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 Deux Maisons, deux destins [Tour VIII - Terminé]

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MessageSujet: Deux Maisons, deux destins [Tour VIII - Terminé]   Deux Maisons, deux destins [Tour VIII - Terminé] EmptyMar 23 Mar - 15:35

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La fête donnée pour le mariage de Lord Dayne était désormais terminée et Roward se devait maintenant de rentrer vers Lancehélion afin de préparer la suite. Le Bief n’allait pas tarder à réclamer leur participation à leur guerre contre l’Empire et si les Martell voulaient préserver leur Royaume, tout en espérant récupérer les otages cédés après la guerre, ils n’allaient pas avoir le choix. Toutefois, le retour de Roward à Lancehélion après la guerre avait provoqué une lourde dispute au sein de la fratrie et pour cause, Deria lui avait caché des informations importantes sur les assassinats de leur père et de leur grand-mère. Ces informations orientaient grandement les soupçons de cet acte odieux vers Rowena Durrandon. Sa visite au mariage des Dayne n’était pas si innocente vu qu’il s’agissait de la famille de la Reine-Mère de l’Orage, mais il restait une autre famille à aller voir pour en apprendre plus. Selon les informations qu’il avait grapillé sans vraiment insister auprès des servantes, Rowena et son frère n’avaient pas beaucoup de contacts. Il restait à voir s’il en était de même pour la Maison Gargalen.

C’est donc avec son escorte d’une cinquantaine de cavaliers que le Prince de Dorne se rendit à Salrivage afin d’y rencontrer une femme qui lui avait déjà donné du mal quelques années auparavant. Désormais, Sahtel avait succédé à son père et on pouvait dire qu’elle se tenait à l’écart des affaires de Dorne. Cette méfiance pouvait cacher plusieurs choses et il était temps pour Roward de vérifier à qui il avait à faire concrètement. Les Martell avaient la preuve que son père avait joué un rôle dans les assassinats et par conséquent, elle devait également savoir quelque chose. Il restait à voir ce qu’elle aurait à dire pour sa défense. Histoire de ne pas lui laisser le temps de préparer un quelconque piège, le jeune prince n’annonça même pas sa venue à Salrivage et c’est donc avec ses cinquante cavaliers qu’il se présenta aux portes du château.

« Je suis le Prince Roward Martell de Dorne. Je souhaite m’entretenir avec Lady Gargalen de toute urgence. »

Le ton du Prince ne laissait que peu de place à la négociation. On pouvait très facilement deviner qu’il n’était pas de bonne humeur et pour cause, sa première impression après tout ce qu’il avait appris dernièrement, était qu’il se trouvant dans la demeure de traîtres. Les cinquante cavaliers posèrent le pied à terre, attachant leur cheval avant d’escorter le Prince dans la cour. Ils se placèrent de façon à assurer la sécurité du prince, accentuant leur vigilance dès qu’un mouvement se faisait sentir. Habillé avec une tunique en cuir et arborant les armoiries de sa Maison, le jeune prince cherchait avant tous des explications qu’une véritable vengeance, surtout qu’il savait très bien que les enfants ne pouvaient pas être tenus responsables des agissements de leurs parents. Toutefois, ces assassinats avaient considérablement changé la face de Dorne et même en partie poussé le Royaume dans cette guerre idiote avec le Bief. Il se devait donc de faire la lumière sur tout cela, chose que sa sœur aurait dû faire à l’époque, plutôt que laisser les choses aller si loin.

Finalement, lorsque Lady Gargalen se montra enfin, Roward la salua, exposant une pointe de ressentiment. Si leur relation n’avait jamais été particulièrement bonne, il était évident qu’aujourd’hui, après toutes ces épreuves, il y avait autre chose qui se cacher derrière son attitude. Ce n’était plus le gamin arrogant de l’époque et il avait participé à de nombreuses batailles depuis leur dernière rencontre.

« Lady Gargalen. Excusez-moi pour mon arrivée impromptue, mais j’ai une affaire de la plus haute importance à m’entretenir avec vous. Pouvons-nous continuer cette discussion à l’intérieur ? Il y a des choses qu’il est préférable de ne pas ébruiter pour le moment. »

Anticipant le probable accord de la Maîtresse des lieux, dix soldats encadrèrent le Prince de Dorne afin de lui servir d’escorte dans la demeure des Gargalen. La méfiance semblait importante et même si une escorte princière était courante, le nombre semblait un peu excessif sauf si le Prince se pensait potentiellement en danger. La main non-loin du pommeau de leur épée, les soldats étaient clairement sur leurs gardes et prêts à agir au moindre signe d’hostilité.

« A dire vrai, je viens pour plusieurs raisons qui j’espère pourront trouver des solutions. »

Les mots du Prince restaient assez vagues mais bon, cela laissait clairement sous-entendre que le non-paiement des impôts et le retrait des troupes Gargalen avant la bataille des Météores n’étaient pas les seules raisons de sa venue. Roward observa avec attention chaque expression de son hôte à ses propos, cherchant à y voir un aveu de culpabilité. En son fort-intérieur, il aurait bien voulu l’exécuter sur le champ avec toute sa famille mais bon, les choses n’étaient pas si simples et il se devait d’être un Prince et non un simple vengeur aveugle. Sa rage lui avait déjà fait commettre de nombreuses erreurs et si l’expérience lui avait appris quelque chose, c’était d’utiliser un peu plus sa tête. Il restait à voir quel accueil lui serait fait vu les agissements des Gargalen par le passé et dernièrement.

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MessageSujet: Re: Deux Maisons, deux destins [Tour VIII - Terminé]   Deux Maisons, deux destins [Tour VIII - Terminé] EmptyMer 24 Mar - 18:34

Deux Maisons, deux destins [Tour VIII - Terminé] 26b4ed192ca0477341ae94a69290bf9c

Le bruit lointain du ressac s’insinuait dans la pièce par les fenêtres ouvertes. La chaleur, elle, se cantonnait surtout au dehors car les murs épais du château de Salrivage remplissaient leurs fonctions depuis des décennies. Des siècles, peut-être.  En des journées comme celles-ci ce n’était pas pour me déplaire. La rumeur des vagues fut bientôt recouverte par un semblant d’agitation dans le couloir. On frappa pour annoncer une visite du Prince. Abasourdie, je me levai, laissant derrière moi l’étude des plans d’un futur moulin.

Les portes s’ouvrirent dans un crissement caractéristique. J’émergeai calmement, un pas après l’autre. La morsure du soleil me laissa interdite à mesure que je détaillais les dizaines d'hommes attroupées au bas des marches. Mes sourcils se froncèrent à la vue de cette hostilité. En tête des troupes, un personnage que je n’avais pas le souvenir d’avoir convié. Roward Martell se tenait droit, la mine sérieuse. Le salut s’imposait, aussi je m’y pliai sans grand plaisir.

« Lady Gargalen. Excusez-moi pour mon arrivée impromptue, mais j’ai une affaire de la plus haute importance à m’entretenir avec vous. Pouvons-nous continuer cette discussion à l’intérieur ? Il y a des choses qu’il est préférable de ne pas ébruiter pour le moment. »

Si la politesse prêtait au Prince une certaine humilité dans les mots, ce débarquement laissait entrevoir que le garçon impulsif que j’avais rencontré ne s’était pas tout à fait effacé derrière l’homme qu’il était devenu. Je ne répondis rien pour le rassurer ou l’inquiéter, trop occupée à jauger ce que supposait cette démonstration de force. La présence en nos murs d’un représentant de la couronne présageait un après-midi moins reposant que je l’eus espéré. Ce simple constat avait déjà de quoi m’atterrer.

Il évoqua avec force mystère et périphrases une prétendue urgence. Si cette urgence était à la taille du bataillon qu’il s’était empressé de rassembler pour venir m’en faire part, la principauté était sans nul doute en mauvaise posture. Mes yeux se fixèrent sur les dix gardes qui flanquaient le prince. Affront qui m’arracha un demi sourire tout au plus. Ma réserve en matière de relations diplomatiques suscitait donc à ce point la méfiance. J’accueillis ses dernières paroles avec un hochement de tête mesuré.

« Naturellement, Votre Altesse. »

Je n’étais pas encore inquiète. Les Martell avaient une façon bien à eux d’asseoir leur autorité dans la principauté et, si le petit-fils avait hérité d’un dixième de la rigidité de Meria, alors ce comportement n’était pas des plus surprenants. J’étais prête à calmer les tensions. Dans le contexte actuel, personne ne pouvait rêver à un énième conflit. M'adressant à un garde, je donnai une consigne attestant de ma bonne foi.

« Assurez-vous qu'on leur apporte de l'eau... et du foin pour les chevaux. »

Je me décalai pour offrir au prince le loisir de me suivre. La cour intérieure, grande fierté de mes parents, était en fleurs. Le vert soutenu des essences sempervirentes tranchait contre l’ocre de la pierre en toute saison mais c’était à la faveur du printemps et de l’été que leur vue m’apportait satisfaction. Chaque regard à la fontaine qui trônait au centre m’arrachait une pensée émue pour l’écho des éclats de rire partagés avec ma sœur dans ce bassin durant nos plus jeunes années. Les choses avaient beaucoup changé depuis.

Nous quittions la cour pour entrer dans le couloir principal. J’osai enfin exprimer ma pensée avec le tact qui me caractérisait. Une vilaine habitude dont j'avais du mal à me défaire. Les esprits susceptibles n’appréciaient pas beaucoup l’accueil que leur réservait Salrivage ; depuis près de vingt ans, c’était en partie ma faute.

« Nous nous installerons dans le grand salon. Je crains que vos hommes ne tiennent pas au complet dans les autres pièces. »

A ces mots, les battants s’ouvrirent. Non par magie mais par l’aimable intervention de serviteurs discrets. J’entrai la première et m’approchai d’un ensemble de fauteuils regroupés autour d’une petite table. Celle-ci ne tarderait pas à être recouverte de boissons et de biscuits. J’avais hâte de voir si mon invité aurait l’audace d’y goûter.

« Je vous en prie, prenez place. L’affaire semble remarquablement sérieuse. Vous avez toute mon attention. »

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MessageSujet: Re: Deux Maisons, deux destins [Tour VIII - Terminé]   Deux Maisons, deux destins [Tour VIII - Terminé] EmptyMer 31 Mar - 16:29

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Bien que l’attitude de la Maîtresse de la Maison Gargalen soit positive, elle n’en restait pas moins sur la défensive et pour cause, une visite princière inattendue n’augurait généralement rien de bon. Roward remercia la jeune femme pour l’attention portée à ses hommes et leurs montures, avant d’écouter où ils se rendraient pour discuter. A demi-mots, elle lui signifia que son escorte était un peu trop imposante pour l’accompagner mais bon, ce n’était pas un problème pour le Prince qui ne comptait à l’origine que garder quatre de ses soldats avec lui. A cinq et dans une pièce réduite, ils n’auraient aucun mal à se débarrasser de leurs éventuels agresseurs.

« Ne vous inquiétez pas Lady Gargalen, mes hommes m’ont juste accompagné pour le mariage de Lord Dayne. Je profite juste du retour pour venir vous voir. Ils resteront à l’extérieur pour la plupart. »

Roward désigna quatre soldats visiblement aguerris pour l’escorter à l’intérieur et les autres prirent position à proximité de l’entrée. Certains se postèrent sur les remparts également, se préparant à toutes éventualités. A les voir comme ça, on aurait pu croire qu’ils agissaient comme s’ils étaient en territoire hostile, ce qui aux yeux de Roward, était le cas. Le jeune prince suivit Sahtel jusqu’à la pièce qui accueillerait leur discussion, accompagné de ses gardes qui scrutèrent le moindre recoin, analysant chaque possibilité d’incursion dans la pièce. Alors qu’il prit place dans un des fauteuils, deux gardes restèrent à l’entrée afin de s’assurer que personne ne puisse y faire irruption. Un autre se place en retrait derrière le prince de Dorne, tandis que le dernier se mit à l‘autre extrémité de la pièce. Cette disposition assurait une sécurité optimale au Prince. Suspicieux, le Prince prit un verre met n’y but pas, remerciant son hôte pour le geste, avant de le poser devant lui.

« Lady Gargalen, nous ne nous connaissons peu et je crains que notre dernière rencontre d’il y a quelques années ne nous ait pas permis de nous faire une idée juste de l’autre. Par conséquent, je vais être assez direct avec vous comme j’espère que vous le serez avec moi. »

La tension dans la pièce monta d’un cran, comme si l’atmosphère avait changé. Il était évident que cette visite n’allait pas être courtoise et bien que la voix du prince ne reflète pas une animosité particulièrement, on pouvait y sentir une froideur digne des terres d’au-delà du Mur.

« Cela fait un certain temps que la Maison Gargalen ne paie plus ses impôts à la Principauté. Vous avez également refusé d’envoyer vos troupes aider lors de la bataille des Météores, laissant les forces du Bief envahir Dorne sans réagir, préservant vos forces et votre santé financière. A cette époque, je pensais encore naïvement qu’il ne s’agissait que de peur et de préservation. Une sorte d’instinct visant à sa propre survie au détriment des autres. Toutefois, à mon retour à Lancehélion, ma sœur m’a fait part d’informations me faisant voir tout cela sous un jour nouveau. »

Déjà rien que pour cela, la Maison Gargalen aurait pu s’entendre aux foudres des Martell et des autres Maisons dorniennes mais bon, dans les paroles du Prince et surtout, le regard féroce qu’il lança à son hôte, telle un lion cherchant sa proie, on pouvait sentir qu’une chose encore plus grave allait être révélée.

« Nous avons la preuve de l’implication de votre père dans les assassinats du Prince Nymor Martell et de la Princesse Meria Martell. Vous comprendrez qu’à la vue de ces informations, les agissements de votre Maison apparaisse nettement plus calculé et vicieux que ce que je pensais au départ. »

La bombe était lancée et l’impact était particulièrement conséquent. Il faut dire que vu la situation, Lady Gargalen devait être doublement surprise car en temps normal, ça serait certainement une armée venue rasée Salrivage qu’elle aurait découverte à sa porte et non un Prince avec cinquante soldats. Bien sûr, à ce moment, il lui serait très facile de prendre sa vie mais bon, son intention ne semblait pas être celle-là. Le temps qu’elle digère un peu la nouvelle, il prit son verre et en agita le contenu, faisant tournoyer légèrement le liquide avant de le reposer sur la table sans y porter ses lèvres. Il n’allait certainement pas se risquer à boire dans un verre offert par une Maison ayant trahi son père et sa grand-mère. Ses hommes avaient d’ailleurs pour ordre de ne pas accepter l’eau des Gargalen, ils pouvaient uniquement boire dans leur gourde.

« Cette information sera bientôt révélée dans toute la Principauté, ce qui mettra votre Maison dans une situation délicate. Je suis donc venu vous voir afin de vous donner une opportunité de vous expliquer. Je pense qu’une affaire ayant apporté autant de problèmes nécessite une approche plus réfléchie. »

En réalité, si l’implication de Lord Gargalen ne faisait aucun doute, il restait de nombreuses zones d’ombre sur ce qui s’était réellement passé et surtout, sur les personnes impliquées. Roward scrutait avec attention la moindre réaction de Lady Gargalen afin de voir si elle aurait pu être impliquée dans cette histoire. Il était possible que cela soit le cas et qu’elle feigne l’ignorance mais quoi qu’il arrive, la confiance que Roward pouvait lui accorder était proche du néant. Tout ce qui l’importait était de connaître chaque personne impliquée dans ces assassinats afin de faire le ménage. Chaque nom, chaque indice était bon à prendre jusqu’à ce que toute la vérité soit exposée au grand jour.


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MessageSujet: Re: Deux Maisons, deux destins [Tour VIII - Terminé]   Deux Maisons, deux destins [Tour VIII - Terminé] EmptyLun 5 Avr - 19:45

« Lady Gargalen, nous ne nous connaissons peu et je crains que notre dernière rencontre d’il y a quelques années ne nous ait pas permis de nous faire une idée juste de l’autre. Par conséquent, je vais être assez direct avec vous comme j’espère que vous le serez avec moi. »

Le prince faisait-il référence à ses frasques d’enfant tardif ? Un discret sourire s’insinua sur mes lèvres. J’appréciais la franchise de cette introduction, malgré l’hostilité presque palpable qui émanait de lui. Certes, il rentrait du mariage de Lord Dayne. Je ne voyais cependant que de la menace dans la présence de ses hommes. Nos relations n’étaient pas assez claires pour que je puisse y voir quelque chose d’autre. En fait, j’étais bien incapable de lire ce genre de visites diplomatiques autrement que comme des aveux d’inimitié.

« Cela fait un certain temps que la Maison Gargalen ne paie plus ses impôts à la Principauté. Vous avez également refusé d’envoyer vos troupes aider lors de la bataille des Météores, laissant les forces du Bief envahir Dorne sans réagir, préservant vos forces et votre santé financière. »

Je manquai de rire à ces derniers mots. Des forces ? Une santé financière ? Savait-on encore ce que ces mots signifiaient, à Lancéhélion ? Salrivage avait souffert, comme tout le monde. Refuser d’envoyer des gens en sous nombre et démotivés à la mort était donc une faute. De même que s’efforcer d’assurer que toutes les personnes en âge de combattre pour les dix prochaines années ne meurent pas indignement dans les rangs d’une armée sans ressources. Fort bien. Je décidai de garder le silence. Deux phrases et j’étais déjà en désaccord. Rien de surprenant, cela dit.

« A cette époque, je pensais encore naïvement qu’il ne s’agissait que de peur et de préservation. Une sorte d’instinct visant à sa propre survie au détriment des autres. Toutefois, à mon retour à Lancehélion, ma sœur m’a fait part d’informations me faisant voir tout cela sous un jour nouveau. »

La pensée naïve. Comme il était facile de se positionner en individu de bonne foi en recourant à ce genre de formules. Oui, il était naïf de penser que j’engagerais aveuglément mes hommes dans davantage de batailles inégales. Il était normal d’avoir peur et de vouloir préserver des gens. Des vies. Des familles. Je n’avais pas peur pour moi, mais pour eux. Les personnes qui s’en remettaient à mes décisions pour marcher à la mort ou non.
Quant à ces insinuations abjectes, à cette « survie au dépend des autres » comme si je vivais en parasite d’une couronne de laquelle j’attendais si peu, voilà qui donnait à carrer la mâchoire. J’étais éblouie par cette lâcheté crasse. Cependant, rien dans ces mots ne pouvait me surprendre. Voilà le prince Roward Martell, digne héritier d’une égoïste acariâtre et d’un prédecesseur sans ferveur. Je dis :

« Mon refus avait valeur de protestation. Je suis heureuse que vous m’accordiez cette entrevue aujourd’hui, bien qu’il soit trop tard pour me convaincre d’aller aux Météores, c’est certain. »

Il n’avait pas fini. Et quelle suite. Son regard se fit incandescent pour toutes les plus mauvaises raisons. Je demeurai circonspecte, agacée par tant de hargne de la part de personnages si fautifs en matière de stratégie.

Et puis il mentionna mon père au milieu de phrases dénuées de sens.

Un silence de plomb s’abattit sur la pièce. On put presque sentir le château s’enfoncer de quelques centimètres dans les limons et le sable.  Je restai immobile, jaugeant le sérieux du prince. La plaisanterie m’était désagréable et, surtout, je me sentais envahie d’une rage si puissante que je déployais des trésors de concentration pour rester calme. J’inspirai profondément. J’expirai.

La manœuvre ne m’étonnait pas. Je l’accusai comme un énième coup dans l’échine. Chaque semaine, chaque mois, de nouvelles trahisons et déceptions dans ce monde d’humains. Aujourd’hui encore. Et quoi ? Fallait-il agir comme si le continent n’était pas un repère de charognes avides de coups bas ?

Mes yeux se plongèrent de nouveau dans ceux de mon interlocuteur. Je n’avais pas bougé plus que cela mais mon visage d’ordinaire serein s’était tendu à l’énonciation de pareille insulte. Ma patience avait des limites. Il s’offrit la peine de remuer le contenu de son verre, comme s’il était maître de la situation. Je remarquai qu’il n’en absorbait rien. Un soupçon de contentement me parcourut. Cette prudence était assimilable à un compliment. Il me pensait préparée et j’aurais dû l’être si l’accusation était fondée. Pourtant, par trois fois j’avais demandé des rapports sur les affaires en cours de mon père. Par trois fois l’on m’avait informée de nouveaux problèmes. Jamais celle-ci n’avait été évoquée. Je restai calme. Tout au moins en apparence.

« Cette information sera bientôt révélée dans toute la Principauté, ce qui mettra votre Maison dans une situation délicate. Je suis donc venu vous voir afin de vous donner une opportunité de vous expliquer. Je pense qu’une affaire ayant apporté autant de problèmes nécessite une approche plus réfléchie. »

De nouveau, j’avais gardé le silence, plus pour m’employer à étouffer mes pulsions de meurtre que parce que je n’avais rien à dire. Il semblait profiter avec grand plaisir de la situation, tantôt jouant avec son breuvage, tantôt se congratulant lui-même pour sa subtilité. Quel homme, vraiment.

« Comme c’est pratique. »

J’attrapai le verre qu’il venait de poser et en vidai le contenu dans le mien. Ces manières étaient douteuses au regard de l'étiquette, mais le ridicule de la situation commençait à me ronger.

« Je ne paie pas les impôts, comme bien d’autres, en signe de contestation concernant la gestion des finances de la principauté et l’assèchement surprenant du trésor… » Je bus sans crainte. « J’emploie cet argent afin d’anticiper les affrontements dans le désert et les plaines… voire en mer. » Un petit biscuit, plus pour contenir mon désenchantement que pour ménager une pause dramatique… quoique. « Et vous voilà aujourd’hui, le couteau entre les dents, prêt à me saigner sur la place publique en vous gargarisant d’une prétendue magnanimité. »

Un sourire. Empreint de dégoût pour l’infâmie de ces accusations, et d’un profond mépris pour la manœuvre.

« Certes, nous n'avons jamais eu le mauvais goût de ramper devant vous, ni devant quiconque. Cependant, à la lumière de la multitude d'actions en votre faveur depuis de longues années, il me semble que vous me devez au moins ces preuves. » Je poursuivis instantanément. « Car hier, Lord Gargalen est mort au Fort des Eperons. Pour vous. Hier, j’ai perdu une quantité impossible d’hommes dans des combats que vous avez engagés, menés et perdus. Hier, notre maison a témoigné son soutien à Deria Martell pour les légitimations des Sand, puis s’est évertuée à contenir les soulèvements favorables aux rebelles. Malgré cela, aujourd’hui, vous marchez dans mon fief avec force gardes et vous salissez la mémoire de mon père à grand renfort de théories sordides. Mais dites-moi, Prince Roward : que faisiez-vous lorsque mon père était encore vivant et apte à répondre par lui-même ? Si ce n'est lui commander d'aller se battre en votre nom, s'entend. »

Je m’étais toujours refusée à endosser la responsabilité de choix que je n’avais pas faits. J’avais aussi refusé que l’on choisisse pour moi. Une trahison, cela comptait. J’aurais pu l’accepter comme la refuser. Cela aurait été mon choix. Je l’aurais assumé. Les évènements survenus presque deux ans plus tôt portaient le trouble à ma porte alors que je m’échinais à préserver la paix dans nos murs. Il était impossible de découvrir une telle machination et de la taire tout ce temps. Quelles stratégies la couronne prévoyait-elle de déployer ? Pourquoi maintenant ? Deria Martell était-elle donc acculée au point de chercher à détourner l’attention de ses décisions absurdes en sacrifiant ma maison sur l’autel de sa couardise ?

Nulle armée ne se tenait à nos portes. Le prince était venu discuter. Il espérait tirer quelque chose de ces révélations. Pourtant, je doutais d’une quelconque inclination à la diplomatie le concernant. Tout dans son regard et son attitude transpirait la défaveur. Ces élans de haine poliment contenus n’invitaient pas mes propres émotions à l’apaisement. Cependant, je savais à quel point le calme serait mon salut. Notre salut. Chacun de mes gestes, chacun de mes mots engageaient désormais Salrivage.

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MessageSujet: Re: Deux Maisons, deux destins [Tour VIII - Terminé]   Deux Maisons, deux destins [Tour VIII - Terminé] EmptyDim 11 Avr - 16:55

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Cette rencontre était assez particulière et pour cause, dans l’esprit du jeune Prince, la Maison Gargalen était complice des assassinats de son père et sa grand-mère. Toutefois, l’actuelle dirigeante de la Maison Gargalen pouvait parfaitement être innocente de toute cette affaire et c’était ce qu’il tentait de déterminer en venant aujourd’hui. Malgré tout, Roward restait un soldat et la finesse n’était clairement pas son point fort en dehors des conversations légères finissant sous les draps. Dans des circonstances plus sérieuses et en partant d’un apriori conséquent, il était nettement plus difficile pour le jeune prince de cacher son hostilité. Evidemment, la jeune femme ne manqua pas d’y répondre avec sarcasmes et surtout, une pointe de colère. Elle ne comprenait clairement pas les reproches que pouvaient lui faire Roward et visiblement, elle n’était au courant de rien ou en tout cas, jouait très bien la comédie si ce n’était pas le cas.

La Maîtresse de Maison sembla vouloir lui prouver que la méfiance du Prince était très surfaite, vidant son verre dans le sien et buvant sans crainte. Elle exposa les raisons la poussant à ne plus payer l’impôt, justifiant cela comme l’anticipation à des prochaines difficultés. Evidemment, cela soulevait d’autres questions car si elle comptait se battre dans le désert, dans les plaines et en mer, cela serait au nom de qui et sous quelle bannière ? La sienne visiblement … En gros, où était l’intérêt d’assurer sa loyauté à son souverain si au final, on agissait comme une entité indépendante. Comme toute bonne fille, elle défendit également son père des accusations qui le visaient, ce qui fit sourire Roward. Il aurait certainement fait la même chose pour son père ou un membre de sa famille et par conséquent, il s’attendait à cette réaction. Le retour tardif de cette information ne manqua pas de venir sur le tapis et face à cela, il ne put que serrer le poing, maudissant le manque de clairvoyance de sa sœur pour cette erreur qui risquait bien de plonger Dorne dans une guerre civile sans précédent. Le jeune prince prit une grande inspiration et sembla se calmer. Son regard se fit moins hostile et même son ton changea.

« Lady Gargalen, il semble qu’il y ait méprise sur les raisons de ma venue ici. Je ne vais pas vous mentir que je voulais voir de mes propres yeux la réaction que vous auriez lorsque je vous révélerai tout cela. Je ne puis que regretter que vous ayez à vous expliquer pour des actions qui sont du fait de votre défunt père. Toutefois, je peux vous assurer que ces preuves existent et qu’elles seront montrées lors d’un conclave qui aura lieu bientôt à Lancehélion. Si vous voulez en juger par vous-même, je ne peux que vous inviter à m’accompagner à Lancehélion. Ce que je vous dis est hélas la triste vérité. Je ne connais pas les motivations de votre père et la raison de ma venue ici était également d’en savoir plus afin de savoir en qui nous pouvions avoir confiance. »

Vu que Lady Sahtel avait bu, Roward ne manqua pas de se resservir un verre, le portant à ses lèvres et buvant sans crainte. Il reprit ensuite ses explications.

« Les finances de la Principauté ont été asséchées par la guerre. Nous avons dû engager de nombreux mercenaires pour faire face aux pertes que nous avons subi. Malheureusement, cela n’a pas suffit et vous connaissez la fin de l’histoire. Votre Père est mort sur le champ de bataille, c’était un très bon combattant et j’ai eu l’occasion de le rencontrer. Maintenant, peut-être qu’il avait pris conscience que sa complicité peut-être involontaire avait conduit Dorne dans cette situation, ce qui l’a poussé à chercher la rédemption. Vous savez comme moi qu’il ne serait pas mort si facilement. Lorsqu’on m’a appris sa mort, j’ai moi-même été surpris. Je ne cherche pas à salir son nom mais chaque homme est responsable de ses décisions et de ses actes. Il en va de même pour moi, pour vous, la Princesse Deria et même votre père. Ma sœur a fait une erreur en n’exposant pas les responsables des assassinats plus tôt, cherchant à préserver Dorne car la guerre contre le Bief était déjà engagée et se mettre à dos l’Orage et potentiellement plusieurs nobles dorniens auraient compliqué la situation. Cette erreur la hantera jusqu’à son dernier souffle. »

Le jeune prince but à nouveau une gorgée avant de poursuivre. La colère avait disparu de ses paroles et il parlait désormais calmement et sans cette haine qui l’habitait auparavant.

« Je peux vous dire que vous vous méprenez grandement sur les Martell. Nous n’avons jamais demandé à quiconque de ramper devant nous. Les Maisons qui ne paient pas leurs impôts font finalement le jeu des ennemis de Dorne, empêchant des investissements dans la reconstruction du pays. Nos finances sont mises à mal et pourtant nous devrions pouvoir les redresser moins d’un an après la guerre. Ne croyez pas que nous nous tournons les pouces sans rien faire. A l’heure actuelle, l’ordre doit être amené à Dorne et pour cela, nous devons reconstruire avec des personnes de confiance. Cela va sans doute vous paraître étrange mais je suis venu ici pour un service de votre part. Ce que je viens de vous dire sur l’implication de votre père est la stricte vérité, que ma Maison soit détruite si je mens ! Aussi, je voudrais que vous meniez une enquête en partant des différentes missives de votre père afin de connaître qui d’autre est impliqué dans cette affaire. »

D’un geste de la main, Roward fit sortir ses gardes de la pièce. Ils se retirèrent, ne laissant que les deux gardant la porte à l’extérieur de la pièce. Une fois seul avec Lady Gargalen, il reprit la parole.

« Je ne suis pas aussi naïf que vous le pensez. Ni aussi con. Dorne est au bord de l’explosion et afin d’éviter une tragédie, il faut agir dès maintenant. Vous êtes en colère après les Martell pour avoir cacher cette information et la sortir que maintenant. Que pensez-vous que j’ai ressenti en l’apprenant ? J’ai été marié avec la fille de la femme qui a fait tuer mon père et ma grand-mère. Ma sœur m’a menti alors qu’elle savait très bien ce que cela me ferait. Bien sûr, je peux comprendre que si elle me l’avait dit à ce moment, j’aurai sans doute été tué en cherchant à venger leur mort. Avec le recul, j’ai compris que chacun essaie bien souvent d’agir suivant la conviction qui l’habite au moment où il prend la décision. On prend parfois une mauvaise décision en pensant agir pour le bien commun ou le bien d’une personne qu’on aime. Je ne connais pas les raisons qui ont poussé votre père à agir et on ne le saura sans doute jamais. Comme je ne connais pas les raisons ayant poussé Rowena Durrandon à faire tuer Nymor et Meria Martell. La seule chose qu’on peut connaître, ce sont nos propres raisons d’agir. On peut même envisager vu le moment où notre Maître-espion a eu l’information et la mort de votre père que c’est lui qui l’a laissé fuiter, sans doute pour que tenter d’arrêter la guerre avec le Bief. Si ma sœur avait utilisé cette information, aurait-elle pu calmer la colère des dorniens envers le Bief ? Peut-être, nous n’en savons rien et nous ne le saurons jamais. Aujourd’hui, c’est à nous de prendre des décisions. Pour ma part, je compte vous accorder ma confiance dès aujourd’hui, peut-être est-ce une erreur, peut-être que cela sera ce qui sauvera Dorne un jour, je n’en sais rien. Chacun agit selon ses convictions et son instinct. »

Roward but à nouveau, observant la réaction de Lady Gargalen. Après tout, elle avait réaffirmé son allégeance aux Martell et même si elle ne payait pas ses impôts et ne fournissait aucune troupe, peut-être qu’elle se sentait toujours attachée au Dorne qu’on avait toujours connu, loin des guerres et des tensions. La culpabilité de son père ne faisait aucun doute mais bon, il n’était pas non plus celui qui avait orchestré tout cela. Ce n’était qu’un rouage et si les Martell pouvait démasquer les autres responsables au sein de Dorne, la reconstruction n’en serait que plus simple, repartant sur une base de confiance mutuelle indispensable à la grandeur d’une nation.


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MessageSujet: Re: Deux Maisons, deux destins [Tour VIII - Terminé]   Deux Maisons, deux destins [Tour VIII - Terminé] EmptySam 17 Avr - 12:39

Le prince daigna se resservir et porter le verre à ses lèvres. Ce geste était loin d’indiquer une confiance retrouvée mais je le considérais comme un témoignage de respect. Ou plutôt, comme l’évitement habile d’une énième offense à mon encontre. C’était peut-être vrai, finalement. Roward Martell avait peut-être changé davantage que sa première attitude ne l’avait montré.

Il avait commencé par refuser d’en dire plus concernant les preuves supposées contre mon père. Je n’étais pas surprise mais demeurais agacée. Comment fournir des informations, des explications ou de quelconques contre-arguments sans savoir plus précisément de quoi il retournait ? Le ton était plus aimable, la parole bien fleurie, mais les soupçons sous-jacents étaient toujours présents et cela m’était insupportable.

Une invitation au conclave. Vraiment ? Se faire accuser, paraître devant un parterre de semblables assoiffés de vengeance et espérer tirer quelque chose de cette réunion ? En n’étant même pas certaine du bien fondé de ces accusations, c’était comme monter gaiement à l’échafaud. J’avais d’autres rêves pour Salrivage que de la condamner à être deux fois orpheline en moins de deux ans.

« Votre proposition serait acceptable si j’avais matière à répondre de tout cela devant la cour. Votre altesse, si vous évoquez ces suspicions de trahison face à un public aussi avide de vengeance que mes homologues dorniens, éreintés que nous sommes tous par la guerre, vous savez bien que rien ne se passera pour le mieux. Du moins, pas pour moi. »

Je marquai une pause. Nul besoin d’exprimer à nouveau le fond de ma pensée. Il n’était pas absurde que l’objectif soit d’offrir un peu de paix à Dorne en sacrifiant notre maison. La Princesse Deria, bien que lente dans sa découverte, trouverait à retrouver un peu de crédibilité concernant son rôle. Deux ans pour retrouver les commanditaires du meurtre de ses prédécesseurs… C’était d’une longueur inouïe. Surtout si l’accusé se trouvait être un dissident notoire comme mon père. Ou plutôt, un indiscipliné. Un revêche. Un vassal dévoué mais, ironiquement, bien peu voire trop peu servile.

« Mon père aimait Dorne. Aussi furieusement que je l’aime. C’est lui qui m’a appris à regarder mon pays, puis à le voir pour ce qu’il est. » Je battis des cils trop lentement. L’hypothèse de la trahison me lassait. « Il m’a appris à éprouver la fierté de me dire dornienne. Et puis, surtout, à contempler le privilège d’être née Gargalen. »

Je me redressai, observant le prince sans plus vraiment le voir. Face à moi, l’ombre de mon père assise confortablement dans ce même fauteuil, les gazouillements d’Amaz arrivant à mes oreilles, lointains. Un léger sourire se faufila. Je le réprimai presque aussitôt. Mon père m’avait appris. Il ne pouvait rien faire pour blesser son pays. Ni se battre pour y gagner toujours plus de terres, ni renoncer à le défendre, ni le céder à autrui. Mon père, Mänhe Gargalen, ne pouvait rien faire pour blesser son pays. Pourtant, on l’accusait aujourd’hui d’avoir commis le pire.

« Je puis vous assurer que je n’ai eu aucun contact avec les Durrandon. Voulez-vous faire la lumière sur cette affaire ou voulez-vous perdre tout à la fois la face et une porte d’entrée vers l’Orage en exposant ma maison lors d’un tel conclave ? »

Le prince évoquait les finances, l’aptitude au combat de Lord Gargalen – probablement plus par complaisance que par sincérité. Oui. La guerre coûtait cher. Mais une guerre dirigée vers le mauvais ennemi, n’était-ce pas là le pire ? Cette situation commençait à devenir ridicule. Encore et toujours, les humains du continent trouvaient à s’entredéchirer pour presque rien. Encore et toujours, les appétits de conquête et les rêves de grandeur venaient piétiner des plaines fertiles et mettre à feu et à sang des forteresses centenaires.

Enfin, la proposition. J’étais prête à considérer la chose, autant pour moi que pour la Principauté. Ces accusations étaient insensées. Pourquoi sacrifier Dorne ? Rien ne le justifiait : ni un chantage, ni des espoirs de richesse. Comment sacrifier tant de vies dans des batailles inlassables et innombrables… tout cela en vain. Je ne m’expliquais rien. Mon père n’était pas exempt de défauts. Parce qu’il m’avait élevée, je ne savais que trop bien que, selon lui, les affronts se lavaient ; ou encore que suivre un chef aveuglément revenait à saigner sa nation. Il fallait observer, se méfier, défendre ce à quoi l'on tenait. Toutes ces leçons enseignées entre deux croisements de fer, au détour de quelques contes, sur le papier épais de ses propres cahiers. Que de leçons futiles si c’était pour finir ainsi : trahir la principauté, se donner la mort sur le champ de bataille.

Les gardes quittèrent la pièce sur ordre du prince. J’évacuai mon propre personnel. Et là, un discours sur les échecs, les erreurs, les choix difficiles. Celui-ci rendait un peu d'humanité à la discussion. Et je savais.
Je comprenais.

Cependant, j’étais écœurée par ce que j'entendais. Marier son propre frère à l’ennemi pour officier une séparation quelques temps plus tard. Était-ce mieux ou pire que de ne pas l’offrir en pâture du tout ? Je ne connaissais pas les raisons de mon père. Je ne le croyais toujours pas responsable. A son ton, le Prince semblait envisager mes paroles comme honnêtes. Tout cela ne me laissait plus qu'avec une montagne de questions. Se pouvait-il qu'un complot soit à l'œuvre dans le fief ? Je m'efforçais pourtant de tenir Salrivage à l'écart des tracas et de les contenter toutes, tous. J'avais écouté, promis et concrétisé. Fallait-il encore que je sois mise à l'épreuve face à cet ignoble dilemme ? Honorer mon père ou m'en détourner.

Cette rencontre me privait déjà de sommeil. Je fermai les paupières et expirai calmement. Un grand sage m'avait enjointe à ne suivre personne aveuglément. Je dis :

« Je mènerai mes recherches si vous vous gardez de partager ces informations. Vous parliez de débusquer des complices... Mes efforts seront vains si, quelque part dans l’assemblée, quelqu’un rapporte les faits dans le royaume ennemi. »

Depuis toujours, je choisissais mes batailles selon ma conscience et non par loyauté. Plusieurs fois j'avais refusé d'accompagner mon propre père, alors que dire de seigneurs quelconques et de suzerains lointains ? Ma cause était la paix. Une telle trahison ne pouvait pas amener d'apaisement dans la Principauté. Qu'avait-il en tête ? Etait-ce personnel ? Je manquais de recul pour juger les prétendus actes de mon père. Non parce que je le croyais incapable d'agir drastiquement pour Dorne, quitte à fomenter un tel assassinat... mais parce que cette trahison n'aurait jamais pu profiter au pays.

Il était question de lettres. Je savais au moins quoi chercher.

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MessageSujet: Re: Deux Maisons, deux destins [Tour VIII - Terminé]   Deux Maisons, deux destins [Tour VIII - Terminé] EmptyJeu 22 Avr - 15:47

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Roward avait bien conscience de la situation actuelle de Lady Gargalen. En tout cas, si comme elle l’affirmait, elle n’était au courant de rien. Toutefois, il n’était pas en mesure de garder très longtemps les informations qu’il détenait vu les troubles actuels à Dorne. Plusieurs Maisons ne payaient plus leurs impôts et la gronde était bien présente, même si rien ne laissait penser qu’une révolte était en cours. Il écouta avec attention les propos de la jeune femme mais bon, elle semblait oublier que les Martell ne pouvaient plus se montrer cachottiers face aux nobles, surtout qu’elle-même leur reprochait leur manque de transparence dans les affaires concernant le Royaume. Il chercha toutefois à calmer Lady Gargalen en évoquant la possibilité d’un coup monté mais bon, il y avait peu de chance qu’une telle chose soit possible.

« Lady Gargalen, je ne connais pas la vérité se cachant derrière les missives que nous avons réussi à obtenir. Il s’agit peut-être d’un piège visant à discréditer votre Maison tout en écartant les soupçons qui auraient pesé sur une autre Maison. Certaines personnes peuvent être machiavélique dans ce domaine. Je dois reconnaître qu’être soldat me permet la plupart du temps de pouvoir voir mon ennemi face à face, ce n’est pas le cas de ces jeux politiques qui ne sont que fourberie et méfiance. Je suis venu aujourd’hui afin de juger de votre honnêteté en la matière et en toute franchise, vous semblez toujours être la femme forte et fière que j’ai rencontré dans ma jeunesse. Je peux me tromper mais mon opinion est que si vous aviez été au courant, vous n’auriez pas manqué de me le dire en face et même tenter de me tuer si vous souteniez ces agissements. »

Il était évident que Sahtel aurait sauté sur l’occasion pour le tuer afin que les soupçons s’arrêtent rapidement. Tendre une embuscade à ses hommes restés dehors n’était pas non plus bien difficile, même si elle aurait dû déplorer quelques pertes. Il était donc vraisemblable qu’elle dise la vérité sur cette affaire.

« Si votre père est innocent et qu’on cherche à salir son nom, il vous revient de faire la lumière sur tout cela rapidement. Je ne peux vous garantir que personne ne sera au courant des accusations qui pèsent sur votre père, mais je demanderai à ma sœur de ne pas en parler ouvertement lors du conclave. Je ne peux que vous conseiller de vous hâter dans vos recherches car tout comme vous, certains nobles voudront sans doute voir les preuves que nous détenons. Ma sœur pourra sans doute détourner la méfiance temporairement, le temps de vous laisser mener votre enquête. Toutefois, j’espère que si vous trouvez d’autres éléments à charge de votre père, vous m’en ferez part. J’ai peut-être tort, mais je vais placer ma confiance en vous. Nous devons faire en sorte que Dorne reste uni dans ces moments difficiles et nous devons déterminer si ces assassinats ont été orchestrés pour pousser Dorne et le Bief à la guerre, ainsi que les noms de toutes les personnes impliquées. »

Le Bief avait longtemps été la bête noire de Dorne et si une guerre entre les deux Royaumes était à l’avantage de l’Orage, Roward ne comprenait pas ce qu’une Maison dornienne pouvait en tirer comme avantage. A moins qu’il ne s’agisse d’un plan à long terme et que tout cela n’avait servi qu’à affaiblir la position des Martell au sein de Dorne, afin de préparer un soulèvement. Les armées dorniennes avaient considérablement faiblis, le pouvoir sur le trône de la Principauté était fragilisé, il ne faudrait pas grand-chose pour que les choses dégénèrent. Le traité de Boycitre, les otages dorniens et la prise territoriale, tout cela avait fait naître une grogne qui n’était peut-être que la suite du plan prévu avec ces assassinats. Si tel était le cas, les loups ne manqueraient pas de sortir du bois prochainement et cela risquait d’être particulièrement difficile.

« La guerre contre le Bief était sans doute l’objectif premier des assassinats. Je réfléchis tout haut mais si on reprend dans l’ordre, nous avons les assassinats. Lors du conclave de Goëville, ma sœur accuse le Roi Mern des assassinats mais après une discussion avec la Reine Tricia, je suis parvenu à ce que le calme revienne. Ensuite, nous avons les événements de Hautjardin. Ce n’était pas dans l’intérêt du Roi Mern d’agir de la sorte. Il parlait d’attaques de Dorniens sur les paysans bieffois qui se sont vengés, mais aucune attaque n’a été ordonnée de notre côté. Cette guerre était donc voulue et Rowena Durrandon n’est peut-être que l’une des personnes impliquées. Après cette guerre, Dorne se retrouve dans une situation difficile et il serait donc probable que les responsables en profitent d’une manière ou d’une autre. Vous le savez sans doute, mais nous devons bientôt honorer notre accord avec le Bief concernant leur guerre contre l’Empire. »

L’appel à la mobilisation avait été envoyé dans toutes les Maisons nobles, même les dissidentes qui ne payaient plus l’impôt. Lady Gargalen était donc au courant de tout cela. Toutefois, c’était peut-être une carte à jouer si elle était honnête dans sa démarche.

« Je suppose que vous n’enverrez aucune troupe et je vous comprends. Toutefois, je voudrais vous demander un service en plus de l’enquête que vous mènerez. Si les loups sortent du bois, profitant de cette occasion, pourriez-vous me prêter votre force et m’aider à défendre Dorne ? »

Si la Maison Gargalen restait en retrait et conservait une troupe permettant de renforcer la défense de Dorne le moment venu, cela pourrait être une épine de choix dans le pied des conspirateurs visant la tête des Martell. De plus, cela pourrait définitivement laver le nom des Gargalen si d’aventure elle ne venait pas à trouver d’élément innocentant son père dans l’affaire des assassinats.




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MessageSujet: Re: Deux Maisons, deux destins [Tour VIII - Terminé]   Deux Maisons, deux destins [Tour VIII - Terminé] EmptySam 1 Mai - 14:17

Le Prince évoqua la possibilité d’un complot. Je savais que ces mots avaient davantage pour but de me rassurer et de me pousser à la coopération que d’envisager cette éventualité avec sérieux. Pourtant, cela ne pouvait pas être écarté. Pas tant que les lettres qu’il me demandait n’étaient pas entre ses mains. J’avais un rôle à jouer pour faire la lumière sur cette affaire et je comptais l’endosser avec sérieux. Par égard pour mon père, et pour ma famille tout entière.
Il consentit à ne pas faire d’annonces en grandes pompes, sans jamais garantir que la nouvelle ne se répandrait pas. Je ne pouvais pas lui reprocher de jouer sur les mots pour éviter la promesse. Depuis toujours, j’usais de réserve en donnant ma parole. On ne pouvait former de reproches que sur le non-respect d’une promesse ferme. Pas sur des efforts consentis se révélant insuffisants.

« La guerre contre le Bief était sans doute l’objectif premier des assassinats. Je réfléchis tout haut mais si on reprend dans l’ordre, nous avons les assassinats. Lors du conclave de Goëville, ma sœur accuse le Roi Mern des assassinats mais après une discussion avec la Reine Tricia, je suis parvenu à ce que le calme revienne. Ensuite, nous avons les événements de Hautjardin. Ce n’était pas dans l’intérêt du Roi Mern d’agir de la sorte. »

En effet, il fallait être un brin stupide pour orchestrer l’assassinat de ses propres invités. Toutefois, les occasions se faisaient rares et ce simple présupposé ne pouvait suffire. En outre, le nombre d’invités à Hautjardin pouvait aider à brouiller les pistes tant les dynamiques entre les individus présents pouvaient être variées. Et que dire de la Foi qui, ralliée opportunément au Bief, avançait tranquillement à la conquête de nos terres d’infidèles ? J’hésitai à faire part de ces soupçons.

« Il parlait d’attaques de Dorniens sur les paysans bieffois qui se sont vengés, mais aucune attaque n’a été ordonnée de notre côté. Cette guerre était donc voulue et Rowena Durrandon n’est peut-être que l’une des personnes impliquées. Après cette guerre, Dorne se retrouve dans une situation difficile et il serait donc probable que les responsables en profitent d’une manière ou d’une autre. Vous le savez sans doute, mais nous devons bientôt honorer notre accord avec le Bief concernant leur guerre contre l’Empire. »

Parce que les guerres survenues jusque là ne suffisaient pas, Dorne devait s’allier à ceux qui l’avaient à demi étranglée contre un troisième ennemi. Les jeux de pouvoir et d’alliance me donnaient encore et toujours la migraine. Je me pris à rêver d’une fin proche pour laisser le soin à ma sœur de gérer ces discussions, dans un accès d’égoïsme doublé de désenchantement.

« Je suppose que vous n’enverrez aucune troupe et je vous comprends. Toutefois, je voudrais vous demander un service en plus de l’enquête que vous mènerez. Si les loups sortent du bois, profitant de cette occasion, pourriez-vous me prêter votre force et m’aider à défendre Dorne ? »

La question me parut saugrenue. Je répondis presque instantanément.

« Certainement. » Avant de préciser. « Tant qu’il ne s’agit pas de la rébellion. » Je savais qu’il me faudrait justifier davantage. « Comme je l’ai dit, je tiens à Dorne et celle-ci mérite d’être défendue. Non seulement en tant que pays, riche de ses territoires, mais en tant que foyer de tout un peuple. S’il y a une chose que nous avons en commun avec la rébellion, c’est bien cela. Je ne souffrirai pas de voir ce levier disparaître à la faveur d’affrontements fratricides. »

Je marquai une pause, songeant aux hommes plantés dehors sous le soleil dans l’attente que nos échanges se concluent, prêts à bondir pour attaquer ou défendre en cas d’attaque de la part des habitants de Salrivage. La tension était-elle toujours la même, ou le mot avait-il couru que la discussion se révélait cordiale ?

« Peut-être devrions-nous régler cette question avant de courir affronter un nouvel ennemi, au demeurant. Je suis disposée à prendre le risque d’aller discuter avec leur cheffe. Serait-ce un gage suffisant de ma bonne volonté ? »

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MessageSujet: Re: Deux Maisons, deux destins [Tour VIII - Terminé]   Deux Maisons, deux destins [Tour VIII - Terminé] EmptyMar 11 Mai - 13:32

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Les choses ne semblaient pas vraiment être simples avec Lady Gargalen et pour cause, si elle semblait vouloir soutenir les Martell, les actions ne suivaient pas vraiment. Même au moment de lui demander de l’aide concernant les potentiels traîtres qui sortiraient des dunes après l’appel des troupes, elle se montra ambigüe sur le fait qu’elle aiderait ou non, justifiant sa position par le refus de voir des affrontements fratricides. Roward observait Sahtel attentivement, mais ne parvenait pas à voir si elle était de leur côté ou non. Sa réaction concernant les preuves contre son père paraissait sincère mais ici, il ne put lire avec exactitude ce à quoi elle pensait.

Elle marqua une pause, laissant Roward boire une gorgée de vin, toujours silencieux et pensif. Ses hommes devaient toujours être sur le qui-vive, attendant le moindre signe de la part du Prince pour agir. Sa sécurité était plus importante que tout et pour lui, ils massacreraient jusqu’au dernier membre de la Maison Gargalen présent ici, même si cela devait leur coûter la vie. La jeune femme évoqua l’idée de régler le souci des voix qui s’élèvent avant de partir en guerre mais bon, la situation était loin d’être aussi simple. Le Bief attendait notre soutien conformément au traité de Boycitre et si nous ne respections pas notre parole, les otages pourraient en payer le prix. Toutefois, ce ne fut pas cette partie qui fut la plus intéressante pour Roward et pour cause, Lady Gargalen proposa d’aller parler à leur cheffe, indiquant qu’elle était au courant de qui se cachait derrière ces voix de l’ombre qui cherchait à déstabiliser le pouvoir des Martell.

« Je crains malheureusement que votre aide me soit inutile dans ce cas. Les traitres ne s’exposeront que lorsque nos troupes seront parties et même s’ils sont financés par l’Empire, cela restera partiellement des dorniens en dehors des mercenaires. Si vous considérez que les rebelles financés par l’Empire ont raison, je ne vois pas en quoi votre Maison est loyale à Dorne et aux Martell. Si vous comme moi sommes réticents aux affrontements entre dorniens, cela ne semble pas être le cas de l’Empire et des traitres qu’il finance. »

Le Prince de Dorne but une nouvelle gorgée et posa ensuite son verre sur la table. Il se leva calmement en se dirigeant vers la porte comme pour marquer la fin de l’entretien qui se clôturait plutôt mal en définitive. Il s’arrêta toutefois, se retournant vers son hôte pour lui poser une nouvelle question.

« Lady Gargalen, vous devez savoir que si nos troupes ne combattent pas au côté du Bief, les membres de nos familles retenus en otage en paieront certainement le prix. Ma sœur est parmi les otages et je compte bien qu’elle me revienne saine et sauve. Maintenant, vous semblez savoir qui dirige en secret les rebelles vu que vous vous proposez pour le rencontrer. Cela voudrait dire que vous avez déjà été approchée ou que vous les avez peut-être même rejoints. J’espère que vos propos concernant les guerres fratricides vous interdisant de combattre les rebelles valent aussi pour les troupes dorniennes des Martell et des Maisons leur étant loyales. A mes yeux, il est inutile de discuter avec une marionnette de l’Empire, mais si vous parvenez à empêcher les rebelles de s’en prendre à Dorne et son peuple, vous obtiendrez ma confiance. »

Les futurs agissements de la Maison Gargalen devraient clairement être observés avec attention car les chances étaient grandes qu’elle fasse déjà partie de la rébellion qui grondait et tardait à se dévoiler. Les belles paroles qu’elle venait de faire sur les fratricides entre dorniens, parviendrait-elle à tenir le même discours face aux pions de l’Empire, rien n’était moins sûr. Enfin bon, vu sa position d’attente de voir la résolution de la crise en prenant soin de rester à l’écart, il n’y avait guère à espérer de la Maison Gargalen, ni maintenant, ni dans le futur. Au mieux, elle n’interviendrait pas et au pire, elle serait une Maison de plus à combattre le moment venu. Si tel devait être la finalité, Roward n’en prendrait aucun plaisir, mais sa lame ne flancherait pas un instant. La mort attendait les traîtres et rien d’autres, que cela soit de sa main ou celle du Bief si les Martell ne parvenaient pas à reprendre les choses en mains.

« Je ne vois pas grand-chose à ajouter désormais. Je connais votre position d’observatrice sur le destin de Dorne. J’ose encore espérer que le moment venu, vous défendrez Dorne face à l’Empire et ses sbires. »

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MessageSujet: Re: Deux Maisons, deux destins [Tour VIII - Terminé]   Deux Maisons, deux destins [Tour VIII - Terminé] EmptySam 15 Mai - 21:19

L’irritation du Prince était bien légitime. Je ne lui offrais aucune garantie, tout comme il se gardait de me promettre quoi que ce soit concernant le conclave. Consentir à compromettre mon père au profit d’informations sur l’Orage n’était donc pas assez. Dans ce contexte, les chances de survie paraissaient bien maigres pour qui se rangeait à ses côtés et il me fallait bien y songer.

Ma famille s’était illustrée par sa grande critique des agissements des suzerains. Lord Gargalen en tête. Pourtant, je n’avais jamais questionné notre allégeance. Les décisions, les stratégies, oui. Les liens qui nous unissaient à la couronne, jamais. C’était une affaire qui dépassait l’individu et quand bien même Meria et Nymor Martell avaient fait grincer mes dents durant la dernière décennie, l’idée absurde de fomenter un meurtre ne m’avait pas effleurée. Jusqu’à ce jour.

En admettant que Lord Gargalen eût été moins farouche, les décisions hâtives étaient proscrites en ce qui me concernait.  Le Prince cherchait des alliés et je le comprenais. Ma situation requérait de réfléchir plus longuement.

« Vous m’avez demandé de faire preuve d’honnêteté. Mes excuses si ces paroles ne vous satisfont pas. Elles sont vraies. Je sais qu’elles ne m’assurent ni votre sympathie, ni votre soutien inconditionnel. »

C’était une réalité. Comme cela l’avait été rappelé plus tôt, nous faisions tous des choix, parfois bons, souvent mauvais, sur la base de ce que nous pensions être raisonnable et logique ; en oubliant bien malgré nous que nos intérêts n’étaient pas toujours aussi nobles que nous nous plaisions à le penser.

« Je faisais de cette question l’une de mes principales préoccupations jusqu’à maintenant. Je n’ai pas grande envie que Salrivage verse dans la rébellion. Qu’il s’agisse des affaires liées à l’Orage dont vous m’entretenez ou de celles des rebelles, vous comprendrez qu’il vaut mieux pour mes recherches que vous partiez d’ici fâché. »

J’appuyai sur le dernier mot. Le sous-texte me paraissait évident. La maison Gargalen jouissait déjà d’une réputation compliquée. Les impôts, l’appel à rejoindre le Bief, autant d’éléments de dissidence en faveur d’une enquête sur ces fronts. S’il fallait passer pour attentiste dans le but de recueillir les éléments nécessaires au triomphe de Dorne, alors soit. Les légendes ne s’écrivaient pas qu’au combat et j’entendais forger la mienne avec intelligence.

« Votre Altesse, seuls les engagements tenus ont une valeur. Libre à vous de me voir comme une observatrice, ou pire : comme une ennemie du trône. J’aurai tôt fait de démontrer que ma façon d’œuvrer peut déplaire sans faillir à assurer sa part de résultats. »

Je quittai mon fauteuil.

Rien ne servait d’argumenter plus. Je savais que tout cela n’était que des paroles, d’autant plus creuses aux oreilles du Prince. Il était bien humain de vouloir revoir un membre de sa famille, encore plus lorsqu’il s’agissait d’une famille de ce rang. Je ne fis aucune remarque sur le calcul du sacrifice de la vie du plus petit nombre contre celle de centaines de soldats mobilisés. Comme chacun en Westeros, j’avais appris et admis que toutes les vies ne se valaient pas.

« Je puis vous assurer que oui, le moment venu, nous défendrons Dorne et ses habitants. Avec cœur et conviction, comme nous l’avons toujours fait. Je vous demande simplement de m’octroyer le temps nécessaire pour tirer le meilleur parti de la position délicate mais peut-être utile dont vous m’informez. »

Tu t'entoureras. Promets-le moi. Ces paroles me revinrent. Lord Gargalen, debout devant la fenêtre de son bureau à contempler un point lointain, là où les rides des vagues cédaient sous le poids du ciel.
J'avais promis.

Elles sonnaient désormais comme une prophétie. Un testament, peut-être. Ma bonne connaissance de son inclination pour les intrigues me faisait peur. Depuis la tombe, Mänhe Gargalen restait cet être nimbé de mystère, aussi fidèle qu'emporté, aussi rassurant que terrible. Cette diablesse d'épreuve qu'il imposait après sa mort me transformerait sans aucun doute. Je franchissais un cap sous la tempête. Les pertes seraient plus que jamais de ma responsabilité.

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MessageSujet: Re: Deux Maisons, deux destins [Tour VIII - Terminé]   Deux Maisons, deux destins [Tour VIII - Terminé] EmptySam 5 Juin - 16:03

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Malgré la bonne volonté affichée par le Prince, Lady Gargalen ne semblait pas vouloir se positionner franchement de son côté et promettre une aide militaire pourtant nécessaire à la survie du Royaume. Quoi qu’il en soit, si elle pouvait le soutenir même un peu à un moment, cela pourrait toujours être utile mais bon, lorsque les loups sortiront du bois, il sera un peu plus en mesure de voir l’ampleur de la menace qui s’annonce. Comme il l’avait annoncé, il comptait essayer de ne pas parler de l’implication du père de Sahtel lors du conclave mais bon, il ne comptait pas épargner ce traître potentiel sans d’autres preuves de son innocence que la parole de sa fille.

Quoi qu’il en soit, il n’était pas nécessaire de rester davantage dans cette demeure et par conséquent, il était temps pour Roward de rentrer à Lancehélion et de préparer l’offensive sur l’Orage. Honorer l’alliance avec le Bief à cette période n’était pas forcément le plus judicieux mais bon, ce n’est pas comme s’ils avaient vraiment le choix. En tout cas, il ne pouvait désormais que croire aux paroles de Lady Gargalen sur ses actions à venir et espérer ne pas être déçu à nouveau.

« Je ne peux que vous faire confiance pour le moment. Nous verrons si l’avenir me donne raison ou tort. Pour que Dorne puisse se relever et prospérer à nouveau, il est primordial que ceux qui complotent avec l’Empire soient démasqués et que leurs plans ne se réalisent pas. En attendant, je ne peux que rentrer à Lancehélion afin de mettre plusieurs choses en place pour le futur. Je vous remercie pour votre accueil Lady Gargalen. »

C’est donc calmement que Roward quitta la pièce pour retrouver ses gardes qui n’avaient pas bougé de devant la porte. Il rejoignit la cour et toute la troupe quitta sa position sur les remparts et autre afin de remonter à cheval. Ils quittèrent Salrivage comme ils étaient arrivés, le Prince de Dorne ne manqua pas de discuter avec son Capitaine afin qu’il lui indique ce que ses hommes avaient pu repérer durant ce lapse de temps. Après tout, la prudence était de mise et si à l’avenir, il faudrait intervenir, une connaissance du terrain pourrait se révéler des plus utiles. Cet entretien avec Lady Gargalen n’allait sans doute pas changer grand-chose mais bon, il lui avait au moins laissé l’opportunité de s’expliquer et peut-être même de prendre conscience que les choses ne sont pas toujours si simples qu’il n’y parait.

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