BOTTIN

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Kiernan Shipka est <a href="t8284-isl"><span class="Gp_Empire">Isla Chelsted</span></a>

RECENCEMENT

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<span class="Gp_Empire">Isla Chelsted</span> - Je suis fidèle à mon souverain - Conseillère impériale / Dame de compagnie de l'Impératrice - <a href="t8284-isl">PV pris</a>

LIEU

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<a href="u792"><span class="Gp_Empire">Isla Chelsted</span></a> se trouve à <span class="Gp_Empire">Fort-Darion - Terres Impériales</span>

- Alors comme ça les Dames de la cour te salue maintenant ?!

Faisant roulet ses dès dans son godet, le milicien de Fort-Darion marqua un instant de pause, ménageant un suspense superflu, un rictus fier aux lèvres, avant de libérer les cubes d’os sur la petite piste de cuir installée entre lui et ses compères.

- 12! Aller ! Alonge la monnaie Brüno! C’est mon jour de chance aujourd’hui !

Eclatant de rire face à la mine déconfites de son adversaire, le milicien manqua presque de tomber à la renverse, son tabouret en bois grossier chancelant au moindre de ses mouvements.

Dans la pièce enfumée par un âtre au tirage timide, l’humeur était plutôt au beau fixe chez la milice urbaine de la encore toute jeune capitale impériale. Se relevant de son siège précaire, sa côte de maille tintant sous un mouvement si brusque, l’homme d’arme fanfaronnait.

- D’abords un sourire de Dame Chelsted, et maintenant la victoire ! Ce que j’aime ce poste !

Levant la tête un instant de son godet, un de ses collègues renchéri.

- Paraitrait même que ces vassaux des Targaryens, ben ils auraient les mêmes mœurs que les Dragons en personnes.  

Rougissant un instant, le fanfaron se rassit doucement alors que le prénommé Brüno lui mimait un geste obscène, particulièrement amusé de voir son ami réaliser la chose. Son autre collègue, probablement un peu aviné, continua.

- Tout est susceptible d’y passer avec eux. Les servantes, les échansons, les écuyers, les chevaliers. Tout je te dis !
- Tout ?!
- Ouais ! Même toi, malgré ton nez cassé, ta barbe mal taillée et ton air d’ahuri. Et puis paraitrait même que ça se fait aussi en famille chez eux... Que les Sept me pardonnent.

A cette invocation, le milicien leva son verre en bois, mimant maladroitement une étoile des Sept dans les airs, d’un geste tremblant. Le jeune fanfaron baissa les yeux un instant, son esprit probablement assaillit par un certain nombre d’images indécentes, clairement pas aider par le milicien Brüno qui continuait ses mimes équivoques à son encontre.

Se redressant de contre le mur, celui qui semblait être le Sergent de cette assemblée, ajouta son grain de sel à la discussion.

- A ta place je me méfierais. T’as vu ses habits chaque fois qu’elle passe la porte du palais ? La robe et le voile noire dans les cheveux ? Les femmes en deuil, ce n’est pas bon. Et c’est encore pire si c’est une veuve... Une veuve, ça porte malheur.

Les paroles du sergent eurent l’effet d’un baquet d’eau glacé pour l’imagination du jeune milicien. Brüno, arrivant à cours de son répertoire de mimes obscènes, se rassit lui aussi, avant de reprendre.

- Parait même que la Dame Chelsted, c’est elle toute seule qui aurait fait disparaitre son mari, parce qu’il n’était pas assez fidèle à l’Empereur. C’est Rovan de la patrouille portuaire qui me l’a dit l’aut' soir.
- Et il t’a aussi raconté comment il avait troussé la Reine de l’Orage je suppose ?

Celui qui était surement le caporal de la petite troupe, venait de se lever de sa couchette, pour venir asséner une tape magistrale à l’arrière du crâne de son cadet, sous les rires moqueurs des autres miliciens présents. Le vieux vétéran alla se poser sur un tabouret, autour de la table de bois, remettant en place le cache œil de fortune qui lui barrait le visage, ajoutant aux rides manifestes un surprenant air de sagesse à l’homme.

- Ecoutes gamin! J’étais à Wayfarer, il y a quoi ? deux ans ? Je sais plus... Moi je l’ai vu, Sir Ronald Chelsted. J’étais dans les troupes du Conflans, à encadrer des p’tios fraichement enrôlés par les Tully. Lui et d’autres chevaliers de Peyredragon ont mené une charge héroïque sur l’un des flancs de l’armée adverse, juste sous nos yeux. Je l’ai vu mourir, une lance lui passer au travers du casque. J’ai vu aussi les lignes ennemis se disperser peu de temps après, détaller comme des lapins pendant une journée de chasse...

Le caporal marqua un instant de pause, le regard sombre plongé dans le vide, revivant très certainement des souvenirs douloureux. Toute l’assemblée s’était tue. Reprenant ses esprits, il fusilla du regard son cadet à la langue trop pendue.

- Alors la prochaine fois que t’insultera la mémoire d’un de nos héros et que tu manqueras de respect à une des dames de la cour, je t’envoie vider les latrines toute une semaine et faire un pardon à genoux au sanctuaire du quartier. Je me suis bien fais comprendre ?!

Le caporal, tout en se levant, en profita pour remettre une claque derrière les oreilles du cadet Brüno, avant de retourner s’allonger. Avant de fermer les yeux, il lâcha néanmoins à l’attention de son autre compagnon de jeu un conseil.

- Par contre, le Sergent à raison sur un point. Les veuves, aussi jolies et souriantes puisse-t-elles êtres, portent toujours le malheur et la mort dans leur sillage...

Gouttant petit à petit le long de la voute à peine terminée, l’eau s’écoulait en légers filets, le long de colonnes somptueusement gravées. De fines vapeurs s’élevaient doucement de l’immense baquet de bois qui trônait encore là où des bains en bon et due forme auraient dû se dresser. Sous l’infime ruissèlement, des carreaux de fayence aux couleurs chaudes offraient une fresque saisissante, magnifique mosaïque de Feu et de Glace, la danse du Loup du Nord et du Dragon de l’Est.

L’air y était épais, chaud et moite. Les dizaines de bougies nécessaires à l’éclairage de la pièce peinaient à rester allumées tant l’atmosphère y était saturée d’humidité. Seules les quelques petites lucarnes du toit offraient une source de lumière fiable, rajoutant, par ces échelles de lumière, une ambiance bien à elle à la scène.

Cette salle des bains, encore inachevée, comme bon nombre d’autres endroits du palais, se transformait régulièrement en un office improvisé pour la conseillère Impériale, ne pouvant visiblement pas se passer de ces bains prolongés, pour soulager un mal qui lui était très personnel

Ce petit manège avait commencé peu de temps avant qu’elle ne rejoigne l’Impératrice sur les Terres de l’Orage, il y a plus d’un an maintenant, répondant ainsi à l’appel de l’énigmatique Baâl Forel.  

Renouer avec cette “tradition” Targaryenne, dont elle devait son initiation à son amie la princesse Rhaenys, était la seule solution, à sa connaissance, pour calmer un tant soit peu les douleurs qui lui laceraient le bas ventre mensuellement.

Des années durant, les deux enfants, puis jeunes filles, avaient partager ces bains typiques de Peyredragon, considérés comme “bouillants” par le reste de Westeros. Mais avec le temps, ses baignades étaient devenues tristement solitaires, bien éloignées des rires, des jeux et des douces étreintes de ses souvenirs.

Poussant d’un geste las le petit plateau qui flottait face à elle, la jeune femme se laissa aller à une petite minute de détente, une pause salutaire dans la lecture des ennuyeusement pompeuses missives du Collège Impérial. En temps normal, cette tâche ne lui aurait pas pris plus de quelques minutes, une heure peut-être. Mais lorsque les crises reprenaient, c’était une autre histoire.

Se laissant glisser un peu plus dans une eau trouble, nappant pudiquement d’un voile laiteux les fines et délicates formes d’un corps encore jeune, la conseillère ferma les yeux un instant, avant de se laisser complétement immerger.

La chaleur était un don des Sept pendant ces moments difficiles. Les spasmes étaient moins violents, moins présents. Mais ils étaient toujours là, vils rappels de ses moments honteux qu’elle aurait tant aimé oublier.

Ce jours honnis, où celui qui était alors son époux, avais abuser d’elle une fois de trop. Elle aurait tant aimé que Westeros le voit comme elle l’avait connu. Comme cet homme mesquin, à l’alcool mauvais et à l’esprit pernicieux. Pas comme l’héroïque chevalier qu’il faisait semblant d’être à la face du monde.

Honnis fut le jour, où, à la veille de son départ en campagne, cet immonde déchet s’était trainé jusqu’au lit conjugal, empestant le vin et le gras.  

Honnis soit le jour où, une fois de trop, il posa ses mains porcines sur elle, violent face au refus de celle qui devait lui faire honneur, trop presser de se soulager, avant de longues semaines loin de son confort, au côté de son tout récent Empereur.

Honnis fut le jour où, suite ce dernier abus, la jeune femme compris qu’elle portait dans ses entrailles l’enfant de la haine.

Honnis fut le jour où, terriblement désespérée, elle prit ces herbes d’Essos, achetée à prix d’or. Pour que cela cesse enfin.

Honnis fut le jour où le Mestre de la maison lui appris que le fausse-couche, que son geste fou avait déclenché, laisserait des séquelles définitives à son intimité... Qu’il était probable qu’elle ne puisse plus jamais enfanter... Que ces dégâts invisibles pourraient être un enfer à porter...

Refaisant surface dans un grande inspiration, la conseillère prit quelques instants pour chasser ces pensées de son esprit, déjà bien trop occupé à essayer d’être digne de la tâche que l’Empereur en personne lui avais confier.

Son regard se posa sur le plateau, flottant doucement non loin d’elle, secoué par les ondes que son retour à la surface avait générées. Entre les lettres décachetées, un petit flacon de terre-cuite narguait la jeune femme, comme chaque mois. Quelques gouttes pourraient soulager sa peine. Juste quelques gouttes, dans un peu d’eau ou de vin.

La tentation était grande, comme à chaque fois. Mais elle s’y refusait, toujours.

Son esprit se devait de rester clair. Les brumes du Lait-de-pavot ne troublerons jamais le Devoir qu’elle avait choisi d’embrasser... Jusqu’à son dernier souffle ...

Le noir était une couleur forte commode pour la conseillère Impériale. Simple, intemporel, porteur d’une symbolique forte, comprise de tous, du moins dans sa dimension la plus triviale.

Le noir, élégant et royal, qui, mêlé au carmin, devenait le symbole de la maison Targaryen; alors que mêlé au blanc et à l’argent, il devenait l’écrin des couleurs de la maison des Braenaryon. Le symbole de sa loyauté.

Le noir, austère, symbole d’humilité et du travail acharné de la jeune femme, pour une famille et un pays où tout restait à faire.

Le noir, funeste. La couleur de l’Etranger, du deuil et de la mort. La couleur des superstitions, souvent stupides, mais si utiles.

Son affection pour cette couleur n’était pas une preuve d’un dévouement pieu envers un défunt mari qu’elle haïssait. Ce choix était comme chaque décision de la vie, purement politique et murement réfléchie. C’était un bouclier dans lequel elle se drapait quotidiennement, face à un monde qui n’avait pas toujours était très juste avec elle.

C’était le jeu quotidien de la cour de Fort-Darion. Un jeu pratiqué dans toute les cours de Westeros, voire plus loin encore. La moindre parole, le moindre geste, était épié, analysé, interprété par des ambitieux aux dents longues, espérant une opportunité de monter une marche de plus.

De par son poste, elle était devenue de fait une cible de choix. Peu de gens pouvaient se targuer de pouvoir discuter seul à seul avec le couple Impérial. Et encore moins pouvaient prétendre à les représenter face au Collège Impérial, lors de leurs longues absences, de trancher dans leurs décisions, en sa qualité de garante des Lois.

Le noir était son armure, face aux viles paroles et aux “qu’en-dira-t-on". Elle lui permettait d’entrer dans l’arène politique en maitrisant son image, offrant au gens un message complexe, suffisant à alimenter leurs discutions, tel un os que l'on jette à une meute de chien affamés.

Le noir lui permettait de regarder dans les yeux ses adversaires sans avoir à craindre leur fiel, leur amertume face à une femme ayant plus de pouvoir et d'influence qu'eux. Couplée au fin voile sombre qu'elle aimait souvent arborer, il lui permettait de jouer sur les croyances des gens, d'amadouer le pieu et de calmer les ferveurs fanatiques qui pouvaient couver chez certains.

Surprenante couleur que le noir, si simple et pourtant si efficace. La maisonnée Impériale ne pouvait pas mieux choisir ses couleurs.