Sujet: [FB] Don't Let Me Down ft. Arianne Martell Mar 6 Fév - 17:53
Don't Let Me Down
An 1 Mois 2 Vieux Palais - Bureau du Mestre Arthros
J’ai encore du mal à croire en ma chance. Voilà un peu plus d’une semaine que j’ai débarqué ici, dans cette cité qu’est Lancehélion. Plus d’une semaine que je vis en compagnie de servantes du Vieux Palais comme elles disent. Palais qui possède un certain charme de part ses grandes arches et ses dômes impressionnants vu de l’extérieur. J’ai l’impression d’être dans un rêve, loin de Lys et de Pentos où je n’étais qu’une marionnette, un objet dans les mains de ces hommes vils et pervers. J’ai pu me rendre en ville avec une des servantes ayant une permission, me retrouver ainsi libre était .. étrange. J’avais encore l’impression de fauter, surveillant mes arrières et n’étant pas sûre de ce que je pouvais faire. J’étais perdue, mais Thaïs, celle qui m’accompagnait a été d’une telle patience et gentillesse avec moi, que cela m’a finalement un tant soit peu mise à l’aise. J’ai alors découvert les habitants, à travers un marché. J’ai été surprise et j’ai apprécié l’ambiance de la ville, la bonne humeur et la générosité des dorniens. C’était .. si différent de ce que j’avais connu.
La veille, Dame Arianne était venue à ma rencontre afin de connaître ma décision finale. Celle de l’aider pour son projet commercial avec le continent de l’Est. J’ai bien évidemment témoigné mon envie de la servir. Qu’aurais-je pu faire d’autres de toute manière ? Je n’ai jamais été indépendante dans ma vie, on m’avait arraché ce choix, je n’aurais pu m’en sortir dans un endroit que je connaissais pas. Je n’en suis pas capable … Puis, j’avais une faveur envers cette femme, qui avait brisé mes chaînes, me rendant ma liberté inespérée. Je me retrouvais alors dans le bureau du Mestre Arthros, que j’avais rencontré à mon arrivée ici. Dame Arianne souhaitait connaître mes réelles capacités linguistiques. Bien que je sache correctement parler le westerosi, je ne suis pas sereine pour autant, je n’ai plus l’habitude d’être évaluée. Heureusement, Mestre Arthros est beaucoup moins intimidant que la majorité des gardes que j’ai croisé jusqu’à lors. Il est plus chaleureux et compréhensif.
Mais je comprends vite que notre échange n’est pas satisfaisant, qu’il vire à la catastrophe. Je connais bien le Yitish et le Haut-Valyrien, la première étant ma langue natale, et j’ai baigné dans la seconde durant de nombreuses années, le parler et l'écrire ne me pose pas de problèmes. Mais je n’ai pas assez de connaissances sur le Westerosi pour pouvoir l’écrire, ou le lire. Tout autant que ma géographie n’est bonne que sur le plan d’Essos, je ne connais rien à Westeros. Je ne m’attendais pas à ce que leurs attentes soient aussi élevées … D’autant que rares sont les personnes capables d’écrire en Essos, outre les cités relativement bien avancées comme les Empires. Heureusement, j’ai pu continuer mon apprentissage du palais jusqu’à la maison des geishas où il était impératif que les dames de compagnie soient le plus polyvalente possible. Pourtant, ce n’est pas assez, je le vois dans les traits du Mestre.
Lorsque l’on vint taper à la porte, pour signaler une nouvelle arrivée, Dame Arianne passa celle-ci et je déglutis. Je me lève, mains entrelacées, tête baissée et m’incline pour la saluer. La tension me crispe les membres alors que je regarde du coin de l'œil les parchemins laissés sur le bureau, ceux que je n’ai pas réussi à décrypter. Elle demande les résultats au mestre, qui lui rapporte mes savoirs et mes lacunes. J’entends au son de sa voix que ce n’est pas idéal. Vais-je être renvoyée à Lys ? Abandonnée dans les bas quartiers de Lancehélion ? Je ne veux pas finir ainsi … Alors, avant même que Dame Arianne ne digère la nouvelle, je m’arme d’un courage dont je ne me pensais plus capable, sans doute tétanisée qu’elle me délaisse. Je tombe à genoux, m’incline en avant et plaque mon front au sol :
- P-Pardonnez mon échec ma Dame … Je me redresse afin de capter son regard, faisant de mon mieux pour ne pas laisser les larmes glisser de mes yeux humides et reprends d’une voix émotive. Je n’ai que des connaissances rudimentaires de votre langue. Je ne l’ai appris qu’à travers les différents marchands que j’ai rencontrés aux côtés de mes anciens maîtres.
Je pivote à nouveau mes prunelles vers le sol, ayant peur de voir ce qu’elle pouvait bien penser de moi. Je déglutis et continu sur ma lancée, je veux tenter ma chance jusqu’au bout, croire en la bonté de cette femme.
- Mais je comprends et j’apprends vite, je sais être une élève assidue et sérieuse. J’ai appris bon nombre de choses et de langues au cours de ma vie, je vous jure que je ne serais pas un fardeau.
Ajoutais-je d’une voix basse mais se voulant convaincante. Cela fait bien longtemps que je ne me suis pas montrée audacieuse ainsi, témoignant de ce que je veux. Mais cette femme m’a redonné cette envie, celle de se battre pour ce que l’on veut être, de ne plus devoir subir sa vie, de récupérer un tant soit peu de contrôle.
- Je vous prouverais que je mérite votre bonté et votre confiance. Vous m’avez apporté la sécurité, une perspective d’avenir et … l’espoir. Je souhaite vous servir, laissez moi le faire, même si ça prend un peu de temps … Les larmes finissent par couler sur mes joues, et je me penche à nouveau en avant, collant mon front et mes mains sur le sol, l’implorant de tout mon cœur, la voix tremblante : Je vous en prie, ne me laissez pas tomber.
Fleurissement du LotusComme la fleur de lotus qui naît de la boue, nous devons honorer les parties les plus sombres de nous-mêmes et les expériences les plus douloureuses de notre vie. Car ce sont elles qui nous permettent de donner naissance à notre plus belle personne.
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Sujet: Re: [FB] Don't Let Me Down ft. Arianne Martell Lun 19 Fév - 23:26
Don't Let Me Down
Arianne Martell & Lin « LANCEHELION, AN 1 MOIS 2»
Sept mois ont adouci les premiers griefs et colères de ma fratrie mais certaines tensions persistent.
Roward accepte de m’adresser la parole, s’aventurant même à me taquiner et à m’amuser. J’ai retrouvé mon petit frère aussi taquin que protecteur, m’assurant que tôt ou tard, Anders et Deria céderont à leur tour et cesseront cette guerre froide intestine. Malheureusement, il est bien loin de comprendre le véritable malaise entre Anders et moi. Je me souviens encore de cette nuit, de ses attentes, de ses aveux, de ses hésitations et démons. Il est difficile de renouer un lien lorsque ledit lien n’a jamais été véritablement honnête. Si j’ai espoir de rétablir une entente ou un lien nouveau avec ces frères, l’affaire est autre avec Deria. Elle est campée sur ses positions. Elle refuse de m’accorder une once de compassion et d’empathie. Les piques et les accusations volent à foison. J’ai à accuser coup et à souffrir, en silence.
J’aimerai tant avouer tout. Est-ce qu’ils cesseront de m’accuser d’un amour interdit, si je leur annonce que j’ai payé dans le sang et la souffrance le prix de cette trahison ? Est-ce qu’ils seront plus compréhensibles, si je leur dévoile que j’ai bu du thé de lune pour tuer un possible enfant à naître ? Est-ce qu’ils seront plus tendres, lorsqu’ils comprendront que j’ai sacrifié mon futur et mes rêves pour eux et uniquement eux ?
Mine sombre, épaules abattues, pas lourd, je me traine dans les couloirs du Vieux Palais. J’arrive devant la porte de mes appartements mais n’ose pas y pénétrer. Je suis figée devant ces battants, le regard perdu dans les motifs incrustés dans le bois. Baldyr aux talons, il me fixe avec autant de curiosité que d’inquiétudes.
Je ne peux pas être seule. J’ai besoin de compagnie. Or, je suis indécise à la nature de cette dernière. Je ne veux pas ces discussions trop insouciantes ou de ces questions trop indiscrètes des dames de compagnie. Je ne suis pas apte à supporter les réflexions très philosophiques et profondes des penseurs, d’érudits et autres. Là, dans ce marasme d’idées noires, j’entrevois une petite lueur. La beauté de Yi-Ti me revient en mémoire. Je tourne aussitôt les talons et me renseigne sur l’emplacement actuel de cette dernière. On m’indique qu’elle reçoit sa leçon du jour, du mestre attribué à son éducation. Je me dirige aussitôt vers la salle d’étude et interromps la leçon.
Par politesse, je m’informe de l’état de santé du mestre, je m’instruis de l’avancement de la jeune élève et du programme suivi et me prépare à l’arracher des griffes de ce grand homme. Autant dire, la surprise est de taille, tant pour lui que pour moi, lorsque ladite interruption vient tout bonnement de la demoiselle ! Je me rends compte qu’elle s’adonne, encore, à cet étrange rite : genoux et front au sol, main devant elle, dos bien rond.
Elle ne se relève que pour parler. Tout ce que j’entends est une jeune femme volontaire et plein de promesses, mais apeurée et obnubilée par une idée d’abandon. Ses paroles sont un écho à celles dites lors de son arrivée. Alors, je m’interroge. Si elle n’avance pas aussi vite que le mestre souhaite, est-ce dû à cette peur constante qui la ronge, l’anime et l’angoisse ? Il est bien connu qu’un esprit préoccupé est un esprit peu disponible à de nouveaux apprentissages.
- Très cher mestre, je souhaite passer du temps avec Dame Lin. Mes obligations m’ont empêché de l’introduire convenablement aux gens du Palais. J’ai à y remédier assez vite. Je vous serais reconnaissante, si vous cédez à cette demande.
Perturbé par l’action de Lin et un peu gauche vis-à-vis de l’attitude à adopter, il cède avec grand plaisir sa place et quitte cette pièce aussi vite que ses petits pieds lui permettent. J’attends que la porte claque pour exécuter mon projet. Tranquillement, je me mets plus ou moins dans la même position que la demoiselle, soit assise sur mes genoux, mains posées sur les cuisses.
- Ces dalles sont bien trop froides pour nos pauvres genoux, Dame Lin. Est-ce que vos demeures sont aussi glaciales et aussi rudes que les nôtres ? A moins qu’elles ne soient construites de matériaux plus tendres et douces.
J’attends qu’elle se relève pour me répondre. Là, je glisse une main dans une poche intérieure de ma robe, sors un petit mouchoir en coton doux, aspergé légèrement d’un parfum aussi délicat que discret à la rose et tapote très légèrement les joues trempées de la jeune fille.
- Avez-vous eu l’occasion de sortir, de voir la capitale et de rencontrer des gens ? Si non, je crains que cette pièce vous ait tourné la tête. Il n’est pas bon de se contenter que de travailler, étudier et dormir. C’est mauvais, très, très mauvais pour le cœur, l’âme et l’esprit.
Je me relève et l’invite à prendre ma main.
- Je serais ravie de vous aider à vous relever, Dame Lin. Mais vous êtes libres de le faire seule, si tel est votre désir.
Je lui offre ce sourire chaleureux, celui-là même que j’offre à tous ceux qui ont besoin d’une Martell aussi douce et aussi chaleureuse que l’astre solaire. J’enterre au mieux tous mes vieux démons et mes bourreaux de l’esprit. Ce n’est ni le lieu, ni le moment. L’illusion est parfaite, pour ceux qui ne me connaissent pas très bien, pour ceux qui ne se maquillent pas beaucoup. Car j’ai mis ces poudres et ces rouges pour cacher mes nuits sans sommeil ou ma fatigue accumulée ou ma petite faim qui frôle la folie.
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Arianne Martell
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Sujet: Re: [FB] Don't Let Me Down ft. Arianne Martell Jeu 29 Fév - 18:17
Don't Let Me Down
L’abandon. Je ne connais que trop bien cette source de malheur et de souffrance. Elle m’a bercé continuellement, m’offrant à chaque fois une nouvelle envie de m’abandonner à mon tour. La première fois fut par ma famille, dont j’ai attendu des années des nouvelles, entourée par des inconnues, des geishas qui m’apprenaient des choses que je n’aurais peut-être jamais pu apprendre si je n’avais pas eu à fuir le palais. Et j’ai fini par comprendre, que personne ne viendrait me chercher. La seconde fut plus brutale, esclave dévouée de Simeon, il m’a abandonné dans une maison des plaisirs, me faisant perdre mes repères, mon unique but dans ma vie, le seul que l’on m’est donné de faire ces dernières années. Puis, à Lys, j’ai finit par m’abandonner moi-même, bien plus qu’avant, sans rêves, ni espoirs, seule avec mon âme liée à mon Maître.
C’est ainsi, dans cette optique là que j’étais arrivée à la principauté, m’apprêtant à servir quelqu’un d’autre sans grande envie, acceptant la fatalité de ma condition. Et pourtant, Dame Arianne a ravivé la flamme qui me faisait vibrer, me sentant revivre à travers ses paroles compatissantes et son offre merveilleuse. Mais … Imaginer que je puisse perdre cette opportunité, celle de rêver, de ressentir, de choisir, alors qu’elle est à portée de main, me semble insurmontable. Mes nerfs, mis à rude épreuve par mon tempérament à fleur de peau, sont à deux doigts d’imploser. Quelques larmes s’écoulent, mais je tente de me montrer au dessus de cela, me concentrant sur la femme que je souhaite servir.
J’inspire profondément avant de couper ma respiration lorsque je l’entends congédier le Mestre, alors que mon corps est toujours courbé, ma tête contre le sol. M’introduire aux gens du palais ? Était-ce bon signe ? Je l’ignore. Le Palais Impérial de Jade était dangereux, terriblement dangereux, tant que je n’ai jamais pu revoir ma mère. Était-ce le cas de cet endroit ..? Dès lors que la porte claque, je me redresse lentement, pour me retrouver le dos droit, les mains ramenées sur mes genoux pliés. Je me sens incertaine alors que du coin de l’oeil je vois Dame Arianne prendre la même position que moi.
Je redresse un instant mon regard surprit vers elle avant de retourner vers le sol. Elle me parle alors du sol effectivement froid sous mes jambes. A vrai dire, avec le temps et l’habitude, on oublie vite le ressenti sous nos membres inférieurs. Mais maintenant qu’elle en parle, un léger frisson me gagne. Elle me questionne alors au sujet de nos demeures. Mon coeur se sert un instant, cela fait bien longtemps que je n’ai point mit un pied dans une demeure Yitish. Je me sens d’un coup rêveuse, mes paupières se closent un instant, comme pour me l’imaginer. Les intérieurs sont spacieux, les fenêtres ornées de mosaïques pourpres, et le sol .. sous mes pieds dépourvus de chaussures semble rebondir sous moi, me donnant un sentiment nostalgique imparable. Un mouvement venant de ma bienfaitrice me fait sortir de ma rêverie, mon coeur bat à mes tempes tandis qu’elle vient essuyer mes larmes amères avec un mouchoir dont l’odeur me rappelle celle de la rose. Un parfum que je retrouvais beaucoup à Lys. Sa douceur me touche, et sa bonté envers moi me réchauffe le cœur. Un doux sourire se dessine sur mes lèvres alors que je réponds plus sereinement :
- Les sols des maisons Yitish sont recouverts de tatamis … Je me rends compte qu’elle ne connaît peut-être pas ce que je dis … Euh … Un revêtement à base de nattes de paille superposées.. C’est à la fois doux et souple, confortable lorsqu’on utilise cette position.. Mais je me suis habituée à la rudesse de la terre ou des pierres ces dernières années..
Ajoutais-je afin qu’elle comprenne que cela n’est pas un problème pour moi. Elle me demande ensuite si j’ai pu sortir du palais, me balader en ville. Me rappelant qu’il n’est pas bon de rester concentrer plus qu’il ne faudrait. Qu’il faut savoir aérer l’esprit pour mieux cultiver sa mémoire. Je comprends tout cela, ou en tout cas, je le comprenais auparavant. Mais depuis l’esclavage, tout cela n’avait plus eu de sens pour moi. Puisqu’il n’y avait plus eu de place pour le divertissement, pour la cultivation ou pour l’apaisement. Tout n’était que travail, obéissance, anxiété et tyrannie. Alors tout ce que j’ai en tête ces derniers temps, c’est de progresser afin que mon utilité ravisse Dame Arianne, puisque je ne sais pas encore faire autrement. Je ne sais plus, me laisser aller, prendre mon temps et savourer l’instant.
- Oui, ma Dame. Assia m’a amené voir le marché il y a deux jours …
Lui répondis-je simplement, ne sachant pas quoi dire d’autres. J’avoue ne pas avoir forcément bien profité de cette sortie. J’ai été curieuse de découvrir toute une nouvelle civilisation, les produits qu’il se faisait ici, mais tout ce qui habitait mon esprit était mon apprentissage … Je la vois ensuite se relever puis me tendre la main, j’ouvre légèrement les lèvres stupéfaites et reste fixée sur cette main alors qu’elle me propose son aide. Mon regard pivote sur son visage, attiré par ses lèvres formant un sourire m’enveloppant de sa chaleur.
Je regarde un instant ses traits, comme hypnotisée. Je penche légèrement la tête sur le côté et remarque quelques détails, comme les cernes qu’elle cache sous son maquillage, ou ses joues légèrement creusées. Les geishas se maquillaient beaucoup, j’ai appris très tôt à devoir embellir mes traits, et à camoufler les imperfections des plus âgées sous une poudre blanche. De Pentos à Lys, je m’étais habituée à couvrir mon mal être sous cette forme de masque, qui m’aidait un tant soit peu à tenir. Ce n’était qu’une façade, un mensonge à moi-même autant qu’une distraction pour les hommes. Je me demande alors si Dame Arianne va bien. Mais je ne le lui demanderais pas, nous ne sommes pas proches, et je doute que cela soit admis que je me préoccupe de cela alors qu’elle souhaite certainement garder cela pour elle.
Je finis par attraper sa main, qui m’aide à me relever. Mes jambes tremblent sous moi, trahissant un certain émoi que je tente de réfréner. Mon corps a du mal à s’habituer aux émotions diverses que je ressens, cela à toujours été le cas. Je sais qu’il est possible de lire en moi comme dans un livre ouvert, je me sais naturellement sensible, d’autant fragilisée par ces dernières années d’horreur. Je relâche finalement sa main et lui demande d’une voix hésitante, le regard vacillant :
- Cela veut-il dire .. Que vous acceptez de me garder malgré tout ..?
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Sujet: Re: [FB] Don't Let Me Down ft. Arianne Martell Mar 26 Mar - 16:28
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Arianne Martell & Lin « LANCEHELION, AN 1 MOIS 2»
Je l’écoute avec une grande attention. Elle m’explique ce qu’est un tatami. J’essaie d’imaginer lesdites nattes de pailles au sein de nos demeures aussi froides que solides, sous nos petits pieds emmitouflés dans des chaussons, chaussures ou sandales. Plus l’imagination explore cette possibilité, plus l’esprit se prend au jeu. Le doux contact est remplacé par une paille abimée, l’odeur du foin humide pique mes narines, les murs deviennent granges et le silence est gêné par les soupires, les rires et les fausses promesses. Une légère rougeur s’empare de mes joues. Lorsque mon esprit s’égare à de vieilles conquêtes, je m’interroge sur la santé de mon esprit. Est-ce qu’il est naturel de se replonger dans de tels souvenirs, ou est-ce le signe d’un esprit dérangé, rendu malade par le vice ? Jamais je n’ai osé poser cette question à quiconque, pas même à ma tendre mère pour qui l’amour et ses états n’ont guère de secrets.
- Le tatami est une invention bien curieuse. Je me demande si les mestres ou les paysans pourraient y trouver un usage sur nos terres … Vous devriez en discuter avec votre Mestre, Dame Lin. L’homme est plus curieux qu’il ne laisse le paraitre, vis-à-vis de vos terres natales.
En prime, la glace sera brisée, les cœurs s’entendront et les rires pourront égayer quelques leçons ennuyeuses. J’ai toujours pris grand soin de m’entendre avec autrui, d’être une compagnie aussi agréable que délicieuse, de trouver un peu de plaisir et de joie dans chaque rencontre. Evidemment, il y a des espèces dangereuses, tenant plus du monstre que de l’homme ou de la femme. La tache est plus rude avec eux, m’amenant souvent à m’humilier, à m’égarer ou à me déshonorer. Là, à nouveau, des souvenirs bien moins agréables s’emparent de mon esprit, m’arrachant qu’un soupir discret, plein de lassitude.
La demoiselle accepte mon aide. Je constate qu’elle est vraiment fluette. Je pourrais la faire virevolter et mes frères pourraient la faire voler. Evidemment, je n’en pipe pas un mot pour ce dernier point. Ce n’est pas très décent, au vu de notre relation actuelle et, surtout, je ne veux pas ternir – ou dorer – bêtement la réputation de mes frères. Qu’ils la rencontrent, qu’ils se présentent tels qu’ils sont.
- Vous êtes si légère ! Il doit être si aisé de danser avec un tel corps !
Elle n’est pas gênée par des formes pleines. Je me demande si c’est lié à son peuple, à son alimentation, à son expérience vécue. Je pourrais m’affamer, que je n’aurais jamais une telle silhouette. La ou la demoiselle peut faire des sauts et pirouettes avec aisance et retomber sur ses pieds sans grand bruit, j’ai des allures de phacochères en comparaison. Enfin, puis-je vraiment me plaindre des dites formes ? Elles sont mes seules armes, à ce jour, contre ce monde.
A nouveau, la petite créature me surprend. Je comprends qu’il ne sert à rien de lui asséner qu’elle est une employée, qu’elle est libre de partir ou de rester – ou inversement, que je peux la congédier si le travail est mal fait. Je dois être un brin plus subtil. Je ne peux pas lui offrir le discours d’un esclavagiste ou une maitresse d’un bordel. Ce n’est ni mon rôle, ni mon intention. Je ne peux pas non plus répéter ce discours qui refuse de faire son nid dans son esprit bien hermétique.
- Que voulez-vous dire par malgré tout ? Je me suis engagée à vous offrir une bonne éducation, de nos us et coutumes et, surtout, de notre langue avant de vous inclure dans les négociations avec vos terres natales. Votre réussite ne dépend pas de vos leçons avec le mestre, mais de votre capacité à me soutenir dans ces négociations et à obtenir le commerce que je souhaite.
Elle a besoin d’un cadre, je lui offre : les négociations à venir. Elle a besoin d’un objectif, je lui donne : la réussite.
- La distance est bien trop grande entre la Principauté et Yi-Ti, il faut attendre de longues semaines avant d’obtenir quoi que ce soit …
J’enroule mon bras autour de la sienne et l’invite doucement à me suivre.
- Parlez-moi des jeux et des occupations des gens de Yi-Ti, lorsqu’ils ont terminé leur journée de travail. Et je vous parlerai de ceux des Dorniens.
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Arianne Martell
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Sujet: Re: [FB] Don't Let Me Down ft. Arianne Martell Jeu 25 Avr - 15:29
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Dame Arianne semble réellement intéressée par ce que je lui raconte. Je comprends tout à fait ce qu’elle ressent. Découvrir d’autres cultures ne peut qu'attiser la curiosité de chacun. Moi la première, malgré ma timidité en arrivant, je n’ai pu cacher mon attention sur tout ce qui pouvait m’entourer. La façon dont les dorniens s’habillaient m’attirait l’oeil par leurs couleurs vives, tout comme leur comportement plus ouvert que ce que j’ai déjà pu voir. La chaleur qu’ils dégageaient me réchauffait de l’intérieur, chose qui m’avait déstabilisé et qui le fait toujours autant. J’ai pu rencontrer beaucoup de monde dans ma vie, notamment à cause de mes déplacements forcés … Les habitants de mes terres natales sont plus réservés, moins expressifs. Tandis que ceux de Lys et de Pentos sont plus brutaux, dominants et effrayants. En si peu de temps, cet endroit me fait sentir comme je ne m’étais jamais senti auparavant, plus sereine, avec une vision vers l’avenir. Pourtant, c’est ce qui m’effraie le plus. Comme si tout cela, n’était qu’un faux espoir. Comme si tout pouvait m’être retiré du jour au lendemain. Pour ne me laisser qu’une âme à nouveau souillée, détruite.
Arianne me propose finalement de discuter des tatamis avec le Mestre, mais je me demande si cela serait réellement nécessaire. Je ne pense à vrai dire pas que ce genre d’invention fonctionnerait par ici. Le climat entre Dorne et Yi-Ti est totalement différent. J’ai entendu dire que le climat ici était chaud et sec, et que l'eau ne courrait pas en abondance. Or, les tatamis ont besoin d’humidité pour être suffisamment conservés.
- Hum .. Les températures de Yi-Ti sont beaucoup plus .. clémentes qu’ici. J’ignore donc si ce serait viable, puisque cela demande de l’entretien … D’autant que la paille serait bien plus utile ailleurs .. Enfin, je crois … J’en ferais quand même part au Mestre, ma Dame, peut-être que cela pourrait donner d’autres idées ..?
Apportais-je mon avis, incertaine de mes paroles. Dame Arianne semble vouloir me libérer la parole, mais cela fait si longtemps que je n’ai pas eu mon mot à dire sur bien des choses… Que le donner ainsi me semble hors des règles, contre nature … Je relâche un doux soupir, tentant de relâcher la pression sur mes épaules. Je finis par accepter son aide, et me redresse sur mes jambes chancelantes. Je l’entends me dire que je suis légère, qu’il doit être simple de danser avec mon corps. Je souris doucement mais tristement. J’ai toujours eu un corps fin, comme la majorité des Yitish en somme. Mais je n’étais pas aussi fine avant de partir avec Simeon. La privation de nourriture, les faibles rations récoltées et ma perte d’appétit ont fait que je sois fatalement amaigrie. Cela est surtout visible au niveau de mes hanches et de mon torse, d’où les os sont visibles à travers la peau. J’ai aujourd’hui honte de mon corps, de ce que je suis devenue pendant des années, mais je dois faire avec, pour survivre. Je ne tends pas à partir vers ses premières paroles, qui me renverrait ce corps affreux .. Mais suis le cours sur la danse, un sujet plus joyeux qui m’a toujours animé.
- Je .. Je ne pense pas que la danse soit un art inné … J’ai eu de longues années d’apprentissage dans ce domaine, cela ne fut pas simple, croyez-moi …
Non, l’apprentissage ne fut pas simple, puisque la danse Yitish s’apprend dans les détails, rien ne doit être imparfait, tout doit être élégant et rigoureux, grâcieux et souple à la fois. D’autant qu’il existe un nombre incalculable de danse dans notre monde, celle que j’ai appris met en valeur certains aspects, tandis que d’autres révèleraient d’autres atouts.
Alors que je veux m’assurer de rester aux cotés de cette femme merveilleuse. Elle me rapporte alors qu’elle s’est engagée envers moi, que cela fait partie de mon éducation. Que je lui montrerais de quoi je suis capable lors des négociations. J’ignore si la pression redescend un peu ou si elle stagne toujours en moi à cet instant précis. J’ai l’impression constante de redécouvrir les ressentis de mon corps et de mon esprit. Est-ce pour cela que je me sens autant à fleur de peau ? J’ai peur de mal faire, et panique à la moindre erreur … J’apprends alors que la Principauté est à des semaines de Yi-Ti. Et .. Un instant, j’ai à nouveau peur. A-t-elle déjà pris contact avec Yi-Ti ? Si oui, avec qui ..? Un ministre Impérial ? Si c’est le cas, oserais-je échanger avec un homme aussi proche de l’Empereur ..? Et si l’on s’interrogeait sur moi ? Calmes-toi, Lin, inspire, expire. Peut-être que rien n’est fait …
- J’ai compris, excusez-moi … Commençais-je pour acquiescer ses propos, lui montrer que je suis bien ses paroles. Je reprends pour m’informer : Avez-vous déjà pris contact avec eux ..? Sinon, je pourrais vous conseiller un clan en particulier, que je sais ouvert d’esprit.
Je ne sais d’où m’est venue cette idée soudaine, mais j’ai appris au cours de mes années à l’okiya, qu’un clan de marchands Yi-Tish parcourait le monde pour échanger leurs produits avec des étrangers. Ils sont en marge de la société puisqu’ils ne sont que peu en raccord avec la manière de faire des impériaux, mais très connus des autres marchands et artisans.
Lorsque Dame Arianne enroule son bras au mien, je suis surprise à nouveau, comme lors de notre rencontre. Elle semble si enjouée que cela pousse mes lèvres à s’étirer un peu. Je suis ses pas tandis qu’elle me demande de lui parler de mes terres natales. Notamment des activités et jeux Yi-Tish.
- Oh, il y a tant à dire à ce sujet … Que pourrais-je vous raconter ..? M'enthousiasmais-je un air rêveur au visage, me rappelant certaines années dans mes terres natales. D’une voix toujours douce mais plus assurée, je me lance : Hum, je dirais que les Yitish sont très tournés vers la spiritualité et les arts. Nous sommes beaucoup portés vers la religion, nous prions régulièrement aux temples pour apporter gloire et prospérité aux nôtres, nous écrivons des sutras que l’on offre aux êtres chers. Nous méditons également, afin d’apaiser notre corps et notre esprit de nos émotions ou des mauvaises ondes. Certains complètent la maîtrise de l’esprit avec les arts martiaux, afin de contrôler totalement leur corps. Dans le même ordre, il y a une activité que l’on appelle “Cuju” qui est un jeu d’équipe où l’on doit marquer le plus de but avec une balle, mais j’ai toujours trouvé cela trop .. brutal. En comparaison, je préfère le”Go”, un jeu stratégique dont le but est de conquérir le plus d’espace possible sur un plateau. Racontais-je en marchant, mon regard fixé devant moi comme pour me transporter dans le passé. Sinon, les Yitish affectionnent particulièrement les instants simples, comme boire du thé en bonne compagnie, que ce soit en privé ou dans des salons de thé. En écoutant des histoires ou des mélodies à la cithare. J’ai grandi dans cet environnement là, aidant des artistes que l’on appelle “Geishas” à s’apprêter pour des invités, elles maîtrisent de multiples arts comme la musique, la danse et bien d’autres. Les dorniens ont-ils des loisirs qui y ressemblent ?
Dès lors que je parle de Yi-Ti, je me sens nostalgique, chaque parole que j’exprime se dessine dans mon esprit, me ramenant à cette période délicate. Pourtant, je me demande pourquoi, ce sont ces terres qui m’ont pris ma famille … Mais je n’arrive pas à haïr un soupçon de ce pays. En suis-je réellement capable au juste ? Haïr me semble si fort, mais si faible face à l’amour qui a autrefois existé. Après tout, ma mère avait appris à aimer le peuple et la culture Yitish, elle me l’avait transmis au cours de mes jeunes années. Peut-être est-ce que c’est puisque ce n’est pas dans mon caractère ? Que je ne suis point une rebelle, mais plutôt une survivante, qui se bat simplement pour exister et non faire payer ? Qui suis-je aujourd’hui ? C’est une bonne question …
Fleurissement du LotusComme la fleur de lotus qui naît de la boue, nous devons honorer les parties les plus sombres de nous-mêmes et les expériences les plus douloureuses de notre vie. Car ce sont elles qui nous permettent de donner naissance à notre plus belle personne.
Messages : 1023 Membre du mois : 99 Maison : Sert la noble maison Martell Caractère : Consciencieuse - Brisée - Serviable - Méfiante - Douce - Fragile Célébrité : Zhao Liying