Sujet: Tour 10 – La Harde meurt de Faim - Année 2 - Mois 5 - Semaine 4 Sam 1 Avr - 13:37 | |
| La Harde meurt de Faim Orage Fédéré L’armée était importante, massive. Près de trois mille cavaliers et le double de chevaux, incluant les montures, montures de rechange et bêtes de trait. Plus de douze mille piétons. L’armée de l’Orage, du moins son corps principal, était enfermé depuis des semaines entre les murs de Wensington. La petite ville de province avait déjà peiné à accumuler des ressources, dans une région ravagée par la guerre et le passage des armées depuis deux ans. Une si grande masse d’hommes et de bêtes consommait les denrées à une vitesse effarante, même en prenant garde aux rations. La population de la ville elle-même avait été multipliée par dix en deux jours ! Au loin, l’armée bieffoise restait le plus longtemps hors de ligne de vue, masquée par les épais ramages des vieilles forêts environnant le domaine et les champs qui continuaient de pousser entre les murs et les frondaisons, à l’abri, étrangement, de toute prédation car couverts par la portée de tir des deux camps. Personne ne se risquait à la confrontation. A l’horizon, les villages alentours brûlaient. Le moral de l’armée continuait de baisser. Les rondes s’enchaînaient, sur les murailles, mais les hommes tenaillés par la faim se demandaient pourquoi une sortie n’était pas tentée. L’ennemi était-il seulement toujours là ? On n’apercevait que de modestes patrouilles, à la lisière des forêts, quelques bannières et quelques feux de camp, la nuit, parfois des centaines de feu de camp dont la fumée s’élevait dans le ciel, la nuit. Etait-ce un piège ? Le Roi Manfred était connu pour ses ruses, sa façon toujours de jouer sur les apparences. A moins que la ruse ne soit justement de faire semblant d’être présent, pendant que ce Roi ne s’en prenne à d’autres villes ou armées ? Personne ne savait vraiment. Les tentatives de communication avec l’extérieur étaient vouées à l’échec, nombre de tentatives de messages furent repoussées à coups de flèches et les corbeaux furent impitoyablement chassés par les rapaces des fauconniers du Roi. Au bout d’un mois, vint le moment où les officiers encore en vie de l’armée royale vinrent quérir la Reine pour lui annoncer qu’il n’y avait plus de vivres. Plus de fourrage, plus de pain, plus de produits frais. On en était réduit à manger des vivres avariés, le fruit de jardins et de potagers derrière les murs, et les derniers animaux de ferme présents dans la ville. On trouvait des piquiers qui faisaient rôtir chiens et chats, et il n’y aurait bientôt plus de vermine non plus à se mettre sous la dent. On rapportait que les chevaux affaiblis par les combats avaient amélioré le gruau encore servi à la troupe, et que des bagarres éclataient entre unités pour abattre les montures, que certaines d’entre elles étaient retrouvées saignées chaque matin et que des citadins avaient été pillés, leurs poules ou le contenu de leur séchoir ou garde-manger emmenés par des soudards. L’armée n’avait déjà plus beaucoup d’espoirs depuis Malefosse et la défaite. Moins encore avec le ventre vide. Heureusement, le mauvais temps épisodique évitait les problèmes d’approvisionnement en eau, mais le moral déclina encore. Les solutions étaient peu nombreuses… Continuer d’appeler des forces de secours, continuer d’appeler l’Empire à la rescousse, manger les montures mais combattre à pied, se rendre… Une option de plus en plus mise sur la table, même si elle occasionnait de houleux débats et des disputes qui manquèrent plus d’une fois de dégénérer en duels, en empoignades féroces. La Reine, affaiblie par sa propre grossesse et par les conséquences de sa situation, devait maintenant prendre une décision cruciale. Une décision peut-être précipitée par le survol du camp bieffois par un dragon… Qui ne fut identifié ni comme Ebryon, ni comme la terrible Meraxès. Les Valtigar étaient donc là, et sans combats, pactisaient avec les ennemis de l'Orage, amenuisant encore un peu plus l’espoir des défenseurs qui craignaient des attaques nocturnes du reptile. Ces choix en vérité, sous le couvert de multiples variantes, se synthétisaient en trois possibilités : se rendre à l’ennemi et négocier une sortie du conflit, tenter le tout pour le tout en affrontant l’ennemi devant les portes, ou continuer d’attendre en serrant sa ceinture à chaque jour qui passait d’un cran de plus, dans l’espoir que des secours arrivent enfin… |
| Le Cyvosse Chaos is a ladder. Many who try to climb it fail, and never get to try again. Messages : 23754 Membre du mois : 5359 Maison : Je ne sers aucune maison Célébrité : Aucun
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