La Grâcedieu était depuis longtemps une cité florissante, avec la maison Allyrion pour la guider. Hélas, la guerre l'avait plusieurs fois touchée, usée, meurtrie. Elle avait été assiégée et prise deux fois, jamais sans que la guerre n'atteigne directement ses rues, mais passée en partie par le feu une fois pour éviter que l'ennemi n'y trouve abri, vivres et matériel. L'armée locale avait dû combattre les Martell, avant qu'ils ne se rallient, et puis les Valtigar, et les Garland, venus fureter non loin en se mêlant aux cohortes des réfugiés évacuant Lancehélion elle aussi passée par les flammes. Plusieurs fois il avait fallu rebâtir. Et plusieurs fois aussi, accueillir bien trop de gens que la ville n'en avait ou l'habitude ou la capacité. A chaque fois, la Grâcedieu avait perduré, et s'était relevée. Reprise par les mêmes Martell qui l'avaient jadis opprimée, la cité jouissait d'une liberté nouvelle, et de sa population plusieurs fois occupée ou vouée à l'exil, s'était développée une peuplade métissée, des locaux et des marchands de la rivière renforcés de ceux qui avaient fui les déprédations fer-nées ou valyriennes, qui s’amoncelaient par familles entières là où la Princesse de la Dorne Fédérée, Mahée Allyrion, avait vu le jour.


La Princesse rebelle, qui avait passé le plus clair de son temps en campagne avec les forces ralliées de presque toutes les maisons du pays, qui avait chassé bieffois et valyriens par le fer ou par la plume, qui continuait le combat contre les factieux du nord du pays, eux-mêmes voués à l'expansion et à la prospérité d'une puissance autrefois en déclin. Mais Mahée Allyrion jouissait déjà des revenus de l'essentiel de la Principauté, désormais ralliée, et du commerce rouvert avec l'Empire. Les fruits de la guerre avaient aussi permis de rassembler un vaste trésor, permettant de mettre en chantier ses ambitions...


Et alors que La Grâcedieu était habitée de nouveau par ces populations revenues là par droit du sol ou du sang, ou par ambition et désir d'un renouveau, la Princesse dépensa sans compter pour fortifier la ville, pour l'agrandir, la rebâtir, pour l'étendre. Ses ponts, jadis théâtres de violents combats, étaient en passe d'être consolidés et surévelés en grandes arches dorniennes, tandis qu'un port fluvial se construisait en agrandissait les quais de pèche de jadis. On construisit dépôts et arsenaux, et de nombreuses forges. Les alentours furent aussi l'occasion d'un intérêt renouvelé de la population, qui forte des bras des migrants des autres régions, diversifiaient leurs compétences et centres d'intérêt. On découvrit que près des mines de jadis, le minerai de fer était encore présent à profusion dans les collines du nord et de l'Est, et de nouveaux boyaux furent creusés.


La Grâcedieu, malgré les épreuves passées, bénéficiait des déprédations subies par Les Météores, par Noirmont et Lancehélion, par Boycitre et le Tor, et serait, d'ici quelques années et sans nouveau revers du destin, la capitale d'une Principauté renaissante.