An -4, mois 8, semaine 1, Braavos
Seize ans et vendue à un bordel. C’était drôle la vie quand même. Enfin, drôle… Pas vraiment. J’étais pour l’instant juste à servir, la maquerelle me trouvait encore un peu jeune et fragile, et puis je devais apprendre. Mmh… pour l’instant surtout j’apprenais à vivre dans cet endroit. Heureusement, l’endroit n’était pas glauque, en journée, comme maintenant, je nettoyais, allais chercher les herbes pour les autres prostituées, lavai le linge. En soit, j’avais toujours quelque chose à faire. Heureusement, rien de. Sexuel pour l’instant. La maquerelle voulait aussi que je distraie les clients en leur racontant des histoires ou en dansant pour eux. C’était sans doute ce qu’il y avait de mieux.
Je sortis du bordel, rajustant ma robe fine autour de moi. Il faisait encore frais ce matin. Mais une des prostituées avait besoin d’herbe pour ses saignements et c’était cela que je venais chercher au matin. Je ne savais pas ce qu’il s’était passé cette nuit, mais elle n’allait pas bien du tout. Enfin, mon regard se promenait partout dans le marché, je savais très bien de quoi j’avais l’air avec mes cheveux libres, la robe fine que je portais sur les épaules. Mais heureusement, il n’y avait pas grand-monde encore. Je m’arrêtais à quelques étales pour trouver de quoi acheter pour ma collègue avant de les glisser dans mon sac après avoir négocié. C’était aussi pour cela qu’on m’envoyait au marché : je savais négocier, fille de marchand. Mais du coin de l’œil je pouvais voir que certains étals de mon ex-famille étaient de retour. Tant mieux pour eux. Tant mieux pour eux.
Je sentis une main se refermer sur mon bras et je tressaillis. L’homme me fixait avec un sourire torve :
« T’es libre pour une passe ? »
Je secouais la tête.
« Navrée, je ne puis m’occuper de vous. J’ai des courses à faire. »
Il grogna en baissant les yeux sur mon décolleté avec un air appréciateur. Je me raidis.
« Et t’peux pas prendre cinq minutes pour t’occuper de moi ?
- Je ne peux pas vous aider. Je ne suis point en service. »
Je reculai aussi loin que je le pouvais avec son bras qui me tenait toujours. Je savais que personne ne m’aiderait, personne aidait les prostituées et c’était de quoi j’avais l’air.
« Pouvez-vous lâcher mon bras s’il vous plaît ? »
Il resserra sa prise dessus et le tira même pour m’éloigner de l’étal.
« Tu t’prends pour qui salope ? Pour refuser ! T’as qu’ça à foutre de toute manière. »
Non ! Je tendis mon autre main pour essayer de lui faire desserrer ses doigts. Je n’avais aucune envie de vivre ça ! Lâche moi !