Moi, Loren Lannister, souverain du Royaume de l'Ouest, seigneur de Castral Roc, appelé "Coeur-de-Lion" par mes sujets depuis ma victoire de Lannisport n'ait d'allégeance qu'envers ma famille. Seuls comptent mes enfants, l'intégrité de leur héritage. Les autres royaumes sont en lutte permanente pour le pouvoir : nous autres Lannister avons toujours voulu demeurer indépendants. Ceux qui s'attaquent à nous seront terrassés. Les autres peuvent bien manigancer pour accroitre leur puissance, tant qu'ils ne nous menacent pas, et que cela ne se fait pas à nos dépens. Nous ferons tout pour garder notre liberté, et nous ne plierons le genou devant aucun Roi, pas plus que je n'ai plié le genou jadis devant le Roi du Bief.

De manière générale, je suis favorable au statu quo entre les royaumes. Ce sont les volontés de puissance de certains qui nous mettent en danger. Aussi, ma femme et moi avons choisi d'user de la ruse et de la diplomatie. Il est toujours préférable de prévenir les conflits. Mais si nous devons agir pour défendre notre liberté, nous le ferons. Un lion ne courbe l'échine devant personne, qu'il soit un loup, un cerf, ou même un dragon.


Je suis le Royaume. Mon cruel père, et mon noble grand père, ont été Rois avant moi. Mon fils, Lyman, sera Roi après moi. Au sein de notre Royaume, sûrement certains de nos vassaux aimeraient accroitre leur puissance : Clegane et Reyne, Payne et Crakehall, Swyft et Lydden. Je ne suis pas dupe de ces ambitions, et j'y suis attentif. En tant que Roi, je suis le bras armé qui protège mes vassaux qui m'ont juré fidélité, et aussi celui qui protège les petites gens. Je ferai tout pour protéger ces dernières d'une guerre terrible. La première allégeance d'un roi est envers son peuple.


Une riposte brutale et acharnée. J'ai retenu les leçons de jadis : si vous laissez l'ennemi s'enfoncer dans vos terres, vous êtes affaiblis, vous perdez votre légitimité et vos hommes commencent à douter de vous. Il faut garder le Royaume intact, ou mieux, attaquer avant qu'il ne soit trop tard. Une guerre préventive est la meilleure solution : que les Sept soient loués, nous n'avons pas eu besoin d'aller jusqu'à de telles extrémités. Nous avons bénéficié d'une longue paix, dont j'ai largement profité.



Deux hommes rêvant de pouvoir, et s'entre-tuant pour un trône. L'un des deux devait tomber, tout simplement. J'ai toujours appris qu'un vrai chevalier devait combattre son ennemi en face à face, sans triche. Cependant les rois ne sont pas des chevaliers : ils jouent à un autre jeu, celui de la politique, et ce jeu est mortel. Les uns veulent asseoir leurs ambitions sur d'immenses territoires, et régner sans égal ; les autres sont corrompus par le pouvoir et délaissent leur royaume pour s'adonner aux plaisirs de leur situation au-dessus du commun des mortels. Je suis de cette deuxième trempe. Cependant je n'hésiterai pas à prendre mes responsabilités et à combattre contre ces Rois, nos égaux, qui veulent faire de nous leurs vassaux.

     

▪▪ Chris ▪▪ Âge - 20 ans ▪▪ 10 ▪▪ Comment avez-vous connu le forum? - Aylan Redwyne▪▪ Qu'est-ce qui vous a poussé à vous inscrire? - L'envie de jouer sur un forum GOT▪▪ Qu'est-ce qui vous a rebuté? ▪▪ Quelque chose à ajouter? - Non =)▪▪

Un lion doré sur champ de gueules flottait dans le vent : le soleil brillait, les oiseaux chantaient, la foule retenait son souffle. C’était la dernière joute du tournoi que donnait le Roi en ce solstice d’été. A vrai dire, il faisait plus que le donner, il s’y adonnait : Loren Lannister affrontait Rickard Crakehall, le frère de son épouse. Le cheval de Loren était nerveux, il fit un bond sur le côté, et se lança au galop. Une jument de Dorne, comme Loren aimait les chevaucher… Sa lance en bois siffla dans l’air, Loren voyait le jeune Artur précisément à travers la visière de son casque. Loren se rapprochait à toute vitesse, un sourire aux lèvres. Tout d’un coup, un craquement immense fendit le silence, et un cavalier fut projeté à terre. Le Roi était sur le dos, au sol, et ne se relevait pas.
Les demoiselles de la cour eurent des cris d’horreur, les hommes accoururent. Rickard Crakehall mit pied à terre, tremblant comme une feuille. Sa lance avait frappé la poitrine du Roi avant de se briser en deux et de lui frapper violemment le crâne, projetant le Roi à terre. On mit Loren sur un brancard avant de l’emmener dans une tente loin du tumulte de la foule.

Les images, les sons et les couleurs se mêlaient et se démêlaient dans l’esprit de Loren. Il faisait des rêves des plus étranges, avant de replonger dans le noir total.
« - Prends ma main, ma douce femme. » C’était leur nuit de mariage, il tenait dans sa main celle de la femme qu’il avait choisie entre toutes, parmi ses prétendantes, après cinq ans de célibat à la tête du royaume. Cela ne l’avait pas empêché d’aimer, ou de faire l’amour souvent et avec de nombreuses conquêtes. Il était Roi, il était Lannister, on le nommait « Cœur-de-Lion ». Rapport à son courage et à ses mœurs amoureuses. Cependant il avait cédé aux imprécations de ses conseillers et de ses vassaux. Un Roi devait se marier. Alors il avait choisi la plus belle, qu’il n’avait pas encore connue, ni essayé de séduire. Jordane Crakehall, fille de l’un de ses plus puissants vassaux. La domination de Loren sur son royaume serait affermie avec cette alliance. Car si l’on ne doutait plus de ses qualités de guerrier depuis la victoire de Lannisport, ses qualités de gestionnaire étaient remises en cause. Jordane n’était pas seulement belle, elle était éduquée, diplomate, séduisante et intelligente.
Alors que la joue barbue du Roi approchait celle de la nouvelle reine pour lui baiser le cou, il sentit une odeur connue, chérie et aimée, celle de « Bella », la Dornienne à la peau tannée et sublime, Nalia Dayne qui avait suivi son mari en ambassade à Castral Roc. Il s’était perdu dans ses yeux, après l’avoir poursuivie encore et encore. Il était comme un petit garçon, qui courait. Courant, courant, le petit Loren courait dans le château. Soudain son père lui attrapait le bras violemment, et le giflait. « Je t’ai interdit de faire du bruit dans mes appartements ! » Vingt ans après, Loren entrait encore religieusement dans cette section du château. Ses propres appartements, ils les avaient déplacés ailleurs, plus proche de la mer et du soleil couchant. Le petit garçon courait, courait dans le château, et il était devenu un adolescent qui galopait à cheval. Il avait toujours aimé les chevaux, et une fois Roi il en éleverait de toutes sortes, dépensant des fortunes dans de nouvelles bêtes. Loren avait toujours cherché à fuir. Le cheval lui donnait à la fois cette force et cette liberté. Alors il partait dans les bois pour chasser, c’était le seul endroit où l’ombre de son père disparaissait et ne le menaçait pas. Il avait toujours été d’un caractère doux et romantique, et les bois comblaient ses besoins esthétiques. A cet âge là, il répugnait à tuer, sinon à l’arc. Tuer un être vivant à l’arc était plus abstrait. Vite lassé de chasser, le jeune garçon lisait dans les bois, avec la conciliance de ses cousins plus âgés qui l’accompagnaient. Il lisait toutes sortes de choses, qui avaient rendu son esprit habile et rusé. D’ailleurs, c’est en se gorgeant de poésie qu’il se mit à s’intéresser aux femmes.

« - Loren ! Coeur-de-Lion ! Loren ! »
La foule de guerriers l’acclamait. Ce moment était le plus beau de sa vie. Un soulagement immense avait ôté un grand poids de ses épaules. Comment aurait-il pu être le Roi qui allait perdre Lannisport et faire chuter leur royaume dans l’oubli et la décadence ? Était-il un bon à rien comme son père le lui avait parfois dit ? Son père ne lui avait pas donné de derniers conseils, de dernières paroles. Il était mort de son infection, dans le délire le plus total. Avec Herlex Brax, le conseiller militaire de son père, et le grand général, il avait réorganisé les défenses de Castral Roc et remonté le moral
Cependant on attendait plus, beaucoup plus de lui : Loren devait s’entraîner à combattre et devenir un héritier digne pour sa maison. Il attendit plusieurs semaines que l’attention des troupes du Bief se relâche. La nouvelle de la mort du Roi avait enchanté l’assaillant, et celui-ci pensait que la bataille était gagnée. Le jeune Lion n’aurait pas l’expérience pour les repousser. Loren fit sortir une troupe solide par les poternes pour prendre le camp du Roi Sanglant par surprise. Il était à pied, entouré des jeunes héritiers des grandes maisons, Loan Farman, Loris Westerlin, Médéril Serett, Ernil Tarbeck, tous âgés du même âge que lui. Lorsque le camp fut incendié et une partie des troupes du Bief tués dans leur sommeil alcoolisé, Herlex Brax fit sortir la cavalerie de l’Ouest par la porte principale. Loren Lannister rejoignit ses troupes pour mener la bataille finale contre les troupes de Garsen Gardener qui s’étaient réorganisées : ce fut un massacre. On avait porté le jeune Lion en triomphe aux portes de la ville. « Loren ! Loren ! Loren ! »

Lorsqu’il ouvrit les yeux, le visage de sa femme était penché au-dessus de lui, l’appelant par son prénom. Il était resté inconscient plusieurs heures. Il tenta de relever la tête avant de la reposer, le sang battait à ses oreilles et il avait l’impression qu’on tambourinait sur son crâne. Mestre Aethon s’aprocha immédiatement de lui pour lui faire boire du pavot, mais Loren refusa, et Mestre Aethon recula et s’inclina. Il regarda son épouse qui souriait, et ses enfants qui avaient les lèvres tremblantes et les yeux rouges. On l’avait cru mort, sans nul doute. Il remarqua que sa poitrine avait été pensée, et remarqua également les linges rougis par le sang qui avaient été posés dans un coin de la tente. Il avait froid, horriblement froid. Tout d’un coup Artur Crakehall entra dans la tente, et se mit à genoux, la main sur la garde de son épée, la tête vers le sol et la voix brisée : « Sire, pardonnez-moi, punissez-moi. » Loren parvint à se relever légèrement, jouant de ses coudes. « Baste, Artur, tu as fini par gagner. Je m’ennuyais tellement que je me suis endormi sur ma selle, un moment d’inattention de ma part et voilà le travail ! » Loren leva la main en se tournant vers Mestre Aethon : « Eh bien qu’attends-tu ! Va chercher la récompense de Rickard et donne-la-lui, il a gagné le tournoi ! Double-la, il faut du courage pour affronter d’homme à homme son Roi. » Il fit mine d’ignorer les lèvres pincées de son épouse, qui aurait sûrement aimé lâcher un mot cinglant. Il se laissa glisser pour se rallonger et regarda le plafond, acceptant cette fois-ci le pavot. Que d’aventures, dans la vie d’un Roi !

* * *
 
Les choses avaient tant changé ces derniers mois. La paix fragile qu’il avait tenté de maintenir avec ses voisins avait été mise à mal par les troubles qui agitaient Westeros. Westeros était semblable à un tas de paille : la moindre braise pouvait suffire à l’enflammer. Que pouvaient alors faire trois dragons ? Dans ce tableau, les Targaryen étaient un élément hautement perturbateur. Aussi avec Jordane s’étaient-ils dans un premier temps opposés aux Targaryen, à leur façon, en soutenant financièrement les guerres du tyran Harren. Loren n’affectionnait pas cet homme brutal, ni leur peuple dont ils craignaient toujours les raids sur leurs côtes. La maison Lannister devait cependant se montrer pragmatique. S’ils ne faisaient rien, leur royaume serait enclavé, entourés d’ennemis hostiles : le Bief au sud, dont les vassaux pour amener deux fois plus de troupes qu’eux ; les Îles de Fer au Nord, et les Conflans à l’ouest. Jordane et lui devaient naviguer à travers la brume. Dans l’immédiat, Jordane soutenait que c’était la meilleure chose à faire. Il avait toujours fait confiance à son épouse, et elle réussissait souvent à le convaincre. Pour ainsi dire, ils partageaient les mêmes opinions. Les intérêts du Royaume de l’Ouest passaient avant tout.

On aurait pu croire que le Lion eût été plus ferme quand il s’était agi du mariage de ses filles adorées. S’il avait délaissé leur éducation à sa femme, qui s’était révélée une mère stricte et coriace, il n’avait pas pour autant abandonné ses enfants. Il avait accepté que Nymeria épouse le jeune roi du Val Ronnel Arryn : même si cela lui déchirait le cœur de la voir partir, il savait qu’elle serait en sécurité auprès de l’ami de toujours de son épouse. Quant à Megara, elle resterait au sein du Royaume, et c’était tout ce qui importait. Sa mère s’était empressée de lui trouver un mari, et même si le seigneur de Kayce était un jeune homme courtois et valeureux, ce mariage peu prestigieux faisait jaser. Pourquoi avait-on voulu que Megara reste à tout prix proche de sa famille ? Loren fermait les yeux, et s’enchantait de pouvoir garder sa famille auprès de lui. Et cette famille allait bientôt s’agrandir : son fils et héritier Lyman avait épousé la princesse du Nord, Jeyne Stark, dont le fort caractère serait certainement un atout précieux pour le futur du Royaume. Car le ciment et la force du Roc, c’était l’union et l’amour du Roi et de la Reine. Loren et Jordane consommaient un amour bien particulier, mais nul ne pouvait douter de l’attachement des deux consorts, ni de la force de leur union : grâce à celle-ci, le Roc avait été gouverné avec brio depuis quasiment deux décennies. Leur maison s’était enrichie, renforcée, au poids que l’Ouest n’était désormais plus dans une position aussi délicate qu’avant. En effet, ils avaient troqué deux alliances solides avec le Nord et le Val contre leur allié fragile du Conflans, et avaient ainsi rompu leur isolement. Cependant, l’Ouest ne s’était pas encore résolu à entrer en guerre à leurs côtés. Le ferait-il un jour ? Jamais Loren ne risquerait la vie de son peuple et de son armée pour une chose aussi futile que la conquête d’un trône : Loren était un homme de pouvoir, mais il se méfiait à très juste raison de ce pouvoir. Celui qui cède à son attrait est corrompu : les actions de la maison Lannister doivent être dictées par ce qu’ils considèrent comme la valeur suprême, c’est-à-dire le bien de leur famille. Aux yeux de Loren, les Stark n’étaient pas sa famille : ils se battaient dans un esprit de revanche, mais cette agression n’avait pas été portée contre les Lannister. Quelle alliance Loren choisirait-il d’honorer ? Entrer en guerre contre Harren, c’était se risquer à des raids des Fer-Nés sur leur terre, et à une riposte du Bief à leur égard, au vu de l’alliance qui se préparait entre les Hoare et les Gardener. Aussi, s’il entrait en guerre contre Harren, ce ne serait pas pour le pouvoir, mais pour la survie de sa famille. Loren sait, depuis quelques temps, qu’on devra attendre de lui plus, bien plus que ce qu’il avait donné ces dernières années. Comme lorsqu’il avait repoussé Gardener, et mérité le titre de Cœur-de-Lion. Il appréhendait le moment où il devrait faire le choix pour lequel tous les seigneurs de Westeros avaient les yeux rivés sur lui. Jadis, il avait dû faire le choix entre attaquer de front et attaquer par surprise : en jeune génie militaire, il avait choisi de faire les deux, appliquant la tactique du marteau et de l’enclume. Aujourd’hui, fallait-il marcher contre Harren, au risque d’être encerclé par les ennemis ? Fallait-il soutenir Torrhen Stark, et risquer ainsi de voir un jour sa femme soumettre les Sept Couronnes sous son joug ? Fallait-il au contraire risquer la guerre avec le Bief ou au contraire la fuir ? Tout compte fait, le Lion devait-il maintenir sa superbe neutralité ?