La Bataille des Bâtards | Ft. Orys [Tour XI - Terminé]

La Bataille des BâtardsIf I stay with you, if I'm choosing wrong
I don't care at all
If I'm losing now, but I'm winning late
That's all I want
Le sable est trempé d'eau de mer et de sang. Les carcasses des bateaux qui n'ont pas encore entièrement sombré et les milliers de cadavres qui flottent autour d'eux laissent peu de place à l'interprétation. La voilà qui quitte un lieu de massacre pour un autre. Quasiment les mains liées et pourtant toujours trop fière. Venue demander le pardon de ses péchés et toujours trop ambitieuse. Incorrigible. Insatiable. Détestable, parfois. Mais certainement moins que ceux qu'elle laisse derrière elle, du moins à ses yeux. Presque tous ceux qu'elle laisse derrière elle. Certains des bateaux coulés portent encore les couleurs des lions du Roc. Anciens alliés ou illusion, elle ignore ce qu'il advient de la lionne de l'Ouest et de sa horde de lionceaux. Les nouvelles se font rares et ce pour de très bonnes raisons : elle ne peut plus rien lui apporter. Et les promesses ne pèsent plus rien face à la nécessité.

La minuscule flotte qu'elle a constitué à la hâte s'est décidée à s'arrêter au niveau des bannières impériales remarquées aux alentours de Vertepierre. La Valtigar n'a eu que peu de temps pour lire les informations qui lui manquent sur ce royaume, ce fief, sa maison suzeraine. Elle avance dans le brouillard comme rarement auparavant, n'a pas même décidé de ce qu'elle poserait sur la table lors de ces discussions qu'elle demande. Un peu plus d'une semaine de voyage n'a pas réussi à la décider de la direction qu'elle souhaitait prendre et la situation la rend immanquablement anxieuse.

Son arrivée dans l'Ouest avait été soigneusement travaillée, chaque mot choisi avec soin. Sa situation était également radicalement différente. Une préparation qui lui avait permis d'avoir toute l'assurance nécessaire pour affronter la terrible et formidable Jordane Lannister. Aujourd'hui ? Rien qu'une vague idée de ce qu'elle ne veut pas, aucune quant à ce qu'elle aimerait. On l'intercepte rapidement dans sa marche jusqu'au castel, un petit groupement militaire aussi épuisé qu'elle qui lui demande de décliner son identité bien vite. Elle obtempère. Jaenyra, de la maison Valtigar. À peine princesse, engeance d'au-delà du Détroit. Qui souhaite voir n'importe quel impérial qui pourrait la recevoir.

Elle a attendu un temps. Quelques minutes, peut-être une heure.

Et c'est Orys Baratheon qui demeure ici. Pas d'empereur, pas d'impératrice, pas de diplomate mais un prince régent de Peyredragon dont elle avait étudié le profil. Bâtard, quasiment comme elle. Sous-estimé, comme elle. Pris pour acquis, comme elle. Elle lui avait écrit une lettre, restée sans réponse.

Soit, jouons.

Elle n'en a plus la force, mais fera ce dernier effort. On la mène jusqu'à lui, Orys Baratheon est dans le même état que le champ de bataille qu'il a laissé derrière lui. Quoique définitivement plus agréable à regarder.

- Prince.

Jaenyra incline la tête vers lui, rien de plus. Elle n'a plus d'énergie à donner aux courbettes, faux-semblants. À peine assez pour l'ironie et l'insolence dont elle aime pourtant tant user.

- Je viens discuter avec vous au nom de la maison Valtigar, sur le point d'affronter les troupes Martell et Allyrion.

Elle ne vient discuter en le nom de personne. Comme elle n'était personne lorsqu'elle est venue demander à la Lannister de miser sur elle. Mais comme à chaque fois, elle ment.

- J'aimerais trouver un moyen d'éviter un autre bain de sang, à l'image de celui dont vous sortez.

Faux, à nouveau. Elle aimerait trouver une porte de sortie élégante pour sa maison, humiliée et à un cheveu de l'échec définitif. Mais il est vrai, le sang, elle l'a trop vu couler dernièrement.

- Vous permettez ?

Qu'elle s'avance, ou qu'elle reste. Elle n'en sait rien. Elle ignore si un parfait inconnu comme celui-ci saura voir à quel point ses iris sont délavées, désillusionnées, meurtries. Une dernière bataille, un dernier tour, un dernier affrontement avant sa fin.
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| É L E V E R R O M E |

ஃ Cette jungle me doit des mea-culpa à la pelle, à marcher entre rats, vautours et hyènes. Et je compte même plus les fois où on m'a traité de chienne. Je compte même plus les fois où on m'a traité de chienne. Mais c'est une chienne qui a élevé Rome. Les putes comme moi portent les rêves des hommes. Cette ville me doit des mea-culpa à la chaîne, à marcher entre les rois qui tuent les reines. Et je compte même plus les fois où on m'a traité de chienne. Non, je compte même plus les fois où on m'a traité de chienne ஃ

***

Super cadeau de Lin, merci à elle:

Jaenyra Miss Westeros 2023:

La bataille des Bâtards

@Jaenyra Valtigar

« Veil torn, now I'm seeing your lies, Full of demise, Blood moon paintin' red in the sky »

La bataille de Rocvert se concluait par une victoire pour l’Empire qui marquait définitivement la suprématie navale de l’Empire sur ces satanées Puissances Centrales. Enfin, nous pouvions entrevoir au loin l’espoir de réunir l’entièreté des territoires impériaux sous une seule égide. C’était satisfaisant de connaître la liesse de la victoire, et la gaieté des soldats après un combat. Avec cette prise, les Braenaryon pouvaient de nouveau étendre leur influence sur l’entièreté de la côte de l’Orage ainsi que se projeter vers Dorne. Si la route serait encore longue et nimbée d’obstacle, avec un rythme correct, je caressais avec un peu plus de confiance la possible fin de la guerre. Ce n’était guère une gageure car certainement deviendrais-je totalement vain à ce moment-là toutefois, la paix signerait la victoire définitive et le vœu d’Aegon sera enfin réalisé. Puis je me rapprochais un peu plus de l’ambition de devenir un dragonnier ; même si Ebryon présentait le même attrait que ma petite personne pour les actions hautement risquées. Le dragon noir se retrouvait au repos forcé et visiblement cela ne lui plaisait pas vraiment. Encore un point commun dont je me serai bien passé, mais il n’était pas lié à moi pour rien. J’espérais tout de même gagner un peu en autorité sur lui, la créature ailée avait désobéi à chacun des ordres qui lui avait été donné. Si je n’étais pas un bon décideur, il fallait tout de même que pour les prochaines fois, on arrive à se coordonner un tant soit peu… Même si le vol à la sauvette avait fait poindre une forte dose d’adrénaline dans mes veines.

En attendant, il fallait songer à la réorganisation de la gigantale flotte impériale. Et commencer à préparer la suite des opérations même si ma place demeurait encore nébuleuse. Poursuivre vers les terres méridionales ou remonter dans l’Orage ? La question restait entière. Probablement irais-je là où le devoir appellerait avec le même entrain jusqu’au-boutiste. Cependant les blessures du seigneur de la nuit prendraient du temps à disparaître totalement. Et c’est un soupir qui s’échappait de mes lèvres alors que je perdais patience face aux missives à envoyer. Qu’écrire ? Que raconter… Les faits, rien que les faits. Difficile de s’y attacher tant tout fut rapide et tant mon esprit cherchait à se dérober à ces tâches qu’ils n’appréciaient guère. Je préférai mille fois être sur un champ de bataille que d’avoir à gérer de pareilles affaires. Je devais avouer que la torpeur de la bataille n’était pas encore totalement descendue et probablement que cela serait le cas pour le reste de la journée et de la nuit. Carpe diem, autant chérir le présent que de le regretter plus tard. Les épaves et le rubicond teintant encore la mer ne pouvait que prouver mes dires. La vie ne tenait qu’au mince fil d’une épée.

Si ma concentration n’était pas bien fixe, celle-ci vola en éclat lorsqu’un garde vint m’annoncer une nouvelle pour le moins troublante… et c’était un bien bel euphémisme. Une princesse Valtigar foulait le sol de l’île. Cette dernière était arrivée avec une flotte de taille réduite. Autant dire que la valyrienne s’était jetée dans la gueule du dragon. Le mouvement était opportun, audacieux. Trop. Au mieux c’était un piège, au pire une conspiration. En tant que prince régent, j’étais favorable à une paix avec l’Empire Valtigar, s’ils renonçaient à toutes revendications sur Westeros. Cette opinion avait très largement rejeté par le collège impérial. Peyredragon continuerait donc à saigner l’écorce et la sève des arbres. Quant à moi, je ne les appréciais pas énormément. Le jeune frère était responsable de la mort de Deria et de son frère, mon ex belle-famille. Ils avaient délibérément choisis le conflit contre la Dorne Allyrion rallié à l’Empire de ma sœur. Et ce Maegor Valtigar n’était qu’un imbécile qui avait crû pouvoir dompter la dragonne Targaryen. Une belle bande d’enquiquineurs. Toutefois, derrière eux se cachait une menace réelle et bien plus tangible. Un empire ayant conquis rapidement un immense continent et se réclamant des titres anciens des Valyriens. Et ce péril m’inquiétait particulièrement. Avions-nous les moyens de lutter en mer face à un Empire qui avait soumis les cités libres d’Essos ? Cette question demeurait un cruel suspens.

Je donnais des ordres succincts afin de se préparer à la moindre manœuvre suspecte de nos invités. Cette rencontre inopportune m’inquiétait autant que m’intriguait. Suivant les principes de la noblesse, j’accédai à les demandes des gardes qui finirent par conduire la Valtigar dans une salle de moindre taille, certainement pas la plus impressionnante, mais cette dernière ressemblait vaguement à un bureau et il n’y avait rien de bien compromettant comme document. Il observa la représentante de l’autre Empire pénétrait dans les lieux et elle ne manquait guère de classe même si une fatigue, probablement causé par son voyage, pouvait se lire sur son visage. « Princesse. » fit-il en faisant à son tour une légère révérence.

Jaenyra Valtigar énonça la raison de sa venue ici et celle-ci fut surprenante et déconcertante. Il m’était difficile de comprendre pourquoi cette femme souhaitant la paix cherchait à passer par Rocvert pour demander une paix entre les siens et les nôtres. Evidement que cela n’était pas un arrêt prévu et que l’objectif était certainement d’atteindre l’Orage, si ce n’est la capitale. Toutefois, il était bien ridicule de vouloir la paix impériale si aucune trêve n’avait été signée avec la Dorne Allyrion. Il était étrange, également, que mon interlocutrice précise un conflit imminent. Dans mon esprit, les deux entités sont en guerre depuis plusieurs lunes déjà. Cependant, les nouvelles rares de la principauté méridionale n’offrait pas un réel état des lieux du conflit dans la principauté. « Faites à votre aise. » narrais-je en lui montrant une chaise. De mon côté je préférai rester debout.

« J’échangerai avec vous au nom de Peyredragon, en tant que régent et protecteur, ainsi qu’en représentant du collège impérial. » Je n’étais qu’une voix parmi d’autres. Beaucoup d’autres. « Votre statut fait de vous une invitée mandée. Je n’entends en rien contraindre vos mouvements ou vos choix. Sauf, évidement, si vous vous engagez sur un sentier de fautes et d’impairs. » C’était flou, même pour moi. Mais cela sonnait comme un avertissement dissimulé, enfin je crois.

« Avant que nous n’échangeions, avez-vous tenté de faire la paix avec la princesse légitime de Dorne, Mahée Allyrion ? Que cela soit oui ou non, qu’êtes vous prête à faire pour que la paix naisse entre les empires ? »

(c) DΛNDELION

From the shadow spreads the fire

♠ From the shadows we will be seen, beyond the darkness we will be free. From the fire, from the fire we'll build a new world. From ashes we will rise... a dragon into the skies

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cadow de Garlan:

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Elle qui se pensait épuisée, perdue et incapable de penser, sent déjà ses méninges s'activer. La réalité la rattrape. Élevée pour arracher à l'autre ce qui lui manque, elle ne sera jamais assez éprouvée pour cesser d'essayer, tant bien que mal, de grimper les marches de l'échelle sociale. Ses yeux jusqu'alors si fatigués s'éveillent et ressemblent à nouveau à ce qu'ils ont toujours été. Ceux d'un reptile qui n'a jamais eu d'ailes. Condamné à ramper jusqu'à l'endroit où il veut arriver. Il l'invite à s’asseoir, mais reste debout. Elle l'imite. Il se présente comme régent, protecteur de Peyredragon. L'une des têtes de l'hydre impériale. Elle le sait. Elle s'était d'ors et déjà penchée sur l'histoire du bâtard Targaryen de l'autre côté du Détroit. On ne lui a pas même donné Peyredragon. C'est toujours comme ça que ça fonctionne. Ils cultivent l'espoir, balancent un os, mais gardent la viande. Il n'a sans doute pas beaucoup plus de pouvoir qu'elle, l'échange est d'ors et déjà moins asymétrique qu'au moment de rencontrer la Lannister.

- Je vous remercie grandement pour votre hospitalité, Prince. Je n'en abuserai pas.

Il lui dit à demi-mots que s'il le voulait, elle pourrait finir dans les geôles de Fort Darion. Aucun problème à cela, Jaenyra s'y sentirait probablement plus en sécurité qu'auprès de son propre frère. Le deuxième. Les dieux seuls savent ce que fabrique le premier. Quant à l'hospitalité mentionnée, elle en abusera si peu qu'elle continuera de dormir dans le boutre de Jentys. Éternellement atteinte d'une insidieuse et infatigable paranoïa. Quoi qu'il en soit, Jaenyra fait semblant de ne pas comprendre la menace sous-jacente.

- Je n'ai pas échangé avec la princesse Mahée Allyrion.

Qui elle non plus, n'a rien d'une princesse de sang. Il y a encore peu, elle rejetait catégoriquement l'idée de la nommer ainsi.

- Si j'ai bien saisi la constitution de l'empire dont vous êtes le représentant, Mahée Allyrion n'est pas apte à prendre seule ce genre de décisions. Le temps presse et j'essaie uniquement de limiter les intermédiaires.

Mahée Allyrion ne peut prendre une décision comme celle-ci sans l'aval de l'empire, mais l'empire peut-il la prendre sans celui de Mahée Allyrion ? L'idée lui semble déjà plus crédible.

- Mais peut-être est-ce ma connaissance de la langue commune qui me fait défaut.

Ses connaissances ne lui font pas défaut. Langue commune qu'elle a d'ailleurs choisie plutôt que le valyrien, qu'il doit comprendre aussi. L'envahisseur modèle. Jaenyra bat une ou deux fois des cils en jouant les idiotes. La voilà qui recommence, déjà. Les mêmes péchés, les mêmes crimes. Encore et encore. Quant à ce qu'elle est prête à y laisser ? D'une part, elle n'en sait rien. D'autre part, il serait stupide de le lui dire. Et pourtant, elle est consciente d'avoir plus besoin de lui que lui d'elle. Ce qu'elle déteste.

- Notre situation est simple.

Alors elle détourne la question, décroise les bras qu'elle avait inconsciemment gardé crispés autour d'elle et fait quelques pas dans la pièce.

- Si vous et moi ne parvenons pas à tomber d'accord, les armées Valtigar et Braenaryon s'affronteront. Et nous perdrons des ressources cruciales, peu importe qui en sort victorieux.

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Cette rencontre me semblait lunaire. Inespérée d’une certaine manière parce que je n’aurais jamais crû rencontrer en ces lieux une Valtigar et que le destin se montrait bien pernicieux à favoriser un pareil échange. Le monde était visiblement bien petit. Toutefois, prudence était de sûreté d’autant que même si des éléments positifs s’échappaient de cette furtive réunion, rien n’indiquerait que l’Empire que je représentais accorderaient ses grâces à un cessez-le-feu. Les rancœurs anciennes étaient un frein à la paix, un péril à esquiver. L’avantage de mon premier échec fut de connaître les avis de chacun et il faudrait passer outre. Les rapports permettraient probablement de retourner quelques voix avec un peu de chance. Mais il en faudrait beaucoup. Trop. Et si l’Empire Braenaryon m’avait appris une chose, c’est qu’il fallait mieux renoncer à ses rêves afin d’éviter les déceptions. Se convaincre de rien par la raison alors que le cœur en attendait tant n’était pas une tâche aisée. Cela faisait de moi un bien piètre et ridicule souverain éphémère. Cette course au pouvoir détruisait les gens, c’en était bien triste. Instinctivement, j’avais l’impression que c’était cela qui était arrivé à mon interlocutrice, même si rien ne venait étayer mon idée. Simplement une vision des sentiments d’une inachevée dont les ambitions ont été brisées par le destin. Comme Rhaenys, Arianne, Deria, Isla, Ronnel et même Torrhen d’une certaine façon.

J’écoutais avec une certaine attention ses dires. L’hospitalité de Vertepierre serait relativement limitée. Ce n’était qu’un éphémère grand camp de marins avant la suite des opérations. Jaenyra Valtigar m’apprenait qu’elle n’avait nullement conversé avec Mahée Allyrion en se justifiant de manière bien curieuse. Sur le fond, sa logique était tout à fait juste. Cela signifiait que la valyrienne avait étudié le système Braenaryon ce qui ne pouvait la rendre que plus dangereuse. Je ne connaissais rien de l’Empire essosien et cette tare me paraissait devenir une épine importante pour le reste de nos échanges. « Je pourrais vous concéder ce point. Mais votre raisonnement est étrange. Il vous faudra deux semaines encore pour atteindre la capitale. Un cessez-le-feu avec la Princesse Fédérée de Dorne permettrait à coup sûr d’éviter un bain de sang. » Sauf-ci les choses là-bas étaient devenues hors de contrôle tant pour les troupes de la princesse Allyrion que celles des Valyriens. Ou alors peut-être souhaitait-elle une Dorne coupée en deux et que par conséquent cette dernière imaginez contourner le problème en passant par le collège impérial. Cela serait bien vaine affaire. La voix qui porterait le plus sur ce sujet brûlant serait celle des représentants de Mahée les plus légitimes. Et il était de toute manière hors de question que Peyredragon face des concessions à un Empire qui avait indirectement réclamé mon île natale qui faisait d’antan partie de l’Empire Valyrien originel. « Vous souhaitez probablement que l’Empire ratifie un vote à majorité où les représentants de Dorne se trouverait en minorité. » C’était l’hypothèse qui me semblait la plus véridique.

Nos regards se croisent et s’entrecroisent dans une pénible joute. Tandis que j’étais fixe, la protagoniste se tenant face à moi se mit en mouvement, comme pour rendre plus mobiles, et flexibles, ses propos. Son arme de prédilection semblait le langage qu’elle maniait comme des dagues. Ses mouvements étaient gracieux, suffisamment pour être remarquables, et manière d’être ne pouvait que conduire à poser le regard sur sa personne, son corps. Contrairement à ce que la valyrienne narrait, la situation n’avait rien de simple. Bien au contraire. C’était d’ailleurs le dernier adjectif que j’aurais exprimé pour qualifier notre périlleux sujet de discussion. « Une guerre entre deux continents est en effet la chose essentielle à éviter.» commentais-je avec conviction. Certainement trop. Pour le reste, les ténèbres de la pièce où nous nous trouvions devaient éteindre toute fuite des incertaines transactions qui, peut-être, rendrait l’avenir un peu moins incertain.

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Elle se rend compte qu'elle n'a définitivement pas affaire à un énième animal politique mais bien à un guerrier, tout simplement. Il ne trouve pas son raisonnement logique, et le dit. Il soupçonne des intentions douteuses, et accuse. Il sait que rien n'est gratuit, attend ses demandes. Sans doute alors que battre des cils et jouer les idiotes ne fonctionnera pas, cette fois. Ce qui ne la dérange pas. Elle a tellement de visages que parfois, elle-même ne sait plus lequel est le sien.

- Je ne compte pas atteindre la capitale impériale.

Il lui énonce ses vérités, elle lui oppose des faits. Elle ne se rendra pas à Fort-Darion, pas sans accord préalable qui lui garantirait que ce voyage ne la mènera pas tout droit dans les geôles bien protégées de la capitale impériale. Ils ne sont que des maillons d'une chaine infiniment longue, pas même les plus solides. Mais ils peuvent convenir d'un accord. Et cet accord voyagera bien plus vite qu'eux.

- Nous discuterons. Nous nous entendrons, ou non. J'écrirai à mon père et vous écrirez à votre empereur. À eux d'enclencher les bons rouages par la suite, s'ils le jugent nécessaire. Autrement, nous laisserons parler l'acier. Une énième fois.

Ce qui ne la dérange en rien. Des gens mourront, c'est sûr. Ils sont arrivés à Westeros pour ça. Elle s'en sortira, parce qu'elle s'en sort toujours. Tout ce qu'elle avait à perdre, l'espoir qu'elle plaçait en son frère, la manière dont elle était infiniment convaincue qu'il pouvait faire plier le monde entier, ont déjà cessé d'exister. Elle n'a rien gagné de ses services rendus à l'empire valyrien. Ni statut, ni reconnaissance. Elle a seulement entendu des mères pleurer, des enfants hurler et senti l'odeur à vomir de la chair calcinée. Voilà ce qu'elle a retenu de cette brutalité. Ça, et la certitude que personne, pas même le plus talentueux des diplomates, ne saurait l'empêcher lorsqu'elle est vouée à exister.

- C'est ce que j'espère, en effet.

Qu'elle admet, ses yeux dans les siens, alors qu'elle ignorait même que la possibilité existait. Est-ce qu'il s'agit d'une injustice ? Sans doute. Mais l'usurpatrice a signé cette constitution. Elle sait ce que cela signifie. La Valtigar sait, ou du moins soupçonne fortement, que la Allyrion n'accordera rien à ceux qui ont massacré Lancehélion. À lui de s'en offusquer s'il le souhaite, elle ne lui en tiendra pas rigueur.

- Nous sommes d'accord sur ce point.

Elle s'interroge pourtant. Est-ce parce qu'il a trop combattu, se trouve las de la guerre et de ses ravages, qu'il tient tant à la paix ? Ou est-ce parce qu'il redoute la défaite. Ses iris sondent celles plus sombres du Baratheon à la recherche d'une quelconque réponse, qu'elle ne trouve pas.

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J’étais un incapable dans la lecture des sous-entendus et pour devenir les émotions des autres. Preuve en était pour nombreuses de mes relations. Alors face à un ophidien comme la Valtigar, je perdais forcément la bataille des mots et des hypothèses. Déjà me perdait-elle lorsque cette invitée de marque déglutit que son ambition n’était pas d’atteindre la capitale impériale. Cela signifiait donc que l’étrangère souhaitait probablement rencontrer un des membres du couple impérial. Quoique, ses prochaines paroles vinrent également ébranler cette hypothèse. Ce n’était même pas un accord qui serait échangé, mais une simple convention interdépendante de deux entités gigantales. Misère. Cela donnait mal à la tête rien que d’y songer. La princesse avait l’avantage de pouvoir directement aborder ce sujet avec son paternel… de mon côté se serait un beau-frère avec qui les relations étaient conflictuels… et encore. Ce dernier ne pourrait rien faire sans soutien du collège. L’optimisme naissant ne put s’empêcher de s’éteindre instinctivement. Un chemin de croix ou un parcours de combattant serait plus aisé à côté de la tâche qui pouvait nous attendre… si, et seulement si, nous trouvions un accord. Cela n’était aucunement garanti. Le détachement de ses propos et son cynisme non dissimulée m’agaçaient. C’était très probable qu’elle n’ait jamais connu le cadre idyllique d’un champ de bataille pour tenir de pareil propos. Ce n’était pas l’intérêt des siens qu’elle défendait. Le vôtre semble se briser sur les roches du désert Dornien. Sifflais-je intérieurement à demi-pensée, agacé, mais parvenant de justesse à retenir toute parole contendante à l’égard de mon invitée.

Percevait-elle la colère passagère qui était montée dans mon regard. Le sien est insistant, suffisamment pour que je me retrouve à plusieurs reprises à cligner des yeux, trop béat, face à cette situation. L’adage narrait que l’on pouvait lire l’âme d’une personne dans ses iris. Non seulement je ne voyais rien, mais en plus, la placidité et le calme angélique de mon interlocutrice me glaçait le sang. Impossible de savoir sur quel pied danser. Continuons, nous verrons bien.

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Le sang a coulé entre les royaumes de Westeros, qu'ils soient désormais alliés ou non. Elle le sait. Alors il y a de la haine dans leurs combats. De la colère, des rancœurs. De la fierté à l'idée de mourir pour une cause en laquelle on croit. De l'espoir à l'idée de remporter une bataille contre l'ennemi. Les valyriens ne fonctionnent pas comme ça. Son peuple s'est extirpé d'un monde en cendres dont il ne reste que des sociétés disparates, qui n'ont plus rien à voir avec ce qui était. Leurs soldats n'ont pas besoin d'une raison pour se battre. Ils obéissent. Ils ne sont rien, rien que des armes. Ils ont été élevés, conditionnés, forgés pour être des armes. Et elle ? Elle n'est rien, rien qu'un instrument pour obtenir ce que son père souhaite. Et elle a été si souvent, si longuement, utilisée. En arrivant sur ce continent, elle a eu l'espoir, une seconde, une minute, qu'elle serait enfin choisie pour ce qu'elle est. Qu'elle aurait une occasion de briller et de faire ses propres choix. Et aujourd'hui, elle est là. À faire en sorte d'obtenir ce que son père veut. Et bien sûr, elle a pensé à disparaitre. Devenir quelqu'un d'autre, ne plus jamais revenir. Mais s'extirper des cendres est un travail fastidieux et y retourner semble intolérable. Et il y a cette voix, cette voix qu'il lui souffle qu'il est trop tard.

Qu'elle est allée trop loin.

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Nous étions d’accord sur la finalité de ce que devait apporter cette rencontre. Parfait. Demeurait le plus difficile à accomplir. S’accorder pour qu’une nouvelle voie existe. Les bâtards de Deux Empires carnassiers favorable au vol de colombe alors même que nos devoirs respectifs étaient au contraire de tout faire pour soutenir les efforts de guerres dantesques nécessaires à ceux que nous servions. Une guerre signerait probablement un conflit sanglant où aucun des deux héritiers de l’Ancienne Valyria ne sortirait vainqueur. La plume devait l’emporter sur le glaive. Or, nous n’étions que poison et glaive. Ni plus, ni moins. L’histoire, peut-être, nous jugera alors même que dans nos si frêles et ridicules mains se tenait une espérance inatteignable.

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♠ From the shadows we will be seen, beyond the darkness we will be free. From the fire, from the fire we'll build a new world. From ashes we will rise... a dragon into the skies

cadow de Garlan:

La Bataille des BâtardsIf I stay with you, if I'm choosing wrong
I don't care at all
If I'm losing now, but I'm winning late
That's all I want

copyright 2981 12289 0

| É L E V E R R O M E |

ஃ Cette jungle me doit des mea-culpa à la pelle, à marcher entre rats, vautours et hyènes. Et je compte même plus les fois où on m'a traité de chienne. Je compte même plus les fois où on m'a traité de chienne. Mais c'est une chienne qui a élevé Rome. Les putes comme moi portent les rêves des hommes. Cette ville me doit des mea-culpa à la chaîne, à marcher entre les rois qui tuent les reines. Et je compte même plus les fois où on m'a traité de chienne. Non, je compte même plus les fois où on m'a traité de chienne ஃ

***

Super cadeau de Lin, merci à elle:

Jaenyra Miss Westeros 2023:

La bataille des Bâtards

@Jaenyra Valtigar

« Veil torn, now I'm seeing your lies, Full of demise, Blood moon paintin' red in the sky »

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La bataille des Bâtards

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Les échanges cordiaux devenaient amicaux, intimes, promptes à l’oubli. Et ce n’était pas un mal, cela nous rendait plus humain, pas uniquement des outils des Empire comme mon interlocutrice avait pu le mentionner à plusieurs reprises. Derrière l’horreur des démiurges que nous servions se dissimulaient de nombreuses vies dont les noms seront happés par l’histoire. D’une certaine manière, je pensais pouvoir comprendre une partie des craintes de l’étrangère. N’être qu’une poussière parmi des milliers d’autres, sans aucune influence sur le cours des choses, ballotté par les décisions des autres, à subir, sans jamais rien réclamer. N’était-ce vraiment que cela ? N’étions nous que les pantins de nos familles, voué à des desseins plus grands sans jamais y goûter véritablement ? Difficile à dire, mais cette réflexion faisait son chemin dans mes pensées. « Apprenez moi à ambitionner, et je vous apprendrai à lâcher prise. » Le ton était badin, joueur, une évidence sur des sujets qui n’avaient rien de faciles même si en cet instant, tout semblait possible, réaliste. Une forme d’euphorie était présente, et il me semblait que Jaenyra Valtigar connaissait des émotions similaires aux miennes sur l’instant. Ce sourire qui apparaissait et disparaissait, et bien, étrangement, il commençait à se figer chez moi.

Et le barrage qui existait explosa, faisant voler en mille éclats les retenues les plus folâtres.
La conversation stratégique se concluait par un accord de raison, loin d’être une alliance ou d’offrir de réelle à quelconque parti, c’était un signe d’espoir et le monde en des temps aussi troublés en avait besoin. L’histoire commençait seulement à s’écrire mais j’étais prêt tout miser dessus cette infime chance parce qu’il n’y aurait pas probablement pas d’autres tentatives de faire valoir nos ambitions respectives. Alors, nous combattrons. Avec l’ingéniosité et l’intelligence de la princesse Jaenyra Valtigar, et ma fougue. Contre le temps, contre l’espace, contre les acquis et les préjugés. Puisse notre panthéon guidé notre chemin tortueux à venir. « Que diriez-vous de nommer notre pacte ? Le cinabre pourpre vous conviendrez ? » En d’autres termes, le sang des dragons pourpre mais en plus adoucie, plus majestueux. Voilà qui concluait définitivement les tractations diplomatiques pour laisser place à quelque chose de différent… Et de relativement novateur.

Cette concorde, aussi fragile soit-elle, permit de plonger plus encore dans les abysses de la confidence et de familiarités. Qui l’aurait crû ? Jusqu’à arriver sur un sujet d’accordailles. Un thème aussi malheureux pour elle que pour moi. Son frère, ma sœur. S’en était presque une tragédie comique. Une symbiose de regards, parlant de projets démesurés, fous, insensés, sans queue-ni-tête. Tout nous oppose hormis notre statut. Malgré tout, nous en sommes là, à nous dévoiler à cet ennemi qui ne comprend pas qui, mais qui ne peut résister à l’attrait de l’altérité. Cette femme était bien différente de celle que j’avais pu cotoyer dans mon entourage. Peut-être se rapprochait-elle le plus de Visenya d’une certaine manière… et encore. Dans les profondeurs de mes pensées, je médite sur le poids du devoir, une charge qui a longtemps façonné le cours de nos vies respectives. En tant que bâtard, l'obligation m'a toujours suivi comme une ombre fidèle, me guidant dans des batailles et des responsabilités qui, bien que nécessaires, ont parfois étouffé les murmures de mes propres rêves et ambitions. Ce feu ardent intérieur, une flamme qui aspire à s'élever au-dessus des sombres nuages de l'obligation, de nouveau elle titillait mon esprit, calcinant légèrement des certitudes acquises après les éclats des disputes, des pleurs, et d’une réconciliation. De nouveau, ce conflit que je pensais résolu réapparaissait. Le devoir ou la liberté. La liberté ou le devoir.

Très difficile même songeais-je alors que mon interlocutrice parlait de son tempérament de solitaire. Une première limite était posée. Celle de ne jamais causer de tort à l’une de nos dynasties. La plus primordiale, celle qui serait sans aucune négociation possible une base, une protection contre la torpeur carnassière du toujours plus. C’était peut-être bien une des rares choses que j’exigerai. J’hochais de la tête pour confirmer ses paroles. « Tant que nous avons un falot commun et que l’entrecroisement de nos mains porte un feu protecteur, alors personne ne pourra obscurcir nos convoitises. » Lesquelles ? Je ne le savais pas encore les définir. Mais ce raidillon qu’offrait mon interlocutrice me semblait bien préférable à rester passivement le gardien de l’héritage des Targaryen. Mon interlocutrice ne me le faisait pas rogner, mais ouvrait plutôt un champ des possibles sur la manière d’accomplir cette tâche.

Son constat était similaire au mien. Ombre et ténèbres, des contraires d’une certaine façon. « Il est fort probable que je sois décontenancé par certaines de vos pratiques. Mais vous devez bien vous doutez également que si je suis célibataire, ce n’est pas pour rien non plus. » Cependant certaines informations ne seraient pas révéler encore. Peut-être jamais. « Tentons donc d’arracher nos destins et voyons où cela va nous mener. » Peut-être au trépas ou dans un mur. Peut-être vers les cieux. Qui savait ?

« Je vous avouerai ne pas si bien le connaître ce fief. Une sortie sera l’occasion d’observer les choses avec un regard neuf. Surtout en aussi charmante compagnie. » Je me levais à mon tour avant de prendre l’initiative d’ouvrir la porte pour l’inviter à cette échappée déraisonnable. Cela correspondait assez bien aux précédents échanges. Marchant côte à côte, les doigts de ma main sénestre allèrent érafler les siens pour finalement capturer les siens dans une drôle d’étreinte qui peut-être n’était pas la plus bienvenue. Un contact sans arrière-pensée, afin de peut-être entendre ce cœur battre aux pulsations d’ambitions bien trop grandes pour une seule personne. Une fois à l’air libre, nous ne pouvions qu’observer le crépuscule qui s'étendait lentement sur l'horizon, peignant le ciel d'une palette de teintes chaudes et dorées qui se mêlaient harmonieusement aux nuances de bleu profond de l’océan. La plage, qui devait jadis être paisible, portait les stigmates d'une bataille navale récente. Celle mené par les hommes de l’Empire. Les vagues, tels des témoins silencieux, venaient caresser le rivage, emportant avec elles les vestiges d'une lutte acharnée mais brève. Le sable, encore marqué par les empreintes des soldats qui s'y étaient déployés, portait la mémoire de pas hâtifs et de mouvements stratégiques des troupes qui venaient reconquérir le fief pour y dresser l’étendard Braenaryon, celui de la dragonne et du loup. Des épaves de navires, leurs coques brisées et déchirées, gisaient. Déjà commençaient à être ensevelies par le sable fin. Au loin quelques voiles déchirées flottaient mollement au gré du vent déclinant, comme des fantômes silencieux évoquant les tumultes passés. « Cette scène est aussi magnifique que tragique. » Large soupir, alors que nous atteignons l’un des sommets de cet éphémère lieu de résidence. « C’est étrange que la guerre soit aussi horrible que belle. En avez-vous connu ses facettes sur le terrain des conflits ou des cours ? » La question était sincère. La princesse semblait être avant tout une femme de diplomatie et d’intrigue. Néanmoins mon bref passage à Dorne m’avait appris que tous les conflits ne se menaient pas sur le plan militaire. « Le vermeil, avez-vous senti sa chaleur sur votre peau ? Dévorant peu à peu votre esprit ? » Mais pourtant si réconfortant, car cela rappellait cruellement au soldat qu’il était encore en vie.

La décadence de l’astre solaire faisait briller des armes abandonnées, éparpillées çà et là, qui semblaient avoir trouvé leur dernier repos sur le sol de la plage. Le murmure de l'océan, était teinté d'une étrange mélodie, résonnant avec les échos des flèches sifflantes et le crépitement des flammes qui avaient consumé les navires de guerre. Le sel marin imprégnait l'air. Pourtant, malgré le chaos et la dévastation, la scène offrait une beauté étrange et poignante. Les scènes de destruction étaient éclairées d'une lueur douce et irréelle. C'était comme si la nature elle-même, malgré les cicatrices infligées, cherchait à apporter un réconfort en offrant un tableau de sérénité à la fin de cette journée de tumulte. La plage, à la croisée des éléments déchaînés et du crépuscule apaisant, devenait le témoin muet d'une bataille éphémère inscrite dans le sable, et pourtant déjà éternellement entrée dans l’histoire. « Ma vie dépend des champs de bataille. Néanmoins, je souhaite que le moins d’individus connaissent ce genre de spectacle. Est-ce que cela vous semble être un but commun suffisamment lucratif pour sceller notre union ? » Questionnais-je. Ma main se serra un peu plus fort dans la sienne.

« C’est désormais à vous d’esquisser une de nos ambitions communes. » Mon regard perdu sur l’horizon se rattacha à elle. Ce dernier était teinté d’une réelle amertume et d’une graine d’espérance.

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Elle n'a pas envie de lui mentir. Pourtant, ses anciens démons la poursuivent pendant qu'eux commencent doucement mais sûrement à jouer. Sans doute ont-ils commencé bien plus tôt, en vérité. Lorsque cette discussion qui devait ne concerner que deux empires est devenue très, trop, personnelle. Et ses anciens démons ne sont en fait, pas si anciens que ça. Créée, engendrée pour charmer, Nyra a appris depuis longtemps qu'elle n'avait qu'une seule arme.

- Apprenons tout cela loin du dos d'un dragon, si cela vous convient.

Alors elle sourit, consciente qu'elle doit lui plaire si elle veut que tout ce qui a été envisagé se concrétise. Et pour lui plaire, peut-être qu'elle devrait lui mentir ? Cacher ce qu'il y a de plus sombre chez elle pour lui offrir l'enjouée, charmeuse et caressante fausse princesse étrangère. Mais elle n'a pas envie de lui mentir. Terriblement séduite par l'idée que peut-être, ils ont effectivement à apprendre de ce qu'ils sont. Que peut-être, elle pourrait être aimée pour ce qu'elle est et non ce qu'elle prétend être. Et puisque l'amour ne dure jamais, au moins choisie.

- J'aurais plutôt opté pour la folie douce, mais votre idée est bien plus poétique.

Et c'est ce qu'il lui vend, alors qu'elle se demande si elle ment. Alors qu'elle se demande si au fond d'elle, la gamine qui fait des crises d'angoisse la nuit ne hurle pas pour rentrer chez elle. Cesser tout ça. Cesser de vouloir le monde. Accepter que les efforts, les rêves, les projets, n'ont plus de raison d'exister.

Mais non. Elle en crèverait, si elle abandonnait.

Alors elle lui sourit encore, parce qu'elle croit franchement être amusée. Et elle inspire tout l'espoir qu'il lui insuffle, comme s'il croyait déjà sincèrement à cette union qui n'est encore actée nulle part. Que personne n'a accepté, en laquelle personne n'a sûrement pensé. Et c'est ce qu'il y a de magique dans ce qu'il se produit entre eux. Personne d'autre n'y a pensé. Personne d'autre n'y croit. Beaucoup ne l'accepteront pas. Mais eux, eux sont persuadés. Ils peuvent y arriver. Alors elle reste suspendue à ses lèvres, bêtement. En se disant que si on lui fait défaut une énième fois, alors ce serait vraiment la fin.

- Cela ressemble à un nouvel accord, votre Altesse.

Il lui confie que lui aussi, a ses défauts. Ce qui l'intrigue, considérablement.

- Dois-je comprendre par là que vous avez vous aussi vos secrets ?

Décontenancé, il le serait. Quand il saura ce qui se cache derrière les sourires et les jolies robes, il sera même davantage. Dégoûté, peut-être. Il se sentira floué, sûrement. Devrait-elle mentir, alors ? Elle esquive cette question, joue, encore. Demande ses secrets sur un plateau d'argent, sur un ton trop doux.

- Je vous suis.

Sur cette pente glissante et pour visiter ce fief. Alors qu'en vérité, sans doute se sont-ils mutuellement entrainés. C'est toujours elle après tout, qui les fait trahir, mentir, mourir. Elle sent ses doigts se mêler aux siens, ce qui la surprend grandement. Le geste ne lui est pas habituel, aussi étrange que cela puisse paraitre. Mais s'ils doivent réellement envisager un futur commun, sans doute faut-il commencer quelque part. Elle aimerait que ce soit différent, cette fois. Différent de toutes les autres fois, parce que cette main a l'air à sa place dans la sienne.

Et ils avancent, progressent au milieu des pierres rongées par le sel et la végétation qui tente de s'insinuer partout. Lui observe le paysage, elle ne peut s'empêcher de continuer à réfléchir. La tête embrumée par ce qui a été dit, ce qu'il faudra mettre en place. Jusqu'à ce qu'il s'arrête et qu'elle se retrouve brutalement confrontée à une scène de fin du monde, que la nature fait en effet de son mieux pour engloutir. Il s'exprime, honnêtement, en l'observant.

- C'est vrai.

Il est trop bon, trop romantique. Elle va le briser. Elle devrait s'en aller. Elle soupire, ses doigts qui s'agitent contre les siens. Et répond à la question.

- Je n'ai jamais été sur un champ de bataille. J'ai vu la guerre dans les villes détruites, les corps brisés, brûlés, enterrés, en ceux qui sont toujours assez vivants pour les pleurer. J'ai traversé des milliers de paysages dévastés. J'ai senti l'odeur du fer partout chez moi, sur moi, et ne m'en suis jamais complètement défait.

Malgré tous ses onguents, ses parfums, ses bains. Là où il y voit sûrement une temporaire tragédie, elle y voit ce qu'on lui a appris à voir. Le prix à payer pour ce que l'on veut. Son regard fixé sur le paysage terriblement magnifique, elle déglutit.

- Et les cours peuvent être pires encore.

Qu'elle confie, sans donner de détails.

- Je n'ai jamais fait couler le sang moi-même, mais j'en ai parfois donné l'ordre. Ce qui n'a pas empêché mes mains d'en être trempées, parfois.

Les conséquences de ses mensonges. Elle préfère se concentrer à nouveau sur le Baratheon, sur qui elle pose les yeux.

- A-t-il dévoré le votre, d'esprit ?

Le sang. Le liquide vital, qu'il a tant pris et qu'il a sûrement donné. Même si la question peut sembler stupide, elle la lui pose sincèrement et sans moquerie. Elle ne lui en voudrait pas si son esprit n'était plus tout à fait intact, un peu ébréché par les combats, mais préférerait le savoir. Elle-même n'est parfois plus sûre de rien, encore moins d'elle. Et étonnamment, ce qu'il souhaite pour eux, pour le futur, c'est moins de tout ça. Moins de fracas, moins de combats, moins de morts. Ce n'est pas un objectif qui lui est coutumier, elle qui s'est toujours faite complice du chaos et de la conquête. Mais c'est ce qu'elle est venue chercher ici, la paix. La main du Baratheon se referme sur la sienne, plus fermement. Il l'empêche de glisser, de se défiler. De penser une nouvelle fois, encore, à mentir.

- Ce que je peux vous promettre, du moins, c'est de ne pas déclencher plus de conflits qu'il n'y en a déjà.

Qu'elle murmure, les yeux qui pétillent légèrement d'une lueur éternellement joueuse. Avant qu'elle ne se résigne à devenir un peu plus sérieuse.

- Je n'ai jamais œuvré directement pour la paix. Mais j'essaierai pour vous, puisque c'est ce que vous souhaitez.

Puisqu'après tout, il est bien plus complexe de maintenir la paix que de déclencher un conflit. Ce qu'elle sait faire, elle peut sans doute l'utiliser au service de la paix. Une chose qu'elle n'a jamais connue, qui l'effraie un peu. Le conflit a ses avantages, lorsqu'on ne se trouve pas sur le champ de bataille. Il y a beaucoup à gagner de l'instabilité et surtout, c'est tout ce qu'elle connait. Mais s'ils décident vraiment d'être une équipe, aussi étrange qu'elle puisse être, alors elle fera de son mieux pour apprendre à ne plus considérer uniquement ses peurs, ses envies. Elle essaiera, du moins. Et s'attachera à lui, sûrement. Trop vite, trop fort, ce qu'elle craint. Et alors, elle craindra d'autant plus de le voir retourner en enfer.

À elle, maintenant. Tant de choses qu'elle voudrait. Accomplir, pour elle seule, pour l'empire de son père, pour eux. Tant de choses qui se mélangent, si bien qu'elle hésite. Leurs mains se balancent entre eux, pèsent lourd sur leurs silhouettes.

- Tout miser sur nous.

Il pense à l'intérêt général, elle veille à leurs intérêts personnels. Et sans doute que cette tendance là durera.

- Vous avez des gens à protéger, j'ai les miens. Vous avez sûrement des secrets que vous ne voudrez pas partager, moi aussi. Mais il est hors de question que quoi ce soit passe avant ce que nous construirons.

Que ce soit une maison, une histoire, une réputation, une dynastie ou rien de tout ça. S'il ne leur reste qu'un radeau au milieu de l'océan, malmené par les courants et les vagues, alors elle y consacrera toute son énergie. Et elle a besoin de ne plus le faire seule.
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Jaenyra Miss Westeros 2023:

La bataille des Bâtards

@Jaenyra Valtigar

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« Faisons ainsi alors. » Et puis vint le moment de nommer ce secret diplomatique et stratégique. « La douce folie du cinabre pourpre alors ? » narrais-je sur un ton rassurant se voulant conciliateur. Peut-être un peu long, mais la passerelle entre deux mondes, deux continents qui peut-être, ultimement, ne se ferait pas la guerre si les astres s’aligneraient. Et ces astres, nous les alignerons ou tout du moins, nous y jetterons nos âmes. Pour le salut de l’avenir et bien plus encore. Ou rien, si nous échouions. Et cette perspective, malgré tout, ne devait être ignorée. Nous remettions nos destins respectifs dans une attraction de foire bien aléatoire. Probablement que la défaillance proviendrait plus de l’Empire Braenaryon que des Valtigar, plus décentralisé, plus d’obstacles structurels. Plus de rancœur, parfaitement légitime. Mais le gain en valait la chandelle… Celle qui peut-être éclairait enfin Westeros avant que chacun ne se couche avec un songe de paix en tête. C’en était presque ridicule d’avoir des pensées aussi niaises et cela débectait même le guerrier en moi. Mais pour cette fois, j’avais envie de le faire taire, le temps de cette rencontre.

La suite de la discussion scella un second accord venant voiler pudiquement le premier pour mieux le dissimuler. Une frivolité probablement dangereuse. Naïveté dominante, mais j’ai envie d’y croire et d’espérer plus alors que les Valtigar demeuraient de pernicieux belligérants, bien trop orgueilleux et incapable de tirer le moindre bénéfice de la puissance incontestable qu’ils possédaient. Était-ce un exercice de manipulation ? Pouvait-on réellement espérer la moindre fortune de cet hasardeux échange qui semblait être impossible ? C’était cela qui rendait ce pari si attrayant, un éden impossible à atteindre. « Nous en avons tous. » Phrase bateau, ridicule, généraliste, universelle. Je ne souhaitais pas particulièrement jouait les mystérieux personnages pour hameçonner mon interlocutrice sur un sujet bien précis. « Laissons le temps les dévoiler, cela ne fera que retarder le moment où nous en viendrons à nous détester ou nous apprécier plus. » Elle n’était pas idiote et je n’étais pas complètement stupide. Le devoir obligeait à un certain nombre de sacrifices. Les énoncer dans notre situation n’aurait aucun intérêt car ces plaies passées ne pourraient révéler leur véritable force qu’au moment opportun. Dire et ressentir était des choses éminemment différentes. Et si hyménée il y avait, rien n’assurerait que l’amour existerait entre nous. Peut-être jamais. Cette folie pouvait tout à fait être passagère, pour l’un comme l’autre. Pour autant, je guignais vers un horizon plus large, plus grand. Et ça aussi, c’était un vieux sentiment que je n’avais plus expérimenté depuis mon abdication à Dorne.

Jaenyra Valtigar était venue seule dans cette pièce et elle repartait avec un poids : ma main accrochée à la sienne. Tout un symbole, vide et plein, risible et puissant. Un geste si simple et lambda mais néanmoins empreint de significations profondes. Il transcendait les barrières linguistiques et culturelles pour exprimer quelque chose de plus immense, une infinité. Connexion d’un lien tangible entre des individus, nous en l’occurrence. Une unité balbutiante, et un soutien, valant bien plus que de nombreuses paroles. Cette action, Rhaenys l’avait rejeté, ne faisant unité qu’avec sa tristesse. C’est encore à elle que je songeais, alors que cette déclaration silencieuse guidait nos pas vers l’extérieur du bâtiment. Puis finalement, mes pensées envers ma sœur s’estompaient à mesure que le paysage se dessinait face à nous. Je la questionnais sur la guerre sur sa présence auprès de la mort et des tous les autres noms qu’on lui offrait. Sa réponse était celle attendue. Ses propos n’en disaient pas trop, demeurant relativement évasif afin de ne pas se saboter. Si ses ambitions étaient aussi puissances que ce qu’elle avait décrit alors, probablement serait-elle prête à beaucoup pour s’élever, qu’importe que son appui soit un tas jonché de cadavres. Et ça, c’est quelque chose qui n’est pas ignorable, ou du moins cela serait dangereux de jouer la carte de l’oubli. Les conflits ont transformé bien des personnes, moi y compris. La guerre ne laissait pas que des séquelles physiques, même si mon corps en portait en grand nombre. L’esprit en lui-même se trouvait attaquer par les visions d’horreurs. Je me demandais à quel point la princesse de l’Empire d’Essos avait été influencée par ce qu’elle avait pu observer. « Je dirais oui, au moins partiellement. Les luttes pour la survie des Targaryen ont fait croître une rage immense. Il m’est parfois difficile de la contrôler. » Véritable talon d’Achilles dévoilait sur l’instant, n’en résultait qu’une stricte et dangereuse vérité. Cette fureur qui résistait, envers et contre tout, c’est celle qui m’avait poussé à fuir de l’Orage pour me jeter dans cette bataille navale. Et hypothétiquement, c’était peut-être celle-ci qui avait poussé Ebryon à se montrait si agressif.

« C’est déjà un départ. » Le godet à moitié remplit plutôt qu’à moitié vide. Toutefois, je me sentais obligé de nuancer sa seconde phrase sur ce sujet qui m’était précieux. « Il n’y aura probablement pas d’essai. Faites-le. Ou ne le faites pas. » Je l’observais avec un sourire en coin. « L’on agit pleinement ou l’on s'abstient. L'engagement total envers une action, nos actions, ne doit pas être teinté de doutes ou d’ambivalence si nous voulons briser les obstacles à la réalisation de nos objectifs. » Ce n’était pas un absolutisme ou même une tyrannie. Il fallait être déterminé, agir avec confiance et à reconnaître la puissance de la prise de décision résolue. Cette dernière aura des conséquences, fortes, dangereuses, mais nous ne pouvions que faire le choix de les assumer pleinement. L’hésitation, à n’importe quel moment, pourrait causer la perte de cette espérance. Et j’étais las, aussi, il fallait le dire, de cette entre-deux qui guidait ma vie. Toujours avec l’impératrice, mais Isla ne m’avait guère offert mieux. C’était avec Deria que cette symbiose s’était faite. Toutefois, son inconvénient était évident. Soit notre relation se consolidera, soit elle sera broyée par les bourrasques de l’histoire.

C’est à son tour de demander une gageure, et son nous résonnait de manière étrange. Parce que de nous qui ait tenue dans le temps, je n’en avais plus réellement connu depuis Aegon, et l’ironie était mordante, frappante, contusionnante. Mes yeux améthystes se figèrent dans les siens, preuve malgré nos pigmentations identiques de chevelures que nous étions bien des Valyriens. « Si nos plans initiaux parviennent à se conclure, qu’importe leur finalité… Je demanderai votre main selon les coutumes ancestrales de nos aïeuls. » Peu comptait que les escarmouches soient victorieuses. Sa parole tenue lui vaudrait ma confiance. « Dès lors, pour nous, je défierais les cieux. Qu’importent qu’ils soient Essosien ou Westerosien. » La réponse était à double tranchant mais pouvait revenir à une déclaration de guerre à ce monde qui finalement ne nous avait jamais rien offert.

Je n’avais défendu l’héritage Targaryen qu’à travers ma sœur et sa famille, devenue Braenaryon. Les tempêtes récentes m’avaient rappelé que ce n’était pas tant à une personne que j’avais offert mon serment mais à une idée. Et cette idée, l’Empire Braenaryon ne l’incarnait pas totalement. Et je ne pouvais nier le constat que mon interlocutrice avait fait au début de notre rencontre. Que m’avait réellement offert l’Empire ? Un dragon tentais-je de me convaincre moi-même. Ce glissement remarquable m’inquiétait autant qu’il m’intriguait. Evidement qu’oncques je ne déclarerais la guerre à l’Empire de Rhaenys et jamais je ne chercherai à m’en prendre à celle-ci ou à quelconque personne de son entourage. Cependant, supposément était-il temps de faire choir la place que pouvait incarner mon aînée dans mon existence. Et ça, c’était terriblement effrayant.

« Si nous nous accordons, je servirais nos ambitions. Qu’importe que notre incandescence finisse en un feu qui marquera l’histoire ou en feu follet dévoré par l’océan. » C’était là une conclusion à sa gageure. Oui elle aurait tout, si, et seulement si, ce sur quoi nous avions échangé prenait forme. Sinon, la réalité balayerait tout. Dans une société où les plus forts survivent, il nous fallait monter au sommet d’une chaîne que nous avions servie. En connaître les rouages était un avantage certains, mais rien n’était garanti dans un monde subit à de pareils changements.

« Êtes-vous prête à ce même sacrifice ? »

Tout ce qui nous entourait semblait disparaître, dans cette bulle protectrice où les onirismes ne faisaient que croître, encor et encor.

(c) DΛNDELION

From the shadow spreads the fire

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Elle acquiesce, le sourire aux lèvres, amusée du ton de la discussion et du pari qu'ils sont en train de faire. Ils pourraient sûrement débattre du nom que doit porter leur démence mutuelle pendant des heures, ce qui serait fort plaisant. Mais ce luxe, ils ne l'ont pas. Il y a beaucoup de choses à organiser, planifier. Beaucoup de gens à qui écrire et sûrement de nouveaux mensonges à raconter, en ce qui la concerne. Et tout ça prendra du temps, un temps qu'à nouveau, ils n'ont pas. Il faudra donc travailler sur cette partition en vitesse mais en s'appliquant suffisamment pour que la mélodie sonne juste. Un jeu d'enfants, sans aucun doute.

Alors les secrets, ils continueront de les collectionner. Ils cacheront des choses aux autres et peut-être même qu'ils continueront de s'en cacher l'un à l'autre. Peut-être que tout ça ne restera qu'une plaisante après-midi, un début de soirée. Un moment où ils ont pu envisager une forme de paix et un avenir différent pour l'un comme pour l'autre, sans que personne n'en sache rien. Cette perspective l'attriste mais doit être envisagée, ses plans ayant tendance à être prestement contrecarrés.

- J'en conviens.

Et pourtant, ses yeux dévorent. Ils cherchent le moindre indice, la moindre faille, veulent tout savoir. Parce qu'elle est comme ça. Quasiment entrainée à manipuler, tricher pour y arriver. Et les secrets... les secrets sont des armes redoutables. Elle se tait, pourtant. Ne réclame rien, ne le contredit pas. Ces choses-là, elle ne les obtiendra pas par la force, en les demandant grossièrement. Et si ses instincts lui hurlent de mettre le nez dans les petits secrets honteux des impériaux au plus vite, son esprit la ramène à ce qu'elle est en train de promettre. Si elle gagne sa confiance, elle ne pourra pas la trahir.

Mais il y a tellement en ce qu'il dit, en la façon dont ses yeux se voilent, qui l'intrigue. Trop de peine, de regrets et de rage en une seule personne, pour ne pas piquer sa curiosité. Trop de questions qui s'accumulent et qu'il ne serait pas raisonnable de poser dès maintenant.

- Est-ce tout ce que votre combat vous a laissé ? De la rage ?

Les dieux en soient remerciés, elle n'a jamais été raisonnable. La question n'a pas pour vocation de lui voler l'un de ses secrets. Elle se demande simplement ce que lui ressent dans sa lutte solitaire pour protéger des intérêts qui ne sont pas les siens. Il la reprend sur ses mots par la suite, elle acquiesce, sourire aux lèvres.

- Vous êtes dur en affaires, prince.

Et soupire. Elle sait ce qu'il essaie de faire. Il a compris, au moins en partie, à quelle espèce elle appartient. Celle qui ne s'arrête devant rien, ou presque, pour protéger ses intérêts. Celle qui n'hésite pas à écraser, réduire en cendres ce qui fait obstacle à ses volontés. Et il essaie, intelligemment, de s'assurer que s'unir à une fière représentante des menteurs, manipulateurs, ordures de ce monde ne l'entrainera pas dans une boucle de destruction. Un cycle de chaos sans fin, dont il ne pourrait se défaire qu'en brisant une deuxième fois ses serments. Elle peut le comprendre.

- Très bien, c'est ce que je ferai. Si tout ce que nous venons de discuter, ou au moins une partie, vient à se réaliser... alors je mettrais de côté mes habitudes.

Le conflit éternel ne la mènera de toute façon nulle part, si ce n'est à s'élever pour chuter tout aussi vite. Et s'élever, ce n'est finalement pas ce qui lui tient le plus à cœur. Sans qu'elle ne veuille y réfléchir, ses demandes sont toutes centrées autour de cette nécessité à ne plus être seule. Ne plus être seule à se battre pour ce qui lui tient à cœur, s'assurer d'avoir un soutien même en cas de désaccord, ne plus jamais être abandonnée. Ce qui n'a de fait rien à voir avec l'amour, brûlant ou non. Ils pourraient très bien ne jamais s'aimer et pourtant, faire une excellente équipe. Et cette nouvelle alliance, entre eux deux, implique de faire passer toutes les autres de côté. Deux empires, relégués au second plan.

- Parfait.

Sa réaction est sobre, mais les mots qui sont prononcés soulèvent sa cage thoracique d'une manière inédite. C'est son cœur, ses poumons et sa chair qui hurlent « enfin ». Et étonnamment, délaisser ce pour quoi elle s'est battue toute sa vie au profit d'une nouvelle alliance entre elle et un presque inconnu lui parait parfaitement logique.

Jaenyra prend un peu de distance, appuie sa hanche contre le rempart du fort et observe dans les yeux de l'ancien bâtard ce qui ressemble à la fin d'une époque. Ses doigts se détachent des siens et les récupèrent à leur extrémité, les nouant à nouveau. Elle observe ces mains liées, toutes les nouvelles promesses qu'elles représentent et toutes celles qui devront être abandonnées. L'arrêt de mort d'une partie de sa liberté, du rêve qu'elle a nourri si longtemps. Elle se rapproche alors considérablement du Baratheon, assez pour qu'il entende ce qu'elle chuchotera. Ce que personne d'autre n'entendra, ni les murs de cette forteresse orageoise, ni les vagues, ou les cadavres des centaines de soldats abattus.

- J'y suis prête. Et ce n'est pas un sacrifice.

Durant un instant, le monde devient une toile unicolore. Le mauve sombre de ses iris. Défions les cieux, Votre Altesse. L'un pour l'autre, et non pour eux. C'en est fini des sacrifices. copyright 2981 12289 0

| É L E V E R R O M E |

ஃ Cette jungle me doit des mea-culpa à la pelle, à marcher entre rats, vautours et hyènes. Et je compte même plus les fois où on m'a traité de chienne. Je compte même plus les fois où on m'a traité de chienne. Mais c'est une chienne qui a élevé Rome. Les putes comme moi portent les rêves des hommes. Cette ville me doit des mea-culpa à la chaîne, à marcher entre les rois qui tuent les reines. Et je compte même plus les fois où on m'a traité de chienne. Non, je compte même plus les fois où on m'a traité de chienne ஃ

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Super cadeau de Lin, merci à elle:

Jaenyra Miss Westeros 2023:

La bataille des Bâtards

@Jaenyra Valtigar

« Veil torn, now I'm seeing your lies, Full of demise, Blood moon paintin' red in the sky »

Assis sur ce siège austère, la lueur des dernières gerbes solaires projetait leurs ombres dansantes sur les murs de pierre de la pièce. Je réfléchissais à la question de cet accord, de ce que nous, Jaenyra Valtigar, et moi-même, pourrions bien construire si l’avenir nous le permettait sans pour le moment imaginer que d’un imaginaire inaudible, des espérances folles ressortiraient. La guerre, ce tumulte incessant qui avait englouti le continent pendant plus de deux longues années, avait fait de moi un prince tourmenté, déchiré entre la loyauté envers ma sœur, l'impératrice, et le fardeau des pertes qui pesaient lourdement sur mes épaules. Ce que je fais déjà est mal, j’en ai bien conscience. Trop bien conscience. Un paradoxe parmi tant d’autres, bien Baratheonien, tant il était ridicule. Et lors des moments de silence, ces bruits étouffés qui revenaient, même là, parfois, par inadvertance, ou inattention. Ils résonaient dans mon esprit alors que je contemplais la table, et la femme qui se trouvait derrière. Pas par envie, je l’avais conté à Rhaenys, puis à Isla. Je pouvais me contenter de la satiété d’un amour raisonné et prude, de la raison de la couronne qui prévalait sur tout le reste. Les spectres errent et frappent quand l’on si attend le moins.

En tant que frère de l'impératrice, j'étais son plus fidèle serviteur, le premier même. J’avais trahi et racheté ma faute, à prix coûtant mais mérité. En réalité, seul le trépas permettrait d’effacer cette dette inaliénable. Mais, dans les recoins sombres de mon esprit, une voix persistante murmurait que le prix de la loyauté pouvait être trop élevé. Et c’est cette corde là que tirait mon interlocutrice. La Justice m’importait autant que le bien commun. Plus les lunes s’écoulait, et moins l’idéal impérial me paraissait être le juste alors même que mon coeur battait au rythme de nos victoires. Les échanges avec Isla m’auront montré que l’égoïsme l’emportait sempiternellement. Mes demandes n’avaient pas échappé à la règle. Je ne valais pas mieux ou pas moins qu’une autre tête couronnée ou l’un de ses soldats morts dont le visage arraché causera la damnation éternelle de son identité. Mon regard se perdit dans le vide, cherchant réponses dans les entailles de la table usités, comme si les formes curieuses créées par ces nervures pouvaient m'offrir une solution à ce dilemme déchirant qui grandissait. La paix : un rêve brisé au fil des batailles, des trahisons et des intrigues politiques. Et pourtant, dans l'obscurité de la guerre, l'idée d'une trêve plus durable se frayait un chemin dans mon esprit. Était-ce une faiblesse que de désirer la fin des combats, même si cela signifiait trahir certains de mes idéaux les plus profonds ?

Cette sortie à l’extérieur était la pire des idées car tout me rappelait l’inconstance de la guerre. Cette loyauté était devenue un fardeau que je portais avec dignité. Enfin essayer plutôt. J’étais méprisable. Le chemin vers la paix exigerait des concessions. Et que cela soit pour la première ou la seconde, cela devrait être fait avec les autres mais aussi avec moi. Une vérole, une épine, un voleur de femme puis d’amante… Un dragon, un héritage inachevé. Je ne sais pas, je ne sais plus, je n’ai jamais su… Toujours cette rengaine. Pourquoi cette étrangère, dont je n’ai jamais été capable de brûler la lettre et qui n’évoquait que du dégoût, provoquait autant de déferlantes en moi. Jaenyra Valtigar me semblait aussi brisée que moi… Enfin non. Plutôt aussi perdue que moi, derrière de grandes certitudes similaires, il n’y avait finalement que des façades. Des façades vides et molles. Mes doigts glissèrent de ceux de cette drôle de partenaire, cherchant presque une forme réconfort. Aussi dus-je me retenir de serrer trop fortement sa main, le sentiment étrange d’être assis sur un trône auquel je voulais m’agripper, glissant dans un domaine terriblement inquiétant. « Nulle fierté même si le prestige nourrit l’hubris. Pour certains je suis un héros, pour d’autres un bourreau. » Et prochainement, la mort incarnée même si le temps nous en laissait l’opportunité à Ebryon et moi. « Il y a ce plaisir coupable également. Cet enthousiasme guerrier sur le champ de bataille. Une addiction presque. C’est si suave sur l’instant, et si douloureux lorsque cessent les fracas de l’acier. » La guerre était appréciable car il n’y avait rien d’autres à penser que sa survie. Tous les autres tracas s’exhalaient au loin. Mon regard fuyait le sien. « Est-ce un sentiment identique que vous connaissez pour vos intrigues ? » demandais-je bien incertain du sens de ma question.

Et la conversation se poursuivait, bon gré, mal gré. « Si je ne l’étais pas, probablement perdrais-je rapidement tout intérêt pour vos pupilles votre Grâce. » Léger rire narquois, pour briser la solennité d’une conversation qui demeurait grave sur bien des aspects. Je prononçais des vœux forts à son égard, tous conditionnés à l’insubordination de l’impossible. Ces derniers ne seraient pleinement acquis que lorsque la situation entre Essos et Westeros sera débloquée. Des alliances avec des maisons ennemies, des compromis qui ébranleraient les fondations mêmes de nos croyances respectives. Le poids de la responsabilité pesait sur mes épaules comme une armure bien trop lourde, mais était-ce vraiment ma responsabilité de porter cette charge seule ? A deux tout serait plus aisé.

Sa main se détachait de la mienne avant de finalement venir me ressaisir. Une proximité plus nette se faisait désormais ressentir. Son murmure sonna comme une salvation, une échappée à ce foutu devoir qui régentait tout. Mon cœur bondissait intérieurement et un sourire large venait se dessiner sur mon visage. Arianne avait le courage de s’émanciper de sa condition. Jaenyra semblait faire de même. Alors pourquoi pas moi ? Cette parole me fit un bien fou, presque libérateur. Doucement je resserais ma prise sur elle, afin de l’enlacer. Mes lèvres brûlaient de venir se déposer sur les siennes. Mais ce n’était pas le moment. Trop tôt encore. Vivre. Était-ce cela que nous nous offrions réciproquement ? Tout paraissait si confus et pourtant si clair. Pour une fois, je ne devais pas y croire, je pouvais y croire. Le devoir était remplacé par le pouvoir. Pas celui de cette course à la couronne mais bien la possibilité d’accomplir une action de son propre fait. « Vous êtes une énigme. J’espère que nous aurons l’occasion de nous déchiffrer réciproquement. » L’astre solaire commençait à se faire dévorer par l’infinité de l’océan, au loin. La fraicheur maritime n'allait pas tarder à poindre.« Serait-ce trop audacieux de demander à ce que nous passions une partie de la soirée ensemble avant de chacun repartir de notre côté ? » Parce que peut-être que tout ceci ne resterait qu’une lettre morte ultimement. « Je n’ai guère mieux à vous proposer que de la piquette impériale et un repas un peu fade. Temps de guerre oblige. »

Et cette demande, indirectement, elle aurait un prix.

Ma sœur avait besoin d'un frère à ses côtés.
Jaenyra Valtigar d'un allié à ses côtés.
Westeros avait besoin de la paix avec l'Empire d'à côté.
Et moi égoïstement, d’une échappée.

(c) DΛNDELION

From the shadow spreads the fire

♠ From the shadows we will be seen, beyond the darkness we will be free. From the fire, from the fire we'll build a new world. From ashes we will rise... a dragon into the skies

cadow de Garlan:

La Bataille des BâtardsIf I stay with you, if I'm choosing wrong
I don't care at all
If I'm losing now, but I'm winning late
That's all I want
Sans doute que cette question tourmente tous ceux qui ont un jour eu le temps, le luxe de se la poser. Qu'est-ce qui est à ma portée ? À quoi ai-je le droit de rêver ? Qu'est-ce que je mérite ? En ce qui la concerne, elle le sait, une mort violente. Ce qu'elle mérite, c'est la damnation éternelle dans n'importe quel enfer pour la manière dont elle s'est vendue, la manière dont elle a menti, trahi, toléré et soutenu les pires atrocités. Ce qu'elle mérite, vraiment, c'est d'être broyée par un monde meilleur que celui dans lequel elle a grandi. Mais ce sont aussi ces mêmes atrocités qui la poussent à sans cesse réclamer plus, vouloir plus. Plus que ce qu'elle a perdu. Puisque autrement, il faudrait accepter d'avoir souffert, de s'être détruite de tant de manière, pour rien. Rien, si ce n'est les desseins des autres. Et cette pensée-là, la tue.

Alors, la damnation attendra. Sa punition divine pour ses méfaits viendra plus tard, quand elle pourra l'accueillir avec le sourire d'une personne satisfaite de la vie qu'elle a menée. Et prête à payer. Alors lorsqu'il lui fait part d'une partie de ses contradictions, elle acquiesce. C'est ce que ressentent les outils, généralement. Ils sont doués. Ils ont du talent. On les honore parfois pour ce dernier. Mais en fin de course, il reste une question.

Pourquoi ?

Pourquoi est-ce que je fais ça ?

Pourquoi est-ce que je persiste à m'abîmer, risquer la mort ou pire encore, pour servir ? Elle est utilisée pour convaincre, faire céder, négocier. Et chez elle, tout le monde sait. Tout le monde sait que ces négociations-là ne se font pas autour d'une table, mais à l'horizontale. Alors ils murmurent, tous autant qu'ils sont. Catin. Chienne. Putain. Mais c'est elle, qui crée des alliances. Elle, qui rend les choses possibles. Elle, qui construit des empires. Et tout le monde s'en moque bien. Et c'est aussi sur le sang, la sueur et les larmes d'Orys Baratheon que s'est en partie construit l'empire Braenaryon. Et eux murmurent, tous autant qu'ils sont. Bâtard. Bourreau. Félon. Alors il y a ce besoin, presque animal, de prouver ce qu'ils valent.

- Les héros sont souvent des bourreaux. Le feu détruit mais sauve aussi. Vous pouvez faire les deux également.

Elle hausse les épaules, le regard toujours perdu sur la scène de guerre qui les entoure. Il lui parle de ses intrigues, elle en sourit un peu. Très peu.

- Parfois, oui.

Elle connait l'euphorie de réussir à dénicher un secret, un de ceux qui peut renverser le jeu. Elle connait l'addiction, celle qui la pousse toujours à imaginer les pions à des places différentes sur le plateau dans sa tête, le soir. Elle connait le plaisir d'un stratagème réussi, et la honte lorsqu'elle en constate les dégâts sur le terrain. Elle connait tout ça. Ce qui ne suffit pas à l'arrêter. Ce qu'il lui dit ensuite l'éloigne de tout ça, de toute cette confusion et de ces réflexions qu'elle repousse depuis longtemps.

- Je dois reconnaitre que vous êtes un défi plaisant à relever.

Qu'elle glisse, souriant de nouveau, d'une manière presque complice. Mais complices, ils ne le sont pas. Du moins, pas encore. Et elle ignore s'il y aura un jour autre chose qu'une alliance décidée autour d'une table, malgré les promesses qui sont faites, malgré la proximité physique. Ce qu'elle sait, d'une manière presque certaine, c'est qu'ils ont des cœurs éprouvés. Elle le sent maintenant qu'elle se trouve un peu plus proche de lui et qu'elle entend les battements d'un palpitant couturé. Elle le voit au fond de ses iris. Et elle, elle pense à Maegor, qui l'a abandonné. Pausanias, qui a choisi Maegor. Son cœur à elle, c'est de l'acier. Un charbon calciné.

- Je l'espère, du moins. Et si nous ne nous comprenons jamais, alors nous demeurerons l'un pour l'autre un mystère. Ne trouvez-vous pas cela grisant ?

Elle en rit presque, de sa propre insolence. Elle n'en fait presque pas exprès, d'essayer de le charmer ainsi. Beaucoup diront sans doute qu'elle l'a manipulé, a corrompu le brave Orys Baratheon en deux battements de cils et quelques compliments. Mais la vérité, c'est qu'elle était vaincue. Et vaincue, elle ne s'imaginait rien. Ce chemin dangereux, ils ont décidé de l'emprunter main dans la main. Tant pis, sa mauvaise réputation l'enchante.

- Ce serait avec plaisir.

Elle détache pourtant leurs mains, s'éloigne un peu.

- Laissez-moi une heure, que j'aille prévenir mes gardes que vous ne m'avez pas encore tuée ou jetée en prison.

À l'heure qu'il est, Jentys doit déjà être en train d'aiguiser ses couteaux. Cette fois, elle sourit franchement. Et c'est d'amusement. Songeant une nouvelle fois qu'elle préfère les geôles de l'empire Braenaryon à celles des Valtigar.

- Après ça, nous aurons tout le temps qu'il nous faut pour profiter de la piquette impériale et d'un repas fade.

N'ayant rien mangé depuis plusieurs jours, rationnement oblige, elle n'est pas même ironique. Jaenyra s'approche et pose doucement ses lèvres sur la joue de l'ancien bâtard, ce qui reste chaste mais est déjà déplacé. Tant mieux, ce n'est pas comme si elle s'en souciait.

- À très vite, Prince.
copyright 2981 12289 0

| É L E V E R R O M E |

ஃ Cette jungle me doit des mea-culpa à la pelle, à marcher entre rats, vautours et hyènes. Et je compte même plus les fois où on m'a traité de chienne. Je compte même plus les fois où on m'a traité de chienne. Mais c'est une chienne qui a élevé Rome. Les putes comme moi portent les rêves des hommes. Cette ville me doit des mea-culpa à la chaîne, à marcher entre les rois qui tuent les reines. Et je compte même plus les fois où on m'a traité de chienne. Non, je compte même plus les fois où on m'a traité de chienne ஃ

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Super cadeau de Lin, merci à elle:

Jaenyra Miss Westeros 2023:

» La Bataille des Météores [Tour IV - Terminé]
» La Bataille des Nations [Tour V - Terminé]
» Ta première bataille [Tour VIII - terminé]
» En route pour la Tour (An 2, Mois 4, Semaine 4) [Tour X - Terminé]
» La paix après la bataille... [Tour IX - Terminé]