En cette année pleine de troubles, de rumeurs de guerre et de batailles lointaines, Leurs Majestés la Reine Régente Sharra Arryn et le Roi de la Montagne et du Val Ronnel Arryn, décidèrent de tendre la main aux turbulentes tribus des monts embrumés de leur vaste pays. Ces clans, nombreux et querelleurs, avaient toujours échappé à la tutelle des Sires des Eyriés pour différentes raisons. La première étant leur opiniâtreté et leur goût pour l'indépendance, la seconde, le manque de volonté politique de les intégrer au Royaume. Ces individus seraient bien mal fagotés pour travailler la terre ou creuser des mines, aussi les laissait-on dans une paix relative.
Les choses s'étaient tassées au cours des siècles. De temps en temps, un groupe de montagnards descendait plus bas dans les vallons, afin d'y poursuivre quelques espoirs de rapines et viols faciles. En rétribution, les nobles Valois ameutaient leurs hommes d'armes et ramenaient quelques cadavres de ces frustres barbares.
Devant la menace pesant aux frontières avec la guerre qui enflammait la Néra et le défilé de dizaines de milliers de combattants en direction du Trident, les souverains du Val tentèrent de retirer cette épine dans leur pied.
Une colonne fut aussitôt formée. Quelques émissaires, triés sur le volet, se mirent en route, avec une escorte légère mais malgré tout chargés de cadeaux pour les rudes chefs de clans.
Les patrouilles du Val observèrent l'avancée de la colonne à distance, pour ne pas effrayer les sauvages, ni déclencher par mégarde une nouvelle effusion de sang. Après de longues discussions, les émissaires royaux furent autorisés à entrer sur le territoire des clans, et les trappeurs et autres marchands signalèrent aux postes militaires des environs que de grandes fêtes eurent lieu dans nombre de villages qu'ils purent apercevoir dans leurs périples.
Ce qu'il advint ensuite est plus mystérieux. On ne revit plus les émissaires. Un seul corps fut retrouvé, ou plutôt ce qu'il en restait. Sa langue avait été arrachée et ses yeux crevés, et il pendait nu comme un ver aux branches d'un grand arbre sur la route menant à la Porte Sanglante. Sur son corps étaient fixés, avec des clous grossiers, divers présents sensés mieux disposer les sauvages.
Avertissement ? Refus ? Indélicatesses des envoyés ? Nul ne le sait, mais dans cette absence d'informations il y a tout de même des résultats : les clans ne déposent pas les armes et n'entendent pas renoncer à leur indépendance. Traiter avec eux s'annonce compliqué. Quand bien même discussion il y a bien eu, cette fois-ci, puisque les émissaires furent autorisés à parlementer et le firent même, selon des témoins indirects, pendant assez longtemps.
Le mystère reste entier. Et les Clans restent pour le moment l'épine dans le pied du plus riche royaume de Westeros.