Tout avait pourtant débuté sous les plus beaux auspices.
Le Carnaval de l’Opulence s’est déroulé à merveille. Masqués, les participants venus de tous royaumes ont dansés, bus et chantés tous ensemble. Et cela sans que le moindre réel incident fâcheux ne se produise. Les bieffois, les dorniens et les orageois ont réussis à s’amuser sans créer de troubles.
Cette nuit-là, pour la première fois depuis un nombre incalculable d’années, ces trois royaumes parviennent ainsi à échanger et à se divertir ensemble, plutôt que de sans cesse se quereller et s’entretuer.
Fort de cette nuit extraordinaire, le Grand Banquet ne s’annonçait que plus joyeux et plus festif encore. Des boissons et de la nourriture à profusion. Les gens du peuple mêlés à la noblesse, et même à la royauté. Des ménestrels et troubadours à chaque coin de rue.
Souriant et enjoués, les invités du roi Mern Gardener comptaient bien profiter de cette opportunité. Certains commençaient à évoluer sur la piste de danse, tandis que les autres discutaient et nouaient de nouveaux liens.
Et puis soudain au milieu de cette liesse, retentit un cri. Puis un second, multipliés à l’infini. Les rumeurs et les murmures se propagèrent en quelques secondes parmi toute la foule présente.
On se mit à parler de meurtres, de viols, et d’innombrables autres atrocités. Des familles complètes auraient été retrouvées dans leur demeure, aux quatre coins de Hautjardin, mutilées, torturées et abandonnées telles quelles. On aurait retrouvé sur place quelques détails, quelques objets et autres babioles dorniennes. Les dorniens évidemment.
La foule, ivre de rage, de colère et de vengeance sortie les armes et se précipita en avant. Qu’importe qu’il y ait d’autres que des dorniens, qu’importe que ceux présents ici ne pouvaient avoir commis ces méfaits. Seuls le sang et la douleur comptaient.
Poussant de toute part, le peuple s’en prit à chaque dornien qui eut le malheur de croiser son chemin. Aveuglé par la souffrance et la fureur, il frappa et maltraita chaque personne, dornienne ou non, ayant le malheur de ne pas être assez rapide.
Alors que Mern Gardener pensait perdre sa femme dans cette cohue, le couple royal réussit tant bien que mal à s’en sortir, la famille royale dornienne réussit à rejoindre le château avec quelques bleus et coupures. De nombreux nobles furent blessés et molestés, dorniens comme bieffois.
On dénombra de nombreux morts cette nuit-là. Battus, brutalisés et laissés dans les caniveaux. On dénombra au moins autant de blessés, qui furent plus ou moins bien soignés.
Et de cette folie, alors que la situation semblait s’améliorer et profiler de nouveaux horizons, il ne reste que la révolte et les émeutes.
La famille Martell est invitée au château du roi Gardener. Pour combien de temps ?
Déjà, les dorniens réclament à cor et à cris la libération de la famille royale et des nobles retenus dans le Bief. Déjà, les frontières sont de nouveau des champs de batailles et d’échauffourées. Déjà, le peuple de Dorne, et même l’armée régulière dornienne, brûlent et ravagent fermes et hameaux bieffois.
Combien de temps faudra-t-il pour que le déchaînement ne soit complet ?