L'Ere des Luttes s'est ouverte sur les ambitions hégémoniques d'Harren le Noir, qui avait englouti la Néra et étendu alliances et accords des Iles de Fer au Détroit, à l'Ouest et jusqu'au Bief. Et pourtant l'homme fut renversé par un Empire né de ses victimes et de ceux qui ont subi son ire, essuyé ses tempêtes. Ce même Empire dont l'existence même se mit à menacer les contrées qui ont longtemps navigué entre le subtil équilibre de la paix et du compromis. Le Royaume des Terres de l'Ouest a jadis signé un mariage politique avec le Nord, envahi par le Noir, tout en ouvrant ses caisses à ce dernier pour financer sa guerre. Par la suite, les Lannister auront laissé les croisés partir combattre l'Empire à Vivesaigues, sans eux-mêmes partir officiellement en guerre, et se plaindre ensuite du traitement réservé par l'Empereur aux prisonniers de la Foi malgré les sévices dont eux-mêmes s'étaient rendus coupables dans le Conflans. Soufflant le chaud et le froid, le Roc aura été jusqu'à laisser entendre la possibilité d'une adhésion à la cause impériale, attendant que les armées Braenaryon marchent sur la Mander pour s'allier aux Arryn, et attaquer l'Empire en son cœur.
Des mois de combats plus ou moins frontaux ou menés à l'économie, les Lannister commencent à entrevoir vers la fin de l'an 2 qu'avec la capitulation du Val et l'échec d'accords avec les Valyriens, leur cause commence à devenir vraiment aventurée et l'issue incertaine. La Reine Jeyne, née nordienne et Stark, dont la voix fut longtemps étouffée par d'autres forces politiques, trouve un écho plus large en faveur de la paix auprès d'une noblesse qui ne comprend plus les buts de guerre du Royaume, entre avances et replis sans liens forts avec les manœuvres alliées.
Un important rendez-vous fut planifié à Pierremoutier, à la croisée des terres du Conflans et du Bief. La place a été reprise pour les forces nordiennes et riveraines peu auparavant. Le roi du Nord, Jon Stark et son jeune frère, le prince Walton, sont déjà présents et accueillent la représentante de l’Empire du nom de Lady Isla Chelsted. Cette dernière avait connu un voyage des plus mouvementés et elle avait eu de la chance d’arriver en un seul morceau.
C’est dans ce contexte que le cortège venu des Terres de l’Ouest arrive, dans une place bondée de soldats encore ennemis. Certains scrutent les ouestriens d’un œil mauvais car beaucoup ici ont perdu des proches dans le siège de Vivesaigues. La rancune reste tenace, d'autant que dans l'esprit de ceux qui auront combattu le Roc, les atermoiements ouestriens signifient déshonneur et déloyauté. Le Roi Lyman Lannister et sa reine Jeyne ne tardent pas à rejoindre le château. Le roi du Nord et la conseillère Chelsted entérinent que la présence de l’Ouest en ces lieux démontre son implication à vouloir aller de l’avant pour que les échanges puissent être fructueux. Au diable le protocole, la reine Jeyne étreint sans hésitation ses deux frères qu’elle n’avait pas vu depuis des lustres, avant la guerre, quand tous étaient Stark, Princes et Princesses mais tous vivant à Winterfell. Un moment de retrouvailles familiales des plus touchants qui aurait presque fait oublier la réelle raison de leur venue en ses lieux.
Le sujet du jour, c’est bien l’arrêt des combats en cours et la fédéralisation des Terres de l’Ouest sous l’égide du Loup et du Dragon. Et c’est Lyman Lannister qui le rappelle pour mettre un terme à cette parenthèse familiale. Des échanges sont déjà en cours en coulisses depuis quelques temps, entre le Roi du Nord et le Roi des lions. Le Roi Lyman semble prêt à fournir une assistance financière et militaire à l’Empire, ainsi que de fournir des dédommagements aux royaumes fédérés qui ont perdu des hommes, des terres et diverses richesses contre les forces des Lannister.
Sur un ton plus solennel, le roi Stark déplie un parchemin où sont énumérés les différents attentes des royaumes fédérés. L'Ouest ne peut le savoir à cet instant, mais les débats furent très vifs au sein du Collège Impérial, surtout avec la campagne en cours du couple Braenaryon et des péripéties vécues par plusieurs Fédérés qui devaient correspondre à distance avec leurs propres délégués. Les termes sont lus alors, dans l'intimité de cette assemblée largement couronnée.
Il est question de reconnaissance de responsabilité, de compensations financières, de ralliement à l'Empire de l'armée de l'Ouest, et d'alliance militaire. La constitution fondatrice de l'Empire devant alors être obligatoirement signée pour reconnaître le Roc comme un pair de l'édifice commun ; la reconnaissance de l'Autorité Impériale et de la Constitution apparaissant comme centrales pour les Braenaryon, et les autres délégués. S'ensuivent différentes annexes visant plus spécifiquement les soutiens de guerre, du parti de la Reine Douairière Jordane Lannister ou de la Foi.
La Reine Jeyne Lannister semble aussitôt soutenir de bon gré ces propositions, en narrant cependant que cela aurait d’importantes répercussions sur les Terres de l’Ouest. Son mari reste toutefois seul juge de ce qui est le mieux pour son peuple. La conseillère impériale Isla Chelsted insiste bien sur le fait que seule la la signature de cet accord peut permettre d’enterrer la hache de guerre, aujourd’hui même et que leur conflit serait ainsi du passé. Mais un refus viendrait apporter son lot de désolations et destructions à nouveau. Elle insiste aussi sur le fait que les conditions auraient pu être plus sévères et que le lien de sang existant entre l’ancienne princesse nordienne et l’Empereur a permis de tempérer l’ensemble. Le prince Walton Stark rassure sa sœur en s’assurant que l’Empire serait là pour épauler l’Ouest dans ces nouvelles difficultés et qu’ils doivent maintenant travailler ensemble.
Reste que le Lionceau, s'il note l’engouement de sa femme, reste prudent. Il vient piquer au vif en venant que le trouble initial vient tout de même du fait que la couronne Braenaryon s’était arraché la légitimité sur Westeros, mais se dit prêt à reconnaître cette légitimité. Reste la question, devant ces propositions, sont-elles prises à la majorité des voix, ou à l'unanimité... Pour l'essentiel, à l'unanimité, malgré quelques propositions ayant reçu des abstentions ou quelques votes contres, ce que confirme le roi du Nord.
Le Roi Lyman accepte finalement l'essentiel des propositions, temporisant les demandes propres au Val, lui offrant des contre-propositions. Il rassure sur l'engagement de ses forces, prétend pouvoir les mettre dès à présent sur le pied de guerre. Sa décision est soutenu par les promesses de réciprocité, que les frères Stark et l'envoyée Impériale garantissent. Le souverain évoque également ses inquiétudes quant à la publicité de l'accord, que ce soit auprès de son peuple et de ses classes, de la Foi, de ses voisins... Et c'est ainsi que chargés des contre-propositions et offres de l'Ouest, Stark et Chelsted font remonter les conditions fixés par l'Ouest.
Avec le question qui demeure ; est-ce encore une ruse, un stratagème visant à désunir les factions impériales et à profiter des failles entre puissances pour gagner du temps, occultant la participation ouestrienne à la guerre et notamment à l'invasion du Nord ? Ou est-ce volontaire et affirmé, une démarche sincère pour couper court aux tueries sur le continent ?
L'entrevue, secrète, n'a reçu aucune publicité dans l'Empire, et si la rumeur d'une trêve courait dans les troupes de l'Ouest, il n'y a aucune confirmation qui vienne entériner le changement d'orientation. C'est sans doute heureux, car les croisés volontaires furent des milliers dans l'Ouest, et c'était avant la guerre... Un nouveau retournement de situation, pour nouveau déshonneur qu'il vaudrait, pourrait bien embraser l'Ouest tout entier.
Les Lannister se placent en fait idéalement ; s'ils rejoignent effectivement l'Empire, leurs forces sont en capacité de frapper et les Iles de Fer, et le Bief. Si au contraire il s'agit d'une manœuvre pour endormir la méfiance impériale, les assauts sur le Nord et l'Orage auront dispersé les armées Braenaryon pour encercler et détruire l'anabase impériale se perdant dans le Bief, et décapiter d'un coup d'un seul l'encombrant voisin.
Dans un cas ou dans l'autre, le Lion risque de se tailler la part belle dans la résolution du conflit, quitte à endosser la cape de l'opportunisme et de la félonie une fois encore.