. Notre fils aurait dû naitre au premier souffle du printemps. Nous rendions visite à de la famille dans un village voisin. Il n’avait suffi que d’un enfant un peu trop turbulent pour effrayer nos montures. Mon cheval rua de surprise me jetant sur le sol gelé avant de prendre la course. Lorsque Lyle vint m’offrir une main, je savais déjà que rien de bon d’augurerait de cette chute. Et bien que je serrais les dents, m’interdisant de laisser le mal qui me déchirait le bas du dos transparaitre, je me relevais, en laissant une part de mon sang au sol. Notre fils était né beaucoup trop petit et n’avait jamais respiré.

Lyle quitta le domaine dans les jours qui suivirent.

Les nuits qui suivirent furent hantées par des idées sombres. La honte, la peine et la peur alimentaient des craintes absurdes. Le silence de mon mari avait été avare de paroles. Sa déception n’avait d’égal que sa colère contre cette mauvaise fortune. Si notre dieu s’entêtait à me refuser un héritier, il prendrait femme en une autre. Au fond, ne m’avait-il jamais aimée? N’étais-je pas qu’une bonasse bonne qu’à perpétuer sa lignée? À quoi bon si mon existence ne se résumait qu’à lui? Lui qui se dotait de toutes les ambitions alors que je me fourvoyais à l’attendre inlassablement? Mon père le disait, je n’étais qu’une femme, après quoi, des femmes, ça se trouve ici et là, ça sert à quoi? Sinon qu’à n’être qu’un objet de satisfaction? C’est Eira, qui entra dans la chambre, après avoir entendu le bruit fracassant d’une chaise qui fracassait le sol. Ce sont mes dames de chambre qui coupèrent la corde qui reliait mon cou au plafonnier, et un serviteur, qui vint au bout d’un moment, à me redonner la force de respirer seule.

Issam fut le premier à mon chevet lorsque la nouvelle vint à lui. Dans tout mon trouble, il était le seul à pouvoir me comprendre. Dès lors, il s’invita chez nous, se faisant une mission de me remettre sur pied. Alors, chaque soir, comme lorsque nous étions enfants, il sortait deux épées de l’armurerie et nous nous affrontions jusqu’à la noirceur. J’avais toujours aimé me battre et de ces hommes qui maniaient l’épée à ma façon, on disait d’eux qu’ils avaient ça dans le sang. Et même si mon frère se mangeait la poussière la plupart du temps, je lui tendais une main et l’aidait à se relever, le regard rieur. Notre père ne l’aura jamais avoué de son vivant, mais sa fille était une bien meilleure guerrière que son fils unique. La détresse s’est progressivement métamorphosée en force, y puisant la rage et l’énergie suffisante pour faire renaitre l’enfant coriace que j’avais un jour été.

Tandis que les nouvelles qui nous viennent du continent ne sont pas de bon augure, je dois resserrer l’étau sur les nôtres et ramener l’ordre. La peur fuse chez nos sujets lorsque la traitrise de Lyle est révélée au grand jour et leur surprise n’équivaut pas la frayeur que j’ai de le voir mourir en fourbe, surtout que Harren le Noir, le roi lui-même, ne semble pas y voir d’embarras. Depuis, nous sommes en suspens, en l’attente d’un retour improbable.