Dors mon petit enfant, dors mon petit oiseau
- Où est ma petite princesse ?
Un rire se fait entendre au loin alors qu’une crinière blonde court se cacher derrière une haie. Méloé se met à courir à la recherche de la petite créature qui gambade dans les Haut Jardins. Pendant ce temps, Kenan Tyrell observe la scène le sourire aux lèvres. Les tissus s’envolent, les sourires ne cessent de s’agrandir et les rires lézardent les murs jusqu’à toucher le ciel.
Au bout de quelques minutes, Méloé refait surface avec à ses bras une petite fille aux cheveux de miel. Marchant vers son mari, la petite fille remue et agite les bras, voulant arriver toujours plus vite auprès de son père. Une fois dans les bras de celui-ci, elle le serre fort dans ses bras et pose une oreille distraite sur sa poitrine.
Papoum… Papoum… Papoum…
- PAPOUM, dit-elle en levant les bras au ciel.
- Papoum ? repète-t-il interloqué.
- Là, papoum !
La petite fille montre le côté gauche de son père avec conviction alors que celui-ci hoche finalement la tête.
- C’est là que se trouve le coeur.
- Le coeur ?
- Le plus important en chaque homme. C’est là-dedans que se trouve la bonté, l’honneur, la force et surtout l’amour.
La petite blonde fixe le coeur avec de grands yeux.
- Tout ça fait papoum ?
- Exactement, dès que tu entends le papoum, c’est la preuve d’un coeur qui bat.
- Tu ne devrais pas raconter ça de façon aussi idyllique, la gronde Méloé.
Renan se contente d’hausser les épaules et rentre dans le château, une petite blonde dans les bras, joue posée contre con coeur.
Demain sera plus grand demain sera plus beau
La journée est fraîche, chaque souffle se transforme en un nuage qui s’envole dans les airs. Serrant sa petite fourrure venant du Nord, une jeune blonde a bien grandi. Aujourd’hui, alors qu’elle a six ans elle est sur son balcon, fixant comme chaque matin si son père est de retour ou non. Cela fait environ deux mois qu’il est parti et chaque jour, la petite fille sentait que sa présence lui manquait cruellement. Elle aime sa mère, elle lui apprend les bonnes manières, elle commence à savoir lire et la musique est l’un de ses grands atouts, même à son âge. Seulement sa mère est un peu plus rustre que son père. Elle veut toujours la perfection et ne s’attèle pas à ce qui l’entoure. Renan Tyrell lui, est plus rêveur. Beaucoup disent que c’est de là qu’Aylena tient sa naïveté.
Soudainement des bruits se font entendre au loin, on peut même remarquer de la poussière qui s’envole. Ce n’est pas la poussière qui flirte avec le vent, non, c’est la poussière qui s’envole en vue d’une course. La petite fille se met à sautiller avant de quitter sa chambre au pas de course.
- ILS REVIENNENT ! KAEL, TRISTAN ILS SONT DE RETOUR !
Les deux hommes regardent leur soeur un instant avant de courir avec elle vers la porte d’entrée. Ils attendent encore une vingtaine de minutes avant que les premiers chevaux soient pleinement visibles. Tenant la main de sa mère, Aylena ne cesse de sautiller sur place. Kenan est en tête, majestueux. Devant lui se trouve une petite fillette, les cheveux longs, que l’on pourrait qualifier de sales, s’accrochant un peu trop à son preu chevalier, elle semble totalement paniquée. Une fois devant nous, il descend de son cheval et prend la petite dans ses bras. Il la pose à terre et s’avance vers nous, elle le suivant de très près.
- Kenan ?
La voix de Méloé fait réagir Aylena qui relève la tête vers sa mère. Elle semble contrariée, mais la petite fille ne comprend pas pourquoi.
- Nous en reparlerons une fois à l’intérieur.
Il se penche vers sa fille et l’embrasse sur le front dans un geste tendre.
- Les enfants, je vous présente Mayelle. Elle va rester un moment avec nous, tu t’occuperas d’elle avec nous ?
La petite blonde hoche la tête vivement, comme pour montrer qu’elle a compris. Elle glisse sa main dans celle de la petite mal-nourrie et lui sourit tendrement.
- Viens, je vais te montrer les jardins !
Va par delà le chêne, au-delà de la haine
Assise dans la cuisine, la jeune blonde regarde les cuisinières s’atteler au petit déjeuner. Depuis qu’elle fut en âge de parler et marcher convenablement, c’est là que les parents d’Aylena Tyrell l’ont laissé. La petite bâtarde peut ainsi habiter chez eux en échange de ses services, choses qu’elle fait bien.
- Ils ne m’aiment pas je te dis.
- Mais c’est insensé ! Tous le monde aime ses enfants, c’est dans la Nature humaine.
Mayelle fronce le nez, ne croyant pas aux paroles d’Aylena. La jeune adolescente est pourtant certaine d’elle, tout parents aiment son enfant, bâtard ou non.
- Parfois tu es vraiment trop naïve Aylee, tu le sais ça ?
La blonde fronce le nez. Combien de fois cette remarque lui retombe dans les oreilles. Pourtant elle est têtue et n’en démordra pas. Soudainement, elle se penche vers Mayelle et pose son oreille sur sa poitrine.
- HEY, mais tu fais quoi ?
- Shhhh…
Les secondes se passent, elle se pose un peu plus contre sa poitrine et c’est à cet instant qu’elle l’entend…
Papoum… Papoum… Papoum…
Il est là, il bat un peu plus vite son souvenir mais il est présent. La blonde s’éloigne de son amie en souriant, tapant presque dans ses mains.
- Ils sont obligés de t’aimer !
Elle se redresse vivement.
- Je vais voir père !
Sans même entendre les protestations de Mayelle, elle court pour aller retrouver son père en salle du trône. C’est avec joie qu’elle le voit seul, ne voulant pas spécialement avoir cette conversation avec sa mère, elle ne comprendrait pas. Alors qu’elle se fait entendre, Kenan redresse la tête.
- Besoin d’aide ?
- J’ai surtout quelque chose à vous demander…
- Bien sûr, demande-t-il intrigué.
- Mayelle s’est mise en tête que vous ne l’aimez pas, c’est totalement absurde ! N’est-ce pas ?
Si la blonde rigole, Kenan lui garde un regard sévère.
- Père ?
- Elle a raison.
Elle cesse de rire et le regarde avec de grands yeux.
- Vous ne pouvez pas… Elle n’est peut-être pas une Tyrell, mais elle reste votre fille !
- Aylena… Je t’en prie, je ne veux pas parler de ça !
- Vous ne l’aimez vraiment pas ?
- Non.
- Même si elle a la bonté, l’honneur, la force et surtout l’amour que vous m’avez appris à avoir ?
Il fronce les sourcils.
- Qui te dit qu’elle a tout cela en elle.
Elle le regarde surpris.
- Et bien… Parce qu’elle a un coeur !
Tout ce qui suivit cette réponse fut un rire et un regard presque désolé.
- Tu ne peux pas tout comprendre, tu es encore trop naïve.
Cette fois, elle n’en peut plus, et sans cérémonie elle se retourne et quitte la salle du trône, les larmes aux yeux.
Là où il n’y a point de trêve, il n’y a pas de rêves.
Assise dans sa chambre, Mayelle s’attèle à brosser la chevelure blonde d’Aylena. Après avoir travaillé dans les cuisines, Aylena a réussi à faire d’elle sa femme de chambre. Le repas risque de bientôt commencer, et elle doit être la plus belle pour plaire aux hommes qui vont l’entourer. Si ses parents ont tout fait pour la protéger le plus longtemps possible, elle est grandement en âge de se marier et d’avoir des enfants. Le visage fermé, Aylena fixe un point invisible.
- Tu ne dois pas te montrer aussi triste tu le sais.
La jolie blonde redresse la tête pour croiser celui de Mayelle dans le miroir.
- Je ne le suis pas.
- Alors cesse d’avoir cette tête et souris.
Elle sourit avant de rabaisser la tête.
- Qu’est-ce qu’il t’arrive.
- Ils veulent me marier…
- Et c’est normal, tu vas avoir un bon mari, vous allez avoir des enfants et cela créera une alliance plaisante pour les Tyrell.
Elle soupire de nouveau.
- Oui, pour ma famille je donnerais tout.
- Alors quoi encore ?
- Où est l’amour là-dedans ?
Mayelle sourit faiblement.
- Tu sais que tu ne peux plus être naïve dorénavant…
- Je le sais