Après l’acceptation du mariage par la princesse de Dorne, Nalia Dayne s’en était allée trouver son beau-frère. Elle s’était imposée dans ses appartements comme elle savait si bien le faire et avait mené la conversation comme elle l’entendait. Les deux Dayne étaient finalement tombé d’accord et l’annonce de leur remariage avait été faite quelques semaines après par corbeau. Les deux futurs époux avaient même annoncé la nouvelle à la reine fédérée de l’Orage. Non pas parce qu’elle était reine mais davantage parce qu’il s’agissait de la fille de l’aînée des Dayne. Argella était leur nièce qu’elle le voulait ou non. Dorne était liée à l’Orage qu’elle le veuille ou non. Et finalement, Nalia avait pris la mer dans le port de Lancehélion en compagnie de Lady Qorgyle qu’elle avait retrouvé quelques jours plus tôt. Les navires battaient pavillon Dalt, la famille de sa mère le lui avait imposé et la née Uller, bientôt par deux fois épouse Dayne n’avait su, ou plus exactement n’avait pu leur dire non. Et voilà que cela faisait bientôt semaine que la jeune femme se trouvait à bord du navire en route vers son fief.

Nalia regardait d’un air bienveillant son amie et son fils. Haakon, ce petit être qu’elle avait gardé auprès d’elle pendant des mois ne sachant ce qu’était devenue sa mère. Jusqu’à ce qu’elle ait enfin des nouvelles. Mais quelles nouvelles, Lady Dayne avait craint pour la jeune femme la sachant captive d’un fer-né. Une information qui ne fit que renforcer son aversion pour eux. Hathor était ravie de revoir enfin son fils, un sentiment que lady Dayne pouvait comprendre. « Je suis surtout impatiente de revoir les Météores. Cela fait tellement longtemps que je n’y suis plus retournée. Mais je dois avouer que j’appréhende un peu. » Nalia avait beau cacher ses sentiments face aux nobles de la cour Martell, le fait de revenir aux Météores et de ne pas y voir le visage souriant et rassurant d’Enguerrand l’angoissait un peu. Elle ne savait si elle finirait par s’écrouler comme elle aurait dû le faire lors de l’annonce de sa mort ou si elle parviendrait une fois de plus à enfouir ses sentiments dans les abîmes de son être. « Le re mariage, je ne saurai vous répondre ma chère. Ce n’est que ma première fois et je l’espère la dernière. Je ne compte pas me retrouver veuve pour la seconde fois dans les mois et années avenir. » répondit en riant la future Dame des Météores. Et si jusque là elle en avait le rôle sans l’appellation, bientôt ce préjudice qui n’en était même pas un serait réparer.

Les deux femmes faisaient route vers Les Météores et Nalia Dayne sentait son cœur battre de plus en plus vite. Enfin, enfin elle allait revoir son fief, les gens qui avaient été là pour eux. Certains visages n’étaient plus, elle s’en doutait mais elle préférait ne point trop y penser. Alors elle accueilli la conversation amorcée par Lady Hathor Qorgyle avec joie. Les yeux de la Dayne ne quittaient pas le fils de son ami, par réflexe sûrement. Cela faisait plusieurs mois qu’elle s’était habituée à veiller sur lui. Mais désormais Hathor était de retour et Nalia n’avait plus besoin de garder constamment un œil sur lui ; Bientôt elle reporterait toute son affection sur Davos, le fils de Barristan et Lyse Noirmont. Le destin avait voulu que déjà, alors qu’elle était encore l’épouse d’Enguerrand, elle veille sur lui comme l’aurait fait sa mère. Et désormais, elle le ferait parce qu’elle tiendrait la place qu’avait occupé lady Lyse avant elle. Elle n’était pas sa mère, elle ne le serait jamais mais elle serait encore et toujours une figure maternelle pour lui.

Le regarde de la veuve ensoleillée s’assombrit un peu lorsque lady Hathor Qorgyle évoqua son premier mariage bien bref avec son vieil oncle. Nalia avait eu la chance d’épouser un homme de son âge et une fois de plus, elle avait fait en sorte que cela soit le cas. Elle se voyait mal partager la couche d’un homme de plus de dix ans son aîné. Et pourtant, si ses parents en avaient décidé ainsi, elle aurait obéi, du moins pour ce qui était de son premier mariage. C’était le bon côté des remariages, les choix étaient plus vastes. « Lord Barristan est encore fort bel homme, je vous le confirme mas chère. Il l’était déjà lorsque j’ai épousé son frère et par chance pour moi, sa place auprès de la princesse la préservé des affres de la guerre. » répondit en étouffant un petit rire la future épousée. Après tout, elle avait toujours trouvé séduisant l’héritier puis le lord des Météores.

Nalia sourit à l’enfant qui avait tourné la tête vers elle. Puis elle regarda lady Qorgyle. « Oh mais vous en profiterez aussi, Hathor, j’en suis certaine. » ajouta la jeune femme avec confiance. « La cérémonie n sera certes pas aussi exceptionnelle que celle qui scella l’union entre notre princesse souveraine et le prince de Peyredragon mais je gage que nous avons mis tout en œuvre pour que nos invités puissent profiter aux mieux. » Oui Nalia Dayne, née Uller, veuve Dayne avait vu les choses en grand. Elle avait même fait en sorte que tout soit organisé pour que le peule des Météores puissent participer à la cérémonie. Ce mariage était symbolique, tant pour Dorne que pour les Météores. « Je suis plus que ravie que vous puissiez faire le voyage avec moi Hathor vous savez. Je suis aussi plus que ravie de pouvoir vous comptez parmi nos invités. J’ai eu si peur de ne plus jamais vous revoir vous savez. » ajouta Nalia en posant une main affectueuse sur l’avant-bras de son amie.

Lady Nalia Dayne se pencha par-dessus le bastingage pour observer quelques habitants des mers qui les accompagnaient. Les deux femmes discutaient avec simplicité. Leurs sujets étaient assez légers malgré le fait que Lord Barritan Dayne en soit en partie le principal objet. Nalia, tout comme la Dame du Grès étaient d’accord pour dire que le Lord des Météores avait encore gardé tout son charme des premiers temps. La Dayne avait alors reconnu que la place qu’il occupait auprès de la princesse était probablement la raison pour laquelle il ne portait pas les stigmates des guerres dorniennes contre le Bief et ses autres ennemis. Mais cela importait peu en réalité. Ce mariage était avant tout là pour réaffirmer la position des Dayne aux Météores et à Dorne. Il était bien plus politique qu’autre chose et tant Nalia que Barristan en avait parfaitement conscience.

Nalia avait souri au petit Haakon que Hathor tenait dans ses bras. L’enfant lui avait rendu son sourire avec envie et cela amusa beaucoup la dornienne. Son regard ne le quittait pas alors que Lady Qorgyle répondait à la dame des Météores. Elle était aussi ravie de faire partie des invités et cette réponse réchauffa le cœur de la Veuve Ensoleillée. La peur que les deux femmes avaient éprouvé aurait pu les rapproché, sans aucun doute. Et Lady Nalia Dayne eut une envie irrépressible de prendre dans ses bras la Dame du Grès. Elle sentit la main de Lady Qorgyle prendre la sienne et elle fixa son regard dans celui de son amie. Elle ne silla pas lorsque Lady Hathor Qorgyle lui avoua qu’elle était enceinte de Lord Salfalaise, cet être abject qui l’avait retenue aussi longtemps loin de Dorne et de son fils. Aucun son ne sorti de sa bouche mais elle retira d’un geste sûr sa main, fuyant le contact de la dornienne. Elle posa un regard furtif sur Haakon et finit par se détourner de la Dame après lui avoir adressé un de ces regards pleins de mépris qu’elle réservait d’ordinaire le plus souvent à la princesse Arianne Martell entre deux couloirs et deux piques échangées.

La Dame des Météores fit quelques pas et se retourna finalement vers Lady Qorgyle. La chaleur avait quitté son regard et la Veuve Ensoleillée fit une grimace qui en disait long sur ce qu’elle pensait. « Consenti ? Étiez-vous consentante ou bien vous a-t-il pris par la force ? » Questionna sans détour la Dame de Compagnie de la princesse Deria Martell. « Qui ? Qui est au courant ? Combien de mois ? » reprit la jeune femme dont la voix se faisait de plus en plus dur. Si Lady Hathor était son amie, elle ne pouvait concevoir qu’elle puisse attendre un enfant d’un homme qui l’avait retenue captive pendant des semaines, des mois. « Avez-vous seulement conscience que cet homme est un fer-né. Jusqu’à preuve du contraire Salfalaise appartient à l’archipel des Îles de Fer ? Dois-je vous rappeler que les fer-né ont fait cause commune avec le Bief pour mettre à genou Dorne ? qu’ils sont alliés à ce même Bief qui a assiégé les Météores et causé la mort de mon époux, le frère de cet homme que je m’apprête à épouser ? » Lady Dayne inspira profondément marquant un silence. « En avez-vous conscience ! » cria presque finalement la jeune femme dont la voix fit sortir le capitaine du navire Dalt sur le pont. Le regard noir de la Veuve lui imposa de retourner à ses occupations. Cette discussion ne regardait personne d’autre que les deux femmes qu’étaient Lady Hathor Qorgyle et Lady Nalia Dayne.

Nalia dayne était restée sans voix les premières minutes qui suivirent l’annonce que lui avait fait lady Hathor Qorgyle. Une amie qu’elle appréciait depuis longtemps. Mais apprendre qu’elle était enceinte d’un autre homme que son cousin Arman et qu’il s’agissait en plus d’un fer-né l’avait laissé sans voix, laissant monter en elle une sourde colère. La jeune femme avait fait quelques pas, fuyant le contact de son amie si elle pouvait encore l’appeler ainsi. Elle avait pris soin de son fils et l’idée que cette dernière était presque tranquille en compagnie d’un homme qui n’était même pas Dornien la faisait bouillir. Elle avait de crier toute sa rage, de faire descendre la dame du Grès de son navire la forçant à mettre pied à terre. Mais par égard pour le petit Haakon, elle ne le ferait pas. Elle laisserait le temps à son amie de s’expliquer. Mais une chose était certaine, elle devait mettre au courant son cousin et peut-être même la princesse en fonction de ce que lui dirait lady Hathor. Elle n’aimait pas cette idée mais avait-elle réellement le choix. Et finalement, après un long silence, la Dame des Météores avait fini par poser la question qui à son sens était la plus importante. Est-ce que son amie avait été consentante ou non. Et puis les questions renchaînèrent comme un torrent trop longtemps retenu. Sa voix laissait paraître toute ses émotions jusqu’à ce qu’elle finisse par presque crier alors qu’elle lui demandait si elle avait conscience des conséquences d’un tel acte. « Vous vous êtes donc offerte, Hathor, sans vous défendre. Vous n’avez offert aucune résistance à cet homme pour assurer votre survie. Vous avez agi comme ces femmes frêles et sans honneurs. Dorne est insoumise, Hathor, insoumise. Vous avez acheté votre tranquillité contre quelques caresses ! » lâcha d’un ton amer la dornienne. Elle pensait la dame du Grès plus fière que n’importe qui, avait-elle eu tort de le penser ?

Les réponses sur l’avancement de sa grossesse et les personnes au courant rassurèrent alors un peu la née Uller. « Tout juste un mois, dites-vous. Vous pouvez encore ne pas le garder Madame. » lâcha d’un ton presque autoritaire Nalia Dayne. « Quant à cet homme venu d’Essos je ne sais si nous pouvons avoir confiance en lui. Je préférerais que le Mestre des météores vous examine, Hathor. Il a aidé Lady Noirmont à mettre au monde l’héritier des Météores. Et pour ce qui est de Salfalaise, être affilié à l’empire n’est pas mieux. L’empereur et son épouse ont voulu que la princesse ploie le genou devant eux. Et cette impératrice est bien trop proche de son frère ou bien est-ce l’inverse. Quoi qu’il en soit, il a fini par rejoindre ses jupons, laissant Dorne seul. » répliqua sèchement lady Dayne. Puis lady Qorgyle tenta de lui expliquer qu’elle avait fait tout cela pour son fils. Nalia pouvait l’entendre mais un rire sarcastique s’échappa malgré elle de sa bouche. « Vous ne vouliez pas avoir le sort d’une esclave ou d’une catin ? Mais que croyez-vous que les autres nobles penseront de vous ? Que pensera mon cousin ? Que vous avez agi comme une femme de peu de vertu et que vous l’ayez fait pour vous ou pour Haakon n’y changera rien. » Nalia marqua ensuite un silence et reprit. « Je ne déteste pas les fer-né, je veux les voir mort ! Ils ont saigné Dorne aux côtés du Bief et de l’Ouest. Ils ne sont que des barbares qui ne mérite que le jugement des Sept et le désert de Dorne comme tombeau. » répondit avec détermination et ses yeux brillèrent d’un éclat presque terrifiant. Le sang Uller bouillait dans les veines de la Dayne, sang que les paroles de lord Gargalen avait déjà éveillé quelques mois plus tôt. « Mon cousin aurait pris soin d’Haakon comme il l’a toujours fait jusqu’à présent, puisqu’il est aussi son fils aussi. »

La future dame des Météores voyait rouge et elle ne le cachait plus. Elle avait parlé d’un ton sec et sévère, parfois même autoritaire. Et finalement elle avait presque crié ses derniers mots faisant pleurer le fils de la dame du Grès. Mais Nalia Dayne ne s’en souciait plus. La Veuve Ensoleillée soutint alors le regard dur de son interlocutrice. Et elle écouta cette dernière avec attention. « Je ne juge pas, Lady Qordyle, je ne fais que relater des faits. Vous l’avez vous-même dit. Vous ne vous êtes pas défendue. C’est un fait pas un jugement. » commença sèchement mais d’un ton posé la née Uller. Elle laissa passer un court silence et puis reprit. « La fierté est tout ce qu’il nous reste, Madame. Une grande partie de la rive de la Torrentine appartient désormais au Bief. Nous avons perdu beaucoup mais s’il y a bien une chose que nos ennemis ne pourront jamais nous prendre c’est nôtre fierté. Et vous, vous l’avez cédé. Ce n’est pas un jugement mais un fait. Quant à la vie, nous n’en avons qu’une je le sais parfaitement. Oublieriez-vous que j’ai perdu mon époux dans cette guerre ? Sa vie m’était précieuse mais qu’est-ce qu’une vie sans honneur ? Dites-le-moi. » répliqua lady Nalia Dayne. La Dame aurait pu s’arrêter là mais s’était sans compter sur le fait que lady Hathor Qorgyle réclame une chose impossible : que son intimité, son honneur et sa fierté ne regarde qu’elle. Un petit sourire cynique se profila sur les lèvres de celle qui s’était montrée si douce si longtemps. Mais si Nalia avait appris une chose pendant son mariage, c’était que rien ne leur appartenait réellement, pas même leur intimité. Alors un poussa un long soupire et répondit. « C’est impossible, Madame. Vous êtes lady Hathor Qorgyle, pas une vulgaire paysanne. Vous êtes née noble et vous devez en accepter les avantages comme les inconvénients. Apprenez que jamais votre intimité ne vous appartiendra totalement. Et je parle d’expérience. »

Un nouveau petit rire s’échappa de bouche alors que lady Hahtor lui disait qu’elle la croyait son amie. Et elle dû se contenir pour ne pas la pousser par-dessus bord alors qu’elle la voyait désormais comme une traîtresse. Et puis finalement, Lady Nalia Dayne fixa médusée la Dame du Grès. « Vous me croyez votre amie et que devrais-je dire ? Ne retournez pas la situation Madame. Je n’ai trahi personne que je sache. Quant à l’humiliation, je ne vois vraiment pas de quoi vous parlez. Je ne vous ai pas humilié mais ne me donnez pas des idées je vous prie. Le sang dornien que nous partageons pourrait me faire faire des choses bien horrible. » lâcha la jeune femme d’un ton décidé et mauvais. Oui elle pouvait encore l’humilier en public lorsqu’elles mettraient pied à terre dans le port des Météores. Elle ne l’envisageait pas encore mais qui pouvait connaître l’avenir.

« J’aurai préféré que vous vous défendiez et que vous refusiez à cet homme, comme la fière dornienne que vous êtes. Vous êtes fille de Dorne mais vous honorez point le sang qui coule dans vos veines. » répliqua la Dame tout en faisant volte-face pour fixer l’horizon. Elle avait désormais hâte que les navires battant pavillon Dalt et autres maisons dorniennes n’arrivent dans le port des Météores. Elle avait hâte de retrouver son fief. Alors sans se retourner elle ajouta. « Je vous ordonne de garder le silence sur tout ceci lorsque nous aurons mis pied à terre dans le port des Météores. Vous êtes conviée à mon mariage et je ne souffrirai votre absence. Cette conversation restera pour l’heure sur ce navire et ne le quittera pas. » Puis la Dame se tourna finalement vers la Dame du Grès. Son regard fermé la toisait et ne la quittait plus. « Vous vous parerait de vos plus beaux atouts et arborait votre plus doux et magnifique sourire et ceux jusqu’à la fin de mes noces. » Nalia Dayne marqua une pause. « Qui sait peut-être trouverez-vous à un dornien cette fois, quelque chose de… particulier. » lâcha comme un couperet la dame avant de siffler entre ses dents un ton plus bas. « Quitte à engendrer des bâtards au moins faites en sorte qu’ils soient réellement dornien. » Pour la future épousée, la discussion était close. Elle en avait assez entendu comme cela. Elle en avait assez et elle tourna une nouvelle fois le dos à lady Qorgyle. Elle poussa un soupire et finalement quitta les lieux tout en ajoutant. « Et reprenez donc votre rôle de mère que j’ai assuré pendant toute votre absence. Consoler donc vôtre fils ! »