Sujet: Robert "Robb" Dayne, l'Epée du matin Ven 10 Juin - 14:24
Robert « Robb » Dayne
-26 ▪ Naissance aux Météores, à Dorne. -18 ▪ Envoi comme pupille de Nymor Martell à Lancehélion -12 ▪ Participe en secret à son premier tournoi, après avoir volé une armure en profitant du silence complice du Prince Nymor, désireux de le mettre à l’épreuve. Malgré son très jeune âge, il arrive jusqu’en demi-finale, où il se fait démonter par Lord Allyrion, non sans avoir brisé deux lances. Le Prince demande à la foule son approbation, avant de l’adouber. La nuit-même, il perd son pucelage avec une dame de compagnie de la Princesse Deria, dont il était très épris. -9 ▪ Retour aux Météores. -8 ▪ Voyage à Accalmie pour rencontrer sa sœur aînée et sa nièce, dont il fait une connaissance pour le moins rapprochée… -7 ▪ Pour échapper à la tutelle pesante de son frère aîné, Robb accompagne la Princesse Deria dans son périple en Essos. -5 ▪ Démonte ses deux frères successivement lors d’un tournoi à Lancehélion pour l’anniversaire de la Princesse Meria après avoir porté les couleurs de sa petite-fille et héritière, consacrant son statut de meilleur jouteur du clan Dayne. La nuit-même, il devient l’amant de Deria Martell. -4 ▪ Participe aux escarmouches contre les bieffois à la frontière. Il se distingue autant par son héroisme que son côté tête brulée, n’hésitant pas à aller à l’encontre des ordres de son frère aîné pour se porter au cœur de la bataille. -2 ▪ Décès de son grand-oncle. L’ensemble des Dayne se réunit et le désigne comme la nouvelle Epée du matin. Il entre dans la garde de la Princesse Meria. 0 ▪ Accompagne la famille princière à Goeville pour le Conclave, puis dans le Bief à l’invitation des Gardener.
Lignée ▪ Bertran et Ingrid Dayne (Parents, décédés), Robert Ier Dayne (grand-oncle, décédé), Rowenna Durrandon (Soeur aînée), Argella Durrandon (nièce), Barristan et Enguerrand Dayne (frères aînés), Nalia Dayne (belle-soeur), sans compter un neveu fils de Barristan et une demi-soeur bâtarde.
N°1 ▪ Que pensez-vous de la situation tendue entre les différents royaumes de Westeros? Vous sentez-vous concerné?
Les bieffois massacrent les dorniens malgré les efforts de la Princesse Deria, les fer-nés coulent les navires de la principauté, une partie des troupes du Soleil sont parties secourir Accalmie assiégée… Difficile de ne pas se sentir concerné quand sa patrie est assaillie de partout, quand sa famille par alliance voit son royaume brûler, quand sa nièce a été contrainte d’assurer seule la défense de ses gens et quand le fief de sa propre famille est en première ligne pour assurer la défense face aux cul-bénis du Bief ! Robb brûle de prendre les armes, de défier tous ces chiens galeux qui se croient plus importants que les siens. Comme tous ceux de son sang, il est un Insoumis.
N°2 ▪ Êtes-vous loyal à votre Royaume, à la famille régnante, ou seriez-vous plus... Electron libre?
Passer toute son enfance à partager les jeux de ses futurs dirigeants, cela marque une vie. Passer une partie de son adolescence à parcourir Essos et Dorne avec sa princesse, ça forge la loyauté. Passer son âge adulte dans son lit, ça lie autant par le plaisir que le respect. Robb est sans doute l’un des plus fervents partisans de sa royale maîtresse, et il ne se prive pas pour le clamer haut et fort. Les Dayne servent de rempart contre les ennemis de Dorne, et il ne sera pas dit que l’Epée du Matin puisse faillir à son illustre tâche.
N°3 ▪ Si jamais la guerre venait à toucher votre région, quelle serait votre réaction?
La guerre a déjà touché Dorne. Une partie de l’armée vogue vers Accalmie, les autres patrouilles pour empêcher ces gueux de bieffois de pénétrer sur le territoire des Insoumis. Robb a déjà pris les armes, et sa réaction serait semblable à ses habitudes : il embrasserait la femme dans ses bras, sauterait sur son armure, ceindrait Aube et se précipiterait dans la bataille avec hargne. Le Dayne n’est pas fait pour élaborer des plans, il laisse cela à sa Princesse et à son frère aîné : lui ne trouve sa plénitude que dans l’ivresse de la victoire, dans le défi de la mort. Mais que serait une armée sans les braves qui la peuple et meurent dans ses rangs, bras levé et sourire aux lèvres ?
N°4 ▪ Vous avez sûrement entendu parler de l'embuscade tendue par Harren le Noir à Aegon Targaryen, que pensez-vous d'un tel acte?
Sincèrement, qu’y avait-il à espérer d’un fer-né ? Rien d’autre que la traîtrise, le Hoare a simplement honoré son surnom de Noir. Il n’y a là ni exploit, ni acte dont on peut se vanter : la traîtrise est bonne pour les chiens des mers et tous ceux de leur engeance, et Dorne se souviendra de cette vilenie, comme tout Westeros. En vertu de l’alliance entre les Martell et les dragons de Peyredragon, ils auront même le privilège de venger les Targaryens des avanies subies… Ou pourraient bien mourir en essayant.
Entre vous et nous.
▪▪ Aly ▪▪20 ans, pour encore quelques semaines ^^ ▪▪ 20, vous en doutiez? ▪▪ En y étant déjà ▪▪ La corruption dornienne!▪▪ Nada! ▪▪ Nada de nada ▪▪
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Sujet: Re: Robert "Robb" Dayne, l'Epée du matin Ven 10 Juin - 14:26
Savoir des mestres
Etre un troisième fils en Westeros, c’est être condamné à ne devenir qu’un faire-valoir, un appui, éventuellement un fidèle serviteur, mais rien d’autre. Cela donne le droit de porter un nom, de vivre dans l’opulence et de n’avoir son mot à dire sur pratiquement rien, à moins de partir de ses terres pour se forger un destin par soi-même en abandonnant son confort matériel. Etre un troisième fils et un quatrième enfant à Dorne, c’est regarder ses aînés régner et attendre sous le soleil écrasant d’épouser une femme mieux-née pour prendre son nom et perpétuer une autre lignée. Du moins, la plupart de ces benjamins désœuvrés le conçoivent ainsi, et le dernier des Dayne ne fait pas exception à cette règle immuable.
Quand Lady Ingrid Dayne mit un ultime enfant au monde, assurant définitivement la lignée des Météores, son époux se félicita de la propension de son épouse à lui offrir des mâles vigoureux après leur aînée, Rowenna. Le nom de Dayne ne pourrait que lui survivre, avec trois fils se suivant, et peut-être que l’un d’entre eux prendrait l’ascendant sur l’ensemble de leur parentèle et aurait le privilège de soulever Aube, la légendaire épée familiale, forgée dans une météorite, selon la légende, et accessible uniquement à celui désigné par l’ensemble de la maisonnée comme le meilleur combattant de son époque. Evidemment, Lord Bertran s’imaginait volontiers que Barristan, le premier de ses garçons, aurait ce privilège, éduquant déjà le petit dans ce sens. Et pourtant, certains ne manquèrent pas de pointer avec ironie que le patriarche avait peut-être eu une sorte d’intuition précoce au moment de choisir le nom de son dernier-né.
En effet, après moult atermoiement, le Lord décida d’honorer son propre oncle, l’Epée du matin, en nommant son benjamin d’après lui. L’homme approchait de la soixantaine, mais portait encore bien, aidé par une constitution particulièrement robuste et sa grande taille qui le rendait particulièrement impressionnant sur le champ de bataille. Cadet du seigneur précédent, Robert Dayne ne s’était jamais marié, déclarant que la seule dame de son cœur était Aube, et qu’il avait renoncé aux vertus des femmes le jour où il avait accepté son titre et l’honneur qui lui était ainsi conféré, accentuant ainsi sa réputation de chevalier parfait, et conseillant toujours malgré son âge son neveu sur les affaires du fief. Particulièrement proche de Bertran, cette affection quasiment filiale entre eux expliquait sans doute pourquoi ce dernier avait tenu à nommer l’un de ses enfants pour lui rendre hommage.
Néanmoins, par facilité, et parce que Barristan et Enguerrand, le cadet encore bambin, avaient un peu de mal avec ce nouveau Robert soudainement apparu qui ne manquait pas de les rendre quelque peu confus, les heureux parents commencèrent à surnommer le nouveau-né Robb, afin de le différencier de son grand-oncle. Certains avaient esquissé un « Robert l’Ancien » pour ce dernier, mais au vu du regard noir que la suggestion récoltât, chacun se le tint pour dit et adopta l’appellation pour le nouveau venu aux Météores. Avec le temps, chacun s’habitua à cette dernière, y compris le principal concerné, qui finit par confondre dans ses jeunes années son prénom avec son surnom. Au final, le dernier lui resta, et tous ceux qui le connurent après l’entendirent répondre uniquement à « Robb » et non Robert.
Une fois sorti des langes, le benjamin se fit un devoir d’explorer en long, en large et en travers ce qui apparaissait à ses yeux de tout-petit comme un gigantesque terrain de jeu. Pas bien dégourdi pour apprendre à éructer quelques mots correctement articulés, ce véritable démon dans le corps d’un gamin ne fut en revanche pas le dernier pour savoir cavaler à droite et à gauche, que ce soit à quatre pattes ou sur ses deux jambes à peu près vaillantes. Ainsi, au cours de ses quatre premières années d’existence, on le retrouva dans la volière, à l’écurie en train d’embêter considérablement le destrier paternel au risque de se prendre un coup de sabot loin d’être immérité, dans à peu près toutes les pièces du château, à deux doigts de tomber dans la grande marmite où était confectionné le ragoût seigneurial au sein des cuisines, et caetera … C’était à croire que le garçonnet avait un don inné pour échapper à la vigilance de sa nourrice puis de sa mère, au grand dam de cette dernière qui n’avait pas eu tant de mal à canaliser ses autres enfants. A croire que son dernier lui réservait le pire.
Eut-il été l’héritier que son père aurait sans doute sévi très rapidement à coup de corrections sévères pour lui faire passer le goût de s’échapper n’importe où et de désobéir aux recommandations faites par ceux s’occupant de lui. Sauf que Robb n’était que le benjamin, le Lord était déjà suffisamment accaparé par ses aînés, et considérait finalement qu’un tel comportement venant d’un dernier-né ne portait point trop à conséquences, aussi il n’intervint pas, lui octroyant une liberté largement supérieure à celle dont pouvaient bénéficier ses frères et sa sœur.
Cette dernière n’était au demeurant qu’une figure lointaine pour le garçon. Avec plus de quinze ans d’écart, de toute manière, en d’autres circonstances, Rowenna et Robb n’auraient guère eu le loisir de se fréquenter et de nouer une réelle relation fraternelle. Etant donné qu’elle avait été mariée très tôt au roi de l’Orage, se sacrifiant donc au profit de son cadet puisqu’elle renonçait à ses droits légitimes pour coiffer une couronne étrangère, la jeune souveraine d’Accalmie n’était qu’un nom, une figure vaguement esquissée pour son petit frère qui en entendait parler, mais ne savait pas réellement de qui il s’agissait. Tout ce qu’il comprenait, c’est qu’elle était une reine, et ce seul mot suffisait à faire briller dans ses yeux plein d’étoiles, celles de la naïveté d’une enfance bercée comme tous les petits hommes de Westeros par les contes et légendes.
A ses cinq ans, l’intenable gamin commença à faire parler en s’introduisant dans l’armurerie familiale. Son grand-oncle le retrouva occupé à tenter de défaire une épée du râtelier sur lequel elle reposait, et il ne manqua pas de lui administrer une bonne claque pour s’être ainsi mis en danger : les mains d’enfant ne sont absolument pas faites pour s’approcher de ce genre d’objet coupant ! Pour autant, amusé par l’air de défi du bambin qui semblait presque hargneux à l’idée qu’on ait pu lui refuser un caprice, Robert Dayne le sortit de là et lui offrit une épée en bois. Son neveu et sa nièce par alliance se montrèrent quelque peu réservés, jugeant qu’il était encore un peu tôt pour commencer son enseignement martial, mais le vieillard répliqua qu’au vu de son inépuisable énergie, quelques rossées ne manqueraient pas de le calmer un peu. L’argument fit mouche.
Pour autant, d’emblée, l’Epée du matin remarqua que le mouflet ne manquait ni d’adresse, ni de flair, réussissant aisément les exercices basiques qu’on donnait à faire aux jeunes pages et petits garçons de bonne famille. Il compensait sa taille et sa carrure enfantine par une indécrottable abnégation, et il fallait souvent que l’homme mûr fasse preuve d’intransigeance pour stopper son petit-neveu dans ses mouvements afin d’éviter qu’il ne se blessât pas par accident ou sous l’effet de la fatigue. Etant donné son manque d’entrain par ailleurs à étudier auprès du mestre familial et son absolue nullité dans tous les domaines demandant un tantinet de réflexion, tout le monde s’accorda très tôt pour dire que Robb serait un guerrier, et non un érudit, contrairement à son deuxième frère, Enguerrand, qui avait su lire très jeune et paraissait d’un calme olympien, toujours à rester dans les jupes de leur homme de science. Au moins, Lord Bertran se félicitait silencieusement pour cette répartition des talents au sein de sa maisonnée, pressentant que ses fils se partageraient la gestion des Météores avec efficacité.
Cependant, tous ces exercices n’avaient guère altéré le comportement du benjamin, qui ajoutait maintenant à ses manies une kyrielle de facéties qui faisaient certes rire ses frères, mais avaient tendance à ulcérer les malheureuses victimes de ses attentions moqueuses. Véritable tornade ne pouvant plus se prévaloir de son âge pour ne pas être plus discipliné, il connut enfin ses premières rossées paternelles, ce qui n’eut guère l’effet escompté. Comme enragé, le gosse se mettait à fomenter ses vengeances, et régulièrement, Lord Bertran se retrouva avec des bestioles vivantes dans sa soupe ou des cadeaux odorants dans son lit. Inutile de préciser que de telles oboles ne furent guère à son goût, et qu’il entreprit une campagne intense de dressage, à défaut d’autre terme, de son turbulent dernier-né. Le coup de grâce vint quand, pourtant enfermé dans sa chambre après une énième bêtise, Robb parvint à sortir non seulement de la pièce, mais surtout du château pour se perdre dans la ville en contrebas, s’émerveillant du bruit de la Torentine qui se jetait dans l’estuaire de la Mer d’été et près de laquelle s’étendait le fief des Dayne. Parcourant les rues, l’enfant se gorgea des odeurs chatouillant ses narines, des couleurs de tous ceux qui se bousculaient dans les ruelles et des cris de tous ces marchands ambulants.
Une enseigne particulièrement chamarrée attira son regard, aussi il entra comme à son habitude, c’est-à-dire par la fenêtre du rez-de-chaussée, se retrouvant nez-à-nez avec une dame fort peu vêtue et un chevalier déculotté entre les cuisses de cette dernière. Manifestement, cette première exploration urbaine s’était conclue dans un bordel, et l’apparition subite d’un morveux eut un effet dévastateur sur l’entrain du ser, qui bascula tête en arrière et cul par terre, déclenchant un fou rire incontrôlable chez la drôlesse séant. Le jeune noble profita de tout cela pour filer par la porte et parcourut donc la bâtisse pour finalement se trouver en face d’une gamine de son âge qui lui fit signe d’être discret et l’emmena dans sa petite chambrette. Comme seuls des enfants savent le faire, ces deux inconnus sympathisèrent, et c’est jouant aux osselets que la maquerelle locale, alertée finalement par les cris de son client mécontent et cherchant le malotru ayant ainsi interrompu la charnelle transaction, les trouva. Un coup d’œil sur la bouille faussement innocente que lui offrit le coupable la fit arrêter la solide gifle qu’elle s’apprêtait à lui administrer. L’importun visiteur ressemblait trop à un autre des visiteurs, adulte lui, pour qu’elle ne s’incite pas immédiatement à la prudence…
C’est ainsi que, rouge de colère, Lord Bertran Dayne vint récupérer son rejeton au bordel local, remerciant sa maîtresse préférée pour son obligeance et embarquant son fils avec mauvaise humeur, ce dernier se contenta de sourire à sa nouvelle amie et de lui dire qu’il reviendrait la voir bientôt, répétant son prénom pour être sûr de ne pas l’oublier tout le long du chemin du retour, sourd aux récriminations paternelles : Arianne… C’était joli, non ? Et puis ça sonnait bien, quand même. Bref, Robb trouvait que ça lui allait drôlement bien, et brûlait de retourner retrouver sa compagne de jeu. Ainsi, il s’échappa une nouvelle fois quelques semaines, après avoir patiemment, et de façon totalement surprenante quand on le connaissait, attendu sagement que la surveillance se lève pour fausser compagnie à ses surveillants. Néanmoins, quand il revint, quelle ne fut pas sa déception quand il ne trouva point la petite fille. Et devant son air aussi désolé que confus, de grosses larmes menaçant de couler sur ses joues rondes, la maquerelle le prit en pitié et avant de lui conseiller de partir, finit par lui révéler que son amie était partie dans une autre ville. Déçu, le garçonnet s’en fut, sans savoir qu’il la reverrait en fait dans quelques temps …
A son retour, ne sachant que faire de ce gamin et ayant épuisé tout son semblant de patience, Bertran Dayne commença à hurler sur Robb à en faire trembler les murs, sous l’œil un peu désolé de son épouse et de ses fils. Au bout d’un moment, sentant que la situation n’était plus tenable, Robert, son vieil oncle, prit le risque de s’avancer et d’interrompre la fureur du maître des lieux pour lui proposer de prendre sous son aile le remuant garçon, et il se porta garant de veiller à ce que plus jamais de tels faits se reproduisent. Désabusé, le seigneur accepta, mettant en garde l’homme sur ce à quoi il s’engageait.
Indubitablement, Robert Dayne avait compris que son homonyme n’était pas du genre à s’en laisser compter. Ce qu’il fallait, c’était canaliser l’énergie du petit à l’aide d’amusements qui l’intéresseraient. Ainsi, il l’emmena bientôt avec lui sur son cheval traverser les Montagnes rouges, profiter du grand air et batailler avec son épée en bois. Appréciant l’attention et les découvertes qui convenaient à son esprit curieux, l’enfant commença enfin à s’assagir… Ou plus exactement, à être bien trop fatigué quand il revenait au château pour songer à entreprendre quoi que ce soit de compromettant. Surtout, son grand-oncle ne le ménageait pas, mais aimait le mettre au défi de diverses façons, stimulant son esprit de compétition, le rudoyant quand il le fallait, et l’encourageant sans cesse à donner le meilleur de lui-même. Une fois, pour le récompenser, il lui permit de poser la main sur le pommeau d’Aube. En effleurant du doigt la magnifique poignée de l’épée légendaire, Robb sentit comme une chaleur le parcourir, tandis que ses yeux parcouraient la lame laiteuse. Cette arme, il l’aurait un jour. Il saurait s’en montrer digne.
A partir de cette promesse silencieuse et secrète, le garçonnet indomptable se transforma, et tous s’émerveillèrent des progrès réalisés sous l’égide de son aïeul, qui proposa finalement à son neveu de prendre le benjamin de la famille comme écuyer. Un temps, Bertran Dayne hésita, avant de se dire que finalement, la tutelle du vieillard était bénéfique à son descendant. Alors que Robb approchait de ses huit ans, une nouvelle existence s’offrait à lui… Qui fut immédiatement interrompue par un dessein plus grandiose.
L’antagonisme entre Dorne et ses deux voisins, le Bief et l’Orage, n’était plus à prouver. En donnant leur fille aînée à ce dernier royaume, les Dayne avaient obtenu l’amitié d’un roi et une couronne pour une des leurs, mais s’étaient également attirés la suspicion de leurs voisins, et de leurs souverains. S’ils avaient toujours été d’une fidélité sans faille, rappelant qu’un des leurs avait été le troisième époux de Nymeria Martell, la politique avait ses raisons qui faisaient que la loyauté ne pouvait qu’être affirmée, et à une heure où un regain de tensions se fit sentir aux frontière, la Princesse Meria Martell et son fils héritier prirent la décision de s’assurer une fois pour toute le soutien de la puissante maison suzeraine des Météores.
C’est ainsi que Robb fut convoqué par son père un matin dans la grand-salle du château et, au lieu de s’entendre dire comme il l’attendait qu’il devenait officiellement en ce jour l’écuyer de Ser Robert, son homonyme et grand-oncle, son paternel lui annonça que la famille régnante, en la personne de Nymor Martell, futur Prince de Dorne, lui faisait l’immense honneur de le prendre comme pupille à Lancehélion, et qu’il partirait sitôt ce dernier arrivé pour le chercher aux Météores. La surprise fut totale et si l’espace d’un court instant, le gamin regretta de ne pouvoir rester auprès de son mentor, la perspective de découvrir la capitale, d’avoir un nouveau terrain de jeu, prit rapidement le dessus sur toute autre pensée. Etait-il triste de quitter sa famille ? Oui… Enfin sans doute. En vérité, et aussi cruel que cela puisse paraître, l’idée n’était pas du tout la première qui l’avait effleurée, et au fond de son âme, il n’éprouvait qu’un pincement au cœur très ténu. Le seul qui lui manquerait réellement serait son aïeul, ses frères étant trop âgés pour qu’il n’ait jamais vraiment joués avec eux, et son père avait par trop adopté la figure de l’autorité rudoyante pour qu’il éprouva autre chose qu’un certain détachement à son égard. Il n’était pas dans sa nature de se retourner sur le chemin qu’on avait tracé pour lui, tout simplement.
Ainsi, au lieu d’avoir un jeune compagnon de route silencieux et mélancolique, Nymor Martell, une fois repartis des Météores avec son nouveau pupille, se retrouva avec une boule d’énergie jacassante et lui souriant de long en large toute la journée, le bombardant de questions sur sa future nouvelle demeure, ses futures tâches … Certes, il avait conscience, après un sermon conjoint de son père et de son grand-oncle, qu’il devrait se comporter au mieux pour faire honneur à son rang, mais là, il était surtout excité par l’avalanche de nouveautés qui se profilaient. Le prince se contenta de lui répondre, ne se départissant jamais d’un calme olympien et d’une expression sereine, appréciant déjà ce naturel joyeux et facile à vivre.
L’arrivée devant le Rempart Lacis et sa Triple Porte estomaqua Robb, qui ouvrait de grands yeux alors qu’ils entraient dans la ville ombreuse, et parcouraient ses rues fraîches bardées de maisons aux toits de torchis et aux senteurs encore plus variées qu’aux Météores. Dans les rues se bousculaient les trois ethnies de dorniens, rocheux, sableux et salés, mais aussi les cheveux peints de couleurs bariolées des Tyroshis, la blancheur des lysiens, l’accent rugueux des pentoshi… C’était tout Essos qui se trouvait également là, ainsi que certains marchands de Westeros ayant bravé les embruns pour se fournir dans les comptoirs de Lancehélion. Cette luxuriance au milieu du désert, ce chaos organisé, si doux, si familier, le Dayne en tomba immédiatement amoureux. Cette ville, il l’adopta presque immédiatement, s’y sentant d’emblée chez lui, tant elle correspondait à son caractère.
L’arrivée au Palais Vieux fut l’occasion des présentations officielles, et même un être aussi effronté que Robb se trouva comme réduit au silence devant les yeux perçants de Meria Martell, aussi il ne pipa mot et se contenta de baisser la tête, instinctivement. En revanche, face à Deria Martell, la petite princesse et future héritière, le gamin reprit un peu de ses habitudes et lui adressa un sourire éblouissant, se disant immédiatement avec son inébranlable simplicité que c’était forcément une future amie… Quant au petit Roward, encore dans les bras de sa mère, il ne put guère lui accorder une attention réelle.
En revanche, plus tard, quand Nymor Martell le conduisit dans une chambre un peu à l’écart pour lui présenter ses deux bâtards, il sauta littéralement dans les bras de celle qu’il reconnut quasiment instantanément, malgré les années passées. Qui eut cru que son amie du bordel était la fille du prince ! Et pourtant, c’était bien Arianne qui le saluait un peu timidement. Si l’héritier de Dorne se montra fort surpris par cette familiarité soudaine, les explications enfantines qu’on lui adressât ne manquèrent pas de le faire sourire discrètement, et il laissa les enfants entre eux après avoir indiqué à son pupille qu’il l’attendrait le soir pour dîner et qu’il lui laissait le reste de la soirée pour s’installer. Un peu perdu, ce fut sa camarade qui le guida donc et l’aida du mieux qu’elle put, se transformant du haut de ses six ans en un appui fidèle pour le jeune Dayne qui découvrait son nouvel environnement.
Une fois le château convenablement exploré, Robb s’attaqua à la ville, et n’eut guère à le faire en secret, puisque Nymor Martell aimait parcourir Lancehélion avec lui, profitant de chaque petite découverte, de chaque détail anodin pour lui enseigner subtilement les us et coutumes de Dorne, mais aussi des contrées lointaines d’où provenaient leurs visiteurs. Sans doute avait-il aussi compris qu’une nature aussi enthousiaste avait besoin d’être éveillée en permanence à de nouvelles choses pour être comblée… Et au moins, avec son pupille, il pouvait être sûr d’avoir un public pendu à ses lèvres.
En parallèle, évidemment, le nouveau venu commença à recevoir un enseignement conforme à son rang, étant traité presque comme un fils du prince héritier, partageant la plupart des classes de Deria, et se faisant largement distancer par cette dernière malgré leurs deux ans d’écart. Décidément, les ressources de l’esprit n’étaient pas celles qu’il préférait mobiliser … Seules la généalogie, l’héraldique et les histoires de bataille trouvaient grâce à ses yeux, le reste l’ennuyant profondément. Les chiffre ? Il n’y comprenait rien. Les langues ? Il avait la manie de se souvenir uniquement des pires insultes entendues dans le port de Bourg-Cabane. Certes, cela faisait rire ses camarades, mais le mestre des Martell, nettement moins … La gestion en général ? Rien à faire, autant faire la leçon à un mur. Bref, dans l’ensemble, Robb se distingua essentiellement par sa médiocrité sur ce plan là. Souvent, l’homme de science pestait que le môme était, et c’était finalement le pire, plutôt intelligent, mais qu’il semblait incapable de poser son attention plus de trente secondes sur quelque chose qui ne l’intéressait pas d’emblée. Notoirement hyperactif, le jeune garçon ne savait tout simplement pas se concentrer.
En revanche, s’il ne faisait pas merveille dans les études, son trop-plein d’énergie ne manqua pas d’être d’un secours précieux pour tout ce qui concernait le maniement des armes. Son instinct de bambin s’était affûté, et ses prédispositions étaient de plus en plus évidentes. Rapide, précis, Robb possédait surtout une redoutable capacité à analyser les mouvements de ses opposants pour trouver la faille de leur garde et percer leurs défenses. Contrairement à ce dont il faisait preuve en temps normal, une fois l’épée au poing, il se muait en monstre froid de logique, ses yeux bleus suivants sans cesse ses adversaires et son bras se détendant comme un serpent pour les désarmer d’un coup sec. Il n’avait pas besoin de les submerger de coup, de les contraindre par la force ou de les prendre en traître. Il avait compris que l’escrime était, autant que la gestion d’un royaume, une question d’intellect, de paris posés et gagnés. A sa façon, c’était un stratège du duel.
Auprès des hommes de Nymor Martell et de son maître d’armes, le bouillant garçon se faisait élève attentif, remisant pour un temps son impertinence pour poser des questions souvent pertinentes, ne rechignant jamais à corriger sa posture ou ses gestes, apprenant humblement et restant souvent plus que de raison sur le terrain d’entraînement, insensible à la douleur ou à la fatigue. Il adorait les défis des autres gamins présents, aimant se confronter à eux et engrangeant les connaissances sur tous les styles présents autour de lui. Surtout, à force d’abnégation physique, il grandissait, forcissait, prenait du muscle et se muait en un adolescent aussi leste qu’imposant au fur et à mesure que les années passaient. Les Météores ne lui manquaient guère. A vrai dire, il avait infiniment mieux trouvé sa place auprès des Martell que chez les Dayne. A Lancehélion, il n’était pas le troisième fils, celui presque en trop, mais le pupille du prince héritier, un statut à part, qui lui donnait, du moins voulait-il le croire, une place particulière dans la maisonnée des souverains dorniens. Il entraînait Deria et Arianne dans ses jeux, taquinaient les petits Anders et Roward, jouant auprès d’eux le rôle du grand frère proche et joueur, essayant de ne surtout pas reproduire le modèle qu’il avait eu lui avec Barristan et Enguerrand. Au final, c’était arraché à son foyer qu’il était enfin devenu quelqu’un. Il était Robb pour eux, et non Robert Dayne second du nom et quatrième enfant sans importance.
Ce fut alors qu’il s’exerçait face à la quintaine, évitant la masse d’armes du mannequin pivotant avec souplesse qu’il fut surpris par l’arrivée de son père. Ce dernier était resté sur le côté, regardant son fils qui commençait lentement à prendre des allures de petit homme manier la demi-lance d’arçon, étant encore trop jeune et pas assez étoffé pour la lance de guerre avec une certaine fierté dans son regard. Ce dernier s’excusa auprès de ses camarades et alla saluer son géniteur, qui se contenta de lui ébouriffer les cheveux et de lui demander comment il allait. Mal lui en pris, car il fut immédiatement submergé par un torrent de paroles débitées à la vitesse de l’éclair, qui mêlaient pêle-mêle un paquet de titres et de noms, laissant la patriarche Dayne tout étourdi d’un tel assaut verbal. Lui-même venait pour rendre compte de l’état de la frontière et parler des affaires du royaume, s’étant éloigné de ses chères Montagnes Rouges à regret. A cette occasion, Robb apprit également qu’il avait une demi-sœur, une Sand, dont il ferait la connaissance une fois de retour aux Météores. La perspective doucha d’emblée l’enthousiasme du jeune homme, lui qui avait quelque peu oublié qu’il faudrait bien un jour qu’il quitte Lancehélion la cosmopolite, l’ombreuse pour retourner auprès des siens. Ce qui aurait dû être une pensée agréable lui donna l’impression que son temps était compté, en vérité, aussi il se jura de profiter le plus possible de ses moments à la cour de Dorne.
Avec cette résolution en tête, il continua à s’entraîner, à plaisanter avec les enfants de Nymor, qui grandissaient tous, mais aussi avec les autres jeunes gens présents, notamment les jolies dames de compagnie de la princesse Deria, qui commençaient à lui échauffer les sangs. A quatorze ans, en effet, les jeux des Jardins Aquatiques prenaient en effet une toute autre tournure, et les étoffes soyeuses collées à ces jeunes poitrines et à ces corps féminins galbés par l’eau commençaient à lui tourner la tête. Plus d’une fois, cette année-là, il sentit son bas-ventre s’échauffer devant une vue lui fouettant les sangs, l’obligeant à sortir précipitamment se retrouver seul avec lui-même pour cacher un embarras soudain. Manifestement, il était bel et bien entré dans l’âge d’homme sur certains points. Parmi toutes ces donzelles, une particulièrement le mettait dans tous ces états. Leste, gracieuse, avec un sourire à se damner et des courbes à se damner, Aliandra aurait pu faire déchoir le Grand Septon en personne de son trône des Saintetés. Consciente de ses charmes, un peu plus âgée que lui, elle se révélait la tentation incarnée, et s’amusait des regards ardents que l’adolescent lui lançait, le jaugeant presque comme un bœuf de concours. Heureusement pour lui, s’il était encore un peu jeune, il ne manquait pas d’une certaine allure presque exotique avec son physique d’Andal, tellement typique de la maison Dayne et des dorniens rocheux, mais presque étrange à Lancehélion, ses cheveux blonds et ses yeux violets détonants dans cet ensemble de têtes brunes. Seule ombre au tableau : le duvet jaunâtre ridicule qui lui poussait au-dessus de la lèvre supérieure et qui ne ressemblait à rien … Enfin, à quatorze ans, on était rarement à son avantage partout !
Partant fièrement à la bataille, Robb s’empressa donc de lui faire une cour aussi ardente que maladroite, sous les regards moqueurs des autres damoiselles présentes. Il fallait bien admettre que ses dons en poésie déclamée fiévreusement était du domaine du pitoyable … Et ses rimes aussi minables que grossières. Pour autant, ses efforts finirent par porter leurs fruits à leur façon, puisque la cruelle, sans doute pour se débarrasser de ce prétendant guère dégourdi, finit par dire qu’elle considérerait ses avances s’il la couronnait reine d’amour et de beauté du prochain tournoi organisé pour l’anniversaire de la Princesse Meria. Le problème ? Il ne fallait jamais mettre au défi un Robb Dayne amoureux. L’imbécile était capable de relever le gant … Et c’est précisément ce qu’il fit, évidemment.
Le seul hic à son plan grandiose qui consistait à brillamment démonter tous les chevaliers lui barrant l’accès à la couche de sa douce résidait dans un détail minuscule : il n’était pas adoubé et était trop jeune pour concourir… Enfin, ce n’était pas cela qui allait l’arrêter. Retombant dans les travers de son enfance, la tête brûlée résolut donc de jeter aux orties tout ce à quoi il avait travaillé pour les beaux yeux d’une jolie donzelle qui lui avait fait perdre le sens de la mesure. Le jour du tournoi, il s’introduisit à l’aube dans l’armurerie, profitant de sa parfaite connaissance des lieux, vola une armure d’un garde lambda ainsi qu’une lance avant de se rendre aux écuries et d’emprunter un destrier, celui du box le plus éloigné, après avoir graissé la patte du palefrenier en charge de ses soins pour qu’il aille soit toute la matinée au bordel et ne puisse donc pas remarquer qu’un cheval manquait. Et c’est harnaché à la hâte, armé de bric et de broc qu’il se présenta dans les premières lices, sous le pseudonyme de Ser Davos, en référence à son mythique ancêtre et Epée du matin.
Ainsi, les spectateurs de ces premières joutes regardèrent d’abord avec indifférence, puis curiosité, ce chevalier inconnu et sans patronyme qui, malgré sa taille réduite par rapport aux autres compétiteurs, mettait à bas de leurs montures ses adversaires les uns après les autres, lui ouvrant l’accès aux véritables lices réunissant la fine fleur des dorniens. Lord Dalt fut son premier adversaire de poids, et au moment de se présenter face à lui, Robb sentit l’adrénaline traverser ses veines avec une acuité redoutable. Il se sentait vivant, prêt à tout, et à vrai dire, il en oubliait presque son but premier, submergé par ce sentiment d’être à sa place, sur ce cheval et sous les vivats de la foule, à mesurer sa force à d’autres hommes.
Lord Dalt ébranla son cheval, et Robb comprit rapidement que l’homme, plus corpulent que lui, serait sans doute moins mobile. Profitant de cette déduction, il guida sa monture au plus près de la mince rambarde les séparant, mouvement dangereux s’il en était, se collant à l’encolure pour éviter la lance adverse et plongeant au moment précis où son opposant passait pour viser son bouclier, qui vola en éclat, avant que la pointe de l’arme ne percute le pectoral de plein fouet, projetant l’homme à terre. Il avait gagné.
Sa seconde victime fut Ser Ryon Sand, un bâtard d’une famille mineure de Dorne, mais jouteur correct, quoique meilleur en mêlée. Néanmoins, Robb sut d’emblée qu’il avait affaire à plus forte partie que précédemment quand il manqua se faire désarçonner par la lance du bâtard qui heurta avec violence son bouclier. Les jambes plaquées contre son cheval, serrées autant qu’il le pouvait, il tint bon, étendant son bras dans un effort qui le laissa pantelant pour aller chercher à son tour le chevalier et le propulser dans le sable de l’arène. Et tandis qu’il quittait la lice pour laisser la place aux suivants, il savoura les cris d’encouragement qui scandaient son pseudonyme, le nom de ce compétiteur surprise se trouvant sur toutes les lèvres.
Un troisième cavalier mordit la poussière, et bientôt, il se trouva en demi-finale, face à Lord Allyrion, jouteur chevronné et cavalier émérite. L’imposteur et le seigneur se firent face, le fracas des sabots réduisant au silence l’assemblée tandis que les deux hommes chevauchaient à bride abattue l’un vers l’autre sous l’implacable soleil de Dorne. Dans un bruit assourdissant, les lances se brisèrent l’une contre l’autre, déclenchant les vivats de la foule. A nouveau, il fallut se réarmer, prendre place et s’élancer. Et à nouveau, Robb brisa sa lance sur le bouclier à la main dressée et jaunie, déclenchant une nouvelle vague de commentaires. Une ultime fois, il se présenta devant le Lord, mais, fatigué par ses efforts, cette fois, il plia, l’autre profitant de l’expérience pour dégager un coup qui le fit décoller de sa selle et atterrir à son tour dans la poussière de la lice. Néanmoins, alors qu’il se relevait, il entendit un concert d’applaudissement, et son vainqueur vint en personne le saluer. Sentant tous les regards posés sur lui, muets mais inquisiteurs, le Dayne comprit ce qu’on attendait de lui, et dans une attitude mi- résignée, mi- provocatrice, il enleva son casque, dévoilant sa chevelure blonde facilement reconnaissable et ses yeux violets caractéristique des Dayne. Après tout, il avait perdu non ? Il ne pourrait couronner une reine d’amour et de beauté, ni gagner l’écoute de sa belle. Alors franchement, les conséquences de son acte … Il s’en moquait, dans son orgueil de mâle blessé et d’amoureux malheureux.
La surprise se manifesta dans les murmures de la foule qui le reconnaissait. N’était-il pas le pupille du Prince, bien trop jeune pour participer en temps normal ? Que signifiait tout ceci ? Tout le monde attendait le verdict du Prince Nymor ou de sa mère. Les deux se regardèrent, puis lentement, l’héritier détacha ses mains et se mit à applaudir aussi, avant de demander à son protégé de venir le rejoindre. Et là, il loua sa bravoure pour avoir concourru malgré son jeune âge, omettant soigneusement le fait qu’il l’avait fait sans autorisation, et qu’une telle maîtrise valait bien une récompense. Manifestement, il était chevalier fait. Tirant son épée, il lui ordonna de s’agenouiller, et l’adouba. Trop abasourdi, Robb s’exécuta, ne pipant mot. Il devenait ainsi l’un des plus jeunes chevaliers de Dorne… Et sans doute de Westeros. Peut-être que sa stupidité le servait mieux qu’il ne l’aurait jamais espéré.
Le soir, le Prince ne se priva pas en privé de faire la morale à son pupille, le morigénant pour avoir agi sans son consentement. Mais alors que l’adolescent lui demandait pourquoi il ne l’avait pas réprimandé, Nymor attendit un instant, le jaugeant du regard avant de dire finalement qu’il préférait avoir des hommes déterminés et prêts à prendre des risques sous son commandement, pourvu que ces derniers valent le coup. En allant aussi loin, Robb avait montré qu’il n’avait pas participé uniquement par défi, mais aussi parce qu’il en avait largement les capacités. Ce genre de coup d’éclat plaisait à un peuple aussi fier que celui de Dorne, et il n’avait pas vu d’intérêt à le rabrouer. Au contraire, ainsi, il donnait l’impression à son peuple d’avoir organisé pareil spectacle, s’attirant son affection.
Reconnaissant, quoique toujours un peu sonné, Robb sortit des appartements du Prince pour rejoindre les siens… Qu’il découvrit déjà occupés par une créature très attirante, et surtout très dénudée. Le couronnement comme reine d’amour et de beauté ne serait peut-être pas forcément nécessaire. Tout enivré de sa gloire nouvelle et de son nouveau titre, le jeune Ser ferma la porte et entreprit de s’adonner à une autre joute, nouvelle pour lui, mais dont il sut, passé cette nuit sensuelle qu’elle serait son second amour, derrière l’art de l’épée. Aliandra avait trouvé un élève malhabile, mais très dévoué et n’avait pas rechigné à lui enseigner les diverses manières de lui plaire autrement qu’en se distinguant dans les lices. Fait homme devant ses pairs et dans les bras d’une femme, le jeune Dayne comprit qu’une part de sa vie était désormais derrière lui, celle de son enfance. Mieux, une nouvelle ère de plaisirs adultes s’ouvrait à lui, et il s’y plongea avec une volupté non feinte, tout à ses découvertes charnelles qui réveillaient en lui son caractère indolent et jouisseur, prompt à toutes les expériences car mué par une curiosité sans bornes.
S’il fut fidèle à la dame de ses pensées tant que dura leur liaison, rapidement, cette dernière se lassa de son fier chevalier, qui n’était après tout qu’un gamin avec un duvet au menton et un comportement immature. Aussi après quelques semaines de luxure où les murs de Lancehélion tremblèrent plus d’une fois face aux ahanements plein d’entrain de celui en train de la besogner avec une ardeur que son jeune âge ne laissait pas forcément soupçonner, Aliandra lui ferma la porte de sa chambre après lui avoir expliqué qu’elle n’était pas parfaitement satisfaite de ses services et qu’elle comptait dès à présent s’en passer, laissant sur le palier un Robb passablement mortifié.
Le cœur en miettes, l’adolescent en conçut une vive rancœur et plusieurs hommes de main des Martell se firent la réflexion durant les jours qui suivirent que le Dayne était inhabituellement morose, et surtout d’une brutalité sans nom vis-à-vis des malheureux mannequins d’entraînement qui subissaient sa fureur alors qu’ils n’avaient somme toute guère de culpabilité dans toute cette malheureuse affaire… Aussi certains d’entre eux résolurent d’intervenir avant que le jeune homme ne finisse de mettre en pièce tout leur arsenal en lui proposant le remontant miracle de toute peine cachée : un allez simple dans le meilleur bordel de la ville.
Cette fois, Robb rentra donc dans un établissement de plaisir par la porte, et en tant que client potentiel, accompagné par la horde braillarde des soldats Martell qui balancèrent sous diverses formes des plus égrillardes qu’ils emmenaient un petit jeunot pour la première fois dans un lupanar, et qu’il convenait de lui faire faire le grand tour… En une nuit et force vin, le pupille voyagea donc de l’Ouest à Pentos en passant par Lys, au gré des bras qu’il étreignait et des baisers échangés. Complètement ivre, il ne put finir son retour à Dorne, puisqu’il s’écroula sur la putain qui complétait l’assortiment, ce qui ne manqua pas de lui attirer des commentaires tous plus distingués les uns que les autres sur cette difficulté à conclure au bercail.
Néanmoins, une fois remis de ses émotions, c’est-à-dire quand il eut promptement décuvé, le Dayne comprit qu’il avait trouvé là le moyen parfait de continuer sur ses lancées érotiques tout en évitant désormais de commettre encore l’erreur de confier son cœur à une femme qui se ferait un plaisir de le piétiner au gré de ses envies du moment. Manifestement, il convenait de traiter la gent féminine comme le reste : avec le plus parfait détachement. Cette bonne résolution prise, il entama donc doctement un parcours de débauché particulièrement pris au sérieux, se faisant un élève plus assidu qu’il ne l’avait jamais été pour n’importe quel enseignement. Attentif tout de même à ne pas décevoir la famille qui l’accueillait, il circonscrit ses errances à la nuit uniquement, comptant sur son inépuisable énergie pour tenir ce rythme inhumain. Résultat ? Tous se mirent d’accord pour dire que le bouillonnant garçon avait rarement été aussi calme …
Nymor Martell ne lui fit jamais aucune réflexion, glissant simplement au gré d’une conversation qu’il avait toujours attendu de ses hommes qu’ils soient prêt à l’action au petit matin, peu importe leurs activités nocturnes. Après tout, lui-même n’était pas le dernier pour aller honorer quelques ribaudes à son goût, et quelques fois, alors que Robb l’accompagnait dans ses voyages à travers le désert dornien, tous deux partagèrent les mêmes catins, dans une camaraderie virile qui n’avait rien de déconcertante pour ces hommes habitués à satisfaire leurs plaisirs avec de belles femmes aptes à tromper leur ennui. Ainsi, entre ces quinze et ses dix-sept ans, le pupille des Martell put rencontrer un certain nombre d’autres familles de Dorne, qui le recevaient toujours avec les honneurs, et profiter de cette hospitalité pour visiter les jolies nobles qu’il quitterait dès le lendemain, fidèle à sa résolution de ne jamais s’enchaîner à un seul doux minois. Sa maladresse des débuts avait laissé place à l’arrogance tranquille de celui qui, sûr de ses capacités, libre comme l’air et sans le poids d’un futur mariage pour assurer une lignée sait qu’il peut profiter sans entraves de ce que le monde peut lui offrir comme réjouissances. Et surtout, il achevait de forcir, de se muer en homme fait, attirant facilement les regards par son physique si particulier sur ces terres brûlées. En effet, Robb avait tout d’un Dayne parfaitement classique, ayant hérité par les hasards de la génétique des cheveux blonds cendrés et des yeux myosotis qui faisaient la réputation et l’étrangeté de sa lignée. A vrai dire, il eut presque pu se faire passer pour un Targaryen sans que quiconque y trouve à redire …
Cependant, ces années idylliques devaient finir par prendre fin. Le Dayne était déjà adoubé, et la mort de son père scella son retour aux Météores, le nouveau Lord réclamant toute sa famille auprès de lui pour reprendre la succession. Le cœur lourd, le benjamin fit donc ses adieux à ceux qu’il en était venu à considérer comme ses frères et sœurs, salua longuement son mentor avant de prendre congé de la Princesse Meria comme le protocole l’exigeait. Pour une fois, il fut grave et digne, presque solennel, acceptant cadeaux, remerciements et conseils et prodiguant en retour toutes les consolations et louanges d’usage lors de son dernier dîner entre les murs de Lancehélion comme pupille.
Dire que le retour fut douloureux tiendrait de l’euphémisme le plus doux. A Lancehélion, Robb était une figure jouissant des privilèges liés à sa position et d’une liberté inégalée, consacrée par un mentor juste mais tenant à ne pas imposer un carcan trop serré à son bouillonnant suivant qu’il avait appris à apprécier autant pour ses qualités que ses excès. Aux Météores, il redevenait ce dernier-né, ce frère en trop qui se retrouvait en plus avec un neveu, héritier supplémentaire, et des belles-sœurs. Il était la pièce rapportée, celle dont on venait de se souvenir mais qui n’avait pas hanté ses murs depuis des années, que tous avaient peu à peu oublié.
Barristan essaya bien d’en faire son conseiller stratégique. Il fallut l’intervention d’Enguerrand lors de leur première réunion pour les empêcher d’en venir en mains tellement les deux avaient du mal à accepter les idées de l’autre, aussi tous convinrent que ce n’était peut-être pas une excellente idée. Ce dernier suggéra à leur aîné de lui confier une place de maître d’armes, ce qui fut refusé avec une certaine mauvaise foi, arguant de son jeune âge et de l’expérience de celui déjà en place. Bientôt, Robb passa plus de temps en dehors du château, à dilapider son or dans le bordel qu’il avait visité enfant, au grand dam de ses proches qui se demandaient ce qu’ils allaient bien pouvoir en faire …
Une fois encore, le salut vint de son grand-oncle, qui, un beau matin, débarqua dans la chambre qu’il occupait au lupanar, encore tout ensommeillé, et le sortit de la manu militari à grands coups de pieds au derrière. Enragé, le jeune homme empoigna son épée, pour mieux ramasser une somptueuse rossée qui le laissa pantelant et couvert de bosses. Impitoyable, le vieil homme lui asséna ses quatre vérités, et lui donna une seule alternative : continuer à se rouler dans la fange ou bien accomplir quelque chose de son existence bien trop facile. Piqué au vif bien que perclus de douleurs, Robb parvint à se relever et, le regard plein de morgue, annonça qu’il ferait bien ce qu’il faudrait. Le lendemain, Robert Dayne annonçait à son petit-neveu qu’ils partaient tous deux dans l’Orage pour rencontrer sa belle-famille, le vieillard voulant accomplir ce voyage tant que ses os fatigués le lui permettraient. Heureux d’échapper à l’atmosphère pesante des Météores, le benjamin ne se le fit pas dire deux fois et sella son cheval avec une vivacité prodigieuse.
Néanmoins, il déchanta bien vite en se rendant compte que l’Orage n’avait pas hérité de ce nom pour rien. Sitôt les Montagnes rouges et la Passe du Prince passées, les deux Robert se retrouvèrent presque continuellement sous des trombes d’eau, et leur périple à travers le Bois-la-pluie fit dire au jeune homme qu’un endroit n’avait jamais si bien porté son nom. Un soir, l’averse se fit forte que le sol détrempé commença à se transformer en boue, rendant leur avancée de plus en plus complexe. Pour couronner le tout, la foudre commença à se déchaîner, et quand un éclair zébra le ciel d’un noir d’encre au-dessus de leur tête, le cheval de Robb rua, affolé, désarçonnant son cavalier qui chuta lourdement sur le sol, son armure l’empêchant de se rompre le cou mais devenant une sorte d’étron atroce maculée de boue et de roche sableuse. Relevé par son grand-oncle, ce dernier le fit monter sur la croupe de son propre destrier et entreprit de les guider avec moult précautions jusqu’à une auberge proche. Là, dépité et passablement agacé, le plus jeune se débarrassa de ses effets salis pour ne garder que ses chausses et sa chemise, le temps de faire laver le reste par la femme de l’aubergiste contre rétribution. Robert Dayne, lui, annonça qu’il était fourbu, et monta immédiatement se coucher, laissant son cadet noyer ses bleus dans le vin, ce qu’il fit avec prodigalité.
Quand il daigna lever le nez de sa choppe, déjà bien éméché, le garçon balaya la salle du regard, et ce dernier se riva immanquablement sur l’une des rares femmes présentes. L’alcool embrumant son esprit, Robb ne prêta aucune attention aux traits de celle qui venait d’attirer son intérêt, tout entier à sa soif de plaisir pour étancher sa mauvaise humeur. Tout au plus voyait-il qu’elle n’était pas désagréable à regarder, avec une tenue modeste, mais proprette. En temps normal, sans doute que sa diction bien trop racée pour une simple paysanne l’aurait fait se questionner, mais il avait largement passé le stade de ce genre de considérations. Il l’aborda, badina, l’embrassa.
Au matin, le Dayne constata qu’il était seul dans sa chambre, tandis qu’un solide mal de tête lui tenaillait le crâne. Ayant décuvé, il constata que des flashs de la nuit précédente lui revenaient sans cesse, sans qu’il puisse mettre le doigt sur ce qui provoquait en lui cette impression de malaise qui le traversait depuis son réveil. Son grand-oncle, en le voyant émerger, ne fit aucun commentaire sur sa mise, mais son regard désapprobateur en disait suffisamment long pour que le jeune chevalier ne se sente profondément coupable de s’être laissé aller à ses honteux penchants. S’il avait su à quel point, nul doute qu’il en aurait été encore plus marri …
Quand ils parvinrent en vue d’Accalmie, tous deux se préparèrent à entrer dans la forteresse, et ce fut donc deux fiers cavaliers dorniens rutilants qui furent annoncés et pénétrèrent dans la grand-salle de l’imposante forteresse. Tout se passa à merveille… Jusqu’à ce que Robb tombe nez à nez avec Argella. Le regard qu’elle lui lança, proprement horrifié, actionna sa mémoire défaillante, et il manqua s’évanouir. Blanc comme un linge, il balbutia quelques salutations maladroites, ce qui fit rugir de rire Argilac Durrandon, ce dernier trouvant fort drôle cette timidité soudaine des deux plus jeunes. Tout le temps interminable que dura la soirée, le Dayne jeta des coups d’œil discrets sur la Princesse de l’Orage, tentant de se convaincre qu’il rêvait, que ses souvenirs étaient trop flous pour qu’il se fie à l’instinct qui lui déchirait les entrailles. Finalement, éreinté, il finit par prendre congé, sautant sur le prétexte tout trouvé de la fatigue du voyage pour fuir au plus vite alors que la nausée le prenait peu à peu.
Ce à quoi il ne s’attendait pas, c’était à être suivi par l’objet même de ses tourments. La Durrandon lui indiqua du bout d’un doigt une pièce, et il lui emboîta le pas sans mot dire. Une fois la porte refermée, ils restèrent face à face un long moment, se scrutant en silence, comme si la situation leur avait ôté toute possibilité d’émettre le moindre son. Finalement, ce fut Argella qui prit son courage à deux mains et expliqua posément qu’elle avait, plusieurs jours auparavant, faussé compagnie à ses gardes après une dispute avec sa mère pour battre la campagne, comme elle en avait la triste habitude, se défaussant de ses vêtements de princesse pour emprunter une tenue plus conforme à une telle chevauchée. Surprise elle aussi par l’orage et connaissant les affres des tempêtes locales, elle avait préféré s’abriter dans une auberge. Et il lui semblait que le jeune homme un peu saoul mais agréable à l’œil qu’elle avait rencontré était cet oncle qui se trouvait devant elle. Tel un automate, Robb acquiesça.
Malheur des parentèles éloignées, le benjamin n’avait qu’une vision très parcellaire de sa belle-famille. Argella était trop jeune pour faire le voyage aux Météores quand il y était, et de toute manière, les tensions de l’époque ne s’y prêtaient pas. Quand Rowenna Durrandon avait pu revenir, Robb était déjà parti à Lancehélion. Il connaissait les rumeurs, les portraits officiels… Mais avec l’alcool, le désintérêt, la boue et son manque de qualité de physionomiste, il n’avait pas prêté attention aux indices, et avait préféré agir sans se préoccuper des conséquences. Il avait toujours agi ainsi mais là… C’était… Il n’avait pas de mot pour décrire ce à quoi sa luxure, son alcoolisme débutant l’avaient mené. Il était un abruti, un pêcheur. Il se haïssait.
Se jetant aux pieds de sa nièce, il implora son pardon, tremblant presque sous le poids de son forfait. Elle le releva, avant de lui dire posément qu’elle ne voyait pas de quoi il parlait, puisqu’ils venaient de se rencontre, n’est-ce pas ? D’un accord tacite, ils se séparèrent sur la promesse informulée de ne jamais parler de cette incartade non-assumée. Personne ne serait au courant. Parce qu’il n’y avait rien à savoir. Tout simplement.
Quand Robb parut le lendemain, il semblait métamorphosé, plaisantant avec sa sœur et son beau-frère, mangeant de bon appétit et demandant avec profusion des explications sur tel ou tel symbole sur les tapisseries de la famille Durrandon. Il se fit un invité charmant, et l’Arrogant, gonflé d’orgueil par tant d’intérêt, lui proposa une partie de chasse. La journée fut délicieuse, le Dayne faisant montre de ces talents de cavalier en participant à la prise d’un somptueux cerf qui ne manqua pas de faire dire à toute la cour de l’Orage qu’elle était un heureux présage. Une semaine passa ainsi, et le jeune homme dut même avouer que sa nièce était une compagnie surprenante, mais à son goût en matière d’amitié. Subsistait une gêne tenace, mais il essayait de la surmonter en public pour donner le change. Cependant, intérieurement, il dépérissait, et passa un temps certain au septuaire d’Accalmie, ce qui étonna fort sa sœur, cette dernière n’ayant pas vraiment eu la description d’un modèle de piété dans ses lettres à Barristan …
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Les affiliations
Arianne Martell
Au départ, Arianne, c’était la gamine qu’il avait croisé en se perdant dans la cité des Météores et en échouant dans le bordel qu’aimait fréquenter son paternel. Sa putain préférée avait reconnu l’air de famille et prévenu le seigneur du lieu, qui avait trouvé son auguste rejeton en train de babiller joyeusement avec une petite bâtarde née au lupanar. Puis, brusquement, il l’a retrouvé comme bâtarde officielle de Nymor Martell, à la cour de Lancehélion. Autant dire qu’il n’a pas manqué d’en rire. Lui et Arianne sont comme le jour et la nuit… Et étonnament, c’est ce qui fait qu’ils s’entendent si bien. Elle le tempère et il la pousse dans ses retranchements à force de taquinerie. Pourtant, et malgré sa promiscuité légendaire, jamais Robb n’a tenté le moindre mouvement à son encontre. En vérité, et bien qu’il ne le dira jamais, il l’apprécie trop pour la considérer comme une simple maîtresse de passage, et il sait qu’elle est capable de s’attacher à lui plus qu’elle ne le devrait, contrairement à sa demi-sœur. Alors il la protège en se tenant éloignée d’elle… Jusqu’à maintenant.
Robb a grandi aux côtés de la Princesse de Dorne, et leurs deux années d’écart les ont rendus naturellement proches. Après tout, ils sont tous les deux aussi impétueux l’un que l’autre, et s’il leur est arrivé plus d’une fois de partir dans une dispute tonitruante, ils ont toujours réussi à se pardonner aussi aisément qu’ils s’étaient emportés. En grandissant, cet amateur de femmes qu’est Robb n’a pas manqué de remarquer que son amie avait tout ce qu’il fallait pour attirer un mâle et n’a pas manqué de la titiller sans jamais outrepasser les limites de la bienséance. Et puis il y a eu ce voyage en Essos qui les a rapprochés dans une camaraderie amusante… Puis ce tournoi où il a porté ses couleurs, où elle a accepté de lui ouvrir sa chambre. Elle a d’autres amants, il a d’autres maîtresses. Mais depuis cinq ans, ils occupent la majorité des nuits de l’autre. Ils ne s’aiment pas, pas vraiment. Ce n’est finalement pas le plus important entre eux.
De son propre avis, Robb a eu une excellente influence sur Anders Martell. De l’avis général, il en a eu une très mauvaise… Quoiqu’il en soit, deux tempéraments aussi sanguins ne pouvaient que s’entendre ou se détester. Fort heureusement pour les murs de Lancehélion, l’amour de la bagarre, de la ripaille et plus tard des jolies filles et du bon vin ont rendu ces deux-là aussi proches que deux amis peuvent l’être. Ce fut Robb qui paya pour le seizième anniversaire d’Anders une nuit complète avec la maquerelle la plus opulente et convoitée de tout Dorne d’ailleurs. Compagnons d’armes et de vinasse, tout va bien entre eux.
Sa nièce, au tempérament bouillonnant si proche du sien, et belle à se damner … Dire qu’il l’apprécie est évident, pour le peu qu’il a pu la côtoyer. En fait, les hasards ont fait qu’il l’a connue de très près quand elle avait encore échappé à la surveillance de ses royaux parents. Ne la connaissant que via de vagues portraits, et franchement peu physionomiste, le jeune Dayne n’avait pas reconnu la damoiselle alors qu’il se reposait, boueux. En revanche, il a vu une charmante jeune fille en tenue légère et s’est dit qu’il pouvait se consoler du temps abominable en galante compagnie… Inutile de préciser que se croiser après à Accalmie a constitué un choc conséquent. Absolument horrifié, Robb n’a absolument pas su quoi dire, suant à grosses gouttes suite à ce forfait atroce aux yeux des dieux, et autant dire qu’il n’en a pas mené large quand il s’est retrouvé en tête à tête avec Argella. Les deux jeunes gens ont décidé de ne jamais reparler de cet incident, et après un certain temps à s’éviter, ont tout de même fini par arriver à communiquer. Avec le temps, ils ont peu à peu fait en sorte d’oublier ce qu’il s’est passé, pour se concentrer sur une amitié mue par un goût commun pour la chevauchée et les armes. Et très clairement, c’est bien mieux comme ça !
Quand Robb est né, Rowenna était déjà partie épouser son Durrandon de mari. Autant dire que cette sœur de vingt ans son aînée, il a du mal à la considérer comme autre chose qu’une tante éloignée. Et pourtant, quand il est entré dans l’âge d’homme, il a essayé de lui écrire, puis a visité l’Orage. Alors certes, le fait qu’elle semble vouloir le materner l’agace un peu… Et en même temps, il ne peut s’empêcher d’éprouver une réelle fierté à l’idée d’être lié à cette femme fière et impétueuse, qui lui ressemble par certains aspects. Voir Dorne et l’Orage s’allier est un profond soulagement pour le jeune homme, qui préfère combattre pour sa sœur que contre elle. Oui, il a offensé plus d’une fois les dieux…. Mais n’en est pas encore à souhaiter s’en prendre à son propre sang.
Robb et Barristan n’ont jamais réellement eu le temps de se comprendre, et les années n’ont pas arrangé leurs divergences de caractère. Quand le premier était enfant, le second suivait déjà les leçons de leur père pour reprendre le domaine après le départ de Rowenna. Ils ont grandi séparément, dans des cadres différents. Là où l’un est sourcilleux, l’autre n’a fait que cultiver une nonchalance qui confine parfois à l’insolence. Robb chérit sa liberté, et n’a jamais aimé la tutelle de son frère aîné, sautant sur toutes les occasions possibles pour y échapper. Au fond, là où l’un se considère comme héritier de plein droit, l’autre ne voit que le fait que leur sœur a été sacrifiée pour permettre à Barristan de diriger leur fief. Et surtout, Robb a obtenu Aube au nez et à la barbe de son aîné qu’il a démonté plusieurs fois dans les lices. Chacun a l’impression de vivre dans l’ombre de l’autre, ce qui n’arrange pas leur relation complexe. Et pourtant, chacun à leur manière, ils aident au mieux la famille suzeraine de Dorne et essayent de consolider les Météores. Sans doute que mettre à plat des années de rivalité mal digérée serait on ne peut plus bénéfique aux deux Dayne … Et à leur royaume, car si Enguerrand fait le lien entre eux, si les trois frères s’unissent, rien ne pourra les arrêter.
Sujet: Re: Robert "Robb" Dayne, l'Epée du matin Ven 10 Juin - 14:26
Savoir des mestres
Il fut bientôt temps de repartir pour Dorne. Durant tout le trajet, Robb se comporta en véritable modèle de chevalerie, veillant à ne pas toucher une goutte d’alcool, refusant les avances d’une accorte servante et faisant l’obole à quelques miséreux qu’ils croisaient, sous l’œil complètement désorienté de son grand-oncle, qui se demandait bien quelle était la cause d’un tel revirement. De retour aux Météores, il surprit tout le monde quand il commença à entraîner sérieusement les jeunes pousses de la garde, ou bien en se portant volontaire pour les patrouilles à la frontière. Il ne mit plus les pieds au bordel et consentit à écouter de bonne foi son frère aîné, quoiqu’il ait toujours du mal à approuver sa vision de la direction de leur domaine. Mais contrairement à ce qu’il avait fait auparavant, il répliquait respectueusement en cas de désaccord, tentant d’expliciter au mieux son point de vue pour faire valoir ses propres avis. Les aînés Dayne envoyèrent des lettres de remerciement à leur sœur pour son influence extrêmement bénéfique sur leur benjamin, ce dernier ayant même été surpris à s’occuper de sa petite demi-sœur avec attention, ainsi que son neveu.
Néanmoins, ces changements cachaient un profond mal-être, que ni les chevauchées le long de la Torrentine, ni les entraînements, ni le jeûne ou la prière ne parvenaient à combler. Robb ruminait ses fautes, comprenant qu’il avait beau être adroit avec les armes, il ne serait jamais rien avec le passif qu’il traînait derrière lui. Pire, il ne méritait plus d’être quoi que ce soit, pour avoir apporté sans le vouloir un tel déshonneur à sa lignée. Seul son homonyme semblait se rendre compte que le jeune homme souffrait, et un jour, il finit par lui dire qu’il ne servait à rien de se perdre dans le travail pour oublier quelque chose. Il n’en dit pas plus, mais lui souffla que parfois, tenter une aventure pouvait aider. Il devait élargir ses horizons, s’arracher à son marasme. Certes, le garçon était devenu enfin l’homme mature que l’on attendait… Mais ce n’était pas lui. C’était une ombre, une coquille vide, aux yeux éteints.
Robb médita longuement ce conseil, et finit par conclure qu’après tout… Peut-être était-ce vrai. Au cours de leur correspondance, Deria Martell lui avait fait part de sa volonté de partir en Essos. Saisissant sa chance, il lui écrivit qu’il se ferait une joie de l’accompagner, si elle le désirait. Elle accepta. Et c’est ainsi que le jeune homme demanda l’autorisation à son frère aîné de quitter les Météores une nouvelle fois pour accompagner la jeune princesse de l’autre côté du Détroit. Etant donné son comportement exemplaire, Barristan donna son accord sans aucune difficulté, lui souhaitant une traversée agréable. Ainsi, il rallia Lancehélion et s’embarqua, non sans avoir salué ses amis, notamment Arianne qui le trouva bien changé, presque métamorphosé… Et un peu triste. Il se contenta de la rassurer d’un sourire un peu faux, tout en lui remettant une lettre en main propre avec un petit clin d’œil. Avant de partir, il s’était rendu chez la mère de cette dernière et lui avait demandé si elle ne voulait pas qu’il lui rédige un petit mot sous sa dictée. La brave femme en avait enchantée.
Le début de leur traversée fut l’occasion d’une découverte peu agréable : celle du mal de mer. Horriblement nauséeux, Robb passa l’essentiel de son temps dans sa cabine, arborant un délicat teint verdâtre jurant avec ses yeux violets fiévreux et maudissant tout ce qui était liquide. L’arrivée à Braavos fut une délivrance accueillie avec une ferveur qui ne manqua pas de faire rire leur équipage…
Immédiatement, le Dayne tomba en pamoison devant la cité-libre. Sa découverte du théâtre fut un ravissement, tout comme ses déambulations dans les rues chamarrées. Surtout, leur hôte, un prince-marchand, lui fit le plaisir immense de le convier à une de ses séances avec un danseur d’eau. Fasciné par la gestuelle si souple, presque esthétique de cette escrime, Robb ne quitta pas des yeux les deux duellistes, avant de demander à faire un essai. Bientôt il revint tous les jours, découvrant un style de combat qui lui plaisait énormément, car mettant à profit son don pour l’anticipation des mouvements adverses et son agilité naturelle. Surtout, c’était toute une philosophie qu’il découvrait, mettant en connexion la tête et le corps à un niveau presque spirituel. Quelquefois, il accompagnait le frère de leur hôte dans sa tournée des plus belles tavernes de la ville, reprenant peu à peu goût aux plaisirs de la vie, sans jamais oublier ce que ses erreurs passées lui avaient coûté. Alors il buvait, mais modérément, préférant savourer le produit lui-même plutôt que chercher à tout prix la douceur de l’ivresse. Tandis que Deria, sous son regard amusé, succombait au charme de son beau prince-marchand, lui-même commença une cour empressée, quoique sincère, à une actrice qui avait su le charmer un soir qu’il était sorti. Cette liaison, la première depuis plus d’un an, acheva de soigner son cœur meurtri. Il ne se noyait plus dans les excès, picorant des plaisirs tout en sachant pertinemment que sa belle voyait d’autres galants. Mais qu’importait : il n’y avait aucune complexité, juste des instants charmants partagés, et une conversation qui le stimulait. Lui qui n’y avait jamais fait réellement attention se surprit à aimer avant tout sa compagnie, et non uniquement ses appâts.
Quand ils quittèrent Braavos pour Pentos, Myr, Tyrosh… Robb sut qu’il commençait à se retrouver. Il riait à nouveau, oubliant ses errances pour se concentrer sur l’instant présent sans renier ce qu’il avait fait. Mais il trouvait de l’apaisement dans les amitiés qu’il forgeait, dans la compagnie de Deria et dans sa correspondance avec Arianne, restée à Lancehélion derrière eux et qui se tenait informée de leurs péripéties. Au cours de leur voyage, il affronta un ancien esclave des arènes de Mereen, qui lui administra une telle rossée que le pauvre eut du mal à marcher durant quelques jours. Un peu vexé d’une pareille défaite, le jeune homme reparut dès qu’il le put pour demander à son bourreau de lui apprendre à être aussi habile. Ce dernier le jaugea un moment avant de lui asséner la vérité crue : Robb combattait pour l’honneur, mais n’avait jamais vraiment eu à défendre sa vie, à sentir son sang couler par les plaies ouvertes sur sa peau, à arracher une victoire avec les dents et à sentir la plénitude de se savoir en vie. Il était un beau chevalier. Il n’était pas un guerrier. Cette révélation lui fit l’effet d’un coup de poignard en plein cœur… Mais il admit qu’elle était véridique. Alors il demanda à apprendre. A nouveau. Et en Essos, où il n’était finalement rien du tout, hormis un vague nobliau d’une terre lointaine sans importance, il ne fut pas ménagé, récoltant l’éducation rude qui lui avait manqué. Autant dire que voir de simples baleiniers ibbéniens, de vulgaire esclaves d’Astraport ou des coupés issus des redoutables Immaculés le ratatiner promptement en deux mouvements de leurs piques eut un effet salutaire sur son humilité. Il s’était cru un fier assaillant parce qu’il avait été adoubé si jeune, mais il y avait une montagne entre les lices et la rudesse de ses hommes qui avaient perdu ou leur liberté, ou leur virilité pour devenir ces redoutables machines à tuer.
Sans aller jusque-là, Robb étudia auprès d’eux, trouvant dans la compagnie de ces mercenaires une camaraderie étrange mais qui acheva de le détourner de la morgue nobiliaire dont les siens pouvaient parfois faire preuve, bien qu’il n’ait jamais été très attaché à ses prétentions dès le début. Bien lui en prit, car à leur contact, il s’endurcit considérablement, et tandis que Deria apprenait à connaître les partenaires commerciaux de son royaume, lui achevait de devenir une force avec laquelle compter, prenant du muscle, récoltant des cicatrices, et se dotant d’un arsenal de techniques qui ne manqueraient pas de lui servir, épée en main. Surtout, il comprenait enfin pourquoi certaines familles de Dorne restaient attachées à l’usage de la pique, lui qui avait toujours eu une préférence nette pour la lance d’arçon. Bien sûr, pour fêter les progrès de cet élève un peu inhabituel, ses nouveaux amis lui payèrent quelques tournées dans les maisons de plaisir lysiennes, les plus recherchées. Inutile de préciser que le garçon eut tout d’abord quelques interrogations en voyant certains Immaculés pénétrer également dans le lieu, se demandant bien ce que des eunuques pouvaient y trouver… Réponse qui lui fut apportée facilement : il leur manquait peut-être un outil, mais pas tous ceux capable de leur donner l’impression de ravir une femme. C’était un moyen pour certains de clamer ce qu’ils avaient perdu… Et d’inculquer une leçon salutaire à un amant certes fougueux, mais qui comprit son côté un peu primaire sur un ou deux pans de son éducation en la matière.
Toutes les bonnes choses ayant une fin, il fallut cependant rentrer à Dorne. A nouveau, Robb monta sur ce bateau détesté, pour mieux apparaître à Bourg-Cabane le teint délicieusement verdâtre, semblable à un magnifique cadavre. Une fois remis, l’arrivée à Lancehélion fut nettement plus agréable, tout comme les retrouvailles avec la famille Martell. Il était impressionnant de voir qu’en l’espace de quelques mois, Anders et Roward étaient devenus des hommes, lui qui se souvenait d’enfants. Pour fêter ça, comme l’anniversaire du bâtard approchait, le Dayne fomenta une surprise dont il avait le secret, restant pour préparer la fête en inventant quelques prétextes dans ses lettres à ses frères, et emplissant le château de sa bonne humeur retrouvée. Certes, il savait tempérer ses excès, tout en faisant preuve à nouveau de cette énergie bouillonnante si caractéristique. Essos lui avait permis de se retrouver. Le cadeau, à savoir la compagnie d’une catin particulièrement renommée, eut l’heur de plaire au fils naturel de Nymor. Satisfait, il put donc repartir aux Météores.
Là, tous crurent que cette excursion dans le Détroit l’avait ramené à ses travers d’antan en le voyant revenir sourire aux lèvres et plaisanteries douteuses en bouche. Pourtant, il surprit ses frères en déclarant qu’il comptait désormais prendre une part active à l’organisation du fief. C’est ainsi qu’il commença à réellement seconder son grand-oncle, qui se faisait désormais trop vieux pour réellement commander leurs fiers cavaliers, même si son prestige empêchait Barristan de lui enlever sa charge, tant le vieillard demeurait aimé de l’ensemble de la maisonnée. Robb prit sa suite, écoutant ses conseils, menant leurs éclaireurs sur les sentiers rocailleux des Montagnes Rouges, lorgnant sur les terres Tarly et autres qui les jouxtaient.
Quand il n’arpentait pas leurs terres, le benjamin s’entraînait, faisant bénéficier de ses nouvelles connaissances les gardes des Météores. Certains de ses cousins de branches éloignées tentèrent de le défier, les mâles de la maisonnée commençant tous à se mesurer mentalement les uns aux autres devant le trépas prochain et inévitable du porteur d’Aube. Si dans ses jeunes années, peu avaient parié sur le dernier des Dayne de la branche principale en raison de son caractère et de ses défauts, force était de constater que le temps les avait affadis, et qu’il portait désormais haut les couleurs de sa maison. Evidemment, il restait ce garçon au sourire goguenard et au verbe haut qui n’aimait rien tant qu’une bonne bagarre, une lampée de vin et une jolie fille, cependant, il essayait d’être discret dans ses visites nocturnes aux servantes du château, ne montrait plus d’ébriété en public et s’impliquait au mieux dans les affaires du domaine. En bref, il devenait un candidat de poids, surtout que son talent naturel pour les armes était ressorti renforcé de son temps en Essos. Quelquefois, son grand-oncle sortait pour observer le fracas de la cour et observait son homonyme avec un mince sourire, corrigeant çà et là une posture, un geste. Force était de constater, et tous le notèrent, que l’ombrageux guerrier masquait de moins en moins sa satisfaction quand il voyait son dernier petit-neveu combattre.
En l’an -5, toute la noblesse dornienne s’ébranla pour participer au jubilé de la Princesse Meria, les trois frères Dayne quittant pour une fois les Météores tous ensemble, pour la plus grande joie d’un Robb qui ne cachait jamais son ravissement à l’idée de revenir sur les terres de son adolescence. Comme toujours, il passa une partie de leur première nuit à courir la ville avec Anders et son demi-frère, fêtant leurs retrouvailles avec toute son exubérante énergie. Le jour fut consacré aux dames, sa conversation se réjouissant à la vue d’Arianne… Et ses sens à celle de Deria.
Etait-ce parce que l’une restait définitivement ancrée dans son esprit comme sa meilleure amie d’enfance et pas l’autre ? Parce qu’il avait plus correspondu avec la première qu’avec la seconde ? Parce qu’il l’avait vu devenir une femme en Essos ? Ou parce qu’il se disait qu’il ne serait sans doute pas en mesure de la blesser par son comportement, ce qui n’était pas forcément d’une Arianne qui se tenait loin des marivaudages de ses pairs ? Sans doute un mélange de tout cela. Quoi qu’il en soit, il avait en face de lui une femme, qu’il voyait pour tel, avec laquelle il partageait une intimité évidente. Ce qui n’avait commencé que comme quelques plaisanteries anodines, pas si différentes de leurs précédentes taquineries commença bientôt à se charger de sous-entendus moins légers. Presque par défi, la veille des lices, Robb vint frapper à la porte de la jeune princesse pour lui demander, de façon presque trop formelle, de porter ses couleurs le lendemain.
Il n’eut guère de mal à faire honneur à cette faveur face à son premier adversaire, un jeune débutant qui n’avait guère l’assurance nécessaire pour jauger correctement le placement du Dayne. La suite allait se révéler beaucoup plus intéressante. Hasard des enchaînements de joutes, Robb se trouva bientôt opposé à son frère Enguerrand, pour la plus grande joie des spectateurs qui raffolaient de ce genre de surprises. Cependant, l’issue ne faisait guère de doute pour ceux connaissant un minimum les deux chevaliers, tant le second était davantage connu pour son érudition que pour sa dextérité les armes à la main. Son éducation en avait fait un jouteur correct, mais sans relief. Le voir mordre la poussière passa donc pour l’ordre juste des choses, même si le plus jeune démonta aussitôt pour vérifier que son aîné n’avait pas été blessé. Ce dernier se releva avec son aide, avant de lui tapoter l’épaule pour lui signifier qu’il était tout de même fier de son petit frère.
Quand il se retrouva face à Barristan, Robb se demanda l’espace d’un instant si ce n’était pas une vaste plaisanterie… Avant d’éperonner son cheval et de foncer, visière abaissée, lance braquée sur le pectoral de son Lord. Le choc fut d’une violence inouïe, bien plus importante que pour la lice précédente, comme si les deux frères avaient décidé de résoudre leurs différends de cette manière, conscients également de l’importance de ce duel cavalier. Que l’un tombe, et l’autre passerait pour le meilleur chevalier de la maison Dayne. La poussière de la cavalcade dissipée, tout le monde chercha à savoir lequel gisait par terre. En ôtant rapidement son heaume, le vainqueur dissipa tous les doutes… Et le vaincu se releva avant de quitter le champ avec fureur, tandis que Robb volait vers la victoire finale, qu’il obtint non sans briser quelques lances, confronté à nouveau au Lord Allyrion, le tombeur de sa jeunesse.
Le jeune Ser s’empressa de couronner celle dont il portait les couleurs, et se présenta devant sa chambre le soir avec une bouteille de vin. Les deux jeunes gens discutèrent, plaisantèrent, et au fur et à mesure que la lumière baissait en même temps que la boisson, de fil en aiguille, les lèvres du Dayne finirent par trouver celles de la Martell. Au petit jour, il quitta la pièce aussi discrètement que possible après avoir rassemblé ses affaires éparpillées. Il manqua faire une crise cardiaque en croisant Anders qui sortait manifestement des appartements d’une autre dame … et bifurqua sur sa droite pour éviter d’avoir à fournir des explications gênantes.
Il revint le lendemain, le surlendemain… Toute la semaine. Aucun des deux ne désirant avoir affaire à une histoire compliquée, ils résolurent de ne pas en parler, ou de nommer ce qui se passait. Le départ aux Météores se fit le cœur léger, même si les adieux la veille se firent avec volupté. C’était facile, pratique, agréable. Pourquoi s’ennuyer à vouloir davantage ? Robb savait que sa position faisait qu’il ne serait jamais un parti possible pour Deria, et que seule sa couche pourrait lui être accessible. Aussi il n’avait ni à être jaloux, ni à être possessif, se contentant de ce qu’il pouvait obtenir avec cette nonchalance qui le caractérisait si bien.
De toute manière, les affaires privées attendraient. Sitôt de retour, les Dayne durent mettre leurs rancunes de côté pour travailler de concert au renforcement de leur fief. A nouveau la frontière grondait, résonnant du fracas des soldats bieffois qui tentaient de s’y aventurer, cueillis en retour par les cavaliers dorniens guère partageurs de leurs terres brûlées, et qui adoraient picorer femmes et récoltes chez leurs voisins. Les tensions s’accumulèrent au cours de l’année, jusqu’à éclater en plusieurs petites escarmouches que les deux souverains nièrent avoir déclenchées. Et cette fois, comme d’autres jeunes guerriers, Robb était aux avant-postes, prêt à en découdre. Lorsque le sang coula pour la première fois de sa lame, ses tempes bourdonnant et son nez reniflant les effluves des cadavres, il comprit ce que l’Astrapori avait voulu lui dire à l’époque. Il était devenu un guerrier.
Pourtant, malgré la hargne de ses hommes, le Dayne tint à ne pas oublier qu’il était aussi un chevalier, et refusa de s’adonner aux viols en représailles, n’hésitant pas à punir ceux qu’il prenait sur le fait par la castration. Ses méthodes lui attirèrent certaines inimitiés, comme les plus virulents trouvaient pareilles précautions d’une mollesse indigne d’un insoumis. D’autres, en revanche, lui vouèrent un certain respect pour cela. Difficile de faire l’unanimité, pour autant, il refusait d’être un vulgaire pillard sans foi ni loi, digne des représentations de bêtes hideuses que certains bieffois se plaisaient à dresser des dorniens. Leurs abrutis de nobles l’avaient peut-être oublié, mais nombre de maisons installées par-delà les Montagnes Rouges avaient une ascendance andale ancestrale et vénéraient les Sept. Leurs chevaliers étaient tenus aux mêmes serments… Et les respectaient de la même manière que les bieffois, soit mal.
Au bout d’un temps, les attaques cessèrent, et tous repartirent dans cette paix précaire qui tanguait tellement souvent entre tous ces royaumes frontaliers. Les Dayne et leurs troupes rentrèrent aux Météores, et tout sembla revenir à la normale … Même si l’ombre de la mort étendait sa main sur le domaine. En effet, à quatre-vingt ans passés, Robert Dayne arrivait à un âge presque canonique, et même sa constitution d’acier ne pouvait plus le protéger des affres des années écoulées. Presque aveugle, quittant rarement sa chambre désormais, il dépendit de plus en plus des soins de son homonyme, qui s’en occupa avec dévouement, lui faisant la lecture alors qu’il haïssait ça, écoutant le vieillard se remémorer ses grandes heures. Comme pressé de passer son savoir avant de partir, il tentait malgré sa cécité de lui enseigner ses dernières bribes de connaissances, sachant si bien capter l’attention du garçon.
Durant deux ans, Robb partagea son temps entre son aïeul et ses entraînements, avec au moins un passage par an à la capitale, où il retrouvait les bras de Deria. Au départ, les deux évitaient soigneusement le sujet quelque peu délicat de leurs passe-temps respectifs lorsqu’ils étaient séparés, avant d’arrêter de tourner autour du pot après un moment. Oui, lui avait ses maîtresses aux Météores, et même à Lancehélion, tandis qu’elle choisissait la compagnie qui lui plaisait en dehors de leurs nuits mutuellement partagées. Chacun en prit son parti, et ils continuèrent cette relation ponctuelle qui leur allait bien.
Puis, il fallut se rendre à l’évidence : Robert Dayne, l’Epée du matin, arrivait au bout de sa longue vie. Robb ne quitta presque plus son chevet, trouvant dans la mort de ce grand-oncle une peine infiniment plus grande que celle qu’il avait pu ressentir en perdant ses propres parents. C’était cet homme qui lui avait tout appris, qui avait toujours eu confiance en ses capacités, dès le départ, envers et contre tout. Seule Arianne avait eu la même foi en lui, et le jeune homme savait qu’il l’avait exaspérée maintes fois par son comportement volage et puéril. Il but donc le calice de cette agonie jusqu’à la lie, accompagnant le moribond comme il convenait. Après tout, ce dernier se retrouvait seul pour franchir les portes des Sept enfers, puisque sans femme, ni enfant, ni petits-enfants…
Ses respirations se transformèrent en râles longs, son front se couvrit de sueur, voile mortuaire, et Robb sut qu’il était temps de le laisser s’en aller. Mais avec une force étrange, le presque macchabée referma ses doigts sur ceux du plus jeune, et lui souffla une demande étonnante : regarder dans sa cassette, la détruire … Et emmener l’anneau qu’il déposait dans sa paume ouverte là où il saurait. Puis, comme en paix avec lui-même après cette ultime supplique, Robert Dayne, Ier du nom, rendit l’âme, laissant son petit-neveu plus seul qu’il ne l’avait jamais été.
Séchant ses larmes, le jeune homme détacha du cou du vieillard la clé qu’il portait au bout de sa fine chaîne en or et entreprit d’ouvrir ladite cassette. Et là, il vit un monceau de lettres en sortir. Sous ses yeux défila alors une vie entière faite de secrets et non-dits. Robert Dayne n’avait pas dédaigné les femmes parce qu’il estimait leur fréquentation contraire à son devoir… Mais tout simplement car ses goûts étaient ailleurs. C’était toute une liaison qui prenait vie à mesure qu’il parcourait cette correspondance. Parfois le parchemin était froissé, l’encre mouillée par ce qui avait dû être des larmes… Et d’autres fois, les paroles étaient tellement brûlantes qu’une rougeur montait aux joues du lecteur, qui n’était pourtant pas né de la dernière pluie sur le sujet.
Robert Dayne avait aimé follement, passionnément, plus que ne l’avait jamais fait son petit-neveu, malgré toutes ses maîtresses. Lui avait simplement éprouvé ces transports pour un seul homme qui avait été pupille chez les Dayne avant de devoir rentrer dans son domaine pour devenir Lord et se trouver une épouse. Ils avaient continué à se voir, discrètement, pour ne pas blesser la Lady choisie pour porter les enfants de l’amant marié. Lord Ferboys avait accordé son cœur à l’Epée du matin, et personne n’en avait rien su. Les deux étaient morts loin l’un de l’autre. Robb n’eut pas besoin de savoir ce qu’on attendait de lui, parce que l’anneau donné portait les armoiries de la maison des Osseux. Lentement, il laissa les lettres partir en fumée dans l’âtre, puis sortit après avoir fermé les yeux du cadavre, et annonça à tous ceux qui attendaient que c’en était fini : l’Epée du matin était parti. Le reste, personne n’avait besoin de le savoir. Robb avait compris que l’important n’était pas d’être parfait, mais d’être un modèle pour les autres, de leur faire confiance et de la leur inspirer en retour. Il n’avait jamais rien su de ce pan de son grand-oncle, de son cher modèle, et s’en moquait, parce que ce n’était pas important. Ce qui comptait, c’était que Robert Dayne avait été un immense guerrier, un redoutable cavalier et jouteur, mais surtout un professeur intelligent et honorable. Il avait eu ses fautes, ses emportements, et après ? Ce dont on se souviendrait, c’était de ce qu’il léguait aux autres. Peut-être que le jeune homme tenait à travers cet exemple la réponse à tous ses doutes sur sa valeur propre. Il n’avait pas à effacer ses défauts, ses passions : il convenait simplement qu’elles passent après son devoir, qu’il accomplisse ce qu’il avait longtemps cherché à fuir et qu’il tentait de remplir au mieux depuis quelques années. Et alors, il serait pareil, il offrirait comme héritage non pas la vision d’un débauché, mais d’un homme faillible qui avait fait de son mieux, respecté son peuple et ses amis.
Cette mort signifiait également que toute la maisonnée Dayne allait devoir se réunir pour décider si elle donnait un nouveau porteur à Aube, et si oui, qui aurait cet honneur. Toute la parentèle fut donc conviée et bientôt cousins et cousines se pressèrent dans les murs des Météores. Peu filtra de leur cérémonie secrète et ancestrale. Tout au plus certains avancèrent que le benjamin avait offert un discours passionné pour défendre sa candidature. Du reste, on ne pouvait faire que des supputations. Mais quand les portes de la tour Sabrecaux s’ouvrirent pour que le peuple sache le nom de la nouvelle Epée du matin, ce fut Robb qui apparut, l’épée à la lame laiteuse ceinte à son côté. Devant eux, il prêta le serment attendu, de servir sa maison et d’honorer son rang, de ne jamais perdre le nom de Dayne et de défendre Dorne et les Météores contre ceux les menaçant.
Cependant, le chevalier ainsi décoré n’oubliait pas qu’une autre mission l’attendait. Une lettre envoyée à l’actuel Lord Ferboys fut le prétexte d’une visite de courtoisie, puis, discrètement, Robb lui expliqua qu’une affaire autrement plus délicate l’amenait. L’homme se contenta de l’adresser à son demi-frère, lui disant qu’il saurait quoi faire. Il avait déjà eu l’occasion de le voir dans l’entourage des Martell, aussi il fut modérément surpris, et se contenta d’énoncer aussi délicatement que possible ce qui l’amenait. Lohan Sand le laissa aller sur la tombe de son grand-père, et le jeune homme y déposa simplement l’anneau, puis partit. Il avait accompli le dernier vœu de son prédécesseur. Que tous reposent en paix.
Robb prit après sa place d’Epée du matin auprès de ses frères, devenant le remplaçant que son homonyme s’était efforcé de former durant toute la fin de son existence. Quand Barristan partait à Lancehélion pour accomplir ses devoirs de conseiller, il le suivait comme escorte ou restait auprès d’Enguerrand qui officiait comme régent, les deux formant alors un tandem efficace, car se partageant les tâches avec plus de facilité, étant donné qu’ils excellaient tous deux dans des domaines très différents, ce qui n’était pas le cas de l’aîné et du benjamin… Et sans doute la raison pour laquelle ils avaient tant de mal à s’accorder. Ce fut au cours d’une de ses visites que la Princesse Meria et son fils proposèrent au Lord des Météores de faire de son frère l'un de leurs commandants militaires. Etait-ce parce qu’il trouvait là l’occasion parfaite de l’éloigner ? Ou parce que le concerné était sincèrement tenté ? En tout cas, il donna son accord, le Dayne partageant désormais son temps entre la capitale principalement et quelques voyages sur les terres de sa famille.
Tout se passait bien… Trop bien en fait. Durant deux ans, Robb profita à nouveau des largesses de Lancehélion et de tout ce que la ville avait à lui offrir, de la présence de sa meilleure amie, de ses compagnons de marivaudage et de sa maîtresse favorite, tout en continuant ses divers apprentissages, avec la fierté de servir sa maison et celle de ses suzerains… Et puis, le malheur frappa. Des fer-nés, pillant les côtes comme à leur détestable habitude, enlevèrent Arianne. Et pour toute personne connaissant un peu le flegmatique et nonchalant Dayne, rarement les murs de Lancehélion assistèrent à une colère pareille. Qui prit encore plus d’ampleur quand il apprit que le forfait avait eu lieu près des Météores. C’est ainsi qu’il scella son cheval, sourd aux appels à la raison, et chevaucha droit sur son fief familial. Là, dire que l’explication entre lui et Barristan vira au sanglant serait au-delà de la vérité. Ivre de rage, il hurla à son aîné qu’il avait failli en ne protégeant pas suffisamment leurs terres, tandis que ce dernier répliquait avec la même férocité que s’il ne faisait pas sans cesse le beau à la cour, peut-être qu’il aurait pu accomplir son devoir d’Epée du matin. L’argument fit mouche, et seule l’intervention d’Enguerrand, de sa femme et de leur demi-sœur les empêcha d’en venir aux mains.
Finalement, ce fut la lettre que Deria qui le fit revenir à la raison, quoique à contre-cœur. Il fit des excuses qui lui arrachèrent la langue, avant de repartir pour Lancehélion, tout en pestant. Son humeur noire ne paraissait pas vouloir s’effacer, le changeant radicalement de l’ordinaire. Et puis, quelques mois plus tard, Arianne réapparut, et rarement le jeune homme se sentit aussi soulagé qu’à cet instant où il la serra dans ses bras à lui faire craquer les côtes, sincèrement ému, bien que masquant la chose par trois ou quatre plaisanteries de mauvais goûts qui ne faisaient absolument pas illusion. Cependant, le sort semblait s’acharner sur ceux qu’il chérissait, puisque la Princesse Meria et son fils, Nymor Martell, furent assassinés. Pour la seconde fois, il avait failli à la maison suzeraine, que ce soit en tant que Dayne ou commandant au service des Martell, aussi il en conçut une amertume sincère. Surtout, il perdait son second mentor, l’homme qui l’avait accueilli, qui l’avait pris en amitié, qui l’avait adoubé … Et pourtant, il devait mettre de côté sa douleur pour soutenir au mieux ses amis qui perdaient un père et une grand-mère chérie. Au moins eut-il la fierté de voir son amante assumer au mieux la position qui lui revenait de droit, trop tôt certes, mais il avait pleinement confiance en elle. Après tout, il l’avait vue étudier durant toute leur adolescence pour se préparer à ce moment ...
Puis il accompagna la famille princière au Conclave de Goeville, laissant Anders et Roward briller dans les lices pendant qu’il tentait sa chance dans la mêlée. Au retour, il fut convié à participer au carnaval de l’opulence. Dès le départ, alors qu’il tentait de trouver du vin un soir dans une taverne, il sentit tout de même que des années de détestation disparaissaient difficilement et, en désespoir de cause, histoire d’avoir la paix et de pouvoir siroter sa boisson tranquillement, résolut de profiter de son physique qui ne correspondait clairement pas aux stéréotypes attribués aux dorniens en se faisant passer pour un Lowther, maison bieffoise descendante de Valyria, ce qui fonctionnait facilement avec ses cheveux blonds et ses yeux violets, une fois un pourpoint neutre revêtu et Aube laissée dans ses appartements pour ne pas attirer l’attention… Robb n’était tout de même pas complètement fou.
Peut-être que la tension ressentie n’était pas feinte. Ou alors les événements qui s’ensuivirent n’avaient rien à voir. En tout cas, le carnaval se termina dans une véritable émeute, à tel point que les chevaliers agglutinés pour tenter de défendre leurs familles régnantes, puis leurs propres vies, ne questionnèrent pas forcément la nationalité de leurs voisins, cherchant tous à s’extirper de la mêlée au mieux. Le Dayne y parvint en traçant un sillon sanglant dans la populace, Aube au point, y récoltant plusieurs estafilades. Avec soulagement, il constata plus tard que ses proches n’avaient rien… Mais voilà qui n’allait pas améliorer ces relations bilatérales déjà complexes, comme le prouva leur retour… Une fois encore, Arianne restait en arrière, ce que le jeune homme eut du mal à digérer, trouvant qu’elle avait déjà été suffisamment éprouvée. Enfin, ce n’était pas comme s’il avait voix au chapitre de toute manière.
Depuis, il regarde la frontière s’embraser, leurs voisins Noirmont appeler aux armes et son frère se battre pour tenter de conseiller au mieux Deria. Lui-même préfère ne pas s’en mêler, jugeant qu’elle a suffisamment à faire pour ne pas l’ennuyer, se contentant d’offrir une épaule secourable quand le besoin s’en fait sentir, tout en sachant qu’elle va épouser Orys Baratheon, et que leur temps est sans doute compté. Avec les fer-nés à leurs portes qui dévastent leurs côtes, détruisent leurs bateaux, ceux qui ont enlevé Arianne … Au moins a-t-il de quoi évacuer la frustration accumulée depuis plus d’un an. Robb ne l’avouera peut-être pas aisément… Mais il est prêt à faire couler le sang sur le sable chaud de Dorne.
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Sujet: Re: Robert "Robb" Dayne, l'Epée du matin Ven 10 Juin - 14:27
:genial:
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Sujet: Re: Robert "Robb" Dayne, l'Epée du matin Ven 10 Juin - 14:28
*renifle le futur gros lien négatif*
Re bienvenue
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Sujet: Re: Robert "Robb" Dayne, l'Epée du matin Ven 10 Juin - 14:36
Re-re-bienvenue bobo !
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Sujet: Re: Robert "Robb" Dayne, l'Epée du matin Ven 10 Juin - 14:51
Oh et genre la corruption dornienne ! Tu t'es corrompue toute seule à la base !
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Sujet: Re: Robert "Robb" Dayne, l'Epée du matin Ven 10 Juin - 14:52
T'as quand même sacrément participé
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Sujet: Re: Robert "Robb" Dayne, l'Epée du matin Ven 10 Juin - 14:52
(re)Bienvenue ami Dornien :roro:
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Invité
Sujet: Re: Robert "Robb" Dayne, l'Epée du matin Ven 10 Juin - 14:54
Robb Dayne a écrit:
T'as quand même sacrément participé
Non non non, tu avais déjà fait la chose !
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Sujet: Re: Robert "Robb" Dayne, l'Epée du matin Ven 10 Juin - 14:54
Re bienvenue !
Fire, Blood & Winter | House Braenaryon Let it be War
I never wanted this. I never wanted to unleash my legions. Westeros have only one chance to prosper and if you not seize it, then I will. So let it be war ! From the skies above the Wall to the dornish sands. Let the seas boil. Let the stars burn. Even if it takes the last drop of my blood, I will see the kingdoms freed once more. And if i cannot save it from the felony and the dishonor, then let Westeros burns.
Spoiler:
Torrhen Braenaryon
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Messages : 54779 Membre du mois : 230 Maison : Braenaryon Caractère : Loyal - Secret - Stratège Célébrité : Christian Bale
Sujet: Re: Robert "Robb" Dayne, l'Epée du matin Ven 10 Juin - 15:11
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Sujet: Re: Robert "Robb" Dayne, l'Epée du matin Ven 10 Juin - 16:18
Re bienvenue mon cher et tendre oncle Il est vachement long ton avant gout j'ai pas le courage de lire pour l'instant xD j'attendrais que tu sois validé alors courage et vite-vite la suite
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Sujet: Re: Robert "Robb" Dayne, l'Epée du matin Ven 10 Juin - 17:20
Rebienvenue mon copain \o
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Sujet: Re: Robert "Robb" Dayne, l'Epée du matin Ven 10 Juin - 19:27
Un Dayne !
Re-Bienvenue ! Si je peux te réserver un p'tit lien après ta validation, je suis preneur =)
Bon courage pour le reste de ta fiche
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Sujet: Re: Robert "Robb" Dayne, l'Epée du matin Ven 10 Juin - 20:05
Re re bienvenueeeeee
Invité
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Sujet: Re: Robert "Robb" Dayne, l'Epée du matin Ven 10 Juin - 21:39
La corruption c'est bon, mangez-en
Et rebienvenue
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Sujet: Re: Robert "Robb" Dayne, l'Epée du matin Sam 11 Juin - 23:04
Merci à tous pour ce nouvel accueil, j'espère sincèrement que vous aurez autant de plaisir à lire cette (longue ) fiche que je n'en ai eu à l'écrire
Invité
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Sujet: Re: Robert "Robb" Dayne, l'Epée du matin Dim 12 Juin - 10:37
Me voilà !
*survit*
Cette fiche est en effet très agréable à lire !
Deux trois fautes ou répétitions mais qu'importe, la qualité est excellente et vue la taille, c'était impossible de l'éviter!
Petits détails; un cavalier ne peut pas porter un pavois, c'est un bouclier beaucoup trop grand ^^
Je viens de tilter que tu parles d'entrer dans la garde princière. Dans les bouquins, la garde ne semble pas constituée de chevaliers, mais de soldats de métier aguerris commandés par un capitaine désigné par le Prince en titre, portant le titre sobre de "capitaine des gardes". C'est bien à ce titre que tu pensais? Parce qu'autrement je vois mal un noble, même troisième fils, se voir proposer une place qui serait inférieure à son statut social ^^
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Sujet: Re: Robert "Robb" Dayne, l'Epée du matin Dim 12 Juin - 10:44
J'avoue que j'avais calque sur les autres gardes qu on voit dans les royaumes (comme avec Smaug au Val par exemple ), puisque Deria a mentionné que les membres de sa garde étaient chevalier (en tout cas son scénario Elios Sand l'est ).
Sinon, je peux sans doute modifier pour prendre en charge la cavalerie des Martell par exemple ? Ce qui justifierait qu'il reste à Lancehelion et les accompagne ?
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Sujet: Re: Robert "Robb" Dayne, l'Epée du matin Dim 12 Juin - 10:49
Le Val est un peu particulier et on n'a pas de vraies infos sur leur garde, d'ailleurs la Arryn dans les livres, envoient un de ses chevaliers en duel judiciaire; il semble logique de considérer que là bas la garde la plus proche est constituée de chevaliers
Ben justement, il est capitaine des gardes Elios, non?
De manière générale, sans être purement de la garde, toutes les maisons royales ou princières ont toujours pris dans leur entourage des chevaliers, nobles, intendants, dames d'autres maisons etc. Donc en soit tu n'as besoin d'aucun grade pour rester dans leur entourage. Après si tu veux un commandement direct c'est en effet à voir avec Deria, mais je pense que toute la cavalerie c'est peut être beaucoup pour un troisième fils qui n'a pas encore connu de véritable guerre, dans un monde où la naissance fait presque tout (même à Dorne) et l'expérience complète, quand Dorne regorge de combattants confirmés peut être mieux nés, mais c'est pas moi qui décide :p. Comme tu l'as sautée, ça te fait ptet des points en plus pour avoir une bonne place
Cela dit, un commandement paraît tout à fait logique de manière générale
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Sujet: Re: Robert "Robb" Dayne, l'Epée du matin Dim 12 Juin - 10:51
Je verrais avec elle quand elle rentrera, pour cette place, une autre, ou tout simplement Ser local, et je modifierais en conséquences
PS: J'ai corrigé le coup du pavois, je t'avoue que c'était pour éviter avant tout la répétition de bouclier, mais c'est vrai que ça doit être un poil encombrant à cheval
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Sujet: Re: Robert "Robb" Dayne, l'Epée du matin Dim 12 Juin - 14:40
Petit double post pour signaler qu'après concertation avec Deria, on a convenu de faire de Robb l'un des commandants militaires au service des Martell, j'ai donc remplacé les occurrences de "garde princier" par la nouvelle version et arrange les quelques phrases en parlant pour que ça colle ^^
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Sujet: Re: Robert "Robb" Dayne, l'Epée du matin Dim 12 Juin - 14:48
Bienvenue, Robert
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