La chaleur de nos souvenirs heureux [Flashback - Terminé]

La chaleur de nos souvenirs heureux

L
aissez moi tranquille à présent je vous prie, je vous ferais appeler lorsque nécessaire.

Il ne fallut pas un mot de plus de sa maîtresse pour que la servante se retire, emportant contre sa poitrine la tenue de lin orangé et le voile d’un jaune safran que la dame avait porté toute la journée. Une vieille femme au regard ferme et à la bouche toujours pincé, semblant sur le point de cracher un mot blessant à chaque personne, une de ses mauvaises vieilles femmes que personne ne regretterait. Il semblait que cette dernière était la seule que l’on avait accordé à la native de Rubriant lors de son départ, peut-être pour sa connaissance de l’écriture et la correspondance qu’elle pourrait entretenir avec le seigneur de Rubriant sur les actions de la dame à la cour. Cela n’étant bien sûr que on-dit. Alors ne resta plus dans la salle que Senia Florent. La dame dénoua lentement le nœud retenant son linge de corps et laissa le vêtement tomber simplement au sol puis ses mains se haussèrent jusqu’au fin tissu qui retenait sa chevelure blonde en une simple tresse et le laissa tomber à son tour. Alors il ne lui resta plus qu’à se glisser dans l’eau chaude du bain dont émanait une épaisse fumée. En quelques instants à peine, la dame était installée dans le bain et le regard perdu, elle y plongea subitement la tête.

Mais toujours la tête dans l’eau, elle pouvait entendre résonner au loin le bruit des discussions se tenant entre les femmes dans les grandes pièces de bains chaud et froid, où bien ses dernières discutaient-elles dans l’une des salles où chacune pouvait à sa guise s’enduire d’huile essentielles et de divers produits aux senteurs tous plus enivrants et exotiques les uns que les autres.

Mais aux habituelles discussions féminines des bains publics de Hautjardin la dame avait préféré le calme d’une des quelques salles privées pouvant accueillir seulement trois ou quatres personnes cherchant un peu de discrétion en sein. Un peu de répit au sein de cette immense ville que la dame de compagnie trouvait bien trop bruyante et animée à son goût. Ici tout lui semblait si différent des uses et de la vie à Rubriant. Cette vie lui manquait. Sa vie. Trop subitement et trop violemment arrachée de sa personne. La vie qu’elle avait vécu dans sa cité natale lui semblait soudainement bien plus douce, les mauvais souvenirs de sa vie auprès de son frère et les derniers mois passés à souffrir en silence, le déchirement et la solitude de la vie sans son époux et éloignée de son seul enfant. Tout cela lui semblait à présent bien plus doux comparé à cette nouvelle vie Hautjardin. La chaleur contre sa peau devenant désagréable, Senia Florent sortit la tête hors de l’eau et prit une inspiration sans toutefois trouver la bouffée d’air frais qu’elle espérait. Il lui faudrait bien s’habituer à cette nouvelle vie, pour apporter honneur au nom de sa famille et enfin s’en montrer digne, et surtout pour respecter sa part de la promesse faite à son frère. Servir les florents pour pouvoir un jour revoir son fils.

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An 1 - Mois 2 - Hautjardin

Marchant dans les couloirs je ne prêtais que peu d'attention à ceux qui croisaient mon chemin. Je venais de me prendre le chou avec un soldat bieffois qui m'avait cherché des noises en me traitant de ruffian comme tous les Fer-Né. En soit ce n'était pas ce mépris pour mon peuple ou moi-même qui m'agaçait. Mais plutôt que je devais me contenir et ne pas tuer cet homme, comme d'autres avant lui. Quelques heures plus tôt il m'avait fallu remettre en place un mirliflore, et j'avais dû me contenir pour simplement l'effrayer par mes mots. Le fût que j'avais alors éclaté à côté de lui avait montré l'agacement qui me prenait. Lui aussi avait eu la chance que je savais me tenir, et retenir ma hache. Pour Eren.

Lorsque je vis que mes pas m'avaient mené aux bains, j'hochai la tête et me décidai à tenter de me détendre un peu dans l'eau chaude. Je poussai la porte d'une des salles privées et ne voyant rien hormis la vapeur épaisse je me mis à poil et entrai dans l'eau. Mais alors que ma nouille prenait la température de l'eau, je vis un visage sortir de la vapeur et me fixer.

Oh... Mes excuses. dis-je en me figeant un instant avant de finir mon entrée jusqu'à n'avoir que les épaules hors de l'eau. Ça vous ennuie si je reste un peu, juste le temps d'oublier quelques imbriaques? lui demandai-je en me frottant la couenne.

Votre visage ne m'est pas inconnu, malgré la vapeur, mais je ne crois pas connaître votre nom. dis-je d'abord avant de me présenter directement.

Stig Botley. dis-je simplement, omettant volontairement d'évoquer mon titre. De toute manière ici et maintenant il n'avait que peu d'importance. Dénudés et dans l'eau, nous pouvions presque être égaux elle et moi, qu'importe nos conditions respectives. Car dans mon souvenir elle devait faire partie du personnel et non être quelqu'un d'importance majeure.

La chaleur de nos souvenirs heureux

Lentement, Senia Florent laissa sa tête tomber en arrière et sa nuque reposer contre le rebord du bain. Tandis qu’elle ramenait ses jambes contre sa poitrine, essayant de trouver une position confortable, elle se rendis compte d’un léger mieux au niveau de la douleur qui lui martelait le front depuis son arrivé à Hautjardin. La douleur était toujours là, mais c’était comme si un nœud avait été un peu desserré. Était-ce la chaleur de l’eau où le fait de profiter d’un peu de silence au milieu de ce palais toujours si bruyant et foisonnant qui calmait sa douleur ? Elle renifla, trop fatigué pour se lancer dans une telle réflexion.

Mais alors qu’elle s’enfonçait plus profondément dans la chaleur du bain, la jeune dame fut eplapourdie d’entendre des pas semblant à l’oreille bien plus proches pour être le simple passage de dames dans le couloir. Elle n’y prêta d’abord pas d’attention particulière, pensant avoir affaire à un simple tour de son esprit mais, lorsqu’elle sentit le remous du bain, la chose fut évidente. Elle n’était plus seule. Senia Florent ouvrit alors les yeux, prête à accueillir la dame peu respectueuse qui s’était permise de la rejoindre dans ce bain privé avant de se figer, transie de peur.

Un homme.

Nu. Complètement nu.

Elle voulut hurler mais comme figée par la peur, aucun son ne parvient à passer outre le nœud qui tordait sa gorge avec la force qu’auraient mises des laveuses à tordre le linge. Elle recula d’abord, son dos heurtant durement la paroi du bain et voulu s’enfuir en courant avant de s’arrêter au dernier moment. Sortir, c’était exposer son corps dans son plus simple appareil à cet inconnu. Dans le bain au moins, l’eau et l’épaisse fumée en émanant avaient l’avantage de cacher son corps. Alors il lui fallut se raviser et accepter de simplement ramené encore plus encore qu’elle ne pensait possible ses jambes contre sa poitrine, ne faire de son corps qu’une forme le plus petit possible. Se protéger loin de lui. Quelle horreur, oh misère. Le mal qui la prenait à présent était plus qu’un simple margouillis, c’était l’horrible impression de sentir sa pureté et son honneur déchiqueté en lambeau par les crocs acérés d’une bête.

Car la chose qui effrayait encore plus Senia que le sexe de l’homme se tenant face à elle était son origine. Car un tel ruffian osant pénétrer ainsi sans aucune gêne au sein des quartiers de bain des femmes ne pouvait être qu’un de ses maudits fer-nés. On l’avait déjà mise en garde de la présence de ces hommes venues accompagner leur reine et elle avait jusqu’alors réussi à ne pas croiser ces maudits barbares dans les couloirs du palais. Était-ce parce qu’elle avait justement si longtemps réussi à échapper à ces malfrats qu’elle se retrouvait à présent dans cette horrible situation. Oh comme elle regrettait de s’être encore hier réjouie de sa chance ! Oh comme elle souhaitait s’excuser d’un tel orgueil devant les sept. Et cet homme, non pas un homme, cette bête qui osait s’imposer dans ce bain comme si elle n’était pas là. Les fer-nés étaient donc plus sauvages et mal-élevés encore que ce qu’on lui avait raconté.

« Je… »

Elle hésita encore un instant à lui répondre. Peut-être partirait-il plus vite si elle gardait le silence ? Puis, la pensé de ce que ce monstre pourrait lui faire subir par colère si elle ne restait froide lui traversa l’esprit.

« Senia Florent. »

Elle fronça les sourcils et s’enfonça un peu plus profondément dans l’eau jusqu’à ne plus laisser dépasser que ses lèvres et ce qui se trouvait au-dessus. Le mal de crane était de retour. Son si précieux silence était de nouveau perturbé par cet homme et la chaleur du bain ne parvenait plus à réchauffer son corps pétrifié par l’effroi. Alors elle murmura, une simple question, comme un cri de désespoir.

« Vous allez me faire du mal ? »

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An 1 - Mois 2 - Hautjardin

J'observais avec attention la jeune femme qui bégayait presque tandis que j'avais pris place dans l'eau chaude. Le peu qui en dépassait semblait harmonieux mais pour l'heure elle n'en dévoilait pas assez pour que je puisse me faire une idée plus précise. J'affichai un léger sourire alors qu'elle remontait ses genoux contre elle, se recroquevillant telle une pucelle terrorisée lors d'un pillage. J'en avais violenté plus d'une, tellement que je n'en avais retenu que bien peu de visages. Nous étions ainsi nous autres fer-nés, à prendre la vie et l'innocence de nos ennemis ou encore des victimes sur notre chemin. Mais à nos yeux cela revenait au même et nous ne leur accordions que peu d'importance une fois à notre merci.

Senia Florent... dis-je d'abord en répétant son prénom avec un air de prédateur tout à fait calculé. J'étais tout à fait conscient de l'effet peu rassurant que cela pourrait avoir sur la jeune femme, et ça n'en était que plus divertissant à mes yeux.

Et bien... C'est ainsi que l'on nous dépeint en ce royaume? De sinistres brutes prêtes à se jeter sur la moins femme esseulée? dis-je sans que cela ne soit une véritable question à son attention.

Si vous n'avez pas l'intention de me sauter dessus pour me couper les bourses, il n'y a aucune raison que je vous fasse le moindre mal Senia. lui dis-je d'abord, malgré l'amusement qu'elle me provoquait. J'ai beau être fer-né, je sais me contenir. Et nous ne sommes ni sur un champ de bataille, ni en pleine parade. Il n'y a donc aucune raison que je vous saute dessus. Ma venue impromptue ne laisse aucun doute quant à l'absence totale d'opportunité sexuelle entre nous présentement. Et il ne sera pas dit que je manquerai à ma loyauté envers Eren Hightower. ajoutai-je sans plus détails pour l'heure. Si j'avais bien appréhendé sa personnalité, cette dernière phrase saurait attiser sa curiosité. Et peut-être que cela l'amènerait à se détendre un peu et profiter du bain en dépit de ma compagnie si effrayante.

La chaleur de nos souvenirs heureux

Lentement mais surement, un frisson d’effroi lui remontait le long du dos. Les scénarios cauchemardesques de ce que cet homme pourrait tenter de lui faire subir ne semblaient vouloir quitter son esprit. Oh elle avait entendu tant d’histoire sur ce peuple. De sa plus tendre enfance lorsque son père discutait à table des nouvelles des différents pillages commis par ces terribles barbares, des villages brûlés et des gamines violetées. On lui avait toujours appris à se méfier de leurs hommes comme de la peste où elle risquait d’en faire les frais et à présent elle se tenait devant l’un d’eux dans son plus simple appareil. A sa merci.

Oui, cet homme ne pouvait être autre chose qu’une sinistre brute.

« Non bien sûr que non ! » Elle mentait extrêmement mal, s’en rendait-elle-même compte ?
« Nous, nous… Nous apprécions énormément nos voisins ! La patrie natale de notre reine qui plus est ! Nous… » Bon sang. « Nous savons à quels points vous êtes de puissants et valeureux guerriers en mer ! »

D’immondes barbares à l’odeur de sang et de poisson.

« Je… Simplement un homme ne doit pas être ici, même si vous ne pensiez pas à mal vous devriez partir je vous prie. »

Plus cet homme s’entêtait à rester profondément installé dans ce bain et plus Senia Florent pouvait vérifier la véracité de la rumeur quant à l’odeur de ces hommes. Malgré les nombreuses odeurs, douces comme exotiques, régnant au sein des bains des femmes, aucune ne semblait capable de cacher celui de cet homme. Oui ce dernier sentait véritablement comme s’il on avait fourré l’ensemble d’un marché de poisson en un seul corps. Cet homme prenait-il là le premier bain de sa vie ? Et son odeur risquait-elle de s’incruster sous sa peau et de s’y accrocher ? Bon sang, Senia Florent venait à peine d’arriver. Elle ne pouvait s’autoriser de traverser les couloirs du palais en sentant le poisson pas frais. Alors, aussi discrètement qu’elle le pouvait pour ne pas déclencher la colère de l’horrible homme, elle se saisit d’une des fioles d’huiles parfumées reposant sur le bord du bain et en versa le contenu dans l’eau. Et ce faisant une nouvelle idée lui traversa l’esprit.

« Ho non quelle idiote ! L’odeur risque d’être bien trop fleurie pour un homme fort comme vous, vous devirez vite sortir de l’eau si vous ne voulez pas que l’on vous trouve l’odeur d’une dame pour des jours ! »

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An 1 - Mois 2 - Hautjardin

Mon sourire ne pouvait quitter mon visage lorsqu'elle semblait chercher ses mots pour porter le masque de l'incompréhension. Ses tentatives étaient presque touchantes, si seulement je n'étais pas un fer-né et donc peu sensible à ce genre d'attention. Elle semblait vouloir éviter de me contrarier à tout prix, assurément par crainte que je n'attente à sa sécurité et non par égard réel à mon encontre.

Senia... dis-je en m'étirant, ne sortant que mes bras et mon torse de l'eau, avant de poursuivre. Ne cherchez pas à éviter de me contrarier. Je vous l'ai dit, vous n'avez rien à craindre de ma part. Stig Botley, tel est mon nom. Lorsque je quitterai ces bains, vous n'aurez qu'à me dénoncer auprès d'Eren si vous estimez que je vous ai... bousculé. lui dis-je afin de la rassurer et pouvoir rester dans mon eau le temps de me détendre un peu.

Peu m'importe l'opinion de votre peuple pour le mien. Maintenant que je suis là, je ne compte pas quitter ce bain avant quelques minutes. Je ne vous approcherai pas davantage, je ne vous demande qu'un peu de patience. dis-je sans chercher pour autant à m'excuser davantage d'être là malgré sa gêne manifeste.

Je me soumettrai au jugement d'Eren si véritablement ma présence ici relève de l'incident diplomatique. Ma loyauté envers elle fera que je ne m'y soustrairai pas s'il m'est interdit de prendre un bain en votre présence selon vos lois. ajoutai-je pour une dernière tentative de la rassurer, ou du moins de l'amener à me tolérer l'espace de quelques minutes.

Vous pensez sérieusement que de telles considérations me sont dommageables? lui demandai-je en laissant éclater mon rire après sa tentative peu discrète pour me faire fuir et comprendre que je puais pour son nez raffiné.

Au pire, en barbare que je suis, j'irai me rouler dans la fiente de porc au sortir de ce bain. dis-je encore en riant à nouveau, sans me soucier davantage de lui paraître rustre. Replongeant les mains sous l'eau, je m'en grattai une sans toucher l'autre avant d'étirer une nouvelle fois les muscles de mon dos afin d'en diminuer les tensions musculaires.

Et sinon, quel est votre rôle en ce lieu Senia? lui demandai-je pour tenter de l'amener sur un autre sujet et à se détendre un peu du derche.

La chaleur de nos souvenirs heureux

Alors que l’homme s’installait toujours plus confortablement au sein de la baignoire et semblait bien loin de se relever pour quitter la pièce, Senia Florent du accepter l’idée qu’elle ne pourrait pas se débarrasser de cet intrue avant bien longtemps.

Ce n’était pas pour autant qu’elle comptait accepter et se laisser à cette situation, laisser sa vertu à la vue de cet homme vulgaire, puant et mal-poli.

Le voyant s’étirer sans aucune gêne et laisser son torse nue apparent, je détournais subitement mon regard. Si j’avais eu ouïe de certaines de mes camarades à la cour ayant succombé aux charmes de la chaire dans les bras de ces étrangers, cela ne risquait pas d’être mon cas à moins d’être contrainte et forcée. Seule mon époux n’avait jamais eu le droit à mes égards et si ne serait-ce que l’idée de trahir sa mémoire me traversait l’esprit, ce ne serait certainement pas avec un barbare que je me fourvoierais.

J’étais au moins rassuré de connaitre sans nom, en espérant qu’il ne mente pas sur cela, après tout nul ne pouvait faire confiance à un barbare. Et je n’avais pas bien plus confiance en Eren Hightower, bien qu’elle soit notre reine, mère de notre roi et mère de la princesse, elle restait pour moi et bien d’autres nobles une sauvageonne dans une robe bien trop élégante pour sa personne.

« He bien… Je ne crois pas qu’une loi écrite l’interdise mais la décense l’interdit, cela est sûr. Je sais que les mœurs sont plus libres dans les iles mais ici, cela ne se fait pas lorsqu’on ne connait pas la dame ! »

Je fronçais un sourcil et me tournais vers l’importun, surprise par cette question, avant de détourner le regard de nouveau.

« Je viens d’être nommée dame de compagnie de dame Tricia Gardener, sœur du roi. »

Nerveusement, la jeune femme passa une main dans sa chevelure et soupira de ne pas pouvoir tranquillement les laver. Comme elle aurait apprécié de pouvoir se détendre tout à son aise, plonger la tête dans l’eau et tout oublier du brouhaha ambiant. Si elle ne pourrait sûrement pas trouver l’état de détente qu’elle espérait, la dame plongea tout de même un instant dans la baignoire pour en ressortir la chevelure collée à son visage et contre ses épaules.

« Et vous sire Botley, quel est votre rôle auprès d’Eren Hightower. »

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An 1 - Mois 2 - Hautjardin

La belle avait beau rester crispée, je comptais bien finir tranquillement de me rincer la couenne. Après tout si elle avait été quelqu'un d'important, il y aurait eu des gardes devant l'entrée du bain. Ce qui me confortait dans l'idée que je pouvais continuer à faire trempette sans trop m'inquiéter d'éventuelles conséquences graves. Pour autant j'étais conscient que je ne pouvais me permettre de la trousser, j'avais beau être Fer-Né je n'étais pas le dernier des idiots.

Je vois, la bienséance. dis-je d'abord en faisant mine de réfléchir un instant. Il semblerait que vous ne partagiez pas la même idée de la pudeur que vos compatriotes. dis-je d'abord avant de poursuivre sur ma lancée. Ceux que j'ai pu rencontré au cours de mes voyages ne semblaient pas aussi soucieux de l'étiquette ou de la bienséance. Mais je peux le comprendre, ici nous ne sommes pas dans la ferme de quelques bouseux. ajoutai-je avant de l'observer à nouveau.

Dame de compagnie de la fraichement ancienne Reine du Bief. Bien que cela ne faisait qu'un an environ que j'avais hérité du titre de Lord, mes parents avaient toujours tenu à ce que je reste informé de la politique des autres royaumes. Je savais donc qui était sa maîtresse et qu'elle avait abdiqué après le mariage entre Eren et son époux bieffois. Cela signifiait aussi qu'il était possible que je m'attire malgré tout quelques remontrances si sa maîtresse venait à se plaindre. Mais bon, au pire on me foutrait aux portes du royaume.

Je vois. Cela fait partie de sa compensation pour s'être effacée au profit de son frère, votre Roi? lui demandai-je sans ironie avant de l'écouter puis de répondre à mon tour à sa question en me décollant les pruneaux.

Je lui suis fidèle depuis notre enfance sur un boutre fer-né, alors même qu'elle en a prit le commandement. Je l'ai de tout temps suivi au combat, oeuvré pour elle et parfois même conseillé. Peut-être est-ce la version fer-née des dames de compagnie... lui dis-je en riant avant de me taire.

La chaleur de nos souvenirs heureux

«Ce n’est pas parce que certains de mes compatriotes abandonnent à leur guise ce que nous prêchent les septons que je dois m’abaisser à leurs niveaux… »

Senia Florent secoua la tête en prononçant ces mots, plus fatiguées par cette pensée qu’énervée. Malgré ce que certains pensaient à son égard dû à mon fort respect des préceptes de Sept, elle n’éprouvait pour ces hommes et ces femmes s’étant éloigné du droit chemin aucune colère ou rage mais une simple et profonde déception. Elle connaissait elle aussi bien la difficulté de s’imposer le respect de la foi, de se refuser aux plaisirs simples mais si doux de la vie. Mais peu importe la difficulté, il fallait toujours résister.

La dame ne ne pus m’empêcher de froncer les sourcils dans ma réflexion. Si la raison pour laquelle son frère avait proposé son nom afin de servir dame Tricia Gardener ne lui avait jamais été inconnue, celle pour laquelle la présence d’une nouvelle dame de compagnie à son service lui échappait. N’était-elle, comme essayait de faire croire ce vil barbare, qu’un prix de compensation après la perte de son titre de reine de sa dame ? Dans ses souvenirs, l’ancienne n’avait-elle pas tout simplement été contrainte d’abandonner son poste pour se marier ? Si ! C’est bien cela mais son nom … Oh son nom lui échappait complètement… Quel ennuie d’avoir l’esprit si faible.

Dame de compagnie.

Un rictus lui échappa à cette idée. Faible mais assez audible pour que l’homme assis face à elle puisse aisément l’entendre.

« Oui, nous pourrions dire qu’en ce sens nous sommes tous deux très semblable même si cela peut apparaitre avec difficulté au début. Finalement, nous sommes tous deux fidèle à ceux que nous servons.

L’homme avait au moins pour lui d’être amusant, bien cela ne pardonne pas pour elle en rien les nombreux péchés auprès des Sept commun à tout les Fer-nés. Mais même le plus monstrueux des infidèles devait bien voir pour lui au moins une qualité car sinon, le chemin menant à l’abandon de tout esprit commun ne serait pas si tentant.

« Qu’elle tristesse quand on y pense… Vous auriez pu devenir un si grand et noble soldat si vous n’étiez pas… Enfin… »

Elle voulut continuer mais secoua finalement la tête d’abandon… Ca n’importait pas au final.

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An 1 - Mois 2 - Hautjardin

L'entendre parler ainsi que donnait envie de lui rire au nez, mais par respect pour Eren je m'en abstins. Et puis j'étais bien trop loin des Iles de fer pour attiser le courroux de ses culs-bénis de la Foi. Dire qu'ils avaient cru Harren le Noir lorsqu'il leur avait promis ouvrir ses frontières à leurs prédicateurs. Le Septon avait-il véritablement pensé cela possible? A mon humble avis il n'avait en réalité que fait lui aussi de profiter d'une opportunité. Mais à ce jour en tant qu'allié du Bief, et d'autres, le Sel et le Roc n'était pas la cible prioritaire de la Foi. Mais si un jour l'Empire venait à tomber, je savais que notre royaume devrait alors se préserver de ses actuels alliés.

Votre maîtresse sait-elle que sa dame de compagnie fait preuve d'une sagesse bien rare chez des individus encore en capacité de procréer? dis-je véritablement lui poser une question. Je n'étais pas bien vieux mais je savais reconnaitre cette arrogance propre aux croyants de la Foi. Il était inutile de souhaiter débattre avec elle de religion. Elle venait en effet, selon moi, de résumer sa vision des choses et je n'avais pas le goût à débattre davantage sur ce point. Alors autant la flatter plus ou moins subtilement, et puis cela pourrait peut-être la surprendre venant d'un sauvage tel que moi.

Je vous rejoins sur ce point. lui dis-je simplement avant d'ajouter cependant encore quelques mots. Comme quoi il se pourrait que nos deux peuples aient quelques points communs. Bien que je sois certain que cela ne vous enchante guère... dis-je en affichant un léger sourire, amusé de voir sa réaction face à mes propos.

Il ne sert à rien d'imaginer les si. Il faut faire avec le factuel, et la question de grandeur et de noblesse, disons que ce n'est qu'une question de point de vue. lui dis-je plus sérieusement. Le meilleur exemple étant à mes yeux le Roi défunt Harren. La stratégie qui lui avait valu la réputation d'être un homme sans honneur et prêt à toutes les félonies. Bien que les autres royaumes étaient incapables de l'admettre, aveuglés par leur hypocrisie ou leurs principes ridicules, Harren le Noir leur avait sauvé les miches.

Car avec des si, et bien peut-être même aurions-nous été marié vous et moi alors grand et noble soldat ou seigneur. dis-je affichant un large sourire avant de sortir de l'eau, montant les marches du bassin lentement puis de me tourner face à elle, restant volontairement immobile un instant avant de prendre congé.

Je vais vous laisser seule à présent, ravi de vous avoir rencontré Senia Florent. N'hésitez pas à faire changer l'eau, les entrailles de poisson sont une vraie plaie. Il serait dommage de piquer le nez de votre maîtresse par ma faute. lui dis-je en souriant avant de lui faire une légère courbette, puis de quitter la pièce. Cette rencontre s'était avérée divertissante, ce fut dont l'esprit plus léger que je partis reprendre mes activités.

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