An 0 Mois 11
Puysaigues, demeure des Sarwicks
La route qui sépare Kayce de Puysaigues est particulièrement longue. Je n’ai pu alors rendre visite à Alysanne depuis son mariage. Nous nous sommes bien retrouvés lors d’évènements familiaux ou du royaume, mais c’est bien trop officiel pour pouvoir échanger suffisamment. Il y a bien les lettres, seulement elles ne sont pas suffisantes, par moment l’on a juste besoin de retrouver un proche en chair et en os. Ma soeur me manque, c’est un fait. Elle fut la première Lady Kenning de notre génération, et avec Robert, elle fait partie de ceux qui me comprennent le mieux, à qui je n’ai guère de mal à me confier et vice versa.
Aujourd’hui, plus que jamais j’ai besoin de son contact, de sa douceur et de ses conseils. Depuis plus de 4 mois maintenant, nos parents ne sont plus. J’ai encore du mal à le digérer. Tout comme la majorité de la famille. C’étaient des parents exemplaires, aimants, justes et attentifs. Mais du jour au lendemain, ils ont disparu, du fait de cette terrible épidémie qui a ravagé nos terres. Une maladie qui aurait pu avoir également ma peau. J’ai eu un moment du mal à réaliser leurs pertes, et surtout mon nouveau rôle. Ce n’est qu’en reconstruisant Kayce, qui manquait de main d'œuvre et surtout de nourriture, que j’ai compris l’ampleur de la situation.
Bien que le voyage d’une semaine m'ait relativement fatigué, mon esprit respire enfin. Loin de Kayce, du poids lâché sur mes épaules et des souvenirs encore indélébiles, je me sens un peu plus reposé. Sur un coup de tête, j’ai organisé avec Alysanne ma venue dans sa demeure. Mon fils étant encore jeune, il est resté à Kayce auprès du reste de la famille, bien que j’aurais aimé l’emmener avec moi. Adélaïde est aussi restée. J’ai pris soin d’amener avec moi quelques marchandises afin de troquer auprès des artisans ou marchands du bourg, espérant faire de nouvelles transactions voir de nouveaux accords pour dynamiser Kayce.
C’est donc en fin d’après-midi, seulement accompagné de quelques hommes que je redécouvre la forteresse de Puysaigues à dos de cheval. Je me demande alors si ma sœur a été dépaysée par rapport à Kayce. Si cette dernière est bordée par les falaises et l’océan, Puysaigues l’est par les montagnes et les bois. Je me fais contrôler à l’entrée puis je continue ma route pour rejoindre la demeure des Sarwicks. C’est alors que je la vis, aussi fidèle à elle-même que lorsqu’elle a quitté la maison, élégante et soignée. Mon sourire s’étira naturellement à sa vue. Chose qui n’était point arrivée depuis plusieurs mois.
Je tâte l’encolure de ma monture afin de la féliciter du long trajet puis l’arrête non loin, un palefrenier venant à ma rencontre pour récupérer les rênes. Je descend de l’animal, non sans grimacer après une aussi longue chevauchée et les lui tends. Je me rapproche ensuite de Lord Sarwick et d’Alysanne, avant de le saluer cordialement.
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C’est un plaisir de vous revoir, Lord Sarwick. Je vous remercie pour votre bienveillance et votre hospitalité. Vôtre demeure est toujours aussi impressionnante. Je me tourne ensuite vers ma sœur, et mon sourire s’élargit légèrement :
Alysanne ! Ta maternité te va bien, tu sembles rayonnante. Oui, partir de Kayce me semble être la bonne décision, je me sens déjà un peu mieux à l’idée de passer du temps avec ma sœur.