Kora était contrariée. Elle n'en disait rien mais sa bouche légèrement pincée en était l'un des signes évidents. Elle restait douce et consciencieuse mais elle n'en pensait pas moins pour autant. Après la réunion du collège j'étais allée lui annoncer mon départ à venir et tous les préparatifs que nous devions mettre en place. Elle m'avait répondu avec un "ok" neute, avant de s'affairer et demander de l'aide à d'autres servantes. Il y avait, à son sens, beaucoup à faire en peu de temps. Elle avait délégué la constitution de mon sac de transports en donnant précisément ce qui devait être mis à l'intérieur, envoyant certaines dans le cabinet du Mestre, d'autres en cuisine et les dernières dans mes armoires. Il y avait besoin de peu de choses mais elles étaient assez spécifiques. De son côté, elle s'était attelée à ma tenue. Elle avait dû refaire mon bandage pour plus le serrer et immobiliser mon épaule un maximum. Puis elle m'avait déshabillé pour mieux me rhabiller et réajuster ma tenue de cuir. Elle avait du faire demander un outil dont je ne me rappelais plus le nom pour percer l'une des pièces et pouvoir la resserrer autour de ma taille. Elle s'était gardée de me dire que j'avais perdu trop de poids à ses yeux mais, encore une fois, cela transpirait dans son regard et cette moue qu'elle abordait. Elle en avait fait de même avec les pièces ornant mes cuisses. Elles seraient toujours aussi souples, mais moins protectrices et c'était un problème. Il y avait trop de jeu, et elle ne pouvait pas les empêcher, au moins les avait-elle réduit un max. Elle était en train de resserrer l'une des pièces tout en ordonnant à ce que l'on aille chercher un manteau épais quand Torrhen fit son entrée. Non pas que je craignais le froid mais parce qu'il pourrait parer quelques flèches, ou du moins atténuer les blessures que je viendrais à avoir si je le portais. Elle le salua avec respect et même si, encore une fois, cela l'a contraria, elle s’exécuta lorsqu'il demanda à tous de partir, elle y compris. Elle glissa avant de le faire qu'elle ferait porter quelques petites choses à boire et à manger, puis referma la porte derrière elle, laissant un silence. Avec le remue ménage fait par toutes, il était plus que le bienvenu. Je souffle alors que Torrhen s'affère derrière moi. Je sursaute quand je sens ses mains vérifier ce que Kora a attaché plus tôt, avant de me parler. Je soupire. Non. Mais nous n'avons pas le choix. Voler de nuit n'est pas moins simple. Meraxès est nyctalope et même si je ne le suis pas, je lui fais non seulement confiance mais aussi, je connais la région désormais. Je préférerai voler moins longtemps et... seule. Mais nous n'avons pas le choix. Je le laisse continuer la tâche qu'il avait reprise de Kora. Lui aussi constate les problèmes de ma tenue, mais nous n'avions de toute façon pas le choix. Je me doutais qu'en cet instant ma camériste était en train de demander de refaire les pièces abîmées pour que je puisse les remplacer au plus vite. Nous ne l'avions pas fait plus tôt car nous n'avions pas prévu que je reparte aussi vite, aussi loin, et encore moins que je prenne de nouveau des risques pour ma vie. Je me retourne face à mon époux suite à sa remarque et lui répond. Je ferais attention oui. La bataille avec le Piaf m'a montré mes limites. Je ne compte pas renouveler de sitôt cette expérience. Et avec Orys, sois sur que si je ne suis pas prudente, il saura bien me le faire savoir. Et cela ne m’enthousiasmait pas comme il pouvait l'entendre à mon ton. J'aimais mon frère oui. Mais voyager en sa présence me posait un problème. J'étais la dragonnière de Meraxès et à deux, nous allions nous seulement la contraindre plus mais aussi la rendre moins rapide. Et il restait un homme. Les contacts de Torrhen étaient difficiles à supporter alors je n'imaginais même pas ceux de mon Valonqar. Non, cela ne pouvait pas me réjouir le moins du monde

Impétueuse? Je n'étais pas certaine que le terme employé était le bon, mais je comprenais son idée. J'étais pourtant bien plus prudente qu'il ne le pensait. Voler faisait parti de moi, au même titre qu'il était, lui, un Loup. Les airs étaient mon élément et j'y étais bien plus à l'aise que sur un cheval galopant sur le plancher des vaches. Quand nous piquions, quand nous tournoyons Meraxès et moi, nous maîtrisions nos mouvements. Je ne faisais qu'une avec elle, qu'une avec l'air, le ciel, les nuages. Les sensations, les sentiments que je ressentais étaient... indescriptibles. Je n'avais pas de mots pour décrire ce qui nous animaient. Mon lien avec ma soeur n'était jamais aussi fort que lorsque nous sillonnions les terres. Voler me manquait atrocement. J'avais besoin de voler, sans attache, sans obligation, sans ce sentiment de course que je ressentais ces derniers temps. J'avais besoin de cette liberté que m'offrait ma Dragonne.

J'évoque la tête couronnée du Val avec un sobriquet qui lui correspond, à mes yeux, parfaitement. Ce n'était pas un Aigle. Il n'en avait ni la posture, ni la prestance, ni l'honneur et encore moins la dignité. Il n'était qu'un piaf qui ne vivait que dans le giron d'une mère qui possédait aucune des qualités que l'on attendait d'une dirigeante. Elle n'avait pour elle que sa beauté vieillissante. Je comprenais pourquoi Torrhen avait fait la paix avec eux... Mais j'aurais préféré voir le pays en feu et en sang, et mettre une autre famille à la tête de la Montagne. Je n'avais aucune confiance, ni aucun respect pour les Arryn. Je ne les tolérais pas d'ailleurs. J'avais été polie lors du conseil mais je comptais bien limiter mes interactions avec eux. Ils ne méritaient rien, absolument rien venant de l'Empire... Pas tant qu'ils ne feraient pas leur preuve. Je ne pouvais pas être déçu d'eux. Ton. Il n'est pas le mien et ne le sera pas, pas avant d'avoir reconnu leur erreur, et présentait leur excuse, ce qu'ils ne feront pas. Ils m'ont insulté. Ils ont rompu leur promesse. Je ne pardonne pas aussi facilement que toi. Non je n'en étais pas capable. Et pour ce qui était du reste... Je recule d'un pas et lui dis Je ne suis plus l'Empire. Je ne suis plus l'avenir. Athynea, Aeden, Isla, Orys, Mina, Gawain, Mahée, Daena... Toi. Vous l'êtes. Moi non. et ce n'était pas de vains mots. Je ne mentais pas lorsque je lui affirmais cela. Je n'y arrivais plus. Je n'arrivais plus à croire que j'avais ma place dans cet avenir qui se devait être beau et réjouissant. Je n'arrivais pas à sourire. Je n'arrivais plus à rire. Je faisais semblant de garder la tête hors de l'eau, uniquement semblant. Il semble seulement s'en rendre compte. Il me palpe et je n'aime pas ça. Impossible de me dérober, il ne me laisse pas faire, pas tant qu'il n'a pas fini son "inspection". Ces mots, je n'ai pas besoin qu'il les prononce. Ce qu'il dit, je le sais déjà. Kora n'a de cesse de me le dire, de me le faire sentir. Je me retourne et m'éloigne. Je récupère Noire-Soeur, protégée par son fourreau. Elle était posée un peu plus loin, sur la table. Machinalement, par habitude, je la noue à ma taille, bien plus que je ne le faisais avant. Je sais que mon époux ne pense pas à mal. Il se soucie encore de moi, ce que je ne comprends pas. Je n'en ai pas besoin. Ou aurais-je du dire, je n'en ai pas d'envie. Je m'éprouve plus de joie, je n'y arrive plus. Comment le pourrais-je alors que mon enfant était mort par ma faute?  Ne te préoccupe pas de moi. Tu auras bien plus important à faire. Je me retourne vers lui, assise au bord de la table. Je partirais sans l'armure de Meraxès. Nous allons être trop ralenti si je la prends. Je la ferai porter jusqu'à moi dans un second temps. Prends-tu avec toi Tempête, ou laisse la tu ici? depuis qu'il avait perdu son destrier, il chevauchait la jument aussi blanche que la neige qu'il m'avait offert. Avec lui, elle pouvait se défouler et galoper à sa guise. Je ne la montais que trop peu pour lui faire honneur. Elle était vaillante, courageuse et musclée. Le savoir avec elle me rassurait. C'était une belle et bonne monture.

Je ne veux pas faire d'effort avec le Val. Je ne veux pas faire de pas vers eux, même s'ils sont fédérés. Ils ne l'ont pas fait par conviction. Ils n'ont aucun respect pour notre cause. Ils n'ont aucun respect pour moi. Ils avaient eu, par deux fois, l'occasion de présenter des excuses et ils ne l'avaient pas fait. Ce n'était pas à moi de l'exiger mais à eux de comprendre et admettre leurs torts passés. Ils avaient renié leurs promesses. Ils nous avaient insulté. Non, les deux batailles n'avaient pas été assez percutantes pour qu'ils mettent de côté leur fierté et ouvrent les yeux. J'estimais que cette situation avait été trop rapidement traitée. J'estimais que le Val n'avait pas assez rampé à nos pieds, ni donné pour cette paix qu'ils avaient voulu alors même qu'ils nous avaient déclarés cette guerre. Isla et Torrhen avaient été trop tendres, cela ne faisait aucun doute. Ils étaient l'avenir de l'empire mais ne s'étaient pas assez battus pour lui lors de ses pourparlers. J'espérais qu'Ils n'en payeraient pas le prix fort, ni même Aeden et Athynea. Je ne voulais pas que nous en venions à nous déchirer alors même que je devais m'en aller. Je n'étais pas d'accord avec ses mots et si j'hésitais un instant à lui répondre je finis par le faire. Partir sur des non dits n'était qu'une fuite en avant. Et Torrhen méritait mieux que cela Je ne suis plus porte bannière. Je n'en ai plus la force. plus depuis que je l'avais perdu. Je n'arrivais pas à vivre avec cette culpabilité, avec cette douleur. Elle était différente de celles liées à Aegon, Visenya, Yesaminda, Baal. Elle était plus forte, plus douloureuse. J'étouffais chaque jour un peu plus sous son poid. Je n'arrivais plus vraiment à dormir. Je n'arrivais plus à rire, sourire, me réjouir. Me lever était de plus en plus dur. ce chant, tu devras l'écrire avec quelqu'un d'autre. finis je par lui dire. Je ferai ce que je dois faire, puis je partirai. D'une manière ou d'une autre, je partirai. Avec ou sans Meraxes. Disparue ou non. Je n'avais aucune idée de l'avenir si ce n'était que je n'en ferais plus partie. Je n'arrivais plus à lutter. Je n'arrivais plus à prendre les armes. Tout avait perdu son sens. Tout avait perdu sa saveur. Je ne les abandonnerai pas, pas tant que je pouvais les aider. Mais je ne faisais plus parti de cet avenir qui se dessinait plus tard, elle reviendra à Athynea. Elle saura la protéger et veiller sur elle. mes pensées divagaient un peu. Meraxes serait son héritage. J'avais beaucoup réfléchi à ce sujet. Elle serait la plus grande, la plus dangeureuse elle aurait pu devenir à Aeden mais je la destinais à notre fille. Elle était plus fragile, plus vulnérable. Je voulais lui offrir la meilleure protectrice possible. Elle était l'avenir de Peyredragon et ma soeur méritait aussi de retourner sur ses terres et eaux natales. C'était le meilleur choix à faire. Notre fils sera Loup et Dragon là où notre cadette sera Dragon avant tout même si elle portera un héritage nordien. Je veux que Noire Soeur lui revienne également. L'épée retrouvée d'Aegon ira à Aeden ou au second enfant d'Athynea si tu veux léguer à notre fils Glace. Je fais une pause puis ajoutajs Je ne sais pas si cela te portera chance je récupère un couteau sur la table puis lui tend avant de me retourner. Je soulève le haut de mes cheveux. Kora n'allait pas être heureuse. Qu'importe. Si cela ne tenait qu'à moi, je les couperai courts. C'est uniquement par affection pour elle pour je les laissais aussi longs. Elle prenait beaucoup de plaisir à s'en occuper… et je l'admettais, j'aimais aussi ces moments. fait le avant qu'elle ne revienne. Sinon je ne donne pas cher de ta peau de Loup. C'est un Dragon féroce je ne souriais pas mais je lui glissait quand même cette boutade. Je me surprenais moi même en le faisant. C'était venue naturellement mais au fond, ce n'était pas étonnant. Je renonçais à Torrhen oui. Pour son bonheur, il devait continuer de se rapprocher d'Isla. Il pouvait même l'épouser, je ne m'y opposerai pas, au contraire. Parce que je l'aimais tout simplement.

J’évoque les héritages que nous laisserions l’un et l’autre. Il n’essaye pas de me dire que parler de telle chose n’est pas de bonne augure. Il n’essaye pas non plus de me convaincre que nous avions le temps d’y réfléchir non. Il comprend la nécessité d’organiser les choses, de prévoir. J’ai perdu cet optimiste qui m’habitait avant. Je ne veux pas mourir non. Mais j’ai accepté que mon sort est entre les mains de mes dieux et que je ne suis plus dans leur bonne grâce. Je ne sais pas si, un jour, je pourrais l’être de nouveau. Je n’avais plus la force de leur prouver que j’en vaux le coup. Ils m’avaient mis à l’épreuve en me volant ce fils que j’avais vu et j’avais échoué à me relever. Je n’y arrivais pas. J’avais essayé, vraiment, en vain. Ma colère m’avait poussé à lutter, à me battre mais maintenant que me restait-il ? Rien d’autre d’une peine qui ne se réduisait pas, mais s’agrandissait chaque jour un peu plus. Je suis fatiguée, fatiguée de tout, au point de me tromper dans toutes ses choses que je connais pourtant si bien. Je soupire quand Torrhen me reprend. Je pensais Hurlements mais j’ai dit Glace. Cette dernière est déjà à Jon et il n’avait jamais été question qu’il en soit autrement. C’était pour cela que j’avais fait forger une nouvelle épée à l’Empereur, pour combler ce manque. J’avais été fière de cette épée que j’avais dessiné pour lui, encore plus quand j’avais vu combien il avait été heureux de la recevoir. Hurlement n’était pas Glace, oui. Pour autant elle était de bonne qualité, en acier Valyrien, robuste. Oui Hurlements… Athynea léguera Feunoyr à l’un de ses enfants Je n’en voulais pas d’autres. Si Torrhen voulait enfanter, il devra se tourner vers une autre femme, un autre ventre. Plus jamais. Plus jamais je ne porterais d’enfant. Pas après ce qui s’était passé. Pas après avoir perdu le Petit Prince. Je ne voulais plus jamais revivre cela. Tu ne combats pas de la même manière que nous. Je ne veux pas d’un maître d’armes. J’en avais déjà eu un, un excellent et je ne le remplacerai jamais non plus. Tétue, bornée, stupide qu’importe. Baâl et Visenya m’avaient enseigné cet art. Je m’entrainerais oui, mais personne d’autre ne m’enseignerait à proprement parlé cela.

J’accède à la requête de Torrhen et le laisse couper quelques cheveux comme il me le demande. Je me tourne puis relache mes mêches argentés une fois qu’il a fait ce qu’il avait à faire. Il m’indique qu’il ne pense pas que Kora est un Dragon. Il se trompe sur ce point. Elle l’est bien plus qu’Isla ne l’est et ne le saura jamais. Parce que, c’est elle la seconde Dragonne qu’il évoque. Je le sais et cela ne me pose aucun problème. Méfies toi. Et puisses-tu me croire sur ce point. Elle est sournoise et protectrice comme seule le sont les écailleux. lui dis-je simplement. Sous-estimer Kora était simple et si dangereux.  Je le vois ranger son « butin » après l’avoir humé. Il semble y attacher plus d’importance que cela en a à mes propres yeux. Ce ne sont que quelques mèches de cheveux. Et, il serait bien plus heureux si c’était Isla qui l’accompagnait. Peut-être l’avait-il prévu ? Je ne saurais dire. Cela me faisait penser à notre précédente conversation et s’il évoquait Jon, je ne rebondissais pas tout de suite dessus. Penses-tu demander à Isla de voyager avec toi ? Ou veux-tu qu’elle reste à Fort-Darion ? Elle pourrait t’être utile à bien des égards et être en compagnie d’une personne que tu aimes ne pourra que t’aider. J’étais totalement en paix avec cela. Je n’éprouvais aucune jalousie. Ma fierté n’était pas froissée ou je ne sais quelle autre connerie. Non. Cela m’allait parce qu’il était heureux. Je ne suis pas sûre qu’il voudra me voir, mais j’enverrais Orys lui dire. Il lui passera le bon message, je m’en assurerai. Je m’arrêtais quelques instants puisque des coups furent porté à la porte. Je laissais les servants venir disposer quelques mets à manger et des boissons. Je m’approche de la table, hésites un moment avant de me servir un verre d’eau que j’avale d’une traitre. Je m’assois sur l’une des chaises, et prépare au nordien un morceau de pain, du beurre et du fromage. Je n’ai pas faim, mais il n’est pas obligé de se priver de choses qu’il aime. Je parlerai à mon Valonqar pendant ce voyage. Je lui demanderai de cesser de te tancer et je mettrais les choses au clair avec lui. Ne t’en fait pas, il ne causera plus de soucis. C'est un sale gosse quand il s'y met mais je sais qu'il m'écoutera. Je ne lui laisserai pas le choix de toute façon.

Je hoche la tête et ne réponds rien de plus. Je reste indécise concernant l'épée de mon aîné mais pour l'heure je n'avais pas de solution. Peut être verrais je avec Orys? Oui peut être. Je ne voulais pas qu'elle prenne la poussière. Je ne voulais pas non plus la fondre comme ma propre épée. D'abord réparer le pommeau, ou plutôt lle refaire à l'identique vu qu'il était bien trop abîmé. Ensuite… ensuite nous verrons. Je voulais qu'elle reste Targaryenne, ou du moins de la lignée de mon père. Je ne voulais pas pour autant qu'elle reste une décoration au mur, elle méritait mieux. Mais je ne pouvais pas la manier. Oui j'en parlerai à Orys et s'il la voulait au détriment de celle que je lui ai offert, je la lui laisserai. Aegon était autant son frère que le mien et il avait tout droit sur Feynor.


Torrhen est réticent à l'idée de m'entraîner à l'épée. Je ne veux pas d'un maître d'armes. Personne ne pourra remplacer Baal. Ce n'est pas ce que je veux. Il m'avait appris à combattre comme ils le font à Essos et à peyrdragon. J'avais pour moi ma vitesse et ma fluidité d'après lui. Je manquerai de force face à des hommes mais je restais combative et vive surtout. Je connaissais mes atouts et mes défauts. Mais nous avions, à la fin, pris l'habitude de nous combattre l'un l'autre. J'avais besoin de plus d'expérience. Je me fichais de perdre, d'être blessée. Je n'avais aucune fierté mal placée sur ce point là. Je n'étais pas une guerrière mais je savais donner le change. Combattre contre mon époux ne pouvait m'être que bénéfique. et je le serai encore. Je préfère être prête. Merci lui dis-je en inclinant légèrement la tête. Je comprenais par ses mots que cela semblait lui coûter. Je secoue la tête concernant Kora. Je la connaissais depuis toujours. Elle était l'un des derniers vestiges de mon enfance et je craignais désormais plus que tout de la perdre. Elle était plus forte, plus féroce qu'il ne le pensait. Ses colères étaient aussi rares que violentes et même moi je me soumettais lorsque cela arrivait. Je lui concédais cependant qu'elle n'était pas aussi enflammée que moi. Ma camériste était un volcan endormi et non tout feu tout flamme. Aeden le sera aussi peut être. Nous verrons. Ils sont autant loup que dragon. ils ne sont pas uniquement les héritiers de mon île mais aussi du nord. Ils sont l'alliance parfaite de la glace et du feu et ils avaient beaucoup à gagner à exploiter le potentiel de leurs deux origines. Ils seront des chevaucheurs de dragons. De cela je n'avais aucun doute. Dans leur sang coulait celui de dragonnier. Mais j'espérais aussi qu'ils soient aussi à l'aise avec le froid que Torrhen l'était. Si je voulais leur offrir un continent en paix, nous devions tout de même faire deux des gouvernants apte à faire la guerre et l'emporter. Je ne voulais pas qu'ils soient élevés dans la même ignorance que moi. Nous devions leur donner toutes les armes dès le départ, autant à Aed qu'à Athy.


Je m'interroge sur la présence de Isla et fronce les sourcils à sa réponse. Je l’écoute jusqu’au bout avec attention. Je finis par soupirer avant de lui dire T’entourer de personnes de confiance qui peuvent t’aider n’est pas égoïste mais nécessaire. Si tu as quelques réserves, tu devrais lui en parler directement. Si Isla ne veut pas venir, libre à elle de ne pas le faire mais j’en doute la connaissant. Tu dois la laisser maîtresse de son destin. C’est un esprit libre qui a été trop longtemps étouffé. Ne commets pas cette erreur avec elle. Si l’empereur a besoin d’elle, elle viendra. Si c’est l’homme, demande lui et elle pèsera le pour et le contre. Tu n’as pas à décider pour elle. Elle est assez grande pour le faire. Ton rôle n’est pas de la protéger mais de la respecter et d’accepter ses choix, quels qu’ils soient. Je me gardais bien de lui dire qu’elle n’était pas Sigyn. Comme je lui avais indiqué, et comme il se savait, la peyredragonnienne avait été trop longtemps une poupée entre les mains des hommes alors même qu’elle était plus que capable de prendre sa vie en main. Je connaissais le côté protecteur de Torrhen mais il ne devait pas le laisser prendre le pas sur le reste. Isla était capable de prendre ses propres décisions et il devait lui laisser ce choix. Pour ce qui est d’Orys, ce n’est sans doute pas à moi de t’en parler. Si tu as des craintes, encore une fois, je te conseille d’en discuter avec elle. Ils partagent un passé commun c’est indéniable. Mais un présent et un futur? Je n’en ai aucune idée et je ne veux pas le savoir. Cela me regarde pas. Quoi qu’il en soit, je connais mon frère et je ne serai pas étonnée qu’il ait dit cela pour te piquer. Ce ne sera pas la première ni la dernière fois que mon Valonqar est et sera ainsi avec toi. Ne prends pas tout pour argent comptant et parle en à la principale intéressée. Je ne pouvais pas plus l’aider sur ce point. Quoi qu’il en dise, de toute façon, j’en parlerai avec mon frère. Cette pseudo rivalité entre eux devait cesser et je savais qu’elle était relancée, ravivée par le Peyredragonnine. Je ne le connaissais que trop bien. Les deux hommes n’avaient pas à se déchirer pour si peu. Ils méritaient bien mieux l’un et l’autre. Cela n’en valait franchement pas la peine. Tu n’en as pas besoin que je te protège, je ne le sais que fort bien. Pour autant Orys et toi devaient cesser votre petit jeu. Et s’il n’en fera toujours qu’à sa tête, je sais qu’il m’écoutera un peu tout du moins. Je le fais pour vous deux, mais aussi et surtout pour l’Empire. Plus que jamais, nous devons nous montrer solidaire, uni et ne faire qu’un. Surtout si nos craintes pour le conflans s’avéraient fondées et si l’orage tombait. On ne pouvait pas se déchirer, encore moins pour quelque chose qui, à mes yeux, n’était pas un sujet. Je n’étais pas un sujet. Et il n’y avait rien à gagner. Comme il l’avait dit, l’Empire prévaut sur tout.Je vous rejoindrais avant que vous ne touchiez terre. Ou à défaut Orys le fera. Je t’en fais la promesse et tu sais que je ne suis pas femme à faire des promesses en l’air. Je devais parler à Lyham pour le bien de l’empire. Et j’y resterai si cela s’avère nécessaire. J’espérais ne pas avoir à le faire. Destituer une couronne n’était pas ce que je voulais. Mais si je n’avais pas le choix, s’il n’arrivait pas à me convaincre, à me certifier que cette couronne n’était pas trop lourde à porter pour lui, je commanderai les troupes du Conflans le temps de lui trouver un remplaçant et je laisserai, une fois de plus, ma soeur partir sans moi même. Je détestais déjà cette idée mais je n’aurai tout simplement pas le choix. Faites attention de votre côté. Vous ne savez pas ce qui vous attend dans l’Orage. Si vous devez attendre une journée l’ombre du Dragon, faites le. Si Argella rend les armes avant notre arrivée et qu’un piège nous attend… Nous ne devons prendre aucun risque Torrhen. J’espère que nous la trouverons, peut être amochée, peut être afamée, mais que nous le trouverons malgré tout dans son chateau. Si le Bief prend l’orage… Tu dois réfléchir pendant le trajet à la manière dont nous devrons aborder le tout. Tu es le chef de guerre, le commandant de nos armées, notre tête pensante. Envisage tous les scénarios pour qu’aucun ne puisse nous surprendre. Le Roi du Bief est un serpent. finis-je par lui dire. remarquant qu’il ne mange rien, je viens jusqu’à lui et pose sur la table une assiette dans laquelle j’ai posé du pain, du fromage et de la viande, des aliments que je savais qu’il appréciait. Fait attention à toi Torrhen. Ne prend pas non plus de risque inutile. Tu es l’Empereur. Tu es Père. Tu ne peux pas tomber Car si cela arrivait… Je mettrais à sang et à feu tout le continent. Je me réfrénais depuis Dorne pour lui. Mais s’il n’était plus, seule la mort arrêtera ce déluge.