Tout donner au combat (An 2, Mois 4, Semaine 4) [Tour X - Terminé]

L'odeur de la boue mélangée à celle du sang était vivace, ce n'était pas la première fois qu'il y faisait face, mais il fallait bien avouer que ce n'était nullement ce qu'il préférait connaître. Il fallait évacuer bon nombre de corps sans vie, et le faire le plus rapidement possible pour ne pas prendre de risque sur la propagation de maladies parmi les survivants. Ils étaient déjà rassemblés dans les fortins des deux rives que l'Ouest occupait encore aujourd'hui, venant à penser les plaies des blessés des derniers affrontements, tout en faisant le point sur la future stratégie qui serait là leur contre l'ennemi impérial face à eux. Tybolt était resté un long moment là, à regarder la haute stature de Vivesaigues, comme si en observant bien les lieux, il trouverait un moyen de pénétrer entre les murs défensifs et pourquoi pas, parvenir à mettre définitivement à genoux Lyham Tully et ses alliés présents également. La faille était difficile à trouver, et le lord de Kayce était parfaitement conscient que ce qui avait fait leur force jusqu'ici pour le siège de la forteresse, était la topographie du terrain. Trois rives venaient à encercler Vivesaigues qui se retrouvaient coincer en plein milieu, l'eau venant à l'empêcher de s'échapper facilement sans se heurter aux tirs ennemis. Mais c'était aussi une force pour eux, de ne pas être directement relier à la terre. Il avait fallu diviser les forces de l'Ouest en trois, et ce n'était pas forcément évident pour se coordonner par la suite, car le soutien à ceux qui se trouvaient en difficulté d'un côté ou d'un autre obligeaient le passage d'un pont et rendaient tout le monde vulnérable à ce moment-là.

L'Ouest avait tenu, deux positions sur trois étaient encore les leurs, mais néanmoins, ils avaient connu de lourdes pertes. Tybolt n'était pas loin de Lord Marpheux quand celui-ci avait perdu la vie, comme tant d'autres ce jour-là. C'était un visionnaire qui disparaissait alors que le chemin était encore long et sinueux. On ne pouvait parler de défaite, mais il n'était pas non plus possible de parler de victoire. La bataille de Vivesaigues était encore loin d'être parvenue à son épilogue, il fallait tous qu'ils en soient conscients. Tybolt n'avait pas véritablement eu l'occasion de discuter avec Gareth depuis la fin des premiers combats, il l'avait croisé au loin, mais ce dernier n'avait guère le temps. Après tout, il était le général en chef et cela demandait de se réorganiser après les affrontements, de faire le point sur les blessés, et les morts. Dans le premier cas, il y en avait beaucoup trop et dans le deuxième, pas assez de temps pour convenablement s'occuper de tous et rendre hommage à leurs mémoires. Ils auraient bien le temps de discuter, tout du moins pour que son frère vienne à lui ordonner telle ou telle action. Un long soupir quitta ses lèvres mais pour autant il décida de ne faire aucun commentaire à voix haute, pas plus que de continuer à ruminer des choses qui ne feraient que raviver son agacement profond, si on pouvait encore parler d'agacement. Néanmoins, il avait appris que le jeune Lord Potter avait été blessé au cours de la bataille, lourdement blessé, il était conscient qu'il se devait de réussir à créer des liens avec ce dernier. Pas seulement pour le bien et le bonheur d'Alys, mais bien parce qu'il était encore un subordonné à lui, le nouveau général. Il avait donc gagné le lieu où le blessé avait été mis pour recevoir les soins nécessaires à son état, Tybolt ne savait à quel point cela pouvait être grave, et avait fait en sorte de se présenter, avant qu'on ne lui accorde ou non l'accès à William. Le jeune homme se souviendrait éternellement de Vivesaigues.

Tout donner au combat

William Potter & Tybolt & Gareth Kenning

« Vivesaigues, Alentours du Camp des Assiégeants, Royaume des Rivières et des Collines. Semaine 1 du mois 5 de l'an 1 de l'Ere des Luttes. »

Je tousse sur ma paillasse de camp. Je tousse plusieurs fois, jusqu’à voir le visage rougi et les yeux humides par la douleur et surtout par le manque d’air. Chaque toussotement m’arrache littéralement les poumons et je me dois bien de garder toute mon énergie pour rester alité, et tenter de prendre la plume quand c’est possible. Littéraire, je ne l’ai jamais été. Ca ne veut évidemment pas dire que je n’ai pas d’autres qualités, mais je reste général en titre, on ne m’a notifié aucune disgrâce après la bataille que nous avons gagnée, ou perdue, à Vivesaigues. Le résultat ne m’apparaît pas très clair, et j’imagine qu’il en va de même pour les autres belligérants.

D’ici, j’ai du mal à voir une victoire, même si ma troupe a brillé sous certains aspects. Estren a pu flanquer l’ennemi et nous avons largement entamé ses forces, provoquant la fuite et la déroute des riverains sur ce flanc. La contre-attaque du Roi du Nord nous a laissés sur les rotules, mais nous l’avons repoussée elle aussi.

Il n’en reste pas moins que je porte désormais les stigmates de cette bataille, de cette petite réussite personnelle. J’ai partout sur le corps des estafilades, des contusions, de petites blessures. Et puis j’ai cette flèche qu’il a fallu tirer de mon poitrail et celle sur la cuisse, qui a transpercé le muscle et l’a lacéré en étant retirée.

Difficile de ne pas haïr l’ennemi du Nord, désormais, alors que pour les procès et bûchers qui avaient touché les Potter, j’avais sans doute plus à voir avec eux qu’avec nombre de mes camarades dans l’armée Ouestrienne. Les rapports s’enchaînent et j’ai le tournis ; les aides de camp qui viennent me voir bandé de partout, du torse et de la jambe, habillé cahin-caha d’éléments de ma tenue et de mon armure pour paraître un tout petit peu plus martial. Je demande à voir si possible le général Gareth Kenning commandant l’armée pour lui rendre compte des travaux de terrassement entrepris par mes forces, ainsi que pour leur état général.

C’est pourtant d’abord un autre Kenning qui m’est annoncé. J’en suis surpris, et la nouvelle me redonne un brin d’espoir. Je n’ai que peu ou pas de nouvelles d’Alys, et comme toujours je doute. Est-ce par manque de temps ou du fait des lignes de communication étirées ? Par manque d’intérêt ? M’aime-t-elle seulement pour de vrai ? La guerre, ici, et l’humidité permanente nous nimbe dans une chape de peur et d’attente, voyant l’ennemi et la mort qu’il amène un peu partout autour de nous. Et voilà que son frère vient me voir, pas le général, mais le seigneur de leur maison… Je me mets assis sur le rebord de la paillasse, essayant de présenter une attitude digne.

| Lord Tybolt. Quelle surprise, et quel plaisir de vous revoir. Entier, plus ou moins. Avez-vous été blessé messire, pour que l’on se retrouve dans ce dispensaire de campagne ? Je crois qu’avant notre campagne, il s’agissait d’une étable. On se satisfait d’un toit, déjà, pour y remiser des blessés en quantités. |

Car nous sommes entourés d’autres blessés de la noblesse, et dans les bâtiments de fermage alentours on retrouve les autres cas plus graves traités dans le camp.

(c) DΛNDELION

We Survive

They say the time many time when I see you / Time after time hand in hand till the dawn / Shine like a star you can go through the water / Forever and ever / Cause I found my love into you Under the SKy (c)codage - Kanala - texte (c)Under the Sky, Jean-Pierre Taieb

La bataille a été compliquée pour les deux camps. Celle-ci a duré si longtemps que cette journée restera gravée dans bien des mémoires. L’épuisement a saisi les corps tout autant que les affres des blessures. Gareth s’en est sorti, non sans avoir été sorti du bourbier dans lequel il était, avec la conviction d’avoir accompli son devoir. Le chevalier ne regrette en rien la disposition des troupes et leurs mouvements durant cet affrontement. Il faut dire aussi qu’il ne s’attendait pas à autre chose de la part des adversaires de l’Ouest. Les mains du chevalier s’invitent dans l’eau pour ensuite revenir vers son visage. La fraîcheur redynamise un esprit encore embourbé par ces images et ces bruits d’hommes et d’acier en proie au combat. Les yeux fermés, Gareth dissipe tout ce qui peut lui venir en tête comme si plus rien n’existait, pas même le monde lui-même. Le vide, le néant, rien. Plus rien n’est susceptible de le toucher, de l’épuiser, de l’émouvoir. Son corps se détend et son esprit retrouve la sérénité sans que des pensées viennent cogner de part et d’autre de ses méninges.

Son casque et son bouclier ont essuyé quelques remontrances de la part de cette tour de garde qui s’était effondrée. Si sa situation paraissait assez compromise, le chevalier s’en sort finalement plutôt bien au bilan. Cela n’a pas été le cas de tous. Les environs de Vivesaigues sont désormais marqués par la désolation tandis que le ciel morne se joint aux actions des hommes pour mettre à l’épreuve ceux qui sont encore de ce monde. Gareth revient finalement à l’instant présent, ses yeux s’entrouvrant à nouveau. La violence de cette bataille rejaillit de plus belle à la vue des blessés et des mines fatiguées. Il s’élance, seul, dans des chemins qui ont parfois des allures de grand route au vu de tous les visages qu’il croise. L’esprit semble avoir profité de cette accalmie qu’il s’est offert. Des discussions éphémères débutent et le chevalier poursuit sa route d’une démarche un peu moins aérienne que d’habitude. Il arrive alors au niveau de son frère et de William qui apparaît bien marqué par cette bataille.

« On se satisfait de ce qui est à notre portée…et maintenant il nous faut recouvrir. C’est une bonne chose que de vous revoir ici…après la journée que nous venons de connaître. »

Evidemment, si la lettre adressée au pouvoir royal a indiqué la disparition du Connétable de l’Ouest, Lord Marpheux, il aurait été particulièrement difficile d’annoncer une mauvaise nouvelle à Alys. Maryssa a vu son soupirant, encombrant à ses yeux, tomber lui aussi lors de cette bataille et cela traduit à quel point cette campagne risque de marquer les esprits des maisons de tous les Royaumes impliqués.

Hear Us Row

It’s the family name that lives on. It’s all that lives on.
Not your honor, not your personal glory, but family.

Quelques bleus, de légères contusions, des petites estafilades sur le visage, ou sur les bras, rien qui n'avaient vraiment saignés et qui avaient pu représenter un véritable risque pour sa personne. Fatigué, il l'était, mais qui ne l'était pas ici de toute manière ? Certes à passer au milieu des différents soldats, il ne servait pas à grand chose mais il espérait malgré tout pouvoir en réconforter quelques uns dans ce qu'ils traversaient, lui qui était toujours debout. Les corps s'accumulaient, vivants, morts, ou dans une espèce de position entre les deux. Fallait-il aider certains en abrégeant leurs souffrances ou fallait-il laisser les Sept décider quelle vie ils voulaient reprendre et ramener auprès d'eux ? Peut-être que certains cas qui semblaient désespérés, ne l'étaient finalement pas temps et qu'ils en sauveraient plus que ce que la situation semblait le laisser penser, mais le lord en doutait grandement et il ne manquerait pas ce soir encore de prier pour les hommes qui avaient donné et donneraient leur vie pour que l'Ouest puisse venir à vaincre l'ennemi. Tybolt ne pouvait que remercier les Sept de l'avoir préservé durant les dernières batailles auxquelles il avait participé et il devait bien avouer que quand il voyait tous ces blessés, il se rendait compte de la chance qui était la sienne. Ce n'était pas pour autant qu'il se devait de faire baisser sa garde, il ferait face la prochaine fois encore contre les hommes de Lyham Tully, de Jon Stark ou de tous ceux qui seraient déclarés comme étant les ennemis de l'Ouest.

Il avait ainsi déambulé jusqu'à ce qu'il vienne enfin à trouver le bon bâtiment de fermage où se trouvait l'homme qu'il recherchait. Certes, Tybolt n'avait clairement pas aimé comment les fiançailles de sa dernière petite sœur avaient été décidés sans qu'il ne soit mis au courant. Pour autant, il aimait assez Alys pour savoir combien le jeune homme pouvait compter pour elle et combien elle pourrait être dévasté s'il venait à disparaître. Là, ou au contraire, il savait combien la disparition de celui qui devait épouser Maryssa allait sans doute plus relever d'une satisfaction un peu déplacée au vu du contexte mais pourtant bien réelle. Vexé oui, mais il n'était pas encore idiot, et il savait qu'il devait être un peu plus souple avec la nouvelle génération qui pouvait compter. Rien qu'à le regarder, il était clair que William avait pris cher lors de la dernière bataille, mais néanmoins, il essaie de tenir aussi bonne figure que son corps meurtri le lui permettait. Tybolt n'aurait rien eu à redire s'il avait juste continué à se reposer sur sa paillasse de fortune mais il appréciait le geste malgré tout. « Lord William, c'est moi qui suit heureux de voir que vous êtes toujours en vie. » Il fit quelques pas pour se rapprocher de lui. « Non, j'ai été, je crois, bien plus chanceux que vous et je n'ai aucun maux dont je puis me plaindre. Quand j'ai eu écho de votre état, j'ai voulu vous rendre visite. Alys ne manquerait sans doute pas de me tuer, si je vous abandonnais à votre sort. Bien que je ne puis faire grand chose, pour vous venir en aide. Que disent les mestres ? » Sa démarche était sincère, mais pourtant, quand son frère fit son apparition, les traits de son visage se tendirent un peu plus et il fit un pas en arrière pour laisser la prédominance du rang passé. « Mon Général, je suis heureux de voir que tu es debout également. » Souffla-t-il avec un demi sourire en la direction de son frère.

Tout donner au combat

William Potter & Tybolt & Gareth Kenning

« Vivesaigues, Alentours du Camp des Assiégeants, Royaume des Rivières et des Collines. Semaine 1 du mois 5 de l'an 1 de l'Ere des Luttes. »

Les blessures sont coûteuses. En énergie autant qu’en fierté. Déjà parce qu’on ne récupère pas bien au chaud d’un château fort, dans le confort d’une maison aimante et d’une organisation bien rôdée. Dans cette guerre, tout parait étrangement figé dans un immobilisme agaçant tout en s’activant par à-coups difficiles à contrôler, à maîtriser, à faire en sorte de pouvoir ralentir d’une façon ou d’une autre. C’est comme la conjonction de deux éléments difficiles à allier ; la lenteur du quotidien avec la furie de l’impromptu qui parfois, s’égrène d’un coup à toute vitesse. La douleur s’imprime en nous comme un message toujours récurrent, qui lancine à tout jamais après avoir marqué le corps comme l’esprit. Gareth Kenning, général de cette armée, agréé pourtant notre chance de pouvoir nous revoir les uns les autres compte tenu des circonstances.

| Beaucoup, malheureusement, ne verrons plus personne. |

Je baisse les yeux, un brin pensif, marqué et heurté par les combats et les décisions que j’avais eu à prendre sans y avoir jamais été préparé ; en tant que puiné d’une maison autrement mineur, jamais on ne m’a entraîné à la moindre prise de commandement en dehors des quelques dizaines de sergents de ma maison, et c’est bien tout. Je note bien toutefois que la conduite ensemble d’une bataille et l’expérience d’un bain de sang comme l’Ouest n’en a plus connu depuis deux décennies rapproche les hommes, et que si le vouvoiement est toujours de mise la glace s’est quelque peu fendue dans l’expérience amère et pourtant ardente de la bataille. Les deux frères se saluent, après que Tybolt n’ai pris de mes nouvelles.

| C’est bien aimable à vous messire. Je suis toujours en vie. Nous le sommes tous trois. Nos maisons sont chanceuses, compte tenu des événements que nous venons de traverser… |

Je tapote ma cuisse bandée sur le côté, même si le geste idiot me fait grimacer.

| D’après les mestres, la plaie est saine et je ne devrais pas perdre ma jambe. Je dois veiller à faire changer souvent le bandage de tissu bouilli pour éviter que les fièvres malignes ne s’y infiltrent. |

Pour le reste, je redresse le regard droit dans les leurs, à tour de rôle.

| Deux côtes se sont rompues du trait reçu au poitrail. Sans percer les poumons. Il faut dans l’idéal qu’un kyste se forme, si j’ai bien compris, pour protéger les chairs dévastées et l’organe derrière, pour que l’on puisse drainer les risques de fièvre. Si j’ai tout compris. |

Respirer est déjà douloureux, alors bouger…

| Je puis jouer mon rôle, Général, et asseoir mon statut sur la troupe selon vos ordres Messire. Mais combattre sera autrement plus compliqué. Pour quelques temps, du moins. |

(c) DΛNDELION

We Survive

They say the time many time when I see you / Time after time hand in hand till the dawn / Shine like a star you can go through the water / Forever and ever / Cause I found my love into you Under the SKy (c)codage - Kanala - texte (c)Under the Sky, Jean-Pierre Taieb

La Bataille a été furieuse. Il est difficile pour Gareth de considérer ce qui est satisfaisant et ce qui ne l’est pas. Après tout, cela dépend essentiellement des ambitions des uns et des autres, aussi bien dans son propre camp que dans celui de l’Empire. La conviction d’avoir agi conformément à ses principes, son devoir, est certes bien là mais celle-ci revêt également un parfum d’inachevé. D’une part, les rangs se sont effilochés, les blessés sont marqués aussi bien dans leur chair que dans leur esprit. D’autre part, il existe cette impression de se retrouver au cœur d’un moment majeur de Westeros. En l’état, il observe que Vivesaigues est et n’a toujours été qu’un objectif pour l’Ouest. Un objectif au service de la politique du Royaume pour afficher sa participation dans une alliance aussi mal coordonnée que toutes les forces vives du Royaume ouestrien le sont. Malgré son jeune âge, le Roi Ronnel peut légitimement ressentir des aigreurs vis-à-vis de tout ceci. Quant aux Rois Lyham et Jon, le chevalier ouestrien n’a aucune opinion même si son a priori est plutôt négatif. Ils font ce qu’ils ont à faire.

Gareth ne se satisfait pas non plus du bourbier dans lequel il est, comparable en quelques sortes à celui du souverain Valois car il considère qu’il aurait pu être davantage aidé d’une manière ou d’une autre. Il s’est montré volontaire à l’idée de combattre le Conflans mais il ne l’aurait pas été si il avait su alors que le soutien et la coordination seraient aussi ténus. Pourtant, il fait tout son possible pour que l’Ouest demeure, pour son amitié avec le Roi Lyman. Seulement, les manigances politiques brouillent, compliquent toute coopération efficace. C’est aussi pour ces raisons que le chevalier a dans l’esprit de cesser de participer au Conseil du Roi et de renoncer à la charge de Grand Maître de l’Ouest dès son retour. Le natif de Kayce ne comprend plus ce qu’il se passe à Castral Roc. Cette situation est bien douloureuse et s’adjoint aux épreuves endurées lors de la Bataille de Vivesaigues. Ces décisions de la Couronne percutent de plein fouet sa fierté de servir son Royaume, si bien qu’il ne sait plus comment il doit agir. Il lui est impossible de continuer en ce sens tout comme il ne peut abandonner celles et ceux qui peuplent cette région ainsi que ses vœux prononcés en tant que chevalier.

En revanche, tout cela paraît loin et il lui faut pleinement être dans le présent, avec Tybolt et William en l’occurrence. La tête un peu lourde mais le dos bien droit, comme il sait le faire, Gareth préfère revenir à l’essentiel pour le moment comme ses compagnons d’infortune l’invitent à le faire. Alors que son sourire simple et sincère prend forme en réponse à celui de son frère ainé, le chevalier apparaît tout de même crispé.

« Content de te revoir aussi, mon frère. »

Pour William, le diagnostic s’avère lourd, évidemment, mais il pourra recouvrer ses blessures. Même si il propose déjà ses services, il serait mal venu de solliciter le seigneur de Godric’s Hall aussi tôt dans l’état dans lequel il est.

« Pour le moment, je préfère que tu ne penses à rien et que tu récupères de tes blessures. N’est-ce pas dans ces conditions qu’il faut laisser à un de ses hommes le soin d’assurer la suppléance ? »

Gareth emprunte le tutoiement avec Lord William sans hésitation. Certes, il existe un certain lien entre eux du fait de sa liaison avec Alys mais ils se sont également battus ensemble. Leur survie est en grande partie dûe à leur esprit d’initiative mais aussi à cet esprit de corps où chacun s’est vaillamment défendu de son côté de la rive. Aussi, Gareth tente de lui faire comprendre qu’il serait de bon ton de ne pas précipiter les choses le concernant et qu’il peut très bien laisser un de ses hommes gérer ses troupes pour le moment. Il pense qu’il serait indélicat de sa part, après ces efforts, de lui forcer la main alors Gareth essaye dans un premier temps de le convaincre devant l’évidence.

Hear Us Row

It’s the family name that lives on. It’s all that lives on.
Not your honor, not your personal glory, but family.

Jusqu'ici, les Sept avaient été plus que généreux avec les hommes des Terres de l'Ouest. Les Lions avaient réussi à avancer, progressivement à certains moments, sûrement dans tous les cas. Certes, ils avaient connu des pertes, il était impossible de participer à la guerre sans malheureusement perdre des hommes au fil des batailles, qu'elles soient pleinement engagées ou que ce soit dans de petites escarmouches. Ils n'en restaient pas moins mortels, et le sang des soldats du Roc avait coulé sur la route qui les avaient conduit depuis l'Ouest, au fort de la Dent d'Or, puis à présent à Vivesaigues. Et dans les premiers temps, le siège avait été un succès. Les trois rives de la capitale de la Truite étaient occupées par l'ennemi de l'Empire et solidement installés au cours des semaines dont ils avaient disposés pour pouvoir sécuriser leur position. S'ils parvenaient à rester en place assez longtemps, il était certain que le Roi Lyham Tully, enfermé à double tour dans sa forteresse n'aurait d'autre chose que d'abdiquer en leur faveur ou alors prendre la décision de mourir avec l'ensemble de sa famille présente ainsi que son peuple et ses soldats en place dans la cité. C'était dans de telles situations que les hommes se révélaient tels qu'ils étaient réellement. Fallait-il défendre son honneur jusqu'au péril de sa vie et de bien d'autres par la même occasion ? Fallait-il s'acharner contre le sort en se croyant plus fort ou protéger par des forces occultes qui venaient à voiler le regard de l'homme sur sa véritable condition ? Ou alors, risquer de passer pour un lâche en acceptant de déposer les armes. L'Ouest était clairement en position de force.

Puis l'Empire avait envoyé ses propres renforts, le Nord était arrivé et avait mené la charge contre les fortins de l'Ouest, enfin sur un surtout, avant de galvaniser les forces riveraines et leur donner un second souffle pour continuer à combattre. Ils avaient tenus bons, mais quand on voyait l'état dans lequel se trouvait actuellement Lord Potter, il fallait bien accepter l'idée qu'il n'était malheureusement pas le seul à avoir ainsi fini. Au moins, pouvait-il se féliciter d'être encore en vie, ce qui n'était pas le cas comme le rappelait à nouveau William après les paroles de Gareth. Il hocha quelque peu la tête. « Certes, beaucoup ne verrons plus rien, mais … Même si c'est fort douloureux de se dire que vous êtes en vie alors que d'autres ne le sont plus aujourd'hui, je ne peux que vous conseillez de remercier les Sept pour cela, et d'espérer une prompt guérison, souvenez-vous qu'une jeune femme vous a offert son cœur et combien il serait terrible pour elle de ne pas vous retrouver dans un avenir plus ou moins proche. » Même si les fiançailles s'étaient faits sans son accord, il ne voulait que le bonheur d'Alys. Et William semblait sincèrement épris de sa sœur, alors Tybolt pouvait souhaiter que les tourtereaux se retrouvent. Au fur et à mesure que le jeune homme vint à expliquer l'ampleur de ses blessures, et l'importance de changer régulièrement pansements et bandages, ainsi que de faire des saignées pour éviter la propagation du mal et de la fière, l'aîné des Kenning se mit à grimacer. « Je crois Messire, que vous n'êtes pas dans l'endroit le plus sain pour pouvoir bénéficier des soins qui semblent vous être nécessaire. Mon frère a raison, la suppléance est sans doute la bonne solution. Et peut-être également, envisager un retour au Roc pour être pris en charge par les mestres de la capitale. Vous ne pourrez pas combattre tout de suite. » Il se tourna vers Gareth un instant pour lui demander un soutien silencieux avant de regarder à nouveau le blessé. « L'obstination de sert à rien, il faut savoir choisir ses batailles. »

Tout donner au combat

William Potter & Tybolt & Gareth Kenning

« Vivesaigues, Alentours du Camp des Assiégeants, Royaume des Rivières et des Collines. Semaine 1 du mois 5 de l'an 1 de l'Ere des Luttes. »

Je ne sais objectivement pas si l’on peut espérer se maintenir dans cette région, faire en sorte de continuer d’accomplir notre devoir, de remplir notre mission, avec honneur et bravoure, tout en continuant d’assumer nos natures et nos caractères. Je ne suis pas un tueur. Je ne suis pas né pour m’illustrer. Si je l’ai fait à la bataille, c’est parce que je sais bien que les ouestriens manquent tous d’expérience. Ca m’a frappé à la cour, quand tout noirci de la fumée de Godric’s Hall et en appelant à la justice du Roi, je me retrouvais en position de voir toute une assemblée qui jamais n’avait tiré l’épée en dehors de duels ou de tournois, et dont les véritables meurtriers se faisaient fort rares. Je suis plus en avance que beaucoup, et pourtant je suis un fat, qui n’a jamais combattu avant l’avant-veille sur des champs de bataille dignes de ce nom. L’entrée de l’Ouest dans la guerre, c’est comme une gigantesque machine, puissante et sûre d’elle, qui s’oppose à une armée de jeunes loups et de riverains qui remplacent tous leurs collatéraux morts à la guerre.

C’est le bal des débutants, sauf qu’à la fin aucune pucelle ne saigne, sinon dans son cœur.

Où est la sœur des hommes de valeur qui m’entourent, où est l’amour de ma vie, acquis de haute lutte ? Pense-t-elle à moi dans ces amères circonstances, dans ces moments où le confort et le luxe paraissent bien distrayants quand l’être humain se languit de vous dans un hôpital de campagne, que l’on confondrait volontiers avec une boucherie de village ? Je sais qu’elle m’aime. Elle le doit. Sinon rien de tout ceci n’aurait de sens. Je dois vivre pour rentrer, et je dois rentrer pour me marier. C’est la seule voie que je connaisse, la seule échappatoire que je vois à ces querelles de monarques et de philosophies du pouvoir, où l’honneur signifie sanglante servitude. Je fais la moue, un brin gêné, réfléchissant aux implications de ce que Gareth me dit.

| Je ne peux pas, mon général. J’ai eu beaucoup de morts, et dans l’encadrement de la troupe, et dans la troupe elle-même. Et plus encore de blessés. Vous m’avez nommé à ce poste et ne saurais tant que je suis en pleine possession de mes facultés, déléguer ce rôle à quelqu’un d’autre. |

Son frère appuie un peu plus sur le sujet. Je dévie du regard à la mention d’Alys, touché qu’il s’en rappelle et porte ainsi le sujet, mais affligé des implications de ce qu’il me dit, de ce que ça me coûte concrètement. Et alors… Tybolt évoque un rapatriement. Je déglutis, fronce les sourcils. Je réfléchis à toute vitesse, et je me redonne aussi une contenance sérieuse pour tenir bien à distance la tentation presque incontrôlable de les supplier de me laisser rentrer. Un long silence s’installe, que je peine à rompre.

| Comment pourrais je retrouver ma promise, votre sœur, si je rentrais pour une blessure qui n’empêche mon devoir ? Comment pourrais-je la regarder en face, quand elle me demandera ce que j’ai fait ici, et dont la conclusion serait de laisser mes camarades, et mes amis ? |

Je relève les yeux vers Tybolt. L’ancien moi aurait pleuré pour rentrer chez lui, et je sens que cette décision, en sus de me serrer le cœur, me lacère l’âme. Mais je ne veux pas vivre dans la honte. Pas alors que j’ai fui mon castel, pour que survive mon nom.

| Non, Messire Tybolt. Pour l’honneur de votre sœur et de votre maison, je dois d’abord faire honneur à la mienne. Je resterais, quitte à ce que je dois commander depuis un chariot. Vous-même, me semblez tous deux esquintés par la bataille, messires, et vous ne parlez pas de rentrer. |

Buté, car j’aime Alys, mais jamais je ne voudrais paraître lâche à ses yeux.

(c) DΛNDELION

We Survive

They say the time many time when I see you / Time after time hand in hand till the dawn / Shine like a star you can go through the water / Forever and ever / Cause I found my love into you Under the SKy (c)codage - Kanala - texte (c)Under the Sky, Jean-Pierre Taieb

Il est étrange d’observer de quelle manière s’entremêlent destins individuels et destin collectif au sein de cette troupe ouestrienne. Immanquablement, le combat contre le Nord et le Conflans a déjà laissé des traces. De nombreux hommes provenant de ces terres ouestriennes ne reviendront jamais. D’autres le pourront mais seront marqués à vie que ce soit dans leur chair ou dans leur esprit. Une situation similaire sur ce plan a été vécue lors de l’invasion bieffoise de l’Ouest. Mais, cela remonte à plus de vingt ans.

Dans cette situation où les situations personnelles de chacun sont sujettes à d’éventuelles conséquences, il est complexe de se prononcer sans favoriser quelqu’un au détriment d’un autre, que cela soit entrepris volontairement ou non. Pour sa part, Gareth sait qu’il lui incombe d’être l’homme qui quittera les lieux en dernier. Il ne s’agit pas d’une démonstration supplémentaire de sa bravoure, ni d’une question de prestige mais d’une simple observation pragmatique en l’occurrence. Il est celui qui a mené cet Ost ouestrien dans le Conflans et est l’époux de la Princesse. Pourquoi d’autres ne se verraient pas revenir sur leurs terres si un membre de la famille royale quitte les rangs ? La courage, la volonté des uns et des autres seraient moindres. Et les rangs pourraient être un peu plus clairsemés chaque jour au lever du soleil.

Alors, vient dans ce contexte la situation de Lord William. L’idée d’un retour n’était pas à l’ordre du jour au début de la discussion, Gareth préférant miser sur son rétablissement. Tybolt évoque cette possibilité mais Lord Potter rejette tour à tour toute idée de suppléance ou de rapatriement. Dans le même temps, le visage d’Alys apparaît inévitablement dans l’esprit de son promis et de ses deux frères.

« Tous les cas ne sont pas forcément équivalents en tous points et vous conviendrez tous deux que j’ai besoin de conserver un encadrement suffisant de la troupe. »

Loyal vis-à-vis de sa troupe cette fois, Gareth sait que le retour de William préserverait Alys de toute inquiétude supplémentaire mais qu’elle ne serait bénéfique ni pour lui, ni pour tous les ouestriens présents. Car, il peut être encore être utile, d’autant plus face à des adversaires aussi nombreux. Ainsi, il choisit de rendre cette réflexion moins personnelle et davantage fondée sur l’intérêt du Royaume. La dernière réflexion de William intrigue Gareth qui affiche tout à coup une mine pensive.

« …Commander depuis un chariot ? Hm…c’est une idée. »

Astucieuse, cette idée représente un compromis intéressant. Il revient de savoir dans quel cadre Lord Potter pourrait agir de la sorte. Gareth a déjà une piste en tête mais ne l’évoque pas tout de suite. Pas maintenant. Le moment n’est pas encore venu. A propos de l’issue de la bataille, Gareth avait été sonné et, si il a été esquinté comme le dit William, ses douleurs sont superficielles puisque c’est surtout son matériel qui a été endommagé.

« Pour ma part, mon casque et mon bouclier en ont bien fait les frais…Je n’ai eu aucune difficulté à retrouver des effets tant le sol est jonché d’acier et de bois. »

Il faut souhaiter un prompt rétablissement à toute la troupe mais il va falloir aussi se préparer à la suite. Alors, peut-être, faut t’il s’attendre à ce que la situation puisse devenir encore plus difficile qu’elle ne l’est.

Spoiler:

Hear Us Row

It’s the family name that lives on. It’s all that lives on.
Not your honor, not your personal glory, but family.

[HJ peut être peut on cloturer après ta rep, avec le départ de tybolt?]

Tout donner au combat

William Potter & Tybolt & Gareth Kenning

« Vivesaigues, Alentours du Camp des Assiégeants, Royaume des Rivières et des Collines. Semaine 1 du mois 5 de l'an 1 de l'Ere des Luttes. »

J’ai tout de même besoin d’expliciter un peu plus notre situation à tous, de mettre des mots sur ce que je connais, sur ce que j’expérimente. C’est la première fois que je suis blessé à ce point, la première fois que je suis empêché d’accomplir mon devoir comme je le souhaite. J’avais été touché dans mes chairs, à Godric’s Hall, mais il n’en reste pas moins que je n’avais jamais été rendu incapable dans mes gestes et dans mes attitudes par la lourdeur des dégâts reçus. Cette fois, je me sens réellement empêché, et la sensation n’a évidemment rien d’agréable. Je ne sais pas à quel point cela peut aussi contrarier l’espèce de carrière militaire qui se dresse devant moi, avec son lot d’évolutions et de drames mais qui laissait jusqu’à maintenant présager que contre toute attente, je sois dans une position de pouvoir assez élevée dans la hiérarchie des armées de l’Ouest. Je veux clarifier cette position. Savoir si j’ai toujours réellement besoin de trouver des idées d’actions, des ressorts me permettant d’évoluer dans la société, de consolider aussi ma position. D’assurer un meilleur avenir encore, à Godrics’Hall autant qu’à Alys.

Je n’ai pourtant jamais été un factieux, ni même véritablement un ambitieux. Mais je note que l’opportunité ne se représentera jamais, si je la laisse s’échapper. Et aussi, je me rends compte à cet instant précis que je n’ai absolument aucune idée de comment je me suis comporté sur le champ de bataille aux yeux de mon général en chef et supérieur hiérarchique. Gareth me conforte dans ma position, mais je relève, d’un ton plus martial, plus franc, plus décidé.

| Dois-je considérer mon général, que mon propre statut de chef de corps est prolongé malgré mon état ? |

Je me dis aussi que jamais l’ancien William n’aurait eu le front de poser la question de but en blanc comme je viens de le faire. Je précise.

| Je veux dire, ce serait un honneur, et je mets mon épée comme ma modeste expérience à votre service, Lord Kenning. Mais c’est vous qui m’avez donné ce rôle pour la campagne de Vivesaigues, non le Roi, et cette campagne semble maintenant… Terminée. Ou peu s’en faut. En sus de mon état. |

Mais je veux de ce rôle. Mon ton reste ferme, et je ne balbutie pas. J’en profite aussi que les deux soient bien présents. Mais là, mon teint rougit quelque peu, sans que je ne sache rien faire contre.

| Il y a aussi autre chose. |

Je m’éclaircis la voix, réassure ma position.

| Au regard des circonstances, je ne veux pas attendre la fin du conflit pour épouser votre sœur. Sitot nous serons revenus dans l’Ouest que je compte organiser les épousailles. Nous sommes fiancés, et je veux protéger ss-s-on statut. |

Et pas que.

| J-je préférerais avoir votre… Accord. D’abord. |

(c) DΛNDELION

We Survive

They say the time many time when I see you / Time after time hand in hand till the dawn / Shine like a star you can go through the water / Forever and ever / Cause I found my love into you Under the SKy (c)codage - Kanala - texte (c)Under the Sky, Jean-Pierre Taieb

(HJ: Dac, on fait comme ça Smile

)

Gareth n’a jamais été une personne prompte à s’emporter. D’ailleurs, il s’est souvent montré compréhensif lorsque ses proches et ses frères d’armes ont pu rencontrer de vives inquiétudes ou un profond désarroi. En ce sens, le souvenir de l’entretien impromptu dans son bureau avec la Reine Jeyne, un peu déboussolée à la suite d’une discussion avec son époux, en est l’illustration. Mais, il existe des ressorts qui, une fois asticotés ou rudoyés, peuvent déclencher une réaction vive et profonde. Parmi ceux-ci : la Fierté, le Devoir. Envers son Royaume. Il lui est tout simplement impossible de transiger sur ces notions.

Alors, le regard du chevalier et Grand Maître de l’Ouest se tend à mesure que William devient confus sur ses intentions. Comme cela peut être le cas pour bon nombre d’autres ouestriens, il nourrit l’envie de retrouver ce qui l’attend, à bien des lieux plus au sud d’ici, en l’occurrence son domaine et Alys. Gareth relève également chez lui l’honneur d’avoir été nommé à un poste si relevé et d’avoir servi malgré les blessures subies lors de cette terrible bataille. Gareth ne répond pas tout de suite à sa question, laissant le seigneur de Godric’s Hall préciser sa pensée. Pendant ce temps, le regard du natif de Kayce s’aiguise. Pour William, la campagne apparaît comme achevée. Figé dans la même position, Gareth laisse William faire part de toutes ses observations et de ses intentions. Existerait t’il un certain empressement à épouser Alys ?

Gareth pousse un soupir et marque un pas de côté. Son regard se glisse sur l’horizon, dans la direction où ils ont combattu. Refusant de penser uniquement au cas de William, car sa pensée s’adresse à toute la troupe, Gareth rompt le silence et pose son regard sur lui à nouveau.

« Pensez-vous que vous êtes seuls dans votre situation ? Pensez-vous que je suis investi d’une envie irrépressible de dédier ma vie à la guerre ? Laissez-moi vous dire une chose : comment réagirez vous lorsque vous aurez les troupes de l’Empire parcourant vos campagnes sans avoir réuni toutes les chances possibles de les vaincre ? »

L’enfant à naître, Tybalt, Cadwyn et Megara attendront. C’est un sacrifice que Gareth accepte si cela lui évite de penser à des troupes impériales paradant dans un Ouest mal défendu. Certes, il donnerait tout pour être à Castral Roc avec ses proches, ne serait-ce que quelques instants. Néanmoins, ce n’est pas le moment de concéder cela. Le chevalier dompte cette fureur qui le gagne.

« Ils pensent détenir une supériorité telle qu’ils peuvent s’autoriser tout ce qui leur chante…Et vous voulez vaquer à vos affaires personnelles en pensant que tout ceci se terminera comme ça ? Nous devons nous battre, ensemble, comme nous le pouvons, pour au moins espérer la victoire. »

La détermination de Gareth est totale. Toute autre réaction à ce stade serait décevante car rien n’est encore perdu. Au contraire, la bataille de Vivesaigues a été une rude épreuve qui doit permettre à chacun de puiser au plus profond de soi pour trouver la force nécessaire.

« Si vous voulez protéger le statut de ma sœur, il va falloir commencer par défendre votre Royaume aussi longtemps qu’il le faudra. »

La conclusion venant d’être apportée, Gareth s’éloigne pour s’isoler. Il est difficile de savoir ce qu’il va se passer désormais.

Hear Us Row

It’s the family name that lives on. It’s all that lives on.
Not your honor, not your personal glory, but family.

Tout donner au combat

William Potter & Tybolt & Gareth Kenning

« Vivesaigues, Alentours du Camp des Assiégeants, Royaume des Rivières et des Collines. Semaine 1 du mois 5 de l'an 1 de l'Ere des Luttes. »

J’hésite, je tergiverse, je peine à me lancer. Et pourtant, je finis par trouver le courage. Et survient alors l’improbable ; je crée une tempête bien malgré moi. J’aurais peut être pu l’entrapercevoir. J’aurais peut être pu le deviner, un peu à l’avance, me dire que ce n’était pas une bonne idée que d’aborder maintenant ce sujet. Quand je le note, quand je le distingue, il est déjà trop tard. Les yeux de Gareth s’étrécissent, et il est clair qu’il s’agace de la situation. De mes demandes, de ce que ça évoque comme conséquences ou autres ? Je ne sais pas encore. Il soupire, regarde vers l’Est. Je sens venir une forme de réprobation, mais je suis loin d’imaginer qu’elle glissera de son point de vue éminemment personnel à quelque chose de pire. J’endure, sans lâcher l’homme du regard. Il m’en coûte, évidemment, je me sens pris à contrepied ; jamais je n’ai voulu laisser entendre que je quitterais la zone des combats ou que je fuirais mon devoir. Dans mon esprit, c’était très clair que tout ce que je veux, maintenant, c’est saisir l’opportunité d’être rentré dans l’Ouest pour épouser Alys, avant que la situation de chacun n’empire et ne se complexifie plus encore.

Je laisse passer l’orage ; l’occasion de préciser ma pensée, de l’expliciter, sera forcément donnée en temps et en heure. Alors que le général se détourne finalement, je clame ma réponse, avant qu’il ne soit tout à fait éloigné.

| Je n’ai jamais prétendu faire autre chose que soigner mon honneur et d’accomplir mes devoirs, Général Kenning. Ce que je souhaite, malgré cela, c’est simplement profiter de l’occasion pour honorer une autre de mes promesses, et garantir un avenir à votre sœur, à ma maison, et à mon nom. Je ne quitterais mes fonctions que si je suis mort, ou démis. |

Agacé plus que véritablement en colère, j’enrage malgré tout que l’on puisse me prêter ces intentions. La colère est mauvaise conseillère, et plus que jamais j’ai des choses en main que je ne veux surtout pas perdre ; mon nouveau rang, mon statut, mon avenir. Et pour avoir enduré la marche de flanc des nordiens après avoir écrasé l’armée de secours du Conflans, je me sens bien peu à même d’être tancé d’une forme ou d’une autre de déloyauté.

Ca se tassera, j’en suis sûr.

Mais en attendant, je dois me remettre, et j’ai du travail, aussi.

(c) DΛNDELION

We Survive

They say the time many time when I see you / Time after time hand in hand till the dawn / Shine like a star you can go through the water / Forever and ever / Cause I found my love into you Under the SKy (c)codage - Kanala - texte (c)Under the Sky, Jean-Pierre Taieb

» Soigner les blessures après un combat (An 2, Mois 5, Semaine 3) [Tour X - Terminé]
» Pour notre avenir et celui de tout un peuple (An 2, Mois 5, Semaine 3) [Tour X - Terminé]
» Le cœur des femmes renferme de nombreux secrets / Tour Vii, An 1, Mois 12, Semaine 2 / [Tour IX - Terminé]
» At the dawn of war / Tour VII, An 1, Mois 12, Semaine 1 [Tour VIII - Terminé]
» En route pour la Tour (An 2, Mois 4, Semaine 4) [Tour X - Terminé]