Un certain silence s'était imposé sur l'ensemble de la cité, comme si tout le monde était en train de retenir son souffle jusqu'au moment où le résultat serait enfin donné, chacun venant à attendre la paix dans l'espoir de rejoindre leur famille, ou la poursuite de la guerre et l'idée de laver son honneur piétiné par des négociations venant à échouer. Le Jeune Loup pouvait sentir au sein de ses forces armées qu'ils bouillonnaient à imaginer les lions en approche. Il y avait des dettes à payer, des exigences qui continuaient à faire la vie dure. Le Nord se souvenait, encore et toujours. La rancœur, la rancune étaient des maladies durables et pouvaient atteindre les cœurs, les esprits et les torturer même longtemps après la signature de la paix. La vengeance était une flamme qui pouvait briller avec ardeur et échauffer les sens au-delà de l'entendement, même chez l'homme le plus humble. Les loups et leurs soldats n'avaient pas oublié ce qu'ils avaient vécu contre le Conflans, pas après plus d'une décennie de guerre. Il en serait de même pour les adversaires de l'Ouest, même si l'opposition était plus récente, l'affront lui semblait plus impérieux encore. Ils étaient ceux qui, en plus, leur avaient pris une princesse et ils avaient agi par la suite sans tenir compte un seul instant les engagements qui avaient été signés entre les deux parties. La possibilité d'une rencontre entre les deux entités était sans doute un petit miracle auprès duquel il ne fallait pas passer à côté. Si cela échouait, le Roi du Nord doutait grandement qu'une telle scène se représente avant que l'un ou l'autre ne soit complètement à genou et encore, l'anéantissement de l'un des deux camps semblait plus probable qu'une entente cordiale à la fin. Pierremoutiers semblait former, en cet instant, le centre de Westeros. C'était en tout cas l'impression que cela lui donnait. Des choses importantes allaient se jouer ici, voir peut-être même que la fin de la guerre allait voir son aboutissement après les négociations entre l'Empire et ses représentants, l'Ouest et les Lannister. Il y aurait encore des combats, il y aurait encore des drames mais dans tous les cas, les choses pourraient finir bien plus vite si le camp impérial s'agrandissait. Alors le nombre d'ennemis viendrait à diminuer.

En attendant, si tous savaient que les forces Lannister et le couple royal étaient en approche d'après les derniers rapports, il y avait d'autres personnes qui étaient attendus à Pierremoutiers. Depuis plusieurs semaines, l'Empereur en personne avait annoncé la venue d'Isla Chelsted, conseillère juridique de l'Empire et du couple Braenaryon, venant ainsi à imposer une présence peut-être plus protocolaire, avec un cadre bien stricte pour les enjeux qui étaient les leurs. Jon n'était nullement considéré comme le plus grand des diplomates qui soient, et il était lui même bien placé pour le reconnaître. Pour autant, il aurait presque voulu que ce moment n'appartienne qu'à lui, n'appartienne qu'à Jeyne et Walton également, que les frères et sœurs soient réunis et puis se parler franchement, sans détour, sans oreille indiscrète, qu'ils se retrouvent avant de devoir jouer au roi et à la reine. Ce n'était pas possible et Jon l'avait bien compris. Isla serait là, tout comme Lyman Lannister. Pour les Stark, ils n'étaient pas question de représenter seulement le Nord et leur famille, mais bien l'Empire tout entier, malgré les subtilités et les contradictions qui pouvaient exister, malgré l'envie de faire confiance de la part de certains et la défiance surtout qui venait à exister chez la plupart. Oubliant parfois, qu'ils s'étaient jugés avec autant de désapprobation avant de se retrouver tous coincés ensemble. En attendant, après s'être assurée que l'Impériale était correctement installée et avoir discuté un peu des attentes paternelles, il l'avait laissé la jeune femme pour se reposer et était allé toquer à la porte d'Aymeric Forrester. Il n'avait pas oublié cet homme mais comme beaucoup, il avait été plus fidèle à Torrhen, qu'à la couronne du Nord. Un choix personnel qui permettait à l'Empereur d'avoir des alliés autour de lui, mais qui avait laissé le jeune souverain, un goût amer, alors que de nombreux chefs de guerre s'étaient détournés. Il attendit devant la porte que l'homme lui ouvre, en espérant qu'il soit là bien sûr.