Comme à mon habitude, je ne peux demeurer dans cette pièce tandis que mes domestiques s’empresseront de vider sous peu mon pot de chambre. Il faut que je sorte et que je m'extraie de ces convenances sociales. Le levée, le bain et ce fichue corset sur mon corps de femme. Des tissus, des étoffes, une belle coupe de cheveux, un long peigne doré sur ma longue crinière. J’étais née loup mais je demeurais aussi indomptable qu’un lion en cage. Je rêvais d'aventure, de frisson, de combat et de passion. Hors de question que je gâche encore cette journée magnifique au soleil radieux enfermé avec des dindes qui jacassent de futile discours de basse cours. Ces gloussements me sortent par les yeux tellement ils paraissent faux. Je préfère entendre le chant des épées. Le tintement du fer sur le fer, je préfère même passer ma journée à écouter le forgeron que d’écouter les niaiseries futiles des dames de la cours.  

Ma cousine, Jeyne, était la seule femme que j’appréciais grandement dans ce château, pourtant elle faisait aussi partie de ce poulailler avant de partir pour devenir une Lannister. Aujourd’hui je me sens seule, abandonnée et incomprise de mes cousins. Alors quand j’ai ouïe dire qu’un nouvel arrivage de dinde et de greluche venait de débarquer la veille, je n’ai même pas écouté les noms et les blasons. Je n’ai vu que pintade et glouglou au rendez vous. Je ne savais pas qu’il s’agissait d’une vieille amie d’enfance. Je l’avais sans doute oublié de mes mémoires car je ne veux pas appartenir à leur monde de parure.

J’avais pour habitude de dissimuler une simple tunique d’homme dans mes appartements, à l'abri des regards, et vu que rien ne reste secret dans une chambre de lady, je l’avais caché dans le plafond, accessible uniquement par le toit. Il fallait donc se hisser sur le rebord de la  fenêtre, tendre la main dans un endroit invisible en proie aux araignées et autre créature lugubre de la toiture et au froid du nord, pour enfin que je me saisisse de ma tenue excavatrice. Ma seule et unique vraie personnalité.

Je l’enfila à la hâte afin que l’on ne me contraigne pas une fois encore à une journée de bienséance et j’escaladai le mur puis la toiture de ma chambre. Les pierres du château de Winterfell ne sont pas lisses et droites, il est aisé de passer de bloc en bloc, jusqu’à atteindre son sommet. N’importe quelle personne adroite et équilibrée est en mesure d’y parvenir. Il faut juste énormément de courage. Une fois au sommet,  je récupère mon épée que je plante toujours sur la plus haute tour, afin qu’elle ne me soit jamais enlevée. Personne ne vient jamais ici. C’est idéal pour moi, qui veut continuer à m'entraîner.

La seule chambre par laquelle on pourrait me voir est consacrée au visiteur, souvent abandonné car elle appartient à une zone plutôt isolée du château et pas très jolie niveau panorama. Bien entendu, pour une aveugle, quelle importance ?

Je n’étais clairement pas discrète dans mon entraînement, persuadé d'être seule. C’est alors que j’entendis une voix venir d’en face, j’étais grillé. Un poussin de la cour venait de me prendre en traître, mais à l’entendre, elle ne me voyait pas, pourtant j’étais vraiment en face d’elle, à sa merci. Je l’ai alors reconnu, une vieille amie perdue dans mes vieux songes d’enfant. Une part de moi que j’avais secrètement enfouie et oublié pour ne pas souffrir. J’étais devenue forte désormais, et j’en avais oublié son nom et sa cécité. Qui était elle ? je la connaissais, mais je n’arrivais pas à remettre la main sur cette bride de mon passé.

Je m’approcha d’un pas discret vers elle pour l’observer tandis qu’elle demandait qui était là à nouveau..Je ne comptais pas lui répondre. Elle n’avait qu’à observer après tout. Tout le monde connaît Lyanna Stark à Winterfell, et je déteste me présenter. La voilà qui semble chercher, sans me voir réellement, et tendant l’oreille. je compris alors qu'elle était aveugle. Je m'approchai alors de sa fenêtre et me glissa à l’intérieur sans faire le moindre bruit, pourtant elle suivait mon déplacement dans les ombres. Allait-elle hurler de ma simple présence ?  J’avais envie de me jouer d’elle, non pas pour lui faire le moindre mal, mais pour voir combien de temps elle mettrait pour me reconnaître ou pour crier au secours. J’éviterais bien entendu qu’elle ne m’attrape, mais me tiendrait foncièrement à ses côtés à esquiver le moindre de ses mouvements, tel un chat de gouttière. Sans un mot, sans un bruit. un pas en avant de sa part, j’en ferais un à mon tour à contre sens, et n’hésiterais pas à marcher sur son lit pour l’éviter. Cela me serait assez aisé tellement j’ai le pas leste.

Idéal comme entraînement que de jouer à ce cache-cache étrange. Du moins le temps que j’arrive à me souvenir, qui est cette femme qui loge désormais dans le château de mon oncle. Je suis sûre de la connaître, cela ne tardera pas à me revenir, j’en suis convaincue.

Nous sommes rentrés dans une danse. L’une après l’autre nous échangions nos mouvements en opposition afin qu' aucune d’entre nous ne se percute. Malgrés mes bonnes intentions, Aloyse percute à plusieurs reprises les murs et les meubles et à chaque fois, je grimace pour elle, mais à aucun moment je ne l’entend ralé où se plaindre et je réalise qu’elle est une vieille amie que j’ai connu y a fort longtemps, nous faisions déjà cela jadis, nous nous pourchassions sans réellement qu’elle soit en mesure de me trouver. Peut être suis je trop méchante à son égard et que ma compassion me fait alors prendre une mauvaise décision. En combat, je n’aurais jamais baissé ma garde, mais exceptionnellement pour elle, j’avais abandonné le combat qui aurait pu durer des heures entières. Elle me saisit mon bras.

Pour une raison que j’ignore, elle réussit à m’identifier, j’avais pourtant bien changé toutes ses années, peut être une histoire d’odeur où bien de toucher. En tout cas, elle m’avait reconnue, en me tripotant le visage. Je n’osais lui dire oui, cela n’aurait rien apporté de bon.
Sa prise n’était pas stable et une simple clef de guerrière n’était pas très difficile à réaliser pour me défaire d’une aveugle. c’est alors que je la poussa sur le lit et sauta d’un bond sur le rebord de la fenêtre. Le jeu n’était pas fini pour autant. Aventurière que je suis, je ne voulais pas m'avérer vaincu si vite. Je transforme alors ma voix d’un son grave, afin de me faire passer à nouveau pour un homme, ce qui de toute évidence était déjà peine perdu.

“Si tu veux le savoir, suis moi !”

Je venais de la mettre au défi, et d’un nouveau petit saut, je passa de la fenêtre à un toit ouvert. Il ne suffisait que d’un petit saut, mais entre les deux, un grand vide nous séparait.
Je réalisais alors le danger dans lequel je positionnais mon amie d’enfance. Il suffisait qu’elle ne sente pas le vide, et cela serait fini pour elle. Alors je restais proche du bord du toit que j’avais atteint afin de la saisir si elle venait à choir. Je ne désirais pas sa mort, juste m’amuser à un jeu de polisson.

Je la contemple dans sa longue robe dans la chambre en train de sortir du lit dans lequel je l’ai projeté. Avait-elle gardé ce désir ardent que nous avions enfant ? J’ai un vague souvenir que sa maîtresse lui interdisait toutes ses choses, comme mes cousins le faisaient avec moi. Pourtant, je crois qu’elle rêvait de parcourir le sommet du château avec moi.

“Il vous faudra sauter pour le savoir, Lady ardoise.” Dis-je toujours avec une voix caverneuse afin de passer incognito. Son nom m’était revenu d’un coup en l’observant. Ce que je lui demandais de faire, était un véritable acte de foi, mais je ne comptais pas la laisser tomber  pour autant.

Son inquiétude était compréhensible, mais pourtant je gardais le silence, et ne voulait pas l’influencer plus dans son choix, elle était libre de partir, libre de rester dans sa chambre.
Elle me confia sa peur de tomber, au fond des abysses. Le vide est si fort quand il nous entraîne. On ne peut y résister, toutefois on peut combattre sa peur et mourir en brave.  

Ensuite elle me confie un rappel du passé, celui dans lequel je l’avais mise dans des situations bien difficiles. Cela me fait sourire. Il est vrai que je l’ai toujours considéré comme une non-infirme et que de ce fait, je l’ai toujours incité à faire comme moi. Moi qui suis déjà hors norme.

Je la vois réunir sa foi et son courage tel une guerrière avant de se jeter dans la bataille. Un acte de foi, y a rien de plus beau que cela. Elle se lance, et percute le toit, son visage bascule en avant, son pied glisse, et la peur la submerge. Elle peut à tout instant être appelée par le dieu du vide. Ce que je ne peux accepter, alors j’étire mon corps pour l’atteindre et lui saisir le bras pour la soutenir enfin.

“Khayley, tu es toujours aussi sotte et folle que moi, tu m’as bigrement manqué tu sais.”

Je la soulève pour la redresser, et la serre contre moi, il n’est plus très malin que de la laisser aller et venir sans l’aider désormais. Je serais donc son ami fidèle, son chien d’aveugle.

“ Je voulais que tu ressentes cette sensation au moins une fois, celle de la liberté, vient… je vais te laisser humer son parfum.”

Je la guide alors un peu plus haut sur le toit, là où le vent s’engouffre dans notre âme, là où on peut voir l’ensemble du château, là où nul garde ne peut nous voir.

“Ouvre toi à cette beauté unique Khayley… et dit moi ce que tu ressens.”

Elle ne pouvait voir le paysage, mais là haut, l’air frais avait aussi un parfum unique….

Mon identité grillé, elle riait jaune du sort que je venais de lui jeter. Pourtant je ne l’avais obligé à rien si ce n’est à jouer à un jeu dangereux qu’elle aurait pu refuser de faire.

“Folle moi ? Je ne suis là que pour te montrer la porte, c’est toi qui l’a franchi sans savoir ce qu’il y avait derrière. J’aurais très bien pu être quelqu’un d’autre et tu ne serais pas en train de parler mais à l’état de crêpe en contrebas. ”

Je souris alors de toutes mes dents, bien entendu, elle ne pouvait profiter de l’éclat du soleil sur mon émail.

“J’aurais pu te faire sauter sur mes genoux, mais cela n’avait strictement aucun intérêt, tu n’es plus une enfant que je sache.”

Je ne la lâche pas, je la cajole  même pour la rassurer, elle a franchi un cap que j’ai franchis y a déjà fort longtemps mais je suis heureuse qu’elle ait osé le faire. Le sien fut plus difficile que le mien, et j’en ai parfaitement conscience, et y en a bien d'autres à passer.

“La peur nous rappelle que l’on est vivant, ne craint pas de la ressentir, j’ai eu peur pour toi quand tu as sauté moi aussi, c’est une bonne chose, cela prouve que nous sommes vivantes.”

Je porte ensuite mon regard sur le nord et commence à lui expliquer ce que je vois.

“Je vois une énorme cage doré, j’ai ouvert la porte et permit à un magnifique oiseau de prendre son envol, il s’illumine comme une luciole, il est rouge de colère que je le prive de ses cacahuètes quotidiennes, mais d’ici cinq minutes, il réalisera que sous ses pieds ne se tient pas sa maison, mais sa prison. Que grâce à moi, il va pouvoir s’envoler et libérer son âme de ces conventions sociales dans laquelle il était endoctriné toute sa vie au risque de déplaire ses geôliers.”

Je glisse alors ma main sur sa mèche de cheveux pour la remettre derrière.

“Ton cœur bat à mille à l’heure petit oiseau, si tu prends le temps de l’écouter tu verras ce que je vois… La liberté. Toute ta vie tu as été menotté par des codes, des mœurs et des chaînes. N’en veut pas à ton libérateur et profite de ce moment pour voir ton avenir.”

Voilà ce que mes yeux voyaient, bien que je savais que ce n’est pas ce qu’elle voulait entendre. Décrire un château et une plaine glacée et des montagnes en fond n’avaient pas grand intérêt pour moi.

“Tu n’es pas libre depuis cinq minutes que tu te demandes déjà comment retourner dans ta cellule ?”

Voilà la seule réponse qu’elle aurait de moi pour le moment, car il était clair que je ne comptais pas lui montrer immédiatement la sortie. Finalement, elle se détend  et profite du soleil sur sa peau. Moi de mon côté je ferme les yeux et pose mon visage contre le sien, en fixant le même horizon qu'elle en bonne copine, je la serre le plus possible pour la réchauffer avec mes bras que j'enroule autour de son buste.

“Il y a pas une chose sur terre que je voudrais en échange de ce moment.”

Elle n’avait effectivement ni l’âge ni la corpulence pour sauter sur mes genoux, alors nous riâmes ensemble de ma proposition quelque peu rigolote.
Puis elle m’explique qu’elle a peur en permanence, et avec son handicap, je n’en doute pas une seconde. C’est aussi pour cette raison que je veux la transcender d'elle-même en l’emmenant ici. Quand on franchit des barrières, la vie au quotidien nous paraît tellement plus facile ensuite. On a beaucoup moins peur de choses dont on avait peur jadis. Elle ne semble alors pas d’accord avec moi au sujet de sa prison dorée. Suis-je réellement la seule à voir Winterfell ainsi ? Sa cécité, l’aveugle, voilà ce que je me dis alors. Son handicap est si fort qu’elle ne voit pas que nous autres les femmes sommes de véritables prisonnières de notre condition sociale. Nous vivons dans un monde patriarcal, qui n’a pas réellement de considération pour les dames. Certes nous valons plus qu’une gueuse par notre condition et nous avons même des privilèges que bien des gens veulent avoir, mais quand on y réfléchit bien, nous ne sommes que des vaches à lait bonnes à faire des enfants. On nous donne à nos maris dans des mariages arrangés sous le principe du devoir familial. Avons nous seulement le droit de choisir de quelle façon nous désirons vivre et élever nos enfants ?

Elle ne semble pas d’accord avec moi, pourtant elle joue rapidement le jeu de dupe, en se faisant passer pour une prisonnière afin de découvrir comment retourner dans sa cage alors que je ne lui donne pas la solution  pour partir d’ici.  Je ne la crois pas un instant quand elle me dit qu’elle veut savoir pour mieux pouvoir s’échapper, c’est de ce toit dont elle veut s’émanciper.

Sa dernière phrase ne me paraît pas vrai non plus quand elle dit qu’elle ne changerait pas ce moment avec un autre. Elle grelotte de froid, quel idée de sortir les pieds nues aussi.

“Tu vas attraper la mort, triple idiote, quelle idée de sortir de la sorte, tu te crois à Dorme ?”

J’émets un long soupir, j’ai l’impression que ce que je voulais lui montrer n’est pas réellement acquis, que je perd mon temps à essayer de lui faire comprendre un principe simple. Suis je la seule femme de Westeros à ressentir cette pression sociale sur mes épaules ?

“Tu as gagné, je vais te raccompagner dans ta c..chambre”.

J’allais dire cellule, c’était plus fort que moi, c’est ainsi que je voyais la mienne.
Un pas après l’autre, je la conduis sur le toit, mais la sortie semble bien différente de l’entrée car nous nous éloignons de notre point d’origine.

Finalement nous atteignons le bout de ce qui semble notre aventure et je lui déclare.

“Assieds toi, puis avance légèrement tes fesses en te laissant glisser sur le sol pentu, ton corps va dégringoler lentement sur une toiture lisse, au bout tu tomberas de deux mètres et ton corps atterriras sur les fesses dans une énorme botte de foins destiné aux écuries. Nous pouvons glisser ensemble si tu le souhaites, la pente est assez large pour nous deux, je te tiendrais la main tout du long. Une fois dans le foin, nous aurons plus qu’à descendre une à une les bottes et tu seras sur la terre ferme dans la cour principale du château à côté des écuries.”

Je pose mon nez contre le sien pour lui divulguer une dernière parole rassurante.

“Je l’ai déjà fait une centaine de fois, tu vas avoir la peur de ta vie et tu m’en voudras peut être mais au final, c’est seulement de ta servante que l’on doit avoir peur, heureusement que je cours plus vite qu’elle.”

Je n’étais pas du genre à me cacher derrière des mots, alors je lui dis sans détour :

“Une cellule, car ce n’est rien de plus qu'une cellule, voilà un fait que tu dois avoir pour acquis.”

Cet aveux avoué, il était tant pour nous de sauter en direction de la terre ferme, mais avant cela elle me lance un défis que je ne saurais refuser.

“Si tu m’y autorise j'enfoncerai son balais dans son cul même si pour cela je dois m’arracher les yeux. Je suis convaincu que même aveugle tu aimeras ce spectacle.”

J’étais vilaine et grossière, mais je demeurerais toujours ainsi avec les geôliers de mes amis. Les miens sont de ma famille, les siens sont ses propres domestiques. Je ne peux aimer les siens, même si j’aime les miens. Je ne peux non plus lui offrir la moindre compassion. Cette Jenny est un fléau, et un jour elle aura ma lame entre ses côtes, car elle fera un faux pas, et je ne me gênerai pas pour lui rappeler sa place à ma façon.

Je ne la laisse pas réagir, et on saute dans le vide, à cela elle s'esclaffe qu’elle a vécu en une heure ce que ces bourreaux lui laissent comme loisir en un éternité. Je déteste vraiment ces gens qui nous forcent à ne pas être ce que nous sommes. Je serais presque tenté de l’abandonner pour aller couper dans la seconde cette servante d’enfer. Mais ce n’est pas mon combat, c’est le sien. Elle doit le comprendre par elle-même.

“ Peut être que tu devrais revoir ta position sur le sens du mot liberté dans ce cas.”

Les chevaux couvrent mes paroles, et Khaeley me fait remarquer qu’ils pensent que l’on va les nourrir.

“Connaissant l’étalon noir qui gigote, il t’a pris pour une jument et cherche à s’accoupler avec toi, les robes l’ont toujours excité, tu devrais courrir et vite.”

Est ce que je la taquine ? Sans l’ombre d’un doute, toutefois cela n’empeche pas l’étalon noir de bander actuellement comme un tauren en rute. j’identifie vite la lune dont elle parle et me dit qu’elle sera très vite le quatre heures du grand canasson.

“La douceur et la gentillesse ne sont pas réellement ce que je recherche chez un cheval Khay, c’est même tout l’inverse, je doute qu’elle m'appréciera les chevaux sentent ce genre de chose, je vais plutôt te ramener dans ta c..c…c… Enfin tu vois ce que je veux dire. Je veux pas être responsable de ton prochain rhume, tu risquerais de me maudire à jamais tandis que Jenny te tiendrait ton mouchoir… A moins, que tu ne sois assez courageuse et folle pour monter tempête avec moi ? Ce canasson, il te mettra à terre en deux secondes si tu ne lui montres pas qui commande. Il te fera peut-être même un enfant, avec le sale caractère qu’il a !”
Je me ris d’elle, mais en réalité, je l’adorais tellement que je lui offrais le choix. La liberté de prendre tous les risques, ou de demeurer au chaud dans sa c..c..c… Enfin vous avez compris.

C'est aussi pour cela que j’appréciais Khaley, elle se savait prisonnière comme moi, même si sa prison paraissait bien pire que la mienne. Le sujet tourne rapidement sur sa servante et elle espère que je m’entende bien avec elle. A cela ne me vient qu’une seule réponse possible.

“Je ne m’entendrais jamais avec tes bourreaux.”

Le saut une fois effectuée, elle débite des bêtises comme quoi nous ne sommes pas égales, comme si je lui étais supérieur. Je ne préfère pas relever, elle a sa vision des choses. Moi je pense qu’elle est comme moi un être humain, et il n’y a pas réellement besoin de faire des comparatifs.

Enfin tout ceci est vite abandonné pour parler cheval, chemise de nuit et incapacité. Je ne dis rien à nouveau et lui impose un grand silence mais dans ma tête je me dis, elle ne veut pas ou elle ne peut pas ?

Ces barrières qu’elle s’impose à chaque seconde de sa vie sont tellement légion que j’ai l’impression que Jenny est là pour lui souffler dans l’oreille la conduite à prendre.

Du coup je décide de faire ce qui doit être fait et prends Khayley sur mon épaules droite en la soulevant à deux bras. Elle va raler, me demander de la lacher, ce que je fais assez rapidement, et avec toute la gentillesse du monde que j’ai à son égard, je la repose allonger sur le dos de mon étalon noir qui comme tous les animaux qui ont un minimum d’intelligence perçoit qu’elle a peur. Il se met un peu à bouger sur le coup et moi je lui tire vite les rênes pour que Khaley ne tombe pas.


“OH, oh ! Tout doux tempête, c’est moi, et çà c’est mon amie… Laisse là réaliser que tout lui est possible, tu veux bien ?”

L’animal se calme alors, et j’aide Khaley à se redresser sur l’étalon qui n’a même pas sa selle. Une amazone en chemise de nuit, c’est magnifique. Je me tourne alors vers Khaley contrainte et forcée et d’un ton narquois lui jette ces petites paroles remplies aussi d’amour.

“Tu disais ?”

Je ne pouvais que sourire à la petite réprimande de Khaley, une véritable souris qui essaie de mordre en envoyant des piques de la taille d’un cure-dent.Oh que oui, j’étais brusque, oh que oui j’étais brute, qu’elle vilaine lady que je suis là.

Je ne bougeais pas tandis que Khaley s’agrippait à mon animal, une véritable jument, loin du poney qu’elle arpente habituellement et que l’on donne aux enfants.

Finalement elle flatte mon égo en me prenant pour son épée lige, le tout réuni dans un cocktail un peu étrange, je ne comprend pas réellement où elle veut en venir en tout cas, moi je sais pourquoi je fais tout cela.

“Dit moi Khaley, est ce que je t’ai lâché la main sur ce toit et t’ai-je abandonné à toi-même la haut ?“

Inutile qu’elle réponde, la réponse était clairement non.

“Je pense que toi et ta servante oubliez un truc essentiel. C’est que avant de courir il faut savoir marcher. Hors tu as tellement peur de courir que tu n’ose pas marcher.”

Il s’agissait bien entendu d’une métaphore, je me doute qu’elle sait marcher, la question n’est pas là.

“Tu ne peux pas chevaucher avec tempête pour l’instant, car il ne te connaît pas, il est vrai, et tu n’es pas assez bonne cavalière pour le maîtriser. Mais souviens toi tes dires “je ne peux absolument pas monter un étalon qui n’est pas docile”. Je viens de te prouver le contraire, tu as réussi à le monter. Et si tu me laisses t’aider, tu arriveras même à chevaucher sur sa selle un jour.”

Je l’aide alors à redescendre et continue de lui dire ma vérité.

“La chose qui t’arrête en premier lieu, ce n’est pas ton infirmité, c’est ta peur d'échouer.”

Je lui prend alors le bras, et redevient la gentille amie qui la guide dans la cour pour l’amener jusqu’à ses appartements.

“Laisse moi te raconter une petite histoire Khaley. Tous ici m’ont interdit de tenir une épée, ce n’est pas la place d’une femme ont t’il lancé, on ne veut pas que tu te battes j’ai entendu. Est ce que cela m’a empêché de réaliser mon rêve ? Non pas question, Je me suis entraîné encore et encore sans relâche en secret pour être leur égale et je peux t’assurer qu'aujourd'hui, je suis bien plus forte que la grande majorité de ces soldats.”

Je lui prend à nouveau la main et lui fait toucher mes abdominaux en forme de tablette de chocolat.

“Je suis plus une femme selon eux, je suis autre chose, me suis je plié à leur convenance et à leurs lois qui rendent chose impossible ? non ! Je me suis battu et pas après pas, j’ai appris à courir. Lors de mon entraînement, j’ai développé une agilité extrême mais je ne suis pas montée sur les toits seules sans m'entraîner en prélude. Aujourd’hui, je suis capable de le faire les yeux fermés, simplement car je connais ce château par cœur. Tu crois que tout ce que je fais t’es impossible ? C’est totalement faux, il faut juste que tu travailles encore plus que moi tes sens. Je suis même convaincu que tu as déjà une meilleure ouïe que moi.”  

Je l’embrasse alors sur le front pour la rassurer que j’avais fini de la rendre chèvre.

“N’écoute pas les gens qui te disent qu’une chose t’es impossible, entraîne toi jusqu’à la fin de ta vie s’il le faut, mais dis toi bien que à cœur vaillant rien n’est impossible.”

Nous avions atteint la porte de sa chambre à force de parler et d’avancer à pas lent dans le château, l'accès n’était pas bien loin, il faut dire.

“Je suis sûre que tu rêves de faire un truc et que tu es persuadé de pas pouvoir le faire. Le temps de ton séjour, je vais t’aider à le réaliser. même si cela prend des mois, tu n’as qu’un mot à dire et je serais ton entraîneuse attitrée. Tu veux apprendre à marcher seule sur les toits ? tu veux monter Tempête ? Peut-être autre chose qui te paraît inconcevable, je tiens le paris que tu y arriveras.”

Je pose alors mon doigt sur son front et lui dit avec gentillesse.

“Tu te poses des barrières dans ta tête, soit libre comme le vent mon amie, c’est possible pour toi aussi.”

Au final, je ne lui voulais que du bien, certes, elle avait des difficultés à surmonter que je n’aurais jamais, mais j’étais persuadé que si elle voulait vraiment quelque chose, elle pouvait aussi l'obtenir. Cela ne dépend désormais plus que d’elle.

Je la regarde se plaindre de sa condition, et elle a raison, je ne pourrais pas lui montrer un coucher de soleil, ni même lui permettre de voir quoi que ce soit d’ailleurs. Elle n’aura plus accès à rien de tout ce qui est impossible, mais la leçon que je lui ai donnée n'était clairement pas tournée vers un conte de fée. Si elle veut grimper à un arbre un jour, c’est possible, sauf que voilà elle se met elle-même des barrières ridicules. En fait, on lui met en permanence dans la tête des frontières, et à force de les entendre, elle les prend pour acquis.

Je ne répond pas, à vrai dire, c’est à elle de comprendre, c’est ça être libre. Je ne vais pas la forcer, cela irait contre ma façon de penser.
A la place on me parle de dragon, et cela me chatouille l’oreille interne, de quel dragon elle parle au juste. Dois-je saisir mon arme ? Pas très utile contre un dragon.

Voilà qu’elle ouvre la porte et que je découvre le monstre d’écaille en train de tout remuer dans la pièce, c’est réellement sa servante pour faire un bordel pareil ?

En moins de deux secondes, elle m’arrache mon ami des bras comme si je n’avais pas le droit de lui parler, et je fronce directement des cils. Elle parle sur un ton qui ne me convient pas du tout, elle est suintant, colérique et je n’arrive pas à comprendre pourquoi Khayley la laisse lui parler comme ça.

Malheureusement pour Jenny, je ne suis pas Khayley, et jusqu’à preuve du contraire, ici à part mes cousins,mon oncle, ainsi que ma rêne, personne ne me parle sur ce ton sans se prendre une droite, je suis ici chez moi et ce n’est pas une servante de pacotille qui va pouvoir faire la loi chez moi.

Je m’approche alors de la servante qui insiste avec Khayley en avouant son crime d’avoir renverser la chambre et pose mon doigt sur sa bouche

“Taisez vous séant, ici on est pas dans un boucherie, inutile de crier comme une truie que l’on va abattre. Votre dame à fait ce qui lui convenait de faire, en tant que servante vous n’avez aucun mot à dire.”

Je la fais alors face et la regarde d’un regard lourd, vos mieux pour elle qu’elle se taise désormais car ma patience a réellement des limites.  

“Vous avez bien de la chance d’être au service d’une noble comme Lady Ardoise, vous travaillerez pour moi vous seriez déjà jeté en cellule pour oser me parler de la sorte.”

Je m’approche encore plus et jete un regard si noir sur elle que la plupart des gens se pisseraient dessus tellement il est vindicatif.

“D’ailleurs ai-je bien entendu ? Vous venez de me faire un reproche déguisé ? Ou bien j’ai rêvé ? N’oubliez pas que vous êtes invité des Stark, Jenny ! Il serait fâcheux pour vous d’en blesser un avec votre langue de vipère !”

Je ne mâchait pas mes mots, l’envie de l’étrangler me démangeait, j’en avais presque le droit ici dans ma demeure. La seule chose qui me retenait, c'était mon ami. Je ne voulais pas lui infliger ça, mais je comptais clairement pas me laisser piétiner par une moins que rien, sans rien dire. Ainsi je lui donnais le choix bien que je savais très bien qu’elle n’en ferait rien.

“Vous n’avez qu’un mot à dire Lady Ardoise, et je vous en débarrasse séant.”

J’acceptais tout ce qui venait d’être dit, que ce soit les excuses de Jenny, où même le refus de Khaley de jeter sa servante dans une cellule froide et humide, exposé au vent du nord.
Je savais mordre, mais je n’étais pour autant un monstre sans cœur, ainsi lui dis-je sur un ton neutre.

“J’accepte vos excuses, toutefois, n’oubliez pas qu’il y a une différence entre la dévotion et le fanatisme.”

En terminant le dernier mot de ma phrase, je lâcha mon regard noir sur elle, et me remit à sourire en direction de Khaley même si celle ci ne pouvait pas me voir. Je n’avais aucune animosité envers elle. Elle ordonna à sa manière à sa servante de nettoyer son bordel et je décida de m'asseoir sur une chaise pour en observer chaque étape, minutieusement.

Est ce que cette fameuse servante était si bien que ça pour elle ? Faisait-elle réellement son devoir comme il le fallait ? Ne profite-t-elle pas en réalité de sa maîtresse ? Toutes ses interrogations à son sujet me vinrent comme une évidence, je n’avais aucune confiance en elle. Je l’aurais désormais à l'œil comme le lait sur le feu et dans cette histoire, le lait s’avère être mon amie.

Est-ce que cette confiance absolue que lui accorde Khayley est réellement une bonne idée ?
En tous cas, elle envisage l’avenir, et je lui rétorque sans attendre. “A la seule condition que tu acceptes mon aide pour monter Tempête.”

Je voulais qu’elle réprimande ses peurs, qu’elle accepte l’aide de quelqu’un qui n’a pas peur de la briser, au contraire de Jenny qui s’effraie de tout, tout le temps. Est ce réellement le cas en réalité, ou ne profite t elle pas simplement de la situation d’être au service d’une lady aveugle ?

“Je crois qu’il y a du mouton au dîner, ainsi que de la soupe d’ortie, un mets bien délicat et qui ne pique pas du tout la langue une fois cuite.”

J’avais surement du parler trop vite, mais en réalité, je déjeune assez bizarrement le matin, je préfére faire un à deux  repas par jour maximum à cause de mon entrainement, je mange donc le matin des protéines et le soir, il est donc rare de me voir prendre un simple thé pour me réveiller comme la plupart des femmes. C’est sûr que le mouton ne convient pas souvent aux dames, surtout de bon matin. Mais bon, suis je réellement une lady ? A force moi même je me pose la question, bien que j’ai moi aussi des désirs féminins. Comme avec l’écuyer que j’ai embrassé, jadis… Rien que le contact de sa salive sur mes lèvres me laissent encore d’agréable souvenir… Bref ! Revenons à nos moutons, et pas à ceux qui cuisent dans la marmite, non je parle de Dame ardoise et de sa peste servante.

Un ultimatum me tombe dessus, une façon pour Khayley de trouver une excuse pour ne pas monter sa jument qui traîne la patte.

“Cela me convient ! L’important pour moi,  c’est que tu t’amuses.” Mouton ou ortie, le  sujet n’était pas clos, mais pour ma part il l’était. Ce qui m’interessait pour l’heure s’était que Jenny faisait ses tâches avec une colère notable. Surement par habitude, elle ne pensait pas que j’étais capable de la voir s'énerver toutes seules sur le linge de sa maîtresse. Pour autant je ne perdais pas le fil de la conversation et tout en ne lâchant pas sa servante des yeux je répondis à dame ardoise.

“Me changer ? Sans façon, ma tenue me convient très bien, toutefois je conçois qu' après ta petite sortie en chemise de nuit, tu n'aies pas envie de recommencer. Je vais donc te laisser le temps de te changer.”

Je me lève virilement et m’approche de Jenny, que je saisis au bras avec force tout en l’entrainant dehors avec moi. Sa colère m’énerve au plus haut point et je compte bien lui mettre les points sur les i. Et bien entendu, je me fiche royalement que Khayley ne m'ait pas donné son accord, car je sais qu'elle n'a rien vu de toute façon. Oh et bien sûr, je ne me cache pas pour autant, ni ne fomente de coup dans le dos de mon invité, c’est pourquoi je monte le ton de ma voix au plus haut dans le couloir.

“Votre dame est la plus gentille du monde, n’est ce pas ? Il serait fâcheux que votre mauvais caractère détruise son agréable séjour à Winterfell, ainsi je vous invite à sourire, le temps que vous demeuriez nos invités, si voulez demeurer notre invité, j’entend ! Pour l’heure laissez là se changer, je suis sûre qu’elle n’a pas besoin de vous, quoique vous en pensiez !”

Et je la pousse dans le couloir, l’air de dire, dégage avant que je ne t’étripe pour de bon !

C’est donc avec le sourire, que j’observe ma première victoire contre canard ! Dans ma tête je me dis alors, “ça t’en bouche un coin !” mais celle-ci s’éloigne pour aller préparer le déjeuner sans demander du plomb dans l’aile. J’ose croire que de la botter en touche ainsi enlèvera cette couleur rouge sur son visage, elle tournera peut-être à l’orange. Y a rien de mieux que le canard à l’orange après tout.

Pendant que j’imagine à quel sauce je vais la manger la prochaine fois qu’elle se ramènera, Khayley se met à paniquer dans sa chambre comme un petit oiseau que l’on force à tomber du nid pour qu’il prenne son envol, une chance sur deux qu’elle meure sur le sol avant de trouver la force de voir les nuages. Pour le cas de Khayley, je prédis un arrêt cardiaque après une angoisse démesurée.

Je rentre donc calmement dans la pièce tout en la laissant pleurnicher qu’elle n’arrivera à rien sans sa jenny, et me dirige vers l’armoire. Je cherche sa tenue d’équitation pour qu’elle puisse enfin s’amuser. Je remarque la tonne de rembourrage dans la tenue, comme si elle allait tomber et qu’il fallait rajouter un matelas pour qu’elle atterrisse en douceur. N’est ce pas le propre d’un enfant de se casser la figure mille fois avant de savoir marcher ? Voilà qui me semble fort déplorable. Malgré ma réticence, je lui pose entre les mains et ne relève pas que cette tenue n’est pas idéale à mon goût, après tout, je ne suis pas friand de mode.

“Tu veux que je sorte le temps que tu te dénudes ? Où tu as besoin de mon aide pour cela aussi ?” Dis je d’un ton provocateur, après tout elle devrait être en mesure de la mettre entièrement d’elle même je n’aurais plus qu' à serrer les liens dans son dos. En prime je retire le nœud dans le dos de sa robe de chambre puis m’éloigne jusqu’à la porte pour ne pas la regarder.

A vrai dire, je n’ai pas réellement envie de sortir, si c’est pour croiser l’autre dinde, je préfère encore demeurer dans la chambre de Khayley et laisser les rumeurs aller et venir dans le château. Ce ne seront ni les premiers ni les derniers à mon propos, comme par exemple le fait que je pisse debout comme les hommes. Un mythe assez amusant, je dois l’avouer.

Je sors donc une dague pour m’occuper et la fait tourner rapidement dans tous les sens dans ma main, le temps qu’elle se décide à quémander à nouveau mon aide pour des choses indispensables. J’agrémente également la conversation avec mon franc parler légendaire.

“Je n’aime pas ta servante, je suis sûre qu’elle te fait des crasses dans ton dos. Tu devrais t’en méfier. Aussi serviable soit elle, elle profite de toi, bien plus que tu ne le penses, cela se sent. Aucune de mes femmes de chambre ne m’a jamais parlé ainsi. Pourquoi la laisses-tu faires ?”