La Reine de l’Orage s’était rendue. Elle avait capitulé, suite à la bataille avortée de Wensington. Son Roi et consort était capturé, comme l’essentiel de la noblesse de l’Orage, et la quasi-totalité de leurs meilleures troupes restantes. Le désastre consommé, Lord Stackhouse, qui avait empêché plusieurs armées de renforts de se rejoindre et de former une masse suffisante pour percer au secours de la Reine, avait repris ses troupes dispersées dans et autour les places fortes du cœur du pays ennemi, pour marcher tout droit sur la capitale. Celle-ci, déjà réduite par les efforts de navires bieffois par dizaines depuis des mois, était déjà en bien mauvaise posture et accusait le coup du blocus. Ce fut pire encore pour les défenseurs qui constatèrent bientôt l’arrivée de milliers d’hommes, repoussant les cavaliers légers postés en patrouille dans le secteur. Ceux-ci ne purent que revenir la queue entre les jambes, apportant des nouvelles toujours plus désastreuses aux troupes gardant encore la ville. Lord Stackhouse en personne, surnommé le Renard du Bief depuis plus d’un an et son expédition dans le sud du pays, planifiait la mise en coupe réglée de la cité. Et les voiles voguant au large étaient toujours frappées d’emblèmes ennemis, toujours aucun signe des renforts de l’Empire…


La cité savait déjà qu’il n’y avait aucun secours à obtenir du sud, car les masses de l’Orage et de l’Empire avaient été défaites, isolées et détruites, battues en règle. Désormais, la garnison ne pouvait plus compter que sur elle-même, au moins à court terme…


Mais à quoi bon, au final ? La Reine, s’il était vrai qu’elle avait déposé les armes avec son consort et que le corps principal du pays était détruit, alors quel espoir restait-il ? Lord Connington restait l’héritier présomptif, déclaré par Argella Durrandon en personne, si elle devait être prise ou mourir sans héritiers. Ses hommes voulurent le couronner Roi dans la folie, mais les troupes Durrandon tenant la ville appelèrent à ne surtout pas se précipiter. Connington, depuis longtemps féal de sa souveraine qu’il aimait comme beaucoup des soldats de l’Orage, ne se sentait pas le déshonneur de prendre une couronne dont il ne savait même pas si elle était clairement vacante. Les troupes d’autres maisonnées, elles, menacèrent purement et simplement de plier bagage. S’il n’y avait plus d’armée principale, alors le Bief était libre de venir saccager leur domaine d’origine… Quant aux mercenaires, sans gouvernants affirmés, ils ne pourraient espérer être payés et à quoi bon mourir au fond, pour une guerre qui semblait désormais perdue…


Les tensions allèrent croissantes, et si tout fut calme le premier soir, au second des bagarres éclatèrent, et Lord Connington comme le chef des mercenaires, Drazenko Vhassar, ne ramenèrent le calme qu’à grand-peine.


La plus grande cité de l’Orage était sur le point de basculer dans le chaos, le moral de ses défenseurs et de sa population ne tenant qu’à un fil…