Voilà bientôt un moment que je vogue dans ces eaux. Et rien ne me fait plus m'esclaffer que le fait de voir à quel point ils n'ont toujours pas compris que toute résistance est futile, en raison de nos assauts éclairs. Surtout quand nous sommes comme actuellement dans les eaux dorniennes. Nous ne choisissons pas au hasard nos coups, faisant en sorte d'attaquer d'un côté les villages et villes moyennes, pendant que de l'autre les navires tentant de trouver raison et personnes derrière les attaques se retrouvent en prise rapide par des boutres les abordant et les pillant dès qu'ils osaient accoster pour quelque reprise de vivres ou légères réparations. Je ne laisse rien au hasard dans ces perfidies. Frapper en petit nombre rangé, et saboter à la relâche d'attention nous permettent de maintenir à peu de boutres la pression sur les eaux, le temps que nous remplissions nos cales pour à nouveau les ramener dans les terres de notre royaume.
Preuve en fut il y a de treize jours. Sur les rivages tranquilles de ce village côtier, l'attaque éclair avait commencée dans un fracas de hurlements, alors que tous n'avaient guère foi de sortir, le crépuscule maintenant bien tassé. Les guetteurs postés sur les légères collines avaient pourtant commencé à crier leurs avertissements, quoique rapidement impuissants, et morts, en raison de leur égorgement programmés. Un premier boutre avait débarqué dans un silence contenu sous peine de se voir ouvrir le cul par mon épée. Leurs sabots de bottes avaient résonné à peine sur le sable humide dans un premier temps, avant que la battue ne soit plus rude dans leur début de ruade. Deuxième boutre accostant, et j'arrivais. Le chaos a éclaté dans un mélange de cris de bataille et de terreur. Le village à peine endormi se retrouvait fracassé par notre prise d'avantage sur leur trop confiante sérénité. Les maisons furent enflammées par les torches embarquées par mes hommes, et moi je gueulais mes ordres, en fracassant ou transperçant au passage côtes et ventres d'hommes, tentant de riposter tant bien que mal à notre assaut éclair. Les femmes et les enfants furent traînés hors de leurs maisons et forcés de regarder, voir subir nos mauvais traitements, alors que nous saccagions et récupérions leurs biens. Je m'étais d'ailleurs fait un plaisir de garder lors des viols auxquels mes hommes se sont adonnés, l'un des leurs pour le transpercer face à famille, leur gageant que de toutes façons ils le rejoindraient sans plus attendre. Sans pitié et féroce, j'avais donc rasé un des villages de pêche dorniens qui venait de finir sa saison avec on ne peut plus de stocks dans leurs séchoirs et zones de dépôt.
En tout cas, c'est avec de quoi récupérer les vivres qui commençaient à nous manquer que nous sommes retournés sur les eaux avec pour nouvel objectif trouver une ville côtière un peu plus à même de remplir les derniers éléments nous manquant pour notre deuxième retour dans les Îles de Fer. Recommençant donc notre navigation en nous éloignant tout de même du dernier point de nos attaques, je pilotais le boutre en direction du sud de Dorne, en suivant les indications de mes hommes de confiance, cartes et outils de navigation à notre disposition. Après un rythme de vogué soutenu, et un changement de nos voiles pour nous faire passer pour des marchands, nous voici donc non loin d'un point de contact intéressant sur lequel nos deux navires accostent.
« Pas de nouvelle des deux autres ? - Pas encore. »
Je claque ma langue contre mon palais, quelque peu agacée par cette contrariante situation. Se sont-ils faits couler par des vaisseaux dorniens par excès de confiance ? Mon plan a certes été efficace, mais si ils se sont permis de trop en abuser ... tant pis. Nous aurons bien des nouvelles dans les deux jours qui suivront, si ils sont sur nos talons comme prévu, le temps de calmer ce navire un peu trop curieux qui s'est inopinément pris l'envie de nous suivre. Je finis par mettre ma cape en ne lambinant pas plus sur ces sombres pensées. Nous n'avons malheureusement pas que ça à faire, et les pertes seront supportables sachant que ce ne sont pas les plus aguerris de nos rangs qui sont sur leurs ponts.
« Que certains d'entre vous restent sur les boutres. Dix chacun. Le reste, troc, prospection, rumeurs, reconnaissance. La routine à m'en faire sauter vos culs durcis d'être trop restés sur le bois ! »
Et je place ma capuche sur ma tête, battant d'un pas fort et rapide les quais de cette petite ville côtière. Mon but est de me rendre au plus près du centre névralgique, voir de quoi la place est faite. Bien qu'à première vue les étals en quai ne soient guère intéressant. C'est de la bouffe, en résumé. De la bouffe, des épices. Là ça ne m'intéresse pas. Ce que je veux c'est un dépôt d'arsenal, une caserne à raser, les quelques richesses dont leurs hauts de panier se parent. Pas leur petits mitonnés du pauvre, qui vous donnent envie d'éternuer tant ils balancent des épices à ne plus savoir quoi en faire. J'avance donc, jusqu'à ce que dans mes recherches et mes quelques moments d'errance servant de pause, je me retrouve face à un étal de fruits, puis témoin malgré moi du botté, si ce n'est taclé d'une pauvre femme par un malandrin. Celle-ci commençant à tomber à la renverse, je pivote prestement pour l'attraper derrière les épaules et par la hanche droite dès qu'elle a pu se caler, afin de la redresser le plus rapidement possible par le contrepoids amené par l'impulsion de mes muscles.
« Eh ben, il semblerait que la civilité dornienne ne soit pas chose chez cet oiseau. Pas trop secouée dans vos jupons ? »
Sauf que je ne sais pas en cet instant que ce manque de civilité a été poussé par le besoin d'estourbir cette pauvre dame pour lui soutirer sa bourse.
Out on the horizon, a storm is brewing. I let the breakers rush over me and feel the ocean’s heart pounding. Surging through my body, the ocean in me. The tide is turning. The undertow takes ahold of me. I know I can go. I know that it's time.
Eren Hightower
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Sujet: Re: [FB : -2]I'll hold you without a name (PV : Arianne) Dim 19 Mai - 23:30
I'll hold you without a name
Arianne Martell & Eren Hightower « Une ville cotière de Dorne, fin An -2 »
- Arianne, je ne suis pas à l’aise que nous poursuivons ce voyage davantage. Les villageois indiquent qu’il y a des raids de plus en plus fréquents de fer-nés. Certains disent même que c’est celle qu’on surnomme la Garce Mortelle qui est aux commandes.
Le ton de mon protecteur, Baldyr, est lugubre et soupçonneux. Il est assez peu ravi que je m’embarque dans un périple de Lancehélion aux Météores afin de rendre visite à ma mère. Il juge que le danger que je cours est bien trop grand, qu’il est grand temps que j’apprenne à taire mes caprices et à faire preuve davantage de bon sens. Je me contente de lui sourire, de toutes mes dents.
- Oh Baldyr, vous et les autres ne cessaient pas de me menacer de cette menace fer-nés depuis que je suis petite. Attention, ne fais pas de bêtises, ou alors les fer-nés t’emporteront ! Attention, ne traine pas trop près de la berge, ou les fer-nés te captureront ! J’ai plus de vingt étés, j’ai fait plus de dix voyages entre Lancehélion et les Météores et je ne compte plus le nombre de fois où je me suis baignée dans ces eaux qu’on dit infesté de fer-nés. Il ne s’est rien passé !
Je secoue la tête, tant de désapprobation que d’amusement. L’homme inspire profondément, narines élargies et gonflées, preuve qu’il est très profondément agacé mais se retient de me corriger vertement. L’homme a bien des défauts, mais pas celui de faire une scène honteuse en public ! Cependant, je le sais, il réserve ses plus solides arguments lorsque nous nous retirerons dans la cabine.
- Enfin, il est hors de question que je passe près de cette ville sans m’acheter leur précieuse huile. Elle est excellente pour ma peau, en plus de sentir très bon ! Je fais déjà bien impasse de leurs excellents rituels de bain, car tu es bien trop inquiet par ces on-dit. Ne me prive pas de ce plaisir-ci, celui d’acheter et dépenser. L’échoppe n’est pas loin. Ah, tiens, ils ont des prunes ! Tes favorites ! Prenons donc un sachet. Peut-etre que tu seras de meilleures humeurs, ainsi !
Je suis bousculée trop brutalement, assez pour tomber à la reverse. J’aurais pu m’étaler à même le sol, jupon par-dessus, par-dessous, sans l’aide impromptue d’une personne. Je m’apprête à remercier mais est vite clouée ! Ce n’est ni plus, ni moins, qu’une femme que j’ai ! Était-ce bien ses bras qui m’ont attrapé par l’épaule et la hanche ? Était-ce bien sa force qui lui a permis de me relever ? C’est aussi rare qu’exceptionnel, chez une femme ! Elles peuvent se compter sur les doigts d’une main, dont mon amie Perle. Du coin de l’œil, je vois Baldyr filer derrière la personne qui m’a bousculé. Je ne comprends pas. Aussitôt après, le vendeur exige ses pièces de bronzes et d’argents pour les prunes.
- Quelle journée ! Je ne comprends pas ce qu’il s’est passé ! Je ne savais pas qu’acheter des prunes est une affaire bien dangereuse. Heureusement, vous avez été là. Sinon, j’aurais été humiliée, sûrement. Ces jupes ne sont pas très clémentes pour les dames qui tombent.
Aujourd’hui, le soleil tape fort. Je dois donc couvrir mes légères toilettes d’une cape blanche. Je tapote ma poche, puis l’autre. Je fronce les sourcils. Aussitôt, le marchand râle et remet ses prunes sur l’étable. Alors, je comprends mieux pourquoi Baldyr a détalé comme un lapin. Il est à la poursuite d’un voleur à la tire. Sauf que cet idiot n’a pas pensé à la problématique suivante : je n’ai plus rien, sur moi. Qu’est-ce que je suis censée faire ? Attendre sagement devant l’étable, comme une gamine ? Retourner au bateau et tirer un trait sur ma précieuse huile ?
- Puis-je encore abuser de votre bonté et vous demander un crédit ? Evidemment, je vous paierais aujourd’hui, quand mon ami reviendra de sa poursuite. Et je vous verserai un intérêt en vous invitant à boire un thé, ou une liqueur de cette ville.
Oh, j’ai peu de chance qu’elle accepte, mais qui ne tente rien n’a rien ! Par ailleurs, je la détaille davantage. Qu’est-ce qu’elle est belle ! Mais elle dégage une forme de sauvagerie, de puissance même. Je ne sais pas quoi penser.
- Vous avez un accent étranger, ma Dame. C’est bien le seul indice qui me dit que vous n’êtes pas de Dorne. Au sein de la Principauté, en raison de nos nombreux voisins et mariages, nous avons autant de gens blonds que bruns, peau blanche et peau mate. Seul le langage diffère. D’où venez-vous, si ce n’est pas indiscret ?
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Arianne Martell
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Je dois avouer que si on m'avait dit à l'aurore que j'allais me retrouver à peine le pied à terre dans de beaux draps, je n'aurai guère cru celui se faisant devin ou prophète. Bien que les draps dans mes bras soient beaux. Colorés, parfumés, à la totale différence ce que je porte. Ça sent la noble de passage ou alors les dorniens ont un sacré sens de l'excentricité. Que je ne partage pas du tout. Je suis donc penchée, à la maintenir fermement, à regarder ses traits fins, hâlés. Ses grands yeux bruns d'où aucun vice ne sort. Je vois juste de l'embellie, de la naïveté, une légèreté que je lui envie, sachant la dureté de ce monde. Peut-être qu'en vrai elle est dans le sien. Je me souviens du vieux Tylar, qu'avait ce genre de moments. Il parlait généralement tout seul, sans voir ce qu'il se passait autour, avant de chier dans son pantalon. Après, on ne va pas se mentir, je ne souhaite pas que ce soit le cas pour elle, aussi. De chier dans ses jupons. Le gars que je suppose être son serviteur s'en va à toutes jambes, et là je comprends. Ah la voilà la merde. Un couard lui a volé sa bourse. Moi, je la maintiens encore un temps, en bandant mes muscles.
« Je ne peux qu'imaginer. Ça a l'air dur ... à soutenir. »
Que je fais en remarque quand à son attirail de fripes. Les trucs de dames du genre, je n'en porte que très rarement. Et ceux que ma détestable de mère a essayé de m'enfiler sous prétexte que ça me rendait plus belle ... bah ! je ne préfère même plus y penser. Surtout avec ces corsages à vous craquer l'os. J'arque les sourcils, et me fend d'un très, très léger sourire, quoi qu'un peu d'impressionné doit s'en dégager, parce que ça m'étonne toujours de voir des femmes pareilles s'en sortir dans leur marche malgré ce lest. Après, vu la chaleur des environs et ma tenue, niveau lest, j'en tiens aussi une couche. On peut même se demander comment je fais pour tenir ainsi par temps pareil. L'habitude, tout simplement. Je la redresse donc et la laisse s'occuper de ses histoires de prunes. Moi, j'ai le nez déjà porté vers le haut, à regarder les environs. Il y a des genres de guettes. Rien d'insurmontable, si on arrive à s'infiltrer. Sauf que j'aurai sans doute dû m'avancer, une fois le sauvetage mené, parce que la demoiselle m'accoste à nouveau de sa voix claire et presque chantante. Même le soleil ne tape pas aussi fort sur ma tête qu'elle.
« Ma bonté. »
Dis-je d'un ton plus amusé que sarcastique. Moi ? De la bonté. J'entends déjà les esclaffés de mes hommes en entendant pareil discours concernant ma trogne, et combien seraient déjà en train de me taper l'épaule d'un coup sec, à regarder cette belle ingénue se fourvoyer sur mon compte. Je lève à nouveau mes sourcils, et tourne la tête pour regarder le marchand l'ayant envoyée se faire cuire un oeuf de dragon. Moi aussi, concrètement, je pourrai le lui dire. Mais dans le cas présent je lui dirai d'aller chercher ma bonté au delà du Mur. Sauf que je ne peux décemment pas faire une scène si il s'agit d'une dame. Qui plus est avec un large public pour témoin, je vais tout bonnement nous saborder.
« Êtes-vous sûre qu'il ne va pas revenir bredouille, ma dame ? Je ne remets pas en cause sa physique, mais un voleur, aussi misérable qu'il soit reste un voleur. »
Qui connait mieux les alentours que le pauvre gars, ça il ne faut pas être devin pour le savoir. Je vais quand même sous ma cape, fouiller pour trouver ma bourse bien que je pince légèrement mes lèvres de contrition de me retrouver dans la situation d'une bonne âme donnant la pièce à une jeune fille en détresse. Je ne sais pas si elle peut voir mon épée de son angle de vue quand je glisse mes mains sous cape. On dirait pas vu ses prochaines questions.
« Vrai qu'au delà de l'accent, et de ma ... condition, je n'ai pas une tête de dornien. Vous pouvez le dire en toute franchise. Je ne suis pas femme à faire dans les ronds de mots. Je le prendrai comme un compliment, plus que comme une insulte. »
Si elle en prend ombrage du fait que je blesse sa fierté, ce n'est pas grave. Comme dit, la franchise maître mot chez moi. Sinon je ne serai pas commandante de flotte et encore plus capable de maîtriser des fer-nés. Je sors ce qu'il faut au marchand, et lui finit par enfin sourire en voyant qu'on lui donne de quoi payer son très mauvais service. Autant dire que je lui donne d'une main ferme. Dans d'autres circonstances il aurait vu son sourire redescendre bien plus rapidement qu'en voyant l'absence de pièces chez un potentiel client.
« Je suis fille de marchand, ma dame. Basses lignées. L'on passe en ce moment vos côtes dans le but de rentrer chez nous. Dans le Bief. Et ce n'est pas mince affaire. »
Je mens comme les nobles de l'Ouest sur leurs filiations et je l'assume. Le Bief est plutôt des terres que j'adore raser et piller. Ça ne vaut pas le charme du sud ou d'Essos, cependant. Sortant la capuche de ma cape pour lui montrer mon visage et faire preuve de bonne foi (une bonne foi qu'on peut qualifier d'opportuniste, ça ne me gêne pas le moins du monde), je la mire en lui tendant petit ballot de prunes qu'elle voulait si ardemment.
« J'ai comme l'impression de votre côté que vous parlez plus comme une femme de château que comme nous. Puis, vous avez un serviteur. On juste décaler, si je peux me permettre. »
Dès qu'on s'est éloignées du marchand, je finis par dire le fond de ma pensée.
« Pardon j'avais besoin de me retrouver loin de ce marchand de prunes. Ses lèvres qui pendaient et remontaient ... on aurait le fondement d'un vieux cannasson qui vient de lever sa queue pour se soulager. »
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Eren Hightower
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Sujet: Re: [FB : -2]I'll hold you without a name (PV : Arianne) Mer 3 Juil - 17:27
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Arianne Martell & Eren Hightower « Une ville cotière de Dorne, fin An -2 »
Qu’est-ce qui est dur à soutenir, pardi ? Je remarque son regard critique sur ma longue cape. Malheureusement, c’est une mince information. Elle peut tout autant avoir pitié que je porte une telle tenue par cette chaleur qu’être perdue avec les mœurs dorniennes. Westeros aime dire que nous sommes des femmes de très petites vertus et des hommes au sang chaud. Alors, bien souvent, les étranges espèrent des filles à moitié nue et des hommes aux allures d’ours. La vérité est toute autre ! Certes, nous sommes un brin moins à cheval sur cette notion – les batards ne sont pas si mal vus, les femmes ont autant de droits que les hommes pour l’héritage – mais nous ne sommes pas dépourvus de valeurs et d’honneurs.
Quoique, ne suis-je pas une exception ? Quelque part, ne suis-je pas la catin de l’ombre, la poète à la langue mielleuse, la danseuse aguicheuse au service de la Maison Martell ? L’honneur m’a été refusé par ma propre belle-mère, la vertu vendue aux ambitions de la grand-mère, l’amour conditionné à la pudeur d’un père. Un court instant, mon regard se voile et se perd dans les vagues de la déception et de l’amertume. Puis, je me rappelle ou je suis – au milieu d’un monde – et dans quelle circonstance – face à une étrangère. Alors, le voile s’évapore, dévoile le scintillant des prunelles sombres et le sourire amusé de deux lèvres pleines.
- Vous appréciez la franchise, j’en prends bien note, ma Dame.
Elle n’est pas pleine de bontés, la dame aux bras si solides. Je ne suis ni déçue, fâchée, ni déçue. Tout le monde n’est pas comme moi, c’est-à-dire naïve et optimiste. Je donne avant de recevoir et je crois sur une promesse ou une parole. Cette méfiance inexistante est autant une plaie qu’une bénédiction. En m’ouvrant à ce grand monde et à ses surprises, j’ai pu faire de splendides rencontres, mais je suis aussi tombée sur des monstres et des charognes.
- Du Bief ? Etes-vous de la capitale ? Etiez-vous ailleurs qu’à Dorne ?
Je ne continue pas davantage. Je suis sans voix, tout bonnement. La dame a relevé sa capuche et a révélé son visage des plus parfaits. Qu’est-ce qu’elle est belle ! Je pourrais en être jalouse ! Quoique, je le suis déjà un peu. A moins qu’il ne soit question d’envie. Elle a un charme très particulier, sans cosmétique, sans accessoire. C’est rare, c’est unique. Je me reprends vite, après quelques minutes à admirer cette beauté peu commune.
- Je peux vous garantir que je ne suis pas une escroc. Accompagnez-vous jusqu’à un marchand qui me connait fort bien. Il pourra vous garantir que je ne mens pas, que je ne vous allège pas de quelques sous dans l’unique but de vous voler.
A nouveau, je me tais. Yeux ronds, lèvres serrées, j’hésite entre rire ou être choquée. Je comprends bien mieux ce qu’elle sous-entend par franchise : un détonnant mélange de franchise et de vulgarité. Finalement, j’opte pour un ricanement jonglant entre amusement et gêne,
- En tout franchise …
J’accentue ce début volontairement, d’un ton taquin.
- … Il est très rare qu’une femme s’exprime ainsi. L’image est très perturbante, au point de me couper l’envie de gouter à la prune maintenant.
Je ne l’accuse pas. Je finis même par rire.
- Baldyr n’est pas un serviteur. Il est un ami, mais aussi un protecteur. Je suis la fille naturelle d’un grand seigneur de la Principauté.
Ai-je à dire davantage ? Il y a autant davantage que de désavantages à être la fille illégitime d’un noble. Tout se joue au cyvosse à la naissance.
- Etes-vous pressées, à tout hasard ? Je serais ravie d’échanger quelques mots avec vous, sur toutes ces terres que vous avez dû visiter en tant que fille de marchande et partager quelques douceurs dorniennes avec vous.
Déjà je la guide à travers les dédales de cette petite ville, jusqu’à la boutique de l’homme qui fait cette huile des plus exquises pour le corps. Dès l’approche, les odeurs de mille et une senteurs embaument l’air, tantôt une invitation à la découverte, tantôt une agression à l’odorat.
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Arianne Martell
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Messages : 13130 Membre du mois : 229 Maison : Maison Martell Caractère : Joviale - Désabusée - Diplomate - Narcissique - Patiente - Indécise Célébrité : Deepika Padukone
En me plongeant dans ces traits, je vois un temps suspendu. Suspendu à ses émotions qui fusent sans qu'elle ne le remarque, et où son horizon se dévoile à moi, qui les observe si souvent en m'engageant sur les eaux. Les yeux, sont pour certains le reflet de l'âme. Ils voient ce qui s'abattra sur nous sur l'instant, se gorgent de couleurs plus ou moins sombres aux orées des rayons solaires ou des couleur s'élevant en épices ou voiles, vagues ou fracas de tonnerre formant les feux de forêt ou de maisonnée. On y cache tant de nos secrets, sans savoir que parfois, ils fusent, et se répercutent dans ceux d'autrui. Sans doute est-ce parce que cette femme évoque bien des choses en ma personne, que je peux déceler ce bref instant, ce tiqué en elle, avant que le trouble ne soit balayé. Mais je le vois, et je le comprends. Même si ... dans bien des heures, voir un jour, je l'oublierai en tuant ses semblables.
« Notez donc. Prenez acte. Mais attention. Durant ces ... notes, on pourrait vous subtiliser bien plus que votre bon argent. »
Je me montre certes acide et moqueuse, mais le propos a aussi vocation à l'enjoindre à faire un peu plus attention. Si tant est que les circonstances de notre rencontre avaient été autre, je n'aurai pas été aussi aimable, ou compatissante quand au sort qu'elle aurait sûrement subi, comme nombre de femmes ici. Au delà du massacre et du pillage, elle aurait forcément fait partie des prises, comme je le fus un jour. La loi du plus fort, les femmes comme objet de soumission. À sa question concernant le Bief, je ne donne aucune réponse, profitant de son égarement quand à sa contemplation soudaine de ma personne. Quelle étrange jeune femme, tout de même. Un temps elle semble pleine de bon sens, rehausser les alentours de sa présence et soudain, la revoilà dans ces travers qu'ils ont tous en voyant mon faciès. Je vais finir par croire qu'il y a un truc qui les laisse tous sans voix. La donzelle m'assure pourtant que tout ira bien, et j'ai du mal à ne pas cacher un sacré scepticisme vu sa chance. Mais qu'est-ce que j'ai à y perdre, si ce n'est un peu de temps, à présent.
« Bien, et si tant est qu'il essaie de me voler, j'aurai mes propres méthodes pour lui faire cracher mes pièces en retour. Ensuite, nous verrons pour vous. »
Je l'avoue, je suis plus à même de parler en langue du commerce, qui est la base pour avoir écho de tout dans nos exactions. Donc le mélange avec la commune de Westeros doit parfois prendre de court vu mes prononciations. Et disons que je n'ai pas le langage le plus châtié et cousu de fil blanc qui soit. La menace pour le marchand est belle et bien réelle, bien que je m'affiche empreinte de toute ma confiance en mes capacités physiques. Ami ou non de la belle, on ne me floue pas sans comprendre que les oeufs ne finissent pas que broyés en sortant du cul d'une poule. Pour autant, la concernant, je laisse en suspens. Et à raison. Enfin, alors qu'elle me mène là où son trop bon coeur la porte, je me fends d'un rictus quand au précieux dont elle fait preuve. L'imagé la perturbe. Par le Noyé si elle savait seulement combien d'images ingrates j'ai vu dans ma vie ... et cela va bien au delà d'une joyeuse sortant de la braie d'un de mes hommes.
« Même si l'homme n'est pas un délice pour l'oeil, il ne faut pas en rendre victime le fruit. Mais si vous avez du mal à l'avaler, je le ferai pour vous. »
Et ce, sans aucun remord. Je souffle un léger rire, avant de la suivre, et noter que l'homme courant sa bourse est plus que ce que je n'ai supposé. Concernant la demoiselle, c'est d'autant plus ... surprenant. Je la pensais de bonne famille, mais à ce point ... C'est à croire que je les attire, à un moment ou un autre. Je me souviens soudain de ce gosse blond de ouestien, et j'en roule des yeux.
« Ben écoutez. J'ai bien du temps à accorder. On va faire comme ça. Je servirai de protecteur le temps que ce cher Baldyr s'en sorte dans sa course à la bourse. Et vous voyez comment me rembourser en temps voulu. »
Ce qui en soi, est une aubaine. Si j'arrive à tout de même lui soutirer quelque fortune, et en plus continuer ma part de mission de reconnaissance, je fais d'une pierre deux coups. Enfin soit, je la suis dans ces ruelles, levant le nez, remarquant les éventuels passages qui pourront nous permettre de nous fondre efficacement dans chaque pan de celle-ci. En marchant, je croise d'ailleurs l'un de mes hommes, surpris de me voir accompagner une dornienne. Je lui réponds en plaçant un index contre mes propres lèvres, et lui ordonne donc de se taire, non sans échanger avec sa personne un regard vicelard. Puis, vient le temps des odeurs, aussi parfumées que fortes. Moi qui suis habituée au salin, la crasse, le brûlé, le métal ou encore la poiscaille, j'en prends pour mon grade en une seule petite bouffée. Cela m'en picote le nez et je dois retenir le gros de ma grimace face à cette déconvenue olfactive, bien trop raffinée, et en rien à mon goût. Putain de merde ... ! j'entends déjà l'équipage se foutre de ma gueule.
« Si il y en a qui ne ménagent pas leur monture, dans le cas de vot' marchand, c'est le parfum. »
Dire que ça me prend plus qu'au nez en cet instant serait un aveu sur le fait que je n'ai pas grand chose avoir avec une vraie marchande, sans doute. Ou alors je peux toujours prôner que ce que je marchande n'est pas fait de ces finesses.
« On a parfois ce genre de chargements quand le cousin Rhyan a besoin de nos renforts de cale, mais jamais à la hauteur de cette boutique. »
Je sens déjà le regard du marchand me découper de haut en bas, me donnant cette impression d'être une sorte de je ne sais quoi qui n'a pas les mêmes droits que celle que j'accompagne. ça tombe fort bien, car j'ai décidé de ne pas dépasser l'entrée.
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Sujet: Re: [FB : -2]I'll hold you without a name (PV : Arianne) Lun 19 Aoû - 17:08
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Arianne Martell & Eren Hightower « Une ville cotière de Dorne, fin An -2 »
Lorsque la demoiselle m’invite à davantage de prudence au risque de subir bien pire que le vol de mon or, je me contente de lui offrir un sourire chaleureux et un air ingénu. Je cache habilement le trouble que ces paroles me cause. Elles forçent de vieilles serrures, remontent quelques souvenirs à la surface, ravivent amertume, déception et honte : la trahison du premier amour, la douleur d’un amour brutal et non désiré, les fausses promesses d’un homme faux, les amours contrariés avec de belles âmes – tantôt déjà mariées, tantôt destinées à d’autres contrées, tantôt par incompatibilité de nos rangs ou nos sangs.
(Arianne)- A la bonne heure ! Je suis ravie que vous avez quelques heures à m’octroyer !
Je ris de gaieté et de joie, transpire la sincérité, exprime par le corps ma gratitude – un regard brillant, une main qui se pose sur la sienne, une bouche un brin plus bavarde sur quelques petites anecdotes sur la vie dornienne. Je feins de ne pas remarquer son regard de fouine ici et là : elle guette, elle se méfie. Je sais reconnaître ces attitudes car bien des gardes et hommes accompagnant mon père dans quelques voyages diplomatiques agissent ainsi. Selon mes humeurs, je juge ridicule et agaçant ou alors prudent et avisé. Aujourd’hui, j’opte pour la première attitude : cette ville a peu à offrir et a peu de brigands. Ma mésaventure est une exception à toutes ces visites passées.
(Arianne)- Vous avez un odorat très sensible.
Il est très malvenu de critiquer une invitée. Elle peut être la plus crasseuse qui soit, il ne faut pas plisser le nez de dégoût. Elle peut être la plus grossière au monde, il ne faut pas oublier sa propre dignité et respect. Elle peut être ignorante, il faut combler cette méconnaissance avec doigté et attention. En somme, il ne faut pas surtout pas blesser l’amour-propre. Alors, lorsqu’elle décide de rester au seuil de la boutique, je cède à ce caprice. À peine la petite clochette a-t-elle tintée que l’homme se précipite à la porte, me reconnaît et se plie à mille courbettes.
(Marchand)- Oh dame Arianne, votre visite m’enchante ! Il y a bien logremps que vous ne m’avez pas flatté de votre présence.
Son regard s’attarde sur la brune et s’éclaire.
(Marchand)- Vous êtes accompagnés d’une amie ! Oh, ma dame, je vous prie, entrez, entrez !
L’homme jure par ses manières et son accoutrement. Il se déhanche comme les demoiselles, opte pour des couleurs extrêmement vives et des teintures très légères. Enfin, je soupçonne l’usage de fard. Le khôl ne me choque pas : tout le monde se plie à ce rituel au sein de la Principauté. La fonction n’est pas qu’esthétique, elle aide également au quotidien pour diverses petites raisons. Toujours est-il qu’il transpire davantage de féminité que de masculinité, du moins autant que les mœurs lui permettent sans atteinte à la pudeur ou aux us et coutumes de nos terres.
(Arianne)- Très chère Phyleas, un chenapan a piqué ma bourse. Baldyr est déjà à sa poursuite. J’aimerai acheter mon huile à crédit aujourd’hui, avec la promesse que la somme sera restituée dans les plus court délais. Si ce n’est pas possible, évidemment, mon amie peut accepter de m’aider mais elle est marchande et voyage beaucoup, j’aurais bien plus du mal à payer ma dette en temps et en heure …
Je joue de ma voix, de mes traits, voire de mon corps. Le regard est un tantinet brillant, la voix tremblante – jouant entre murmure et supplique – et mon corps se tortille de gêne. Je devine ses propres questionnements, profite de son indécision pour me débarrasser de cette lourde cape et révéler ma belle toilette et, surtout, ces accessoires brillants autour du cou ou encore sur mon avant-bras. Je transpire richesses et aisance. Alors, sa décision est vite prise.
(Marchand)- Comment puis-je refuser quoi que ce soit à la plus belle de la Principauté ? Et, surtout, il n’est jamais question de remettre en cause l’honneur de votre père. Un grand homme !
Alors, je m’approche et dépose un léger baiser à sa joue. Je m’éloigne, me retourne vers la brunette et lui affiche un air triomphant. Déjà, le marchand me prend par la main, prêt à m’entraîner dans la boutique et à me faire tester bien de nouveaux produits. Il tend déjà sa seconde main vers « mon ami », sûrement dans le but de lui vendre également quelques produits.
(Marchand)- J’ai d’excellentes huiles et sels pour pouvoir faire face aux rudesses des voyages en mer !
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All roads lead to death
ANAPHORE
Arianne Martell
Unbowed, Unbent, Unbroken
Messages : 13130 Membre du mois : 229 Maison : Maison Martell Caractère : Joviale - Désabusée - Diplomate - Narcissique - Patiente - Indécise Célébrité : Deepika Padukone
J'ai beau connaître depuis la teneur des lubies venant de chaque peuple, à force de les côtoyer, mais surtout à force de les piller, je trouve toujours leur besoin d'atours, d'accessoires faits de parfums huilés, camphrés, capitonnés ... tous ces mots creux, vide de sens. Et tout ça pour quoi. Pour mettre des odeurs fortes qui à mon sens n'ont rien à faire sur une peau, sauf si vous voulez vous faire bouffon au milieu des grosses truies de leur société. Je trouve ça risible, inutile, voyant. Comme l'est ce putain de marchand dans sa boutique aux mille monstruosités attaquant présentement mon nez. La brune dornienne remarque mon odorat sensible, chose à laquelle je grimace non sans manquer de lui répondre à l'affirmative.
« Il y en a qui sont sensibles à la musique, moi ce sont les odeurs. Et même si musicalement parlant, je préfère sentir une ritournelle plutôt qu'une flatulence, cela reste tout du moins difficile à tenir sur la longueur. »
Si tant est qu'elle s'applique à faire preuve de politesse, je ne me ménage en rien, et prouve bien que je suis en capacité de rire de ce que l'on peut prendre pour une faiblesse, plus qu'une méconnaissance avérée, ou bien une différence notoire pouvant faire que l'on comprendrait rapidement mes réelles origines. Je m'enjoins de me frotter le nez en espérant que cela apaise quelque peu mon tourment. Sauf que celui-ci finit par aussi attaque ma vision et mon oreille, de par la voix et les manières de crécelle du dit marchand. Heureusement que je suis femme ... un homme d'une autre contrée accompagnant une telle demoiselle sans ces airs empruntés aurait tôt fait de jurer dans le paysage. Même si à n'en point douter, je suis déjà en train de jurer au yeux du bougre. Je le regarde donc discuter, négocier ce qui sera ou devra être dû. Elle semble gênée, ou du moins est-ce là l'apparence qu'elle se prête. J'essaie de mon côté de faire fi de cette mascarade, et ainsi ne pas porter un regard trop appuyé sur sa gestuelle et ses formes. Je mesure cependant qu'elle a un sacré talent pour flouer avec ses charmes.
Évidemment, son petit numéro fonctionne à merveille sur l'autre ne faisant preuve que de courbettes et mièvreries. Cet autre individu qui d'ailleurs ne révère que dans le fait de la savoir assez riche et capable de subvenir à bien plus que ce que pourraient fournir ses clients de la semaine. Le fait est qu'il retient tout de même mon attention. Non pas sur l'instant en me présentant sels et huiles pour faire face à la rudesse de la mer, mais plus tôt en gageant celle que j'accompagne de plus belle de la Principauté. Cela veut certainement dire que la demoiselle a une sacrée réputation, de par ses traits (chose que je ne réfute en aucun cas), et par le prestige du nom de son père. Ou alors ... l'autre se croit tellement fort en la flattant ainsi que ça en devient navrant et surtout complètement con. Je tourne alors lentement ma tête vers le dénommé Phyléas, me tendant cette main que je regarde d'un air presque absent. Je me rappelle combien depuis notre arrivée il a cette sale manie de caresser ses paluches comme il se lustrerait sûrement le sexe avec une des huiles de sa boutique.
« Bien que je ne doute pas des ... vertus de vos sels, cher Phyl, je resterai simple témoin pour Dame Arianne. »
Quelle putain de fumisterie. En quoi du sel provenant de la mer même va m'aider à mieux la supporter ? Il veut aussi me vendre des putain de cailloux brillant le plus pendant un soir de demi lune qu'on y est ? Je reste polie, mais autant dire que cela m'arrache quelque peu la bouche, vu le mépris que m'inspire le personnage. Autant dire que son attitude, si un de mes hommes eut été à ma place, lui aurait valu sûrement de se faire lever sa robe et se faire ... enfin bref. Je les suis donc sans pour autant m'intégrer à cette dynamique ne levant en moi qu'inconfort et nombre de soupirs que je me garde cependant de pousser. Malheureusement pour une raison qui aurait mieux fait de me voir les bras croisés, ce cher marchand qui semble-t-il n'aime pas vraiment le petit surnom dont je l'ai affublé, revient à la charge et me prend sans crier gare, une de mes mains. Et là, c'est le début de la sentence. Irrévocable et implacable.
« C'est bien ce que je pensais. Déplorable. - Pardon ? - Vos mains. De si jolies mains. Déplorable. Elles méritent plus de considération chez une femme de votre tenue. - Il y a un problème avec ma tenue. - Oui ... non, non ! Pas vos habits, ce que vous êtes ! - Tiens donc. Et je suis quoi, si ce n'est une marchande voguant sur les mers ? - Une femme de bonne lignée pardi ! Je le sens. Et les femmes prennent soin de leur personne, n'est-il pas, Dame Arianne ? »
Et je regarde ensuite Arianne, sûrement confuse, mais à coup sûr vexée. En quoi mettre de l'huile sur mes mains ça va changer ce que je suis, et à la vérité, ai-je vraiment envie de changer.
Out on the horizon, a storm is brewing. I let the breakers rush over me and feel the ocean’s heart pounding. Surging through my body, the ocean in me. The tide is turning. The undertow takes ahold of me. I know I can go. I know that it's time.
Eren Hightower
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Sujet: Re: [FB : -2]I'll hold you without a name (PV : Arianne) Mar 10 Sep - 17:39
I'll hold you without a name
Arianne Martell & Eren Hightower « Une ville cotière de Dorne, fin An -2 »
Phyléas a bien des qualités et défauts, mais son plus grand talent est l’analyse de la nature humaine. Bien souvent, ses prédictions, ses intuitions ou ses affirmations se sont révélées exactes. Ainsi, lorsqu’il désigne ma compagne du jour de « femme d’une bonne lignée », je le crois. En toute franchise, tout fait du sens, même ! J’ai bien connu des marchands, du doux et mielleux aux rudes et vulgaires, mais ils n’en demeurent pas moins des vendeurs et flambeurs : ils transpirent l’appétit de l’argent et se saisissent de bien des occasions pour faire l’éloge de leurs produits, de leurs gens ou de leurs services.
Or, la demoiselle jure avec ces énergumènes. Elle a une belle répartie, à n’en point douter, mais elle a davantage l’allure d’une combattante que d’une négociante. A cet instant-ci, je devine qu’il y a anguille sous roche, qu’elle est bien davantage que ce qu’elle m’a dit. Méfiance et surprise que je dissimule habilement derrière cet adorable masque et ce charmant sourire. Heureusement, cet échange entre les deux colore mes joues d’une légère gêne. Je suis prise entre deux feux, ceux d’un marchand que j’apprécie et ceux d’une femme que je considère comme une invitée.
- Une femme d’une bonne lignée prend soin d’elle, effectivement, mais uniquement si, et si seulement si, on le lui permet. Des dames préfèrent prendre soin de leurs gens, avant leur personne. Des infortunées subissent le joug d’un père ou d’un frère qui considère qu’un parfum est le comble de la vulgarité. Des malheureuses ont été victimes de leur propre narcissisme.
Je m’approche tranquillement de la demoiselle, appose ma main délicatement sur la sienne et la glisse lentement mais surement loin de celle du marchand. Je me retourne vers ce dernier, avec un air malicieux.
- Vous oubliez ces vilaines choses au milieu de ses senteurs digne des Sept Paradis, mon ami. Mais vous n’avez pas perdu votre sens de l’observation ou du touché. En voilà de très jolies mains …
Ma paume se colle contre la sienne pour quelques secondes, le temps que j’admire le dos de la main ou que je constate discrètement l’état des ongles. Alors, je retourne ladite main et inspecte l’intérieur. De ma main libre, mon index se balade sur ses lignes.
- Savez-vous que ces lignes peuvent raconter votre passé, présent et futur ? J’ai connu, jadis, une femme apte à interpréter ces choses-là. Etonnamment, bien de ses prédictions se sont révélées exactes. D’où ma question : est-ce véritablement le destin ou, inconsciemment, nous réalisons ces rêves et cauchemars qu’autrui nous ont promis ?
Le marchand soupire.
(Le marchand) - Votre mélancolie vous menace encore, Dame Arianne ? Je vais de ce pas chercher votre huile favorite, mais également une senteur pour apaiser votre âme.
Il s’éclipse.
- Ce ne sont pas des mains de marchands. Je ne vais pas être rude et vous interroger. Je vais plutôt … en jouer. Imaginer qui vous êtes. Qu’en dites-vous ? Peut-être une noble dame qui fuit une situation désagréable … Non. Vous êtes une femme apte à mordre ou à priver l’homme de ses précieux outils, qu’à fuir. Une femme éprise de libertés, qui vit au gré de ses envies … Rien, absolument rien ne vous tente, o mystérieuse femme ? Pour les cheveux ? Pour les mains ? Le corps ? Voire les pieds ?
Et j’attends, grand sourire sur les lèvres.
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Arianne Martell
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Je sens que ce Phyléas me met en défaut. Cet enfoiré me tonne de femme de bonne lignée, comme si j'étais une de ces dindes se pavanant sans vraiment mettre les mains dans la fange qu'elles ont elle-même chiées. Ma bonne lignée me fait voir le sang d'individus de son genre, quand vient le moment de mettre à sac les villes où ils grouillent et se croient à l'abri de tout forfait pouvant les débouter. Donc aux insinuations du bonhomme j'arbore une expression qui montre mon profond dégout et me fait retirer rapidement mes mains de son étreinte. J'en ai même un frisson, qui ne passe pas inaperçu dirait on. Il a l'air offusqué que je réagisse aussi frontalement à ses paroles mielleuses et à la manière sèche dont je m'écarte. Pas la peine de me dire ce à quoi pense Phyl l'efféminé, je sais déjà que toute tentative d'achat me fera payer le double, si ce n'est le triple du prix réel. Après la pensée sommes toutes bien profonde de la dame sur ce que peut faire le monde, je me rajoute en me montrant odieuse, si ce n'est vulgaire à l'encontre du marchand. Mais pas dénuée du sens, qu'en soi, je vois très bien son petit jeu ... et que celui-ci ne me plaît pas du tout.
« De mon côté, la main caractérise la besogne qu'on est capable de faire. Des fois, il y en a qui sont plus à même de montrer que ce n'est pas par douceur que s'acquiert la renommée. Et d'autres, de se les lubrifier d'un baveux, se les mettre ensuite dans le fondement et attendre que, sous couvert de clientes un tant soi peu fortunées, des pièces leur soient déversées pour leur numéro. »
J'ajoute alors, en bonne faux-cul que je peux être, là aussi.
« Mais ce n'est pas votre cas, Phyléas. Vos mains ont des marques montrant à quel point votre travail peut offrir le meilleur des conforts à la cliente, et malheureusement la pire ingratitude à votre personne. »
Sans doute en voyant l'outrage et mes manières, Arianne a tenté de s'interposer et récupérer ainsi ma main, que je sens à présent apposée sur la mienne. Sa délicatesse, au contraire de celle du marchand, ne me laisse pas indifférente. Il y a quelque chose d'emprunté certes, mais qui vient tout de même vous couver, vous donner sa chaleur, plutôt que de chercher à aspirer tout ce que vous seriez en capacité de donner. En tout cas, c'est elle qui me prend, et m'interloque par son explication quand aux lignes de ma main. Et son tracé, instillant cet étrange frisson ...
« Tiens donc. »
Je l'écoute, pas vraiment vendue au fait que des gens peuvent lire ces fameuses lignes. Pour moi, seul le Noyé, et encore plus le destin, sont les seuls capables de me donner les signes qui me feront dire si celle que je suis devenue pourra encore l'être. Car je sais combien le destin est l'ennemi du contentement de soi. Je la contemple, alors que cette mélancolie dont fait part le marchand (qui signe d'ailleurs son départ on ne sait où dans cette foutue boutique) et que je remarque à mon tour pendant un bref instant, s'efface aux profits de ces récits, de cette passion faite en exaltation sur ma personne ... qui a tant à cacher, et si peu à lui donner en véracité. C'est à mon tour de pivoter ma main, et m'emparer de la sienne, afin qu'elle sente le fait que j'entoure plus facilement la sienne si fine, si agile, et bien plus douce que je ne le serai de toute ma rude vie.
« Je vois bien, ma dame, que votre imagination est aussi foisonnante qu'un champ de blé prêt à être fauché pour donner la meilleure des moissons. Bien qu'un peu trop prolixe, vu comment elle s'égare. En tout cas, cela s'entend que vous êtes instruite. L'instruction a ce pouvoir. Elle nous donne, entre autres, accès à tout ce que les autres ont su, craint, rêvé ou accompli. »
Je l'étreins, sans me montrer rude, ni même dans l'ordonnance. Je veux qu'elle sente que le poids de ce qui peut l'assaillir en cet instant, je le soutiens, comme j'ai tellement soutenu avant elle. Hommes, outils, barre, cordages, épées, boucliers.
« Je suis une personne qui a appris à vivre avec son temps, et sans doute qui défie bien plus que ne pourraient le rêver des femmes telles que vous, Arianne. »
Je m'approche d'elle alors, hypnotisée par ce sourire qu'elle tente de maintenir malgré la légère rudesse de mon propos. Mon autre main vient se glisser sur ces cheveux bruns, si proches de ce que je connais des miens en termes de couleur que des reflets sur eau ont bien voulu me dévoiler.
« Je ne remets aucunement en cause vos vertus, et sans doute votre propre liberté vous a fait payer un prix que j'ignore. Mais le jour viendra, où, à force de vous battre, malgré tout ce qui vous tombera dessus, ou tentera de vous noyer ... vous vous sentirez entièrement votre. Et vous ne vivrez alors, pas que pour les autres, mais pour vous. »
J'attire à moi quelques mèches, en caresse le velouté et en inspire le parfum que je trouve bien plus agréable que le reste de cette boutique.
« Sachez, que c'est un bien meilleur parfum à inspirer, que toutes les huiles ou savons de ce bas monde. Parce que ses senteurs n'appartiennent qu'à nous. »
Out on the horizon, a storm is brewing. I let the breakers rush over me and feel the ocean’s heart pounding. Surging through my body, the ocean in me. The tide is turning. The undertow takes ahold of me. I know I can go. I know that it's time.
Eren Hightower
Messages : 266 Membre du mois : 67 Maison : Hightower (anciennement Hoare) Célébrité : Gal Gadot