Lord Sunderland pouvait se targuer d’avoir pris les devants, bien avant la déclaration de guerre officielle envoyée à l’Empire, en entamant des travaux de fortifications de Sortonne. La ville côtière, bâtie sur la plus grande île des Trois Sœurs entre le Val et le Nord, était en effet un point d’étape des plus stratégiques entre les deux puissances jadis alliées. Sunderland s’était considérablement enrichi des taxes commerciales et du trafic maritime, sans compter la pêche et la chasse à la baleine dans ses eaux.
Ce n’est pourtant pas pour la prospérité des Trois Sœurs qu’une immense flotte impériale apparut au large de Sortonne, trois mois après l’entrée en guerre du royaume. Le temps était calme, le ciel dégagé. La flotte impériale, dont de nombreux bâtiments nordiens, furent repérés loin à l’avance. Le Val était déjà sur le pied de guerre, car la flotte fédérée avait été repérée depuis une dizaine de jours, longeant la côte valoise depuis Goeville en maints endroits.
Il n’en restait pas moins que la démonstration de force était impressionnante. Des dizaines de bâtiments, dont de hauts dromons battant pavillon Braenaryon, et de nombreuses caraques, escortaient les dizaines de cogues débordant de troupes de plusieurs cohortes impériales de de divisions nordiennes. Le phare restait allumé, alors qu’il évitait d’ordinaire les navires entrants en rade de Sortonne de s’éventrer sur les récifs longeant la baie. Lord Sunderland envoya des hommes pour masquer les feux et précipiter la flotte impériale dans la confusion… Mais sans succès. L’endroit était déjà tenu et barricadé. Des agents de l’ennemi, infiltré depuis plusieurs jours vraisemblablement via un navire commercial pris par l’ennemi, tenaient le phare et s’y étaient retranchés. Où, quand et comment avaient-ils débarqué ? Les hommes de Sunderland prirent d’assaut le phare, et bientôt les flèches et carreaux fusèrent entre les groupes d’assaillants et les défenseurs, nordiens et impériaux. La flotte se rapprochait irrémédiablement sous le son des cloches des septuaires de la ville, sonnant l’alarme.
Le phare fut bientôt débordé ; sur ses murs on se tuait à la lance et à l’épée tandis que la porte était enfoncée. Déjà, les premiers navires impériaux touchaient terre et déversaient des centaines d’hommes par canaux, essentiellement des fantassins nordiens et des hallebardiers impériaux. La plage fut rapidement prise, malgré des échanges de tirs avec les miliciens. Le phare fut dégagé, alors que ses derniers défenseurs s’apprêtaient à vendre chèrement leur peau. Le chemin de graviers et les murs en défendant l’accès étaient tapissés des corps de mourants et de blessés appelant à l’aide. Le Sénéchal du Nord Bowen Glover et le Commandant impérial Garlan Goldwyne prirent pied, alors, et émirent le souhait d’entamer des pourparlers avec les défenseurs de la petite cité portuaire, désormais encerclée par les navires qui déversaient toujours plus de troupes sur le rivage.
Fort de son millier de miliciens et de ses fortifications rehaussées par des mois de travaux, Lord Sunderland réclamait l’honneur de défendre sa place, et refusa leurs conditions. Tout le monde tremblait de voir le terrifiant dragon de l’Impératrice arriver dans le ciel et sonner le glas de la résistance des iles, mais il n’en fut rien.
Aussitôt, des machines de siège furent construites et des tranchées creusées, autour de la ville, qui reçut ses premiers projectiles dès le crépuscule du premier jour. Les catapultes, pierrières et balistes des navires de guerre arrosèrent copieusement les défenses, qui tinrent bon. Au second jour, des incendies commencèrent à se déclarer car les tirs de la flotte passaient par-dessus la rade et le mur côtier, et touchèrent de nombreuses habitations de bois.
Malgré les efforts des défenseurs, civils comme miliciens, la ville valoise fut incendiée par les tirs. Un mouvement de panique se déclencha à mesure que la rumeur de l’arrivée du dragon impérial enflait, mais le bombardement continua pendant près de vingt heures et fit des dizaines de victimes. L’essentiel des habitations de la ville basse étaient parties en fumée, au matin du troisième jour. Les défenseurs aux visages maculés de suie s’apprêtèrent à abattre les plénipotentiaires impériaux, qui leur offrirent une nouvelle chance de se rendre.
« Pour le Roi Ronnel et le Val, allez en enfer ! » fut la seule réponse de Sunderland.
Ayant pris acte de la résistance ennemie, Lord Glover prit deux unités nordiennes, et fit déposer ces petits corps, une demie division à chaque fois, sur les autres îles de l’archipel. Longuesoeur se rendit aussitôt, la maison Lonhameau déposant les armes devant le défilé de troupes nordiennes sous son castel. La petite rade et la baie principale de l’île servit de zone de halage des navires légers impériaux.
Sur Petitesoeur, la situation dégénéra très vite. L’avant-garde nordienne tomba dans une embuscade et plusieurs soldats avaient été occis en cherchant un chemin à travers bois vers le castel Torrent. On retrouva les corps mutilés, pendus, morceaux exhibés dans la clairière. Quand il l’apprit, Bowen Glover rejoignit la troupe, et mena un assaut massif sur le castel des Torrent. Les quelques dizaines de défenseurs succombèrent bien vite sous la pluie de flèches et si les nordiens déplorèrent quelques tués, le mur extérieur fut pris en moins d’une heure. Déboulant du corps de garde déployant bannières Stark, les nordiens chargèrent comme un seul homme en hurlant, alors que les miliciens Torrent lâchaient une volée de flèches et de carreaux depuis les courtines du castel. Un projectile atteint Lord Glover dans le cou. Deux carreaux d’arbalètes transpercèrent son poitrail et se noyant dans son propre sang, le héros de guerre tomba au milieu de ses hommes. A ses côtés, le Prince Walton qui chargeait furieusement, vit son bras traversé au biceps par un carreau, qui lui brisa l'os et le laissa en sang. Le castel fut pris d’assaut dans un élan furieux, les nordiens ne faisant que peu de prisonniers. L’endroit fut incendié et la famille Torrent, mise aux fers et malmenée sur le chemin des navires impériaux. Le prince fut soigné, mais c'était trop tard pour le Sénéchal...
Les chefs de division nordiennes présents se battirent pour le commandement, qui échut à Lord Manderly, le plus expérimenté des officiers du Roi du Nord sur place. Des soldats continuaient de disparaître sur Petitesoeur et des nordiens organisèrent des battues où l’on observa de nombreux sévices pour faire craquer la population et dénoncer les émeutiers qui s’en prenaient lâchement aux hommes et campements isolés. L’ordre fut rétabli en deux jours, mais quelques escarmouches se poursuivirent.
Resté seul à la manœuvre, le Commandant Garlan Goldwyne fit renforcer le bombardement de Sortonne, dont les défenses malmenées épuisaient les munitions impériales mais continuaient de tenir bon. Une nouvelle offre de reddition, évoquant le ralliement des autres îles, fut portée à la connaissance de Sunderland, qui promit de vendre chèrement sa place pour les ravages infligés à sa population.
Les impériaux savaient à quoi s’en tenir, alors. Les pertes restaient légères, de l’ordre de quelques centaines d’hommes à peine dont une majorité de blessés. Mais l’un des plus importants généraux impériaux était mort dans une escarmouche sanglante et ses troupes s’illustraient par leur brutale détermination à l’emporter. Détermination qui, pour le moment du moins, butait contre la résistance obstinée des soeurois, bien décidés à résister aussi longtemps que possible. L’espoir semblait néanmoins ténu, car des milliers d’hommes assiégeaient une place importante, et si les défenses étaient matraquées par un bombardement intense, elles finiraient bien par craquer.
Points de l’Empire +2pts bourg conquis (Longuesoeur)
+2pts bourg conquis (Petitesoeur)
+2pts Siège Dolcesoeur
-2pts mort de Bowen Glover
Points du Val-2pts bourg conquis (Longuesoeur)
-2pts bourg conquis (Petitesoeur)
-2pts siège de Dolcesoeur