An 2, Mois 5, semaine 2 - Monts Durgranit

Rodrik Harloi (@"Myria Harloi")

Père, Lars... Ce n'est pas aujourd'hui que je vous rejoindrai auprès du Dieu Noyé. Accueillez mon adversaire, lui qui a combattu avec honneur et en digne guerrier fer-né. dis-je en versant un peu de ma coupe dans l'eau de la mer dont le ressac venait lécher la pointe de mes chausses, serrant ce point gauche amputé de plusieurs doigts. Mon corps portait les stigmates de mon combat de la veille et son lot de douleurs qui allaient avec. Natte tranchée, nez cassé, doigts coupés et d'autres bien abîmés, visage tuméfié. J'avais un certain respect pour le Timbal, qu'importent les raisons qui l'avaient poussé à relever mon duel. Je l'avais défié et il l'avait accepté. Le Dieu Noyé avait fait son choix et me voilà désormais portant la couronne de bois flotté, Roi du Sel et du Roc.

Ce qu'il restait de mon royaume était bien ridicule au regard de ce qu'en avait fait le roi Harren. J'ignorais si un jour je parviendrais à rendre sa grandeur au Sel et au Roc, mais je comptais dans un premier recentrer mon peuple sur l'Antique voie. Celle qui avait fait notre culture et notre histoire. Il n'était plus question de simple diplomatie et de vendre les Iles à qui avait de l'or à offrir. Oh je n'étais pas le dernier des naïfs, le commerce était une nécessité pour diverses raisons. Mais ils ne devraient plus être le seul espoir offert aux fer-nés. Le Fer-Prix et le Dieu Noyé seront notre guide. Pour autant je ne pouvais écarter certains impératifs, aussi avais-je envoyé de nombreuses missives à d'autres couronnes dans le but de clarifier plusieurs points, en rappeler d'autres. Tormund avait voulu transformer mon peuple en marchands, pensant peut-être pouvoir s'acheter un semblant de neutralité. J'étais bien décidé à rappeler à tous, et à mon peuple avant tout, qu'il n'était plus question que le Sel et le Roc soit passif dans la guerre qui brûlait le continent.

Et dans ce but il me fallait rencontrer quelques personnes afin de m'assurer qu'ils allaient suivre. Dans le cas contraire je leur ferai la même proposition que j'avais présentée aux Timbal et aux récalcitrants alors que je m'adressais à mon peuple les pieds dans l'eau à peine ma victoire conquise. J'avais acquis une légitimité précaire, et il me fallait faire mes preuves à présent que je portais la couronne. Il ne s'agissait pas de gâcher cette opportunité qui était mienne, je ne voulais pas disparaître aussi vite que Tormund.

Bonjour Rodrik... dis-je en me présentant sur le quai, devant le navire où je savais qu'il se trouvait. Je ne me déplaçai pas sur son navire, attendant qu'il en descende ou qu'il m'invite à y monter. L'une des traditions les plus anciennes de notre peuple voyait chaque capitaine comme le roi de son navire. S'il s'agissait d'une image et que rien ne m'empêchait d'en faire fi, je voulais lui octroyer une certaine symbolique. C'était d'ailleurs pour cela que je me déplaçais en personne au lieu de le faire mander devant moi. J'avais réussi là où il avait échoué, néanmoins je venais en paix et lui offrais la possibilité de me suivre et d'oeuvrer en mon nom. Ma démonstration après avoir remporté le duel par la noyade forcée des récalcitrant à mon intronisation m'avait semblé donner le ton de ma vision de ma gouvernance. Je serai Roi de la même manière que j'étais celui de mon équipage. Franc, direct, ouvert, loyal envers ceux qui me suivaient, mais impitoyable avec les autres.

Nous avons toujours été direct toi et moi, il n'y a pas de raison que cela change à présent. lui dis-je d'abord tout en soutenant son regard sans faillir. Le respect mutuel que nous avions l'un et l'autre jusqu'aux Etats généraux perdurait, tout du moins de mon côté. Le concernant j'ignorais ce qu'il en était, cette rencontre permettrait de m'en faire une idée plus récente. Quant à son rôle au sein du royaume, je n'avais encore rien décidé. Pour l'unité des fer-nés je pressentais lui laisser son titre de Commandant de la Flotte de Fer, mais cela ne serait pas sans condition. Il allait devoir faire preuve de sa loyauté à ma couronne, ou rejoindre le Dieu Noyé si cela lui était impossible. Le Sel et le Roc ne pouvait resté enlisé dans ses vieux travers, ni dans ceux que semblait avoir semés l'ancien roi Timbal...

Mèneras-tu la Flotte de Fer en mon nom? lui demandai-je donc sans détour.

An 2, Mois 5, semaine 2 - Monts Durgranit

Rodrik Harloi (@Myria Harloi)

Lorsque Rodrik me dévisagea sans aucun doute depuis le pont de son boutre, je restai droit et le menton haut, soutenant son regard sans trembler. Sa maison avait beau être l'une des plus puissantes du Sel et du Roc et compter nombre de soutiens, je ne le craignais pas. Cela ne signifiait pas pour autant que j'ignorais les risques que lui et les siens pouvaient représenter pour ma couronne, et ma maison. Malgré tout il pouvait être un atout pour le royaume, à moi de trouver comment le convaincre.

Tant que ma gueule ne ressemble pas au cul d'une riveraine après le même raid fer-né, je peux m'en estimer heureux. ajoutai-je à sa suite lorsqu'il marqua son accord quant à notre communication. Si je devais lui prouver que je n'étais pas un Roi de paille pour le Bief, lui devait tout autant prouver sa loyauté envers notre peuple. Tandis qu'il m'invitait dans sa cabine, j'analysais ses paroles supplémentaires, son tonneau sous le bras. Ainsi donc si mon duel face à Tormund n'avait vu aucun vainqueur, il aurait de nouveau appelé à des élections. Commençait-il à devenir plus politicien que guerrier? Le connaissant il devait être assez sûr de lui pour espérer l'emporter face à Tormund ou moi en duel, j'estimais donc qu'il avait opté pour une autre voie, que ce fut avant ou après mon couronnement. Une autre possibilité était qu'il ne voulait pas du trône, mais plutôt ne pas y voir quelqu'un. Si cela se confirmait, ce n'était pas anodin et je me devais de conserver ce détail en tête.

Je ne suis le pantin de personne Rodrik, quoi que tu en penses. lui dis-je en buvant à mon tour la moitié de la chope qu'il venait de me tendre, mon regard toujours fermement dans le sien. En tant que Roi du Sel et du Roc, je ne veux qu'une chose : que notre royaume renoue avec ce qui lui a valu honneur et gloire. Tormund a rejoint le Dieu Noyé parce qu'il préférait l'or-prix ou fer-prix. Les Fer-nés doivent reprendre leurs raids contre nos ennemis. ajoutai-je en faisant claquer ma chope sur la table qui seule nous séparait.

Le Dieu Noyé m'a choisi dans la douleur, comme le veulent ses lois. débutai-je pour lui rappeler que j'avais acquis une certaine légitimité par ce duel. A moi de m'en montrer digne, et de gagner le respect et la loyauté de notre peuple.

Quant à ton soutien, il n'est pas négligeable et sera le bienvenu. Pour autant tu sais déjà que je ne vendrai pas mon cul pour l'avoir. Mais je suis prêt à écouter ta stratégie, il ne sera pas dit que j'aurais fermé la porte à l'unité du Sel et du Roc par peur. lui dis-je avec une franchise qui avait sa place dans notre conversation. Malgré nos ambitions respectives secrètes ou non, j'escomptais qu'il ait suffisamment à coeur les intérêts de notre peuple pour agir de concert et non contre moi. Mais rien n'était jamais joué d'avance...

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Rodrik Harloi (@Myria Harloi)

Rodrik avait envie de parler vu son flot de paroles entrecoupé de rire et de bruit de chopes. Peu importait notre rapport, il disait ce qu'il avait à dire sans trop de détour et sans soucier de la manière dont je pouvais prendre la chose. Cela faisait probablement partie de son plan pour me jauger et se faire une idée du Roi que je prétendrais être pour notre peuple.

Venant de lui ça ne m'aurait guère surpris. Yoren et lui ont pris leurs décisions pour de mauvaises raisons. La peur a guidé leur choix, me concernant seul ma loyauté pour les fer-nés guide mes pas. lui dis-je avant de finir ma choppe et attendre quelques secondes qu'il la remplisse à nouveau.

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Rodrik Harloi (@Myria Harloi)

S'il avait refusé mes projets pour les fer-nés, alors il aurait choisit Tormund pour vainqueur de notre duel. lui dis-je d'abord en pointant le doigt sur ma tempe, pour lui indiquer de réfléchir un peu. Nous pourrions palabrer ici autant qu'on le souhaiterait, cela ne remplacerait pas la réalité des combats, qu'ils soient politiques ou militaires. Il réclamait mais ce qu'il proposait était-il à la hauteur? Il me donnait l'impression de vouloir être courtisé, demandant d'être convaincu par mon projet pour m'apporter son soutien. N'était-il question que d'ego ou était-ce sa manière de considérer le pouvoir qu'il n'avait pas su ou voulu obtenir par la couronne? Que nous soyons d'accord ou non, s'il refusait de me suivre, alors il provoquerait lui-même les troubles dont il prétendait vouloir préserver le royaume. Nul n'échappait à la contradiction...

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Rodrik Harloi (@Myria Harloi)

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Rodrik Harloi (@Myria Harloi)

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Rodrik Harloi (@Myria Harloi)

Tu es un homme d'honneur et je pensais pouvoir compter sur tes convictions dans l'intérêt de notre peuple. Mais je n'ai pas de temps à perdre, j'ai encore de nombreux préparatifs à finir de mettre en oeuvre avant de pouvoir prendre la mer. Nous ne pouvons attendre davantage, il faut faire fi des petites querelles de pouvoir et d'influence. A toi de voir ce que tu préfères, fais ton choix et assumes le. Nouvelle pause.
Tu m'as accueillis sur ton navire, aussi je t'accorde un délai de réflexion. Lorsque je serai descendu à quai, tu me donneras ta réponse. Après quoi, nul retour en arrière ne sera possible. lui dis-je, quittant la table pour rejoindre le pont et enfin poser le pied sur le quai de bois, avant de me tourner vers lui.

Alors Lord Harloi, quel est ta réponse? lui demandai-je une dernière fois, soutenant son regard sans trembler. Il était maître de son destin, et celui-ci pouvait se jouer en cet instant.

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Rodrik Harloi (@Myria Harloi)