Jordane Lannister

Khayley Ardoise a une nouvelle vision. Celle-ci est violente, au point où le Mestre s'inquiète sérieusement sur la survie de la jeune fille. L'homme fait part de ses craintes à la Reine Mère de l'Ouest. La Lannister accepte une entrevue avec la Nordienne, tant pour constater la situation de ses yeux mais également entendre ce que la demoiselle a vu.

Ainsi, la vision de l’aveugle s’était réalisée. Ils avaient perdu une ville dans le sud du royaume aux mains de l’Empire. De quoi donner envie à la lionne de rugir de fureur ! Mais Jordane sait mieux que cela. Si on l’appelle LA Lannister, si elle a pris le pas sur son mari, malgré que ça ait été lui l’héritier du trône, plus passif, du temps de leur mariage au point que le mâle ne soit que l’homme de paille du couple, c’est que la femme qu’il a mariée sait se montrer subtile, patiente… Sait, en un mot comme en cent, déployer ses fils, telle une araignée, et leurrer sa proie. Avant, bien sûr, de l’achever d’un coup de griffe ou d’un coup de croc. De léonines, Jordane a l’allure, la grâce, la dangerosité… Mais ses méthodes de chasse sont plus subtiles que celles de l’animal de sa maison. Mais enfin, araignée ou lionne, c’est bien en colère qu’est la reine-mère de l’Ouest après la défaite, défaite qui brille de par son caractère prévisible, ou tout du moins, prévue par l’aveugle nordienne…

Jordane n’a jamais eu le caractère fantasque. Déjà plus jeune, elle se voyait, pragmatique, mariée à un homme puissant plus que par amour. Elle a eu la chance d’avoir les deux, pendant un temps, avant que l’appétit du pouvoir ne supplante durablement celui de l’amour. Le pouvoir, au moins, avait une forme de stabilité qu’il manque cruellement aux amours, stabilité qui lui a manqué avec Loren, jusqu’à ce qu’ils prennent des accords, encore une fois pragmatiques, pour régler les questions épineuses. Quoiqu’il en soit, la rêverie n’a jamais vraiment fait partie de la sculpturale blonde. Ainsi, croire au don de vertvue de Khayley avait été difficile. Si les arguments de l’otage lui avaient semblé faire sens sur le coup de leur entrevue, y repenser avait fini par convaincre Jordane que la gamine hasardait n’importe quoi. Seulement, cette défaite venait la faire douter.

« Faîtes venir la nordienne. » Elle ordonne, irritable et irritée, peu amène à l’idée d’attendre. Il aurait fallu que tous devancent ses désidératas, et même sans cela, elle n’aurait pas été enchantée de voir celle qu’elle avait pourtant réclamée ! Les défaites la rendent taciturne. Tant pis. « Votre Grâce, elle ne peut pas quitter le lit… Son état est des plus préoccupant. » Lui annonce un courtisan, qui s’était fait une spécialité de se tenir informé de tout, justement au cas où. Et le cas où, c’est maintenant. Jordane pose sur lui un regard étonné –n’est-ce pas la première fois qu’elle entend la voix fluette de ce jeune homme ?- mais réplique en se levant. « Bien. » Elle n’ajoute rien, et se contente de prendre congé, direction la chambre de la nordienne. Que ce soit à elle de se déplacer l’irrite un peu plus, mais, si ce que l’aveugle a raconté est vrai, son état est plus que probablement dû à une vision.

Au moins, elle n’a pas à ouvrir la porte de la chambre de la malade toute seule, il n’aurait plus manqué que cela ! Dans un froufrou de ses robes amples, élégantes et brodées de fils d’or, la reine mère léonine pénètre dans la chambre de la malade, de laquelle elle tire les rideaux pour laisser entrer le jour encore chaud du soleil automnal. « Bonjour, Lady Ardoise. » Elle salue, sans enthousiasme, sans cruauté non plus. « Vous ne vous remettrez pas en restant dans le noir ainsi. » Elle a été mère de trois enfants, sur lesquels elle a veillé, malgré les convenances, comme sur la prunelle de ses yeux. Si elle n’a évidemment pas tant de tendresse pour la nordienne, elle n’en a pas oublié ses vieux réflexes. Un petit sourire en coin encourageant sur ses lèvres roses, la blonde vient prendre place auprès de l’aveugle. « Ma Dame, je ne suis pas sans deviner ce qui vous vaut cet état. Je crois pouvoir affirmer que vous avez été bien traitée ici, donc que ma part du marché que nous avons passé a été remplie. Il est temps pour vous de remplir la vôtre, vous ne pensez pas ? » Son ton est doux, sans menace, et pourtant… Khayley ne veut vraiment pas savoir ce que fera Jordane d’elle si elle ne tient pas parole !

Jordane Lannister

Khayley Ardoise a une nouvelle vision. Celle-ci est violente, au point où le Mestre s'inquiète sérieusement sur la survie de la jeune fille. L'homme fait part de ses craintes à la Reine Mère de l'Ouest. La Lannister accepte une entrevue avec la Nordienne, tant pour constater la situation de ses yeux mais également entendre ce que la demoiselle a vu.

Du pareil au même dit la petite aveugle, emmitoufflée sous ses couvertures, avec, Jordane le voit maintenant, en pleine lumière de ce soleil d’automne, à quel point elle peut être blafarde, sembler faible. Ainsi, elle ne mentait pas sur cela non plus. Que ces visions soient vraies ou non, elles altèrent indéniablement sa constitution physique, ses mestres le lui auraient dit si son état était dû à une fièvre connue ou à un traitement douteux auquel elle aurait pu être exposée, malgré ses ordres. Non, lady Khayley n’avait ni été molestée, ni laissée livrée à elle-même et aux éléments. Elle avait été nourrie, choyée, exactement comme Jordane l’avait ordonnée. Après tout, Khayley n’est-elle pas son cadeau ? Et Jordane est une femme d’apparat. Elle considère que tout ce qui lui appartient, de ses tenues à ses enfants, en passant par ses gens, sont des extensions d’elle-même et que, par conséquent, les choyer est une façon de faire valoir son faste, celui de sa maison, d’afficher une aisance suffisante à l’entretien de tout ce qui touche de près ou de loin à sa famille, et l’aveugle ne fait pas exception. Qu’elle soit dans cet état est donc déplorable. « Vos yeux sont aveugles, mais pas votre peau, chère petite. Que vous pouviez le voir ou non, vous avez besoin de soleil. C’est en demeurant dans une atmosphère moribonde que vous dépérirez. Dès que vous le pourrez, vous irez prendre l’air. » La reine établit, impose. S’il s’était agi de ses enfants, elle aurait été bien plus douce, tout aussi maternelle, mais bien plus maternante, quoique tout aussi inflexible. Jordane a toujours veillé comme la lionne qu’elle est sur ses enfants, et ses réflexes sont toujours présents. Reine, elle ne l’est plus, mais mère, à la faveur des dieux, elle le sera jusqu’à son dernier souffle.

« Hélas, je crains fort que le secret du rythme de nos saisons me demeurera toujours indéchiffrable… Mais, oui, vous avez raison, l’automne vient tôt. » Elle lui concède, un peu moins brusque en voyant avec quelle peine se tient la jeune femme. La compassion n’a jamais été la plus grande qualité de Jordane, mais la cruauté gratuite n’a pas été non plus son défaut. La vie l’a rendue sévère, dure, exigeante, mais cruelle ? Elle en doute encore. Sans lutte, Khayley admet avoir été bien traitée, à la grande satisfaction de la reine-mère. D’une part, cela témoignait de la discipline et, ou, de l’éducation des gens de Castral-Roc, ce qui ne peut que la satisfaire, et d’autre part, ainsi elle ne serait pas difficile quant à lui livrer le fruit de ses visions. La voyant se rassembler, la léonine reine-mère laisse à l’aveugle le temps et l’espace dont elle a besoin pour prendre la parole, et quand, c’est le cas, ce qu’entend Jordane la laisse partagée, pour un instant saisie. Elle est à la fois soulagée et frustrée que cette vision ne concerne pas l’Ouest. Soulagée, car elle aurait pu être annonciatrice de malheur immédiat pour son royaume, et déçue par pur narcissisme. Elle réagit vite, cependant, se ressaisit en un battement de cil, et affiche une expression indéchiffrable. « Lady Khayley, soyez plus précise je vous prie… Êtes-vous en train de me dire que, d’après votre vision, des bateaux de sauvageons s’apprêtent à accoster sur les côtes de Westeros ? » C’est ce qu’elle a compris, mais elle doit en être certaine. Le cas échéant, Lyman doit en être alerté rapidement, afin qu’il intègre la valeur de cette information à ses échanges à venir avec le roi du Nord, car après tout, il est directement concerné par cette information… Information qui le conduira peut-être à réévaluer ses mouvements de troupes, et donc influencer le cours des batailles entre Ouest et Empire… Le Nord est le premier concerné par cette information, mais c’est bien l’Ouest qui peut en tirer le plus de bénéfices… Au final, que tout cela soit vrai ou non importe peu. L’important, c’est que Jon Stark le croit. « Dîtes-moi, quelle position le roi du Nord a-t-il sur vos visions ? » Elle demande, non sans intérêt, curieuse d’estimer les chances de réussite d’une telle manœuvre avant d’en informer Lyman.

Jordane Lannister

Khayley Ardoise a une nouvelle vision. Celle-ci est violente, au point où le Mestre s'inquiète sérieusement sur la survie de la jeune fille. L'homme fait part de ses craintes à la Reine Mère de l'Ouest. La Lannister accepte une entrevue avec la Nordienne, tant pour constater la situation de ses yeux mais également entendre ce que la demoiselle a vu.

Elle est si mal en point la petite nordienne, chaque mot semble lui peser aussi lourd que le monde sur les épaules d'Atlas. Et pourtant, elle l'oblige, lui répond docilement qu'elle ira prendre l'air, comme elle l'ordonne, si tôt qu'elle le pourra, elle ne cherche même pas à lutter, sans doute n'a-t-elle pas cette force. Par contre, rien ne l'empêche de faire preuve de cynisme, ce qui irrite Jordane. Au sud, vous l'oubliez… Maudits nordiens et leur fichu hiver qui n'en finit plus de venir, et maudit soit cet œil condescendant qu'ils portent tous sur ceux des royaumes au sud de Moat Cailin, comme s'ils ne partageaient pas le même continent. "Votre peuple résiste à des hivers plus rudes, certes, mais ça ne vous autorise pas à porter sur ceux épargnés par la rudesse du climat du nord un regard condescendant, Lady Ardoise. " Après tout, les familles du Nord étaient aussi attachées à leurs terres que n'importe quelle autre famille aux siennes, indépendamment du climat. Les dorniens connaissent un climat encore différent, sont-ils condescendants avec le reste de Westeros? Mauvais exemple, ils le sont sûrement. Au final, Westeros connaît deux extrêmes, mais beaucoup des royaumes, ceux qui se disputent le centre du continent, ont des climats équivalents. Les nordiens et sudiens sont, au final, deux antipodes pendant que tout le reste du continent se dilue entre les deux.

Hélas, les mots de Khayley irritent Jordane plus encore plutôt que de l'apaiser. La lionne n'apprécie pas du tout tous les détours que prend la femme du nord, alors que les questions de la reine-mère sont chirurgicales. A sa grande frustration, elle ne dispose d'encore aucune information valable malgré l'état moribond de la lady, ce qui a le don de la courroucer. Pis encore quand Khayley l'informe du désintérêt du roi du nord pour ses visions, information cependant que Jordane prend avec beaucoup de scepticisme. La dame est timide et docile, mais pas idiote. "Autant que vous-même aimez votre Nord, lady Ardoise. " Assène à nouveau la lionne, sans une once d'aménité, et de l'impatience dans la voix cette fois, preuve qu'elle ne va pas tolérer les impertinences de la nordienne encore longtemps. "Je me moque éperdument de l'allure du mur, des forêts du nord et de leur paysage rendu cotonneux par la neige, je me contre-fiche de la fumée qui s'élève de Winterfell… Je veux savoir ce que vous avez vu, et je veux le savoir maintenant. Usez encore de détours ou de paroles sibyllines et je me fais forte de vous présenter ma moins bienveillante moitié. " La menace est réelle, Jordane n'a pas de patience. Elle n'a pas le temps d'être patiente, pas quand la guerre est à leurs portes et la vie de son fils dans la balance. Les dieux lui ont déjà repris un enfant, elle ne les laissera pas lui en prendre un deuxième.

Jordane Lannister

Khayley Ardoise a une nouvelle vision. Celle-ci est violente, au point où le Mestre s'inquiète sérieusement sur la survie de la jeune fille. L'homme fait part de ses craintes à la Reine Mère de l'Ouest. La Lannister accepte une entrevue avec la Nordienne, tant pour constater la situation de ses yeux mais également entendre ce que la demoiselle a vu.

Invisibles aux yeux malades de la nordienne, les lèvres de la lionne de fer se pincent. Cette histoire commence à prendre beaucoup plus de temps que prévu. Elle devait, à la base, entrer dans cette chambre, entendre sa vision et s’en aller, et voilà qu’elle veille une alitée ! Une alitée qui, de surcroît, la prend de haut, comme savent le faire les nordiens, avec leur « hiver qui vient »… Les Lannister rugissent, et pourtant, ils ne demandent pas à tous de les entendre rugir en permanence ! La peste soit de ces maudits hommes du nord et de leur folklore ! « Non. Vous répétez bêtement ce que vous entendez depuis que vous êtes petite. A croire que personne ne peut survivre au froid en dehors de vous autres, du nord, à croire que personne ne connaît l’hiver en dehors de vous ! Mais pour qui vous prenez-vous, tous? » Elle siffle, Jordane, ayant tenté de faire refluer sa colère, mais… Peine perdue. Entendre lady Ardoise tourner autour du pot l’avait profondément agacée, mais, finalement, ce n’est rien à côté de l’entente de cette devise, ce mantra, toujours, insupportable, qui lui donnait envie de planter ses griffes dans la chair de porcelaine de l’aveugle et de la déchiqueter pour son impudence… Qu’ils aillent au diable, tous, avec leur maudit mur et le reste ! Elle peste, pour elle-même, tâchant malgré tout de reprendre son empire, car tempêter contre l’infirme n’amènerait la reine-mère à rien, et ne la défoulerait certainement pas. Jordane doit passer ses nerfs, c’est une certitude.

ENFIN, cette vision qui s’est beaucoup trop faite attendre au goût de la lionne lui est délivrée. Toute ouïe, Jordane écoute, aux aguets, à l’affût du moindre élément qui pourrait la mettre sur une piste, quoique ce soit, qui pourrait faire les affaires de l’Ouest… Hélas, par ses mots, Khayley transporte la reine-mère léonine jusqu’à ce nord qu’elle abhorre, jusqu’à ce mur dont elle se moque éperdument, et et persiste et signe dans les prophéties de destruction du monde. Elle a l’air, l’aveugle, visiblement chamboulée, durement éprouvée, elle donne l’impression de dire la vérité… Quand Jordane, elle, est restée de marbre. Stoïque, imperturbable, elle a écouté la vision et, c’est vrai, le peu de couleurs qu’arboraient ses joues finissent par se retirer à leur tour, mais la dame de l’Ouest ne semble pas manifester toute la peur qu’elle aurait dû à l’entente de cette vision… Pire, en fait, puisqu’après un long et pesant silence, Jordane se lève, énergique, et se force à adopter une voix mesurée. « J’espérais mieux de notre collaboration, Lady Ardoise. Vous aviez presque réussi à me faire croire aux rêves verts. Presque. » Elle lisse sa robe, la fureur qui fait rage dans son cœur parfaitement muselée derrière son ton de glace. « Puisque vous ne respectez pas votre part de notre accord –mais le pouvez-vous seulement ?- et tentez de me prendre pour une idiote, je vous place en isolement et interdis que vous receviez de la visite jusqu’à nouvel ordre. Votre état ne vous le permet pas, de toute façon, n’est-ce pas ? » Ce qui veut dire plus de Jeyne, sans doute seule compagnie qui importe réellement à la nordienne. « J’entends à ce que vous vous remettiez rapidement sur pieds, mon mestre ne peut pas passer ses journées à s’occuper de vous. » Et, oui, elle lui reprendra également les bons soins de son mestre. L’accord qu’elles avaient passé était simple. Khayley devait l’informer de ce qu’elle voyait, et Jordane devait prendre soin d’elle. Khayley lui racontait des histoires à dormir debout ? Et bien son traitement serait aussi à dormir debout. « Je suis très insatisfaite, lady Ardoise. » Jordane fait savoir à Khayley, sur un ton plus froid encore que le mur lui-même, le bruit de ses pas, secs, trahissant déjà la prise de la direction de la porte, la lionne estimant qu’elle a déjà prêté bien trop d’attention à toutes ces élucubrations !

Jordane Lannister

Khayley Ardoise a une nouvelle vision. Celle-ci est violente, au point où le Mestre s'inquiète sérieusement sur la survie de la jeune fille. L'homme fait part de ses craintes à la Reine Mère de l'Ouest. La Lannister accepte une entrevue avec la Nordienne, tant pour constater la situation de ses yeux mais également entendre ce que la demoiselle a vu.

Les convenances. Elles pèsent lourd, lourd sur les épaules de qui souhaite les respecter. Au sein d’un monde ultra-violent où n’importe qui peut s’armer d’un couteau et tenter de tuer son prochain, il n’y a jamais que les convenances, l’accord tacite de respecter certaines normes sociales. Ensemble, ceux qui respectent cet accord tacite tissent un rêve, un rêve dans lequel rentrent tous ceux à qui ces accords tacites disent quelque chose. Khayley et Jordane évoluent dans le même rêve, celui des nantis et des biens-nés. C’est le partage de ce rêve qui a valu à la nordinne, d’être bien traitée ici, dans l’Ouest, qui subi, pour l’heure, une reine de la même patrie. Cependant, dans aucune des versions de ce rêve Jordane n’est tenue d’avoir de patience, et le doute est permis quant à l’existence d’une possible version de ce rêve où elle en montre. Là, tout de suite, elle n’en montre absolument aucune. Son visage est froid, fermé, accuse toujours la contrariété qu’elle doit à Khayley. L’espace d’un instant, Jordane a hésité à croire en la véracité de possibles visions. Maintenant qu’elle en tenait une de première main, elle se sent idiote. Elle se sent idiote à cause de la nordienne, elle a l’impression d’être passée pour une idiote à cause de la nordienne. C’est bien là tout ce qui compte aux yeux de la reine-mère de l’Ouest. « Assez, dame Ardoise, reprenez-vous. Sur le champ. » Elle la sermonne, sa voix grondant sans pour autant jamais s’élever. Jordane est au moins aussi stoïque et froide que Khayley est hystérique. Le décalage entre les deux femmes est si grand, dans une pièce si petite… Une pièce qui peine à contenir l’aura de colère, si pesante, de la lionne. Le déballage est les supplications de la jeune aveugle trouvèrent porte close, la Lannister demeurant de marbre aux suppliques. « Cessez vos élucubrations et regagnez immédiatement le fond de votre lit. La fièvre vous fait délirer, et vous vous oubliez, oubliez en présence de qui vous vous trouvez. » La créature léonine se redresse avec fierté, son ton claquant comme un coup de fouet, rappel du dompteur à la créature qu’il a soumise, rappel aux convenances, au rêve partagé, auquel Khayley déroge et dans lequel elle dérange.

La Lannister abhorre les effusions publiques, ou même privées. Elle a toutes les peines du monde à gérer les débordements d’émotions, elle qui ne tente jamais de voir la vie que sous un angle froid et calculateur. C’est que, la nécessité fait loi, et en tant que reine, la nécessité de Jordane a longtemps été de protéger un royaume, une famille. Au fur et à mesure que les pièges se sont tendus autour d’elle, et qu’elle a pu en déjouer certains, tomber dans d’autres, elle a appris et son cœur s’est endurci. Maintenant maîtresse dans son domaine, la chaleur en est absente, et il ne faut rien de moins que ses enfants ou petits-enfants pour qu’il tiédisse un rien. Khayley n’étant pas de son sang, elle ne parvient à lui accorder aucune compassion, et ne lui pardonne pas de s’être sentie stupide à presque la croire. La voir plaider pour sa cause fait se retrousser le nez de la reine-mère. « Tant que nous ignorerons la virulence de votre mal, le confinement est le traitement le plus à propos. Acceptez-le. Je ne me risquerai pas à m’aliéner votre maison en vous maltraitant, ou en vous laissant mourir faute de soins, dame Ardoise. J’interdirais qu’il vous arrive le moindre mal sous mon toit, mais les agréments se méritent, d’une part, et de l’autre, je dois veiller à la santé de ma belle-fille, la reine. Je ne peux me permettre de prendre le risque qu’elle attrape votre mal, s’il devait être contagieux. Mon mestre me tiendra informé de l’évolution de votre état. Au revoir dame Ardoise. » Sur ce, estimant qu’elle avait dit tout ce qu’elle avait à dire, elle se détourna de la malade et quitta sa chambre d’un pas rapide et déterminé, dans lequel la frustration était palpable.

[Hrp: Coucou! Si c'est bon pour toi, c'est tout pour Jordane ! ^^]