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 Tour 4 – Exécutions à Buron - Année 0 - Mois 12 - Semaine 4

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MessageSujet: Tour 4 – Exécutions à Buron - Année 0 - Mois 12 - Semaine 4    Tour 4 – Exécutions à Buron - Année 0 - Mois 12 - Semaine 4  EmptyDim 24 Fév - 10:01

Exécutions à Buron
Conflans



L'Empereur



La bataille de Buron virait au cauchemar. La veille encore, j’écrasais totalement une armée du Conflans, pensant qu’il s’agissait de la troupe de Joren Hoare. Combien de morts avaient-ils eus? Nous avions fait des milliers de prisonniers de surcroît, une fois leurs lignes brisées, massacrées. L’immortalité d’une gloire impérissable était nôtre, et nous venions de remporter l’un des plus grands succès de l’Histoire, une victoire qui garantirait la pérennité de l’Empire….

Jusqu’à ce qu’Harren en personne ne se pointe, remettant tout en question. Nous avions tenu la veille et j’avais perdu Karstark dans la boucherie. Et aujourd’hui, il ne nous restait plus qu’à jouer notre va-tout. La bataille durait depuis des heures et notre centre était enfoncé. J’avais mené la charge de tout ce qu’il nous restait comme réserves et comme troupes montées. Une heure après, j’étais couvert de sang. J’abattais un énième insulaire, tranchant son abondante barbe noire en même temps que son cou. Cette épée valyrienne était terrible; Glace étant trop imposante pour la porter à cheval, j’avais l’habitude d’une épée classique et je me livrais, depuis la réception de Morsure, à une cruelle tâche d’abattage. Relevant la tête, je vois le cimier du casque d’Orys Baratheon tomber au milieu de la multitude; ses chevaliers se font massacrer. Je jure dans ma barbe, dressant mon épée dans sa direction et hurlant un cri de guerre; s’il meurt, Rhaenys ne s’en remettra pas, et malgré les problèmes qu’il suscitait, le Prince était connu dans son pays et dans d’autres. Je devais le sauver…

Une dizaine de Demalion étaient toujours à proximité et me suivirent dans la charge dans une grande clameur. Les sabots ferrés roulèrent comme le tonnerre sur nos ennemis, qui furent bousculés, tailladés, transpercés. Nous ménagions un espace de vie autour du Prince chancelant du fait de ses blessures, et alors que j’essayais de le hisser en lui tendant ma main, Brennus hennit d’un son strident et terrifié et je fus renversé de ma selle. En me relevant, je me débarrassais de mon casque endommagé et le jetais de côté, apercevant du coin de l’oeil mon porte-étendard, un Demalion du nom de Sigurd, se faire abattre à son tour. La bannière Braenaryon tomba au sol, dans la neige, la boue et le sang. Brennus, mon fidèle ami, était en train d’agoniser sur le sol, mortellement blessé au visage. Ses naseaux exhalaient ses derniers souffles, et j’en fus révolté. J’empoignais Morsure, prêt à rendre coup pour coup.


| Venez mourir, sales bâtards! |

Au loin j’entendais le son de nouvelles charges, les sonneries de cor; les nordiens étaient en train de charger à ma rescousse! Je voyais les cavaliers surplomber la mêlée, perçant les fer-nés de leurs lances, abattant sur eux toute la vengeance et la rancoeur accumulées depuis des années par le Nord. Je crachais un glaviot de sang par terre, empoignant le Prince de Peyredragon par le col de son tabard pour le hisser sur ses pieds et le pousser en avant.

| Cours pour ta vie, Baratheon, on n’aura pas de deuxième chance! |

Les combats sont terribles. Baratheon, sonné, acquiesce et avance; il semble avoir du mal à tenir son épée et ne peut qu’esquiver quelques coups alors qu’autour de nous, cavaliers du Nord, gardes et fer-nés meurent en nombre. Je bloque un coup de hache et enfonce le coin de ma garde dans le cou de l’agresseur. Morsure trouve le ventre d’un second qui se rue vers moi, et laisse voir le jour à son abdomen. Je pare, me défends becs et ongles. Hurlant de rage et de colère, j’enfonce le crâne d’un autre ennemi d’un coup de taille, et repousse un autre en hachant le vide où se trouvait son bras l’instant d’avant. Orys prend de la vitesse et s’éloigne; il est tout près de nos hommes! Mais l’ennemi m’entoure. J’en tue un de plus, en mutile un autre. On m’entoure, et un terrible choc dans le dos de ma cuirasse manque de me faire trébucher. Un fer-né devant moi en profite et se fend en avant pour me défoncer le crâne à coup de plomée, mais il se fige et une épée sort pointe en premier de son sternum, et le regard de l’homme se trouble tandis que du sang s’échappe du coin de ses lèvres. Baratheon est livide, haletant, du sang s’écoule en quantité de son épaule dévastée. Mais il est revenu. J’échange un regard avec lui, fronce les sourcils, surpris de son revirement.

| Et nous voilà tous deux foutus, pauvres imbéciles que nous sommes. Viens-là, Baratheon, et regarde comment l’Empereur et le Prince vont entrer dans la légende. |

Je crache par terre un glaviot de sang et me tourne dos à lui, résolu. Nous allons mourir ici, c’est une certitude. La cavalcade s’éloigne et les bruits d’épée aussi. Des masses d’ennemis nous encerclent. Certains semblent tendus, et sont déjà couverts de sang. D’autres, visiblement venus des rangs arrières, semblent plus frais, presque avides même. Baratheon et moi, dos-à-dos, répondons ensemble à leurs attentes; chacun armé d’une épée d’acier valyrien, celle d’Aegon Targaryen et celle de sa soeur Visenya, nous vengeons leur nom. La lutte est âpre, terrible, sans pitié. Les corps dévastés, incapables de parer le terrible héritage de Valyria, jonchent le sol autour de nous. L’un d’eux chute, tenant son genoux disloqué entre ses mains déjà poisseuses de sang, je fends la gorge du suivant d’un revers avant d’enfoncer mon épée dans la clavicule du mourant pour l’achever. J’esquive, pare, feinte et tranche, perce, dévaste. Jusqu’à ce qu’une nouvelle parade me mette sur le trajet d’une hache qui fend les airs et ne percute mon visage.




La Rouge


"La nuit est sombre est plein de terreur."
Je fronce les sourcils à ses propos, la mine pensive, alors que je regarde les alentours. Les lieux sont à la fois étrangement familiers et étrangers. Je ne pensais pas revenir ici un jour et, dans l'immédiat, j'aurais donné cher pour ne pas être ici à dire vrai. D'autant que mon mentor ne m'a pas clairement dit ce que nous venons faire dans le Conflans. J'en ai appris beaucoup cependant sur le chemin. Sur cette bataille sanglante, sur cette neige rougie que nous foulons et sur ce carnage qu'est devenu Westeros. Je lisse ma cape alors que je fais un pas de plus, guettant les allers et venues dans le campement.
"Tu vas me dire ce que nous faisons là ou tu veux me faire la surprise ?"
Il laisse filer un rire et attrape mon menton qu'il relève, comme pour l'observer au clair de lune. Et, comme à chaque fois qu'il fait ça, j'ai l'impression d'être transpercée. J'en oublie les murmures des soldats encore à l'agonie, les hurlements des blessés que l'on devrait achever au lieu de soigner alors qu'il finit par lâcher, non sans un sourire. "Tu n'es pas encore tout à fait prête. Mais tu le seras bientôt. Nous sommes là pour sauver ce qui peut encore l'être. Avant que la Foi ne ravage tout sur son passage. C'est là notre mission, ne l'oublie jamais Mathie."

Et il m'annonce que nous avons un homme à libérer cette nuit. Au milieu d'un campement plein de soldats à moitié morts, furieux et j'en passe. Pourtant, à sa détermination, je ne peux que relever le menton et esquisser un sourire. Bien, je sais exactement ce que j'ai à faire. Je détache ma cape, laissant entrevoir une robe au décolleté qui m'a déjà valu bien des œillades du temps où c'était ce que je faisais pour gagner ma vie et il ne me faut que peu de temps pour entrer dans le camp, accompagnée d'Elya, comme ont déjà dû le faire bien des femmes de petite vertu plus tôt dans la nuit. Nous savons où aller, tels des vautours et l'instinct nous guide pour trouver les soldats qui ont besoin de se perdre corps et âme. Même si je ne suis plus une prostituée, j'ai gardé certaines habitudes. J'effleure certaines joues râpeuses, je laisse filer un rire alors que je sens les regards des soldats peser sur nous. Je serais heureuse si je sors de là en un seul morceau mais R'hllor veille sur moi, je ne dois pas m'inquiéter outre mesure. Et puis, je vois la tente, gardée par deux hommes à la mine sombre. Impossible de ne pas savoir que c'est là que je dois aller. Un simple regard à Elya suffit et nous nous approchons des gardes, la mine avenante, tant que dans l'ombre, les rebelles riverains que nous avons croisés non loin du champs de bataille et convaincus de se joindre à nous, commencent à se faufiler dans le campement, prêts à intervenir lorsqu'il le faudra. Mon maitre a un plan que nous suivons tous, sans même réfléchir à ce que cela pourrait impliquer pour chacun de nous. Mais la finalité est plus importante que tout cela. Même si je la capte pas encore vraiment.

Je ne saurais dire si notre charme est efficace ou si mon Maitre a œuvré pour que nous puissions accomplir notre mission mais au vu des regards que finissent pas nous jeter les deux hommes, il va sans dire que nous allons pouvoir les éloigner sans difficulté de leur garde, ce que nous faisons, avec les moyens que la nature nous a donnée. Heureusement, cela ne dure guère et j'entrevois les flammes d'une tente que l'on vient d'embraser non loin. C'est avec les pires jurons du monde que les deux gardes se précipitent par là-bas alors que je me glisse dans la tente. Pour me figer en reconnaissant l'homme allongé sur une paillasse, recouvert de sang. Il avait raison, je ne suis pas prête. Pas à ça, pas maintenant. J'essuie mes mains devenues moites sur ma robe et je vois ses yeux s'entrouvrir. Je ne sais pas s'il me reconnait mais je le vois tendre une main dans ma direction, probablement par réflexe. Pour qu'on le sorte de là ou qu'on l'achève, peu importe dans le fond. Et, brusquement, je me demande si je ne suis pas là pour ça. Non pas pour le sauver mais pour le tuer. Ce que j'ai peut-être rêvé de faire plus d'une fois. Après tout, c'est peut-être ça ma mission, pour arriver à me détacher définitivement de tout cela. Et servir enfin R'hllor sans éprouver le moindre sentiment bassement humain, faible et j'en passe.

Je fronce les sourcils alors que je repense aux propos de mon Maitre. Nous devons sauver quelqu'un et non le tuer. Alors je m'approche de lui d'un pas rapide. Mais j'ai pris trop de temps et déjà, un homme pénètre dans la tente et m'alpague. Heureusement que je sais bien jouer l'idiote et que mes doigts font toujours des miracles. J'ai tout juste le temps de filer et de retrouver Elya que j'agrippe d'une main pour retrouver notre Maitre, honteuse d'avoir échoué. Pourtant, je fixe son regard et il me sourit, comme si rien de tout cela n’avait vraiment d’importance, comme si mon échec n’allait pas entraver ses projets, avant de souffler, alors qu'il observe les tentes dont les premiers incendies commencent à être maitrisés.

"Tu n'as plus envie de te venger Mathie, je me trompe ?"
Je hoche la tête sans réussir à lui sourire, avant de contempler le camp, la mine fermée.  "Nous avons raté notre chance. Je pensais que R’hllor serait avec nous."





L'Empereur



J’ai du mal à émerger. Ma tête me fait particulièrement mal. On n’a pas soigné la plaie qui court de mon front jusqu’à l’arête de ma mâchoire, c’est tout juste si on l’a bandée. On me redresse, alors que je suis enchaîné. Deux butors me hissent sur mes pieds. Baratheon grogne lui aussi, surtout quand nos geôliers le poussent sur son épaule mal soignée elle aussi. Les gardes portent le tabard écartelé des troupes Hoare; nous sommes donc prisonniers. Je me sens mortifié… Quelle horrible fin ! On nous pousse hors de la tente et j’échange un regard avec le Prince de Peyredragon, qui me le rend. On ne ressent pas tant de peur dans cet échange, qu’un intense sentiment de résignation. Maintenant, il ne nous reste plus qu’à mourir avec panache. Dehors, nous sommes entourés de milliers d’hommes, en rangs serrés. Tous nous dévisagent en silence. Le tambour bat, lentement, le rythme de ceux que l’on conduit à l’échafaud. La marche est lente. Certains crachent à nos pieds, d’autres nous jettent des projectiles que je n’identifie pas, me contenter de traîner les pieds alors que je sens la pointe d’une lance me pousser au creux des reins. Quelque part, je nourris l’espoir de voir Rhaenys plonger depuis le ciel avec Meraxès, et nous sortir de là. Elle avait réussi à sauver bien des gens de cette façon à Haye-Pierre, quelques semaines plus tôt… Cette pensée, cet infime espoir, me permet de tenir jusqu’à ce que mes bottes ne rencontrent le bois de l’échafaud, que l’on nous fait monter, où l’on nous tire de force. Baratheon lance des injures furieuses à ses geôliers, se débat. Moi, je me contente de toiser Harren. Entouré de batteries entières d’archers et d’arbalétriers. Je me fustige, amer, pour l’espoir idiot de voir Rhaenys débarquer; elle ne devait en aucun cas le faire, l’un de nous deux devait survivre! Elle portait notre enfant, mon choix était donc fait. La haine qui me serre le coeur est si puissante que l’espace d’un instant, j’ai l’impression de succomber. Peu importe cette douleur ardente sur mon visage, ces souffrances sourdes sur chacun de mes muscles, dans mes côtes, ce goût du sang dans la bouche. Je vois mon ennemi. Un héraut tire un parchemin qu’il déclame, alors qu’Harren Hoare, maudit soit-il, sourit.

| Pour vous être élevé contre Sa Majesté le Roi Harren de la Maison Hoare, pour avoir fomenté des rébellions et la sédition sur Ses Terres et pour être responsables de la mort et de la ruine de tant de Ses Gens, vous êtes condamné à être pendu haut et court. Les suppliciés ont-ils une dernière volonté? |

Je lance un regard en coin à Orys Baratheon; je dois avoir l’air si misérable avec le coin de mes lèvres ensanglanté, cet oeil poché et injecté de sang, cette plaie qui me barrait la tronche. Il hoche la tête, me laisse cette dernière politesse.

| Tu verras… Quelqu’un de meilleur que moi viendra bientôt. Et elle te tuera, toi et tous tes putains d’héritiers! |

La foule hurle, couvre la fin de mes injures de ses propres cris. Le Roi, semblant las de cette comédie, fait signe au bourreau. On nous force à nous remettre sur nos pieds. On nous passe la corde autour du cou; les noeuds coulants sont resserrés et ne lâchant pas mon pire ennemi du regard, je crache par terre dans sa direction, ultime geste de défi alors que le bourreau tire sur la manette, ouvrant nos pieds sur nos propres abîmes.




La Rouge



Le jour s'est levé alors que pas un de nous n'a fermé l'œil. Je me sens coupable sans pour autant arriver à réellement comprendre ce qui s’est passé et ce que j’ai pu ressentir en tombant de nouveau sur le nordien. Et pourtant, mon Maitre a l’air si calme, si serein que je ne peux manquer d’être déstabilisée. J’entends pourtant la foule qui hurle à l’intérieur du campement et je sais très bien ce qui va arriver. Il faudrait être idiot pour ignorer ce dont Harren peut être capable. Car il est forcément là. Je cille, réalisant que, là encore, je ne ressens plus vraiment cette haine qui m’avait possédée avant mon départ de Westeros et j’inspire doucement alors qu’il commence à parler doucement, expliquant à chacun le rôle qu’il aura à tenir. Avant l’exécution. Nous n’avons que peu de temps et, au vu de ce que j’entends, je me demande vraiment si nous y survivrons. Mais, si tel est la volonté de R’hllor, je ne me vois pas le contredire.

J’attrape alors les petites bourses de cuir qu’il me tend et qu’il me faudra lancer, comme les autres, au moment le plus opportun. J’arque un sourcil alors que je fixe le baril qu’il tient lui-même entre les mains et je hoche la tête.

Et bien, je crois que nous allons devoir découvrir si la lumière arrivera à vaincre les ténèbres qui nous entourent.

Je lève alors les yeux pour regarder les hommes qui nous accompagnent. Je n’avais encore jamais vu autant de rage, autant de volonté de tuer l’ennemi qui se trouve à quelques mètres de nous. Il n’a pas été difficile de recruter ces rebelles qui semblent prêts à mourir pour avoir ne serait-ce que la possibilité de faire couler le sang d’un de ces hommes qui a ravagé leur pays.

Personne ne semble garder l’entrée du camp. Je ne sais pas si c’est parce qu’ils ont déjà été éliminés ou si tout le monde s’est empressé d’aller assister à l’exécution de leur pire ennemi. Je me hisse sur la pointe des pieds pour découvrir qu’en réalité, ils sont deux. Et je secoue la tête, non sans un sourire quand je reconnais le demi-dragon. Sourire qui se fane en voyant la silhouette non loin du Hoare. Tant de personnages qui, en un battement de cils peuvent faire basculer tout Westeros, réunis au même endroit. J’ai un frisson et mon Maitre pose une main rassurante sur mon épaule. Je sais ce que j’ai à faire, évidemment, et il ne faut pas que j’échoue de nouveau. Nous nous glissons dans le camp, silencieux, nous faufilant parmi les ombres tandis que les hommes que nous avons recrutés préparent une nouvelle diversion. A laquelle je ne participe pas. Je dois en profiter pour me rapprocher autant que possible de l'échafaud. Et d’un coup, c’est l’explosion. De toutes parts. Impossible de savoir où donner de la tête alors que les hurlements se font plus forts, que la foule commence à s’agiter, à paniquer. Je jette moi-même mes propres bourses qui projettent un nuage de fumée comme je n’en avais encore jamais vu. Voilà encore l’un des secrets des prêtres que je suis loin de pouvoir maîtriser. J’ai une moue à cette pensée mais je ne tergiverse pas plus longtemps alors que je me retrouve derrière Torrhen et que je tranche la corde qui lui enserre le cou. Je crois voir une lueur dans ses yeux, comme s’il me reconnaissait, mais je n’en suis pas sûre. Et, dans le fond, je m’en moque, il faut juste trouver comment le sortir de là. Je regarde autour de nous alors que je l’entends marmonner, d’un air sceptique.

Ah putain, ca y est, je suis mort.

Je le tire vers moi et je rétorque, non sans ironie.

Pas encore mais, à ce rythme-là, ça ne devrait pas tarder à arriver m’sire. Partons d’ici.

Mais, sans me laisser le temps d’ajouter quoi que ce soit, il m’arrache ma dague et se précipite vers le Barathéon. Une part de moi se demande, non sans amusement, s’il ne va pas l’achever mais il se contente de trancher sa corde et de le tirer vers moi.

Merveilleux, un possible cadavre supplémentaire.

Je les entraîne pourtant tous les deux avec moi, profitant de la confusion qui continue de régner tout autour de nous et de la fumée qui commence à peine à se dissiper entièrement. C’est juste, beaucoup trop juste et, déjà, nous commençons à attirer les regards vers nous. Les riverains doivent être en train de se massacrer et, quant à moi, je me demande en quoi ces deux hommes valent plus la peine d’être sauvés que d’autres. Voilà qui n’est guère le bon moment pour avoir ce type de pensées, il est vrai et je suis soulagée de voir Elya qui nous rejoint et qui sert d’appui à Orys. Quant à moi, je continue de traîner le nordien tant bien que mal alors que, tout autour de nous, la confusion monte d’un cran. Entre les riverains qui continuent d’attaquer, les explosions dans tous les sens, difficile de savoir ce qui se passent vraiment. Et la plupart des gens ne font même pas vraiment attention à nous.

Le Maître nous rejoint alors que nous cherchons une issue qui n’existe plus vraiment et il me lance la bride d’un cheval. Monter ? Maintenant ? Dans cet état ? Je ne vois pas comment nous allons pouvoir faire. Et il me montre ce qu’il y a derrière nous d’un mouvement du menton. Ils se regroupent. Ils viennent vers nous. Et nous allons être encerclés. Je déglutis, secouant la tête avant de les entraîner de plus belle, n’importe où. Tant que nous pouvons encore avoir le sentiment que nous avons une chance, même si elle n’est bientôt plus qu’une illusion parmi tant d’autres. Je joue des coudes pour continuer d’avancer, essayant de ne pas m’attarder sur les grognements de douleur du nordien. De toute façon, ça risque de ne plus avoir grande importance dans quelques instants.

Je jette un regard en arrière, pour voir le Maître se faire submerger par les hommes qui ont fini par le rattraper. Mon coeur se serre et c’est son regard qui accroche le mien qui m’empêche d’aller le rejoindre, d’oublier ma mission pour essayer de sauver celui qui a redonné un sens à mon existence. Je sens mes doigts lâcher ceux de Torrhen et je me fige alors que je vois mon mentor tomber de cheval. Mes yeux s’écarquillent alors que je vois le baril lui échapper des mains. J’entends des hurlements et je vois une flamme jaillir, je ne sais pas comment. Et c’est l’explosion.





L'Empereur



Impossible de comprendre ce qu’il se passait. A un moment, je pensais mourir, suffoquant alors que la pendaison m’achevait. L’instant d’après je courais après un mirage qui me tenait par la main; Mathie, celle qui fut ma maîtresse pendant mon veuvage. Baratheon faisait ce qu’il pouvait pour suivre alors que je refusais de le laisser à l’ennemi, et nous parvinrent à nous éloigner alors que des types semblaient faire diversion. J’avais vraiment du mal à comprendre ce qu’il se passait, mais je saisissais ma chance. Alors que l’on chevauchait maintenant à toute vitesse pour nous tirer de là, je luttais intérieurement contre la sensation, la quasi-certitude, que je n’allais pas y arriver. L’homme qui semblait guider le groupe de nos mystérieux alliés se fit déborder à son tour, et son cheval fut abattu d’un carreau… Une explosion terrible nous secoua tous jusqu’à dans notre diaphragme. Je tombais de cheval, encore, me réceptionnant douloureusement sur le flanc alors que mon cheval s’effondrait sur le côté. A moitié assommé, je dus lutter contre le sentiment que j’allais vomir tant le choc physique avait été brutal, mais on me tira à nouveau en selle. Baratheon était encore en vie, mais c’était tout juste, c’était lui qui m’avait aidé à monter en croupe derrière lui. Une jeune femme que je ne connaissais pas semblait mal en point, sur le cheval de Mathie.

Déjà, la meute furieuse de nos poursuivants se lançait à notre poursuite. Rescapés eux aussi de la terrible déflagration, qui avait dispersé des bouts de nos poursuivants immédiats sur des dizaines et des dizaines de mètres; je mis vingt ou trente secondes à me rendre compte qu’en plus du reste, mon ouïe était remplacée par un sifflement strident. Baratheon, qui guidait le cheval, me tendit mon épée. Comment l’avait-il récupérée? Elle était au pied d’Harren… Peut-être l’un de ces rebelles avait-il profité de la confusion? A moins que ce ne soit le groupe d’espions de Mathie? Je récupérais un rien de confiance en moi en sentant le poids si léger de la lame valyrienne. A cause du sifflement, je manquais à nouveau de mourir lorsque je vis une pointe de lance surgir par-dessus mon épaule. Je me retournais et instinctivement, je fendais l’air de ma lame, atteignant le cheval de mon agresseur en plein museau. Le canassion trébucha et entraîna les deux suivants dans une terrible chute.

Il nous fallut ce qui me semblait être une éternité pour rejoindre Vivesaigues, alors que Buron n’était qu’à une demie-journée de cheval à rythme soutenu. Nous dûmes passer une nuit dehors, évitant de justesse les patrouilles. Je ne regrettais pas d’avoir tiré de là Orys Baratheon, et lui semblait satisfait que je m’en sois sorti aussi. Sans doute avions-nous tous deux conscience que Rhaenys aurait étranglé le survivant, si l’autre avait dû périr. Lors de cette nuit où nous avons voyagé entre survie, songes et ténèbres, je crus déceler de la proximité, de la compréhension, avec cet homme dont je m’étais tant méfié. Nous avions combattu et manqué plusieurs fois de mourir ensemble en l’espace de trois jours… Quant à nos sauveurs, je ne les interrogeais pas sur leurs motivations. Pas tout de suite. Nous arrivâmes enfin à Vivesaigues, à quatre sur deux chevaux éreintés. Baratheon souffrait toujours de sa vilaine blessure à l’épaule, la pointe de lance ayant mordu profondément. Une des deux femmes, celle que je ne connaissais pas, souffrait de brûlures dûes au souffle de l’explosion. Mathie, si toutefois c’était bien elle, semblait indemne.

Les gardes ne me reconnurent pas au moment de passer les piquets d’avant-postes, à quelques lieux de la cité fortifiée. J’étais extrêmement sale et crasseux, couvert de boue, de sang séché, et cheveux comme vêtements humides à cause de la neige. Mon visage était barré d’une balafre inédite et elle aussi, couverte d’une croûte de sang séché. Je n’avais plus armure ni casque, et on disait que l’Empereur était mort. Montrer Morsure aida, gueuler jusqu’à faire venir Conrad acheva de les convaincre. Lorsqu’on m’aida à descendre de cheval, incapable de le faire tout seul, je me laissais enfin glisser dans l’inconscience.

Lorsqu'on joue au jeu des trônes, on gagne, ou on meurt. Ou parfois, un peu les deux à la fois.


Le Cyvosse
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