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 J'ai tout perdu. J'ai tout à reconstruire. [Tour IX - Terminé]

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MessageSujet: J'ai tout perdu. J'ai tout à reconstruire. [Tour IX - Terminé]   J'ai tout perdu. J'ai tout à reconstruire. [Tour IX - Terminé] EmptyMar 4 Jan - 19:54

J’étais tant divisée.

D’une part, j’aspirais à une douce et simple existence, entourée de personnes que j’aimais – et qui savaient m’aimer en retour, dans un lieu paisible, verdoyant et ensoleillé. D’autre part, j’avais soif de vengeance et de violence envers les meurtriers de notre père, ou envers ces nobles qui avaient tant dédaigné mon existence en raison de mon sang – et qui, maintenant, cherchaient à faire couler le sang de Princes et de Princesses.

J’étais tant indécise.

Je pourrais autant chercher refuge dans quelques royaumes, dans le plus grand anonymat, pour construire cette maison si idéalisée et si rêvée, que de m’adonner à quelques jeux de pouvoir épuisants, risqués pour protéger une fratrie qui m’avait déçu – mais qui n’en restait pas moins mes frères, et ma sœur. Or, comment pourrais-je apprécier cette existence idyllique si elle était bâtie sur l’abandon et le sang de ma chair et de mon sang ?

J’étais tant incertaine.

Une décision devait être prise, aujourd’hui. J’avais déjà bien tardé. Si j’avais décidé de vivre ma vie, ayant déjà acquis une solide indépendance financière, j’avais un grand mal à passer à l’acte suivante, c’est-à-dire m’atteler sérieusement à un idéal – soit partagé avec une personne, soit propre à ma personne. Je relis la lettre de Mahée Allyrion, et un sourire cynique s’étire sur mes lèvres : elle ne m’avait pas convaincu. Je repense à ma petite sœur, Deria Martell, et mon regard s’assombrit : soit je dois la suivre aveuglément, soit je devais m’avancer – nulle demi-mesure, avec elle.

Toutes ces pensées agitaient et gâchaient mes nuits. Plus les jours s'écoulaient, et plus ma santé défaillait. Je le sentais bien. Si je pouvais me cacher au monde entier, il m'était difficile de dissimuler cette réalité à ceux qui me côtoyaient au quotidien - et sans ce masque -, soit Baldyr et Lin. Mes cernes qui se creusaient, ma voix qui tremblait, mes propos qui manquaient de cohérence par moment, mes balades nocturnes à la plage de plus en plus longues - voire une ou deux nuits passées à la belle étoile, quoique bien surveillée et gardée par Baldyr même ... tant de signes prouvant que je dormais mal et que j'étais préoccupée au plus haut point.

Ce soir, pourtant, j'avais fait exception. Je ne me baladais pas seule, avec mon ami de toujours qui maintenait une certaine distance - pour mieux me protéger et embraser les environs et, surtout, pour m'offrir cet instant de réflexion. Lin m'accompagnait. Malgré qu'il y a peu - voire jamais - de monde, je maintenais ce masque.

- Lin, j’ai grand besoin de ton avis. Tu es impartiale à toute cette situation. Tu n’es pas liée par les vœux, par le sang ou par la terre à quiconque ou à un quelconque royaume de ce continent, commençais-je. J’ai tant de choses à dire, et pourtant si peu de temps, continuais-je, dans un profond soupire. Mes traits n’avaient jamais été aussi crispés qu’à cet instant, pliés par toute cette souffrance morale que je m’infligeais malgré moi. Je ne sais pas comment te présenter l’affaire, sans que tu ne sois trop influencées et, en même temps, que tu ne manques pas d’information. A nouveau, j’inspire et j’expire, goulument, comme si je manquais d’air. J’ai tant perdu, jusqu'à mon prénom. Je n’ai plus que la Compagnie. Je ne peux pas perdre la seule chose que je possède, conclus-je, sur un ton bien pessimiste. Je veux commencer à construire.

Je me tais, étouffant un sanglot qui menaçait d'éclater.



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MessageSujet: Re: J'ai tout perdu. J'ai tout à reconstruire. [Tour IX - Terminé]   J'ai tout perdu. J'ai tout à reconstruire. [Tour IX - Terminé] EmptyLun 24 Jan - 16:11

J'ai tout perdu. J'ai tout à reconstruire.
Depuis le lever du soleil régnait à bord de notre navire un spleen profond qui semblait s’être emparé du cœur de chacun de mes camarades. Balancés par les flots s’écrasant contre le port, les hommes s’étaient installés sur le pont pour jouer aux cartes sans montre la moindre gêne sous le vif soleil qui leur brûlait le dos depuis le début de l’après-midi. Chacun, tranquille, fumait en attendant son tour. Quelle étrange vision cela était. Ce jeu qui normalement déclenchait chez tous les hommes gueulantes comme rire, menant même souvent aux coups, se jouait en cet instant en silence. Était-ce l’inactivité qui plongeait l’équipage dans un tel état de léthargie ? L’attente d’un départ, d’une décision de leur capitaine qui ne semblait pas venir…

Il me semblait moi-même que chaque jour le temps se faisait plus long, la journée une longue attente de la nuit et la nuit une misérable tentative de sommeil qui ne menait finalement qu’à l’attente du matin. Et ainsi de suite.

Ce temps libre, que d’autres sûrement auraient accueillis à bras ouvert et le sourire aux lèvres, m’était personnellement une épreuve. Je n’avais que très rarement connu l’ennui et l’inactivité au cours de ma vie, passant de l’exigence constant de mon enseignement à une vie de lenteur noyé dans la fumée embrumant les esprits. Mais une telle idée m’était à présent aussi impossible qu’hors de question, sans que je sache cependant dans quel sens je plaçais ces deux restrictions. Laissé ainsi sans d’autres activité sur laquelle se concentrer mon esprit semblait, sans prendre compte de mon avis, se complaire à la réflexion profonde et aux recasements de mes blessures passées. Ces souvenirs venaient me hantaient dès lors que le soleil se baissait, des images de mon passé que je ne pouvais oublier, des marques sur mon corps que je ne pouvais laver. Sans une larme, je supportais ces souvenirs à travers la nuit. Je ne savais encore comment interpréter ces fantômes me hantant mais souvent je craignais qu’ils ne soient porteurs d’un message, le message que ma liberté m’avait été arraché enfant et que jamais elle ne serait de nouveau complètement à moi. Ce genre de douceur ne dure jamais. Voilà l’idée qui, plus que les souvenirs, hantaient mes nuits.

Ah.

Je tournais la tête et observais la mer dans son bleu profond s’étendant jusqu’à un point où même l’œil ne pouvait plus rien discerner. Une pensée la traversa quelques secondes que de l’autre côté de la mer, très loin, se trouvait Essos. Et plus loin encore Yin Ti. Quelque pars là-bas.

Au coucher de la nuit, j’avais accepté la proposition de suivre Arianne Martell dans sa marche le long de la plage, espérant retarder ne serait-ce qu’un instant l’arrivé des fantômes. Nous avions toutes deux bien besoins de mettre le nez dehors car mon employeuse semblait avoir vécu ces derniers jours avec plus de difficulté encore que moi, semblant elle aussi être hantée toute la nuit par ses pensées. La jeune femme que je savais si coquette et soucieuse de son apparence était à présent marquée d’une profonde fatigue et d’une souffrance. Mais je ne savais bien trop comment pouvoir lui être de la moindre aide.

Alors qu’Arianne Martell m’appelait, j’abandonnais mon observation des flots et accélérait le pas pour la rejoindre, mes sandales abandonnées plus tôt dans la main. Nous n’étions au final pas bien différentes, effrayées à l’idée de perdre la dernière chose encore en notre possession.

« Parlez ma dame, si je pour offrir le moindre conseil je le ferais, si vous avez besoin de moi dans le moindre projet je vous aiderais, si vous vous élancez dans le moindre voyage je serais à vos côtés. »



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MessageSujet: Re: J'ai tout perdu. J'ai tout à reconstruire. [Tour IX - Terminé]   J'ai tout perdu. J'ai tout à reconstruire. [Tour IX - Terminé] EmptyJeu 24 Fév - 0:50

Par réflexe, mes doigts cherchent l’épaisse chevelure qui était l’une de mes nombreuses fiertés. Le projet est mis à mal par le tissu qui me couvre, de la tête aux pieds. Un nouveau soupire s’échappe d’entre mes lèvres, écrasée par le poids de la solitude. Que ne donnerais-je pas pour retourner à ces jours bénis où les rires de ma fratrie régnaient dans les couloirs des Jardins Aquatiques, et où quelques séduisants hommes me faisaient une discrète cour. Que ne ferais-je pas pour trinquer à nouveau avec mes frères et ma sœur, ou pour avoir une couche réchauffée par un amant qui me respecte et qui cherche un plaisir commun et non égoïste. Et c’est bien là, l’ennui ! Qu’importe les sacrifices que je suis prête à faire, ces temps bénis étaient perdus à jamais ! Quelle que soit la décision que je prenne, mon temps au sein de la Maison Martell était révolu. De ce glorieux passé, il ne me restait plus que trois parents, trois têtes mises à prix par des Rebelles. La lettre de Mahée tournait en boucle dans mon esprit. Elle a déjà dû interpréter mon silence prolongé, si d’aventure elle avait été intéressée par le personnage Nadar que je jouais.

- Je suis née dans un bordel, et j’y ai vécu durant sept ans. Puis, mon père m’a arraché aux bras de ma mère, et m’a amené ici même, à Lancehélion, pour habiter dans ce palais qui surplombe ces hauteurs. Et j’ai connu de nombreuses peines et bonheurs. Une belle-mère qui me haïssait, une sœur légitime qui me protégeait des colères de cette dernière. Un père qui était bien pudique dans ses démonstrations d’amour, deux frères qui se montraient extrêmement protecteurs et aimants. Des amants qui me respectaient, et un bourreau qui m’a appris que tous les hommes ne sont pas galants. Une grand-mère qui m’a introduit dans les intrigues de la Cour, qui m’offrait autant que j’avais à payer, dis-je, le ton froid et indifférent. Consciemment, je prenais distance avec chaque élément que j’énonçais, éveillant tantôt le désespoir, tantôt la honte dans mon cœur et dans mon corps. J’aspirais à une vie simple, auprès un époux dont je porterai les enfants, dans un domaine où je pourrais apporter un peu de bonheur. Loin de toutes ces intrigues. Malheureusement, il m’a été bien fait comprendre que c’était impossible. Batarde de sang royal, j’étais trop noble pour un marchand, mais indigne d’un noble. J’avais à attendre la maison qui voudrait bien alléger la maison Martell d’une bâtarde. Personne ne s’est présentée, comme tu peux le douter, soufflais-je, avec amertume. Je méritais d’être donnée en otage, pour mes erreurs, ou pour ce sang que je porte. Or, je me trompe. Cette erreur ne peut pas me coûter ma liberté. Et ce sang importe trop peu tous, car personne ne s’est soulevé pour moi, ou n’a cherché à me sauver. Je suis arrivée jusqu’ici, de mes propres forces. J’ai construit cette compagnie, de moi-même. J’ai gagné plus d’alliés, et plus de force en l’espace de six mois où je n’ai rendu compte à personne, qu’en vingt ans où j’ai servi fidèlement. Je me tais, quelques minutes, ne sachant pas comment continuer. Or, je ne sais quoi faire. Je ne peux pas tourner le dos à ma famille, et couler quelques jours heureux dans l’anonymat le plus parfait d’un quelconque royaume, comme l’Ouest ou les terres d’Essos. A l’inverse, je ne peux plus tout sacrifier pour une Principauté aux yeux duquel je ne suis ni plus, ni moins, qu’une batarde. Et je ne peux pas me révéler, car je risque d’être aussitôt envoyer aux Iles des Fers, car je suis encore et toujours otage en vertu d’un Traité signé par Dorne. Que faire ?

Je m’arrête, et je fixe l’horizon.




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MessageSujet: Re: J'ai tout perdu. J'ai tout à reconstruire. [Tour IX - Terminé]   J'ai tout perdu. J'ai tout à reconstruire. [Tour IX - Terminé] EmptyLun 7 Mar - 16:52

J'ai tout perdu. J'ai tout à reconstruire.
Je me tournais vers l’océan où le soleil se couchait au loin. Là où le soleil s’en allait mourir. Combien de fois avais-je observé cette même scène ?

Elle que l’on avait arraché enfant à la crasse des bordels pour la faire entrer dans le plus doux et noble des palais, moi que le sang devait parer d’or et de jade mais que le destin avait choisi de mettre sur le destin terrible qu’est celui de putain de luxe. Elle a sept et moi à six ans ce jour-là. Avait-elle comme moi pleuré à chaude larme la perte de sa douce mère en regardant le soleil se coucher derrière l’océan, comme ce soir ? Ah la fleur de notre jeunesse impitoyablement déchirée par le bâtard dessin. Et depuis, a-t-elle comme moi comment rire et sourire, comment même être heureuse. Comme fratrie et seule famille je n’avais connue que les jeunes filles partageant avec moi les dortoirs de l’institution qui ferait de nous des artistes. Mais toutes n’avaient pas mérité dans mon cœur d’être souvenue en ma mémoire en tant que sœur. Certaines s’étaient vites révélées comme de véritables ennemies pourtant, je n’éprouvais aucune haine en leurs encontre. Car elles comme moi avions été éduqué dans l’idée d’un combat continu, d’abattre les plus faibles pour mieux briller comme la plus belle des fleurs du jardin, et il m’aurait été bien simple de laisser mon cœur s’abandonner à la haine et la colère si mon tempérament n’était pas naturellement peu enclin à ce genre de comportement. Pour les seuls camarades qui se comportaient comme des sœurs, nos démonstrations d’amours étaient bien pudiques aussi car ce genre d’amitié ne nous était autorisé. Nous n’étions que des instruments et non des femmes de chaires et de sentiments. Je ne pus que sentir une certaine pitié en entendant les rêves que menais jadis ma dame d’une vie douce et simple, la même vie que j’avais tant espéré vivre auprès du seigneur qui me placerait sous sa protection en échange de mes talents d’artistes. Mais l’une comme l’autre, nos rêves de douceur nous avaient été arraché. La fleur de nos rêve était tombé… Le camélia était tombé… La couleur rouge se répandant sur le lit fumant, nos joues jadis inondées de larmes restées sec.

Sans que mon esprit perdu dans un ailleurs lointain ne le remarque., l’eau avait petit à petit gagné du terrain et me léchais à présent les pieds. Je la regardais un instant faire distraitement avant de me résoudre à retirer mes sandales et laisser mes pieds nus s’enfoncer dans le sable, le bas de ma robe être balayé par le mouvement éternel de la marée.

« Vous êtes trop libre pour pouvoir accepter la vie de soumission en vous mariant à l’ennemi, une flamme trop vive pour accepter d’être ainsi réduite à une vulgaire épouse étrangère de quelques seigneurs. » Je secouais la tête. « Vous êtes faites pour brûler et pour briller, et sans cela même l’amour que vous portez à votre famille et la pensée que tous vos sacrifices servent leurs sécurités. Rien de tout cela ne saurait vous garder en vie. ».

Contrairement à moi, je me refusais à ajouter bien que la pensée soit centrale dans mon esprit. Son tempérament était aussi sanguin et puissant que le miens était doux et pliable à la volonté des autres. Nous étions par cela bien différentes et, si j’avais pu supporter des années des pires parjures, réduite à des états que nuls humains ne devraient avoir à vivre au cours de sa vie sans jamais ne me laisser aller à la folie de la rébellion, je savais que ma dame ne supporterait un tel état. Peut-être que l’idée qu’elle ne sacrifie sa liberté m’était aussi insupportable car je haïssais ce qu’un tel choix de sa part pouvait bien exprimer pour ma propre liberté. Nous voilà debout, au port pouvant nous mener là où notre propre choix nous mènera.



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MessageSujet: Re: J'ai tout perdu. J'ai tout à reconstruire. [Tour IX - Terminé]   J'ai tout perdu. J'ai tout à reconstruire. [Tour IX - Terminé] EmptyLun 28 Mar - 0:29

Lin n’avait nul conseil à me prodiguer. Je n’étais pas ni surprise, ni en colère, ni déçue. Au contraire ! L’inverse m’aurait étonné ! Je l’avais arraché de quelques bordels obscurs de Lys, lui ayant redonné goût à la liberté, à la bienséance et à l’intimité non violée. Ses préoccupations et ses priorités étaient différentes des miennes, naturellement. J’avais moi-même été penaude, nonchalante et hésitante durant de longs mois, après ma propre fuite.

Un instant, je me demande si elle avait une famille pour laquelle s’inquiéter, que ce soit un père, une mère, un frère ou une sœur. Je n’ose pas l’interroger sur un tel sujet, de peur de la froisser ou d’éveiller de douloureux souvenirs. Sous prétexte que j’étais malheureuse et souffrante, je n’avais nul droit à infliger un même sort à une personne. Que Lin profite de ces joies et bonheurs fugaces qu’elle pourrait grapiller ! Elle méritait.

Par contre, sa vision de ma personne me surprend. Elle peint une femme flamboyante, plein d’énergie et de force. Or, je ne me considérais nullement ainsi. J’étais une âme discrète, virevoltant au gré des forces de ce monde et pleine de mélancolie.

Elle dit que je suis une âme trop libre. Est-ce qu’une telle âme aurait supporté toutes ces années de servitude et d’humiliation ? Je doute ! Et pourtant, je doute subitement. L’ancienne Arianne aurait pu serrer les dents, accepter ce destin injuste et être prête à subir le courroux de gens plus puissants qu’elle. Or, celle que j’étais aujourd’hui refusait de finir, encore, otage ou sujet tenant plus de l’esclave que de l’égal d’un autre aux yeux d’un Souverain – ou de sa Souveraine. Je voulais être là où je n’aurais plus à craindre pour ma liberté, ou à prouver ma valeurs.  

Elle dit que je suis une flamme trop vive. Elle semble considérer l’épouse comme une vulgarité. Quelle sottise et bêtise ! Une femme mariée pouvait être délaissée par son mari, certes, mais sa descendance et elle-même auraient droit à une reconnaissance convenable. Je ferme les yeux, et je réfléchis à ma propre existence et mes anciens amours. J’avais aimé Yoren, alors qu’il avait été mon bourreau à tant de reprises. Et j’avais commencé à voir Anders autrement, à l’instant où il avait dévoilé ses propres sentiments. Mes amours avaient été vifs, mais destructeurs, ne laissant que cendre et amertume. Je n’osais plus brûler, ou briller. Je me complaisais dans l’ombre, et le regret.

Enfin, elle semble dire ou sous-entendre que ma famille est inapte à me garder en vie, si je m’évertue à sauver leurs têtes. Il est vrai. Si je le fais, je perdrai plus de plumes qu’eux. Or, je ne souhaite plus être un quelconque sacrifice sur l’autel du pouvoir, sans mon consentement.




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MessageSujet: Re: J'ai tout perdu. J'ai tout à reconstruire. [Tour IX - Terminé]   J'ai tout perdu. J'ai tout à reconstruire. [Tour IX - Terminé] EmptyMer 27 Avr - 22:14

J'ai tout perdu. J'ai tout à reconstruire.
DLa lourde charge de conseillère que dame Arianne faisait mienne ce soir me semblait bien trop importante pour mes épaules frêles épaules.

Comment pouvais-je lui offrir le moindre conseil et tenir sa main le long du sinueux chemin de sa vie, alors que moi-même avançait à l’aveugle le long du chaotique parcours qu’était le mien. Trop tôt dans ma vie m’avait été retiré ma douce liberté et la possibilité de prendre mes propres décisions quand à mon avenir, baladée d’un pays à un autre et d’un maître à un autre, tentant tant bien que mal de toujours de garder la tête haute au nom de ma mère malgré la profonde misère de ma vie. Trop longtemps privée de la liberté, j’en avais oublié comment même en faire usage, comment faire mes propres choix et mettre un pied devant l’autre? Pardonnez moi vous qui si généreusement m’avait rendu ma liberté, j’aimerais tant savoir que faire de ce précieux bijoux mais celà m’est encore impossible. Arianne. Je ne peux vous offrir une main pour vous guider.

Une seule larme. Silencieuse. Solitaire.

“Arianne…”

Ma voix tremblait furieusement alors que je tentais de lui offrir cette terrible réponse qu’elle semblait si fermement attendre de moi.

Elle aurait pu me demander de me saisir d’un sabre et de lui donner mon bras droit, là, sur cette plage, et sans même questionner la chose je lui aurais offert ce dernier. J’aurais laissé mon sang couler sur le sable sans le moindre problème.

“ Ma mère m’a dit un jour qu’une personne ayant de l’honneur doit user de ses mots comme si ses derniers étaient encore plus précieux que les pierres les plus brillantes. Ma parole est sacrée et je vous promets aujourd’hui que je vous serais toujours honorable pour ce que vous m’avez rendu après tant d’années. Je répondrais sans hésiter à chacune de vos demandes sans jamais les questionner, sans jamais même demander la raison de votre demande mais…”

Je fermais les yeux un instant. Pardonnes moi Arianne.

“ Mais je vous en prie ne me demandez pas de risquer ma liberté. Vous ne pouvez pas me rendre quelque chose de si précieux pour ensuite me demander de le risquer de nouveau, je vous en prie. Si je la perds de nouveau…”

L’eau m’atteignait à présent largement les chevilles et ballottait largement le bas de ma robe à chacun de ses mouvements. Pourtant, toujours, je me refusais à m’éloigner plus haut dans la plage.

Et je me laissais tomber.

Les genoux dans l’eau froide du soir, la tête basse.

“Je suis désolée.”



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MessageSujet: Re: J'ai tout perdu. J'ai tout à reconstruire. [Tour IX - Terminé]   J'ai tout perdu. J'ai tout à reconstruire. [Tour IX - Terminé] EmptySam 21 Mai - 23:10

La parole vaut or, disait-on. Malheureusement, les hommes et les femmes avaient tendance à la bafouer au gré de leurs caprices et envies. Autant dire, les paroles candides et naïves de ce bout de femme m’arrachaient un sourire plein de tendresse.  Alors, lorsqu’elle s’effondre sur ce sable rude et froid, à peine regardante des vagues glacées qui venaient lécher ses petits genoux, je ne prends nul ombrage et je ne me moque absolument pas. Silencieusement, je m’accroupis à ses côtés, saisis ses épaules et la colle doucement à moi.  

- Tu es l’interprète de mon commerce. Tu es une amie dont j’apprécie la compagnie. Et surtout, tu es une femme libre. Dorénavant, tu es libre de choisir tes batailles. Je ne les imposerai pas. Tu n’as pas à t’excuser, par conséquent, la rassurais-je. Si nous venons à nous quitter, cela ne veut pas dire que tu ne peux pas m’assister d’une façon, ou d’une autre. Il y a tant à faire, que ce soit pour la Compagnie Commerciale de Jade, que pour Dorne, que tu n’auras nullement le temps de t’ennuyer ou de t’inquiéter à mon sujet, rajoutais-je. Enfin, je serais avec Baldyr, je ne suis pas inquiète, mentis-je un tantinet. Contre un groupuscule d’hommes, que valait la force d’un seul homme, un homme fatigué de surcroit ?

Je ne dis rien de plus, attendant patiemment que la brunette retrouve ses esprits. Je ne peux pas m’empêcher de glisser un regard sur ce grain de peau impeccable. Malgré que nous nous fréquentions au quotidien, j’étais toujours étonnée par ce regard tiré comme des amandes, par ce teint de peau naviguant entre le blanc et l’olive, ou par cet accent si particulier. Par ailleurs, ma surprise concernant leur langue n’était toujours pas passée ; tentant de comprendre encore aujourd’hui pour quelle raison, et par quel miracle, ce peuple avait opté pour des symboles et non pour des lettres comme la langue commune du Westeros ou du Haut Valyrien ou les courbes fines et inséparables de quelques régions lointaines.

Elle était un secret, malgré elle.
Or, l’Homme aimait percer les secrets. S’Il n’y arrivait pas, Il avait tendance à vouloir le détruire.
Dès lors, je m’inquiétais sincèrement pour sa sécurité si elle venait à se retrouver seule.

- Par contre, tu ne peux pas te permettre de voyager seule. Tu dois être accompagné. Demain, je vais demander à Baldyr de trouver un homme de confiance, et d’honneur, qui pourra t’accompagner où tu le souhaites, l’informais-je.

Doucement, je l’incite à se relever et à faire quelques marches. Je garde un bras dans le sien, la prête à la soutenir si la peur la paralysait ou si l’émotion la faisait flancher à nouveau. Stupidement, j’avais pensé que nous avons été déçues de la même façon, que nous avons vécu les mêmes erreurs, mais j’avais eu tort. Si je n’avais pas fui le campement de Yoren, et si ce dernier n’était pas mort, peut-être serais-je devenue comme Lin, soit une femme qui ne peut plus supporter la simple idée de « risquer » cette précieuse liberté.

Malgré tout, je m’en étais bien sortie. Cette conclusion allégeait un tantinet mon petit cœur.

- Tu rejoindras les Météores ou, du moins, tu resteras aux alentours si la ville est toujours aussi bien gardée au niveau de ses entrées et de ses sorties, l’informais-je. Ma mère sera ta meilleure alliée, je puis te l’assurer, et malgré qu’elle soit propriétaire d’un bordel. Elle pourra t’assister si tu as la moindre question sur les affaires. J’ai beaucoup appris d’elle. Est-ce que cela te convient ?

Avais-je besoin de spécifier qu’il n’était pas question d’aller jouer la courtisane dans l’établissement ? Je ne pipe pas un mot, car une telle précision tenait de l’affront contre ma propre personne. Je n’avais pas cherché une perle rare, dans les bordels de Lys, et payé à prix d’or une vie humaine – acte qui m’avait sérieusement et sincèrement rebuté et dégouté – pour la remettre dans un autre foutoir.

- Quant à moi, il est temps que je me révèle à ce monde. Je n’ai plus que deux frères, une sœur, une compagnie et surtout ma pauvre vie à perdre. Je ne peux pas rester assise, et les voir tomber les uns après les autres. Je ne pourrais pas me pardonner, susurrais-je.

J’inspire, et j’expire aussitôt.



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