Never Be Enough ft @Maryssa Kenning

ALL THE SHINE OF A THOUSAND SPOTLIGHTS, ALL THE STARS WE STEAL FROM THE NIGHT SKY WILL NEVER BE ENOUGH. Towers of gold are still too little, These hands could hold the world but it'll Never be enough.

L’annonce d’Aurel avait tôt fait de déstabiliser l’ainée des filles Kenning. D’aucuns savaient qu’Alysanne était éprise de son époux depuis sa plus tendre jeunesse. Et la perspective de le voir se joindre à un conflit — bien que le devoir ne l’y appelle — était aussi terrifiante que celle de se retrouver seule avec son affreuse belle-mère. Les nouvelles étaient alors loin d’être réjouissantes à Puysaigues. Elle avait ainsi loupé le couronnement du nouveau Roi de l’Ouest à cause d’une nouvelle fausse alerte sur son état de santé. Ce rhume ayant étiolé une nouvelle fois les liens avec sa belle-famille… Mais toujours un peu plus avec son époux. L’idée d’être une nouvelle fois mère ne pouvait qu’enchanter Alysanne. Ceryssa était le symbole parfait de sa réussite entant que mère, mais en tant qu’épouse, on lui demandait encore de faire ses preuves, de donner l’héritier tant attendu. La brune était bien sûr fortement disposée à remplir son devoir. Mais la guerre allait rendre ça encore plus complexe que cela ne l’était déjà.

Ainsi, ses lettres avaient pu être empreintes d’une mélancolie, bien laconique. Elle s’exprimait peu dans ses missives — ce qui était plus que contraire à ses habitudes ! Alysanne aimait tant écrire, elle qui vivait à l’autre bout de l’Ouest, si loin de sa famille. Elle ne doutait peut-être pas qu’elle aurait d’autres nouvelles que celles de Maryssa. Sans doute des missives pour avoir la confirmation de son état. Mais il n’en était rien. Elle n’était pas enceinte et avait encore failli à son devoir d’épouse.

Et c’est justement de ce sujet dont elle discutait avec son affreuse belle-mère dans un des couloirs du château qu’elle habitait. Si la mort du précédent protecteur de Puysaigues, son beau-père, avait été l’occasion de prendre un peu plus de place dans la vie de sa maison, Alysanne n’avait pas hésité à faire décorer le château. Mais désormais, sa patte se voyait plus ostensiblement en ces lieux. Redonnant de la chaleur face à l’étriquée famille qu’elle avait rejointe par le mariage. Voilà pourquoi, la nouvelle Lady de Puysaigues n’avait pas été prévenue de l’arrivée de sa cadette. Personne n’était assez fou pour s’interposer alors que les deux femmes se battaient avec des mots plus tranchants que la lame des épées.

Elle avait l’attitude d’une Lady, le dos droit et le menton haut, mais ses mains serrées pouvaient trahir son impatience et l’envie que cette femme s’en aille. Qu’elle aille rendre aux dieux ce qu’elle devait et voilà qu’un sujet en moins la laisserait en paix. « Il y a eu bon nombre de rhume et trop peu d’enfants dans cette maisonnée ma Bru. » Le sourire et le ton mielleux d’Alysanne sont bien à l’inverse de se réponse. « C’est fort regrettable en effet. De meilleurs résultats seront peut-être possibles… Quand avez-vous prévu de visiter votre famille Lady Dorna ? » Elle avait l’habitude de parler peu, d’être souvent douce, mais cette femme la mettait hors d’elle à chaque remarque sur le manque de fertilité de son ventre. C’est ce qu’on attendait d’elle. Ceryssa était là, ils devront s’en contenter jusqu’à ce que le miracle opère de nouveau.

« Lady Sarwyck, Alysanne. Je m’excuse de mon intrusion. Mon arrivée n’a point été annoncée. Je n’espère pas vous déranger. » Un moment de silence et de battement, simple et si délicat à la fois. La Lady des lieux peine à croire que sa sœur soit bien présente. Pire, elle croit même être encore suffisamment malade pour avoir un mirage sous les yeux, mais en se retournant, une servante dans le dos de Maryssa lui offre un regard désolé. Évidemment, une autre frasque et personne n’avait été prévenue de l’arrivée. C’est d’ailleurs la révérence de sa sœur qui l’aide à se défiger. « J’ai apporté quelques présents que je me ferais un plaisir de vous offrir. Des tissus et du vin. » Et une lumière semble illuminer le visage de la maîtresse des lieux. Pas pour les présents, parce que la seule chose qui importait, le seul présent ici, était la présence de Maryssa.

Pourquoi ? Elle l’ignorait encore, mais elle ne savait pas que sa sœur était si inquiétée à son sujet. Sa mélancolie traversait peut-être entre les lignes de ses missives, mais elle ne pouvait pas s’imaginer que cela fût tant. « Maryssa ! » Finit-elle par s’exclamer en allant à sa rencontre. Et la brune pose une main sur le bras de sa sœur pour l’assurer d’une chose. « Éloigne-toi l’idée que ta présence en ces murs puisse nous déranger. N’est-ce pas Lady Dorna ? » Interpeler la marâtre aurait le don de la mettre bien mal à l’aise. Et justement, elle fit mouche. Ladite Lady ne pipa plus un mot. « Fallon n’a pas eu le temps de me prévenir de ton arrivée, es-tu à Puysaigues depuis longtemps ? » La pauvre femme de chambre ne se ferait pas sermonner, mais quand bien même. « Quand bien même, allons-nous installer au salon et prendre une boisson chaude, ton voyage a dû t’épuiser ma sœur. »

Naturellement, sur le chemin, la doyenne eu l’art d’esquiver les retrouvailles entre les deux jeunes femmes Kenning, mais rien qui ne pouvait plus ravir Alysanne. Elle s’installa dans un des sièges après que Maryssa est pu le faire. « Comment était la route ? Quelles nouvelles m’apportes-tu de Kayce ? » Elle était souriante, vraiment heureuse de voir sa cadette. Rien n’aurait pu changer cette journée maussade en une plus belle journée que la visite d’un membre de sa famille.