Parler de ses peines, c’est déjà se consoler... [Tour VI - Terminé]
Sujet: Parler de ses peines, c’est déjà se consoler... [Tour VI - Terminé] Lun 4 Juin - 10:37
Depuis combien de temps je suis là ? A regarder sans les voir les fleurs qui ont été arrangées dans le Septuaire depuis que la nouvelle a été annoncée. A dire vrai, je n’en ai pas la moindre idée, mais le fait que mes jambes soient totalement engourdies est déjà un bon indice.
« Je suis une Princesse. Tu dois m’écouter et surtout, m’obéir. »
Je fronce les sourcils alors que, venue de nulle part, résonne la voix de Nymeria. Elle avait quoi ? Dix ans à peine ? Quand elle est venue me demander de l’entrainer. En réalité, je ne me souviens même plus. Je me rappelle simplement qu’elle n’était déjà pas bien grande pour son âge mais qu’elle m’avait semblée encore plus petite que d’habitude, malgré son menton relevé et cet air assuré propre aux Lannister.
Je me souviens avoir éclaté de rire avant de l’avoir envoyer promener pour la énième fois. Avant de finir par accepter. Et je revois encore son sourire victorieux à notre premier entrainement. Qui s’était vite effacé quand elle a découvert que je ne lui ferais pas de cadeau.
En vérité, depuis que j’ai appris la nouvelle, j’ai l’impression de la voir partout, tout le temps. Il n’y a pas un seul endroit dans tout le château qui ne me rappelle pas cette J’essaie de faire bonne figure. Pour Meg principalement. J’essaie d’être fort pour elle, de la soutenir autant que possible, quand bien même rien ne semble à même de la consoler. Et, en réalité, même je ne lui ai rien dit, je suis à peu près sûr de ressentir la même chose. Ce sentiment d’injustice, de vide même, qui ne cesse de croitre depuis que Lyman est venu me parler.
Je soupire longuement, étendant mes jambes pour retrouver un semblant de circulation alors que mon regard s’arrête sur les manches noires de ma veste. Moi qui pensais ne plus avoir à porter de vêtements de deuil avant longtemps, je me rends compte à quel point ils ne traduisent en rien ce qu’on peut vraiment ressentir. C’est encore pire que pour mes parents en vérité. Peut-être parce que j’ai été bien plus proche de la jeune lionne que d’eux ces dernières années, que j’avais fini par la considérer comme une petite sœur. En vérité, je n’en sais rien. J’ai l’impression que mon esprit est embrumé et que ça ne va pas aller en s’arrangeant. Sauf que je ne me sens pas d’en parler à qui que ce soit, surtout pas à Meg ou à Lyman. Ils ont déjà leur propre chagrin à porter et ce n’est pas mon rôle d’en rajouter un peu plus.
Je me rends compte que j’ai les mains qui tremblent et je ferme les poings pour les rouvrir, sans que ça ne s’arrange vraiment. Et je sens mes mâchoires se contracter à mesure que passent les minutes. Je ne devrais probablement pas rester là. Le vernis que j’ai savamment appliqué ces derniers jours risque de se craqueler et ce n’est pas le moment le plus opportun. Pourtant, je suis incapable de bouger, je suis incapable d’aller affronter les regards compatissants des servants et des nobles de la Cour. Pire encore, je me sens incapable d’aller affronter celui, dévasté, de mon épouse. Parce qu’il n’y a pas de mots pour la consoler. Alors, à défaut d’affronter l’extérieur, j’enfouis mon visage entre mes mains, essayant de reprendre de longues inspirations pour reprendre un semblant de contenance.
Je sursaute quand j’entends un mouvement à côté de moi et je cille, les yeux rougis, en reconnaissant la jeune louve. « Jeyne ? je… votre Altesse. Désolé. Je ne pensais pas trouver quelqu’un ici à cette heure de la journée. » Je baisse les yeux, incapable d’affronter le regard de qui que ce soit avant d’ajouter, à mi-voix. « Vous devriez vous assoir. Dans votre état, il ne fait pas bon rester debout, même si les sièges sont inconfortables. »
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Sujet: Re: Parler de ses peines, c’est déjà se consoler... [Tour VI - Terminé] Mar 3 Juil - 13:05
Castral Roc avait sombré dans une morosité délétère depuis quelques semaines. L'euphorie des tournois avait laissé sa place au deuil. Parfois, je ne pouvais m'empêcher que c'était là une punition des dieux envers l'arrogance des Lannister qui avaient fait étalage d'un faste outrancier alors que beaucoup mourraient au combat. A sans cesse vouloir demeurer neutre et en dehors des conflits, ils avaient fini par être punis. Ce n'était pas là une pensée très pieuse mais... le climat religieux actuel ne me poussait pas à beaucoup de clémence. Ces fichus fanatiques avaient fait des leurs durant le bal et je m'étais sentie personnellement agressée par leurs vociférations. Leurs revendications. Pourquoi ne pouvait-on laisser les gens simplement prier les dieux qu'ils voulaient ? En quoi faisaient-ils du mal ? Que l'on pris les Septs, les anciens Dieux ou je ne savais qui, chacun aurait du être libre. Et je sentais l'étau se resserrer me concernant...
Ma grossesse avançait et bientôt, viendrait la délivrance. Un moment que j'attendais, autant que je le redoutais, pour bien des raisons. Beaucoup de femmes mouraient en couche... Qu'importe qu'elles soient princesses ou paysannes. C'étaient les dieux qui en décidaient. Et si mon bébé ne survivait pas ? Cela me réveillait parfois la nuit. D'horribles cauchemars qui me laissaient exténuée et en pleurs. J'essayais d'être forte pourtant. Parce que je ne pouvais m'octroyer le loisir d'être faible quand tous les Lannister étaient frappés par le deuil. J'avais énormément de peine pour eux... J'étais affligée de voir Lyman si malheureux. Et je me sentais terriblement impuissante. J'étais désolée pour Megara, qui vivait le deuil de sa sœur de plein fouet, ses émotions majorées par sa grossesse également avancée. La joie d'être bientôt mère était terriblement ternie par la mort de sa petite sœur adorée... Qui avait rendu son dernier souffle en étant dans le même état que Megara et moi. De quoi nous angoisser davantage encore. Et angoisser nos époux respectifs.
J'avais besoin de marcher un peu. On me préconisait le repos, mais rester assise ou allongée avait tendance à me rendre folle et à procurer en moi quelques impatiences. Sans compter des douleurs. Marcher permettait de les soulager. Même si cela ne durait pas bien longtemps et que je ne savais plus trop rester debout sans bouger. Pour mes vilaines pensées, je décidai de me diriger vers le Septuaire. J'étais attristée de la mort de Nymeria. Je ne la connaissais guère, ne l'ayant croisé que trop brièvement, mais c'était une tragédie qu'une si jeune et prometteuse personne ai été fauchée dans la fleur de l'âge. Je pénétrai dans le Septuaire à pas feutrés, avant de me figer en voyant qu'il y avait quelqu'un. Je n'avais pas vraiment pris garde à l'heure, mais je ne pensais pas croiser qui que ce soit. Mon cœur se serra en voyant Gareth, sans doute gêné d'avoir été surpris dans un moment de faiblesse. Parce que son expression dévoilait clairement sa peine. Immense. Je savais qu'il avait passé beaucoup de temps avec la petite princesse du Roc, comme un frère. Sans doute même davantage que Lyman et plus librement. Qu'il avait appris à la jeune fille à manier l'épée ou l'arc. Une réelle complicité s'était tissée entre eux. Après avoir perdu ses parents, il perdait une sœur de cœur. Je fus touchée par sa réaction instinctive de m'appeler par mon prénom, avant qu'il ne se reprenne. « Désolé de quoi, Gareth ? » Je fronçai les sourcils, répondant avec douceur, mais scepticisme face à des excuses qui n'avaient pas lieu d'être. « De venir vous recueillir pour quelqu'un que vous avez aimé ? » Il n'y avait pas à se cacher pour cela. Je claquai de la langue quand il changea de sujet et me fit quelques recommandations. « Je suis assise quasiment toute la journée. J'ai besoin de me dégourdir les jambes. Je m’assiérai quand j'en ressentirai le besoin, ne vous inquiétez pas. » J'avais répondu d'un ton agacé, mais me radoucis alors que je m'en voulais déjà de mon emportement. « Désolée, je n'aurai pas du répondre ainsi, mais j'entends ça tout le temps. Je ne présume pas de mes forces, c'est promis. Je n'irai pas mettre en danger mon enfant. » Mais il me semblait savoir mieux que les autres ce qui était bon pour moi. Je savais comment je me sentais. « Je peux vous laisser seul, si vous préférez... il est des moments où la solitude est préférable. » J'avais hésité. Je n'avais pas peur d'affronter sa peine. Je ne fuyais pas le chagrin comme d'autres pouvaient le faire. Mais je pouvais comprendre qu'il ne souhaite pas se montrer vulnérable devant une tierce personne. Mais s'il ne pouvait parler à son ami ou à son épouse, trop ravagés par la perte, il pouvait me parler à moi, plus neutre et moins centrée sur ma propre peine...
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Sujet: Re: Parler de ses peines, c’est déjà se consoler... [Tour VI - Terminé] Ven 27 Juil - 11:13
A quel point est-ce que c’est lâche d’avoir envie de tout oublier ? D’aller dormir et de ne plus penser à la mort de Nyméria, de me dire demain que je suis probablement le plus horrible des correspondants épistolaires et que je lui écrirais plus tard. D’imaginer quelle serait sa tête si elle voyait Meg et son ventre passablement arrondi. Ce genre de considérations bassement terre à terre qui me feraient croire qu’elle est toujours en vie, prête à éclater de rire quelque part et que tout ça n’est qu’un mauvais rêve. Sauf que, bien évidemment, cela ne fonctionne pas de la sorte. Il faut garder la tête droite, il faut tenir bon et essayer d’être fort, surtout pour Meg.
Et j’essaie de ne point songer aux dangers de la grossesse de ma femme. Sinon, ce serait encore pire que tout. Pourtant, j’ai cette petite voix qui s’insinue, lentement mais sûrement, qui me rappelle de temps en temps qu’elle aussi pourrait mourir de la même façon, alors que nous commençons à peine à nous connaître vraiment, à être proches et que je m’attache de plus en plus à elle. Je n’ai pas besoin de cela en plus du reste en tout cas.
Je soupire longuement, essayant de profiter du calme tout relatif des lieux. Je n’ai pas de regards qui pèsent sur moi, mêlés de compassion et d’un je ne sais quoi qui me ferait presque croire que certains y voient là une punition pour avoir laissé se commettre certaines exactions sans réagir. Mon esprit semble vouloir s’embrouiller de plus en plus alors que je reconnais la silhouette de la Princesse qui se dirige vers moi. Je ne sais pas plus comment réagir avec elle qu’avec les autres en vérité. Elle n’a pas connu Nymeria, mais elle sait ce que c’est d’être touchée par la perte des gens que l’on aime et elle vit de plein fouet la réaction de tous les Lannister, moi y compris. Je cille à sa question avant de souffler, à mi-voix. « … je ne sais pas de quoi je suis désolé. Peut-être de montrer une faiblesse que je dois essayer de masquer autant que possible. Ou de vous avoir appelé Jeyne. Ou de… je n’en sais rien. » Mon regard se perd de nouveau dans le vide alors que je me frotte nerveusement les mains sur mes cuisses mais je darde tout de même un regard dans sa direction que je sens son agacement poindre à mes propos. « Je n’ai pas l’intention de dire ce qui est bon pour vous ou pas. Je sais juste que si quelqu’un rentre et vous voit debout, cela risque d’attirer l’attention. Et très sincèrement, j’ai mon compte pour le moment. » Je soupire longuement avant d’ajouter, retrouvant presque mon ton habituel l’espace d’un instant. « C’est normal qu’on ne cesse de vous le répéter. Et cela ne va pas aller en s’arrangeant avec… enfin avec ce qui vient de se passer. C’est horrible à dire mais votre enfant est plus important que tout le reste pour beaucoup de monde. Et ils se fichent de ce que vous pouvez en penser. » Je devrais probablement arrondir un peu les angles ou modérer mes propos mais c’est Jeyne et, depuis le temps, je commence à savoir qu’il est inutile d’enrober certaines choses. D’autant qu’elle doit en avoir parfaitement conscience.
Quand elle me demande si je veux qu’elle me laisse seul, je fronce les sourcils, incapable de dire quoi que ce soit l’espace d’un instant. Et j’ai un rire sans joie alors que mon regard se fait fuyant de nouveau. « Je ne peux rien dire à Meg. Pas maintenant. Elle n’arrive déjà pas à supporter sa propre peine, je n’ai pas le droit de rajouter la mienne par-dessus. Et c’est pareil pour Lyman, je pense que vous le savez encore mieux que moi. » Je ne sais pas si j’ai envie d’être seul ou pas en fait. Je ne sais même pas de quoi j’ai envie de parler si elle reste et je n’ai pas particulièrement envie de l’accabler pour rien. Et, sans bien savoir pourquoi, je souffle, les mâchoires contractées. « Vous savez qu’elle m’a suivi pendant près d’un mois pour que je lui apprenne à se battre. Tous les jours, inlassablement, dès qu’elle avait un peu de temps, elle me suivait. Partout. Vraiment partout. Le pire ça a été le moment où je l’ai trouvée au milieu de la nuit à la sortie d’un… enfin… elle était assise sur un tonneau, les bras croisés et la mine boudeuse. Je n’ai jamais osé demander comment elle avait pu sortir du château. » Je m’essuie les yeux avant de reprendre, avec un rire nerveux. « Je ne sais même pas pourquoi je vous raconte ça en fait. C’est… stupide. Tellement stupide... » Tout comme moi qui suis en train de craquer doucement mais surement.
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Sujet: Re: Parler de ses peines, c’est déjà se consoler... [Tour VI - Terminé] Mar 31 Juil - 10:46
Pauvre Gareth. Je n'aimais pas le voir dans cet état, même si ce n'était pas la première fois. Pas à ce point, évidemment, mais je l'avais déjà vu dans des moments de doute et de faiblesse et j'avais même eu le privilège de recueillir ses confidences. Et même si je ne mâchais pas mes mots et ne cherchais pas à le réconforter à tous prix, même quand il avait commis des erreurs ou des actes que je réprouvais, il semblait ne pas m'en tenir rigueur et continuer à me parler quand il en éprouvait le désir. Ou le besoin. Peut-être avait-il besoin de franchise et non de condescendance ou de paroles vides de sens mais bien tournées... « Vous savez bien ne pas avoir besoin de masquer quoique ce soit avec moi. » Parce que ce qui pouvait se dire entre nous demeurait entre nous. Quoiqu'il puisse me dire, m'avouer, je gardais tout pour moi. C'était ainsi et personne ne saurait me forcer à trahir ainsi la confiance d'un ami. « Et en tant que mon chevalier, je vous ai autorisé à m'appeler Jeyne en privé. » J'essayais de me montrer légère dans mes propos. Il n'avait pas besoin de culpabiliser pour sa familiarité avec moi en plus de sa propre peine, n'est-ce pas ? Et jamais encore je ne le lui avais reproché. Nul doute que je saurais le remettre à sa place s'il venait à me déplaire, mais cela n'était encore jamais arrivé.
Même si, alors qu'il parlait de mon état, je signifiais très clairement que ce n'était pas un sujet de préoccupation pour lui. Il y avait suffisamment de personnes qui s'en chargeaient, merci. Et je pris sur moi alors qu'il me signifiait qu'il ne désirait pas attirer davantage l'attention. Soit. Je concevais qu'il n'aimait pas vraiment les regards posés sur lui en ce moment. Je m'assis donc sans davantage épiloguer, par égard pour Gareth. Oui, je savais me montrer prévenante parfois. Et j'avais bien compris aussi que le décès de Nymeria pendant sa grossesse ne présageait rien de bon concernant la mienne ou celle de sa sœur, alors que tout le monde allait redoubler de vigilance. Comme si cela pouvait nous prévenir de la main impitoyable du destin... Je décelais cependant les propres angoisses de Gareth concernant son épouse. « Malheureusement, vous avez raison. Cela ne m'empêchera pourtant pas de tempêter. » Je repris avec douceur : « Comment cela se passe-t-il pour Megara ? » La princesse blonde aux manières impeccables ne devait pas enrager comme moi de cette prévenance. A moins que si, mais en privé, sachant masquer, comme sa mère, ce qu'elle pouvait ressentir. Mais Gareth devait lui tenir le même langage, non ? Sauf s'ils ne se parlaient pas beaucoup. Comme Lyman et moi en ce moment, alors qu'il se retranchait dans sa douleur. Peut-être pour ne pas m'affliger avec sa peine. J'espérais que c'était pour ça, davantage que parce qu'il ne me pensait pas digne de recevoir sa peine... Gareth ménageait-il aussi son épouse enceinte et donc fragile ? Probablement.
Maintenant, j'étais venue là sans savoir qu'il y était et je ne souhaitais pas lui imposer ma présence. Et il répondit à mes interrogations. Concernant ses rapports avec Megara. Il ne lui confiait pas sa propre douleur. Mon regard se fit douloureux tandis que je serrai les mâchoires quand il évoqua Lyman, hochant la tête. « Il est distant. » Je n'ajoutai rien de plus à ce sujet. Ma propre douleur devait déjà se sentir, alors j'évitai de trop en parler. Parce que je n'avais pas le droit de me plaindre de ça quand ils vivaient un tel drame. Et au lieu de me dire de rester ou partir, il me confia une anecdote concernant la petite princesse rebelle. Je pouvais y sentir toute la force de son affection. C'était bien qu'il puisse en parler. Et face à sa souffrance, je passai une main dans ses cheveux avec douceur : « Non, c'est normal. Vous avez le droit d'exprimer votre chagrin. De me parler d'elle et de ce que vous avez vécu si vous le désirez. Je ne l'ai presque pas connue. Je ne saurais d'elle que ce que l'on m'en racontera. On m'a dit que c'était une belle personne. » Je l'encourageai doucement à me parler d'elle, d'eux, de ce qu'il voulait. J'avais tout mon temps.
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Sujet: Re: Parler de ses peines, c’est déjà se consoler... [Tour VI - Terminé] Sam 18 Aoû - 11:31
J’essaie d’être fort. A dire vrai, je ne me suis jamais senti aussi éloigné de Lyman que depuis qu’il m’a annoncé la nouvelle. Et c’est plus douloureux que je l’aurais cru. Mais je garde la tête haute, j’essaie de me montrer rassurant pour le reste de la famille et j’essaie de faire bonne figure auprès de la Cour. Pour que personne ne s’imagine quoi que ce soit si je fais preuve de trop de peine. Après tout, elle n’était rien pour moi, officiellement. Et j’ai du mal à l’accepter, à faire avec. Je n’ai pas envie de voir le masque que je porte depuis plusieurs jours se fissurer n’importe quand, encore moins devant la famille Lannister. Et pourtant, la femme qui est à mes côtés en cet instant est probablement celle qui pourrait le mieux me soutenir. Elle me connaît, elle sait qui je suis vraiment et m’a déjà vu totalement perdu. Et c’est ce qu’elle me dit, à sa façon. Je hoche la tête, le regard fixant le vide avant de souffler, à mi-voix. « Il y a bien une personne à qui je pourrais parler, avec qui je peux être moi-même en ce moment, c’est bien vous. » Il y aurait pu avoir Lynara, mais je ne sais pas comment me comporter avec elle. J’ai peur d’aller chercher un réconfort malvenu auprès d’elle et de faire ce qu’il ne faut pas. Comme lorsque mes parent sont morts.
Et j’arrive tout de même à avoir une ombre de sourire au reste de ses propos. « J’avais presque oublié que vous m’aviez adoubé. Il y a bien trop peu de monde qui vous appelle Jeyne en ce moment, n’est-ce pas ? » Je finis par lever les yeux vers elle, m’arrêtant un instant sur son ventre arrondi avant de grimacer quand elle reprend. « Je sais que cela ne vous empêchera pas de tempêter. Mais les gens vont être tellement plus précautionneux maintenant. Comme si cela pouvait changer quoi que ce soit. Il y a des choses contre lesquelles on ne peut pas lutter de toute façon. » Le destin. Voilà bien quelque chose que je déteste, parce que l’on ne peut pas s’y préparer, quoi que l’on fasse. « Meg… est plus forte qu’il n’y paraît. Elle essaie de faire bonne figure mais c’est difficile pour elle. J’essaie de ne pas trop la couver, elle ne le supporterait pas. Mais j’ai du mal à trouver l’équilibre entre passer du temps avec elle et la laisser respirer un peu. Elle adorait sa sœur, elle lui manquait déjà terriblement mais elle espérait qu’un jour, leurs enfants pourraient se rencontrer. » Je me rends compte que j’ai la voix qui tremble aux derniers mots que je prononce. Et j’inspire longuement, lui demandant ce qu’il en est pour Lyman, sans bien savoir ce qu’il peut penser, alors que je n’ai de cesse de repenser à ce qu’il m’a dit lorsqu’il m’a annoncé la nouvelle.
Je fronce légèrement les sourcils à sa réponse, avant de soupirer de nouveau. « Il se sent coupable. De l’avoir envoyée au loin, de ne pas avoir été aussi proche d’elle qu’il aurait pu… ou que je l’ai été. Je me demande à quel point il m’en veut de lui avoir volé la place de grand frère. Et je me demande à quel point il se sent légitime de la pleurer. » J’ai un sursaut quand sa main passe dans mes cheveux et mes lèvres se pincent, comme pour retenir ce chagrin que je tiens muselé depuis des jours. « C’était une belle personne oui. Elle avait un caractère affirmé mais, dans le fond, elle était terriblement fragile. C’était encore une enfant d’une certaine façon. Qui cherchait encore sa place dans la famille. Lyman était l’héritier, Meg la jolie princesse aux parfaites manières et elle… Elle... » Mon regard fixe de nouveau le vide alors que je sens une larme rouler sur ma joue. « Elle m’a dit qu’elle voulait devenir une vraie femme, pour plaire à Ronnel, pour être digne d’être sa femme. Qu’elle ferait tout pour cela. C’est tellement injuste... » Je me rends compte que mes mains commencent à trembler pour de bon cette fois, tout comme mes lèvres alors que j’essaie tant bien que mal de reprendre un semblant de contenance. Sans le moindre succès, alors que tout se fissure pour de bon cette fois.
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Sujet: Re: Parler de ses peines, c’est déjà se consoler... [Tour VI - Terminé] Mar 28 Aoû - 19:10
Je souris, sincèrement touchée par la marque de confiance de Gareth me concernant. C'était un privilège d'être ainsi appréciée par quelqu'un. De pouvoir abattre les murs des convenances. Un présent précieux, qui me réchauffait le cœur en ces périodes de deuil, où la morosité avait gagné le château et le cœur de ceux qui y vivaient. De ceux qui m'entouraient. Pourtant, alors que j'étais partie dans l'optique de le réconforter, il me prit au dépourvu, tandis que j'évoquais son adoubement factice, en touchant un point bien trop sensible en ce moment. Je me sentais terriblement seule. Je n'avais presque pas connu Nyméria, sa mort était triste, mais ne me touchait pas moi, personnellement. Je comprenais bien la tristesse de chacun, mais j'étais enceinte et tout semblait prendre des proportions énormes désormais. Démesurées. Mes réactions l'étaient, je le savais. Les larmes me montèrent aux yeux bien malgré moi. Je ne répondis pas, incertaine concernant la fermeté de ma voix. Je hochai simplement la tête. Et pinçai les lèvres quand il souligna que les gens allaient être encore davantage aux aguets après ce qui était arrivé à Nymeria. Il ne faudrait pas que Megara ou moi-même ne mourrions de la même façon, donc ils allaient redoubler de vigilance et de conseils en tous genres. Mais si jamais on m'empêchait de bouger... j'allais hurler.
« Je ne doute pas de la force de Megara, c'est la fille de sa mère. » En espérant qu'elle n'allait pas tout garder pour elle, au risque de se rendre malade et que sa santé et celle de l'enfant en pâtisse. Ou qu'elle ne sombre dans une profonde dépression. Elle était proche de sa sœur, bien sûr et ses espoirs venaient d'être balayés par la fatalité. Comme je comprenais le problème de Gareth, qui ne confiait pas sa propre peine à sa femme et la soutenait comme il pouvait. Au moins... Il était là. Lyman... il me donnait l'impression d'être un mort vivant, son esprit n'étant plus vraiment là. Pas avec moi. Pas avec notre futur enfant. Et j'ignorais quand cela prendrait fin. Je le confiai donc à Gareth, qui me lista les manquements de Lyman envers sa sœur. Selon lui. « C'est compliqué... Il avait le rôle de prince héritier à tenir et ne pouvait pas faire ce que vous faisiez avec elle. Comme sa mère a du rabrouer ses élans de liberté, parce que c'était son rôle. Il aimait sa sœur et elle devait le savoir. Évidemment qu'il est légitime de la pleurer. Et qu'il n'a rien à se reprocher. D'ailleurs, personne ne lui reproche quoique ce soit... Mais... S'il rumine tout cela et n'en parle à personne... » Ma voix s'éteignit, alors que je prenais conscience de l'ampleur de sa solitude. Qu'il créait tout seul.
Je me focalisai sur Gareth, l'encourageant à me parler de la princesse. Et cela lâcha les vannes, forcément. Je regardai la larme couler sur sa joue. Et je sens venir la tempête qui est soigneusement contenue depuis des jours. Alors, doucement, j'attire sa tête contre moi, passant mes doigts dans ses cheveux bruns. C'était un geste très familier, voire intime. Nous étions seuls. C'était inconvenant. Mais il n'y avait nulle malice dans ce geste, aucune ambiguité. Je n'étais qu'une amie, une épaule sur laquelle il pouvait parler, à qui il pouvait confier enfin ce qu'il avait sur le cœur, sans que cela ne vienne s'ajouter à mon propre chagrin. Lyman était muré dans le silence, Megara encaissait sa propre peine. Il n'avait personne. Je me fis donc dépositaire de son chagrin, témoin silencieuse de son amour fraternel pour la jeune fille. Je ne savais pas quoi dire, donc je gardai le silence. J'aurais aimé... que Lyman s'ouvre ainsi à moi, qu'il lui soit aussi aisé de laisser éclater sa tristesse devant moi et qu'il me juge digne d'en être le témoin. Ma gorge se noua malgré moi, et je fermai les yeux, écoutant le silence. Les pleurs d'un homme étaient rares, souvent honteux car synonymes de faiblesse. Stupidités.
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Sujet: Re: Parler de ses peines, c’est déjà se consoler... [Tour VI - Terminé] Mer 19 Sep - 13:28
Même si j’ai l’impression que tout vacille, la présence de Jeyne a quelque chose de rassurant Peut-être parce qu’elle n’est pas autant touchée que nous par cette nouvelle qui a secoué le Roc tout entier. Peut-être parce qu’elle est encore plus forte et plus solide que je l’avais supposé au premier abord. Et elle a connu plus que sa part de deuil, malgré son jeune âge.
Je me rends compte que j’ai probablement été maladroit quand je vois les larmes lui monter aux yeux, mais je me contente de souffler, d’une voix aussi douce que possible. « Vous aurez toujours quelqu’un qui vous appellera Jeyne, je vous le promets. » Même si ça ne changera rien au fait que les prochaines semaines vont être difficiles à vivre pour elle, tout le monde risquant de se focaliser sur son état et celui de mon épouse, pour éviter de nouveaux drames.
Je soupire à sa réponse concernant Meg avant de secouer légèrement la tête. « Elle est différente dans le sens où… elle accepte d’être faillible. D’être humaine. Ce n’est pas le cas de la Reine. Meg se laisse encore diriger par ce qu’elle peut ressentir et j’espère qu’elle continuera. J’en ai besoin. » Je ne supporterais pas qu’elle devienne distante avec moi comme sa mère peut l’être avec le roi. Je sais, c’est à moi de tout faire pour que cela n’arrive pas, même si, dans l’immédiat, la question ne se pose pas vraiment. Tout ce qui m’importe c’est qu’elle aille bien, qu’elle se remette de la mort de sa sœur et qu’elle arrive de nouveau à sourire un jour. A cette pensée, je sens ma gorge se serrer alors que nous évoquons Lyman. Qui se montre distant, comme je l’avais supposé. Je grimace quand elle reprend la parole, laissant filer un silence avant de hocher la tête. « Je le sais ça. Mais je me demande s’il ne l’a pas oublié. C’était mon rôle d’essayer de lui insuffler ces envies de liberté et de contrarier sa mère. J’ai réussi parfois. Suffisamment pour qu’il ne soit pas totalement renfermé sur lui-même. Même si, en ce moment, j’ai le sentiment d’échouer à ma tâche en ne réussissant pas à le faire parler. » Et ça, en plus du reste, je commence à ne plus savoir quoi faire, quoi penser.
J’ai le sentiment que tout s’effrite à mesure que lui parle. Je sais qu’elle est prête à tout entendre ou peu s’en faut. Qu’elle ne me jugera pas. Alors, je lui parle de cette petite princesse que j’ai toujours connue. Je sens la peine menacer de déborder de nouveau et cette fois, je n’arrive à me raccrocher à rien pour la canaliser. Je n’ai personne à protéger, à consoler. Cette fois, c’est moi qui m’épanche, qui lâche prise. Et quand je sens la main de Jeyne se poser sur ma tête, les dernières barrières que je me suis efforcé d’ériger cèdent, sans que je sois capable de faire quoi que ce soit. Je me laisse aller à pleurer, le front posé contre l’épaule de la jeune louve, sans me soucier le moins du monde de l’inconvenance de la situation. Elle est l’amie dont j’ai besoin en cet instant, elle n’est même plus la princesse sur laquelle je me suis juré de veiller. Et puis, de toute façon, j’en serais bien incapable dans l’immédiat. Alors, je me raccroche à elle, laissant le chagrin s’échapper un peu, sans chercher à le retenir, à le rattraper. Je ne sais pas combien de temps je reste comme ça, mais je finis par relever les yeux vers elle, le regard rouge, avec un pauvre sourire, incapable de dire quoi que ce soit.
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Sujet: Re: Parler de ses peines, c’est déjà se consoler... [Tour VI - Terminé] Jeu 20 Sep - 14:51
J'esquissai un petit sourire, un peu tremblant, alors que Gareth a noté que ses paroles m'avaient touchées de façon démesurée, probablement. Mais en ce moment, je n'osais même pas réfléchir à l'ampleur de ma solitude de peur de me laisser engloutir. Leur deuil n'était pas le mien. Je passais au second plan pour tout le monde, et si, en temps normal, cela ne m'aurait pas dérangé tant c'était normal, le fait que je porte un enfant venait singulièrement changer la donne malheureusement. Et je détestais me montrer si égoïste, me faisant l'impression d'être une enfant capricieuse et mal élevée. C'était intolérable et indigne de moi, mais difficile de lutter contre les sentiments. Cependant, la promesse de Gareth, malgré sa peine, fut un baume sur mon cœur meurtri et je m'y raccrochai avec reconnaissance.
Cependant, je n'étais pas là pour me faire consoler. Mais pour apporter mon soutien. Je tentai de lui assurer sur Megara allait surmonter ce deuil, parce qu'elle était une Lannister, et avait été élevée dans cette optique. Mais Gareth soulignait un point intéressant : Megara était différente de sa mère dans le sens où elle reconnaissait ses propres faiblesses et les acceptait. J'avais découvert une jeune femme très différente de l'image qu'elle renvoyait, accessible, douce et aimante. Elle devait se cacher derrière une apparence de princesse parfaite la plupart du temps, mais ce n'était là qu'une façade, un costume qu'elle endossait facilement. "Megara est princesse. Elle n'est pas l'héritière directe. Sans doute peut-elle se permettre d'agir ainsi." Encore un peu. Sa mère avait peut-être été moins exigeante avec elle qu'avec Lyman, par ce droit d’aînesse et le rôle de chacun dans l'avenir. " Je doute qu'elle se montre un jour distante avec vous." L'affection entre les deux était réelle. On pouvait même parler d'amour, même si cela me faisait mal pour Lynara. Et il était difficile de ne pas s'attacher à Gareth. Il pouvait susciter bien des sentiments, mais sûrement pas l'indifférence.
En cela, Megara était différente de son frère. Gareth avait accès à ses sentiments. Quand ceux de Lyman étaient hors de ma portée, alors qu'il se murait dans le silence. Je fis part de mon impuissance à mon ami. Qui me confia ce qu'il avait fait pour l'empêcher d'être ce que sa mère voulait, jouant les troubles fêtes. Pour cela je lui en était reconnaissant, même si j'avais été victime de leur malice autrefois. Je souris légèrement alors qu'il avouait être tout aussi impuissant, montrant une assurance que je ne ressentais pas vraiment. "Je compte bien sur le temps et la patience pour qu'il s'ouvre à moi. Il suffit... Que je lui prouve que je suis prête à tout entendre, à recueillir ses faiblesses et ses doutes, sans que cela ne m'accable ou ne mette notre enfant en danger. Il suffit qu'il prenne conscience que je peux être forte... Que j'ai besoin qu'il soit vulnérable parfois pour l'être. Comme j'accepte d'être faible de temps en temps pour m'accrocher à lui." Et en ce moment, j'aurais eu besoin qu'il soit fort pour nous deux. Sans doute était-ce pour cela qu'il se murait dans le silence, pour me tromper à ce sujet, pour faire illusion. Mais cela ne rendait que plus difficile encore la situation. Parce que je savais qu'il souffrait terriblement.
Cependant, en cet instant, ce n'était pas de Lyman dont il était question, mais de Gareth. Et je lui fus infiniment reconnaissante de se dévoiler devant moi, de me laisser pénétrer son intimité et lui être... utile. Même si ce n'était que pour être une épaule sur laquelle s'épancher et pleurer. Cela me suffisait. Tout plutôt que cette impression d'être inutile et étrangère à tout cela. Et il pleura. Un moment. Sa fragilité me fit monter les larmes aux yeux alors que je compatissais à sa douleur. Ma main allait doucement dans ses cheveux, apaisante. Je l'avait fait avec Walton quand il était enfant... Cela faisait bien longtemps qu'il n'avait plus pleuré devant moi. Quand Gareth s'écarta légèrement avec un sourire, j'essuyais ses joues tranquillement, avant de baiser son front et de murmurer : "Merci. Merci de me laisser participer à votre vie, que ce soit la joie ou la douleur. Comme vous avez été là pour moi, à Vivesaigue, je serai là pour vous, quoiqu'il arrive." Je ne lui demandai pas s'il se sentait mieux, car cette question était stupide. Évidemment que non. Pleurer ne suffisait pas à faire son deuil et à faire taire la douleur.
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Sujet: Re: Parler de ses peines, c’est déjà se consoler... [Tour VI - Terminé] Dim 14 Oct - 18:19
Plus tard, je me demanderais probablement à quel point les choses auront pu être difficiles pour Jeyne. Pas parce qu’elle porte un enfant et que toute la Cour va se tourner vers elle pour s’assurer qu’elle va bien. Mais parce qu’elle est étrangère à ce deuil. Elle a à peine connu Nymeria et elle a déjà eu ses propres peines à porter. Inutile de lui en rajouter. Pourtant, je suis incapable de me détourner d’elle et de chercher un endroit où je serais seul. Parce que j’ai confiance en elle et que, surtout, j’ai besoin de quelqu’un à qui parler. Quand bien même je vois bien que c’est difficile pour elle. Dans l’immédiat, je ne peux que lui promettre qu’elle pourra toujours compter sur moi, d’une façon un peu détournée certes, mais je n’arriverai guère à faire mieux.
Parler de Meg est un soulagement d’une certaine façon, car cela me permet de ne pas trop penser directement à Nymeria. Pourtant, cela ne fait que me renvoyer à cette idée que je me suis ancrée dans l’esprit, celle de ne pas laisser peser ma propre peine peser sur les épaules de mon épouse. Et c’est difficile, cela m’éloigne d’elle sans que j’arrive à trouver comment faire pour rattraper les choses. « Je ne sais pas si elle se l’autorise ou si elle n’a pas vraiment le choix au vu de sa vraie nature. Elle est sensible et, si elle se cache derrière un masque de froideur en temps normal, elle est toujours vivement touchée dès qu’il se passe quelque chose. » Et la mort de sa sœur est encore pire que tout ce qu’elle aurait pu être prête à supporter, surtout dans son état. J’ai une ombre de sourire quand elle continue, avant de souffler, dans un murmure. « Je ne pensais pas… m’attacher autant à elle. » J’ai presque envie de m’en excuse en vérité et je l’ai dit sur un ton d’excuse. Et pourtant, je ne peux m’empêcher de penser à Lynara que j’ai soigneusement évitée ces derniers jours, incapable de savoir comment je pourrais me comporter en sa présence.
Je ne peux m’empêcher de grimacer quand nous évoquons Lyman. Parce que mon propre chagrin ne me permet pas d’être le soutien dont il pourrait avoir besoin et qu’il ne semble pas prêt à se confier à Jeyne. Et pourtant, la jeune louve n’a pas l’air de s’y arrêter et elle est prête à l’attendre. Je lui adresse un sourire reconnaissant et je laisse filer, à mi-voix. « Il sait que vous êtes forte. Il faudrait être aveugle pour ne pas s’en rendre compte. Mais il faut qu’il accepte de se reposer sur vous. Et surtout, qu’il a le droit d’être malheureux. » Ce dont je doute, en cet instant. Parce qu’il y avait cette distance avec Nymeria qu’elle n’avait pas avec moi. Parce que j’ai peut-être volé la place qu’il aurait pu avoir auprès d’elle. Je me sens coupable, sans bien arriver à savoir pourquoi. Après tout, je n’ai rien fait en ce sens et je serais aujourd’hui bien incapable de faire marche arrière.
Surtout qu’au final, en cet instant précis, elle arrive à faire sauter les dernières barrières que je m’obstinais à brandir face à tout le monde. Je me laisse aller, alors que tout se fissure et que je laisse enfin les larmes s’échapper. L’espace d’un instant, j’ai l’impression d’être redevenu un enfant que l’on console et j’en oublie totalement tout ce que l’on pourrait penser si on nous trouvait ainsi. Probablement parce que je ne pense pas à mal, loin de là. Je ne pense pas vraiment en vérité, alors que j’ai un peu l’impression de sentir le poids que je porte sur mes épaules s’alléger. Il ne disparaît pas, loin de là, mais c’est comme si j’acceptais de lui faire réellement face pour la première fois depuis que j’ai appris la mort de Nymeria. Je finis par me détacher d’elle et, quand elle reprend la parole, j’ai un léger froncement de sourcils. « Je ne suis pas sensé être celui qui vous remercie ? Vous faites partie de ma vie Jeyne et pas seulement parce que vous êtes ma future Reine. » Difficile de ne pas la considérer comme une amie, surtout après tout ce que nous avons pu vivre ces derniers mois et la franchise qui ne manque pas de teinter notre relation.
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Sujet: Re: Parler de ses peines, c’est déjà se consoler... [Tour VI - Terminé] Mar 30 Oct - 12:05
Lyman agit-il de même que Gareth ? S'éloignait-il de moi pour ne pas m'accabler de son propre chagrin ? C'était une réaction logique. Stupide, mais logique. Parce que moi, je n'étais pas personnellement touchée par ce deuil. Je pouvais soutenir Lyman sans être moi-même effondrée de chagrin, contrairement à Megara. Je savais aussi que mon époux n'aimait pas montrer ses faiblesses... Même à moi. Il ne lui était pas aisé de se confier, de s'ouvrir. Alors je patientais. Comme je pouvais, sans m'agacer. Sans tempêter, ni hurler, ou l'acculer pour exiger quoique ce soit. Je hochai la tête alors que Gareth me confiait combien son épouse était sensible derrière sa froideur, apprise auprès de son illustre mère. Je savais cela. J'avais découvert quelle femme se cachait derrière la parfaite princesse bonde de l'Ouest. Pas aussi impitoyable que sa mère, quand bien même elle savait copier ses attitudes pour faire sa réputation. Mais elle était bien plus humaine que cela. Et chaleureuse. Je n'oublierai jamais sa main tendue à mon arrivée en terre étrangère. "Il est difficile de ne pas le faire." J'avais répondu d'une voix douce. Même si quelque part, j'aurais préféré qu'il n'aime pas son épouse et se morde les doigts d'avoir délaissé Lynara. Mais même avec ma rancune, je ne pouvais vraiment souhaiter un sort aussi horrible.
Je ne voulais pas me plaindre auprès de lui. Pas en ce moment. Pourtant, le sujet de discussion passa à Lyman. Il nous liait tous les deux finalement. Il était le meilleur ami de Gareth et mon époux. Le Kenning lui était totalement dévoué, bien davantage qu'à Loren ou Jordane Lannister. Et malgré moi, je confiai mon impuissance. Mais aussi mes espérances. Le temps ferait son oeuvre n'est-ce pas ? Je n'étais pas femme à me morfondre bien longtemps. J'étais combative. Et si le combat passait par des semaines à endurer dignement et à garder le cœur et l'esprit ouvert, alors j'étais prête à m'y plier. Gareth eut les mots qu'il me fallait entendre pour reprendre courage. "Il réfléchit beaucoup trop." Je commentai avec un petit mouvement d'humeur. Évidemment qu'il avait le droit de pleurer sa sœur. Qu'importe qu'il n'ai pas été un frère proche et aimant. Bien que ce ne soit pas totalement vrai. Il avait aimé Nymeria, à sa façon, et en respectant son rang d'héritier. J'étais persuadée que la jeune femme l'avait toujours su et n'en avait jamais pris ombrage. Il m'avait suffit de quelques mois pour deviner ce qu'il ne disait pas. Ses regards étaient suffisants. Alors ses sœurs devaient le savoir tout autant. Mais il conservait ses regrets. Il pouvait s'autoriser à simplement ressentir le chagrin de la perte et y succomber, pour mieux se relever.
Mais si Lyman n'était pas encore prêt à se reposer sur moi, Gareth, lui, succomba finalement et j’accueillis son chagrin avec une sorte de reconnaissance. Je le laissai pleurer tout son saoul, avant de le remercier de s'être montré vulnérable devant moi. Je l'assurai de mon soutien inconditionnel. Quoiqu'il arrive, je serai là pour lui, parce qu'il n'était pas qu'un fidèle serviteur, mais il était devenu un ami cher. Et c'était là une gageure après ce qu'il s'était passé avec Lynara. Il s'était pourtant toujours montré prévenant avec moi, amusant, soucieux également. De ma personne et pas seulement du statut que j'avais. Il lui tenait à cœur de me protéger moi, Jeyne, et pas la princesse de l'Ouest. Pas seulement. "Alors remercions-nous mutuellement." Mon sourire s'était fait doux. "Je remercie les dieux, qu'importent lesquels, de vous avoir mis sur ma route. Les amis chers et sincères sont rares et d'autant plus précieux." Doucement, je m'écartai, remettant de l'ordre dans mes vêtements, avant de me lever. "Je vais vous laisser à votre recueillement. J'ignore où se trouve Nymeria, mais elle était aimée et le savait." Sur ces mots, je m'éloignais alors du septuaire, le cœur à la fois troublé et l'âme plus sereine.
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Sujet: Re: Parler de ses peines, c’est déjà se consoler... [Tour VI - Terminé]
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Parler de ses peines, c’est déjà se consoler... [Tour VI - Terminé]