L'on dit que ce genre d'événement est censé changer la perception sur la vie. Qu'un enterrement est là pour vous rappeler que vos proches sont une chose sacrée, qui peuvent par leur absence vous infliger les pires douleurs. Plus de voix, plus de geste, plus d'étreinte, plus cette impression d'être compris par une partie. On dit que l'invisible va se faire sentir, comme si au final ils ne mourraient pas totalement, mais restaient tout de même hors de notre portée. Ils disent que lorsqu’il s’adresse à toi, il n’y a que toi, toi seulement, qui peux le savoir et en comprendre la teneur, dans une lumière à en faire crever d'infamie les septons. Enfin ça, ce sont dans les embellies que foutent généralement les autres Royaumes, ou quand un fer-né se fait enculer par un du continent pour devenir sa pute attitrée. Ou peut-être quand vraiment les gens ont eu un lien qui a tenu jusqu'à la fin, ils pensent à ces choses et croient qu'un peu de poésie faite avec trois pintes dans la gueule va leur permettre de combler leur soi disant vide.
Albine Hoare est morte, donc. La reine, la puissante et inébranlable femme d'Harren le Noir, la mère de Joren plus qu'elle n'a été ma mère. La salope à l'origine de la cause de mes batailles et traumatismes. On m'a envoyé un corbeau pour me signaler sa mort imminente, et me demander un retour en raison du devoir familial. Sans doute est-ce elle qui a exigé que je sois là, la connaissant. Elle a toujours été bonne pour donner des ordres me concernant, parce que chacune de mes décisions n'allaient pas dans le sens de sa vision de la femme fer-née. Cette femme qu'elle était censée incarner, que moi je voyais comme une salope d'intrigante aussi mal baisée que l'est Myria Hoare. Je n'ai même pas pris la peine d'accélérer la cadence pour me retrouver à ses côtés quand le dernier souffle l'a quittée. En fait, j'avais une bonne excuse pour reculer l'évidence, à savoir le début de campagne de pillages allant vers Dorne, avec pour objectif de noyer ces nouveaux espaces dans une ère de terreur dont nous sommes les connards de garants. Je suis Capitaine de la Flotte Fer-née, après tout. Pas une petite pute à courbettes de cette Cour de chiennes bouffant plus le sel entre les cuisses de leur mari qu'en étant en mer.
Je n'ai ainsi pas revu ma mère avant qu'elle ne devienne ce corps inerte. J'arrive dans une ambiance morne, où certains regards son jetés pour me signifier que j'ai été une mauvaise fille, ou que j'ai eu plus de couilles que nombre d'ingérants qui n'ont que queue basse face à leurs dirigistes de femmes et mères. Certains crient de tout leur coeur au manque de dignité et de loyauté, d'autres applaudissent sans faire grand bruit le retour de celle ramenant les premiers élans de pillage en côte dornienne, et couverte de réussites bien plus utiles que des complaintes de mégères. Je balaie d'un coup de main leurs mauvais regards, et porte un temps mon regard vers mon second, me faisant état des avancées des boutres laissées aux bons soins de Yoren, ou de nos autres capitaines ayant eu le privilège de ne pas subir ces ronflantes dispositions pour voir simplement une truie grillée sur feu de bois s'en aller sur les mers. Les retrouvailles actées, nous nous sommes ensuite rendus au château où je devais rencontrer mon père et rendre les hommages dus ... si tant est qu'on puisse parler d'hommages vu la teneur de ma relation avec feu ma mère.
Le soir avant la cérémonie, on s'avine, on ripaille, on braille, on fait comme si il y avait manière à conforter mon père de roi de sa perte. Même si je sais qu'au fond, il n'en a rien à foutre en raison de ses dispositions avec cette putain de suceuse de chibres à pouvoir qu'est Myria. Moi, je suis loin de tout ça, n'appréciant pas cette ambiance certes festive et bonne pour se mettre sur la gueule, mais pourrie par la présence des têtes de baveuses, non contentes de venir mettre leur grain de sel maintenant que la Albine est crevée. Sachant que ces danses de ribaudes et d'empoisonneurs m'empêchent de me trouver là où est ma réelle place. La mer. Je suis donc vite partie de la salle pour me rendre sur les remparts et boire. Boire encore, mais cette fois avec pour seule compagnie le ciel étoilé, le fracassé des vagues sur les falaises du château Greyjoy, et le vent salin n'ayant de cesse de rappeler à mon bon souvenir le fait que je ne suis pas là à apprécier ses délices comme ses sévisses. Je bois cette nouvelle gorgée en pestant encore des insultes et pose encore un temps le regard vers les horizons, avant de remarquer une présence qui finalement détend mes traits.
« Si tu as envie de me faire regretter d'avoir sorti ta trogne de la boue lors de notre dernier raid dans le Bief, t'as pas choisi la meilleur mort qui soit, Stig. »
J'arque un sourcil, et je m'amuse de mon propos, même si j'ai singulièrement un caractère de chienne en furie prête à mordre la malepeste par le cul à Myria et ses putes.
« Parce que mourir en pissant depuis les remparts de Pyke, c'est pas vraiment gratifiant à faire écrire à un mestre, sur ce qui doit rester en mémoire des Botley. »
Out on the horizon, a storm is brewing. I let the breakers rush over me and feel the ocean’s heart pounding. Surging through my body, the ocean in me. The tide is turning. The undertow takes ahold of me. I know I can go. I know that it's time.
Eren Hightower
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