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 Quand la vie s'échappe [Tour III - Terminé]

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MessageSujet: Quand la vie s'échappe [Tour III - Terminé]   Quand la vie s'échappe [Tour III - Terminé] EmptyVen 23 Sep 2016 - 18:31

J’aurais dû rester plus longtemps sur notre île, bien plus longtemps en vérité étant donné que la princesse... la reine avait dit que je pourrais la rejoindre une fois la situation redevenue stable, une fois la guerre éloignée de nos terres. Toutefois, à ce rythme-là, j'allais restée cloîtrée sur l'île encore bien trop longtemps...
Mais j’avais insisté auprès de Mère, arguant le fait que je ferais davantage de rencontres intéressantes à la capitale, dans le sillage de la reine que perdue au milieu de nulle part. Et si moi, je pensais uniquement à apprendre de nouvelles choses, si je pensais peut-être à rencontrer de nouvelles amies, je sais fort bien qu'elle avait principalement pensé aux futurs potentiels promis qui pourraient tomber sous mon irrésistible charme. Je m'en étais donc servi outrageusement oui pour la convaincre de m'y envoyer de suite.

Et voilà comment je me retrouve dans une forêt inconnue, totalement absorbée par chaque végétal et arbuste que je voyais. Je n’avais pas pris de cheval, je n’avais pas essayé de semer mes gardes, je voulais simplement découvrir les terres de notre hôte… Certes, j’avais fini par m’aventurer tant et si bien dans les fourrés que les gardes avaient perdu ma trace. Mais je n’y étais pour rien ! Je n’avais ni couru, ni tenté de leur échapper… Pas réellement. J'avais juste vu diverses plantes, et de fil en aiguille...
Et je ne compte guère m’éloigner davantage, et à force d’errer dans les bois parcourant nos terres, j’avais appris, plus ou moins, à me repérer et à retrouver mon chemin. Plus ou moins…
Sauf que ce n’était pas nos bois, je sais bien. Je savais de quelle direction je venais, c’était déjà pas mal, il me suffirait de repartir par là non ?

Je me fige néanmoins en entendant une voix, lointaine, mais… Mes gardes ? Je ne sais trop, mais je ne suis pas si éloignée que cela... Je ne pouvais guère aller plus loin de toute manière, sauf si je souhaitais tenter de descendre cette pente, certes légère, mais… Je soupire et m’apprête à faire demi-tour lorsque mon pied glisse, et que je me retrouve à glisser, sur les fesses, jusqu’en bas de ladite pente, non sans avoir crié. Fantastique.
Je m’assois et enlève quelques feuilles de mes cheveux, tachant de redonner une apparence plus convenable à ma tenue, dans la mesure du possible… c’est-à-dire pas beaucoup… Et je tente de me relever. Ce qui me fait à nouveau crier. Oh par les Sept… Je regarde ma cheville, sans m’appuyer dessus. Bien. Là, j’avoue être quelque peu embêtée il est vrai. Je lisse ma robe, espérant ne pas avoir l’air aussi… négligée que j’en ai l’impression… Oh et peu importe, ni Mère, ni Père, ni même la reine n'était dans les parages, quant aux autres... J'exagère sans doute, d'autant plus que la Reine Mère était toujours présente elle, même si je ne l'avais jamais croisé. Fort heureusement au final, car si je n'étais pas à l'aise avec la reine Argella, ce serait sans doute pire avec elle.

Je soupire et reprends lentement la marche, prenant garde à mon pied, qui n'est pas si douloureux au final. Ou un peu si... Mais je ne vais pas m'étendre sur une sottise qui m'est uniquement imputable.
Et je retrouve plus ou moins la route, parvenant tout aussi vaguement à me repérer par rapport à mon chemin initial. Et je l'aperçois un peu plus loin sur le bas côté. Une femme. Qui semble mal à point. Je me mordille les joues en la regardant, avant de jeter un coup d'oeil autour de nous. Ce pourrait être un leurre non ? Ou quelque chose du genre... Même si je n'ai aucun intérêt en soi. Ce serait stupide j'en conviens.

Je finis par me décider à la rejoindre, soupirant doucement, alors que je l'entends pousser un gémissement et se tenir le ventre en m'approchant. Arrivée près d'elle, serrant mon sac rempli de diverses choses et plantes sans importances, je fronce légèrement les sourcils en la voyant et dois m'y reprendre à deux fois pour parvenir à parler tant elle n'a pas l'air bien.

« Bonjour... Je... Pardonnez-moi, je ne veux point vous importuner, mais... Vous allez bien ? Avez-vous besoin d'aide ? Souhaitez-vous que j'aille chercher quelqu'un ? »

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MessageSujet: Re: Quand la vie s'échappe [Tour III - Terminé]   Quand la vie s'échappe [Tour III - Terminé] EmptyMer 5 Oct 2016 - 22:10

Les choses semblent doucement mais surement se mettre en place. Cela fait quelques semaines déjà que nous sommes dans l'Orage et, si Erwann ne m'a pas fait basculer par-dessus bord après noter conversation sur le navire, il ne semble pas être enclin à me pardonner vraiment. Et je ne peux guère lui en vouloir. Après tout, je ne sais pas si un jour je serais capable de me pardonner moi-même. Et puis, ça n'a pas vraiment d'importance à dire vrai, ce n'est pas comme si j'envisageais d'avoir une vie longue ou je saurais être enfin en paix avec moi-même.

Mais, même si nous arrivons à converser tant bien que mal et qu'il semble enclin à me suivre dans ma tâche, j'ai tout de même besoin de solitude, de prendre l'air sans sentir le regard de mon frère peser sur moi. Et je profite de son absence pour m'esquiver à mon tour. Sans bien savoir où aller. Enfin si, j'ai besoin de quitter cette ville, sans bien arriver à saisir pourquoi. Je n'irais pas jusqu'à dire que j'ai fini par apprécier les grands espaces avec les années passées dans le Nord mais, pourquoi pas après tout ? Tout peut arriver. Alors j'ai loué un cheval, ignorant le regard médusé du garçon d'écurie devant mon ventre arrondi. Comme si cela allait m'empêcher d'aller où je veux. C'est tout bonnement hors de question. Il est vrai que monter est des plus difficiles et que c'est à ce moment-là que je sens le poids de la grossesse peser sur moi. Je laisse échapper un profond soupir avant de me saisir des rênes et de m'éloigner de la ville au petit trot.

Et, pour la première fois depuis longtemps, je laisse mes pensées vagabonder avec un soulagement que je ne soupçonnais pas. Je ne songe pas à tout ce que j'ai faire, à mes erreurs, mes regrets et j'en passe. Je me contente juste d'apprécier ce qui m'entoure sans vraiment penser à quoi que ce soit de particulier. Pourtant, je pourrais songer à ce qui m'attend, comme le fait que je sais absolument pas quoi faire avec cet enfant qui arrive. Lui faire subir la même existence que moi ? Si c'est un garçon, je gage que je pourrais le confier à Conrad qui saura quoi en faire. Et il se fera probablement égorger par sa belle-mère en un clin d'œil. Mais si c'est une fille. Son destin sera-t-il tout autant tracé que le mien ? Une fille et petite-fille de catins, voilà qui promet un bel avenir. Là encore, j'essaie de chasser cette pensée qui commence à m'effleurer et je me contente de caresser doucement mon ventre, songeant vaguement qu'il faudra tout de même que je m'oblige à m'installer pour de vrai, le temps de mettre l'enfant au monde et de me remettre de mes émotions. Pour le reste ? Nous verrons bien en temps voulus.

C'est à ce moment-là qu'une douleur me vrille l'estomac. Je ne sais d'où elle vient mais je me penche en avant, pliée en deux et laissant échapper un cri de douleur. Qui effraie le cheval dont les oreilles s'agitent de plus en plus vite. Ce n'est pas la première fois que j'ai aussi mal. La grossesse ne se passe pas particulièrement bien mais je n'y prête plus attention. Probablement trop de thé de lune, mon corps ne doit pas savoir comment gérer ce qui doit être une énième grossesse mais qui, cette fois, n'est pas interrompue avant qu'il y ait des dommages trop importants. Mais, cette fois-ci, c'est différent. La douleur se fait plus longue, ne semble pas vouloir s'atténuer et je me raccroche à la crinière du cheval pour  ne pas tomber, des points noirs se dessinant devant mes yeux.

Et, alors qu'il commence à hennir, je descends, sans savoir comment. Je me retrouve à genoux, ma main crispée sur mon ventre alors que je le vois partir au galop, visiblement perturbé par mon attitude. Merveilleux. Je prends une profonde inspiration et j'essaie de me relever, avec une difficulté que je n'imaginais pas. La tête me tourne  et pas qu'un peu. Alors je m'adosse à un arbre, les yeux fermés, essayant de respirer comme je le peux. C'est là que j'entends une voix douce et passablement inquiète.

Je sursaute pourtant et j'ouvre les yeux avec difficulté, mon regard se posant sur une jeune femme, si jeune, qui semble vraiment apeurée. Je dois faire peur à voir et je souffle, dans un rire mêlé à une grimace.

"A dire vrai, j'aurais aimé que vous puissiez rattraper mon cheval. Mais je ne suis pas sûre d'être en mesure de monter à nouveau dessus."

Je prends une profonde inspiration avant de lâcher, d'une voix piteuse qui me donnerait envie de me gifler.

"Ne me laissez pas. Je ne comprends pas ce qui m'arrive."

Enfin si. Une voix me souffle que je sais pertinemment ce qui se passe. Et que je ne pourrais rien y faire. Je devrais me montrer soulagée mais une vague de panique commence à me gagner. Je suis bien trop loin pour rentrer et surtout, pas en état de le faire. Je ne sais même pas ce que fait cette jeune demoiselle ici ni si elle sera en mesure de m'aider. Et je n'ai pas envie de mourir ici.

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MessageSujet: Re: Quand la vie s'échappe [Tour III - Terminé]   Quand la vie s'échappe [Tour III - Terminé] EmptyJeu 20 Oct 2016 - 18:50

Rien ne se passe jamais comme prévu. Encore moins comme l’on aimerait. Je devrais quand même finir par le savoir n’est-ce pas ? Même si une partie de moi me souffle qu’il y a bien des choses que je devrais déjà avoir appris et que je refuse tout simplement d’entendre ou d’apprendre. Toujours est-il que je me retrouve quelque peu embêtée alors que je m’aperçois que mes gardes ne sont plus là et que je me suis quelque peu aventurée dans les bois. Bois que je ne connais point et qui pourraient être infestés de bandits. Quoiqu’aussi près d’Accalmie, j’en doute, mais dans le fond, cela ne veut rien dire.
Je reprends néanmoins ma route… mon chemin à travers bois. Et je suis plutôt fière de moi en me rendant compte que je suis parvenue à retrouver la route. Ou tout du moins, une vraie route. Je ne suis point réellement perdue dans ce cas.

Mais comme quoi, il ne faut jamais, jamais, se réjouir trop vite, je me rends rapidement compte que je ne suis point seule. Certes, elle n’a pas l’air d’être une menace. Au contraire, elle semble même avoir besoin d’aide. Mère dirait que je suis bien trop naïve pour mon propre bien. Mais elle n’est pas là. Fort heureusement, sinon je risquerais de rester cloîtrer pour les semaines à venir avec cette escapade.
Je m’approche précautionneusement de la femme appuyée contre l’arbre. je commence tant à m’inquiéter pour elle, et accessoirement à ce qui pourrait se cacher derrière, que j’en oublie ma cheville. Ce qui est parfait.
Je la fixe, les yeux un peu écarquillés, avant de grimacer à mon tour alors qu’elle parle.

« Il doit être parti plus loin, je ne le vois pas… Et si vous avez du mal à vous tenir debout, vous ne parviendrez pas à chevaucher c’est une certitude. »

Et je jette des coups d’œil sur la route, comme si une aide providentielle allait faire son apparition. Je reporte mon attention sur elle, qui a l’air si… fragile et incertaine d’un coup. Et je meurs d’envie d’aller chercher de l’aide, car seule, que puis-je faire ? Pourtant je ne peux me résoudre à la laisser ici toute seule. Je m’approche et essaie d’esquisser un sourire.

« Je ne vous laisserais pas n’ayez crainte. »

Je regarde son ventre, alors qu’un doute horrible nait en moi. J’ai déjà assisté la septa en de rares occasions, lorsque Mère n’était pas là, ce qui l’a toujours mise hors d’elle quand elle l’apprenait. J’ai une grimace en pensant à septa Kaina et à ce qu’elle avait subi pour me faire plaisir… Je relève les yeux vers elle, avant de demander avec hésitation, car même sans être véritablement formée, cela m’a l’air d’être… trop tôt…

« Vous êtes toute seule ? Avez-vous quelqu’un que je puisse prévenir ? Votre époux ? De la famille ?... Ou votre maison est-elle loin ? Je ne sais s’il y a une auberge non loin, ce serait l’idéal, je pourrais vous aider à vous y rendre… »

Je parle trop je sais, mais je n’y puis rien. Je passe ma main dans son dos pour qu’elle s’assoit. Elle pourrait rester debout, mais… eh bien, je suis seule, si jamais la douleur est trop forte, je ne suis pas certaine de réussir à la retenir…
Ma voix se fait automatiquement plus douce alors que je reprends.

« Vous avez des douleurs au ventre ? A combien de mois de grossesse êtes-vous ? »

Je commence à fouiller dans mon sac, sortant deux ou trois plantes… avant de me rendre compte que sans eau et sans feu, cela parait encore plus stupide… Et je commence à prier la Mère que ce ne soit rien… rien que quelques contractions en avance. Cela arrive parfois non ?... Prier l’Aïeule me semble effectivement également une bonne idée…

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MessageSujet: Re: Quand la vie s'échappe [Tour III - Terminé]   Quand la vie s'échappe [Tour III - Terminé] EmptySam 29 Oct 2016 - 19:30

J'essaie d'inspirer doucement, de ne pas céder à la panique. Je tiens bon depuis des mois sans faillir, j'ai traversé tellement de choses ces derniers temps et je vais m'effondrer là, dans cette forêt ? A des lieues des rares personnes qui me sont encore chères ? Enfin la seule personne… les autres ne comptent plus, depuis longtemps. J'essaie de chasser ce genre de pensées qui ne vont guère m'aider à me tirer de ce pétrin et qui vont probablement juste me rendre un peu plus pathétique.

J'essaie de me focaliser sur la jeune femme, la fixant en réalisant qu'il se dégage d'elle une grande douceur. Je ne saurais dire à quel point cette pensée est étrange et appropriée au vu des douleurs qui me traversent, mais je me dis que, dans le fond, cette douceur sera particulièrement bienvenue. Et je vais probablement m'y raccrocher plus que de raison.  

A sa réponse, je lève les yeux au ciel et je laisse filer, avec une pointe d'humour dans ma voix qui ne gagne bien évidemment pas mon regard.

"Par tous les Sept, ce satané cheval aurait au moins pu avoir la décence de m'attendre. Le loueur va me faire payer le prix fort si je ne le retrouve pas."

Et une nouvelle douleur me vrille les entrailles alors que je me plie en deux, laissant échapper un petit cri bien malgré moi. Ce que je lui demande ensuite est aussi stupide que ridicule. Elle est seule et comment peut elle réellement me venir en aide ? Sans compter le fait qu'elle a l'air bien trop jeune pour être capable de faire quoi que ce soit. Et pourtant, je ne peux m'empêcher de me raccrocher à ce qu'elle me répond alors que j'ai un sourire empli de reconnaissance.

"Merci… je veux pas me retrouver seule dans un moment pareil… ce serait trop à supporter."

Je sens qu'elle m'examine avec ce qui pourrait sembler être un certain professionnalisme. Peut-être me suis-je trompée après tout et peut-être sera-t-elle plus compétente que son joli minois ne pourrait le laisser présager. Je grimace alors qu'elle m'interroge et je secoue doucement la tête, me focalisant sur mon histoire, sur ce que je dois raconter et surtout pas sur la vérité.

"Je suis veuve. Mon époux est mort suite à ses blessures lors de la bataille contre les sauvageons menée dans le Nord… je descends rejoindre mes parents avec ma dame de compagnie et mon frère. Et je…"

Je ferme les yeux, agrippant son épaule pour m'empêcher de tomber et incapable d'ajouter quoi que ce soit. Il me faut quelques instants pour arriver à retrouver mon souffle alors que je me focaliser sur le contact avec le tissu, sur l'odeur de la forêt autour de nous et tout ce genre de choses qui me permettent de me calmer. Et sa question me prend de court alors que j'essaie de réfléchir à la réponse. J'ai tenté de savoir à quand remontait exactement le début de cette grossesse mais je n'ai pas vraiment voulu repenser à cette relation, à ses débuts tout du moins. Je rouvre enfin les yeux et je papillonne des paupières avant de souffler, indécise.

"Quatre, cinq mois ? A son retour du Nord… avant qu'il… enfin… je ne sais pas si je pourrais marcher jusqu'à l'auberge."

A dire vrai, je pense même que j'en suis incapable. Et je sens mes jambes fléchir un peu plus, ma main se crispant sur son épaule alors que l'autre effleure mon ventre. Je crois n'avoir jamais été aussi désemparée de toute mon existence. Il y a là quelque chose que je ne peux maitriser, contre laquelle je ne peux lutter et j'ai peur d'être entrainée là où je serais incapable de revenir.

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MessageSujet: Re: Quand la vie s'échappe [Tour III - Terminé]   Quand la vie s'échappe [Tour III - Terminé] EmptyVen 11 Nov 2016 - 19:26

Je la regarde, alors qu'elle essaie de dédramatiser la situation. Enfin je crois. Ne serait-ce pas à moi d'essayer de faire ça ? Quoique je peux la comprendre aisément, il est plus facile de se focaliser sur n'importe quoi d'autre que sur sa douleur je pense. Parce qu'elle souffre bel et bien n'est-ce pas ? Ce n'est pas uniquement pour me distraire ou me faire oublier ce qui nous entoure ?... Non, de toute manière, je n'ai rien sur moi et même si ma tenue est de bonne qualité, je n'ai pas mis une toilette voyant pour aller me perdre dans les bois. Je me perds en divagation là non ? Je secoue la tête, me concentrant sur elle, esquissant un sourire.

« Nous le retrouverons ne vous en faites pas, ou je ferais le nécessaire, ne vous préoccuperez pas de cela. »

Après tout, je dois bien pouvoir mobiliser quelques gardes pour cela non ?... Je me débrouillerais, ce n'est pas comme si c'était important, pas pour le moment en tout cas alors qu'elle se plie en deux de douleur. Et si l'envie de courir chercher de l'aide me traverse l'esprit, j'oublie cette idée bien rapidement alors qu'elle me demande de rester à ses côtés. Je hoche la tête et mon sourire se fait un peu plus assuré, même si je suis bien loin de l'être réellement.

« Je comprends, je vais rester avec vous. »

Même si je commence à être quelque peu affolée par la situation et son état. Je ne suis absolument pas prête à affronter ce genre de chose, quand bien même ai-je toujours cherché à savoir faire et à comprendre, je n'ai jamais... Et je continue d'essayer de me montrer plus sûre que je ne le suis, pour la rassurer elle, mais sans doute aussi pour me rassurer moi...
Je me fige malgré moi quand elle parle. Et je me mets à prier la Mère. Si elle est veuve, si elle a déjà perdu son époux... Je m'approche encore sans y penser alors qu'elle se raccroche à moi. Je pose ma main sur son bras qui la maintient debout en se reposant sur moi. Suis-je la seule à penser que c'est une fort mauvaise idée de compter autant sur moi ?

« J'en suis navrée.Sincèrement.
Vous venez du Nord ? D'aussi loin dans votre état ? »
Le fait qu'elle ait été à cheval était déjà dangereux en soi, quelque soit l'avancement de sa grossesse, mais... Qu'elle rejoigne ses parents pouvaient être normal si elle n'avait plus rien la rattachant au nord. « Votre frère n'est pas avec vous ? Savez-vous où je pourrais le trouver ? Ou votre dame de compagnie ? »

Quelqu'un, n'importe qui en vérité... Même si cela ne me servira nullement vu que je ne pourrais pas aller les chercher. Alors j'essaie de la rassurer par ma présence et mon sourire, même si c'est stupide. Ma main se pose dans son dos, comme pour l'apaiser. Si ça marche, il y en aura au moins une de nous qui sera moins paniquée. Je souris un peu et la fixe quand elle rouvre les yeux en réfléchissant.

« D'accord.... Bien... On va rester ici. Je... Oh, je m'appelle Ayana au fait...
Vous permettez ? »


Je la regarde, lui demandant la permission de poser mes mains sur son ventre. Et je tente de voir, de distinguer si quelque chose cloche. Evidemment que quelque chose cloche. Les douleurs sont largement suffisantes comme signe. Mais si j'arrivais à savoir ce qui se passait pour de bon... j'entends mon cœur battre dans mes oreilles. Septa Kaina saurait elle. Mais si je réfléchis et si j'arrive à me calmer, outre le fait que les douleurs sont trop violentes pour être anodines, je me rends compte que je ne sens rien. A cinq mois, même à quatre, un bébé bouge.

« Ressentir des douleurs à ce stade de la grossesse n'est pas si étonnant, mais elles ne sont normalement pas si... douloureuses... » Les mains toujours à palper son ventre, je relève les yeux vers elle pour croiser son regard. « L'avez-vous... Quand l'avez-vous senti bouger la dernière fois ? » Je me mordille la lèvre en sentant les douleurs dont elle parle, qui ne sont pas vraiment des douleurs au sens propre... Enfin si, mais... Je soupire doucement, avant de reprendre, d'une voix encore plus douce, tachant de calmer mon cœur qui tambourine. « Y a-t-il eu... Avez-vous subi quelque chose, un choc qui... qui aurait pu... »

Je déglutis et me redresse un peu, mon regard allant de son ventre à ses yeux.

« Je devrais aller... chercher quelqu'un, qui pourrait vraiment vous aider. Je crois que... Il ne bouge plus. Je pense... Je pense que ce sont des contractions. Je... Votre corps doit vouloir... »

Je me tais en la regardant, ravalant les dernières paroles. Dire que son corps doit vouloir se débarrasser d'un corps étranger serait plus que malvenu et brutal. J'ai promis de ne pas la laisser, mais comment pourrais-je m'occuper de cela ? M'occuper d'elle ? J'ai assisté à quelques grossesses, mais je n'ai jamais fait cela... Encore moins si le bébé est mort-né... Quoiqu'en vérité je ne sais si le pire serait qu'il ne le soit pas. A cinq mois, cela reviendrait au même.
J'inspire et souffle dans un murmure en la dévisageant, aussi désolée et troublée qu'elle pourra l'être elle-même.

« Si ce sont des contractions, il va falloir que vous poussiez... Je suis désolée. Mais je... il n'y a rien d'autre à faire... »

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MessageSujet: Re: Quand la vie s'échappe [Tour III - Terminé]   Quand la vie s'échappe [Tour III - Terminé] EmptyMer 21 Déc 2016 - 12:38

Il y a une part de moi qui, j'en suis persuadée, doit se gausse de la situation dans laquelle je me retrouve. Après tout, il est vrai que je l'ai bien cherché et qu'à la réflexion, les choses auraient pu être bien pires. Et puis, je devrais être heureuse de ce qui est en train de se passer non ? Me dire que je serais enfin débarrassée de cet enfant à venir et surtout, de tout ce qui pourrait réellement me rattacher encore à ce Nord qui a bouleversé mon existence à un point que je n'ose imaginer. Et pourtant, c'est loin d'être le cas, sans que j'arrive à comprendre pourquoi. J'effleure ce ventre tendu et douloureux à un point que je n'aurais jamais pu imaginer et j'ai un profond soupir, essayant de chasser les larmes qui commencent à couler sans que je puisse rien y faire. Je souffle alors, d'un ton que j'essaie de rendre amusé mais qui doit être plus pathétique qu'autre chose.

"Je vous avoue que me préoccuper de ce maudit cheval m'empêche de songer aux réels problèmes qui m'attendent. Parce que je ne vais pas me leurrer, j'ai comme un doute quant au fait que les prochaines minutes vont être agréables."

J'inspire longuement, me raccrochant à ce sourire assuré qu'elle m'offre et hochant doucement la tête. Bien, elle va rester avec moi. Je ne devrais pas être aussi soulagée. Après tout, ce n'est qu'une enfant et je ne la connais pas du tout. Et pourtant, c'est ce que je peux faire de mieux en cet instant précis. J'arrive à esquisser un sourire quand elle me dit qu'elle est navrée, essayant de songer un instant à ce que pourrait être sa véritable réaction si elle connaissait réellement l'origine de cet enfant. Ou les miennes. Probablement me laisserait-elle tomber au sol et s'en irait-elle sans se retourner et ça, je ne suis pas sûre d'être à même de le supporter dans mon état.

"Je viens du Nord oui. Mais nous avons mis de longues semaines à faire le trajet et je comptais rester ici quelques temps avant d'être sûre de pouvoir voyager de nouveau. Tout avait l'air d'aller mieux qu'au début de la grossesse."

Qui avait été des plus difficiles. Mais j'avais presque fini par m'habituer et par me dire que tout était  normal. Ce qui n'était pas le cas, assurément. A ses questions, je grimace et je regarde autour de moi, dans un réflexe totalement inutile. Ils ne sont pas là et, très honnêtement, je n'ai pas particulièrement envie de savoir à quoi ils peuvent être occupés s'ils sont tous les deux. Grand bien leur fasse s'ils s'amusent come ça mais, dans l'immédiat, c'est le cadet de mes préoccupations.

"Je ne sais pas où il est… probablement à s'enivrer dans une taverne comme tout jeune homme de son âge avec une bourse bien garnie et loin du regard désapprobateur de sa parenté. Et ma… dame de compagnie était en train de s'occuper de mes affaires aux dernières nouvelles. J'avais grand besoin de solitude. Me voilà servie. Je crains bien qu'il n'y ait que vous jeune fille."

Je hoche la tête quand elle reprend la parole, fixant des yeux le moindre de ses mouvements et réalisant vaguement qu'elle semble savoir ce qu'elle fait. Voilà qui serait presque une chance si je ne commençais pas à être persuadée que tout ceci ne servira pas à rien et que je ne m'en sortirais peut-être même pas.

"Mathie… je m'appelle Mathie."

Et je me fige à ses questions, fronçant les sourcils quand elle parle alors que j'essaie de trouver une réponse qui ne soit pas alarmante et qui ne fasse pas que confirmer ce qui m'arrive.

"Je… je me souviens plus. Il y a quelques jours. Je crois."

Je me mords la lèvre, essayant de me concentrer sur ce qu'elle dit plutôt que le reste et je reprends, d'une voix sourde, songeant à tout ce qui a pu se passer ces derniers mois.

"Non, je n'ai reçu aucun choc. Mais les choses ont été… difficiles."

Et je lève les yeux, mon regard accrochant le sien, sans me rendre compte que je dois être pâle comme la mort.

"… s'en débarrasser c'est ça ? Il est mort ? Le bébé. Je vois."

J'attrape sa main et je la serre doucement avant de souffler, dans un murmure.

"Aidez-moi. A faire ce qu'il y a à faire."

En espérant que je m'en sorte. Enfin, est-ce que cela a, dans le fond, la moindre importance ? Et si j'y arrive, je réfléchirais à tout ce qui m'arrive plus tard. Bien plus tard.

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MessageSujet: Re: Quand la vie s'échappe [Tour III - Terminé]   Quand la vie s'échappe [Tour III - Terminé] EmptyDim 15 Jan 2017 - 1:45

Je la dévisage et l'envie de me sauver m'envahit. Je ne peux pas rester, surtout seule, avec elle, je n'y connais rien, ou du moins pas assez. Pas assez pour elle, ni pour moi. Comment pourrais-je seulement penser m'en sortir ? Pourtant, je ne bouge pas, me retrouvant même à essayer de lui apporter mon aide et mon soutien. Je dois avoir perdue la tête pour penser pouvoir être utile.
Je souris malgré moi, nerveusement, quant elle répond.

« Oui, je me doute, je comprends bien. Et... effectivement, il y a des chances que ce soit plus que... difficile. »

Bel euphémisme que voilà. Pourtant, je continue d'essayer, de me montrer plus assurée que je ne peux réellement l'être. Mais si je panique, je n'y arriverais pas. Et ce serait quelque chose de terrible que de la laisser ainsi, seule au milieu de nulle part, dans cette situation. Autant je doute de pouvoir faire quelque chose, autant je sais que je ne pourrais me pardonner de l'abandonner à son sort. Et si je panique, je finirais par m'enfuir ou quelque chose du genre. Donc... Et si elle parvient à sourire, ne serait-ce qu'un peu, comment pourrais-je moi me montrer moins courageuse ?... Oui, certes, je ne suis... qu'une enfant, je le sais bien. Et Mère m'enfermerait si elle l'apprenait. Mais je ne peux la laisser. Je me répète non ?

« Le début a été compliqué ?... Pardonnez-moi, je ne cherche nullement à être indiscrète. J'espère juste pouvoir vous aider et... en en apprenant davantage, je me dis que... Le trajet a dû être long oui. Rester ici... était une sage décision. »

Je devrais me taire étant donné que cela n'avait rien changé. Ou peut-être était-ce le trajet qui avait fait plus de mal que de bien. Sans doute même, mais je ne pouvais décemment dire cela à cette future mère... Qui était veuve... et qui se retrouvait ici, seule, sans doute en train de... Je me mords la lèvre, tentant de faire taire cette appréhension.
Elle regarde autour d'elle, cherchant ceux qui pourraient l'aider, même si elle n'a malheureusement que moi à disposition, comme elle le dit si bien. J'efface le froncement de sourcils qui est apparu quand elle a mentionné son frère. Je ne devrais pourtant pas trouver cela étonnant que ce dernier se retrouve dans une taverne, quand bien même une partie de moi s'indigne qu'il ait laissé sa sœur seule dans cet état. Mais cela n'a aucune importance, et à défaut de parler de son cheval, je peux peut-être lui changer les idées avec sa famille.

« Il est plus jeune que vous ? Votre frère ? Il vous avait suivi dans le Nord ou vous y-a-t-il retrouvé récemment ? » Je lui souris. « J'ai deux petits frères et une sœur, également plus jeune. C'est... compliqué d'être l’aînée. Même si je ne leur suis pas d'une grande aide. Mais je me suis toujours bien entendue avec eux malgré tout, mais ils sont encore jeunes... Ils ne sont pas d'âge à se perdre dans une taverne de leur côté... »

Je hausse les épaules, avec un sourire amusé.

« Ce n'est pas le meilleur moment pour vous dire que je suis enchantée de vous rencontrer n'est-ce pas ? »

Et si j'essaie de me montrer d'humeur enjouée et badine, je ne peux empêcher mon cœur de battre sourdement quand je pose mes mains sur son ventre. Et je n'aime pas tout cela. Je l'ai déjà fait, mais pas seule, pas dans ces conditions, pas pour cela. Elle... le bébé... je ne le sens pas. J'appuie doucement sur son ventre, pour tenter de faire réagir le bébé, pour qu'il bouge en retour. Mais, il n'y a rien. Et elle se rend bien compte que mes questions ne sont pas innocentes étant donné qu'elle se fige. Je hoche doucement la tête, même si je suis encore concentrée sur mes mains et sur... l'absence d'autre mouvement. Je me fige à mon tour au son de sa voix.

Je relève les yeux et croise son regard. Je dois avoir le même regard qu'elle, les yeux écarquillés et un peu... Soit, elle doit être pire, j'espère ne pas être aussi blanche qu'elle, je ne risque guère de pouvoir la rassurer sinon. Je la dévisage quelques secondes. Je dois lui dire la vérité ? Elle semble assez forte pour cela. Et que puis-je faire d'autres de toute manière ?

« Je n'en suis pas sûre. Je ne suis pas septa, j'ai seulement aidé celle du château quelques fois... Mais... un bébé de quelques mois qui ne bouge pas, qui ne réagit pas quand on le stimule... Ce n'est pas bon signe non. Alors... Il est possible oui que... »

Je regarde sa main qui serre la mienne, et je hoche à nouveau la tête, les larmes me montant aux yeux. Ce n'est franchement pas le moment de pleurer, ce serait... stupide. Oui. J'inspire profondément, avant de fouiller dans mon sac, détachant quelques feuilles avant de lui tendre.

« Des feuilles de coquelicots. C'est... ça marche pour calmer la douleur, c'est mieux en tisane ou en pommade, mais ça devrait aider en les mâchant. »

Je sors la gourde d'eau et mon petit couteau, avant de poser mon sac à terre et de m'agenouiller.

« … Je pense que ce sera plus facile debout, mais si c'est trop douloureux, asseyez-vous... Je... Il va falloir que je... Pour vous aider, il va falloir que je regarde... »

Non que ça me plaise. Mais je faisais taire cette voix bien trop pudibonde et déplacée en cet instant. J'attends qu'elle acquiesce, avant d'oser faire ce que je n'aurais jamais pensé avoir à faire, regarder sous les jupes d'une dame. Oui, dans une autre situation, cela pourrait prêter à rire. Ou à être totalement offensant, voir horrifiant. Mais là...
Et je n'ai malheureusement rien d'heureux à lui annoncer. Elle n'y a sans doute pas prêter attention à cause de la douleur, mais... le sang présent le long de ses jambes est tout autant révélateur que l'absence de réaction du bébé et des douleurs qui la vrillent.

« … Je suis désolée. Je pense qu'il va vraiment falloir pousser. En même temps que les contractions... Vous en serez capable Mathie ? »

Il le faudra bien de toute manière. Et je fais mon possible pour l'aider alors qu'elle... Non, surtout ne pas se focaliser sur le résultat, ne pas trop penser à ce que je suis en train de faire, à ce qu'elle est en train de faire.

Il est malgré tout bien difficile de rester aussi stoïque quand je vois apparaître le bébé. Tout aussi difficile de ne pas avoir les mains qui tremblent. Ma voix tremble tout autant quand je m'efforce de l'encourager. Ne pas pleurer. Le placenta. Il faut aussi... l'expulser...
Je me retrouve, tremblante, du sang jusqu'aux coudes, face à elle. Je la regarde, me passant la langue sur les lèvres.

« Vous avez réussi. Vous... Je... » Je regarde le petit corps. « Vous... Vous voulez... la voir ? »

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MessageSujet: Re: Quand la vie s'échappe [Tour III - Terminé]   Quand la vie s'échappe [Tour III - Terminé] EmptyDim 29 Jan 2017 - 12:07

Ce que je peux lire dans les yeux de la jeune femme m'effraie encore plus que le reste alors que je ne pensais pas la chose possible. Car elle n'a guère l'air d'être à même de cacher ses sentiments ou son inquiétude. Elle essaie pourtant de garder son calme tout comme j'essaie de faire croire que tout cela ne m'atteint pas vraiment et pourtant, c'est tout sauf le cas. L'idée d'avoir cet enfant avait fini par germer, par faire son chemin et l'avoir senti grandir en moi avait fait naitre un attachement certain, quelques qu'aient puisse être les circonstances de sa conception.

J'essaie de chasser des larmes qui n'auraient pour l'heure pas leur place ici, sachant ce qui m'attend et j'esquisse un sourire en réponse au sien, me raccrochant à cette douceur et cette pureté qui émanent d'elle.

"… difficile oui. Et je suis navrée d'avoir à vous mêler à tout cela. Vraiment. Mais seule je…"

Je ne finis pas ma phrase mais nous savons toutes les deux que seule, je ne survivrais pas c'est une certitude. Que mon enfant s'en sorte est plus que compromis, la grossesse n'est vraiment pas assez avancée pour cela mais nous pourrions mourir tous les deux. Et, contre toutes attentes, y compris les miennes, je ne me sens pas encore prête à tirer ma révérence.  

J'inspire doucement et je hoche la tête, me focalisant sur ses questions plutôt que sur le reste, sur cette douleur qui finalement se fait plus diffuse qu'il y a quelques minutes. Comme si c'était déjà trop tard, comme s'il n'y avait plus rien à faire. Il n'y a douleur que lorsqu'il y a de la vie et là…

"Oui. très compliqué. Je ne pensais pas pouvoir avoir d'enfant et les douleurs n'ont jamais vraiment cessé. Mais depuis quelques semaines cela allait mieux. Je le croyais en tout cas. Jusqu'à aujourd'hui. C'est pire que jamais."

Mes pensées s'égarent quelque peu, à la pensée d'Erwann qui est en train de prendre du bon temps sans savoir ce qui m'arrive et qui s'en voudra probablement de ne pas avoir été là, quand bien même il n'était guère enthousiaste à l'idée de cette naissance. La jeune femme essaie de capter mon attention, de me faire oublier la douleur et surtout, de me faire revenir au présent mais il me faut un effort certain pour le faire. Je cille et je déglutis avant de hocher la tête.

"Il est… plus jeune que moi oui. Je l'ai pratiquement élevé et j'ai veillé sur lui durant des années. Mais il s'est engagé dans l'armée avant de revenir à l'annonce de la mort de mon époux. Et je ne peux qu'être d'accord avec vous. Etre l'ainée est vraiment complexe. Il s'agit de trouver comment ouvrir le chemin en étant sure qu'il sera celui qu'il leur faut. Ou être prête à les aider à suivre leur propre voie."

Je grimace à la pensée des chemins que nous avons pu emprunter, mon frère et moi, tout en lui souhaitant de ne jamais avoir à même les envisager. Si la vengeance peut m'avoir animée à plusieurs reprises, cette demoiselle semble bien trop pure et innocente pour mériter d'entrevoir ce que j'ai réellement vécu. Alors je me contente de souffler, avec une ombre de sourire.

"Je gage que vos jeunes frères finiront tout de même par aller mettre leur nez dans une taverne. Il faut bien que jeunesse se passe après tout non ? Il faudra juste leur rappeler où est leur maison."

Et, au reste de ses propos, je lâche un rire nerveux, quand bien même mon visage est toujours aussi contracté et que je sens que les prochaines minutes vont faire partie des pires moments de mon existence.

"Il est vrai que le moment n'est pas particulièrement approprié. Et pourtant, en ce qui me concerne, je suis vraiment heureuse de vous rencontrer."

Même si elle annonce ce que je craignais. Enfin, elle ne le dit pas clairement et c'est moi qui me décide à dire les mots que je ne voulais pas entendre. Cela ne me soulage en rien, autant le dire tout de suite, mais au moins, cela nous permet à toutes les deux de savoir ce qu'il faut faire. Je me focalise sur ce qu'elle me dit, hochant la tête et sentant que je n'ai plus le contrôle sur rien. Quand bien même j'ai cru avoir le contrôle sur quoi que ce soit, même l'espace d'un instant. J'attrape les feuilles qu'elle me tend et je les mâche en prenant de longues inspirations.

"Merci."

Et, quand elle sort son petit couteau, je sens mes mâchoires se contracter avant de souffler, dans un murmure.

"Je tiendrais bon. Je vais essayer. Je suis… désolée…"

De l'entrainer là-dedans, de ne pas être sûre d'y arriver et de tout le reste. Je suis ses instructions, poussant lorsqu'elle me dit de le faire et je sens mes jambes chanceler, je vacille et seule sa voix me permet de tenir bon jusqu'au bout. Jusqu'à la délivrance, si on peut l'appeler comme ça. Accolée contre l'arbre, je finis par me laisser tomber au sol alors que mon regard se perd dans le vide un instant. Je tremble comme une feuille et je ne lui réponds pas tout de suite, j'en suis incapable. Mais je finis par souffler, dans un murmure à peine audible.

"La ? C'est… c'était une fille ?"

Et je vois le sang qui macule ses bras. C'est le mien ? Et comment est-ce que je fais pour tenir encore debout si c'est le cas ? C'est pour ça que j'ai autant la tête qui tourne peut -être. Mais en cet instant, plus rien n'a d'importance. Je tends les bras dans sa direction en hochant la tête.

"Oui, je veux, s'il vous plait."

Je ne prête même pas attention aux larmes qui commencent à couler sur mes joues alors que j'effleure ce si petit visage. Si elle savait à quel point je suis désolé pour tout ce qui est arrivé, que j'étais prête à tout pour elle, quand bien même elle n'était pas désirée, que je lui aurais probablement donné ma vie. J'ai l'impression de sentir mon cœur s'émietter à mesure que passent les secondes et j'effleure doucement son front, la main tremblante.

"Vous croyez que je dois lui donner un nom ?"

Et les larmes continuent de couler de plus belle.

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MessageSujet: Re: Quand la vie s'échappe [Tour III - Terminé]   Quand la vie s'échappe [Tour III - Terminé] EmptyVen 17 Fév 2017 - 12:49

C'est en de telles situations que j'aimerais ressembler davantage à Mère. Certes, elle ne se serait peut-être pas arrêtée la connaissant... Elle aurait été chercher de l'aide tout du moins, de toute façon, en toute franchise, elle saurait encore moins faire que moi je crois... Quoiqu'elle a eu des enfants et elle... Je m'égare là. Lui ressembler donc car je serais bien plus à même de camoufler l'inquiétude qui me taraude. Cela ne changerait pas forcément grand chose, mais je pourrais la rassurer plus que je ne dois le faire actuellement.
Je secoue malgré tout la tête quand elle s'excuse.

« N'ayez crainte. Je... Il vaut mieux que je sois là plutôt que vous ne soyez seule. Et ne vous excusez pas surtout. »

Je lui souris doucement, essayant tout de même de la rasséréner autant que je le peux. Et qu'elle ne vienne surtout pas rajouter une culpabilité ou que sais-je encore à ce qu'elle doit déjà subir et éprouver, car elle n'est en rien responsable. Et effectivement, seule, elle n'aurait sans doute aucune chance... Déjà que ma présence ne changera pas forcément grand chose...
Je déglutis alors que j'essaie de me renseigner, comme si cela allait bêtement, soudainement me donner la science infuse et me permettre de... de faire quelque chose de vraiment utile. Pourtant, rien de ce qu'elle mentionne n'est rassurant, et elle doit bien le savoir. Ne sachant pas réellement quoi répondre sans en rajouter davantage, je me contente de hocher la tête quand elle parle des douleurs régulières et autres. Elle aurait dû être suivie, accompagnée, tout le temps dans de telles circonstances non ? Sachant qu'une grossesse n'est en temps normal nullement douloureuse, ou du moins, qu'en de rares occasions. Je ne peux m'empêcher d'être un peu mécontente et déstabilisée de ce fait de la savoir seule à vadrouiller. Pourtant, cela ne me concerne pas. Mais je poursuis sur le sujet, parlant d'elle et de sa famille, plus pour lui changer les idées cette fois-ci que par curiosité véritable.  
J'acquiesce malgré tout à ses paroles, qui explicite bien mieux que je ne saurais le faire ces relations plus que complexes avec sa fratrie.

« Vous l'avez élevé ? Votre mère travaillait beaucoup ? Cela a dû difficile, mais ça a dû vous permettre de rester proche de lui par la suite, ce ne sont pas des choses anodines... C'est bien qu'il soit venu pour vous soutenir quoiqu'il en soit, il doit beaucoup tenir à vous.
Oui, c'est ça. Faire les choses convenablement, sans être certaines du résultat et en ayant toujours peur que cela ne suffise pas. »


Je la fixe alors qu'elle grimace de douleur, avant de souffler un rire à ses paroles suivantes. Rire pour moitié nerveux mais je ne peux qu'être d'accord.

« Oui, comme tous les hommes. Quoiqu'Olyvar peut déjà y être allé pour ce que j'en sais... Mais effectivement, il suffit en quelque sorte de leur rappeler... »

Et de toute manière, Olyvar est bien trop attaché à la famille pour réellement s'égarer. J'espère. Après tout, il est... assez âgé maintenant, et il est au combat, et les Dieux seuls savent que le front peut changer aisément les hommes, n'est-ce pas ? Et cela ne compte guère au final, il est bien assez grand pour prendre ses propres décisions. Et puis, j'ai bien autre chose en tête à l'heure actuelle. J'ai un sourire aussi nerveux que son rire. Même si je ne suis pas la personne idéale, je sais bien qu'elle est heureuse de ne point être seule, ce que je comprends plus qu'aisément.
Et c'est elle au final qui met crûment des mots sur ce qui lui arrive. Oui, je pense que son bébé sera mort-né... et de toute manière, même si tel n'était pas le cas, à ce stade de la grossesse, jamais il ne pourrais survivre à la naissance... et je ne peux rien y faire, pas plus qu'elle. Un mestre  pourrait peut-être, et à nouveau, une partie de moi ne demande qu'à s'enfuir pour aller trouver de l'aide plus... mieux. Mais je ne le peux, et de mes maigres moyens, je continue de vouloir l'aider, ne serait-ce que par quelques feuilles, tout ce que j'ai sur moi à dire vrai.

Je la regarde à nouveau, alors que je suis agenouillée près d'elle, et je fronce les sourcils pour de bon.

« Cessez de vous excuser. S'il vous plait. Vous pouvez hurler, pleurer, être en colère ou effrayée, mais ne soyez certainement pas désolée... Pas si c'est pour moi. Et vous y arriverez. Nous y arriverons. »

J'essaie, encore, toujours, d'être plus convaincante que je ne suis convaincue, de paraître plus sereine que je ne le suis, continuant de lui parler, juste pour la rassurer et... combler le vide, comme pour nous permettre de nous raccrocher à quelque chose. Elle ne doit pas être dupe, mais sait-on jamais, dans son état et vu la douleur qui transparaît sur ses traits, ce n'est peut-être pas si stupide ou superficiel. Sans doute que non vu qu'elle parvient à faire le nécessaire... aussi difficile et compliqué cela soit-il.

Et je me retrouve, alors qu'elle se laisse tomber au sol, avec ce tout petit, bien trop petit corps dans les mains. Et s'il était bien trop tôt pour qu'il soit... viable, il ne fait nulle doute de son genre. Je nettoie avec douceur son visage, le cœur battant et les mains tremblantes. Il faut que je m'occupe d'elle. Que je vérifie qu'elle aille bien, qu'elle ne saigne plus. Mais je ne peux pas poser ce petit être à même le sol. Et elle finit par répondre, d'une voix si faible qu'il aurait suffit de peu pour que je ne l'entende pas.

Je hoche alors la tête en la regardant, sans trouver de mots supplémentaires. Oui, une petite fille... ça aurait été une petite fille... Et alors qu'elle tend les bras, j'emmitoufle la petite chose dans mon châle, toujours avec précaution et douceur, comme si cela pouvait lui faire mal, et je la place dans ses bras.
Je me rassois sur mes talons, en silence, essuyant sur un bout de ma robe mes propres larmes. J'ai déjà dit que je ne pouvais pas. Pourtant, s'il était déjà difficile avant de faire semblant et de me montrer plus forte que je ne le suis, c'est encore plus douloureux de la voir ainsi avec cet enfant dans les bras.

Je tente tant bien que mal, sans vouloir interrompre tout cela, me rendant bien compte d'à quel point cela est primordial pour elle... ou elles ? Peut-être l'Etranger est-il là, non loin, à emmener... Je réprime un frisson, tandis que je tente donc de vérifier qu'elle, la mère, Mathie, va bien. Aussi bien que possible. Physiquement. Elle ne semble plus saigner, ce qui me soulage infiniment, mais d'un autre côté, elle a perdu beaucoup de sang déjà, plus que dans un accouchement... normal. Mais s'il n'y a pas d'hémorragie, si elle se repose... Cela devrait aller n'est-ce pas ? J'essuie autant que possible mes mains sur ma robe, sans même songer ce à quoi je vais ressembler en rentrant. Et je me demande comment cela pourrait aller alors qu'elle vient de perdre son enfant... Mais il faudrait bien pourtant... Il faudra bien.

Je relève la tête vers elle, avant de poser mon regard sur son enfant. Et je réponds à mon tour dans un murmure, ma main allant remettre une mèche de ses cheveux derrière son oreille.

« Oui. Je pense que... Elle... C'est votre enfant et... Vous en avez, ou aurez, besoin je crois. »

Je l'observe un instant, et me déplace alors, venant m'installer à côté d'elle pour la prendre dans mes bras, lentement, qu'elle puisse me repousser ou me faire comprendre qu'elle ne le souhaite pas. Et je me retrouve à caresser ses cheveux, comme Mère le faisait quand j'étais petite pour m'apaiser et me montrer son amour. Et je me souviens même de cette berceuse que j'aimais tant.

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MessageSujet: Re: Quand la vie s'échappe [Tour III - Terminé]   Quand la vie s'échappe [Tour III - Terminé] EmptyMer 22 Fév 2017 - 18:47

Sa présence, sa douceur sont une vraie bénédiction. Elle me donne l'impression de ne pas être en train de vivre un drame qui pourrait me tuer. Et qui, dans tous les cas, va me faire perdre bien des choses. Quand bien même je n'étais pas prête à l'accueillir, que je ne le voulais pas. Une part de moi avait fini par s'y faire et même par se dire que ce n'était pas une si mauvaise chose. Mais je préfère la chasser de mon esprit, je ne suis vraiment pas prête à l'écouter, sinon cela voudrait dire que ce moment sera encore pire que je ne l'aurais craint.

Alors je me contente de hocher la tête à ses propos, sans insister plus que nécessaire. Et elle arrive à me faire parler, plus que je ne le fais en temps normal, même si je distille toujours autant de mensonges, de demi-vérités que je le fais d'habitude. Elle ne doit pas savoir qui je suis vraiment, sinon elle m'abandonnera à mon sort et je ne sais pas comment je pourrais m'en sortir.

"Oui, ma mère travaillait beaucoup. Avec la mort de notre père les choses étaient devenues difficiles mais elle a su faire face. Et nous nous sommes beaucoup liés avec Erwann."

Mon rire se mue en grimace de douleur alors que je me tors en deux une nouvelle fois. Les choses ne font qu'empirer et je commence à avoir le souffle court, à sentir la sueur couler le long de ma colonne vertébrale alors que je vois des points noirs devant mes yeux. Et je secoue la tête quand elle reprend la parole, oubliant de me faire amusée, de faire comme si cela ne me touchait pas.

"Je… ne peux pas. Cela rendrait tout ça beaucoup trop réel. Et je ne suis pas sûre de pouvoir le supporter."

Et finalement, je me retrouve avec cette petite chose, cette toute petite chose dans les bras. Elle a l'air si fragile, si douce, comme si elle était juste endormie. Mais non, ce n'est pas le cas. Elle ne respirera jamais et j'en suis responsable. J'oublie le monde qui m'entoure l'espace d'un instant, berçant contre  moi ce petit être que je ne pensais pas aimer à ce point-là, alors que tout me poussait à la haïr du fond de mon âme.

Je lève un regard en direction de la jeune fille qui pleure aussi. Cette vision me sert le cœur mais je ne peux m'empêcher de lui sourire avec douceur et d'effleurer doucement sa main. Et, quand elle me confirme que lui donner un nom serait une bonne idée, je laisse de nouveau retomber le silence avant que l'évidence ne me saute aux yeux.

"Milia…"

J'embrasse doucement son front et je reste comme ça, immobile, quelques instants, avant d'ajouter, dans un murmure.

"C'était le nom de ma mère. Je l'ai perdue elle-aussi. J'espère qu'elles se retrouveront quelque part où leur vie sera plus douce."

Et je relève les yeux en direction de la jeune fille, soufflant, toujours sur le même ton.

"Merci Ayana. Sans vous je…"

Je serais morte, probablement. De là à me dire que c'est une mauvaise chose, j'ai du mal à m'en convaincre. Mais je préfère chasser cette pensée de mon esprit, tout comme j'essuie tant bien que mal les larmes qui continuent de couler. Il faudra que je continue, que j'avance, malgré tout, malgré cette nouvelle perte. Que je tienne bon.

Parce que si je peux survivre à ça, je peux survivre à tout.

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