COMBATTANTE
Combattante, personne très combative et/ou personne qui se bat à coups de poings ou qui prend part à un combat ou à une guerre.
« J’ai réussi à t’obtenir un billet de passage, chérie. Tu dois partir avec Arianne vers un endroit où ton avenir à la possibilité d’être meilleur. »
« Je veux pas. »
« Je sais… »
« Tu vas me manquer... »
« Tu es plus forte que cela… et je veux le meilleur pour ma petite fille. Si le meilleur, c’est que tu t’ennuies de moi, alors soit. » Perle cogne le caillou près de son pied, le plus loin possible et dans n’importe quelle direction. Elle déteste Lancehélion, elle déteste la famille royale, elle déteste sa mère, elle déteste Arianne, elle déteste tout… et tout le monde. Elle essaie de changer, de s’adapter et de faire ce qu’on attend d’elle, mais son arrivée dans ce nouvel environnement la déstabilise. Chez elle, au moins, elle ne se sentait pas si seule. Chez elle, au moins, elle pouvait avoir Arianne. Ici, tout est tellement différent, tellement contrôlé, tellement programmé.
« C’est vrai que t’es une Sand ? »
Elle grince des dents, elle ne répond pas. Elle continue d’observer les cailloux à ses pieds. La question est plus légitime que sa naissance, elle le sait. Elle attend qu’il parte, elle ne lève pas les yeux vers lui. Elle n’a pas honte. Au fond, elle ne sait même pas qui est son père et… elle n’en a rien à faire. Une mère lui a toujours suffi.
« Ne lui parle pas, elle pourrait te refiler une maladie. »
Là, elle lève la tête pour observer le plus grand des deux qui s’approche dans leur direction. En quelques secondes, elle réalise que la question du premier n’était pas une insulte, dans leur visage, elle voit la haine du plus grand, la tristesse du plus petit qui commence à s’éloigner tranquillement, en reculant. Le garçon plus âgé s’arrête assez près d’elle, il la bouscule un peu, du bout des doigts en racontant des bêtises sur sa naissance, sur sa mère, sur sa présence dans ce lieu. Elle ne devrait pas être là, c’est un fait, mais la répétition des mots, la force de leur haine frappe Perle en plein visage. Il la bouscule un peu plus à chaque fois qu’il ajoute un élément à la longue liste des choses qu’il lui reproche d’être. La colère monte, tranquillement, s’insinuant dans ses mains en premier, dans ses bras, puis dans son corps entier. Elle recule d’un pas, se penche, attrape une pierre. Elle se relève au moment où le garçon la pousse, une fois de trop. Elle lui lance la pierre avec toute sa force au niveau du ventre. Tandis qu’il se plie en deux pour gérer la douleur, elle le fauche au niveau des pieds et il se retrouve sur le dos. Perle ne perd pas de temps, elle le frappe du mieux qu’elle peut, partout.
Elle est en colère.
Elle ne voit plus réellement le monde autour d’elle, l’enfant ne sent que cette colère lourde et puissante qui lui donne un gain d’énergie supplémentaire. Elle frappe, encore et encore, jusqu’à ce que deux mains puissantes l’agrippent par la taille et la remet sur ses pieds. Elle se débat. Une puissante claque au visage la ramène à la réalité. Le jeune écuyer est toujours étendu sur le sable, la main cachant la majorité de son visage, mais Perle peut détailler avec facilité le sang rouge vif qu’il tente de cacher. Elle ne sourit pas, elle n’est pas fière, elle sait qu’elle aura des problèmes.
Face à la Princesse Meria, l’enfant garde la tête baissée et n’ose pas parler.
« Je remarque que tu as un talent particulier pour la dispute et la bataille. »
« J’ai tellement de colère. » « La colère peut être bénéfique si bien utilisée et bien travaillée. J’ai quelque chose à te proposer... »
VULGAIRE
Vulgaire, personne qui manque d’éducation, de délicatesse et qui fait preuve de grossièreté.
« Ton corps est un instrument. »
« J'sais pas l’utiliser ni le contrôler. »
« Je t’apprendrai. » Perle ouvre les yeux au moment où une main s’approche dangereusement près de son épaule, elle esquive le mouvement du chevalier et pointe une dague vers ce dernier.
« Si tu me touches, je tranche ta putain de main. »Le chevalier lève les mains dans les airs et s’éloigne, chancelant. La jeune femme secoue la tête de gauche à droite en l’observant marcher. Elle déteste se trouver sur les terrains des champs de bataille, elle se sent inutilement visible. Lorsqu’elle y est contrainte, elle ne se sent pas en sécurité, même si elle a appris à se défendre, elle a toujours l’impression que quelqu’un l’observe d’un œil.
Fréquemment, elle se faufile parmi les chevaliers et trouve un petit groupe sympathique où s’incruster n’est pas une corvée et où les commentaires sur son physique ou son sexe ne sont pas trop gênants. Perle sait répondre et elle n’a pas peur de le faire, mais elle préfère se faire discrète, surtout dans les endroits où les femmes ne sont pas amenées souvent à mettre les pieds. De temps en temps, elle entend les rumeurs sur ses passages fréquents dans la tente du prince. Elle les entend, elle ne dément pas, elle n’affirme rien. Que certains pensent que son rôle est celui de satisfaire les désirs du prince lui convient parfaitement. En toute logique, elle se présente depuis des années comme étant la servante de la famille princière et donc, servante du prince de Dorne n’est pas un rôle surprenant pour les gens plus proche de la famille Martell. Depuis la disparition d’Arianne et le décès de la moitié de la famille qu’elle sert, Perle n’a d’autres choix que de jeter un œil sur Roward – le dernier Martell –, elle accepte donc de jouer à la perfection son masque de servante à qui le veut bien, toujours dans l’objectif de bien camoufler son rôle d’assassin. Pour l’instant, elle reste sage et calme, se pliant aux volontés du prince de Dorne, mais une seule idée lui reste en tête : retrouver Arianne. Les conversations ces derniers temps tournent toutes autour des mêmes sujets : la reddition de Roward, l’association avec l’Empire, la chute de Dorne et, plus récemment, la mort du dragon Valtigar : regain d’énergie et d’optimisme à ce propos. Elle aimerait bien – pour une fois – qu’on parle un peu de la Martell, elle pourrait enfin arrêter ses recherches.
« Tu l’as bien rembarré. »
« Merci. »Assise à même le sol, Perle attend, le regard plongé dans les flammes. Elles dansent devant elle en formant des silhouettes, des objets, des ondulations qu’elle ne s’attarde pas à analyser. Elle écoute brièvement les conversations des hommes autour d’elle, elle n’est pas d’humeur aujourd’hui. Normalement, elle aurait discuté, elle aurait ri, elle aurait utilisé ses charmes pour qu’ils la trouvent intéressante, mais pas trop, juste assez. Trop d’attention, c’est mauvais, elle le sait. Normalement, elle aurait été d’humeur sympathique, se serait amusé à leurs blagues, elle aurait pu plaisanter avec eux, mais pas aujourd’hui. D’humeur massacrante, elle se renferme sur elle-même, se rongeant les sangs à propos d’Arianne.
Disparue… Morte… Stupide… Idiote… Naïve…
Elle lâche un profond soupir et attrape son gobelet. Elle y trempe les lèvres et le liquide tiède ne l’hydrate pas plus qu’il ne faut. Elle se lève, silencieuse, puis s’en va. Elle est comme ça, Perle, elle disparaît, on la perd, puis elle finit par réapparaître avec des informations ou des discussions privées qui ont été écoutées, le regard plus ou moins vide.
IRRÉVÉRENCIEUSE
Irrévérencieuse, personne qui faire preuve d’irrévérence, qui manque de respect.
« Tu dois avoir du respect envers tes maîtres. Ils t’ont montré la voie que tu suis. »
« Je n’ai pas à avoir de respect pour personne excepté moi-même. »
« Tu leur dois la personne que tu es. »
« C’est à cause d’eux, et non grâce à eux. »
« Tu serais une courtisane, bas de gamme, si ça n’était pas d’eux. Tu serais paumée. Ta vie n’aurait aucun sens, aucun but. Tu leur dois tout. »
« Ok. »Perle marche, en rond, parce qu’elle n’arrive pas à fixer sa pensée. Elle fume. Son corps est en ébullition, ses enseignements vont se faire foutre et elle n’a qu’une seule envie : hurler. Lorsqu’il entre dans son champ de vision, elle arrête sa marche colérique et se braque. Son corps se redresse, ses poumons s’emplissent d’air et avant même qu’un seul mot franchisse ses lèvres, elle se souvient des enseignements, des sévices, puis elle ravale son air. Elle respire en silence, calmant la furie de son sang, calmant les battements de son cœur. Elle articule, mot à mot, en tâchant de contrôler l’intonation de sa voix.
« As-tu… perdu la tête ? »Roward ne répond pas immédiatement, Perle serre les poings. Une inspiration. Une expiration. Elle a envie de lui sauter à la gorge, mais ses pieds restent ancrés profondément dans le sol. Elle ne peut pas le faire, elle ne doit pas le faire, elle est à son service, elle n’a pas le droit de décider. Elle répète ses enseignements en silence, dans sa tête, puis lève à nouveau les yeux sur le Prince qui se dresse en face d’elle. Il a l’air épuisé, mort un peu.
« Tu t’es allié avec Allyrion. Tu lui as donné le trône de ta famille. C’est le sang de Deria… c’est le sang d’Anders sur cette couronne. Putain ! » Elle regrette d’avoir élevé la voix. Une inspiration. Une expiration.
« Tu es le Prince de Dorne. Je me fiche de ce que l’Empire ose en dire. Tu l’es et tu le resteras à mes yeux, à ceux d’autres aussi. J’espère que tu as un plan pour te sortir de là, parce que votre famille a déjà bien trop perdu pour laisser tomber et attendre le baiser de la mort. Tu es l’un des derniers. Tu es un Martell, Roward, bats-toi dans ce sens. Je vais retrouver Arianne, morte ou vive. Et… Et vous allez tout arranger. Rien n'est perdu. »Elle ne peut pas accepter que l’histoire des Martell se termine comme cela, elle ne peut pas. Peu importe ce qu’il peut dire, peu importe ce qu’il peut faire. Perle retrouvera la Princesse de Dorne et s’il faut, ce sera elle qui soulèvera Dorne, mais la dornienne n’a pas l’intention de laisser tomber. Sinon… Cela voudrait dire qu’elle aura enduré tout ce qu’elle a enduré pour rien. Et il en est hors de question.
DÉTERMINÉE
Déterminée, personne qui sait prendre des résolutions ou des décisions.
« Tu dois apprendre à te contrôler dans toutes les situations. »
« Et si je n’y arrive pas ? »
« Tu mourras. »Perle panique. La pièce de tissus qu’ils ont posés sur sa tête l’empêche de voir où ils l’amènent. Elle se débat, elle ne veut pas mourir. Les hommes, qu’elle suppose à cause de leur force brute, la tirent et même si elle laisse trainer son poids le plus possible pour les empêcher, ils y arrivent. Elle essaie de secouer sa tête pour dégager le sac en tissus de sa tête, mais il est attaché à l’arrière et il ne bouge pas d’un pouce. Ils s’arrêtent de bouger et Perle perçoit des bruits qu’elle ne reconnait pas immédiatement, des cliquetis intrigants. Elle arrête tout mouvement, ils la tiennent toujours d’une poigne de fer, elle ne peut pas fuir. Lorsqu’elle est poussée vers l’arrière, Perle se prend les pieds et atterrit assise sur une grande chaise de bois. Elle ne reprend pas ses esprits assez vite pour empêcher ses tortionnaires de l’attacher avec des sangles en cuir. Son cœur palpite. Par-dessus tous les mouvements environnants, ce sont ces battements de cœur qu’elle entend le plus fort, elle sent son corps dans sa tête. Elle panique. Elle tente d’inspirer et d’expirer calmement, mais elle n’y arrive pas du premier coup.
Malgré tous les entrainements, malgré toutes les situations difficiles et dangereuses, elle ne reprend le dessus que lorsque le voile qui l’empêche de voir se lève. Face à son maître, elle fronce les sourcils. La panique se transforme en colère, d’un coup. Son visage se tord, sur son visage à lui, un sourire s’étire. Il est satisfait, elle regrette de s’être tant emportée. Elle aurait dû faire semblant. Elle n’aime pas le plaisir qu’elle peut lire dans les yeux du mentor.
« Vous n’êtes qu’un… »Il plaque un doigt sur ses lèvres, l’empêchant de terminer sa phrase. Elle se débat légèrement, secouant plus son corps qu’autre chose. Elle ne veut plus être touchée, elle déteste cela.
« Tu n’auras pas plusieurs chances de te sortir de là, alors écoute bien ce que je vais te dire. Dans tous les cas, que tu réussisses ou échoue cette épreuve, je ne serai plus ton mentor. Tu ressortiras d’ici en femme inattaquable ou en femme morte, c’est ta décision. »
« Comment ça pourrait être ma décision alors que je suis attachée ? » Dans sa voix, la colère persiste et arrache un ultime sourire à l’homme qui se tient maintenant à moins d’un mètre d’elle.
« Je t’ai appris tout ce que je sais. À toi maintenant d’en faire usage. »
Il se tourne dos à elle et dépose des récipients sur une table à proximité. Il les met en évidence et elle ne voit toujours pas ce qu’elle doit faire, elle ne comprend pas. Perle observe tout, sans comprendre. Son instructeur se tourne lentement vers elle, toujours avec ce sourire qui la rend agressive. Il l’énerve. Il s’approche, lui ouvre grand la bouche et porte un gobelet à ses lèvres. Il la force à avaler le liquide, puis dépose le gobelet près des trois autres récipients. Perle tousse et secoue la tête. Le goût de cette mixture était horrible.
« Tu n’as que quelques heures avant que ce poison ne te tue. »
Perle s’affole, silencieusement. Elle sait qu’il ne blague pas. Elle a envie de lui hurler dessus, mais elle sait qu’il ne changera rien à ce qu’il a prévu pour autant, alors elle attend en silence, sentant son corps devenir chaud, humide, étrange.
« Dans ces trois récipients, tu as deux poisons et un antidote à ce que tu as bu. Si tu les bois tous, tu meurs. Si tu bois le mauvais, tu meurs. Si tu bois le bon, tu survis. »
« D’accord. »Son mentor commence à s’éloigner pour sortir de la pièce, mais Perle s’agite nerveusement.
« Attendez ! Comment suis-je censée boire alors que vous m'avez attachée ici ? »« Débrouille-toi. »
L’homme quitte la pièce.
« Tu n’es qu’une infâme… Argh... Merde ! » Perle se débat comme un diable pendant quelques minutes, ses muscles sont chauds, tendus. Elle a beau tirer autant qu’elle veut sur les sangles de ses poignets, elle n’arrive pas à y glisser sa main. Ses jambes sont moins bien attachées, elle est capable de sentir le lousse qu’elle a créé à force de gigoter.
Au bout de ce qui semble être une heure, ses deux pieds sont libres, mais ses bras refusent de s’extirper de l’étreinte douloureuse du cuir. Sa peau est grugée par le matériel et son sang coule sur la chaise et sur le sol. La jeune femme est assise, les yeux fermés, elle attend. Elle a appris tellement de choses. Elle doit simplement trouver l’enseignement qui va avec l’épreuve. Ça ne devrait pas être si difficile.
« Je ne veux pas mourir. » Elle ouvre doucement les yeux, la douleur de ses poignets est intense, mais pas assez pour lui faire tourner l’œil. Les récipients ne sont pas si loin d’elle, mais elle ne pourra rien attraper avec ses pieds. Un sourire s’étire sur ses lèvres, la tête commence à lui tourner et son estomac se tord. Elle pousse son corps vers l’avant, la lourde chaise grince, mais suis le mouvement. Perle roule les yeux vers le ciel et se maudit silencieusement. Elle se penche de nouveau vers l’avant, appuyée sur ses deux pieds libres, elle avance avec cette drôle de position jusqu’à la table. Elle plonge la tête dans l’un de récipient, sens le contenu, analyse avec rapidité. Elle sent que ses membres s’ankylosent. Elle vérifie le contenu des trois contenants : poison, inconnu, inconnu. Elle pousse le poison avec son nez plus loin, puis recommence le manège. Lorsque la tête commence à lui tourner, Perle avale l’un des liquides. Son corps est pesant, elle n’a plus la force de se tenir sur ses jambes. En tombant au sol, elle entend la chaise craquer et se maudit de ne pas y avoir pensé plus tôt.
Ce n’est que quelques jours plus tard que Perle accomplit sa première réelle mission en tant qu’assassine secrète de la maison Martell. Son entraînement était enfin terminé, accompli.
RANCUNIÈRE
Rancunière, personne qui n’oublie pas les offenses ou les injustices subies.
« Cette rancœur que tu accumules est une arme. Il te faut l’utiliser dans tes moments de faiblesse. »
« Je ne suis pas faible. »
« Nous sommes tous, un jour ou l’autre, affaiblis. Mais toi, dans ces moments, tu utiliseras ta rage, ta rancœur et cette flamme pour te relever et continuer d’avancer. Tu le leur dois. » Perle profite de son départ pour envoyer une dernière lettre à sa mère, elle sait qu’elle n’aura probablement pas la chance de le refaire avant un moment. Cette femme est le dernier lien qu’il lui reste d’une enfance étrange, mais agréable tout de même. Elle écrit, même si les mots sont mal choisis, même si l’écriture est pratiquement illisible, même si la colère lui fait déformer certaines lettres. Elle sait que sa mère saura comprendre et déchiffrer ce texte écrit au coin d’une table.
« Maman,
Normalement, je t’écris de belles lettres pour te dire que tout va bien, mais aujourd’hui, rien ne va plus. La Princesse Deria a été tuée, ainsi que son frère Anders. Je n’oublierai jamais cette offense et ceux qui ont trahi la confiance de la Princesse paieront tôt ou tard les torts qu’ils ont infligés aux Martell. Pour une fois, je n’ai pas à mener d’enquête pour trouver les coupables, ils sont sous mes yeux et c’est encore plus difficile de résister à la tentation. Je sais ce que tu penses de tout cela, alors je vais taire les sévices que je voudrais leur faire subir. C’est pour cette raison que j’ai décidé d’aller rejoindre Roward. Je dois partir avant de commettre des actes que je pourrais regretter. C’est le seul Martell dont le connaisse la position et même si ce chemin me guide à travers des paysages de guerre, je dois y aller. Tu ne seras pas d’accord, mais heureusement pour moi, lorsque tu recevras cette lettre, je serai déjà en route et tu ne pourras rien dire pour me convaincre. Ne t’inquiète pas pour Arianne, je finirai bien par la retrouver. Je ferai la route entre Lancehélion et La Grâcedieux, souhaite-moi bonne chance. Et, oui, je sais que c’est dangereux, que je suis une femme et toutes les autres mises en garde que tu m’aurais faites si tu avais été là.
Je te donnerai des nouvelles dès que j’en aurai l’occasion.
Je t’aime.
Perle. »
SECRÈTE
Secrète, personne qui n’est connue que de fort peu de gens, dont on dérobe la connaissance aux autres, qui sait garder les informations.
« Personne ne doit savoir ce que tu es, sinon tu perds toute crédibilité. »
« Pourquoi ? »
« Ils ne se méfieront pas d’une femme, peu importe la dureté de son regard. Ils ne verront que ta beauté, ton sourire, tes petites mains fragiles. Ils ne verront pas le couteau planté dans leur dos. Le secret est la base du rôle que tu possèdes. »Assise dans l’obscurité, Perle attend. Malgré tout le mal que l’on peut dire de la dornienne, on ne pourra jamais dire d’elle qu’elle ne sait pas être patiente. Dans ses mains, elle triture le tissu de ses vêtements en écoutant attentivement les bruits : les pas sont coordonnés, ils passent devant la pièce qu’elle occupe et dès qu’ils ont tourné le couloir, elle se lève. Silencieusement, elle ouvre la porte et jette un coup d’œil à l’extérieur : personne en vue. Elle sort, pieds nus, et arpente les divers couloirs de la demeure qu’elle commence à connaître sur le bout des doigts. Elle s’aventure un peu plus loin, chaque jour, chaque nuit, chaque microseconde dont elle dispose dans une journée. Elle trace des lignes, écrit des heures, note les durées de ses déplacements. La dornienne sait garder les informations, les mémoriser jusqu’au moment où elles lui seront utiles et c’est ce talent qu’elle met en pratique depuis les derniers mois.
Lorsqu’elle entend des bruits, Perle s’immobilise en silence et écoute les conversations chuchotées, les dialogues hurlés, mais aussi les mouvements des gens et leur immobilité. S’ils ne bougent pas, c’est qu’ils dorment ou qu’ils écoutent, comme elle.
Au bout de quelques heures, elle retourne à l’endroit qui lui est dédié et se glisse dans la pièce. Elle s’adosse à la porte et soupir légèrement. Tôt ou tard, elles réussiront à s’enfuir de cet endroit maudit, elles retrouveront une certaine liberté de mouvement et elles pourront enfin savoir ce qu’il se passe avec Dorne, avec Deria, Anders et Roward. Elle le sait. Elle accompagne Arianne dans sa capture, mais il est hors de question que la Martell soit prise dans ces conditions.
Perle sort le bout de parchemin qu’elle a réussi à voler et transcrit ses nouvelles informations. Elle pourra finalement transmettre le tout à Arianne dès qu’elles se verront le lendemain. Elle commence à connaître les sorties, les couloirs, les endroits gardés, mais surtout : le bon moment pour fuir. Elles ont toutes les deux la tête dure, elles y arriveront forcément.
VIOLENTE
Violente, personne qui est enclin à user avec brutalité de sa force physique, qui est très emportée et susceptible d’utiliser des armes.
« Ton enseignement est bientôt terminée, Perle. Tu dois comprendre que tu es une arme maintenant, une arme aux mains de quelqu’un d’autre. »
« Je sais. »
« Cela veut aussi dire que tes désirs personnels ne doivent pas passer avant ceux des gens que tu sers. »
« Mes désirs personnels n’existent pas. »
« Parfait. »Perle avance, à travers Dorne, avec incertitudes. Elle n’a pas peur, mais elle sait que les dangers sont partout, elle connait les hommes et leurs manières. En marchant, elle réfléchit. Elle pense à la longue route qui l’attend et combien il lui aurait été beaucoup plus simple de ne pas avoir à la traverser seule. Elle pense à Arianne, à ce qu’elle devient, à où elle peut bien être et rien ne lui vient. Elle a beau réfléchir à tout ce qu’il s’est passé dans les dernières semaines, elle ne se souvient de rien quant au départ de la Martell. Elle espère seulement qu’elle s’est mise en sécurité, bien qu’elle soit capable de l’imaginer dans d’encore plus grands dangers que ceux qui la guettent à l’instant même, alors qu’elle marche seule, femme, au milieu des terres de Dorne. Bien sûr que c’est idiot et dangereux, mais parfois, il faut ce qu’il faut. De la famille royale, il ne reste que Roward et Arianne. Elle se sent poussée par une énergie puissante : elle doit retrouver le Prince, l’appuyer, lui transmettre les nouvelles, s’il n’est pas déjà au courant. Elle a besoin de se mettre à son service pour expier, pour prouver qu’elle n’a pas été formée en vain. C’est surtout cela. Elle pourrait juste disparaître, ne plus se mettre en danger pour les Princes et Princesses de la famille Martell, mais ça voudrait dire qu’elle aurait échoué… d’autant plus que le sentiment d’échec est déjà gravé dans sa tête alors qu’elle avance difficilement vers Roward. Elle aurait pu être au bon endroit, au bon moment. Elle aurait peut-être pu faire quelque chose pour Deria et Anders. Ou pas. Elle aurait aussi pu mourir dans les flammes, comme tant d’autres.
« Non ! J’ai fait ce que j’avais à faire et personne ne peut me le reprocher. » Perle secoue la tête, se reconcentre sur la route en essayant d’arrêter de réfléchir. C’est le malheur des voyageurs seuls : ils sont seuls avec leurs pensées et elles n’arrêtent jamais de les hanter. La femme se remémore silencieusement les moments avant la mort de la Princesse, cette mission secrète dont elle devait être le principal pion, cette mission qu’elle a réussie, mais dont elle n’aura jamais les honneurs pour l’avoir effectuée. Cette mission vaine, qui n’aura servi qu’à lui épargner la vie, finalement. Elle n’a jamais été formée pour être garde du corps, elle sait se défendre, mais elle n’a pas ce qu’il faut pour garder le corps de quelqu’un d’autre. Elle a obéi aux ordres.
« Hé. »
Perle se braque légèrement, mais elle continue d’avancer comme si elle n’avait pas entendu cette voix grave. Elle ne voit pas encore l’homme a qui elle appartient, mais elle sent son regard se pose sur elle. Lorsqu’il émerge devant ses yeux, Perle arrête d’avancer. Elle l’observe, laissant son regard glissé sur lui, analysant l’homme autant que l’attitude.
« J’ai encore beaucoup de chemin à faire, si vous voulez bien… »Elle le contourne en quelques enjambées rapides, mais il plaque une main puissante contre son épaule au moment où elle passe à côté de lui.
« Ne pars pas si vite, on n’a même pas eu le temps de discuter. »
Perle ne bouge pas, elle sent les doigts rugueux sur sa peau, ils glissent sur sa gorge, elle sent le plaisir qu’il y met. Elle regarde autour d’elle, il n’y a personne et la civilisation la plus proche n’est pas si près que cela. Il sent prendre cette analyse comme une demande d’aide.
« Il n’y a personne dans les environs. Je voyage, moi aussi, nous devrions voyager ensemble. Vers où pars-tu ? »
Un sourire léger se dessine sur ses lèvres, elle adoucit les traits de son visage et tourne des yeux doux vers l’homme qui lui touche toujours la peau, maintenant plutôt au niveau de la nuque. Il se détend, presque instantanément, elle le voit dans le mouvement de ses épaules. Il pense qu’il a gagné. Elle lui enfonce son coudre au niveau des côtes, il se pousse sur le côté en grommelant des propos injurieux.
« Je n’aime pas que l’on me touche sans mon autorisation. »« Je vais t’en faire voir une autorisation… »
L’homme s’élance vers elle, les deux bras devant, prêts à l’attraper. Elle évite ses bras musclés, lui enfonce son pied dans les genoux et il tombe à plat ventre. Perle se jette sur lui, assise dans son dos, elle plaque un couteau contre la gorge de l’homme.
« J’imagine que tu n’as pas compris ce que j’ai dit. »- Passage pouvant être sensible : il est question de sang/mort :
Il se débat et réussit à se mettre sur le dos, à l’attraper par les bras. Elle perd l’avantage. Elle dégage un de ses bras, mais il l’attrape à nouveau et avec une force qu’elle n’avait pas prévue, inverse la situation. Elle se retrouve sur le dos, pas tout à fait près de la route, un homme à califourchon sur elle. De plus, l’homme en question n’a pas l’air très content. Enfin, maintenant qu’il se trouve là-haut, il l’est un peu plus, elle doit l’avouer. Ses mains qui farfouillent son corps, glissent sur sa peau, la dégoute. Elle grogne de dégoût, glisse lentement la main vers l’arme qu’elle porte à la ceinture. Trop occupé à saliver sur sa proie, l’homme ne prend pas en compte qu’elle tentera de se défendre à nouveau. Lorsqu’il le réalise, la dague de Perle est enfoncée dans sa gorge et son sang coule allègrement. La dornienne se dégage difficilement du corps à l’agonie, mais elle y arrive tout de même. Elle soupire, secoue la tête, reprend la dague – ce qui fait couler le sang encore plus – et essuie cette dernière sur les vêtements de son agresseur. Lorsqu’elle regarde ses propres vêtements, ils ne sont plus propres, quelques éclaboussures de sangs paraissent se fondre au tissu, elle devra le nettoyer plus tard. Elle se lève avec rapidité, replace ses vêtements, son bagage et reprend la route, abandonnant l’homme agonisant derrière elle.