Les habitants du cœur du Conflans fédéré et des Terres Impériales avaient vu passer bien des guerres, des invasions, et des armées en marche. Les victoires des Braenaryon, la mort d’Harren le Noir et la prise de sa capitale Harrenhal, incendiée, avait éloigné pour une année les combats de la région. Le commerce avait repris, et les cultures alimentaient les armées de cinq royaumes fédérées… Le peuple retrouvait le sourire, tout le monde gagnait son pécule et même si les hommes d’armes au Loup et au Dragon battaient la campagne à grand renforts de trompettes et de bannières pour enrôler les volontaires, tout le monde vivait sa vie relativement correctement.

C’était sans compter la guerre, qui rattrape toujours son dû.

L’Empire avait choisi une stratégie risquée, dictée par ses nombreux adversaires à l’est, à l’ouest, au sud. Il fallait étouffer le Val avant qu’il ne coupe le Détroit aux flottes commerciales et militaires de l’Empire, tout comme il fallait soulever Dorne. Défendre le Conflans et l’Orage, déjà agressés par des voisins ambitieux, allait de soi… L’Empereur avait commis l’erreur de considérer que l’ennemi masserait ses forces en grands ensembles unifiés pour marcher sur Accalmie et Vivesaigues. Il était lui-même au diable vauvert, en train d’affronter le mauvais temps des côtes valoises, alors que l’Impératrice se battait à Dorne. Les Bieffois du Roi Manfred, quant à eux, soutenaient bel et bien le plus dur des assauts contre l’Orage, défendaient leurs possessions de Dorne… Et appuyaient l’invasion du Conflans par les Lannister. Mais loin de rassembler leurs forces, les coalisés marchaient séparément. Pendant que Lord Kenning enfonçait les lignes riveraines et mettait le siège devant Vivesaigues, l’armée de Lord Rollingsfort progressait le long de l’Oeildieu. Prévenu que l’armée du Nord progressait vers la capitale riveraine, l’homme mit toute la région alentours à feu et à sang.

Nulle réaction impériale. Si le Nord l’apprit, il para au plus pressé ; Vivesaigues et son armée riveraine piégée, incluant le Roi Lyham. Sans aucune opposition, Rollingsford lança ses troupes légères et ses fourrageurs dans toute la région. Ses cavaliers incendiaient les fermes, pillaient les dépôts et les greniers des bourgeois. Sa troupe mettait la région en coupe réglée, et si lui ne manquait d’aucun approvisionnement, les impériaux du coin voyaient disparaître leurs cultures dans le feu des torches. Les hommes qui résistaient étaient abattus et pendus pour trahison envers la Reine Eren, souveraine légitime du Conflans. Les femmes, impitoyablement violées ou forcées de se prostituer au sein des campements. On rapporta même que des septons furent brûlés dans leur lieu de culte, claquemurés avec les protestataires, quand des croisés bieffois les jugèrent pour hérésie et collusion avec l’œuvre impériale.

Pas de résistance. Rollingsford n’avait que des nouvelles éparses de Vivesaigues et du siège, ou de l’offensive du Roi sur l’Orage. Il décida, faute d’adversaires, de poursuivre son avance vers le nord. Au cas où, il envoya des forces légères et rapides vers l’Ouest, vers Lychester. Moins de cinq mille hommes, largement précédés de cavaliers légers, arrivèrent dans le bourg. La milice, levée à la hâte, fut enfoncée. Un mince rideau de jeunes hommes et de vieillards, brandissant lances, fourches et faux, fut transpercé par une charge de sergents montés. Les lances transpercèrent nombre de défenseurs dans leur fuite éperdue, et le bourg fut pris avec ses stocks. Nulle nouvelle des impériaux dans les environs. La route de Vivesaigues par l’est était ouverte… Mais Rollingsford avait déjà un autre objectif en tête.

Les rapports alarmants s’amoncellèrent sur le bureau du Collège Impérial de Fort-Darion. L’Intendante, Nelya Omble, ne put que partager les informations avec les autres conseillers, comme Gawain Chyttering ou Isla Chelsted. Trop tard.

L’armée du Bief fondait sur Herpivoie. La ville tenta de tenir bon. Les portes furent fermées. Les stocks, inventoriés…

Mais les réquisitions impériales pour nourrir les osts du Nord, de l’Empire, de Peyredragon, opérant du Trident au Val, et envoyant vivres et matériels jusque dans l’Orage, avaient saigné la région. Les premières récoltes de maraîchages étaient déjà parties, et le blé, pas encore jauni. Il n’y avait pas de stock. Et pas d’espoir. Les miliciens, en proie aux rumeurs sur l’absence de vivres, et impressionnés à quelques dizaines seulement face à peut être vingt mille hommes, quittèrent leurs postes. Certains tinrent bon… Mais voyant le moment de flottement dans la défense, et les cohortes de réfugiés abandonnant commerces et cultures de la ville pour se jeter avec leurs maigres possessions sur la route de Fort-Darion, traversant le pont de la ville, Rollingsford ordonna l’assaut général.

Il n’y eut que des combats désespérés, à l’arbalète et à l’épée. De maigres pertes. Les défenseurs se rendaient, pour les rares qui défendaient leur position. Les miliciens luttèrent pied à pied dans les venelles étroites du bourg, tandis que leurs camarades incendiaient le pont en jetant aux flammes tout ce qui pouvait brûler, incluant les maigres vivres sortis des greniers, les chariots, la paille, tout.

Les derniers impériaux à battre en retraite étaient bloqués. Ils furent faits prisonniers, impuissants devant le pont s’effondrant sur lui-même.

Lord Herpivoie avait sacrifié sa ville, son pont, tout ce qui faisait sa prospérité. Mais l’essentiel de son peuple était sauf, et le Bief devrait trouver un autre point pour traverser le Trident, ou réparer le pont. C’était au moins des jours de perdus pour l’avance bieffoise en plein cœur de l’Empire, qui venait de prendre coup sur coup deux places Braenaryon, avec des pertes dérisoires.

La Rive Sud du Trident était alors aux mains des Puissances Centrales. De là, Rollingsford pouvait couper le Conflans de l’Empire, se rabattre sur Vivesaigues ou pire, sur le cœur du Conflans. Il pouvait aussi menacer la Néra, l’Orage par le Nord. Il pouvait assiéger la capitale, et forcer l’Empire à y déployer de précieux renforts qui manqueraient ailleurs.

L’Empire était menacé d’une lame dirigée droit sur son cœur.



Points du Bief
+5pts ville mineure conquise
+10pts ville importante conquise

Points de l’Empire
-5pts ville mineure perdue
-10pts ville importante perdue