BOTTIN

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Alba Baptista est <a href="/t7093-manel-bolton-nos-lames-sont-acerees"><span class="Gp_Nord">Manel Bolton</span></a>

RECENCEMENT

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<span class="Gp_Nord">Manel Bolton</span> - Je suis fidèle à mon souverain - Lady Bolton - Soigneuse - <a href="/t7093-manel-bolton-nos-lames-sont-acerees">Personnage inventé</a>

LIEU

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<a href="/u701"><span class="Gp_Nord">Manel Bolton</span></a> se trouve à <span class="Gp_Empire">Accalmie - Orage</span>

Emmitouflée dans une peau de bête, je soupire alors que je regarde le parchemin encore vierge étalé sous mes yeux. Peut-être qu’il pourra se remplir seul, juste par la force de la pensée. D’autant que, si je continue de ne pas envoyer de nouvelles à Père, il risque d’être mécontent, voire de d’écrire à l’Empereur lui-même pour savoir ce que je deviens. Et autant dire que je n’en ai pas particulièrement envie. Il faut dire que je suis quelque peu contrariée. Je lui ai demandé à plusieurs reprises de repartir chez moi, à Fort Terreur et qu’il n’a même pas daigné répondre à cette partie de mes missives. J’entends parfaitement qu’il a besoin de moi pour être les yeux et les oreilles qu’il souhaite pour savoir autant que possible ce qui se passe auprès des troupes impériales. Pour autant, si j’avais été un garçon ou si j’avais été… différente, je sais qu’il ne m’aurait jamais laissée aussi longtemps loin de mon foyer.

Est-ce que je peux vraiment encore parler de Fort Terreur comme mon foyer ? Difficile à dire. J’y ai passé presque toute ma vie pourtant. Dans l’ombre de Limor. Mon père n’était pas des plus heureux de n’avoir eu que des donzelles qui ne sauraient pas redorer le blason Bolton, quoi que l’on fasse. Il était plus préoccupé par son bâtard que par notre propre éducation. Mais Mère était là. Douce. Aimante. Autant que je puisse m’en rappeler en tout cas. Elle est morte alors que j’étais toute jeune. Je n’ai plus d’elle que des bribes de souvenirs, me demandant parfois à quel point je les ai inventés.

Heureusement, Limor était là. Pas aussi aimante qu’aurait pu l’être une mère. Mais elle a fait de son mieux. Surtout au vu de l’enfant pour le moins étrange que j’étais. Délaissant les travaux de couture et tout ce qui aurait dû faire de moi une dame accomplie, j’ai passé plus de temps dehors qu’entre les murs de Fort-Terreur. A explorer les alentours, à me faufiler là où je ne devais pas être et à croiser ceux qui s’occupaient des bêtes. Je n’avais pas encore 7 ans quand j’ai découvert que je pouvais apaiser la douleur des animaux, que je savais comme les soigner sans avoir à réfléchir. Quelque chose d’instinctif, bien plus facile que ces lettres qu’on alignait sous mes yeux en essayant de me faire croire qu’elles formaient des mots.

Evidemment, il n’aura fallu que quelques mois pour que les rumeurs commencent à courir à Fort-Terreur. J’ai fini par m’habituer à la longue. Aux regards inquisiteurs, aux gens qui s’écartent de mon chemin, juste au cas où. Parfois, certains se demandaient si j’étais une maegi ou pire encore. Pourtant, je ne suis qu’une personne douée pour soigner les autres. Des animaux, je suis passée aux humains. Le Mestre a fini par accepter, à force de harcèlement et probablement pour ne plus tomber sur moi à des moments inopportuns, que je le suive, que j’apprenne ce qu’il pouvait m’enseigner dans ce domaine. En contrepartie, j’ai accepté d’apprendre à lire et à écrire. C’est plutôt bien non ? Peu importe, ce n’était visiblement pas suffisant pour Père qui avait décidé de me trouver un époux « convenable ». Entendez par là quelqu’un qu’il pourrait probablement manipuler ou qui saurait servir ses intérêts. Sauf qu’il semblerait que mon caractère, couplé à mon intention de ne pas cesser de soigner les gens, n’a pas aidé à ce que son entreprise soit une réussite. Preuve en est, je ne suis pas toujours pas mariée, pour mon plus grand plaisir.

Je pensais que ma vie pourrait continuer comme ça longtemps. J’entendais bien évidemment parler de rumeurs de batailles au loin, sans vraiment m’en soucier. Après tout, je ne suis qu’une femme, je n’avais pas à m’occuper de ce genre de choses. Mais, ça ne pouvait pas durer. La guerre a fini par se frayer un chemin jusqu’à nous à sa façon. Et, alors que j’allais avoir 17 ans, les hommes sont partis au combat. Contre les sauvageons, contre ces hommes qui voulaient saigner ce Nord qui nous était si cher à tous. Beaucoup sont partis se battre. Tous ne sont pas revenus. Et, parmi les soldats qui avaient lutté pour écraser cette invasion de sauvageons, certains avaient un regard hanté qu’aucun soin ne pourrait jamais apaiser. J’ai œuvré aux côtés du Mestre à leur retour pourtant. Soignant avec les moyens que j’avais à disposition. La maegi qui leur faisait si peur est finalement devenue quelqu’un en qui ils pouvaient avoir confiance, qui faisait tout pour les aider. Même si ce n’était pas toujours suffisant. Pour autant, je crois avoir gagné le respect de certains des hommes qui formaient l’entourage de mon père. A défaut de pouvoir le rendre fier lui-même.

Et j’ai entendu parler des autres conflits. Même si cela mettait quelques semaines voire plus pour parvenir jusqu’à nous, nous finissions par savoir. Tout en soignant ceux qui pouvaient l’être, j’écoutais avec attention. Ces alliances qui se nouaient, se dénouaient, sans que j’arrive vraiment à comprendre les tenants et les aboutissants de tout cela. Probablement parce que cela ne m’intéressait pas vraiment. J’entendais mon père fulminer contre son Roi Torrhen Stark, que je n’avais aperçu qu’une seule fois, il y a bien des années de cela. Si je pensais pouvoir passer à travers tout cela, c’était sans compter sur les projets de mon père. Et, sans bien comprendre ce qui se passait, je me suis retrouvée en route pour le sud. Loin de Fort-Terreur et des rares personnes qui comptaient pour moi. Je n’avais jamais rien connu d’autre de toute ma vie et voilà que je me retrouvais au milieu d’une foule de gens. Des soldats aux nobles qui entouraient les différents monarques, difficile de savoir où donner de la tête.

Il m’a fallu plusieurs jours avant de vraiment comprendre ce qui se passait. Le mariage « impérial », Torrhen Stark qui devient Torrhen Braenaryon et cette… comment Père avait parlé d’elle ? Ah oui, cette catin qui lui faisait oublier que le Nord primait avant tout le reste. Avant ces idées de conquêtes et autres. Rhaenys Targaryen donc. Je ne l’ai aperçue que de loin la première fois, mais je l’ai trouvée… belle. Impressionnante. Sans comprendre tout le reste, toute cette politique qui me dépassait largement. Je sais juste que Père n’était pas d’accord mais qu’il ne voulait pas être mis de côté. J’ai pensé, l’espace d’un instant, qu’il chercherait à me marier à l’un des alliés de ce nouvel Empire. Idée saugrenue, j’en conviens tout à fait. Mais non, c’était mes dons de soigneuse qu’il mettait au service de son ancien Roi et nouvel Empereur. Et son épée, cela allait sans dire.

Tout s’est bousculé alors que je me suis retrouvée à suivre la caravane des Mestres et autres soigneurs prêts à agir quand ce serait nécessaire. Je pensais être prête à vivre tout ça, forte de mes quelques expériences de soldats revenus du combat des semaines auparavant ou de paysans blessés pendant leur travail.

… évidemment, je n’étais pas du tout prête. Parce que c’était Buron.

J’aimerais bien dire que j’ai arrêté de faire des cauchemars. Mais ce serait mentir. J’entends encore les hurlements des soldats grièvement blessés. Je sens encore l’odeur du sang, de la mort qui flotte dans l’air. La seule chose positive que je pourrais retirer de cette histoire est que les gens ont arrêté de me regarder comme si je n’avais rien à faire là. Parce que, malgré la peur, l’horreur et tout ce qui a manqué de me faire fuir à plus d’une reprise, je suis restée. Soignant les hommes, les apaisant autant que possible et tenant leur main lorsqu’il n’y avait rien d’autre à faire qu’attendre la mort. Les jours ont semblé durer des mois mais au final, nous avons survécu, contre toute attente. Et c’est après cette histoire que mon père, en gage de bonne volonté, a proposé à l’Empereur de me mettre à son service directement. Ce qui m’aiderait à en savoir le plus possible si je continuais de suivre les troupes impériales et non plus seulement nordiennes. Se séparer de sa vie n’a pas semblé poser de problème à mon cher père. Est-ce que je l’ai mal pris ? Probablement. Surement même. Mais au moins, les gens qui m’entouraient semblaient me faire confiance pour ce que je savais faire de mieux, soigner les blessés.

La bataille d’Eysinnes m’a permis de montrer qu’ils avaient raison et que j’avais bien ma place parmi eux. Et pour un peu, je me suis presque habituée à l’horreur de l’arrière-garde. A passer tant d’heures en attendant de savoir ce qu’il adviendrait de nos hommes partis se battre. A savoir combien partiraient mais à ignorer combien reviendraient. Et à devoir composer avec des blessures parfois impossibles à soigner, à des hommes qu’on ne pourrait pas guérir.

Et puis, il y a eu une accalmie. Enfin, si tant est que devoir faire des ronds de jambes, porter des robes bien trop ajustées à mon goût puisse être vu comme un moment de calme. Nombreux sont ceux qui se sont rendus à Fort-Darion pour la naissance des jumeaux impériaux, moi y compris. J’ai passé plusieurs semaines dans la capitale, la découvrant alors que je croisais certains nordiens que je n’avais pas vus depuis longtemps, rencontrant de ces alliés du bout de Westeros que je n’aurais jamais pensé connaitre un jour. Je ne saurais dire si j’ai réussi à vraiment faire une bonne impression ou pas, si j’ai bien réussi à porter le nom de Bolton. Toujours est-il que Père a de nouveau refusé ma demande de retourner à Fort-Terreur. Voilà plus d’un an que je suis partie, plus d’un an que je n’ai pas revu ce qui n’a gardé de foyer que le nom. Je ne sais pas si j’y retournerais un jour ou pas et, plus le temps passe, plus j’ai le sentiment que jamais je ne reverrais le Nord qui m’était si cher.

Et maintenant ? Difficile à dire. Je sais que je vais devoir de nouveau prendre la route, suivre les troupes impériales. Que repartir dans le Nord n’est, pour le moment, pas d’actualité et que je dois m’y résigner. Après près de deux ans, il serait temps n’est-ce pas ? Je suppose que nous allons retourner au sud, affronter les forces Hoare une fois de plus. Je me demande si un jour, ce sera la fois de trop, si les hommes ne finiront pas par périr les uns après les autres jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’un souvenir de ces combats. Et moi dans tout cela ? Aucune idée. J’aide, du mieux que je le peux. J’ignore la plupart des regards que les hommes posent sur moi. D’étrange lorsque j’étais à Fort-Terreur, je me suis bien rendue compte que beaucoup me trouvaient attirante. Mais je suis réaliste, je sais que n’importe quelle femme peut leur plaire du moment où elle est suffisamment gironde pour qu’ils puissent s’oublier entre leurs cuisses. Oh, j’ai bien entendu les cris des femmes dans l’obscurité, je ne suis pas sotte, même si le fait d’être une femme de bonne famille m’a préservée jusque-là. Et tant que mon père ne revient pas sur le sujet, cela me convient parfaitement. Après tout, il y a déjà fort à faire ici n’est-ce pas ?